Disclaimer: J.K. Rowling a tout créé, Robin4 a écrit l'histoire, moi je n'ai que traduit. Nous n'y gagnons rien l'une et l'autre.
Grim DawnCHAPITRE SEPT : LA VERITE
Remus déglutit en silence. Les autres, également, semblèrent faire de même—maintenant que Rogue avait parlé, le choc se lisait sur chaque ligne des six autres visages. Ils ne pouvaient croire à ce qu'ils avaient entendu, simplement parce que ce n'était pas croyable. Cela n'avait pas de sens. Dumbledore, semblait-il, était le seul à ne pas être surpris, mais même Remus n'était pas trompé par son calme apparent. Il était peut-être trois heures du matin, mais il était clair que Rogue avait mis au courant Dumbledore pendant que les autres se rassemblaient.
"De toute évidence," dit doucement le vieil homme, "cela change tout."
Ce fut peut-être la sous-estimation la plus énorme que Dumbledore ait jamais prononcée, et aucun d'entre eux ne sut quoi répondre. Ils le fixèrent donc simplement, attendant et espérant que le Directeur serait capable de sortir un miracle de plus de sa manche et d'expliquer ce chaos.
L'estomac de Remus se tordait douloureusement. Maugrey l'avait dit quelques jours avant—quelque chose ne va pas. Mais que se passait-il? Pourquoi Voldemort séquestrait-il Sirius ? Rogue leur avait dit qu'il avait parler avec le Seigneur des Ténèbres au Manoir Jedusor le jour précédent (cela semblait si lointain). Maintenant, pourtant, le Mangemort avait une histoire complètement différente à raconter—
"Je me suis arrangé pour parler à Lucius à propos de la situation en privé, et il m'a confirmé avoir menti à propos de la présence de Black pour tromper Goyle et Flint." Rogue s'arrangea pour prononcer ces mots sans lancer même un regard vers Maugrey, en dépit du fait que l'ex-Auror l'avait agacé à propos du même problème peu de temps auparavant. "Apparemment le Seigneur des Ténèbres ne veut pas que la résistance de Black s'ébruite, même chez les Mangemorts."
"Depuis combien de temps est-il là?" demanda brusquement Maugrey, le front plissé, en réfléchissant à toute vitesse.
"Plus d'une semaine."
"Ca n'a pas de sens," intervint McGonagall platement. "A moins que ce ne soit quelque ruse élaborée et que Harry soit déjà aux mains de Vous-Savez-Qui…?"
Rogue roula des yeux. "Je vous assure, Minerva, qu'il n'en est rien. Le Seigneur des Ténèbres recherche toujours le garçon avec obsession."
"Alors comment—?" Molly s'interrompit avec un froncement de sourcils, secouant la tête. Son mari reprit là où elle s'était arrêtée, pas plus heureux mais mieux contenu qu'elle.
"Nous avons toujours présumé que Black était disposé à livrer Harry à Vous-Savez-Qui," souligna t-il. "Mais d'après ce que vous dites, Black résiste à tous les efforts de Voldemort pour trouver la localisation de Harry."
"C'est juste."
Cette fois, ce fur au tour de McGonagall de rouler des yeux et de fusiller son collègue professeur du regard. "La question que vous avez soigneusement évitée, Severus, est la seule à laquelle nous ayons vraiment besoin de répondre. Pourquoi Black résiste t-il?"
"Si je le savais, je vous l'aurais évidemment dit," fut sa réponse brusque. Ses yeux sombres brillèrent cependant, et Rogue continua, "Je sais, toutefois que Black a apparemment utilisé le Sortilège de Fidelitas sur le garçon pour le cacher."
