Note de l'auteur : ceci est une histoire se déroulant dans un autre contexte que celui du manga. On pourrait la situer sur la ligne de temps peu après le volume 14 mais elle n'est ni une suite, ni un préambule. Elle raconte principalement un dénouement de la relation entre Lucifer et Alexiel après que tout deux aient retrouvés leurs corps respectifs.

Belial est représenté au féminin dans la fanfic

Disclaimer : Vous savez déjà.... les personnages et le manga ne m'appartiennent pas, si c'était le cas, je serais déjà en enfer à essayer d'attraper Lucifer... ^_^

Merci à l'auteur de Meeting Again, qui ne semble pas déterminé à terminer sa fanfic mais qui m'a un peu inspiré cette histoire.

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Astral Romance :: chapitre 11 :: Le feu et le sang

La première chose qu'il sentit fut un goût de sang dans sa bouche. Il avala avec peine, son estomac lui faisait mal, et il sentait aussi une blessure en train de se fermer sur sa cuisse. Il sentit l'odeur putride de l'air et suffoqua. C'était de la fumée, sûrement. De la fumée qui transportait une odeur de cadavre et de moisissure.

Il devait être couché sur de la pierre, le sol n'était pourtant pas frais, comme il aurait pu s'y attendre. Il était plutôt chaud, il sentait, sous lui, une pulsation constante, comme le battement d'un cœur. Cela venait du sol, des murs, il l'entendait et la sentait partout autour de lui.

D'autres sons lui parvinrent. D'abord le son de quelque chose qui boue. Pas de l'eau, c'était moins liquide que cela, de la boue peut-être … Puis des voix lui parvinrent. Il ne reconnut pas tout de suite la langue dans laquelle les voix parlaient, c'était inaudibles, répercuté par un écho faible. Il devait être dans une sorte de grotte. Des gémissements aussi, des supplications, cela, il put deviner que c'était des prisonniers car ils clamaient qu'on les libèrent dans une langue qui ressemblait à la langue des anges, mais avec un accent particulier, il entendait aussi le bruit de chaînes que l'on traînait par terre et aussi, s'il tendait encore plus l'oreille, le claquement d'un fouet.

Curieux, il ouvrit les yeux. En un instant, ses soupçons furent confirmés. Il était dans un cachot, dans ce qui semblait être une prison creusée dans la terre. Devant lui s'étendait un grand corridor, comme une immense galerie dans la terre. D'un côté, il n'y avait qu'un mur de pierre noire d'où on pouvait y discerner quelque chose qui semblait à des milliers de petites veines rouges parcourant la pierre. Des flambeaux avaient été accrochés au mur pour éclairer le passage. De l'autre côté du corridor, il vit que ce n'était que des cages grillagées creusées à même le mur. Il était dans la première cage du couloir, il pouvait même voir que, quelques pas vers la gauche, il y avait un escalier qui montait. La cage à côté de la sienne était vide. Enfin presque s'il ne comptait pas le squelette dans le coin de celle-ci.

Entre lui et le corridor il y avait une petite rivière de lave bouillante, comme parfois on peut voir dans les vieilles villes des canaux de chaque côté de la rue pour y laisser s'écouler l'eau.

Il n'y avait rien d'autre que lui dans la cage. Pas de nourriture, pas d'eau, seulement la pierre qui pulsait sans relâche, laissant un constant son lourd à ses oreilles.

Si ses calculs étaient exacts, il devait être dans les sous-sols du Scheol.

Il toussa un peu, l'air était vicié. Il tenta de se mettre sur ses jambes mais sa cuisse était encore trop douloureuse. Il s'assit simplement et fit une inspection rapide de ce qu'il avait avec lui.

Les démons lui avaient presque tout enlevé. Il n'avait plus son épée ni la dague qu'il portait habituellement. Tout objet de métal lui avait été retiré, jusqu'aux boutons de son long manteau. Ses vêtements étaient dans un piteux état.

Un garde passa, faisant sa ronde habituelle. Mikaël put constater qu'il n'était qu'à moitié humain, cela confirma ses soupçons. Il était bien en enfer, et qui plus est au Scheol car les démons qui y habitaient s'étaient modifiés de siècles en siècles. Des anges qu'ils étaient au début, leur corps s'était de plus en plus endurcit pour pouvoir survivre au temps peu clément du septième sous-sol. Leurs ailes avaient perdu leurs plumes pour devenir une sorte de peau noire et épaisse, leur peau s'était obscurcie, était devenue un peu comme des écailles pour résister à la chaleur. Leurs yeux avaient eux aussi dû s'adapter au peu de lumière qui pénétrait dans ce niveau des enfers. De génération en génération, la race des démons se modifiait pour pouvoir affronter les conditions climatiques. Plus les démons vivaient dans un sous-sol profond, plus ils avaient évolué vite, c'était ainsi que les anges pouvaient déterminer d'où venait une armée quand ils étaient attaqués.

Mais la garde qui avait passé devant lui était méconnaissable. Il n'aurait même pas pou croire qu'un jour, ses prédécesseurs étaient des anges. Quand un autre garde le suivit pour venir s'adresser à son collègue dans une langue qu'il ne comprenait pas, il fut certain de l'endroit où il était prisonnier. Et cela ne le rassurait guère.

