Disclaimer: Les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowlings, l'histoire à Robin4. Moi, je ne fait que traduire.
Grim Dawn (Sinistre Aurore)CHAPITRE UN : LA DECOUVERTE
"Lumos," marmonna Harry, créant une lueur vivace à l'extrémité de sa baguette. Immobile, il cligna des yeux, fouillant les ténèbres du regard, certain que quelque chose ou quelqu'un le regardait—et pendant un court instant, il aperçut une forme et des yeux miroitants fixés sur lui.
Pendant un instant il resta glacé, incapable de bouger malgré le fait que son instinct lui hurlait de se mettre à couvert. Juste comme il commençait à reculer, pourtant, il entendit une voix étouffée s'élever non loin. "Il est là!"
Paniqué, Harry fit quelques pas en trébuchant, manquant de tomber sur sa malle. Il y avait quelque chose de sinistrement familier dans cette voix, et bien qu'il ne puisse se souvenir où il l'avait entendu auparavant, Harry savait que ça devait être quelqu'un envoyé par la Ministère de la Magie. Il avait violé le Décret de Restriction de l'Usage de la Magie chez les Sorciers de Premier Cycle en gonflant la tante Marge ; Harry ne savait pas exactement s'ils allaient l'arrêter ou seulement le bannir du Monde Magique, mais il savait qu'il allait pas rester dans le coin pour se faire. Il pensa pourtant aux conséquences et cela lui serra le cœur, et les images de Ron et d'Hermione lui vinrent immédiatement à l'esprit. Il était en cavale, dorénavant, et Harry savait qu'ils lui manquerait terriblement. Ils étaient les seuls véritables amis qu'il ait jamais eut—
Un grondement sourd le tira de ses pensées moroses, et Harry se retourna vivement, levant précipitamment sa baguette. Cependant, seule la lourde silhouette d'un gigantesque chien apparue devant lui ; la créature avait surgit des ténèbres alors que Harry se ruait pour s'enfuir. Pendant un moment, il rencontra les pales yeux du chien, et il vit les dents blanches scintiller dans les ténèbres tandis qu'une seconde voix brisait le silence.
"Vite, espèce d'idiot !"
Deux silhouettes sombres avançaient à grands pas dans Magnolia Crescent. Leurs visages étaient masqués et ils portaient des capes à capuchon d'un type qu'Harry n'avait encore jamais vu—mais tous deux avaient leurs baguettes levées et prêtes à servir. Reculant instinctivement en arrière, Harry trébucha brutalement sur sa malle, et avant qu'il ne puisse réagir, le plus grand des deux cria:
"Expelliarmus !"
D'un coup, la baguette de Harry fut arrachée de sa main et il se retrouva impuissant sur le sol. Il jeta un rapide regard aux alentour à la recherche d'une aide quelconque, mais son seul atout était son balai ; même le chien géant avait disparu. Soudain, Harry se sentit vraiment, vraiment très seul.
"Harry Potter…" fit le premier la voix traînante. "Ravi de vous voir ici…"
Harry en prit conscience alors qu'il luttant pour se remettre sur ses pieds. Il savait qu'il reconnaissait cette voix—mais son balai était seulement à quelques mètres, et s'il pouvait seulement l'attraper—
"N'y pense même pas, petit."
Lucius Malfoy, pensa soudain Harry. Derrière le masque, la voix aristocratique du grand sorcier était impossible à manquer, et le fait de la reconnaître donna des frissons à Harry. Quelque part, je ne pense pas qu'il soit ici de la part du Ministère.
L'autre sorcier se mit à rire alors que Harry fronçait les sourcils. Malfoy, toutefois, continua : "Tu ferais mieux de venir bien gentiment, Potter. Il y a quelqu'un qui a très envie de te voir."
"De quoi parlez vous ?" demanda Harry, son cœur battant tellement vite qu'il pouvait à peine s'entendre penser.
"Tu ne pensait quand même pas que le Seigneur des Ténèbres était parti pour de bon ?" dit Malfoy de sa voix traînante, s'avançant nonchalamment vers lui. "Il faut une simple petite chose pour le ramener…simplement toi."
"Moi ?" Si seulement Harry pouvait continuer de les faire parler, alors il aurait une chance.
