Note de l'auteur : ceci est une histoire se déroulant dans un autre contexte que celui du manga. On pourrait la situer sur la ligne de temps peu après le volume 14 mais elle n'est ni une suite, ni un préambule. Elle raconte principalement un dénouement de la relation entre Lucifer et Alexiel après que tout deux aient retrouvés leurs corps respectifs.

Disclaimer : Vous savez déjà.... les personnages et le manga ne m'appartiennent pas, si c'était le cas, je serais déjà en enfer à essayer d'attraper Lucifer... ^_^

Merci à l'auteur de Meeting Again, qui ne semble pas déterminé à terminer sa fanfic mais qui m'a un peu inspiré cette histoire.

Belial est représenté au féminin dans la fanfic

ATTENTION CHAPITRE R

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Astral Romance :: Chapitre 13 :: curse

For what once was a dream
you have made reality
this evening our passion
will end in blood

Release through my blade
the sweetest red potion
only your veins posses

Drink of the wine
feel intense sensations
sweet red divine
fiery temptation tonight

- Razor Blade Salvation - Sinergy

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Le Scheol, septième sous-sol de l'univers, le plus inhabitable des enfers, et pourtant, le plus peuplé. Des millions de démons de toutes race y ont établi demeure, siècles après siècle, renforçant les techniques pour maintenir leur survie. Ici la terre n'est que désolation et silence. Les arbres sont absents, les plantes y sont rares, l'air est vicié. Scindant le continent en deux, le fleuve Rete s'étend au travers de cette terre infertile, sont eau cristalline étant aussi dangereuse que magnifique. Partout le feu du cœur du monde s'écoule avec des dégagements de souffres mortels.

L'immense cité de Dys s'étend au centre du continent, la capitale des déchus, forteresse imprenable. D'années en années, elle grossit pour pouvoir donner de l'espace aux nouveaux démons qui se multiplient, elle déborde de ses remparts, on en reconstruit d'autres, frôlant les dangereux labyrinthes du Satan Astaroth. Les tours de la ville semblent monter jusqu'au ciel, tel de sombres lances à l'assaut des cieux.

Par delà les collines, de gros efforts ont été faits pour faire évoluer l'agriculture. Malgré tout, quelques plantes réussissent à subsister et ainsi, pourvoir êtres cultivés et nourrir le pâturage. Les fermes sont rares mais bien gardées, elles sont l'élément de survie du peuple du Schéol.

La Gulnea, fruit du sang, en langue démoniaque, pousse dans les fermes en quantité. C'est une petite plante qui, à maturité, atteint environ un mètre de hauteur. Avec elle, on peut produire de la farine. Ses racines ainsi que ses tiges sont aussi utilisées, rien n'est perdu. La gulnea pousse naturellement sur la terre du Schéol, près des endroits où la terre est moins épaisse et où les sources de feu et de sang sont moins profondes dans la terre. Elle porte son nom du fait qu'elle doit être nourrie à partir du sang du Schéol et non avec de l'eau, comme n'importe quelle autre plante.

Elle est la nourriture de base des démons. Sans elle toute survie est inutile puisque de cette plante ont été créé des dérivés, cultivés très peu, pour une population plus riche. Le bétail se nourrit des feuilles de cette plante qui peut aussi, selon les saisons, donner de délicieux fruits très rouges et très juteux qui sont, malheureusement, très rares puisque le climat est rarement assez clément pour amener la plante à cette maturité.

Il marchait au travers des champs, silencieux, plongé dans ses pensées. Tout autour de lui aurait du se dresser les plants de gulnea lui arrivant au moins au genou. Mais il n'y avait qu'une sorte d'algue noire, très sèche, à perte de vue.

Encore une fois, il se pencha et ramassa une de ses plantes avec une main gantée de noir. Il l'observa, la plante semblait morte, mais pourtant, elle était bien vivante puisqu'elle se multipliait sans cesse.

Le fermier qu'il avait rencontré n'avait pas menti, c'était une catastrophe.

Tous les champs, toutes les fermes étaient affectées.