Il se concentra sur leur discussion. Mikaël connaissait la langue des démons de base mais elle changeait dépendamment du sous-sol où le démon vivait. La langue des démons de géhenne était fort semblable à la langue des anges, il était donc facile de la comprendre. Mais comme son armée n'avait rarement affaire avec des démons du Scheol, la langue lui était presque totalement étrangère.

Pendant qu'ils discutaient, ils jetaient des coups d'oeils rapides à Mikaël. Il comprit alors qu'il était le sujet principal de conversation.

Au travers des mots inconnus, il reconnut « ahio » qui voulait dire frère puis, un peu après « hoanaka » qui signifiait majesté ou Seigneur, tout dépendant de la circonstance.

Le reste était complètement incompréhensible.

- Je veux parler à votre supérieur tout de suite ! cria Mikaël dans la langue des démons qu'il connaissait. Je n'ai pas l'intention de rester ici une minute de plus parmi les damnés !

Les deux gardes se regardèrent. Mikaël aperçut un sourire sur les lèvres d'un d'eux.

- Tu peux parler dans ta langue, ange, nous la connaissons, dit l'un dans un angélique avec un fort accent

Il n'eut pas le temps de leur répondre. Il entendit des pas dans l'escalier et vit descendre un autre démon à forte carrure. Celui-ci, cependant, avait une allure beaucoup plus normale. Malgré le fait qu'il était beaucoup plus large et grand qu'un ange de taille moyenne, son visage aux traits angulaire avait gardé une apparence humaine. Il avait de longs cheveux noirs retenus par un cordon de cuir dont aucune mèche ne dépassait. Le sommet de son crâne était dégarni. Ses yeux étaient jaunâtres, perçants. Il portait une armure épaisse, une épée pendait à son côté. Mikaël pouvait discerner beaucoup de petites médailles sur sa poitrine. Il en reconnut quelques unes et put deviner que l'homme qui se tenait devant lui devait être dans un échelon très supérieur de l'armée.

À sa vue, les deux gardes se mirent au garde à vous et le laissèrent s'approcher de la cage où se tenait Mikaël. L'homme le regarda, les mains croisées dans le dos. Il semblait très calme.

- Archange Mikaël, maître des puissants, dit-il

- Qui êtes-vous, demanda Mikaël en fronçant les sourcils.

- Je suis Xcizor, commandant en chef de l'armée du Scheol. J'ai été mandaté par sa Majesté le Seigneur Lucifer pour m'occuper de vous, vous avez des informations à nous transmettre.

Mikaël le regarda, interrogateur. Il maîtrisa la colère que le nom de son frère avait fait renaître en lui. Lucifer savait donc qu'il était ici. Et il avait ordonné à son commandant en chef de le faire parler. Mais à quel sujet ?

- Vous n'obtiendrez rien de moi, dit Mikaël d'un ton grave.

Jamais il ne laisserait aucune information s'échapper de sa bouche. Il mourrait plutôt que de se voir trahir les cieux. Il avait été entraîné ainsi. Aucun de ses hommes n'avaient jamais laissé s'échapper aucune information. Ils connaissaient tous la règle, se tuer, mourir mais jamais laisser l'ennemi connaître quoique ce soit qui pourrait les avantager. Il avait perdu beaucoup de soldats ainsi, certains étaient peut-être dans ce corridor encore. Mais il savait qu'aucun d'eux ne trahirait leur armée.

- Je vous connais, dit Xcizor sans sourire, je connais votre armée, vous êtes tous pareils. Beaucoup sont morts pour ne pas trahir, certains sont encore ici. Vous n'échappez pas à la règle.

Il fit un signe aux gardes et un deux déverrouilla la porte grillagée. Mikaël mémorisa où étaient les clefs et quel garde les avait. Les deux gardes soulevèrent Mikaël, armes aux poings. Ils lièrent solidement les mains de Mikaël dans son dos et passèrent deux cordes autour de son torse, jusque dans son dos, au niveau de ses omoplates, afin qu'il ne puisse pas déployer ses ailes.

- Permettez-moi de croire en la souffrance, continua Xcizor tandis qu'ils marchaient dans le corridor emplis de cellules comme la sienne. Permettez-moi de penser que le martyr peut faillir, que même un ange, aussi puissant soit-il, a des faiblesses et que sa loyauté est basée sur un principe de cœur.

Tout en marchant, entouré des deux gardes qui lui maintenaient les bras, Mikaël observaient les prisonniers qui tendaient les mains pour qu'on les libères. D'autres riaient simplement à son approche. Certains étaient des anges, plusieurs étaient des démons également. D'autres, il n'aurait su le dire tellement leur état était pitoyable.

- La plupart de ces personnes qui jurent ne jamais trahir sont souvent celle qui n'ont jamais vraiment goûté à la souffrance, continua le commandant tout en marchant, la vraie souffrance, la souffrance physique, pénible et continue. Pas une blessure au combat. Je parle de la souffrance perpétuelle. C'est elle qui use l'esprit, qui le rend fragile et de plus en plus faible.