"Oui, toi, idiot." L'irritation perçait dans la voix de Malfoy. "Attrape-le, Avery."
L'autre homme se jeta sur lui au moment même où Harry bondissait sur son balai, espérant contre tout espoir qu'il pourrait l'attraper dans les temps—mais une poigne rigide attrapa son bras, le tirant en arrière. Sans savoir quoi faire d'autre, Harry lança son pied droit et frappa Avery dans les genoux ; le sorcier jura avec colère, mais il ne lâcha pas le bras de Harry, traînant le garçon qui se débattait avec difficulté. Soudain, pourtant, Avery jura, et une gigantesque ombre noire s'élança des ténèbres, grondant et grognant dangereusement—
"Qu'est-ce que—" le ton aristocratique de Malfoy avait disparu, teinté par l'inquiétude et la peur alors que l'énorme chien renversait Avery, écartant le sorcier de Harry. Surpris, le jeune sorcier recula, trébuchant à nouveau contre sa malle dans sa tentative de retraite.
"Enlève ce satané chien de moi—Oww !" hurla Avery.
Un coin de l'esprit de Harry enregistra que des lumières avaient commencé à s'allumer tout du long de Magnolia Crescent alors que les résidents commençaient à réaliser que quelque chose de bizarre se passait dans la rue. Mais il n'y avait pas de temps pour penser, ou même pour l'action,—Harry avait étrangement froid tandis qu'il était étalé contre sa malle dans le caniveau. Tout ce qu'il pouvait faire était de regarder les dents du chien se planter dans le bras d'Avery et le sorcier hurler encore.
"Bouge, Avery!" grogna Malfoy, essayant d'atteindre le chien, qui était en partie protégé par l'autre sorcier. Malfoy lança un sort et le manqua, et Avery tomba finalement à terre sous le poids de la créature. Malheureusement, cela offrait à Malfoy un bon angle de tir sur le chien—
"Reducto!"
Mais le chien était parti. Frénétiquement, Harry chercha des yeux son sauveur, mais ne put voir l'animal massif—jusqu'à ce qu'un sombre personnage se leva dans la rue avec la baguette d'Avery dans la main.
"Stupefix !" gronda l'homme, faisant tomber Avery alors même que le sorcier se remettait sur ses pieds. Une lumière rouge jaillit dans la rue, illuminant un visage blême et cireux, aux cheveux longs. La main qui tenait la baguette d'Avery était osseuse, déjà prête après avoir atteint son but et l'homme mystérieux commença à s'écarter avant même qu'Avery n'ait touché le sol. Pendant ce temps, la voix arrogante de Malfoy se transforma en une surprise paniquée.
"Toi !" Harry ne pouvait voir l'expression de Malfoy derrière le masque, mais il était prêt à parier qu'il était choqué. Malheureusement, la surprise ne sembla pas ralentir le maléfique sorcier; immédiatement, sa baguette se dressa. "Imperi—"
"Stupefix !"
L'autre fut plus rapide, et Malfoy heurta le sol avec un bruit sourd, laissant Harry avec un étranger qui n'était définitivement pas non plus un agent du Ministère de la Magie. Pendant un long moment, le mystérieux sorcier contempla la forme à terre de Malfoy, fixant l'homme inconscient ; puis il bougea lentement pour ramasser l'autre baguette. Ses mouvements étaient raides, comme s'il n'avait pas utilisé ses membres depuis longtemps ou si il était resté assis trop longtemps. Finalement, il se tourna face à Harry, et le jeune sorcier cligna des yeux en le reconnaissant.
C'était lui. C'était Black, le criminel évadé qui était passé aux informations moldues. Ses cheveux noirs, crasseux et emmêlés, lui arrivaient aux épaules, comme à la télévision. Mais son visage lugubre était différent, à présent. Sur l'écran, les traits de Black avaient semblés morts ; ses yeux étaient vides et dénués de vie. Maintenant, au contraire, ses yeux bleus brûlaient avec une intensité qui donnait des frissons à Harry. Il entrait difficilement dans la tête de Harry qu'il fallait se demander comment un criminel évadé Moldu pouvait connaître la Magie ; il était trop occupé à essayer de contrôler son souffle et se demanda alors que cela n'avait rien à voir où était passé le chien. Black regardait fixement le garçon, qui depuis un long moment ne pouvait penser à rien d'autre que de le regarder en retour—et puis il se souvint de sa baguette. Elle était tombée sur le sol avec Malfoy, et n'était pas très loin.
