Disclaimer: Les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowlings, l'histoire à Robin4. Moi, je ne fait que traduire

Grim Dawn – Sinistre Aurore

CHAPITRE SIX: LA PROIE

Quatre jours.

Harry nettoyait encore, parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre. Bien qu'il eût souvent souhaité être débarrassé des Dursley et être seul, avoir Hedwige pour seule compagnie était en train de le rendre dingue. Il avait terminé ses devoirs (incluant un essai incroyablement long pour le professeur Rogue) dès son premier jour de solitude et il n'avait plus rien à faire à part s'ennuyer. Il s'était mis à nettoyer, alors, décontaminant Place Grimmauld pas à pas. Harry le faisait en partie pour oublier son ennui, mais plus parce que c'était la maison de Sirius, la maison que son parrain lui avait promis d'être à eux deux. Kreacher n'était pas d'une grande aide, bien sûr, mais Harry devenait plus habile à manipuler l'elfe de Maison et ils semblaient être parvenus à une sorte de trêve informelle.

Mais la solitude le dévorait tous les jours. Harry craignait pour son parrain, pour ses amis, et pour Poudlard. Demeurer dans une maison magique avait alors intensifié son désir de vivre dans le monde magique, mais, à présent, cela s'était affaibli. Sirius était parti, et Harry se cachait.

Il lança un coup d'œil au calendrier qu'il avait posé sur sa malle, bien que Harry sût parfaitement quelle était la date. L'école commençait dans deux jours—mais comment pourrait-il aller à Poudlard s'il n'avait pas le moyen d'atteindre la gare de King's Cross? Plus d'une fois, il effleura l'idée d'écrire à  Ron ou Hermione pour l'aider, mais que pourraient-ils bien faire alors qu'ils ne seraient pas capables de le voir? D'un autre côté, Harry ignorait ce que l'envoi de lettres ferait au Sortilège de Fidelitas. De ce qu'il en savait, Hedwige ne serait pas capable de retrouver son chemin, et le désir égoïste de sa compagnie lui faisait repousser l'idée d'envoyer la chouette au loin.

Et puis, il y avait Sirius. L'inquiétude serrait ses entrailles et ne le quittait plus. Il était parti depuis cinq jours, et ça ne voulait dire qu'une seule chose—Sirius avait été capturé. Le Ministère de la Magie ou Voldemort l'avait trouvé, et ça signifiait que Harry était seul. Il avait passé une bonne partie de sa vie ainsi, évidemment, mais après avoir goûté à une vraie famille, c'était dur à accepter. Et Harry savait, dans son cœur, que le Ministère n'avait pas réattrapé son parrain. Si c'était le cas, la nouvelle serait proclamée en première page de La Gazette du Sorcier, et Harry l'aurait su.

Il mâchouilla le bout de sa plume, l'esprit absent, soupirant et marmonnant sur la conduite à adopter. Le papier devant lui ne comportait qu'un nom; même s'il devait envoyer la lettre, Harry ne savait pas quoi écrire. Personne ne croirait la vérité, il le savait. C'était tellement tiré par les cheveux, tellement contraire à ce que le Monde Magique "savait" être la vérité ; il doutait même que Ron puisse le croire. Hermione pourrait, mais elle ne venait pas d'une famille sorcière, ce qui signifiait que bien qu'elle ne partageât pas les mêmes préjugés ses parents ne pourraient pas aider Harry. Non, s'il se tournait vers un de ses amis, ce serait Ron. Les Weasley l'avaient recueilli l'été précédent—mais Harry pouvait-il prendre le risque de leur demander de l'aide? Sirius avait raison en disant que Harry ne pouvait simplement se cacher.

Malgré tout, il ne pouvait impliquer Ron là-dedans. Et il ne voulait pas mettre Hermione en danger de cette manière. Donc, il n'y avait vraiment personne vers qui se tourner. Harry était habitué à se débrouiller par lui-même, mais sans ses amis, il était incroyablement seul. Trois ans auparavant, il n'aurait jamais imaginé combien ils allaient devenir importants, mais il l'étaient. Il avait été seul avant Ron et Hermione. Il avait été seul avant Sirius… et maintenant, tous étaient hors de portée. Probablement.

Harry soupira et essaya de forcer un sourire. Peut-être y avait-il un compromis.

