Chapitre 3 : Une grande nouvelle
Harry n'avait jamais trouvé la vie à Privet Drive aussi assommante : non seulement il s'épuisait à essayer, à longueur de journée, de faire rentrer quelque chose dans le tête de Dudley mais, en plus, ce dernier ne comprenant toujours rien à rien, l'oncle Vernon et la tante Pétunia rejetaient la cause de la stupidité de leur fils chéri sur « ce petit bon à rien » de Harry.
Au lieu d'être plus libre, Harry était donc plus que jamais emprisonné : il ne pouvait même plus aller se réfugier dans sa chambre et devait passer toute la journée dans le salon pour faire travailler son cousin, qui avait pris l'habitude d'écouter son walkman en même temps que Harry. Profitant que la nouvelle occupation de Harry soit particulièrement prenante, la tante Pétunia avait subrepticement rangé les affaires de celui-ci dans le placard sous l'escalier. Harry avait aussi remarqué que sa portion alimentaire avait elle aussi pâti de la bêtise de Dudley. Le gros garçon était d'ailleurs ravi de voir Harry souffrir par sa faute et ne faisait donc aucun effort pour tenter d'assimiler quoi que se soit.
Le moral de Harry était d'autant plus bas qu'il n'avait toujours pas reçu la réponse de Sirius et la menace de Voldemort le hantait même si sa cicatrice ne lui faisait plus mal.
Harry était allongé sur son lit et pensait à la douce chaleur de la salle commune de Gryffondor quand il entendit des coups secs contre la fenêtre de sa chambre. Il se leva et vit quatre yeux jaunes qui le regardaient dont deux qui semblaient l'implorer d'ouvrir. Harry ouvrit et deux Hiboux vinrent se poser sur son lit. Un des hiboux, gris et sale, s'effondra aussitôt en poussant un long sifflement. Harry reconnut Efrit et Errol, deux des hiboux de la famille Weasley. Avec précaution, Harry retira la lettre attachée à la patte du vieil hibou gris et déposa celui-ci dans la cage de Hedwige en lui mettant le bec dans l'abreuvoir. Errol ouvrit un œil et jeta au jeune sorcier un regard plein de gratitude. Un sourire aux lèvres, Harry alla débarrasser Efrit de son pli. Le hibou alla de lui-même dans la cage d'Hedwige et se posa sur le perchoir en attendant que le vieil Errol soit prêt à repartir – Ce que Harry trouva sage car au vu de son état, il semblait peu probable que Errol puisse faire le voyage retour sans assistance.
Pendant que le hibou gris reprenait des forces, Harry regarda ses lettres. La plus petite était de Ron : il avait reconnu au premier coup d'œil l'écriture embrouillée de son ami. Sur la seconde enveloppe, son adresse était écrite à l'encre verte il la retourna et vu le cachet de cire frappé d'un P entouré d'un aigle, d'un lion, d'un blaireau et d'un serpent. La missive venait de Poudlard.
Harry ouvrit la lettre de Ron
Salut Harry,
J'espère que tout va bien pour toi, – Harry eut un sourire maussade, entre les Dursley et Voldemort, il ne pouvait pas dire que tout allait pour le mieux – Dumbledore nous a autorisé à t'inviter chez nous pour le reste des vacances. Si nous ne sommes pas déjà allés te chercher c'est que papa pense que les Dursley ne seraient pas spécialement ravi de nous revoir.
Harry réprima un éclat de rire, lors de leur venue à Privet Drive l'année passée, les Weasley avaient involontairement dévasté le salon et Fred et George, deux des frères aînés de Ron, avaient, volontairement, fait enfler la langue de Dudley grâce à des pralines de leur invention.
Nous te retrouverons le 18 à 10 heures au Chaudron Baveur. Si les Dursley ne veulent pas te laisser partir montre leur la lettre de Dumbledore, selon papa et Percy cela devrait suffire sinon dis leur que nous viendrons te chercher nous-même.
A bientôt.
Ron
PS : Nous avons reçu la lettre de Poudlard avec un mot nous demandant de te la faire parvenir.
Harry saisit la lettre de Poudlard et la décacheta. Il la trouvait plus grosse que d'habitude et pour cause, elle contenait trois parchemins.
Le premier était l'habituelle convocation pour la rentrée accompagnée de la liste des fournitures nécessaires.
Cher Mr Potter,
Vous voudrez bien prendre note que la nouvelle année scolaire commencera le 1er septembre. Le Poudlard Express partira de la gare de King's Cross, quai n° 9 ¾ à onze heures précises.
Les sorties à Pré-au-Lards ont maintenues mais leurs dates seront tenues secrètes jusqu'au dernier moment.
Vous trouverez sous ce pli la liste des livres et fournitures qui vous seront nécessaires au cours de l'année scolaire.