Il se tourna vers le groupe qui le suivait quelques pas plus loin, attendant son avis. Belial semblait appréhender le pire, le conseiller agricole de Dys, lui était complètement abattu. Quand au fermier lui-même, il tenait son large chapeau de paille noire fermement entre ses mains, tremblant. Il avait sans doute peur d'être châtié.

Tous attendaient de lui une réponse. Lucifer ne pouvait pas ne pas avoir de réponse, il était Roi et Dieu ici, il aurait une solution.

Seulement il n'en n'avait pas.

Il ne pouvait trouver de solution sans trouver la cause du mal. Il savait que le Scheol était malade, que le sang qui irriguait les terres était affecté, ces plantes devaient sans doute être le résultat de cette maladie. Mais il ignorait comment cela s'était produit.

Il leur tourna à nouveau le dos et marcha au centre du champ cultivé, s'agenouilla dans la terre mouillée de liquide rouge et passa sa main dans la terre en fermant les yeux.

Il se sentait encore faible, malgré le repos qu'il avait pris. Il avait pu, enfin, reprendre le contrôle de ses énergies et de celles qu'il donnait aux terres et pouvoir ainsi reprendre des forces. Cela lui avait demandé plus de dix jours de repos total. Une semaine de coma et trois jours de sommeil. Puis, il était parti de Gehenne et était revenu ici, laissant Alexiel à Kouraï. Son retour avait été difficile physiquement mais il avait pu contrôler les élans du Scheol qui tentait toujours de lui voler le plus d'énergie possible.

Les nouvelles n'avaient pas été très bonnes à son retour. Si d'ici une semaine les récoltes n'étaient pas recommencées, la cité déclarerait famine.

Pas de cité, pas d'armée, pas d'armée, pas de défenses.

Il ne fallait pas que cela arrive.

Il remua la terre pensivement, les yeux rivés sur le sang qui coulaient dans les petites digues aménagées entre les rangs de plantations.

- Vous avez été la première ferme à avoir été affectée, dit Lucifer sans se retourner, vous êtes certain que vous n'avez rien fait d'anormal ?

Il entendit le fermier froisser son chapeau nerveusement entre ses mains.

- Non, Monseigneur, absolument rien. Les récoltes s'annonçaient même bonnes cette année comparé à l'année dernière.

Lucifer se leva et se dirigea vers le petit groupe. Son ombre semblait écraser le petit homme devant lui. Du soldat qu'il avait déjà été autrefois, affranchi pour son service excellent dans l'armée, il ne restait plus qu'un petit froussard, riche et suffisant.

- Justement, dit Lucifer, je sais que vos récoltes s'avéraient, en effet, très abondantes, beaucoup plus même que celles de vos voisins.

- C'est à cause de l'emplacement de la ferme, Monseigneur, se défendit le fermier, la terre est beaucoup plus irriguée ici et …

- Vous n'ignorez pas, n'est-ce pas, que l'utilisation de tout autre produit que le sang issu de la terre est strictement interdit ainsi que toute magie autre que celle inscrites et validées par les lois ? demanda Lucifer en fronçant le sourcil

- Ma… Majesté, je n'oserais jamais … commença l'autre en faisant un pas vers l'arrière

- Peut-être, avança le conseiller derrière le fermier apeuré, que le sang s'est contaminé pas lui-même …

- Non, répondit Belial à la place de Lucifer qui ne semblait pas enclin à répondre à une question aussi évidente, il a fallut influence extérieure. Le sang qui coule du Scheol est pur.

- Alors, si je comprends bien, résuma le conseiller, il faut que quelqu'un ait commis cet acte.

- En effet, répondit Lucifer en jetant un coup d'œil au fermier.

Ce dernier se jeta à ses genoux, les mains jointes et le regarda, implorant.

- Jamais je ne ferais une chose pareille, Monseigneur ! dit-il, suppliant, je sais comment cette terre nous est vitale, la souiller n'a jamais été mon souhait ! Je vous prie de me croire, O mon Seigneur.

- Peut-être alors, poursuivit Lucifer, s'est-il passé quelque chose que vous avez remarqué mais qui étais hors de votre contrôle …

Le fermier baissa la tête et prit un air sombre.