Cher Ron,

Je sais ce que tu penses. Ce qui s'est passé à Privet Drive est probablement de notoriété publique désormais, mais je vais bien. Vraiment. Je ne peux pas te dire où je suis, mais je vais bien.

Je ne pense pas être en mesure de prendre le Poudlard Express avec toi et Hermione. En fait, je ne suis même pas sûr de savoir quand je pourrai retourner à Poudlard. J'espère que ce sera bientôt, mais je ne sais vraiment pas. Beaucoup de choses sont arrivées depuis la semaine dernière.

Je ne pense pas que tu seras capable de m'écrire en retour, mais si tu envoies une réponse avec Hedwige, ça pourrait marcher.

Harry

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"Ron a reçu ça ce matin," dit doucement Molly. "Malheureusement, il a renvoyé la chouette de Harry avant qu'on ne puisse faire quoi que ce soit."

Remus fronça les sourcils, relisant la lettre encore une fois. L'écriture était ferme, aussi indisciplinée qu'on pouvait s'y attendre venant d'un garçon de treize ans. Les mots d'Harry sonnaient plus retenus que forcés; en résumé, cela ne ressemblait pas une lettre écrite par un prisonnier tremblant. Que lui avait dit Sirius? Avait-il, dans sa folie, gagné la confiance de Harry? Dans ce cas, les conséquences pourraient très bien être stupéfiantes. C'en était presque trop pour Remus pour pouvoir déglutir, et il souhaita désespérément avoir tord. Si Harry commençait à croire quelque histoire racontée par Sirius…

Remus rendit la lettre à Molly sans mot dire. Leur réunion n'avait pas encore commencé, mais la mère de Ron avait été assez aimable pour montrer la lettre à Remus en premier. Les autres affluaient, silencieux et solennels. Rogue fut le dernier à entrer dans la pièce, nota Remus, et son expression était étrangement tendue. Le Mangemort n'attendit même pas de s'asseoir pour parler.

"Black était au Manoir Jedusor hier soir," dit-il abruptement. "Il est parti quand je suis arrivé, mais Lucius Malfoy m'a informé qu'il avait passé plusieurs heures à parler avec le Seigneur des Ténèbres."

Il s'écroula plus qu'il ne s'assit sur son fauteuil lorsque ses genoux fléchirent. Remus sentit ses entrailles se geler. Ca a commencé, pensa t-il sombrement, déglutissant. De toute évidence, Sirius avait décidé de ne pas attendre plus longtemps.

"Mais Harry a écrit cette lettre ce matin—" commença Molly, alarmée.

"Quelque chose ne va pas." Les yeux brillants de Maugrey étaient rivés sans ciller sur Rogue, le vrai et le magique le fixant avec intensité.

"Quoi?" la tête d'Arthur se redressa ; il avait fixé le sol sans comprendre.

La voix de Maugrey était sèche. "L'avez-vous vu partir?"

"Je vous ait déjà dit que Lucius m'en avait informé—" Rogue roula des yeux tandis qu'il parlait, mais son exaspération passa bien au-delà de l'ex-Auror. Maugrey l'interrompit facilement.

"Vous seul?"

"Non. Il y avait quelques autres—"

Maugrey le coupa encore. "Qui?"

"Qu'est-ce que ça peut faire?" grogna Rogue, ennuyé.

"Répondez à ma question."

"Alastor—" McGonagall essaya d'intervenir avant que les choses empirent, mais Rogue avait déjà répliqué avec irritation.

"Goyle et Flint étaient là aussi. Je peux faire autre chose pour vous? Peut-être vous fournir une dissertation sur les propriétés de l'Elixir de Longue Vie et vous retrouver la procédure exacte pour créer la Pierre Philosophale?"

Dumbledore ouvrit la bouche pour intervenir, mais pour une fois Maugrey l'ignora. Les yeux de l'ex-Auror brillaient dangereusement, et le sarcasme dans sa voix s'y accordait parfaitement pour confronter le Maître des Potions.

"Ce serait splendide," rétorqua t-il avec acidité. "Et pendant que vous y êtes, je dirigerai une analyse psychologique de l'endroit où vous avez égaré votre cervelle!"

"Vous êtes, bien sûr, l'expert local pour les questions d'ordre psychologique," ronronna Rogue.