Il s'arrêta, ils avaient passés toutes les cages et ils étaient maintenant devant une rangée de portes de métal avec de toute petites meurtrières. Il entendait des lamentations sourdes provenant de l'intérieur des salles. Des lamentations qu'il n'avait jamais entendues. Il se croyait dans un asile, pas une prison.

- Ceci est votre nouvelle demeure, dit Xcizor en prenant une clef dans sa poche.

Il ouvrit la porte. À sa grande surprise, Mikaël vit une petite salle totalement vide. Il s'était attendu à une chambre de torture, un bourreau du moins. Mais il n'y avait que les murs de pierres pareils aux autres.

On poussa Mikaël à l'intérieur. Le commandant le regarda et remit la clef à un garde qui la mit dans un petit coffre de métal noir.

- Portez cette clef vous-même à Sa Majesté le roi, dit-il au garde, dites-lui que tout s'est passé comme prévu.

Il se tourna ensuite vers Mikaël et son regard sembla, pour un instant, s'illuminer.

- C'est la seule clef qui existe pour ouvrir cette porte. Ce qui veut dire que ce n'est que le Seigneur Lucifer qui peut l'ouvrir. Et donc, décider de la fin de votre peine. Considérez comme un honneur qu'il vous fait de pouvoir être en contact direct avec la terre des enfers. Aucun prisonnier n'a eu ce privilège auparavant.

Sur ce, il ferma la porte. Il n'y avait, évidemment, aucune poignée à l'intérieur pour l'ouvrir et la petite meurtrière était fermée, il ne pouvait voir à l'extérieur.

Ils pensaient peut-être le faire parler en utilisant la méthode de privation. Pas d'eau, pas de nourriture, pas de contact avec d'autres personnes, pas d'air, ces lamentations continuelles d'esprits déments et souffrants. Cela aurait pu faire parler quelqu'un à la longue, ou bien le tuer. Mais il ne se laisserait pas avoir par cette technique. Et, si l'homme qu'il avait devant lui tout à l'heure était aussi intelligent qu'il en avait l'air, il devait bien savoir, lui aussi, qu'il ne cèderait pas à quelque chose d'aussi simple.

Il constata que la pulsation était plus intense ici qu'ailleurs dans les couloirs ou les cachots. Il approcha l'oreille d'un des murs. Oui, c'était vraiment comme un cœur qui pompait le sang. Le mur était chaud, même s'il était fait de pierre.

Il s'assit sur le sol et s'appuya sur le mur. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. Il ne pouvait pas lancer d'appel à l'aide, de toute façon, le Scheol était impénétrable de l'extérieur sans avoir le pouvoir pour ouvrir un portail. Personne ne pourrait venir le chercher.

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Lucifer arriva à New York tôt en matinée. Il avait encore un peu mal à son aile supérieure droite, ce qui l'avait ralentit dans sa course. Arrivé dans la ville, il marcha rapidement vers le centre-ville. Il ne prendrait pas le risque de passer à son hôtel, le temps lui manquait.

Son cellulaire sonna alors, il le prit, sans s'arrêter de marcher.

- Oui ? dit-il en portant l'appareil à son oreille.

- Bonjour, Monseigneur, dit la voix androgyne de Belial

- Qu'y a-t-il Belial ? demanda Lucifer

- Le prisonnier de votre majesté a été mis en cellule il y a de cela une heure. Le commandant Xcizor attend votre ordre pour commencer.

- Dites au commandant Xcizor de commencer tel que prévu.

- À vos ordres, sire.

Il raccrocha et se rendit jusqu'en face de l'immeuble où habitait Alexiel. Il grimpa les escaliers rapidement et momta jusqu'au cinquième étage, s'arrêtant devant la porte de son appartement. Il frappa trois coups et attendit.

Après un moment, la porte s'ouvrit. Alexiel était de l'autre côté, un drap enroulé autour d'elle. Ses yeux étaient à moitié ouverts.

- Lucifer ? demanda-t-elle, légèrement surprise, qu'est ce que tu fais ici à cette heure ?

- Tu es seule ? demanda Lucifer en regardant derrière elle

- Non, dit elle en réprimant un baillement

Lucifer fit involontairement un pas vers l'arrière. Alexiel le regarda bizarement.

- Quoi ? demanda-t-elle, intriguée

- Tu n'es pas seule ? insista Lucifer

- Je viens de te dire que non ! s'exclama-t-elle.

Une jeune fille d'environ une vingtaine d'années apparut dans le cadre de la porte de la chambre en se frottant les yeux, endormie, elle n'était vêtue que d'une robe de nuit de satin.

- Eh Alex, qu'est ce qui se passe ? demanda-t-elle en retirant sa main de son visage.

Lucifer parut un moment intrigué, puis amusé.

- Ta petite amie ? demanda-t-il en levant un sourcil

- C'est Zoé, ma voisine de pallier. Elle n'aime pas dormir toute seule, répondit Alexiel en faisant un regard noir à Lucifer.

- Je vois, répondit Lucifer, visiblement amusé de la situation.

La jeune fille derrière Alexiel se repassa la main sur les yeux, comme si elle ne croyait pas ce qu'elle voyait. Elle fit les yeux ronds et regarda Alexiel, puis Lucifer, puis retourna vers Alexiel.

