Chapitre Douze : Poisson mort et grosse bête

_ Alors Tu-Sais-Qui a été l'élève de Nether ? Demanda Ron à voix basse.

_ Ouais, et mon père aussi.

Harry était arrivé avec plus d'une heure de retard en cours de divination. Comme d'ordinaire, lorsqu'il était entré dans la salle il avait immédiatement été pris par une profonde envie de somnoler cela était sans doute du à la chaleur qu'il régnait dans la salle, le professeur Trelawney laissant un feu d'enfer ronflé dans l'âtre de la cheminée quelle que soit la saison, à moins que ce soit l'air de la pièce, saturé de parfum d'épice et d'encens, ou encore peut-être était-ce en raison de la semi obscurité due à de grand rideaux rouges tendu devant les fenêtres. En tout cas le murmure sifflant qui tenait lieu de voix au professeur y était à coup sûr pour quelque chose.

Cette fois-ci, curieusement, Trelawney n'avait pas regardé Harry avec ses grands yeux humides rendus démesurés par de larges lunettes qui lui donnaient l'air d'un grand insecte. Ce n'était pas que le retard de Harry la contraria mais elle semblait déçu de le voir sans membre arraché et sans nul autres cicatrices que l'éclair qui ornait son front, et à chaque fois qu'elle regardait le jeune garçon, ses yeux se rétrécissaient au point de paraître parfois normaux.

_ Qu'est-ce qu'elle à ? Souffla Harry

_ Elle a prédit que tu croiserais une tarasque ou une chimère avant dix heures.

Harry eut un léger ricanement puis, se rappelant de la suite de son emploi du temps, il pensa durant un court instant que le professeur ne s'était peut-être trompé que de quelques heures.

Le premier cours de divination de l'année avait débuté par une révision sur les diverses méthodes de prédiction qu'ils avaient jusque là expérimentés : la lecture des feuilles de thé, des lignes de la main, de la boule de cristal ou encore du mouvement des étoiles. Après s'être assis dans son fauteuil et avoir rajusté son châle, le professeur Trelawney annonça qu'il était temps de passer à une nouvelle méthode de divination.

_ L'art des haruspices, mes chéris. C'est une technique plutôt nouvelle car elle ne date que de peu de temps avant l'empire romain, elle est cependant assez fiable. Elle se base sur l'observation, par conséquent, vous n'avez aucune raison de ne pas y arriver et  consiste à lire l'avenir dans les entrailles d'un animal ou d'une créature quelconque.

Tous les élèves, y compris Parvati et Lavande qui vouaient une adoration au professeur, eurent une moue dégoûtée.

Sans y prêter attention le professeur Trelawney passa entre les tables et posa sur chacune d'elle un poisson argenté et malodorant. Chacun chercha à s'écarter le plus du cadavre et, à la table de Harry, ce fut Ron, coincé par le mur qui hérita de l'animal.

_ Nous allons commencer par étudier les entrailles de poissons car elles sont les plus faciles à déchiffrer. Veuillez ouvrir leur ouvrir le ventre avec un sortilège de découpage et ouvrir vos livres au chapitre huit s'il vous plait.

Mais personne ne fit un geste, tous les enfants fixaient leur sujet d'étude en grimaçant. La figure de Trelawney vira au rouge et, perdant sa voix lente et mystérieuse, elle promit de passer une heure à éviscérer des écureuils à quiconque n'aurait pas ouvert son poisson dans la minute.

A chaque table, un élève se dévoua, et,  même si ce n'est pas lui qui s'acquitta de la tache, lorsque le poisson qui était posé devant lui répandit ses entrailles sur la table, Neville tourna de l'œil. Le professeur Trelawney demanda, d'une voix indifférente, à deux élèves de Pouffsouffle de l'amener jusqu'à l'infirmerie.

_ Et n'en profitez pas pour vous faire porter malade comme vous en avez envie, les prévint elle avant qu'ils ne disparaissent par la trappe.

Harry se pencha sur les tripes de sardines en songeant que la divination ne sera jamais sa matière favorite. Pendant ce temps, Ron avait ouvert son manuel et commençait à lire ce qu'il y avait écrit à propos de la lecture des entrailles.

_ Si les tripes ont été percé au moment de l'ouverture, cela peut signifier que vous allez connaître un manque d'argent, si la déchirure concerne l'estomac ou de chance si elle se situe sur les intestins, mais cela peut aussi dire que votre parole sera écouté dans les jours à venir.

_Vraiment très crédible, maugréa Harry en triturant les viscères de l'animal.

Ron secoua la tête et repris sa lecture.