"Assez." La voix de Dumbledore était dure à présent, et ses yeux étaient froids. Il y avait peu de sorciers ou de sorcières dans le monde qui oseraient affronter son regard dans son état normal, et il y en avait encore moins qui seraient assez fous pour le faire quand il paraissait si implacable—malheureusement, pourtant, Alastor Maugrey était l'un d'eux. Le sorcier borgne grogna avec amusement.

"Ce n'est pas ma faute si vous employez un imbécile qui ne pourrait même pas trouver ses fesses avec ses deux mains et une baguette- "

"J'ai dit assez!" La voix du directeur claqua comme un fouet, dur et aiguisé, sans réplique. Ses yeux d'habitude bleus et pétillants étaient maintenant colériques. "Je vous demande à tous deux de vous rappelez que nous sommes du même côté. Arrêtez de vous focaliser sur vos divergences car nous partageons une mission commune— provoquer la chute de Lord Voldemort. Et pour cela, nous devons trouver Harry Potter."

Ses yeux bleus glacés passèrent de Rogue à Maugrey, qui inclina la tête en ronchonnant, nullement embarrassé, mais accordant le point. Après un moment, Rogue déglutit visiblement sous le regard de Dumbledore, et le Mangemort secoua la tête de façon saccadée, baissant les yeux au sol. Satisfait de la situation, la colère évidente de Dumbledore diminua et il parla doucement, bien que sa voix ait gardé un ton dangereux

"Vous dites Black est venu au Manoir Jedusor—et quoi que vous pensez, Alastor, je ne vois aucune raison de douter du rapport de Severus—mais il est reparti?"

"Oui," répondit Rogue, faisant une pause pour lancer un regard revêche à Maugrey. L'ex-Auror lui fit la moue en retour mais garda le silence, montrant une retenue difficilement gagnée dont Remus lui était extrêmement reconnaissant. La tension entre Rogue et Maugrey avait beaucoup mijoté (et bouilli) depuis la première réunion de l'Ordre, et il était clair que le point le plus critique avait été atteint, associé à l'incapacité des "Chasseurs" pour trouver Sirius ou Harry. Malheureusement, Remus pensait que le conflit entre les deux était inévitable, en regard à leur passé—pendant les Jours Noirs de la première guerre, Maugrey avait été un Auror et Rogue un Mangemort. Ils étaient naturellement opposés en tout, bien qu'ils soient tous deux de fiers rejetons de la Maison Serpentard.

"Rien n'indique que Potter soit aux mains du Seigneur des Ténèbres," continua Rogue, après avoir fusillé des yeux son rival. "Contrairement à ce qui semblerait être le cas, Je crois que Black continue à cacher la localisation du garçon."

"Mais pourquoi Vous-Savez-Qui ne le force pas tout simplement à lui livrer l'information?" demanda Arthur avec considérablement moins de dégoût que Remus ne l'aurait prévu. D'un autre côté, les Weasley étaient clairement préoccupés par Harry, et ils s'inquiétaient assurément plus de sa sûreté que de ce qui pourrait arriver à son ravisseur. Le fait que Remus ressente la même chose n'améliorait pas les choses, cependant

Oh, Sirius…pensa t-il silencieusement. Qu'est-ce qui nous est arrivé? Mais la douloureuse question amena des images de James, Lily et Peter à son esprit, alors il l'écarta —non sans regret. Jusqu'où somme-nous tombés ? Nous avons brillé avec éclat, mais oh, nous sommes tombés bien bas…

"J'ai peur que cela ne soit pas si simple," répondit Dumbledore, et Remus se força à se concentrer. "S'il y a quelque chose que nous ne devons pas oublier à propos de Black, c'est qu'il a toujours été extraordinairement fort."
"Sans compter qu'il est fou," murmura sombrement Rogue.

"Ne lui donnez pas d'excuses." La voix de Maugrey était froide. "Mais Albus a raison. Black est intellectuellement très tenace, il peut résister aux efforts de Voldemort pour briser ses pensées. Black ne lui dira rien jusqu'à ce qu'il ait ce qu'il veut."

"Donc nous revenons au même point," souligna McGonagall. "Savoir ce qu'il veut et essayer de contrer ce que Vous-Savez-Qui peut offrir."

Remus déglutit. "Je ne pense pas que nous le pouvons," dit-il doucement. "S'il en a après la liberté et le pouvoir, nous ne pouvons pas les lui donner. Seul Voldemort le peut."