- C'est lui ton petit ami ? demanda-t-elle en le pointant, ébahie

- Non ! dirent Alexiel et Lucifer en chœur.

Zoé sourit et parut satisfaite de la réponse, elle passa la main dans ses cheveux courts et s'approcha de Lucifer.

- Je suis Zoé, dit-elle en lui serrant la main, et vous êtes ?

- Kira, répondit simplement Lucifer

Zoé sembla l'inspecter de la tête aux pieds, un sourire narquois aux lèvres.

- Enchantée, Kira, murmura-t-elle après un moment

Elle se tourna ensuite vers Alexiel et lui sourit.

- Je vais y aller, c'est bien qu'on se soit réveillées de toute façon, j'ai des courses à faire. Je m'habille et je pars.

Puis, plus bas.

- Tu me le laisse, ok ?

Alexiel leva les yeux au ciel, exaspérée tandis que Zoé partit envers la salle de bain. Elle regarda Lucifer et lui sourit, d'un geste de la main, elle l'invita à entrer.

- Attends moi un peu, je vais venir te rejoindre au salon, dit-elle en se dirigeant vers sa chambre.

- Habille-toi, plutôt, dit Lucifer gravement, nous devons partir. Je n'ai pas le temps de t'expliquer.

Elle parut contrariée mais quand elle vit le regard de Lucifer, elle se tut et entra dans sa chambre.

- Où allons-nous ? cria-t-elle de la chambre

Lucifer réfléchit un moment.

- Tokyo, répondit-il simplement

Il n'eut pas de réponse. Elle sortit de la chambre quelques minutes plus tard vêtue d'un pantalon de cuir noir et d'un chemiser brodé. Elle avait attaché ses cheveux les nouant haut sur sa tête afin de ne pas la déranger. Elle regardait Lucifer, intriguée mais il ne lui dit rien.

- Zoé, cria Alexiel pour que la jeune fille l'entende, je dois partir tout de suite, je te laisse l'appartement, tu sais où est la clef. Verrouille bien avant de partir ! Je te redonne des nouvelles dès que je peux !

Elle entendit une réponse affirmative de l'autre côté de la porte. Alexiel se tourna alors vers Lucifer pour lui dire qu'ils pouvaient partir mais il n'était plus là, il était sortit sur le balcon et regardait en bas.

- Que se passe-t-il demanda-t-elle en s'approchant de lui.

Lucifer lui fit signe de se taire et de regarder. Alexiel vit alors qu'en bas, quelques hommes s'étaient massés à la porte de l'immeuble. Elle pouvait deviner que c'étaient des anges, il n'avaient pas de présence humaine. En plissant les yeux, elle reconnut l'un deux. Il était vêtu complètement de noir avec de longs cheveux bruns et une peau mate. Il dépassait les autres en hauteur et en carrure.

Elle déglutit avec peine, sentant un danger. Qu'est ce que Uriel lui voulait et pourquoi venait-il avec un commando pour lui parler. Elle regarda Lucifer, intriguée. Celui-ci ne dit rien.

- Que me veulent-ils ? insista Alexiel

- Je ne peux pas t'expliquer pour le moment, nous manquons de temps. Le mieux serait de monter sur le toit.

Elle hocha la tête et passa en premier. Elle aurait aimé discuter avec Uriel et régler le problème à l'amiable, il devait surement y avoir un moyen de faire cela. Elle ne comprenait pas pourquoi il fallait absolument fuir mais Lucifer ne semblait pas être d'humeur à discuter, il devait connaître la menace, puisqu'il était venu l'avertir.

Elle décida de lui faire confiance pour le moment. Jusqu'à ce jour, il ne l'avait jamais trahie.

Ils sortirent de l'appartement et tout deux s'arrêtèrent net quand ils virent les hommes d'uriel s'avancer loin à l'autre extrémité du couloir.

- L'ascenseur vite ! dit Lucifer sans cesser de regarder les hommes devant lui.

Alexiel hocha la tête et se précipita vers la porte de l'ascenseur, Lucifer la suivait de près. La porte coulissa lentement. Ils pouvaient entendre derrière eux les anges courir vers eux et leur crier de s'arrêter.

- Alexiel ! cria Uriel, c'est ton Père qui m'envoie !

Alexiel resta complètement figée sur place, devant la porte. Lucifer la poussa à l'intérieur brusquement, elle percuta le mur du fond. Il referma vite la porte alors que les anges couraient pour les rattraper. Elle se ferma à temps, il pouvait les entendre marteler la porte.

- Explique-moi ce qui se passe ! ordonna Alexiel

- Tu as entendu Uriel, dit simplement Lucifer. Le réveil de Dieu n'était pas un rumeur. Je L'ai vu. Et Il te veut. Quad je l'ai su, j'ai fait le plus vite possible pour rejoindre New York et t'avertir.

Une sonnette se fit entendre, ils étaient arrivés sur le toit de l'immeuble. la porte s'ouvrit ils se précipitèrent à l'extérieur mais Uriel était là, debout à quelque pas d'eux, ses hommes éparpillés en cercle autour de la porte de l'ascenseur, armes au poing.

Uriel avait mis une barrière de Terre autour d'eux.

- Rends-toi Alexiel, les choses n'auraient pas du se passer ainsi. Personne ne veut se battre. Tu ne dois pas désobéir au Tout-puissant de nouveau.