Harry se jeta sur sa baguette au moment même où Black clignait des yeux pour la première fois. Bien qu'il sache pertinemment qu'il n'avait qu'une faible chance de battre un sorcier adulte qui avait deux baguettes dans ses mains—et Black était un sorcier ; rien d'autre n'avait de sens—ses réflexes étaient plutôt bons puisqu'il jouait depuis deux ans dans l'équipe de Quidditch et il devait saisir cette chance. Plongeant derrière sa malle, Harry se tourna et roula, se redressant avec sa baguette pointée sur Black. Toutefois, le Sortilège de Stupéfixion mourut abruptement sur ses lèvres avant qu'il ait pu le prononcer.
Black n'avait pas bougé.
Il n'avait même pas levé sa baguette. Aucune baguette. En fait, il était simplement debout devant Harry comme s'il n'avait jamais vu un garçon de treize ans auparavant. Ses pâles yeux bleus étaient le seul élément vivant de son visage squelettique, et ils étaient fixés sur Harry. Le regard de Black était déconcertant, et un frisson parcouru la colonne vertébrale du jeune sorcier, mais il ne lança pas de sort. Quelque part, Harry n'était pas sur qu'il devait le faire. Les pièces ne s'emboîtaient pas ; ça n'avait de sens. Black venait juste de lui sauver la vie.
Le silence devint pesant. Plus loin dans la rue, des voix commencèrent à s'appeler les unes les autres, et Harry savait qu'il devait filer—mais Black continuait à rester là, et Harry ne pouvait s'aider sans rencontrer ses yeux. Je dois y aller, se dit-il désespérément. Quelqu'un va me trouver et puis je finirai au poste de police Moldu et ils —Que pourraient-ils faire de Black? Que pourraient-ils faire de lui? Black n'était pas un simple prisonnier Moldu. C'était un sorcier. Un sorcier. Et il était en infraction de la loi, juste comme Harry. Un autre frison le parcourut tandis qu'il se souvenait des mots du présentateur moldu. "…Black est armé et extrêmement dangereux. Un numéro spécial a été mis en place…"
Soudainement, l'évadé secoua la tête, se mouvant si lentement qu'il semblait évoluer dans l'eau.
"Salut, Harry," dit-il finalement. Sa voix était rauque et gutturale, comme s'il avait du mal à en retrouver le timbre normal après si longtemps.
"Que voulez-vous?" murmura Harry. Il essayait de garder sa main ferme et sa baguette pointée dur l'homme, mais c'était difficile.
"Je m'appelle Sirius Black…" Les voix à l'autre bout de la rue sonnaient plus proche et plus fortes, et les yeux de Black se tournèrent nerveusement dans cette direction. "Nous n'avons pas beaucoup de temps."
"Nous?"
Brutalement, Black se rapprocha de Harry, uniquement séparé de lui par la masse de la malle. "Ecoute, je vais te demander d'avoir confiance en moi, quoi que…" Quelque chose brilla dans ses yeux assombris, et il déglutit. "Je connaissait tes parents et…"
"Vous connaissiez mes parents ?" demanda avidement Harry, oubliant tout à propos les Moldus qui approchaient et le criminel évadé. Une partie de lui savait qu'il devait être plus prudent, mais il était difficile de penser correctement. Black lui avait sauvé la vie. Black avait connu ses parents. "Comment ?"
"C'est lui ! L'évadé !" une voix de femme crissa soudain, et Harry la reconnu à distance comme celle de la vieille Mrs. Figg, dont la maison sentait le choux et qui avait tellement de chats. "Sirius Black !"
La main osseuse de Black se dressa et agrippa le bras de Harry sans avertissement. "Je t'en prie," murmura t-il avec urgence. "Aie confiance en moi. Agite ta baguette et appelle le Magicobus. C'est la seule chance que nous ayons—"
"Que quelqu'un appelle la police!" cria un homme.
"Le Magicobus?" répéta Harry sans comprendre.