Son regard était fixé sur Remus maintenant, qui se sentait pâlir et fut incapable de répondre. Il ne pouvait pas même penser, mais une partie de son esprit enregistra le faible mouvement convulsif des lèvres de Rogue tandis que l'autre ricanait légèrement à son intention. Le regard de l'autre sorcier était baissé, mais Remus le reconnu pour ce qu'il était. Triomphant. De nouveau, une froide boule d'horreur se nicha dans sa gorge et même la colère qu'il se devait de ressentir envers Rogue ne pouvait la dissiper.
De tous les coups tordus du destin… Remus déglutit difficilement. Il dut fermer les yeux un moment, juste un court instant, pour reprendre le contrôle. Ca ne pouvait arriver—le monde ne pouvait être si ironiquement vindicatif—mais il l'était. C'était le cas. Intentionnellement, Remus enfouit sa tête entre ses mains. Comment les choses avaient-elles pu tourner si mal? Comment tout ce qui avait semblé si parfait avait-il pu se faner dans le néant? Ils avaient été quatre, un jour, si soudés et si forts…et désormais il était seul. Des quatre, un seul restait. Excepté… Remus essaya de chasser cette pensée, mais elle ne disparut pas. Il y en a un autre. Oui. Il restait un autre Maraudeur, l'homme qu'il avait un jour connu en tant que Padfoot et le garçon qu'il avait aimé comme un frère—mais il n'était plus un ami. C'était un ennemi, maintenant, et il l'était depuis douze longues années.
Mais il pouvait essayer tant qu'il voulait, Remus ne pouvait bannir l'image de Sirius torturé par Voldemort. Comme tout cela était bizarre et ironique—le Seigneur des Ténèbres voulait Harry, et l'homme qui avait trahi ses parents était en plein milieu du chemin. Soit maudit, Padfoot, pensa t-il douloureusement. Soit maudit.
La voix incrédule de Maugrey se fraya un chemin parmi ses pensées.
"Je suppose que Rogue a raison," dit l'ex-Auror d'un ton bourru. "Il est fou."
Molly fronça les sourcils. "Que voulez-vous dire?"
"De toute évidence, Black a oublié de quel côté il était. Peut-être Azkaban l'a-t-il complètement déséquilibré, ou peut-être est-ce une sorte de regret maniaque. Et de toute façon, il n'agit pas comme nous l'avions supposé—il protège le gamin." Les yeux de Maugrey brillèrent. "Pourquoi n'est pas vraiment la question, alors. La question importante est combien de temps ça prendra."
"Pas longtemps," répondit Rogue immédiatement, mais son visage était maintenant curieusement dépourvu d'émotions. "Personne n'a jamais tenu."
Les mots qu'il insinua flottèrent au-dessus de la table, les laissant tous se remémorer les jours terrifiants de la première guerre et la traînée sanglante de sorciers morts ou brisés que Voldemort avait laissé dans son sillage. Ceux qu'il ne pouvait séduire, associer ou intimider tombaient dans deux catégories : ceux qu'il pouvait briser et ceux qu'il ne pouvait pas briser. Et tous ceux que le Seigneur des Ténèbres attrapait, tombaient inévitablement dans le premier groupe.
Remus déglutit ; il se sentait malade. Il avait toujours pensé de Sirius comme à l'une des personnes les plus fortes qu'il ait jamais rencontré—imprudent et un peu fou, bien sûr, mais extrêmement fort, malgré l'influence corruptrice de son horrible famille. Le vrai Sirius—le Sirius d'avant la trahison—avait toujours été un des rares qui pouvait entrer dans une troisième catégorie illusoire : ceux que Voldemort cherchait à briser sans cependant y parvenir. Sirius, l'ancien Sirius, serait mort plutôt que se rendre. Plutôt mourir que de trahir ses amis. Ou c'est ce que je pensais, pensa t-il avec amertume. Ces traits avaient appartenu au garçon qu'il avait connu autrefois, mais l'homme qu'il avait connu avait passé douze ans à Azkaban. Une partie de son vieil entêtement avait dû survivre, mais Rogue avait raison. Personne ne tenait longtemps.