- Que me veut-il ? cracha Alexiel, outrée de devoir plier le genoux face à Uriel et aux anges.

- Il te veut près de Lui, dit simplement Uriel

Lucifer se pencha à son oreille.

- Distrait les encore quelques minutes en lui parlant, je crois que je peux réussir à nous sortir de là, murmura-t-il

Alexiel hocha imperceptiblement la tête et Lucifer ferma les yeux. Il fit le vide en lui, pour n'entendre que le battement de son cœur. La voix d'Alexiel n'était plus qu'un léger bruit sourd maintenant. La barrière de Terre d'Uriel était imperméable. Aucun pouvoir autre que celui de la Terre ne pouvait y entrer ni y sortir. Mais l pouvoir de la Terre des enfers pourrait peut-être y passer, puisqu'il était de même nature que celui de la Terre. Il pourrait peut-être se servir du pouvoir de la Terre d'Uriel et aller chercher celui des enfers avec.

Il sa concentra sur l'énergie qu'il dégageait et sur celle qui était absorbée par les enfers. C'était un cycle infini, son corps produisait de l'énergie, la Terre de enfers l'absorbait et créait, à son tour, la Vie. Il fixa son attention sur ce cycle la Terre des enfers était contenue dans la barrière de Terre qui les entouraient.

Il fallait extraire son pouvoir, en dissocier une partir afin de l'utiliser.

Alexiel lui donna un premier coup de coude, signe qu'elle épuiserait ses paroles bientôt.

Lucifer ne bougea pas, il resta immobile. Il savait qu'il allait perturber les enfers et déranger leur équilibre, il sentait la puissance du sol farouche et apeurée, comme si elle ne le reconnaissait pas. Il tenta de lui montrer la voie, de l'attirer vers lui au lieu de rester prisonnière de la barrière de Terre. Ses efforts finirent par porter fruit et il se sentit investit de la puissance de son royaume assez pour pouvoir ouvrir un portail vers le premier sous-sol – il n'avait pas assez d'énergie disponible pour se rendre au Scheol.

Derrière lui, une ouverture noire se dessina. Il rouvrit les yeux et prit Alexiel par le bras, se laissant tomber dans le portail en déployant ses ailes pour contrer sa chute. Il entendit Uriel hurler et sentit presque aussitôt le pouvoir de la Terre disparaître. Au fond de lui, il frissonna en sentant le Scheol frémir, l'équilibre avait été perturbé, il avait trop pris de la puissance du sol et pas assez donné.

Il rage de la Terre était palpable. Dans un élan, elle arracha à Lucifer le pouvoir nécessaire pour rétablir son équilibre de vie.

Lucifer suffoqua, incapable de respirer, un moment, son cœur arrêta de battre, son énergie était drainée, il ne pouvait pas inverser le processus.

Il lâcha le bras d'Alexiel et se mit à tomber du ciel de géhenne, comme si un aimant l'attirait vers le sol.

Alexiel déploya à son tour ses ailes et piqua vers le bas, tentant de rattraper le corps inerte de Lucifer. Elle réussit à l'attraper d'une main mais elle ne pouvait freiner son élan. Ce n'était pas la gravité qui le faisait tomber, c'était autre chose.

Il s'écrasa sur le sol, elle entendit le craquement de ses os et vit le sang couler entre ses lèvres entrouvertes. Elle se posa près de lui et tenta de l'éveiller de sa transe silencieuse.

Il respirait difficilement, comme s'il était incapable de trouver l'air. Alexiel se pencha sur lui et scella ses lèvres aux siennes, envoyant de l'air dans ses poumons pour l'aider à retrouver son souffle. Elle le fit à plusieurs reprises avant que sa respiration redevienne un peu plus régulière.

Quand elle releva la tête autour d'elle le paysage avait changé. Elle était assise dans de l'herbe verdoyante parsemé de petites fleurs rouge foncé. Elle regarda au loin, le paysage était pareil comme avant excepté de cette végétation délicate qui avait soudain apparue.

Elle prit une fleur entre ses mains, sa corolle était teintée d'une belle couleur rouge.

Rouge sang.

Sous elle, le sang de Lucifer avait disparut. Elle comprit alors que la terre l'avait absorbé. Cette nature autour d'elle devait être le fruit de ce sang.

Elle jeta un coup d'œil au corps inerte de son compagnon. Lucifer semblait évanoui, les sourcils arqués dans la souffrance. Son souffle était court et irrégulier. L'herbe avait poussé entre les mèches de ses cheveux, autour de ses doigts, c'était comme s'il le caressait, le berçait dans son sommeil.

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Mikaël fit de nouveau le tour de sa petite prison, rageur. Il avait essayé de défoncer la porte mais n'avait pas été vraiment surprise qu'elle ne cède pas à ses coups. Elle était peut-être magiquement close.

Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Il avait perdu le sens du temps. Son estomac commençait à crier famine. Il s'assit dans un coin et chercha à s'endormir pour ralentir son métabolisme et garder son énergie. Il sentait que quelque chose n'allait pas, comme si son instinct voulait le prévenir d'un danger …

Il ouvrit les yeux, il avait entendu un bruit, comme de l'eau qui s'écoule. Il plissa les yeux pour regarder à travers la pénombre ce qui se passait mais il ne vit rien. Il s'approcha alors de la source du bruit. La pulsation autour de lui devenait de plus en plus forte, elle assourdissait la pièce. Mais il entendait toujours le son d'écoulement. Il regarda attentivement le mur devant lui.

Du sang coulait du mur et tombait en une petite chute sur le sol.

Les battements étaient maintenant omniprésents dans la pièce, il n'entendait plus que cela. Il se boucha les oreilles, incapable d'en entendre plus. Il recula, la flaque de sang avait grossi. Il sentait maintenant le danger. C'était une présence, comme un fantôme sortit de nulle part.

Il sentait une présence puissante envahir la pièce, de l'énergie brute, noire et immense.

Il s'accula à l'autre mur, les yeux grands ouverts. Devant lui, la flaque grossissait, prenait une forme humaine. Il pouvait discerner les bras pendant d'un corps penché vers l'avant, comme un cadavre éveillé, la forme s'approchait de lui d'un pas saccadé. Mikaël commença à se sentir de moins en moins bien, son pouvoir était l'inverse de celui qui l'oppressait, comme deux pôles différents.

Il se sentit malade, il avait envie de vomir, de cracher son propre pouvoir pour se débarrasser de ce phénomène de rejet qu'il ressentait. Ses jambes tremblaient.

Quand la forme l'attaqua, se jetant sur lui, il n'eut pas la force de lever le bras et de se défendre.

Il fut immédiatement happé par elle et hurla. La lumière était déchirée par l'ombre. Son corps fut parcourut de spasmes, ses muscles se déchiraient pris de crampes intenses, il tomba sur le sol, au travers du sang.

Le liquide chaud entra entre ses lèvres, lui ouvrit les entrailles et l'envahi. Son corps luttait en vain pour repousser le sang inconnu mais les murs pleuraient toujours des larmes rouges sans arrêt.

Ses cris finirent par s'éteindre, il ne voyait plus rien, de rouges appendices sortaient de ce lac sanglant et déchiraient ses chairs pour le frayer un passage en lui. Il était lacéré par les enfers, il pouvait maintenant déterminer la nature de ce qui l'attaquait puisque elle parlait, cette entité rouge. Elle lui murmurait de douloureux secrets à l'oreille tout en fouillant dans son corps endolori.

C'était comme une bête primitive qui cherchait à se nourrir.

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Qu'est ce qui l'avait d'abord réveillé ? Le contact de la peau contre la sienne ou le cri incessant du Scheol en lui, hurlant pour qu'il vienne le nourrir de nouveau ?

Il ouvrit les yeux. Son corps était engourdi. Il se sentait affaiblit, avait beaucoup de difficulté à trouver suffisamment d'air pour respirer normalement. Il était dans un lit immense dans une salle qui était, selon son souvenir, la chambre pour les visiteurs de haute importance du palais de Géhenne. Les draps étaient soyeux et frais sur son corps nu. Il tenta de bouger mais n'en trouva pas la force.

Une jeune femme était endormie près de lui, sa main délicate était posée sur son bras gauche. Elle ressemblait à un enfant ainsi assoupie, son visage dénudé de toute l'indifférence qu'elle affichait d'habitude. Ses cheveux étaient étendus partout autour d'elle comme des milliers de vagues sur un océan. La clarté du jour donnait des teintes rosées à sa peau.

Elle ne vit pas son regard attendri. Elle ne put voir le frémissement sur sa lèvre quand il pensa à l'embrasser dans son sommeil.

Il n'en fit rien et reprit contrôle de lui.

Elle avait sûrement dû le ramener ici après qu'il soit tombé sur le sol. Il ne se souvenait de rien par la suite. Il ne se rappelait que de la douleur immense que son corps subissait alors que les enfers lui suçait toute parcelle d'énergie astrale et physique. Douleur qui persistait maintenant encore mais moins vivement que lors de sa chute.

Il repensa à la bataille qu'ils avaient eu, quelques temps auparavant. Quand il était partit de chez elle, il avait eu l'intention de ne jamais la revoir. Il lui avait alors avoué la détester.

Il lui avait mentit. Mais elle aurait fait pareil s'il lui avait posé la question. Elle aurait balayé d'un coup tout ce qu'ils avaient vécu, la complicité de leurs âmes et le sentiment qui les gardaient liés un à l'autre, ne se souciant très peu de leur valeur présente, elle aurait fait comme il avait fait. Elle l'aurait rejeté.

Et pourtant, quelques heures avant ce moment là, la bataille avait commencé avec une dispute pour savoir qui avait le pouvoir sur l'autre …

Elle lui avait prouvé que même maintenant qu'il avait retrouvé pouvoir, corps et mémoire, qu'elle ne détenait plus aucune de ses faiblesses, elle pouvait encore faire renaître en lui ce sentiment étrange de soumission.

C'était cela qui l'avait fait l'haïr, le fait qu'il puisse être dominé par elle, qu'elle ait encore du pouvoir sur lui. Il avait cru qu'il pourrait partir, ne plus jamais la revoir. Il lui en avait voulu pour l'avoir ainsi insulté.