"Et ne Ministère ne négociera pas non plus," approuva sombrement Arthur. "Fudge a autorisé le Baiser des Détraqueurs si Black est retrouvé, indépendamment des circonstances."

"Quoi?" A sa surprise, c'était McGonagall qui lâcha ce que tous pensaient ; Remus sentit seulement sa poitrine se serrer et se glacer. "Sans procès? Sans avoir d'abord retrouver Harry?"

"Fudge dit que bien qu'il regrette la disparition d'Harry, les chances de le retrouver vivant sont bien trop faibles," répondit tristement l'employé du Ministère. "Il clame que sa responsabilité première est de protéger le grand public de Black."

Il y eut un silence soudain tandis que chacun essayait de digérer la nouvelle, finalement brisé par un grognement de dérision de Maugrey.

"Quel idiot," marmonna t-il. "Mais je suppose qu'il fallait s'y attendre. Nous n'aurons aucune aide des politiciens, donc."

"Alors il est temps pour nous de trouver Harry," dit doucement Molly, avec inquiétude. Elle déglutit. "Avant qu'il soit trop tard."

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La réponse de Ron était pleine de questions, et contribua seulement à rendre la solitude de Harry plus grande encore. C'était un effet secondaire qu'il n'avait pas prévu, non plus ; Harry avait écrit à son meilleur ami parce qu'il était terriblement seul et avait désespérément besoin de quelqu'un à qui parler. Mais la lettre soucieuse et pressante de Ron avait laissé une grosse boule dans la gorge de Harry et il ne savait pas vraiment comment répondre. Le temps qu'Hedwige revienne Place Grimmauld, c'était le matin—et maintenant il était onze heures, ce qui laissait Harry tristement assis avec une sensation de vide dans son âme. Onze heures. Il avait manqué le Poudlard Express pour la deuxième année consécutive.

Mais cette fois, Ron n'était pas là pour le sauver avec la Ford Anglia volante. Il n'y avait personne de qui dépendre, maintenant ; il était assis seul, à Grimmauld Place, regardant l'horloge et sachant qu'il n'y avait rien qu'il puisse faire. Il est coincé, seul, pas tout à fait abandonné mais certainement hors de portée- inatteignable de tous, sauf de Sirius, où qu'il soit.

Une douleur noua la poitrine de Harry à cette pensée. Sirius… Une semaine s'était écoulée depuis que son parrain avait disparu, mais ça aurait bien pu être toute une vie. Tant de temps avait passé, et tant de choses avaient changé… L'époque avec les Dursley semblait être juste un souvenir, maintenant; et les courtes journées qu'il avait passées avec Sirius étaient tellement plus importantes pour lui. Son parrain lui manquait plus que personne ne lui avait jamais manqué dans sa vie, même comparé à combien il se sentait seul sans Ron et Hermione. Il savait, en partie, que c'était parce que Sirius était la seule famille qu'il ait jamais eut—mais le reste était bien plus compliqué. Harry ne pouvait tout expliquer, mais les actes de Sirius avaient plus d'impact que n'importes quels mots. Il avait risqué sa vie pour sauver Harry, s'était évadé de prison pour le protéger—et Harry savait que seul un amour profond pouvait pousser un homme à faire ça.

Et c'était ce même sentiment qui empêchait Harry de se ruer vers la porte et d'essayer bêtement de sauver son parrain. Savoir que n'importe quelle action serait futile ne le retenait pas, il restait car il était conscient que Sirius avait tout risqué pour le garder en sûreté.

Harry déglutit, lisant une nouvelle fois la lettre de Ron. Son ami lui posait tellement de questions, semblait si inquiet… mais Harry savait où cela le mènerait. Il ne pouvait rien dire à Ron (même s'il le croyait, ce dont Harry doutait de plus en plus avec la sortie quotidienne de La Gazette du Sorcier), mais son ami n'arrêtait pas de poser des questions—et cela ne pouvait que se terminer en désastre. Harry ne pouvait se résoudre à mettre en danger ses amis, et il savait que c'était exactement ce qui arriverait…surtout si Sirius avait raison. Et malheureusement, les élancements de sa cicatrice et les cauchemars qu'il avait eut une ou deux fois n'avaient pas d'autre explication. Il se souvenait difficilement des rêves—seules quelques bribes et des flashs lui venaient à l'esprit—mais Harry connaissait la vérité. Voldemort était de retour, et cela signifiait que tous les amis d'Harry étaient en danger.