Des échos de pas battant le pavé s'approchaient de plus en plus. "Fais-le !" siffla Black. "Dis-leurs de t'emmener Place Grimmauld !"
Soudain, il disparu auprès de Harry, laissant un grand chien noir à sa place. Tout partait en l'air à ce moment, et Harry décida de tenter la plus grande chance de sa vie. Sans hésitation, il leva son bras, faisant confiance à un homme qu'il venait de rencontrer et dont il n'avait jamais entendu parler auparavant—
BANG! Harry leva les bras pour se protéger d'une lumière aveuglante et inattendue. A ses côtés, le chien recula légèrement, gémissant tout doucement. Il—Black—se tenait tout prêt d'Harry alors qu'un bus violet à trois étages venait de surgir du néant sous les exclamations de surprise des Moldus. Sur le pare-brise était écrit en lettres d'or "Magicobus", et un contrôleur en uniforme violet sauta alors du bus en parlant d'une voix sonore, oubliant les regards des Moldus.
"Bienvenue à bord du Magicobus, transport d'urgence pour sorciers et sorcières en perdition. Faites un signe avec votre baguette magique, et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez. Mon nom est Stan Rocade, et je serai votre contrôleur pour cette nuit."
Harry le regarda. Stan Rocade n'était guère plus âgé que lui, et ses oreilles étaient largement décollées. Mais le contrôleur boutonneux le regardait étrangement. "C'est un sacré chien que tu as là."
"Il sait très bien se conduire," promit Harry, se souvenant que certains endroits moldus n'acceptaient pas les animaux. Que ferait-il s'il devait prendre le bus sans Black? Il n'avait aucune idée d'où et ce qu'était la Place Grimmauld, ou même quoi faire avec le Magicobus—
"Qu'est-ce que c'est que ce truc sur ta tête ?" demanda soudain Stan, semblant ne plus se soucier du chien.
Harry déglutit et se lissa précipitamment les cheveux pour cacher sa cicatrice. La dernière chose dont il avait besoin était de se faire reconnaître par un sorcier—mais avant qu'il puisse répondre, un voix moldue s'éleva de la rue sombre.
"Appelez la police !"
Effrayé, la tête du contrôleur se tordit pour voir les Moldus qui approchaient. "Qu'est-ce qu'il font là ?" demanda t-il nerveusement. "Ce sont des Moldus !"
"Je sais, je sais—"
"Bon, hé bien viens !" Stan attrapa abruptement Harry par le bras, le tirant à l'intérieur du bus. Un petit coup de la baguette du conducteur fit suivre la malle de Harry et la cage d'Hedwige, et le chien sauta juste derrière eux. Harry eut pas juste le temps de noter que le bus contenait des lits à la place des sièges avant que Stan se tourne vers un sorcier plus âgé qui était assis à la place du conducteur. "Tirons nous d'ici, Ern ! Il y a des Moldus dehors !"
"Des Moldus?" fit Ern en écho, louchant sous ses épaisses lunettes.
"Allez-y!" supplia fébrilement Harry, regardant par la fenêtre vers le demi-cercle rassemblé. Une des personnes était presque assez proche pour toucher les portes qui se fermèrent rapidement, et il reconnu Mrs. Figg debout en arrière du groupe. Assez bizarrement, elle restait simplement plantée là, fronçant les sourcils et ayant l'air très, très ennuyée—
Il y eut un terrible BANG, et Harry bascula en arrière alors que le Magicobus s'élançait. Le chien—Black—aboya avec irritation, mais au moins il resta sur ses pattes, semblant avoir prévu la soudaine embardée. Après s'être remis sur ses pieds, Harry jeta un œil par la fenètre, et remarqua qu'ils étaient dans une rue complètement différente. Il laissa échapper un soupir de soulagement. Ils étaient en sécurité… pour le moment, en tout cas.
"Merci," dit-il doucement.
"Pas de problème," répondit promptement Stan. "Heureux de t'aider." Mais il fronça ensuite les sourcils. "Qu'est-ce que tu faisais avec tous ces Moldus, au fait?"
"Je—" Harry hésita. Il ne pouvait pas vraiment dire la vérité, n'est-ce pas ? "Je suis tombé," dit-il rapidement. "Je suis tombé et ma baguette s'est allumée toute seule—ils doivent avoir vu la lumière ou autre chose."