- Peut-être, murmura-t-il, comme s'il se confessait, aurais-je dû être plus prudent quand cet inconnu est arrivé il y a quelques semaines … Son histoire semblait crédible et il avait des papiers officiels…

Belial jeta un coup d'œil à son maître, le regard froid de Lucifer considérait le vieil homme avec mépris. Elle insista :

- Expliquez-vous d'avantage.

- Il est venu inspecter les champs, dit-il en hésitant, ne voulant pas lever les yeux sur son seigneur, il m'a dit qu'il venait du deuxième sous-sol et que là-bas, les récoltes étaient plutôt mauvaises. Il cherchait une cause à ce problème et m'a expliqué qu'on lui avait demandé de descendre ici pour voir si la situation était pareille au Scheol. À ce moment, tout allait bien, je me suis donc expliqué à lui et je lui ai dit que nous avions espoir d'avoir des réserves supplémentaires cette année. Il a parut surpris mais a quand même insisté pour aller voir les plantations.

- Il y est allé seul ? demanda Belial

- Oui, j'avais du travail alors je ne l'ai pas accompagné. Il est resté environ une heure puis il est revenu me voir et m'a dit qu'il ferait son rapport à son supérieur. Je lui ai demandé si sa visite avait porté fruit mais il m'a dit qu'il était encore trop tôt pour savoir.

« Quelques jours plus tard, cette plaie est apparue sur la colline sud. Puis elle s'est répandue. J'ai pensé à reprendre contact avec l'homme en question.

- L'avez-vous fait ? demanda Lucifer dont la silhouette noire couvrait de plus en plus d'ombre le vieux fermier

- Je suis allé voir quelqu'un responsable des cultures, en ville, il m'a dit que l'homme que je lui avait nommé avait depuis longtemps disparut. Il avait en effet été inspecteur mais on l'avait renvoyé.

- Pourquoi avoir tut cette affirmation, s'exclama le conseiller, exaspéré en se frottant le front d'une main

- Je n'ai pas beaucoup de pouvoir, m'sieur, je ne suis qu'un simple fermier, je n'avais pas envie de m'attirer des ennuis. Il faut me comprendre, je ne croyais pas que cela pouvait être aussi grave.

Belial leva les yeux vers Lucifer mais celui-ci fixait sans relâche l'homme à ses genoux. Elle pouvait lire le dégoût sur son visage, ou du moins sentir qu'il en éprouvait. Elle savait à quel point son maître n'aimait pas les lâches, des années de travail à ses côtés lui avait permis de voir ce qui arrivait aux froussards qui gênaient le Roi.

Elle connaissait le sort de ce malheureux. Mais il l'avait cherché. Elle ne pouvait rien n'y faire et si elle avait été aux commandes, elle aurait fait pareil. Par son erreur, il mettait en grand danger la terre ainsi que l'armée des ténèbres tout entière. Elle n'osait même pas imaginer ce qui pouvait se produire si les anges déclaraient maintenant la guerre à leur empire. Lucifer le savait, lui aussi, elle en était certaine.

- J'implore votre clémence, monseigneur, dit le vieil homme en se prosternant aux genoux du Roi, c'est ma naïveté qui m'a poussé à croire cet homme. Il était rusé, je l'ai cru mais je vous en supplie, O mon roi, épargnez-moi.

- Vous avez été soldat, commença Lucifer

Le fermier hocha la tête.

- Vous savez ce qu'est la guerre. Chaque ressource est essentielle, un seul petit manque peut faire basculer la machine de guerre, pourtant solide. Les soldats sont fidèles mais leur foi tient en soi à la puissance de l'Empire et en sa capacité à les faire vivre et les supporter au combat.

L'autre homme demeura silencieux.

- Ou le temps passé sur cette ferme vous a rendu stupide ou vous l'avez été toute votre vie durant, déclara froidement Lucifer, son regard perçant n'était maintenant que deux minces lignes séparées par deux longues rangées de cils noirs

Le fermier baissa la tête et encaissa le coup silencieusement.