Il hésita, se mordant la lèvre. C'était la dernière chose qu'il voulait faire, mais—Harry déchira la lettre de Ron, et, rassemblant son courage, la jeta dans le feu avant qu'il perde la volonté de la faire. Une partie de lui eut envie de s'élancer pour reprendre la lettre, qui était le seul lien solide avec le monde extérieur, mais le reste de son être avait seulement mal. , essaya fermement de se dire Harry. C'est fait. La lettre avait disparue, ainsi que la tentation d'y répondre. S'il ne répondait pas, peut-être Ron et Hermione ne seraient pas impliqués… Bien sûr, se moqua une désagréable petite voix. Ca va marcher. Au moins il était quasiment certain qu'Hedwige était le seul oiseau qui pouvait le voir. Même les hiboux livrant La Gazette du Sorcier en semblaient incapables ; il leur laissait l'argent sur le comptoir car les hiboux livraient le journal à Place Grimmauld, pas à Harry Potter. Le Sortilège de Fidelitas le rendait invisible à leurs yeux, ainsi Harry était sûr que n'importe quel hibou envoyé pour le trouver échouerait.

Lentement, il se leva et descendit les escaliers de pierre jusqu'à la cuisine. Il n'avait pas vraiment faim, mais Harry savait qu'il devait manger—en chemin, il échangea un regard mauvais avec Kreacher, qui, à la différence des hiboux, était définitivement capable de le voir. Récemment, le fétide elfe de maison avait commencé à gambader partout et à savourer avec allégresse la disparition de Sirius. Harry avait été douloureusement tenté de lui jeter un sort jusqu'à ce qu'il réalise que la dernière chose dont il avait besoin était que le Ministère le localise par l'utilisation non-autorisée de magie. Ainsi, il avait retiré un livre de Sirius et jeté le vieux mais solide ouvrage de Nobles par Nature : Une Généalogie Sorcière sur l'elfe de maison, se sentant assez soulagé de sa propre contrainte. En outre, le livre géant avait fait un joli bonk quand il avait frappé Kreacher, et le vil elfe de maison avait été beaucoup plus silencieux depuis lors.

Avec indifférence, Harry prit une boite sur la table de travail et se fit réchauffer le reste d'un ragoût qu'il s'était préparé auparavant. Il savait qu'il devait manger, mais ça ne changeait pas le fait que la nourriture avait un goût de cendre dans sa bouche. Il n'y avait rien qu'il puisse faire pour Sirius, surtout en considérant que son parrain avait scellé la porte en partant, et elle refusait systématiquement de laisser passer Harry, ce que le garçon avait découvert, à sa grande contrariété, quelques jours auparavant.

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Rogue parcourait silencieusement les couloirs du Manoir Jedusor, les yeux et les oreilles à l'affût pour déceler l'approche de quelqu'un. Techniquement, il n'était pas autorisé à errer dans les sous-sols—aucun Mangemort ne l'était—mais s'il était interrogé, il pouvait toujours prétendre qu'il cherchait quelque obscur ingrédient de potion ou autre. Bien que cela ne soit pas son véritable dessein, Rogue avait en effet besoin de plusieurs éléments rares pour des potions qu'il entreprenait à la demande du Seigneur des Ténèbres. Ca n'avait en soi rien de neuf, et en outre, il y avait peu de Mangemorts qui oseraient poser la question à Severus Rogue. Et la plupart de ceux qui le pourraient étaient de toute façon à Azkaban.

Ses pas étaient presque silencieux contre le plancher de bois poli—depuis que Voldemort était revenu au manoir (endroit dont Rogue soupçonnait le Seigneur des Ténèbres de garder principalement à cause de sa haine et surtout son dépit), la demeure avait été nettoyée et restaurée dans toute sa gloire. Il y avait certaines utilisations, pourtant, pour lesquelles la maison n'avait jamais été prévue, suspectait Rogue. Il se contraignit, pourtant, à un grognement purement mental. Ce soir en serait définitivement un.