"Oh. Bon, de toute façon tu peux avoir un lit," dit Stan, avec obligeance en poussant la malle de Harry sous le lit juste derrière le chauffeur. "Je te présente Ernie Danlmur. Notre chauffeur."
"Salut," dit poliment Harry, puis il essaya de changer de sujet avant que Stan ne réalise combien son histoire avait l'air ridicule. "Combien ça coûte pour aller Place Grimmauld?"
Stan fronça les sourcils en se concentrant. " Place Grimmauld… c'est à Londres, n'est-ce pas?"
"Oui," répondit rapidement Harry, espérant que c'était juste. Si non, hé bien…
"Onze Morniles." sourit Stan. "Mais pour quatorze, tu as droit à une tasse de chocolat chaud, et pour quinze on te donne une bouteille d'eau chaude et une brosse à dents de la couleur de ton choix."
"Ok." Harry fouilla dans sa valise, en retira son porte-monnaie et fourra quelques pièces d'argent dans la main de Stan, aplatissant ses mèches sur son front autant qu'il pouvait. Puis il s'assit sur le lit, notant de quelle façon les étranges yeux bleus de Black suivaient Stan, le regardant avec circonspection. C'était presque comme si Black essayait de le protéger—
"Quel est ton nom, déjà?" demanda soudain le conducteur.
"Neville Longbottom," répondit vivement Harry, donnant le premier nom qui lui vint à l'esprit. Heureusement, Stan ne posa pas d'autres questions, et Harry se redressa pour regarder par la vitre en silence, regardant les arbres, les lampadaires et les boites aux lettres bondir hors du chemin du Magicobus. Fréquemment, le jeune sorcier jetait un œil à Black, mais le chien s'était tranquillement allongé par terre, et semblait s'être assoupi—pourtant quelque chose disait à Harry que c'était une illusion.
Après que le bus ait fait un arrêt et ait déposé une sorcière au teint légèrement verdâtre, emmitouflée dans une cape de voyage, Stan ouvrit un exemplaire de la Gazette du Sorcier et commença à lire. Cela prit un moment pour qu'Harry reconnaisse l'homme émacié dont la photo figurait en couverture, et se mordit la lèvre avant de dire quelque chose de déraisonnable. Instinctivement, Harry jeta un oeil au chien, mais Black semblait toujours dormir, ignorant complètement que son visage s'étalait en première page du principal journal du monde Magique.
"Est-ce que je peux le lire quand tu auras fini?" demanda Harry aussi calmement qu'il put.
"Bien sûr. Je l'avais déjà lu, de toute façon," répondit aimablement Stan, lui tendant le journal. Les yeux d'Harry s'écarquillèrent, alors qu'il lisait :
BLACK TOUJOURS INTROUVABLE
Sirius Black, qui peut prétendre au titre de plus infâme criminel jamais détenu à la forteresse d'Azkaban, échappe toujours aux recherches, nous confirme aujourd'hui le ministère de la Magie.
"Nous faisons notre possible pour capturer Black," nous a déclaré ce matin, Cornelius Fudge, le ministre de la Magie "et nous demandons instamment à la communauté des sorcières et des sorciers de rester calme."
Fudge a été critiqué par certains membres de la Fédération Internationale des Mages et Sorciers pour avoir informé de la situation le Premier ministre Moldu.
"Il est clair que c'était mon devoir," a déclaré Fudge, non sans une certaine irritation. "Black est un fou, il représente un danger pour quiconque se trouve en sa présence, sorcier ou Moldu. J'ai obtenu du Premier ministre l'assurance qu'il ne dirait pas un mot à qui que ce soit de la véritable identité de Black. D'ailleurs, ne nous y trompons pas : qui le croirait si jamais il le faisait ?"
Les Moldus ont été avertis que Black était armé d'un sorte de baguette magique dont les Moldus se servent pour s'entretuer), mais ce que craint la communauté des sorcières et des sorciers, c'est un massacre tel que celui qui s'est produit il y a douze ans, lorsque Black a tué treize personnes d'un coup en lançant un seul sort.
