Tout bien considéré…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 1 – Le pari—
La cérémonie du Choixpeau venait de s'achever ; tous les premières années étaient à présent affectés dans chacune des quatre maisons qui segmentaient les étudiants de Poudlard. Les langues s'agitaient joyeusement, certains nouveaux élèves l'avaient bien pendue et étaient avides de connaître leurs condisciples et de s'en faire bien voir, d'autres, d'un naturel plus réservé, se contentaient de répondre d'un air intimidé aux questions que leurs aînés leur posaient.
Hermione Granger, dorénavant en cinquième année, regardait d'un œil curieux la table des professeurs. Elle fit remarquer à ses deux amis qu'il y avait deux nouvelles têtes : un homme d'une trentaine d'années au maintien droit et au visage avenant et une femme un peu plus jeune qui souriait à belles dents.
« L'homme, c'est certainement le nouveau professeur de défense contre les forces du mal, décida Ron.
— Pourquoi ça ne pourrait pas être la femme ? protesta Hermione.
— Tu vois une femme à ce poste, toi ? » Le ton de Ron était moqueur et ne laissait aucun doute sur son avis sur la question.
« Crétin ! » répondit sèchement Hermione en réponse à la réflexion machiste de son ami.
Ron n'était pas habitué à ce qu'elle lui parle sur ce ton, encore moins à ce qu'elle l'insulte. Il supposa donc qu'elle avait mal pris sa remarque qui, à son sens, n'était que l'énoncé d'une évidence. Comme elle était manifestement remontée après lui, il préféra ne pas en ajouter – elle avait peut-être ses règles, il valait donc mieux éviter de la contrarier : les filles étaient souvent de mauvaise humeur durant cette période… du moins, c'était ce qu'on lui avait dit. Il évita aussi de lui lancer un regard "Tu vois ce que je t'avais dit" quand Dumbledore annonça à l'ensemble des élèves que l'homme s'appelait Irwin Bateman et qu'il était leur nouveau professeur de défense contre les forces du mal.
« Le directeur devrait embaucher une femme, je suis sûre qu'elle tiendrait plus d'un an à ce poste ! » déclara Hermione à voix basse, acerbe.
Dumbledore se tournait à présent vers la jeune femme assise à sa droit et lui fit signe de se lever.
« Je vous présente Geena Johnson. Elle sera le premier professeur de Culture Moldue à Poudlard. »
Toute la salle resta sans voix. Une fois l'effet de surprise passée, un murmure parcouru la salle : la plupart des élèves se demandait à quoi pourrait bien leur servir cette matière– surtout qu'il existait déjà un cours d'histoire moldue, en quoi cette nouvelle matière serait différente ? –, d'autres haussaient déjà les épaules en disant qu'il y avait aussi le cours d'histoire de la magie dont on ignorait l'utilité – à part servir d'anesthésiant aux élèves.
Le directeur réclama le silence d'un geste et reprit la parole.
« Cela fait longtemps que je pense à créer cette matière. J'estime en effet primordial que vous puissiez vous ouvrir au monde Moldu, pour mieux le connaître et mieux l'appréhender. »
Hermione jeta un œil à la table des Serpentard afin d'avoir une idée des réactions à la création de ce nouveau cours parmi des élèves réputés pour ne pas aimer les Moldus. Elle vit Drago Malefoy secouer mollement la tête en arborant une moue et un froncement de nez aussi méprisants que peu discrets.
« Miss Johnson n'a pas été choisie au hasard. Elle est elle-même Moldue et connaît le monde de la sorcellerie par sa tante qui est une sorcière réputée. Il était essentiel que ce soit une personne Moldue et donc immergée dans leur monde qui enseigne cette matière afin d'être sûr que les connaissances qu'elle vous inculquera ne soient pas faussées. »
Cette fois, aucun élève ne fit de commentaire à voix basse à son voisin… du moins, pendant les premières secondes qui suivirent cette annonce, car, très vite, Ron se pencha sur la table pour qu'Harry et Hermione entendent en même temps sa question.
« Un professeur Moldu dans une école de sorcellerie ? C'est possible ça ?
— Pourquoi pas ? Elle ne va pas enseigner la sorcellerie. Elle va enseigner la Culture Moldue, c'est dans ses compétences, je ne vois pas où est le problème, répondit Hermione.
— Tout de même, je me demande si elle a été mise au courant de tout ce que ça impliquait. Si elle n'est pas elle-même sorcière, comment va-t-elle faire pour se défendre si un sorcier essaye de lui faire du tort. Surtout qu'étant Moldue, cela va multiplier les raisons de lui jeter un sort pour ceux qui penseront qu'elle n'est pas à sa place et qui voudront la chasser. »
Hermione ne trouva pas de réponse adéquate à la remarque d'Harry. Il avait raison : elle était potentiellement en danger.
« Si Dumbledore a fait ça, c'est qu'il a pris des mesures pour qu'elle soit en sécurité. Vous ne croyez pas ? »
Après un instant de réflexion, Harry et Ron hochèrent tous deux la tête en signe d'accord.