- Vous avez vécu l'armée, vous savez ce que c'est d'avoir faim, de vivre sur de minces repas une fois par jour, imaginez un instant, si vous le pouvez, que vous venez de couper les vivres, par votre stupidité, à toute notre armée et à la capitale tout entière. Vous faites partie d'une chaîne essentielle à la survie de l'Empire. Et il est inconcevable qu'un maillon de cette chaîne soit aussi faible et étourdi que vous.

L'autre comprit rapidement la signification des dernières paroles de Lucifer et releva brusquement la tête vers lui en avalant difficilement la boule qui s'était formée dans sa gorge.

- Monseigneur … commença-t-il d'une voix faible

Lucifer leva les yeux sur le conseiller derrière Belial, celui-ci sursauta quand son regard se posa sur lui.

- Majesté ? demanda-t-il avant même que Lucifer ait prononcé un mot

- Amenez-le jusqu'à Dys, et faites le emprisonner dans les cachots du sous-sol, la date de son exécution sera décidée plus tard.

Le fermier hoqueta et recula sur ses genoux levant une main vers Lucifer.

- Non ! cria-t-il

Mais déjà le conseiller s'inclinait devant son seigneur et le prenait par le bras, l'amenant jusqu'à l'entrée des plantations où des gardes attendaient. Lucifer sembla aveugle devant les yeux suppliants de son serviteur et ne sembla pas entendre ses cris de terreur. Il se tourna vers Belial qui était restée auprès de lui, un léger sourire aux lèvres. Elle le dévorait des yeux, se délectant de cette fermeté inébranlable et cette cruauté froide et vide dont il faisait preuve.

Alors qu'elle faisait un pas vers lui, elle sentit la terre autour d'elle vibrer. Elle baissa les yeux puis regarda autour. Les petites canalisations de sang devenaient plus volumineuses si bien qu'elles débordaient. Le sang semblait gonfler et se diriger vers eux, déjà ses bottes baignaient dans le liquide rouge.

- Argh !

Elle se tourna vers son maître, il s'était incliné en deux, les mains serrées sur son ventre ses longs cheveux noirs tombaient presque jusqu'au sol, par-dessus son crâne et sur ses épaules. Il tremblait et gémissait, les dents serrées.

Le sang commençait à être de plus en plus épais, elle en avait maintenant jusqu'au mollet.

Elle retint son seigneur avant qu'il ne tombe sur le sol ensanglanté. Lucifer leva les yeux sur elle mais ils étaient vides, comme s'il ne la voyait pas. Comme les yeux d'un aveugle ou d'un mourrant. De ses lèvres s'écoulait un mince filet de sang.

- Soulevez-nous, réussit-il à prononcer

Elle déploya ses ailes et se débarrassa des longues langues de sangs qui tentaient de maintenir Lucifer au sol, en contact avec la terre. Le corps de son maître lui semblait plus léger qu'elle ne l'aurait crut d'abord étant donné sa stature imposante. Elle n'eut pas de difficulté à le transporter par delà les collines.

Belial se posa au sommet d'une petite montagne de pierre, non loin de la capitale. Elle allongea Lucifer sur le sol et écarta les mèches noires de son visage. Ses yeux étaient clos et ses sourcils d'ébène étaient arqués dans la douleur. Le sang s'écoulait librement de ses lèvres entrouvertes. Elle remarqua que ses propres vêtements étaient tachés de son sang également.

Là devant elle s'étendait l'image de son maître affaiblit et souffrant, ses jolis yeux s'ouvrirent un moment, elle put y voir cette glace éternellement froide et toujours aussi vide qui colorait son regard. Cette peau pâle et délicate qui semblait faite de fin velours sur laquelle étaient étendues des dizaines de mèches de ces cheveux soyeux qui faisaient un contraste si frappant et pourtant si délicat avec la blancheur de sa chair. Là, ses lèvres charnues, tremblantes et teintées de sang frais, là où tout les désirs charnels se disputaient et mourraient, cherchant en vain à être rassasiés.