Mais au moment où il a su qu'elle était en danger, que Dieu voulait la reprendre, sans réfléchir il s'était précipité pour la sauver et veiller sur elle, comme un vieux réflexe d'autrefois.

Sa volonté s'effondrait face au sentiment qu'il éprouvait pour elle. Il avait honte de se dire cela mais c'était réel. Il ne pouvait pas contrôler son cœur face à celle qui d'abord avait été un amour interdit, là haut en Eden, ensuite une maîtresse, et maintenant, une femme. Une simple femme.

Il gémit quand une vague de douleur se fit plus intense. Il faudrait bien qu'il descende au Scheol réconforter la terre perturbée par tout ce qu'il lui avait fait subir.

Une silhouette se dessina autour de lui. C'était Alexiel qui s'était éveillée et relevée sur un coude et qui le regardait, le regard bienveillant. Elle lui souriait doucement.

- Tu es magnifique, lui dit Lucifer en lui rendant son sourire.

Elle parut surprise, presque autant que lui. Comment avait-il pu dire une chose pareille ? Il s'était entendu la dire mais n'avait pas vraiment réfléchi sa phrase. Le regard d'Alexiel sembla plus heureux qu'avant, son sourire s'élargit.

- J'ai déjà vu ces yeux là, dit elle en lui caressant la joue, il y a bien longtemps, la première fois que nous nous sommes vus, en Eden.

Lucifer retrouva son visage de glace et se tut. Se justifier aurait été pire. Il n'avait pas envie de s'éterniser sur ce qui venait de se passer.

- J'étais inquiète, continua Alexiel, tu es resté si longtemps évanouit. Les premiers jours tu avais peine à respirer.

- Combien de temps s'est-il passé ? demanda-t-il d'une voix faible, rauque

- Nous sommes le matin du 6e jour depuis que nous sommes arrivés.

Il n'avait pas l'impression que cela avait été si long.

- Je t'ai amené ici, je ne savais pas où je pouvais avoir du secours à part ici. Au début, Kouraï n'était pas très optimiste à l'idée de t'avoir ici vu la réticence qu'elle a face au royaume du Schéol mais elle l'a fait par amitié pour moi. Et puis, il y a cette chose étrange qui s'est produite lors de ta chute …

Il parut interrogateur, elle poursuivit :

- Tu as perdu beaucoup de sang quand tu es tombé. Mais le sang est entré dans la terre, comme une éponge. Et puis, c'est comme si le printemps était venu brusquement sur le sol de géhenne. Partout, la verdure est apparue.

«D'abord, ça été juste près de nous, mais, quand je t'ai ramené ici, le phénomène continuait et se répandait.

«J'ai remarqué par la suite que plus tu souffrais, plus le sol devenait fertile. J'ai consulté Kouraï à ce sujet. Elle m'a avoué ne pas trop comprendre ce qui se passait mais t'être reconnaissante. Car si j'avais raison et ce phénomène était bien dû à toi, tu étais en quelque sorte un sauveur puisque tu fertilisait la terre de plus en plus désolée. Les habitants tout autour on recommencé les récoltes, Kouraï est aux anges, si tu me permet l'expression.

Lucifer ferma les yeux, tenaillé de nouveau par une vague de douleur. Cette sensation insupportable d'être absorbé par une force supérieure, comme l'eau sur le sol sec. Il perdit son souffle et ouvrit la bouche pour forcer l'air à entrer dans ses poumons. Avec difficulté, il expira, serrant des poings les draps entre ses doigts.

D'habitude, il contrôlait l'énergie qu'il donnait aux enfers afin de garder sa puissance. Mais en perdant ce contrôle, il avait laissé aux enfers le droit de prendre ce qu'elles voulaient et maintenant, il se retrouvait trop faible pour reprendre le contrôle d'autrefois.

Alexiel prit sa main droite entre les siennes et la caressa doucement. Normalement, il aurait repoussé ce geste de pitié. Mais ou il n'avait pas la volonté de le faire ou il était trop faible. Il garda sa main dans la sienne et soupira lorsque la douleur faiblit, retrouvant son souffle.

- Voilà, dit Alexiel en caressant ses cheveux, c'est fini.

Elle se leva et marcha jusqu'à une petite table où une cruche d'eau avait été posée. Lucifer observa sa silhouette aux courbes délicieuses dans sa petite robe de nuit de satin blanc.

- Tu n'as pas eu de nouvelles de Uriel ? demanda-t-il pour se changer les idées

- Non, répondit-t-elle en s'approchant, un verre d'eau à la main. Mais j'espérais que tu pourrais m'expliquer pourquoi il est venu me chercher.

Elle se rassit sur le lit et posa le verre sur la table de chevet. Elle plaça les oreillers à la verticale et aida Lucifer à s'asseoir dans le lit. Il gémit, étourdi par le changement de position mais demeura en équilibre, prenant à deux mains le verre qu'elle lui tendait.