Pendant un long moment, Harry fixa la photo, souhaitant qu'elle se change en quelqu'un d'autre. Il ne voulait pas croire que l'homme qui lui avait sauvé la vie était un meurtrier—il avait empêché Malfoy et Avery d'amener Harry à Voldemort. Et il disait qu'il connaissait les parents de Harry…
"Il fait peur, pas vrai, pas vrai?" demanda soudain Stan, ce qui sortit Harry de ses sombres pensées.
"Il a vraiment tué treize personnes?" murmura nerveusement le garçon, essayant de ne pas regarder vers le chien. Il ne voulait simplement pas y croire. Black lui avait demandé d'avoir confiance en lui, et Harry avait—la sensation de trahison descendit dans son estomac. "En jetant un seul sort ?"
"Ouais," répondit Stan, "en plein jour et devant témoins. Ca a fait une de ces histoire, pas vrai, Ern?"
"Ouais," dit Ern d'un air sombre.
Stan se tourna soudain pour regarder Harry, qui se sentait alternativement glacé et terrifié par tout ça. "Black était un des grands partisans de Tu-Sais-Qui."
"Quoi?"
"Ouais." Stan frissonna. "Très proche de Tu-Sais-Qui, il parait. Et quand le petit Harry Potter a démoli Tu-Sais-Qui—"
Le cœur de Harry battait si fort qu'il pouvait difficilement entendre le reste. Ses yeux se détournèrent, presque malgré lui, pour regarder de nouveau en direction du chien. Vers Black.
Etonnement, le chien ne feignait plus de dormir. Ses yeux s'étaient soudainement allumés, et ils rencontrèrent ceux d'Harry sans hésitation. Les paroles de Black firent écho dans sa tête. "Je vais te demander d'avoir confiance en moi, quoi que…" Ses yeux bleus le regardaient de façon suppliante à présent, le regard de l'homme brillant derrière la face du chien, et le souffle de Harry s'accéléra dans sa poitrine. "Je connaissait tes parents…"
"—tous les partisans de Tu-Sais-Qui ont été traqués, pas vrai, Ern? La plupart d'entre eux savaient bien que c'était fini pour eux, maintenant qu'il n'était plus là, et ils se sont tenus tranquilles. Sauf Sirius Black. D'après ce qu'on m'a dit, il pensait devenir son bras droit quand Tu-Sais-Qui aurait prit le pouvoir.
"Finalement, ils ont réussi à coincer Black au milieu d'une rue pleine de Moldus. Alors il a sortit sa baguette et il a jeté un sort qui a dévasté la rue. Un sorcier et douze Moldus ont été tués sur le coup. Horrible, pas vrai ? Et tu sais ce que Black a fait après ça ?" continua Stan d'un ton dramatique.
"Quoi ?" demanda Harry platement, simplement parce que Stan semblait attendre sa question. A l'intérieur de lui, pourtant, tout tourbillonnait. Ca n'avait tout simplement pas de sens, pensait-il désespérément. Pourquoi m'aurait-il sauvé de Malfoy s'il travaillait pour Voldemort? Harry pouvait difficilement respirer. Pourquoi Malfoy était-il surpris de le voir?
Les yeux de Black étaient toujours sur lui, et le chien gémit doucement, posant sa tête sur le pied de Harry. Le garçon la reposa, mais Black à le regarder et à lui demander silencieusement de le croire.
"Il a éclaté de rire," dit Stan. "Il est resté là, debout, à rigoler—ça va, Neville?"
Il contemplait Harry, qui réalisa soudain qu'il devait être devenu très pâle. Il déglutit rapidement, arrachant ses yeux de Black. "Je crois que j'ai mangé un truc qui ne passe pas," dit Harry. "Je ne me sens pas très bien."
Il put sentir le regard du chien sur lui, mais Stan sourit avec sympathie. "Tu devrais t'allonger un peu," dit-il. "Je te réveillerai quand nous atteindrons Londres."
"Merci," souffla Harry en obéissant, mais il n'osa pas tourner le dos à Black. Ses pensées étaient complètement embrouillées—d'abord les mots de l'article de la Gazette du Sorcier et les explications de Stan qui dansaient dans sa tête, et ensuite, il gardait la vision de Black reverser Avery et les stupéfixier lui et Malfoy. Ca n'avait simplement pas de sens. Pourquoi Black l'aurait-il sauvé s'il travaillait pour Voldemort?