« Mon père va être jaloux quand il va connaître notre nouveau cours, plaisanta Ron.
— Chut ! Dumbledore n'a pas fini ! le coupa Harry.
— Ce cours n'est pas une option, il sera obligatoire pour tout le monde, sauf pour les élèves qui ont été élevés – je dis bien élevés – dans le monde Moldu. Ils pourront s'ils le souhaitent s'abstenir de se rendre à ces cours. Ce sera à eux de choisir.
— ça me permettrait d'avoir plus de temps pour faire mes devoirs », remarqua Hermione. Même si elle avait abandonné certaines de ses options à la fin de la troisième année, elle gardait un emploi du temps très chargé. « Cela dit, j'assisterais bien au moins au premier cours pour voir comment elle s'en tire.
— Et toi, Harry, tu vas y aller ?
— Au moins au premier, comme Hermione. Après, j'aviserai.
— Vous allez me laisser tout seul ? conclut Ron qui sauterait à pieds joints sur l'occasion si l'éventualité lui était offerte de s'abstenir d'aller à un cours.
— Tu en profiteras pour prendre sérieusement des notes, pour montrer ce que tu auras appris à ton père. Et puis, si elle est intéressante, peut-être que j'irai aux cours suivants aussi, fit Hermione.
— ça serait une perte de temps pour toi », remarqua Ron. Il avait beau ne pas être enthousiasmé à l'idée de devoir à un cours sans eux, il trouvait complètement idiot de vouloir y aller alors qu'ils n'y étaient pas obligés et qu'il n'y apprendraient rien.
Ils se servirent chacun dans les plats sans parler, puis Harry dit tout haut ce qu'ils pensaient tous trois tout bas.
« J'espère que les cours avec les Serpentard se passeront bien. »
Hermione se mordilla la lèvre, pensive.
« Comme je l'ai dit – et vous étiez d'accord – Dumbledore a dû la faire protéger. En plus, les Serpentard ne sont pas assez idiots pour tenter quelque chose contre un professeur.
— Rappelle-toi que Malefoy a essayé de faire virer Hagrid !
— Certes, mais les circonstances n'étaient pas les mêmes. D'ailleurs, réfléchissez : à votre avis, pourquoi ce cours a été créé ? »
Les deux garçons haussèrent les épaules. Un cours, c'était un cours.
« Je pense que Dumbledore a l'intention de faire évoluer les mentalités, c'est pour ça qu'il a créé ce cours. Il y a sans doute des Serpentard qui sont personnellement visés.
— Changer les mentalités ? Ouais, pourquoi pas ? C'est vrai qu'il est du genre optimiste, donc tout à fait du style à essayer des trucs que n'importe qui d'autre considérerait comme voués à l'échec », conclut Ron d'un ton docte.
~oOo~
Pour les Serpentard de cinquième année, le jour et l'heure étaient venus d'affronter le premier cours de Culture Moldue. Ils n'étaient pas les premiers élèves à étrenner le cours de Miss Johnson ; en revanche, ils étaient les premiers de leur maison.
Drago Malefoy avait tenté de convaincre ses condisciples de boycotter ce cours, en vain car le risque de se retrouver avec des points perdus alors qu'ils avaient à peine commencé à en gagner pour cette nouvelle année – et donc, d'être les premiers dans l'histoire de Poudlard à se retrouver avec un score négatif, triste record – les avait incités à ne pas suivre l'idée du jeune homme.
Ne voulant pas être le seul à manquer à l'appel – cela pourrait lui attirer des ennuis et il n'était pas de ceux qui couraient pas après –, Drago était venu lui aussi. Il avait cependant obtenu de ses camarades la promesse de ne pas dire un mot durant toute l'heure de cours et de ne pas même daigner répondre quand le nouveau professeur leur adresserait directement la parole ; un bon silence mortel mettait n'importe qui mal à l'aise.
Les élèves entrèrent dans la salle de classe dans une indifférence plus ou moins simulée ; certains étaient curieux de connaître le contenu de ce nouveau cours, mais y prêter de l'attention aurait réduit à néant l'intérêt de ne pas dire un mot au professeur, sans compter qu'ils devaient faire honneur à leur réputation. Ils prirent place et attendirent, silencieux, l'expression neutre.
« Bonjour ! » s'exclama gaiement Geena Johnson. Personne ne répondit à son salut jovial. Elle jeta un regard circulaire à la classe et analysa rapidement la situation. « Je vois. On m'avait prévenu que je risquais d'avoir du mal avec vous. On m'a même dit pourquoi. On m'a beaucoup parlé de vous. »
Drago, ayant été l'instigateur du "silence mortel", se retint de demander « Qui ça on ? » bien que la question lui brûlât les lèvres.
« En fait, on m'a parlé précisément de chaque élève avec lesquels je risquais d'avoir de sérieux problèmes. »
Elle s'avança dans l'allée, les mains croisées dans le dos, un fin sourire aux lèvres. Elle avait dans les yeux l'excitation du félin qui s'apprête à sauter sur sa proie.