- Je crois que Dieu l'a envoyé en Asshiah pour venir te chercher, commença-t-il, j'ai rencontré celui-ci à Rome, sous une forme humaine. Nous avons eu une discussion plutôt mouvementée. Il m'a demandé de Lui dire où tu étais, je lui ai répondu que je t'avais rencontré à New York dernièrement mais je n'ai pas dit d'adresse. Quand nous nous sommes quittés, il m'a avertit de cesser tout contact avec toi. J'ai cru pouvoir le devancer et me rendre à New York avant lui, en fin de compte, nous sommes arrivés presque en même temps. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi a-t-il dépêché Uriel pour y aller à sa place ? Il aurait très bien pu y aller lui-même.

- Il a peut-être voulut savoir si tu lui obéirais, ou il a simplement fait cela par caprice. Mais pourquoi me veut-il près de lui ? J'ai été déchue il y a de cela bien longtemps.

- Je ne connais pas la raison pour laquelle il veut te ramener. Mais j'ai préféré ne pas prendre de chances.

- Et pour ce qui est de ce phénomène bizarre qui se produit dehors ? questionna-t-elle, curieuse

- C'est normal. Enfin ça n'aurait pas dû se passer ainsi. J'ai perdu le contrôle sur le flux d'énergie que je transmets aux enfers. Elles en ont drainé trop en même temps, cela a fertilisé la terre.

Il prit une gorgée et avala difficilement.

- J'ai avertit le Scheol que tu étais ici, dit Alexiel, Belial m'a demandé de lui donner des nouvelles à tous les jours de ton état mais elle a préféré ne pas te transférer au Scheol de peur que l'effet soit pire. Je vais aller l'avertir que tu es éveillé.

- Non, je vais l'appeler moi-même, dit Lucifer en terminant son verre, je dois lui parler.

- Bien, dit Alexiel en hochant la tête, alors je vais te laisser seul. Je vais aller prendre un bain.

Elle se pencha vers lui, un sourire aux lèvres et embrassa sa joue.

- Merci de m'avoir sauvée, murmura-t-elle

Puis, elle se leva et sortit par la porte de gauche qui devait mener à la salle de bain. Il resta un moment immobile puis cilla, le contact des lèvres d'Alexiel était toujours palpable sur sa joue.

Il se coucha à demi dans son lit, remonta les couvertures et se concentra, tentant un appel vers le Scheol.

Une forme noire se dessina devant lui, le visage de Belial apparut au centre.

- Votre Majesté, dit-elle en s'inclinant, c'est un plaisir de vous voir sain et sauf. Nous commencions à nous inquiéter de votre état.

- Je vais bien, dit Lucifer, je vais devoir rester ici encore un peu, cependant. Je ne peux descendre au Scheol maintenant, le flux d'énergie que la Terre me prend est trop fort, je préfère garder mes distances. Je voulais prendre des nouvelles de mon prisonnier.

- Il n'a pas encore faiblit assez, Sire, répondit Belial avec un sourire mesquin sur ses lèvres rouges, il se débat toujours avec le spectre qui est enfermé dans la salle. Je ne crois pas, cependant, qu'il résiste encore bien longtemps.

- Bien, dès que je pourrai, je vais descendre. Y a-t-il autre chose ?

- Oui Monseigneur, l'infertilité qui a frappé les fermes des collines s'est répandue d'avantage cette semaine. Nous avons dû commencer à prendre dans les réserves du 2e sous-sol pour éviter la famine à Dys.

- Tenez-moi au courant, dit Lucifer en terminant la conversation.

Il n'avait plus assez d'énergie pour maintenir le contact. Il s'allongea et se pelotonna en boule dans le lit, son corps à nouveau torturé. Pour la première fois, il tenta de repousser le Scheol qui venait à nouveau à l'attaque pour lui voler sa force. Il se concentra et tenta de reprendre le contrôle qu'il avait autrefois, même si cela le faisait atrocement souffrir.

Pendant un moment, il sentit les enfers se retirer mais elles revinrent une deuxième fois à la charge et beaucoup plus fort, il gémit, les dents serrées. Incapable de respirer, il ouvrit la bouche pour expirer l'air et toussa, sentant le sang s'écouler de ses lèvres.

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Douleur

Éternelle souffrance

Ce sentiment sans fin de ne vivre que pour cette agonie.

Mikaël ouvrit les yeux. Cela faisait une éternité qu'il était ici. Il conservait pourtant sa conscience, même si son esprit dérivait parfois dans la folie, il tentait de rester calme, de faire abstraction de ce qui se passait dans son corps.

L'entité dévorait ses entrailles, se fusionnant avec lui. Elle assimilait le pouvoir de Mikaël au sien. Il ne pouvait plus dissocier son corps de l'entité. Autour de lui, le sang s'était répandu puis cristallisé pour former une pierre rouge qui montait sur les murs et le plafond. Elle se nourrissait de lui, vivait à l'intérieur de lui. Il était prisonnier de la matière vivante devenue pierre, ses bras et ses jambes ancrés au sol.

La douleur était palpable, ses larmes et ses cris ne l'avaient pas diminué.

Il était seul prisonnier de la terre son corps n'existait plus, seul vivait la souffrance, articulée par les pulsations constantes autour de lui et en lui.

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Eh voilà ! Terminé ! C'est un long chapitre quand même ! (quoiqu'il ne se passe pas grand-chose)

Hehe, comme Lucifer est agonisant, je me suis permis un peu de romatisme…. ^_^

À la prochaine !