Bien sûr, il était entièrement possible que le père de Malfoy n'ait pas travaillé pour Voldemort, quoi qu'en ait dit Mr. Weasley—mais Harry avait entendu Malfoy dire qu'il était là pour l'amener à Voldemort. Il avait dit que Harry était la seule chose nécessaire pour ramener Voldemort. Mais si Black était un de ses partisans lui aussi, pourquoi avait-il stupéfixié Malfoy et Avery? "Je connaissais tes parents."
Etait-ce possible ? Pouvaient-ils se tromper à propos de Black ? Ou avait-il simplement mentit? Harry déglutit, jetant de nouveau un œil au chien. Les yeux de Black oscillaient entre Ernie et Stan maintenant, mais se tournaient très souvent vers Harry, le regardant de façon protectrice. De façon protectrice ? Harry secoua la tête. Pourquoi voudrait-il me protéger ? Mais Black lui avait sauvé la vie… et Harry n'avait nul part ou aller, de toute façon.
Il déglutit, essayant de rejeter ses craintes, essayant de se convaincre que si Black avait vraiment voulu le tuer, il serait déjà mort. Et si Black était vraiment un assassin, qu'est-ce qu'il attendait pour jeter un sort à Ern et Stan sur le-champ ? Pourquoi ne restait-il pas caché, et restait là à regarder Harry comme si Harry devait le croire ? Prenant sa décision, Harry ouvrit la bouche pour dire la vérité à Stan—ses yeux l'arrêtèrent. Pendant un long moment, tout ce que Harry put faire fut de regarder le bagnard évadé, et sa bouche se ferma lentement. Qu'avait-il à perdre?
Il n'avait aucun moyen de savoir combien de temps s'était écoulé, mais Harry ne laissa pas aller à dormir. Tout ce qu'il pouvait faire était de rester là en silence, espérant et priant pour que rien de mal n'arrive. Mais avant que Harry ne s'en rende compte, il se retrouva dans la rue près du Magicobus.
"Merci," dit Harry à Ern. Stan l'aida avec sa malle et la cage d'Hedwige, puis après que le contrôleur et le conducteur lui ait dit au revoir, Harry fut seul dans la rue avec Sirius Black.
Il y eut un énorme BANG et le Magicobus disparut ; un instant après, le chien disparut également et laissa la place à Black. Lentement, l'homme squelettique se redressa, et n'essaya même pas d'empêcher Harry de pointer sa baguette sur lui. Ses yeux inquiétants restaient simplement fixés sur Harry, seule partie vivante de son visage cadavérique.
"Je n'ai pas," dit-il très doucement, "tué ces gens. Pas plus que je n'ai jamais servi Voldemort."
C'était le seul sorcier à part Dumbledore qu'Harry ait jamais entendu prononcer le nom du Seigneur des Ténèbres. Il souhaita que ses mains ne tremblent pas trop. "Vous—"
"On ne peut pas rester ici," dit Black d'une voix enrouée, observant la rue plongée dans le noir.
"Je ne vais nul part sans que vous ne m'ayez donner une bonne raison," répliqua sombrement Harry, pointant toujours sa baguette sur l'homme.
"Je ne peux pas." Quelque chose de douloureux passa sur son visage émacié. "On n'a pas le temps—ai juste confiance en moi. S'il te plait."
Harry avala sa salive, et brusquement les possibilités défilèrent devant ses yeux comme s'il était devant l'intersection d'une route. D'un côté s'étendait le chemin de l'insécurité, celle où il avait mis les pieds en s'enfuyant de la maison de son oncle et de sa tante. Cette voie signifiait solitude et difficiles épreuves, mais au moins c'était celle de son choix. D'un autre côté, pourtant, il y avait la voie que Black proposait—où la chance ne voulait rien dire et où il devait faire confiance. Mais cette voie lui offrait tout de même de l'espoir, un espoir qu'il osait à peine saisir. Le choix, pourtant, était périlleux : les ténèbres ou l'espoir. Et il ne pouvait y en avoir qu'un.
Les secondes s'écoulaient. Il n'avait qu'à croire ou à s'enfuir, le temps pour choisir était écoulé. Harry déglutit.
"Ok," murmura t-il. "Allons-y."