"Alors nous y sommes," dit doucement Dumbledore. "Le problème est maintenant de ramener Black avant qu'il ne craque. Nous devons localiser Harry avant que Voldemort ne le puisse."
"Mais le Sortilège de Fidelitas est incassable," protesta McGonagall "À moins que Black ne le dise à Voldemort, personne ne peut trouver Harry. Nous y compris."
Maugrey acquiesça sèchement. "Alors nous devons avoir Black d'abord."
"Impossible," mentionna Rogue platement, alors même que Molly Weasley hoquetait de surprise.
"Mais il est—"
"Le seul qui sache où est Harry, chérie," intervint doucement son époux, posant une main affectueuse sur son bras. "Il est donc la seule chance que nous ayons."
"Arthur a raison," approuva Dumbledore. Ses yeux se vrillèrent sur Rogue. "Et nous devons sauver Black. A tout prix."
Après un moment de silence, Rogue hocha la tête, ses yeux insondables mais son visage étriqué. Personne ne manqua la communication silencieuse entre les deux, mais peu savaient ce que cela signifiait. Remus comprenait mieux que la plupart, ayant vu son ancien camarade de classe et le directeur interagirent durant les quelques dernières semaines, mais il était toujours quelque part mystifié par le lien entre eux. Il savait, pourtant, qu'un mot de Dumbledore pouvait réussir à faire que Rogue abandonne sa vieille animosité assez longtemps pour se concentrer sur de bonnes choses, bien qu'en soi ça ne signifie pas grand-chose.
"Je dirais que 'sauver' est un mot un peu trop fort, Albus," intervint Maugrey de sa voix grave. "'Récupérer' serait plus approprié."
"En effet," renifla McGonagall. Ses yeux étaient tristes.
L'esprit de Remus tourbillonnait, cependant. La pensée de revoir Sirius, quelles que soient les circonstances, était terriblement effrayante. Il n'avait pas évité son ancien ami depuis douze ans sans raisons, après tout. Il ne voulait pas le revoir, il n'était pas capable de supporter cela. Le plus gros problème, pourtant, était que Remus ne savait pas comment il réagirait en revoyant Sirius. Il le tuerait ou éclaterait en sanglots. Les deux étaient possibles. Il déglutit. Bien trop possible.
"Il pourrait ne pas être disposé à nous aider, de toute façon," souligna doucement Remus. Plusieurs des autres approuvèrent, et Maugrey se laissa aller à grimacer ouvertement. Dumbledore, d'un autre côté, répondit sereinement:
"Nous devrons alors surmonter cet obstacle quand nous y arriverons..."
L'expression mécontente de Maugrey était en étroit contraste avec celle du directeur, et l'ironie de sa réponse n'échappa pas à Remus. "Je suppose que nous trouverons un moyen pour le convaincre s'il le faut," grogna l'ex-Auror. "Mais résolvons d'abord le premier problème. Rogue, ce que j'attends de vous est une préparation et un timing parfait…"
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Remus regarda tranquillement les Gryffondors de troisième année filer de la salle de classe, riant et parlant entre eux. Bien qu'il ait commencé à vraiment aimer enseigner (quoiqu'il ait passé peu de temps à Poudlard jusqu'ici), cette classe était souvent une de celles qu'il appréhendait le plus. Ce n'était pas à cause de ses élèves—il n'y avait pas de jumeaux Weasley parmi les lions de troisième année de McGonagall! Plutôt, c'était à cause d'un seul élève qui manquait dans le groupe de façon très évidente. Remus avait parfaitement repéré le plus jeune fils d'Arthur et Molly le premier jour, presque autant par son air perdu que par ses cheveux rouges. Immédiatement, le nouveau professeur de Défense avait également remarqué Hermione Granger, qui s'asseyait près de Ron Weasley et baissait la voix en lui parlant avec inquiétude. Depuis le tout premier jour, la plus brillante élève de la classe entière de troisième année était discrète, et Remus savait pourquoi. Le jeune Weasley et elle étaient les meilleurs amis d'Harry, et ils étaient inquiets. Remus souhaitait souvent inutilement pouvoir partager les plans de l'Ordre avec eux, mais même cela, il le suspectait, leurs ferait peu de bien. La seule solution serait de leur ramener leur ami.