Avec mes meilleurs sentiments,
Professeur M. McGonagall, directrice adjointe
Veuillez acquérir les manuels et fournitures suivants pour le 1er septembre.
Manuels : De la métamorphose humaine et de ses restrictions de Harpo Debette
Sortilèges et enchantements de Miranda Fauconnette
Traité sur les plantes médicinales et vénéneuses de Russule Orchidéis
Potions et breuvages magiques de Vihog Oullet
Phénomènes astraux et magie d'Orion Delta
Maléfices supérieurs de Novembre Sinistrose
Introduction à la nécromancie d'Iris Revenant
Fournitures : 20 g de poudre de crâne de liche
Une dague en argent
Baume contre les brûlures sérieuses de Asklé Pioss (grande taille)
Harry relut avec attention la liste des livres. Ils allaient étudier la nécromancie alors que celle-ci n'était généralement pas enseignée avant la dernière année et encore, seuls les ASPIC spécialisés dans l'étude des forces du mal avait accès au cours de nécromancie théorique.
Harry saisit l'un des deux parchemins restants il était également écrit de la main du professeur McGonagall.
Cher Mr Potter,
Cette année vous allez passer vos Brevets Universels de Sorcellerie Elémentaire.
Ces examens sont d'une grande importance puisqu'ils déterminent votre entrée en deuxième cycle et la spécialisation de l'Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante que vous passerez à la fin de votre septième année.
Toutes les matières sont concernées par cet examen mais vous devrez choisir la matière dans laquelle vous souhaitez vous spécialiser avant le fin du deuxième trimestre (dans le cas contraire vous aurez d'office une spécialisation en sortilèges).
Vous obtenez un BUSE si vous obtenez plus de dix à un examen de fin d'année. Pour passer en second cycle vous devez être titulaire d'au moins six BUSE dont au moins deux dans votre spécialisation.
Des renseignements supplémentaires vous seront donnés par les professeurs des différentes matières à la fin du premier trimestre.
Passez une agréable fin de vacances.
Professeur M. McGonagall, directrice adjointe.
Harry déglutit, il avait complètement oublié qu'il devait passer ses BUSE à la fin de l'année. Il pensa aussitôt au devoir de potion auquel il n'avait pas commencé à apporter un début de préliminaire de réponse. Je vais devoir passer une année à la bibliothèque se dit-il amèrement.
Harry entendit des battements d'ailes, il se retourna et vit les hiboux quitter la chambre. Il doutait qu'Errol puisse finir le voyage mais la présence d'Efrit à ses côtés le déchargea de toute inquiétude.
Il prit la dernière lettre. C'était un petit bout de parchemin frappé du sceau de l'école, le message qui y était écrit n'était pas adressé à lui mais aux Dursley. C'était sans doute la lettre dont avait parlé Ron. Les mains un peu tremblantes, Harry lut le message.
Quand il eu fini Harry poussa un long cri de joie. Son visage était rose et il se mit à sauter comme un fou. Dans la chambre de l'oncle Vernon et de la tante Pétunia un rugissement de colère retentit. Peu de temps après, l'oncle Vernon, le visage rouge vif, les cheveux dans tous les sens, la moustache frémissante et vêtu d'une robe de chambre beige ouvrait la porte de la chambre de Harry avec fracas.
_ Qu'est ce qu'il te prend de hurler comme cela en pleine nuit ? Tonna-t-il en regardant son neveu d'un air particulièrement méchant.
Pour toute réponse, Harry lui tendit le papier en souriant d'une oreille à l'autre.
_ Mr et Mrs Dursley, lut à voix haute l'oncle Vernon, Je me permets de vous écrire pour vous signifier deux choses. La première est que Mr Harry Potter est autorisé à se rendre chez la famille Weasley si ceux-ci le lui proposent et si Mr Potter le souhaite et que vous le lui autorisez. La seconde est que si Mr Potter est admis en sixième année, il entrera en deuxième cycle. Comme je vous l'avais signalé par lettre, il y aura quatorze ans le 1er Novembre, vous serez alors dégagé de toute responsabilité envers Mr Potter et le monde de la magie. Mr Potter pourra, s'il le désire, résider par la suite à Poudlard, dans une autre famille de sorciers, si celle-ci est prête à l'accueillir, ou bien rester à votre domicile si vous le lui permettez.
En vous remerciant de vous être occupé de Mr Harry Potter durant quatorze ans, je vous adresse, Mr et Mrs Dursley, mes salutations les plus respectueuses. Albus Dumbledore, directeur de Poudlard.