Rogue était arrivé au Manoir Jedusor à la suite d'une des infâmes excursions de Lucius Malfoy. Lucius, qui était le bras droit incontesté du Seigneur des Ténèbres après son rôle décisif dans sa renaissance, avait une influence excessive et une grande marge de manœuvre dans ses actions, qui se limitaient surtout au fait d'amener des prisonniers à la  "maison" autrement dit le Manoir Jedusor. Il ne faisait pas seulement ça pour s'insinuer dans les bonnes grâces de tous les mangemorts mais, en parallèle avec l'incarcération de Bellatrix Lestranges, cela lui assurait la place de leader parmi les partisans de Voldemort. Il avait, bien sûr, offert des prisonniers aux Mangemorts, qui étaient plus que bienvenus à les utiliser d'une manière ou d'une autre. Peu survivaient plus de quelques heures dans ces circonstances ; aucun n'avait été autorisé à survivre plus d'une nuit

Cette fois, Rogue n'avait pas pris la peine de vérifier si c'était des Moldus, Sangs-de-Bourbe, ou simples ennemis du Seigneur des Ténèbres. Il avait seulement ricané et passé son chemin, levant le nez comme si ce "jeu" grotesque ne lui faisait ni chaud ni froid. Et c'était le cas ; depuis des années, il avait appris à réprimer sa conscience sur de tels sujets. Il ne pouvait rien faire pour ces pauvres gens, de toute façon… bien qu'il ait été parfaitement conscient du petit coin son âme qui se brisait à chaque fois qu'il passait simplement son chemin. Rien à faire... se dit-il pour la millionième fois, reconnaissant d'entendre les cris perçants s'effacer au loin. Il avait une autre tâche à accomplir.

L'air sembla se refroidir comme Rogue s'enfonçait dans le Manoir Jedusor, se dirigeant vers les sous-sols qui étaient rarement, sinon jamais, utilisés. Mais il y avait des rumeurs déstabilisantes dernièrement, et il avait besoin de connaître la vérité. Le côté le plus ironique dans son excursion était, bien sûr, le fait que, espion ou pas, il se serait retrouvé dans le sous-sol—sa curiosité naturelle (dissimulée avec précaution aux yeux du monde) l'aurait amené ici, même s'il n'avait pas été plus que le loyal Mangemort qu'il paraissait être. Une des plus grandes marques de faiblesse—et de force— de Severus Rogue était son désir de tout savoir. D'une part, cela avait fait de lui un espion extraordinaire, mais la connaissance était aussi quelque chose qu'il cultivait dans son propre intérêt. Particulièrement si cela pouvait engendrer sa survie

Il sentit la froideur avant de les voir, et une part instinctive de lui voulut tourner les talons et s'enfuir. De la sueur commença à couler dans son dos, et des voix commencèrent à murmurer à ses oreilles tandis qu'il s'approchait—le froid de l'abandon et de la solitude... la voix d'un homme qu'il avait haï toute sa vie—Non! En grinçant des dents, Rogue tendit son bras droit et releva sa manche, exposant son avant-bras aux créatures. Ils hésitèrent brièvement, flottant au-dessus du sol, et il retint le besoin de braquer sa baguette sur eux, pensant tardivement qu'il n'avait probablement pas de souvenir assez heureux sur lequel se concentrer pour les repousser de toute façon. Au lieu de cela, il découvrit ses dents au Détraqueur et lui lança un regard de défi. Que cela soit ça ou la Marque des Ténèbres, cela les fit finalement reculer, bien que Rogue ait plutôt supposé que c'était le tatouage qui brûlait depuis longtemps sur son avant-bras. Ils étaient les monstres du Seigneur des ténèbres, aucun doute là-dessus, entraînés pour connaître et ressentir les ténèbres derrière la Marque.

Rogue grimaça alors que les deux Détraqueurs s'écartaient de son chemin, grognant entre ses dents à leur adresse. Il était parfaitement conscient du fait que les Détraqueurs étaient aveugles, et qu'il n'étaient pas du tout capable de voir la Marque—mais quelque chose dans la présentation de la Marque du Seigneur des Ténèbres avait  toujours été la clef. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il n'avait pas vraiment à le faire, de toute façon. Les rumeurs étaient confirmées. Au moins deux Détraqueurs avaient rallié la cause du Seigneur des Ténèbres.