"Professeur Lupin?" La voix d'Hermione Granger le tira de sa rêverie ; il n'avait même pas réalisé qu'elle était toujours dans la classe.
"Oui, Hermione?" Il se força à parler de manière agréable, malgré ses inquiétudes. C'était quelque chose qu'il pratiquait pleinement, après tout…
"Est-ce qu'il y a des nouvelles de Harry, monsieur?" Elle était assez intelligente pour remarquer qu'il savait quelque chose. Alors que Remus jeta un œil à la pièce, cherchant une réponse appropriée, il repéra le jeune Weasley rôder près de l'embrasure de la porte avec un espoir identique dans les yeux. Tous deux étaient intelligents, il le savait et l'avait remarqué bien davantage que d'autres professeurs.
"Pas encore," dit gentiment Remus, souhaitant que ce ne soit pas partiellement un mensonge. Encore une fois, il ne pouvait exactement leur dire que Maugrey et les autres convergeaient vers le Manoir Jedusor en ce moment même, qu'ils devaient déjà être de retour—
Son visage s'assombrit, et son cœur se déchira. "Oh. Merci, Professeur."
Elle se tourna pour partir. "Hermione—" Remus parla presque malgré lui, arrêtant la jeune sorcière dans son mouvement. "Nous devrions bientôt savoir quelque chose," dit-il doucement. "Si tout va bien—"
Il s'arrêta, déglutit, et ne put s'empêcher de hausser les épaules. Les yeux brillants de Hermione étaient fixés sur lui, mais elle ne le pressa pas, alors que Ron revenait en travers de la porte toujours ouverte et regardait Remus avec la même anticipation. Voir leurs visages jeunes et plein d'espoir, pourtant, ne faisait que rappeler Harry au professeur. Ils étaient ses amis, amis qui mourraient un peu plus chaque jour alors qu'ils priaient pour son retour. Il leur manquait comme James et Peter manquaient à Remus, ou comme Sirius lui aurait manqué à ce point il y a si longtemps—Ne pense pas à ça!—et leur amour pour le fils de James se lisait sur leurs deux visage. Remus se secoua.
"Nous saurons bientôt," répéta t-il doucement, refusant de leur mentir. "D'une façon ou d'une autre."
"Merci, Professeur Lupin," Ron parla pour la première fois. Sa voix était rauque. "Allons-y, Hermione."
Remus força à sourire tandis qu'ils partaient, et il espéra qu'ils n'aient pas vu juste à travers lui. Il se baissa lentement pour réunir ses livres, les rangeant dans son sac en lambeaux et essayant de concentrer son esprit sur autre chose que le raid sur le Manoir Jedusor. Il aurait tout donné pour accompagner Maugrey et les autres, mais Dumbledore le lui avait interdit. Même s'il n'avait pas de cours à enseigner, le directeur lui avait rappelé que ses sentiments personnels pourraient seulement rendre la situation tendue et encore plus confuse. Le professeur de Défense essaya de ne pas grogner. Comme si Maugrey n'avait pas d'intérêt personnel dans toute cette histoire, lui aussi! Il sourit avec regret. Les émotions de l'ex-Auror étaient au moins aussi confuses que les siennes, mais Remus ne pouvait honnêtement douter du professionnalisme de Maugrey. Comme d'habitude, celui-ci ferait du bon boulot, pas de doute—
"Ils sont là."