_ Si l'estomac est hypertrophié, vous pouvez en conclure que tous vos désirs seront satisfaits. Attention seul la première chose que vous remarquer parmi les entrailles que vous lisez est un moyen de prédiction…

Le rouquin lâcha le livre en ricanant et se pencha à son tour le poisson.

_ Franchement, dit-il, la seule chose que je peux prédire c'est que celui qui mangera ce poisson, risque fort de tomber malade dans l'heure qui suit.

Harry haussa les épaules et s'enfonça dans son fauteuil en ruminant l'idée d'emporter le cadavre à la fin du cours pour l'offrir à Miss Teigne. Il regarda distraitement les autres tables, pour la première fois depuis qu'ils avaient fait la connaissance de Trelawney, Lavande Brown semblait profondément souhaiter être ailleurs que dans la petite classe surchauffée de la tour nord.

Ron, lui, était toujours penché sur les tripes, A côté de lui, Seamus, émettait plusieurs idées sur ce que pouvait signifier la bouillie nauséabonde qui s'étalait devant eux.

_ Alors, mes chéris, avez-vous pu déceler quelques signes du futur ?

Harry leva la tête, la tête de libellule du professeur Trelawney était penchée au dessus du dossier de son fauteuil.

_ Non, dit Rond un air très sérieux tout en prenant des notes sur ce qu'il observait, mais je crois que j'ai trouvé certaines choses assez sûres à propos du passé.

Harry, Dean et Seamus haussèrent un sourcil, pendant que le professeur à la fois étonnée et excitée se penchait sur le poisson en relevant ses grandes lunettes.

_ Sur le passé, dîtes-vous, c'est possible… Qu'avez-vous vu Mr Weasley ?

_ Vu ? Dit Ron en écarquillant les yeux, rien, mais à l'odeur je dirais qu'il y a bien longtemps que ce poisson n'a plus vu la mer.

Les trois garçons s'étouffèrent de rire alors que le professeur Trelawney se relevant en affichant une mine pincée.

_ Si vous aviez vu ce que je viens de voir, Mr Weasley, vous ne prendriez pas ce genre d'exercice à la légère.

Devant la mine faussement contrite de Ron, Harry ne pu retenir un nouvel éclat de rire.

_C'est malheureusement aussi le cas pour d'autre personnes, ajouta-t-elle en le regardant.

Après le double cours de Divination, les cinquièmes années de Gryffondor se rendirent à la salle de Métamorphose, et comme à chaque fois qu'ils sortaient de l'antre de Trelawney, Ron eut le droit aux regards et aux remarques courroucées de Lavande et Parvati.

Le professeur McGonagall n'était pas encore arrivée, au contraire d'Hermione qui était plongée dans la lecture d'un gros bouquin, lorsqu'elle les aperçu, elle rangea précipitamment le livre dans son sac.

_ Tiens, Harry tu es toujours vivant ? Dit-elle avec un sourire narquois.

Hermione n'avait suivit que durant quelques mois le cours de Divination avant de claquer la porte en criant à l'imposture. Depuis, elle ne manquait jamais l'occasion de se moquer des prédictions de Trelawney.

_ Non, répondit Harry, mais grâce à Ron on a un devoir pour le prochain cours.

Ron Weasley haussa les épaules et alla s'asseoir à côté de Hermione.

_ T'es au courant que Chimera s'est faîte agresser ?

Hermione ouvrit les yeux comme des soucoupes alors que son visage prenait une teinte de craie. Elle allait demander plus de détails lorsque le professeur McGonagall entra dans la salle, le visage encore plus sévère qu'à l'ordinaire et, ils jugèrent plus prudent de passer l'heure à métamorphoser un farfadet en soupière sans échanger un mot.

Durant le repas, Ron et Harry racontèrent à Hermione les évènements de la matinée. Lorsque Ron lui demanda si elle pensait que Drago Malefoy était assez furieux pour agresser sa cousine, la préfète répondit que Malefoy était déjà dans la salle d'arithmancie lorsqu'elle était arrivée. Harry ajouta que de toute façon, Malefoy n'était pas assez stupide pour attaquer la jeune fille directement, son comportement lors de la Répartition était encore dans toutes les mémoires. En dehors de l'agression, ce fut la méthode utilisée qui intriguait Hermione, pourquoi un sorcier utiliserait-il une arme blanche ?

_ Peut-être que ce n'était pas un sorcier ? Proposa Ron.

Hermione hocha la tête, les yeux dans le vague, mais sans doute, comme Harry, ne voyait-elle pas qui ou quoi pourrait se balader dans le château, un couteau à la main, prêt à frapper.