Malheureusement, cette constatation laissa une foule de questions dans son sillage, la moindre n'étant pas comment Voldemort avait fait pour obtenir une paire de Détraqueurs. Les Détraqueurs étaient les créatures magiques les plus étroitement surveillées, et ce pour de bonnes raisons. Il n'y avait aucun moyen pour que le Ministère de la Magie perde deux d'entre eux—et pour ce que Rogue en savait, il devait y en avoir plus. Après tout, il en avait seulement vu deux, et il avait appris depuis longtemps à se méfier de ce que lui disaient ses yeux.

Il déglutit et fit quelques pas dans le sillage des Détraqueurs. Bien qu'il ne puisse répondre à cette première question—pas maintenant et pas ici, en tout cas— il pouvait répondre aux autres. A savoir, il pouvait deviner combien de Détraqueurs le Seigneur des Ténèbres avait à son service… et ce qu'ils faisaient au Manoir Jedusor, le dernier endroit où il se serait attendu à les trouver. Il y avait des rumeurs dans La Gazette du Sorcier (celles-ci entièrement sans fondements, en fait) sur des Détraqueurs ayant quitté Azkaban et errant en liberté, mais c'était le premier indice qu'il voyait confirmant cette thèse. Le problème était que Rogue savait déjà que c'était impossible. Arthur Weasley avait vérifié, et Azkaban contenait toujours chaque Détraqueur qui y était employé—excepté ceux assignés à la traque de Sirius Black.

Black. Bizarre, comme ce salaud semblait s'insinuer partout. Mais il n'avait vraiment pas d'importance pour le moment. Les Détraqueurs ne se plaignaient certainement pas de Rogue qui les suivait, quoiqu'ils aient du sentir sa présence. Au lieu de cela, ils avançaient plus profondément dans les sous-sol, là où par le passé étaient logées les cellules pour ceux que Voldemort souhaitait garder -et y étaient toujours, réalisa brusquement Rogue. Le manoir étant restauré, les cellules étaient sûrement revenues à leur gloire originelle. Encore une autre chose pour laquelle je doute que Mr. Jedusor ait imaginé que sa grandiose demeure soit utilisée!

Ses yeux prudents balayèrent les cellules vides avec l'aisance due à la pratique. Ce n'était pas la première fois qu'il venait ici, après tout, et il ne connaissait cet endroit que trop bien. Les ombres croisaient les murs de la même manière, laissant des fentes et des recoins dans l'obscurité et les ténèbres. La prudence, toutefois, releva bien trop tôt sa tête hideuse, et Rogue sut qu'il avait abusé de son hospitalité. Etre à la recherche d'ingrédients de potions n'excuserait pas sa présence ici—spécialement s'il rencontrait le Seigneur des Ténèbres, que Severus n'était pas assez stupide pour bluffer. Il s'était presque détourné, quand il remarqua la tâche vers laquelle les Détraqueurs convergeaient—et nota un autre Détraqueur qui était caché dans l'ombre.

Il y avait une autre silhouette ici, aussi, recroquevillée sur le sol de béton aux pieds du troisième Détraqueur. Rogue pouvait presque voir l'autre complètement, et l'aurait fait, s'il n'y avait pas eut la présence des Détraqueurs—mais maintenant il entendait une respiration tendue et rauque qui était entièrement différente du râle des Détraqueurs. Presque à contrecœur, il fit un pas en avant, et puis un autre, plissant des yeux pour voir dans les Ténèbres. Il devait savoir s'il y avait un prisonnier ici, tout prisonnier—

Mais, ce que vit Rogue, en clignant des yeux, le choqua au plus profond de lui-même, et le stupéfia, alors qu'il découvrait exactement qui était le prisonnier.

Note :Pfff…. Difficile, je vous raconte pas, de tenir le rythme. Ce chapitre a été par contre plus facile à traduire, je trouve. Ca reste un peu mou dans l'action, mais Robin aime prendre son temps et faire de longues introspections sur les personnages. Et elle va poster un autre chapitre cette semaine, j'en suis sure… Enfin, j'aurai quand même eut un lundi matin d'épargné… Je deviens dingue. Heureusement, j'ai une beta-aide-traductrice, l'efficace Dawn, qui m'a aidé pour les termes que je comprenais pas, et en plus Shina Marina est repassé avec plein de commentaire pour rendre les phrases un peu mieux en français. Remerciez-les !!

Merci, chers revieweur, vous êtes mon unique récompense !!! Csame, Miya Black, Aria Lupin et Tabasco pour cette fois : ne me laissez pas tomber !!! Commentez, critiquez, ça me fait du bien !