La voix de McGonagall stoppa le courant des pensées de Remus et fit bondir si fort son cœur que sa gorge se noua. Le visage de la vice-directrice était tendu et forcement faux, mais ses yeux qui ne cillaient pas, étaient fixés sur Remus, totalement immobiles. Son ancien professeur se tenait dans l'encadrement de la porte de classe, occupant sans le savoir exactement la même place que le meilleur ami d'Harry une poignée de minutes auparavant.
"Ils ont—?" les mains de Remus tremblaient. "Est-il—?"
Il ne voulait pas savoir, il ne pouvait vouloir savoir—mais il le devait. Cette pensée fit Remus réaliser qu'il s'était mentit à lui-même jusqu'à ce moment. Il pouvait ne pas vouloir voir Sirius, mais il le fallait.
"Oui." Sa voix était plate, mais Remus entendit la fureur sous-jacente. "Maugrey l'emmène à l'infirmerie." Ses yeux brillèrent. "Albus m'a demandé de vous l'annoncer."
Sa bouche était sèche. "Merci."
McGonagall pinça les lèvres. Elle semblait ne pas vouloir qu'il y aille, mais ne pouvait-elle voir qu'il le devait? La colère sur son visage n'était pas dirigée contre lui, pourtant ; elle était destinée à un garçon qu'elle avait jadis aimé, aussi, à sa propre manière. Remus n'était pas le seul à être tourmenté par la présence de Sirius, et cela n'avait jamais été aussi clair qu'à cet instant. Après un moment, pourtant, ses yeux s'adoucirent. "Venez, Remus," dit gentiment son ancienne Directrice de Maison. "Vous en avez besoin, au moins pour en finir."
"Merci," répéta t-il, incapable de dire plus, de la remercier de comprendre, mais elle hocha la tête, comprenant de toute façon.
"Venez."
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Remus avait toujours comparé Madame Pomfresh à une lionne gardant ses petits dès que ses patients étaient concernés, et ce jour là n'y dérogeait pas. Bien sûr, il avait une grande expérience personnelle de la protection agressive de Pom-Pom envers ses patients, mais il y avait peu d'élèves de Poudlard (ou d'anciens élèves) qui étaient assez stupides pour provoquer Pomfresh dans une vraie bagarre. De par les sons que ses oreilles sensibles captaient, pourtant, quelqu'un avait de toute évidence été stupide. Avant même d'entrer dans l'infirmerie, Remus put entendre la voix étouffée de l'infirmière parler à quelqu'un. Une fois les portes ouvertes, toutefois, il n'y avait rien de bienveillant dans ses paroles.
"Dehors!" grogna t-elle à Alastor Maugrey, agitant ses deux mains avec colère. L'ex-Auror lui lança un regard en coin, se dressant avec tension près du lit, sa baguette en main. "Je me moque de votre soucis de sécurité—vous n'allez pas ensorceler mon patient au moment où il se réveille! Ca suffit que vous l'ayez déjà Stupefixé pour l'amener ici—"
"Je ne pense pas que vous compreniez la situation," la coupa sombrement Maugrey. "Vous oubliez que c'est Sirius Black—"
"Je m'en moquerais si c'était Grindelwald lui-même!" gronda l'infirmière, interrompant le sorcier balafré à son tour. Pomfresh gesticula furieusement vers le lit. "Il peut difficilement faire quoi que ce soit dans cet état!"
Les enjambées de Remus hésitèrent comme il vint finalement assez près dans l'infirmerie pour voir. Une partie de lu-même s'efforçait d'être impartial, de ne pas s'en faire, mais ses yeux étaient toujours attirés sur la forme meurtrie de Sirius. Son ami d'autrefois était allongé, sanglant et inconscient, sa poitrine se levant et retombant n un mouvement épuisé. Il y avait du sang sur son visage, sur sa robe—Rogue n'avait pas exagéré quand il avait brièvement décrit la torture de Voldemort. Il avait, en fait, minimisé l'état de Sirius, ce que Remus avait présumé mais n'avait pas arrêté d'y songer. Alors qu'il le regardait, la forme sur le lit remua.