Drago Malefoy ne se présenta pas au cours de sortilège de Flitwick mais le professeur ne posa aucune question. Lui aussi semblait troublé et, il mit par inadvertance le feu à son chapeau en voulant leur montre le sort de Soleil Portatif.

Alors qu'ils descendaient le grand escalier pour se rendre au cours de soins aux créatures magiques, Ron, Harry et Hermione firent face à un Drago Malefoy tremblant et rouge de colère. Au fond de ses yeux brillait une lueur de folie et il tremblait fortement. Le visage tordu par un rictus haineux, il marcha sur Harry en sortant sa baguette.

_ Expelliarmus ! Cria le Gryffondor en reculant.

 La baguette de Malefoy fit un vol plané et tomba au bas des escaliers. Drago poussa un hurlement sauvage et sauta au cou de Harry. Avant que les autres aient pu intervenir, les deux garçons dévalaient les escaliers en s'échangeant force coups de poing et de pied. Ron et Hermione parvinrent finalement à les séparer mais ils reçurent eux aussi leur compte de coups.

_Ron, laisses-moi, je vais le scalper !

_ Me touches pas, Sang-De-Bourbe ! Tu vas payer Potter !

_ Comptes tes dents Malefoy !

Attirés par le raffut, les élèves commençaient à affluer au pas de course vers le grand escalier. Harry vit alors approcher la dernière personne qu'il aurait voulu voir dans un moment pareil. C'était un homme grand et maigre avec un nez épais, un visage cireux et des cheveux gras qui lui tombaient sur les épaules, les pans de sa robe noire virevoltaient dans son sillage.

_ Allons, allons, que se passe-t-il ici ? Ah, l'inévitable Potter, bien sûr, dit-il de sa voix doucereuse.

_ Cet abruti l'a attaqué sans prévenir ! Cria Ron en désignant Malefoy.

Rogue jeta un regard méprisant sur Ron, un sourire sardonique au visage.

_ Je ne vous ai rien demandé, Weasley, cinq point de moins pour votre maison, plus dix point en moins pour insultes envers un camarade. Malefoy ?

_ Potter a blessé ma cousine ! Cria Drago, tremblant de rage.

_ C'est faux !

_ Je crois que vous vous méprenez Mr Malefoy, dit Rogue d'une voix douce, Mr Potter et Mr Weasley se sont juste, une fois de plus, retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment il est vrai que ce n'est pas la première fois, surtout dans le cas de Potter, et que cela peut nous pousser à nous poser certaines questions mais, rien ne nous autorise pour l'instant à conclure quoi que se soit. Avec un sourire carnassier, Rogue se tourna vers Harry.

_ Cependant, ajouta-t-il, je vois que vous avez profité de la douleur et de la faiblesse de Mr Malefoy pour régler vos comptes d'une manière inacceptable. Je demanderai à mon remplaçant de vous concocter une sévère retenue.

C'était tellement injuste que nul ne parvint à dire un mot. Et c'était sans doute mieux ainsi car le regard brillant du professeur indiquait clairement qu'il aurait été ravi de retirer encore quelques points à Gryffondor.

Rogue eut un sourire moqueur et fit signe à Malefoy de le suivre. Les élèves les regardèrent monter le grand escalier avent de retourner à leurs occupations. Harry, Ron et Hermione sortirent du château pour se rendre à la cabane de Hagrid. Harry avait l'arcade sourcilière ouverte et il saignait abondamment mais sa colère était telle qu'il ne ressentait absolument rien.

_ Mais qu'est-ce qu'il faisait là celui-ci ? s'écria Ron. Il n'est pas sensé être en mission pour le compte de Dumbledore ?

Hermione hocha la tête en répondant qu'il était sans doute venu faire son rapport.

_ Je le déteste, souffla Harry, « Potter, vous passerait une soirée en retenue pour avoir empêché Malefoy de vous arracher la tête », ajouta-t-il en imitant la voix doucereuse de Rogue.

Lorsqu'ils arrivèrent devant la cabane de Hagrid, les Gryffondor se précipitèrent prendre des nouvelles de Harry. Celui-ci, passablement énervé grommela qu'il allait très bien pendant que Ron et Hermione leur racontèrent ce qui venait de se passer.

_ Oh, Potter ! Mais tu as plus d'une cicatrice dis-moi ! Cria une voix haut perchée.

Ils se retournèrent et firent face à une bande de Serpentard complètement hilare, à sa tête se tenait Pansy Parkinson dont le visage de bouledogue affichait un large sourire.