La bouche ouverte, l'oncle Vernon, relut la lettre rapidement. Puis, il regarda Harry avec des yeux ronds et sans pouvoir dire un mot. D'un seul coup, il se rua dans sa chambre, sans doute pour montrer la lettre à la tante Pétunia. Harry entendit des exclamations et des sanglots de joie. Après un long moment, l'oncle Vernon revint avec un large sourire. D'une voix pleine d'entrain, il dit à Harry.
_ Vas te coucher mon garçon. Demain matin nous reparlerons de tout cela dans le calme et avec les idées claires.
L'oncle Vernon ferma la porte de la chambre et Harry alla effectivement se coucher, mais il était tellement euphorique qu'il n'avait absolument pas envie de dormir il était encore plus heureux que la nuit où il avait appris qu'il était un sorcier. Il avait l'impression que tous ses nerfs étaient excités et que tous ses sentiments les plus agréables se bousculaient dans sa tête… Il allait pouvoir quitter les Dursley et le monde des moldus. Il se mit à imaginer sa future vie à Poudlard ou chez les Weasley : il se voyait déjà passer le reste de son existence sur son éclair de feu lorsque le sommeil finit par le gagner.
Le lendemain le soleil était déjà très haut quand il se réveilla. Il était dix heures et demie. Harry était abasourdi : c'était la première fois qu'il n'était pas sorti de ses songes par les cris stridents de la tante Pétunia. Harry regarda sur son bureau, les lettres de Ron et de Poudlard étaient bien dessus : tous ceci n'était pas un rêve.
Il se dépêcha de s'habiller et descendit dans la cuisine où il trouva une table vide et une tante Pétunia qui passait le balai.
_ Vas vite dans le salon, ton oncle t'y attend, dit-elle d'une voix presque aimable sans même lever les yeux.
Harry, étonné, se rendit dans le salon. L'oncle Vernon l'y attendait effectivement. Il était assis dans un fauteuil et l'invita à en faire autant d'un geste de la main et avec un sourire surnaturel. Sur la table basse étaient posés une théière, deux tasses et des chocolats fins Harry mit un peu de temps avant de réaliser que tout cela lui était destiné.
_ Alors, mon garçon, as-tu passé une bonne nuit ?
Harry hocha la tête en signe d'acquiescement tout en avalant une praline.
L'oncle Vernon se tortillait sur son siège. Harry le devança.
_ C'est à propos de la lettre n'est-ce pas ?
_ Alors qu'en penses-tu mon garçon ? demanda Vernon Dursley l'air un peu inquiet.
_ Je pense que pour une fois c'est une nouvelle qui réjouit tout le monde, lui répondit Harry en le regardant dans les yeux.
Le visage de l'oncle Vernon devint rouge vif, il avait envie de lui crier dessus mais il savait que maintenant Harry n'hésiterait pas à répliquer.
_ Et qu'as-tu l'intention de faire ? demanda Vernon d'une voix courroucée.
_ De passer en sixième année. Vous et la tante Pétunia êtes d'accord n'est-ce pas ? dit Harry d'une voix sarcastique.
_ Bien entendu, il est important de réussir sa scolarité.
Harry eut un petit ricanement : c'était bien la première (et la dernière) fois que les Dursley se souciaient de ses études.
Son oncle dû remarquer son air narquois car il se leva brusquement et se pencha vers lui en sifflant :
_ Bon, maintenant, il est temps de te mettre au travail.
Harry, interloqué le regarda comme s'il lui avait annoncé que Dudley venait de recevoir la médaille Fields.
_ Je dois continuer à faire travailler Dudley ? demanda-t-il
_ Non, nous avons trouvé quelqu'un pour te remplacer. Je parle de tes devoirs de vacances. Ce serait trop bête que tu rates ton année à cause de cela.
Pour Harry, la vie à Privet Drive était devenue presque supportable. Bien sûr les Dursley déployaient des exploits de méchanceté et de mesquinerie pour, d'une part, entacher la bonne humeur de Harry et d'autre part, pour bien lui faire comprendre qu'une fois parti, nul ne voulait plus le revoir dans cette maison. Mais, Harry ne se gênait plus pour se rebeller et plus d'une fois, il avait envoyé une réplique bien cinglante aux agressions de son oncle et de sa tante il aurait même été presque ravi de voir la tante Marge (la sœur de Vernon, un dame acariâtre qui détestait Harry), rien que pour pouvoir lui dire tous ce qu'il avait sur le cœur.
En plus de pouvoir répondre aux Dursley, Harry pouvait maintenant faire ses devoirs en toute tranquillité. En effet, l'oncle Vernon avait déclaré que nul ne devait déranger Harry quand celui-ci étudiait toutes ses « imbécillités ». Dudley avait d'ailleurs été privé de télévision pendant toute une après-midi pour avoir tenté de voler à Harry son monstrueux livre des monstres, un ouvrage consacré aux créatures magiques qui avait la fâcheuse tendance à essayer de mordre le lecteur. L'incident avait ravi Harry : son cousin puni pour avoir dérober un livre qui avait failli lui dévorer la main même dans un conte il ne l'aurait pas imaginé.