"Transforme-toi et tu es mort," gronda Maugrey alors que McGonagall tirait une Pomfresh récalcitrante hors de l'infirmerie.
Les yeux de Sirius battirent et s'ouvrir ; ils étaient du même bleu brillant dont Remus se souvenait, et n'étaient pas assombris par la folie—mais ils possédaient un reflet hanté qu'il n'avait jamais aperçu auparavant. Calme, le regard de l'évadé s'immobilisa immédiatement sur Maugrey, et l'ombre de quelque chose passa sur son visage, passa assez rapidement.
"Quelque part, je ne suis pas surpris," répondit-il amèrement.
"Ne sois pas timide, Black," gronda Maugrey en réponse, ses yeux brillant sombrement. "Quatre mots de ma part et les Détraqueurs se rueront sur toi. Ne pense pas que tu ais une marge de manœuvre parce que nous t'avons sauvé des mains de Voldemort. Tu n'as aucun ami ici."
"Vous ne le ferez pas." La voix plate de Sirius fit tressauter l'œil magique de Maugrey follement, mais le prisonnier soupira seulement, s'effondrant faiblement contre l'oreiller et regardant le plafond d'un air absent. Le ton était légèrement exaspéré. "Parce que vous voulez la même chose que lui. Vous voulez Harry."
Ses mots firent remonter quelque chose de profond et furieux dans l'âme de Remus. Comment Sirius osait-il prononcer le nom de Harry de cette voix suffisante? Comment pouvait-il le supporter, sachant ce qu'il avait fait? Le rôle de Sirius dans cette toute affaire exigeait la plus grande hypocrisie—il avait tué James et Lily. De quel droit protégeait-il leur fils?
"Ne pense pas qu'il n'y ait pas d'autres chemins, Black," gronda Maugrey.
Sirius renifla. "Bien sûr, il y en a. C'est pourquoi, il est toujours caché, et que Voldemort le cherche toujours." Ses yeux se concentrèrent soudain à nouveau sur Maugrey, et le vide disparut, remplacé par l'amertume et un feu sombre. "Vous pensez que je me soucie de vos menaces ? J'ai survécu douze ans à Azkaban et deux semaines dans les mains de Voldemort. Essayez de faire pire...."
Ces mots coupèrent le souffle de Maugrey, et l'attitude bourrue du vieux sorcier hésita brièvement, remplacée par de la confusion. Il cligna des yeux, et son œil magique s'immobilisa sur Sirius, le scrutant avec précaution. Mais Remus se sentait juste glacé.
"Si tu essaies de garder Potter en sécurité, tu ferais mieux de nous dire où il est," répliqua Maugrey d'un ton dubitatif, retenant visiblement sa rage. Mais sa voix était toujours très faible. "Et tu as mal compris mes intentions. Nous ne sommes pas des Mangemorts."
"Ah bon," renifla encore Sirius. "J'aurai pu me tromper."
Un long moment de silence s'étira entre eux durant lequel Remus put sentir les nerfs de Maugrey bouillir. Aucun des deux n'était vraiment capable de croire que Sirius ait osé de dire ça, de part l'endroit et le moment. Finalement, l'ex-Auror demanda, "Est-ce que tu te soucies de la sécurité de Potter ou non?"
"Vous pensez que je serais dans cet état si je ne m'en souciais pas?"
"Alors réponds à cette satanée question avant que Voldemort ne puisse le trouver!" hurla Maugrey.
Une ombre passa sur le visage de Sirius. "Il ne le trouvera pas."
"Si sûr de ça, hein?" grogna le sorcier balafré. Toute tentative pour contrôler ses nerfs l'avait clairement abandonné. "Et je suppose que la possibilité que tu sois sous l'Imperium n'ait jamais traversé ton esprit?"