_ Une balafre ne te suffisait plus ? Demanda-t-elle en gloussant.

_ Et comment trouve-tu Drago, Parkinson ? Demanda Hermione, il est jolie avec son oeil noir et son nez écrasé.

Les Gryffondor et les Serpentard s'engèrent aussitôt dans une lutte de noms d'oiseaux où seuls Harry et Lauréline ne participèrent pas.

_Ca vas, Harry ? Demanda-t-elle d'une voix douce.

_ Je vais très bien, siffla-t-il.

Elle le regarda d'un air inquiet mais n'insista pas.

La dispute était sur le point de tourner en combat organisé quand un grand hurlement retentit. Tous les élèves cessèrent de crier et se tournèrent vers la forêt. De nouveau, le hurlement retentit, c'était un cri extrêmement aigue qui emplissait l'espace et tétanisa de peur les adolescents.

Harry déglutit, il savait ce qui les attendait. Il regarda Ron et vu le visage que celui-ci affichait, il avait sans doute lui aussi deviné ce qui se cachait derrière les arbres.

_ Il… Il n'a quand même pas osé, dit le rouquin d'une voix tremblotante.

Harry hocha la tête.

_ Alors, le… le baume contre les brûlures ?

 De nouveau, Harry hocha la tête. La lèvre inférieure de Ron se mit à trembler.

Il se passa de longues secondes puis le bruit d'une lourde chute se fit entendre. Quelques instant plus tard, Hagrid sortit du sous-bois avec le sourire du Père Noël sur son visage. Il s'avança vers ses élèves en se frottant les mains.

_ Bonjour, dit il d'un voix enjouée, j'espère que vous êtes en forme car aujourd'hui ça va être très intéressant. Mieux que ça même.

_ Oh, s'exclama Zabini, un élève de Serpentard, je suppose que vous nous avez dégotté une nouvelle espèce de scroutt à pétard, ou un Nundu peut-être ?

_ Non, dit Hagrid, toujours souriant, j'aurais bien aimé mais c'est interdit. De toute façon, ce que vous allez voir aujourd'hui vaut dix fois mieux que ces gros chats. Allez, suivez-moi.

La classe se mit en marche et eut bien du mal à suivre Hagrid, celui-ci marchant avec un entrain peu commun. Lorsqu'ils eurent contournés un bras de la forêt interdite, ils virent ce qui avait poussé le hurlement.

La créature ressemblait à un lézard géant pourvu d'immenses ailes de chauve-souris et de plaques verdâtres au sommet de son crâne. Pour l'instant, la créature semblait dormir profondément. Hagrid s'accroupit et se mit à lui parler comme à un enfant tout en lui caressant le museau. Plus prudent, ses élèves restaient à une vingtaine de mètres du cracheur de feu et le regardait avec une peur mal dissimulée.

_ C'est un norvégien à crête, il s'appelle Norbert, dit Hagrid d'un air extatique.

Ron, Harry et Hermione se regardèrent, médusé : Alors qu'ils étaient en première année, Hagrid avait été l'heureux possesseur d'un œuf de dragon d'où était sorti un dragonnet dont il avait été bien vite obligé de se débarrassé. Visiblement, le bébé avait bien grandi.

Hagrid passa le reste du cours à leur dicter des informations sur les dragons en général, et sur le norvégien à crête en particulier. Ils apprirent ainsi que Norbert et ses congénères étaient les plus précoces à cracher du feu et à voler, et, qu'ils étaient les seuls, avec les Dents de Vipères à disposer de crochets venimeux.

A la fin du cours, Hagrid se dirigea vers les trois amis. Il avait les yeux luisants.

_ Vous  avez vu, il a bien grandit, hein ? Charlie a presque  réussit à le domestiquer.

Les trois jeunes gens hochèrent la tête

_Hagrid, comment avez-vous pu faire venir Norbert ? Demanda Hermione.

_ C'est grâce à Dumbledore et Amos Diggory, le père de… Il travaille au département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Dumbledore s'est porté garant. Un grand homme Dumbledore, dit Hagrid, la larme à l'œil.

Alors qu'ils retournaient au château, Ron se mit à maugréer.

_ Il manquait plus que ça… Ils ont offert un dragon à Hagrid. Entre un tueur fou, un prof fou et un dragon, ne passeront en deuxième année que ceux qui parviendront à survivre. C'est un nouveau type d'examen : la sélection surnaturelle.

Hermione grimaça.

_ À propos de sélection, dit Harry, demain on choisit les nouvelles recrues pour l'équipe.

Ron eut un sourire malicieux.

_ Je crois que vous allez être surpris.