Il avait presque oublié la menace de Lord Voldemort lorsque, la veille de son départ définitif de Privet Drive, Hedwige revint avec la réponse de Sirius. Harry ouvrit la lettre avec fébrilité, en plus d'un mot, il y trouva une bague en argent ornée d'une pierre de couleur cyan. Des runes étaient gravées sur la bague. Harry reposa la bague et lut le mot.
Harry,
Surtout fais attention ! La lettre que tu as reçues m'inquiète au plus haut point car elle n'est que le dernier signe d'une série d'événements montrant le retour de Voldemort aux affaires. Cependant, le plus inquiétant est celui-ci : on dit que les mangemorts ont réussi à prendre Durmstrang. Au cas où tu l'ignorerais tu dois savoir que Durmstrang était l'une des résidences préférée de Voldemort lorsqu'il était au sommet de sa puissance. D'après ce que j'ai compris, certains élèves de Durmstrang viendraient étudier à Poudlard cette année. Je sais que tu ne t'entendais pas mal avec Krum mais fais quand même attention, tous ne sont pas comme lui et le « cadeau » de notre ennemi pourrait bien être l'un d'entre eux. A propos de la menace de Voldemort, il est inutile de prévenir Dumbledore, je l'ai déjà fait. Je te le répète, fais très attention ! Cette fois ci je ne pourrais pas facilement venir donc ne commet pas d'imprudences. Si jamais il t'arrive quelque chose préviens moi ainsi que Dumbledore.
Prend soin de toi.
Je t'embrasse,
Sirius
Harry fronça les sourcils. Dans quel pétrin s'étaient mis Sirius et Lupin pour que son impulsif parrain ne puisse pas débarquer alors qu'il était en danger. Harry ne s'inquiétait plus pour lui malgré les avertissements de Sirius, mais bien pour les deux amis.
A la suite du mot de Sirius, Lupin avait écrit quelques lignes.
Harry,
Comme Sirius, je te conseille la prudence. Je crains que ce soit cette année que vous auriez eu besoin de Fol-Œil à Poudlard, mais il est trop occupé en ce moment. En tout cas, il n'est plus question de te balader en pleine nuit dans les couloirs et dans le parc, même sous ta cape d'invisibilité.
Tu trouveras avec cette lettre la bague de Nether elle te permettra de lancer des sorts sans avoir à te servir de ta baguette magique mais, fais attention, car cela te fatiguera assez rapidement.
Bon courage pour tes BUSE,
Remus Lupin
Harry regarda la bague. Il mourrait d'envie de l'essayer mais en tant que sorcier de premier cycle, il lui était interdit de lancer des sorts durant les vacances d'été.
Harry rangea la bague dans une petite boite qui contenait déjà un strutoscope que lui avait offert Ron il y a deux ans, une paire de multiplettes et la figurine de bois que lui avait offert Hagrid. Puis, il rangea ses affaires pour être prêt à partir le lendemain matin aux premières lueurs de l'aube.
Le lendemain matin, Harry descendit ses affaires dans l'allée du 4, Privet Drive. Les Dursley étaient sur le seuil pour assister au départ de leur neveu.
_ Et comment vas-tu t'y prendre pour partir ? demanda l'oncle Vernon.
_ Je vais appeler un bus, répondit Harry en saisissant la cage de Hedwige pour la poser sur le trottoir.
_ Appeler un bus… répéta, dubitatif, l'oncle Vernon.
_ Oui avec ma baguette ma…
_ Je ne veux pas savoir ! Coupa Vernon, les yeux exorbités.
Harry haussa les épaules. L'oncle Vernon s'avança vers Harry mais celui-ci s'était déjà retourné et agita deux fois sa baguette.
Aussitôt, une explosion retentit et un bus à impérial sur lequel il était écris MAGICOBUS apparu et s'arrêta au niveau de Harry.
Les Dursley étaient tellement terrifiés qu'ils ne crièrent même pas. On aurait dit qu'ils venaient subitement d'être privés d'oxygène.
Harry paya Stan, le contrôleur du bus, qui rentra les valises et la cage dans le véhicule, puis il se tourna vers les Dursley et leur dit au revoir. L'oncle Vernon, sorti vingt livres de sa poche et les tendit à Harry.
_ Tiens, dit-il, tu risques d'en avoir besoin.
Harry éclata de rire.
_ Non merci, j'ai un petit tas d'or qui m'attend dans le coffre d'une banque à Londres.
Il leur redit au revoir et monta dans le bus. Celui-ci disparu avec un bruit d'explosion laissant les Dursley, la bouche ouverte, sur le bord de la route.