"Franchement, j'en suis presque sûr," fut la faible réponse. "Je sais où est mon point de rupture—Je suis devenu très bien renseigné à ce sujet à Azkaban, comme vous le savez bien."
Maugrey fit un bond en arrière comme s'il avait été frappé, et pour la première fois de sa vie, Remus vit le fameux chasseur de Mages Noirs en perdre ses mots. Il y avait des sous-entendus, ici, trop profonds pour que Remus ne les comprenne et il savait que Sirius avait touché un point sensible. Malgré son apparence meurtrie, l'ancien ami de Remus s'était efforcé de se remettre en position assise, et la fureur le submergeait en regardant Maugrey. Avant que Sirius puisse enfoncer le couteau plus loin encore dans la plaie, le professeur de Défense fit un pas en avant.
"Où est-il, Sirius?" demanda faiblement Remus. Il s'empêcha de demander pourquoi, pourquoi il avait fait tout ça, car la sûreté d'Harry était plus importante. "Qu'as-tu fait de Harry?"
La tête du sorcier blessé se tourna vivement vers lui, le choc se lisant sur tous ses traits. Il ne s'était visiblement pas attendu à voir Remus ici, mais cela ne lui prit pas longtemps pour qu'un reniflement remplace la surprise.
"Fait de lui?" Les yeux bleus de Sirius étaient à présent fixés sur lui, coléreux, et amers, et encore plus hantés. "Je suis content de voir que tu as également une très basse estime de ma personne."
C'était un coup bas au sujet de leur défunte amitié, mais Remus ne le laissa pas l'affecter. "Il doit revenir à Poudlard," insista-t-il, s'efforçant de paraître raisonnable, bien qu'il ne ressente rien de la sorte. "Si tu veux vraiment garder Harry en sécurité, c'est le meilleur endroit pour lui."
"Vraiment? Je n'ai confiance en aucun d'entre vous pour le garder en sécurité. Vous avez fait un sacré bon boulot quand des Mangemorts sont venus l'attraper à Privet Drive, après tout."
"Et je suppose que tu as eu plus de succès?" se raidit Remus avant de pouvoir s'arrêter.
"Au moins, je m'y suis efforcé."
Le couteau se planta et se tordit brutalement dans son cœur, juste là où il était sûr qu'il avait eut l'intention de frapper. Remus sentit un grand vide qui menaçait de l'engloutir. Sirius n'avait pas le droit de dire ces mots—mais ça ne les empêchait pas d'être vrais. " Au moins, je m'y suis efforcé." Le salaud. Il avait capturé Harry pour satisfaire ses propres desseins et maintenant, il avait le culot de souligner le fait que la condition de Remus l'avait gardé séparé du fils de James et Lily durant douze ans—
"Cette discussion ne nous mènera nulle part," intervint Maugrey, ayant de nouveau retrouvé sa voix. "Quoi que tu puisses être d'autre, Black, tu n'es pas stupide. Même caché, Potter est toujours en danger, et toi, tu n'es certainement plus en mesure de le protéger."
"Je—" Sirius cligna des yeux, et Remus le vit déglutir. Oui, il savait ce qui l'attendait, et savait que nul à Poudlard ne le protègerait du Baiser des Détraqueurs. Quelque chose de hanté remonta dans les yeux du prisonnier, et une partie du professeur de Défense se réjouit de voir que quelque chose pouvait finalement dégonfler la colère de Sirius. Il n'avait plus aucune pitié pour Sirius ; ce qui arrivait maintenant n'était que ce qu'il méritait.
"Tu sais qu'il sera plus en sécurité ici que nul part ailleurs," continua Maugrey, profitant de l'inconfort de l'autre. "Alors dis-nous juste où il est que nous puissions—"
"Non." La réponse était plate, presque terne. Mais c'était aussi un défi.
"Quoi?"