Elle l'avait toujours tant admiré dans la splendeur infinie de son pouvoir, quand il s'élevait, droit et fier, parmi ses sujets prosternés. Son regard s'était tant de fois perdu dans sa majesté enivrante alors qu'il faisait face à son peuple, sur son trône sombre. Elle l'avait si souvent désiré pendant la bataille alors que sans arrêt, il transperçait les corps tel une formidable machine de guerre, toujours d'avantage victorieux, toujours le conquérant solide et surpuissant.

Elle n'aurait jamais cru pouvoir le désirer d'avantage dans sa faiblesse que dans sa force mais ce n'était que plus vrai, maintenant qu'elle le voyait allongé dans la douleur et tremblant, tentant de reprendre le contrôle de son corps endolori.

Ce corps, cet appel constant au désir et à la tentation.

Son amour était comme un cri lancé vers les falaises bordant les océans, il n'avait aucune force face à eux, il se perdait dans le vent et le bruit incessant des vagues qui se brisaient sur les rochers.

Il lui était maintenant si accessible, si permissif.

Elle se pencha sur lui, tout près, il ne frémit pas. Avait-il conscience qu'elle était là ? Elle n'aurait su le dire.

Elle enferma doucement son menton dans le creux de sa main, de l'autre elle caressa ce sourcil qui montrait tant de caractère …

Son cœur aurait pu défoncer sa poitrine quand elle toucha à ces lèvres ensanglantées, qu'elle goûta leur chaleur et sentit la puissance de ce sang l'investir et brûler en elle comme l'alcool qui enivre et vous attire d'avantage.

Du pouce elle ouvrit sa mâchoire racée et ouvrit d'avantage sa bouche, explorant cette intimité nouvelle avec passion. Elle avala le sang qui s'y trouvait, son goût lui faisait un effet très chaud au fond de la gorge, presque trop épicé pour qu'elle puisse le supporter.

Elle sursauta quand elle sentit les lèvres de Lucifer bouger à son tour. Elle n'y croyait pas, une partie d'elle se refusait de croire mais elle ne put que constater cette vérité, aussi cruelle que merveilleuse à la fois…

… il répondait à son baiser.

Elle ne rompit point le contact, malgré la déception qui perçait au fond d'elle, la petite voix qui lui hurlait que c'était fini, qu'elle avait conquis l'homme de ses désirs et que bientôt elle ne ressentirait pour lui qu'un dégoût irrépressible.

Mais son désir présent était plus fort que cette petit voix qui enflait en elle, même si elle savait qu'elle disait la vérité et que bientôt son amour serait du passé, elle tenta de caresser sa langue avec la sienne, de concrétiser ce désir brûlant qui pulsait dans son corps depuis des siècles. Cette fois, ce n'était pas un rêve, cette fois, il était là pour vrai, il s'offrait à elle, il la voulait auprès de lui.

Mais quand se contact si attendu se produit, elle sentit une main puissante et ferme serrer sa gorge très fort, si fort qu'elle perdit son souffle. Du coup, elle se retira des lèvres de son seigneur. En elle se disputaient le soulagement qu'il s'impose contre sa volonté et la déception de ne pas l'avoir eu.

Mais Lucifer ne la repoussa pas, leurs lèvres se touchaient toujours, elle demeura immobile et leva les yeux sur lui.

Son regard lui fit peur tellement il était intense. Pas l'intensité du désir charnel, pas la colère ni la souffrance. Elle avait déjà vu ce regard dans les yeux des bêtes sauvages, alors que la proie est proche et que le goût et l'odeur du sang devient la seule chose que leur instinct de carnivore peut concevoir.

Il ouvrit la bouche et reprit son mortel baiser, elle sentit ses canines aiguisées s'enfoncer dans sa lèvre inférieure, ouvrir sa chair fragile à l'intérieur de sa bouche. À nouveau le goût de sang, mais ce n'était plus celui du pouvoir, le sang puissant du Sheol, c'était le sien.