"Non." Un autre moment de silence se prélassa entre eux, et même Maugrey sembla sans voix. Lorsque les menaces et la raison échouaient, que restait-il à essayer? L'inquiétude pour Harry emplissait toujours l'esprit de Remus, pourtant, parce qu'une nouvelle pensée s'était imposée à lui. Qu'est-ce qui arriverait au Sortilège de Fidelitas si le gardien était soumis au Baiser? Il se pouvait que Sirius compte sur ce doute pour s'en sortir. Comptait-il là-dessus pour le sauver de son destin? L'air entêté sur le visage du sorcier meurtri ne révéla aucune réponse, mais Sirius continua finalement. "Je veux parler à Dumbledore."
Les yeux de Maugrey se froncèrent avec suspicion. "Et pourquoi ça?"
"Parce que je ne m'attends pas à ce que vous me croyiez," répliqua Sirius de façon tranchante. Puis ses yeux passèrent sur Remus sans avertissement et sa voix se fit plus amère. "Et il est trop impliqué émotionnellement, trop prêt à me haïr pour ce qu'il pense être la vérité—"
Remus en avait assez. "Ne t'autorise pas à me juger," cracha t-il avant de pouvoir s'arrêter. Douze ans de trahison et de solitude remontèrent à la surface après avoir été enfermés trop longtemps. "Toi, plus que tous, n'as aucune idée de ce que je ressens."
"Vraiment?" rétorqua son ancien ami. "Tu te sens trahi, seul? Tu te sens trompé, abandonné et laissé de côté, juste à cause de ce que les autres pensent de toi? Oh, monte sur tes grands chevaux de moralité et dis-moi que je ne comprends pas. Et puis tu me diras quel héros tu penses qu'était le petit Peter pour m'avoir affronté et je te rirai au nez."
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Remus avança d'un pas et lança son crochet droit avec toute la force que ses muscles de loup-garou pouvaient délivrer.
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Réponses aux reviews :
Csame, tu devrais prendre ton temps pour lire, et pas entre deux cours !!^^
Ranae, Phobe Skywalker, didie m., Dark Queen Balkis, Pug de Crydee et lisia : je suis essentiellement le rythme de Robin, j'essaie de poster 3 jours après elle, une semaine au plus tard. J'espère que vous en êtes contents : Ne me lâchez pas, chacune de vos reviews me réchauffe comme de la Bierraubeurre !
Celine s. : bingo !!!
Aria Lupin : pareil, tu as gagné (mais c'était facile), et effectivement, le rythme s'accélère.
Tabasco : ça, ça me fait super plaisir !! N'en jetons plus, garde les synonymes pour la prochaine review !! Si tu as aimé le chap 6, je me demande dans quel état va te mettre celui-ci… Moi, j'en tremblais d'émotion…
Miya Black : si les traductions c'est le paradis, je suis une déesse ? lol Mais je dois beaucoup à Diam qui m'aide avec les petits bouts d'english que je pige pas, parce que franchement, je ne me vois pas vous livrer une trad avec des bouts d'anglais, ça ferai mal… Elle est super rapide en plus !!! et merci à Shinia Marina qui donne un côté plus français à tout ça !! En plus elle fait des commentaires hilarants, vous ne savez pas ce que vous perdez !
Note : Comme je l'ai dit, ce chap m'a fait trembler !!! J'espère que vous aimez !! Je tiens à signaler qu'ici, l'auteur utilise encore les mots « mourir plutôt que trahir », ce qui se rapporte à sa première grande fic sur HP, traduite en français par Izabel : « Je préfère la mort au déshonneur »
De plus, je dois vous parler du titre. Je l'ai d'abord traduit par « Sinistre aurore » mais il s'avère que « Grim », qui veut dire sinistre, et aussi le mot utilisé par J.K. pour dire « Sinistros » !
Qui a une meilleure traduction pour le titre ? Je vais donc laisser simplement « Grim Dawn