Il dévorait ses lèvres et mordit fermement sa langue, elle ne pouvait pas rompre ce baiser cruel. Même s'il ne l'avait pas maintenu près d'elle, elle serait restée. Juste là, à sentir son éternel amour boire son sang qui s'écoulait de ses blessures sans cesse torturées par les dents aiguisées de son seigneur. La main de Lucifer autour de sa gorge l'étouffait, elle sentit l'ongle de son pouce percer sa jugulaire droite.

C'était donc le sang qui l'avait poussé à l'embrasser de la sorte.

Il la rapprocha d'avantage de lui et rompit son baiser. Elle sentit ses lèvres se sceller à la blessure qu'il venait de lui faire au cou.

À mesure qu'il aspirait son sang, elle le sentait devenir de plus en plus fort. Telle une bête affamée, il poussait de sourds gémissements, sa respiration était rapide, ses hanches se cambraient dans un mouvement à damner n'importe quel saint. Elle ne put s'empêcher de presser son bassin contre le sien et elle sentit, là sous le cuir, la dure enflure de son sexe gonflé de sang. Son désir monta encore, il devint si aigu qu'elle pouvait aisément sentir la pulsation constante entre ses jambes devenir une chaude sensation rythmée avec les battements rapides de son cœur. Elle l'enlaça alors qu'il ouvrait la plaie d'avantage pour agrandir la source rouge qui coulait entre ses lèvres. Elle se pencha sur le côté de sa nuque, mordit le lobe de son oreille. Ses hanches se heurtaient contre les siennes.

Cruelle beauté, douce tentation au plaisir du corps, tu tortures mon âme sans pitié et m'amène là ou je n'ai jamais osé aller avec toi, là ou la sensation de t'avoir enfin près de moi m'est aussi mortelle que de plus en plus désirable. Puisse ce moment s'éterniser dans les limbes brumeux du temps afin que jamais notre enlacement ne cesse, que notre désir, toi pour mon sang moi pour ton être entier, n'arrête jamais d'enfler dans les méandres rouges et humides du plaisir.

Un signal d'alarme retentit en elle. Le signal que bientôt elle ne pourra plus survivre à ce contact. Sa vision était brouillée quand elle ouvrit les yeux. Il lui semblait que le monde tournait autour d'eux. Son instinct de survie lui donna la force de repousser Lucifer. Il retomba sur le sol, les lèvres tachées de sang. Il respirait très fort, les poings serrés, ses yeux fixaient le ciel sombre. Elle s'éloigna de lui en se traînant sur le sol, ne cessant de fixer ce corps puissant qui ressemblait d'avantage en ce moment au corps d'un animal sauvage qu'à celui du gracieux prince des ténèbres.

Elle porta la main à son cou qui la faisait énormément souffrir. Là, la chair avait été déchiquetée, sa veine complètement ouverte. Il lui restait cependant assez de force pour que déjà, le sang s'y coagule et qu'elle puisse se régénérer. Elle appliqua un léger sort sur son corps pour qu'il puisse recouvrer des forces rapidement et fermer ses blessures.

Belial se releva avec peine et s'approcha de Lucifer qui s'était assis sur le sol, une main crispée sur son cœur, l'autre appuyée au sol pour maintenir son équilibre. Elle se pencha sur lui.

- Partez, ordonna-t-il, sa voix était presque grinçante mais son ton était toujours d'acier.

Elle obéit. Elle avait besoin de repos, et très vite. Elle n'était plus d'aucune utilité ici. La tête encore pleine de rêve et enivrée de plaisir, elle s'envola vers la cité.

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Oh damn, au début, j'ai osé penser à un baiser volontaire, mais je sentais des yeux perçants sur moi qui semblaient me vouloir morte, alors je me suis dit que ce pourrait être semi volontaire ^_^ Comme ça tout le monde est content ! De toute façon, j'avais trop de difficulté à concevoir Lucifer et Belial réunis. Ce n'est pas non plus le but de cette histoire après tout !

Question ouverte à tous : en anglais, beaucoup utilisent le mot "One" pour le pronom de Belial quand elle/il parle eu lieu de "je" comme disons dans la phrase : is that something that bothering you, One's master ? Quelqu'un a une idée d'un équivalent à ce pronom en français ? Parce que j'ai beau me creuser les méninges, je trouve pas o.O