« Tu en fais partie, Drago », déclara-t-elle en s'arrêtant à sa hauteur. Il fut surpris de se faire appeler par son prénom et outré d'être tutoyé par cette Moldue alors que les autres professeurs, tous sorciers, le vouvoyaient. Ces Moldus ne faisaient montre d'aucun respect et n'étaient donc décidément pas dignes qu'il les honore du sien ! – non qu'il ait attendu d'en être sûr pour ne pas les respecter, mais la preuve était faite qu'il avait eu raison.
Il ne protesta pas au nom de ce qu'il s'était promis, de quoi aurait-il l'air s'il était le premier à enfreindre cette promesse alors qu'il leur avait demandé ? Ce serait d'autant plus stupide qu'il était convaincu que l'unique objectif de la Moldue était de le faire réagir : elle le provoquait à dessein. Grand bien lui fasse : aucune parole ne sortirait de sa bouche. « En fait, tu étais même en tête de la liste. Tu n'as pourtant pas l'air si terrifiant », lui dit-elle, se retenant de parler de ses cheveux d'ange et de sa peau de bébé, ne voulant pas le froisser de façon excessive.
Elle continuait de le narguer et elle le fixait avec un léger sourire aux lèvres, pour qui se prenait-elle donc ?
« ça ne te gêne pas que je te tutoie ? Je tutoie tous mes élèves, je préfère. »
Drago se contint ; il avait envie de lui hurler : « OUI, çA ME GêNE ! »
« On m'a encore plus parlé de ton père que de toi », poursuivait le professeur d'un ton égal.
Voilà qu'elle s'attaquait à sa famille à présent ! Drago serra les poings sous la table et les dents dans sa bouche hermétiquement close.
« Il déteste les Moldus au plus haut point, c'est ce que m'a dit le professeur Dumbledore. »
Ah ! Le "on" sortait enfin de l'anonymat et il s'agissait du vieux fou, ce qui n'était en rien une surprise. Le vieillard se complaisait à se mêler des affaires d'autrui, d'autant plus s'il s'agissait de Serpentard et qu'il y voyait une occasion de les torturer.
« Cependant, c'est Severus Rogue qui a su me dire pourquoi il les détestait. »
Trahison ! Comment Rogue avait-il pu adresser la parole à cette Moldue ? Et pour lui parler de son père encore ! C'était forcément faux, elle mentait, Rogue n'aurait jamais fait ça. Elle cherchait juste à semer la zizanie parmi eux pour les affaiblir, il ne se laisserait pas prendre à un piège aussi grossier.
« Nos paroles, nos gestes, nos sentiments ne sont que les effets, poursuivait le professeur, il faut connaître les causes. Dans le cas de ton géniteur, la raison aurait très bien pu être que son père les détestait et donc qu'il les détestait aussi. Après tout, c'est bien la raison pour laquelle, toi, tu les détestes. Tu copies l'attitude de ton père, soit parce que tu as été élevé dans la haine des Moldus et que tu les détestes par habitude – ce qui est sûrement le cas – soit parce que tu as peur que ton père t'aime moins si tu ne penses pas comme lui. » Elle ménagea une pause, regarda Drago avec empathie. « En fait, je penche pour une savante combinaison des deux. »
Qu'est-ce que c'était que cette psychanalyse à la gomme ? Comment osait-elle ? Et cette façon qu'elle avait de le regarder, d'abord avec ironie comme si elle lui était supérieure – elle ne l'était pas ! –, puis avec tristesse comme s'il fallait le plaindre – en quoi faisait-il pitié ? Il avait tout ce dont il avait besoin et envie, rien ne lui manquait pour être heureux, et il l'était !
Drago avait de plus en plus de mal à se contenir devant l'impudence du professeur. Ses ongles mordaient dans la chair de ses paumes et cette douleur était la seule chose qui l'empêchait d'éclater. Il se focalisait dessus de toutes ses forces.
Dans la salle de classe, l'heure n'était plus à l'indifférence : tous les yeux étaient fixés sur les duellistes, aucun mot n'était perdu. Les élèves guettaient Drago pour ne rien manquer de sa réaction, si réaction il y avait. Connaissant Drago comme ils le connaissaient, il serait rare qu'il arrive à se contenir plus longtemps, son caractère était trop explosif et sa sensibilité à fleur de peau pour qu'il ne réponde pas à leur professeur.
« Tu te contentes d'imiter ton père dans la haine. Donc, elle s'en trouve diluée… dévaluée… affaiblie… car elle n'a pas de cause directe. Je pense même qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que tu changes d'avis.
— Vous ne me connaissez pas ! » éclata soudainement Drago, furieux, reniant sa promesse. Il s'en voulut immédiatement ; il n'aurait pas dû parler. Elle avait parfaitement compris son petit manège et l'avait amené à se trahir. Un sourire de triomphe discret courbait légèrement sa bouche.
« Pas personnellement, c'est vrai. C'est la première fois qu'on se rencontre en personnes. Cela dit, on m'a longuement parlé de toi… à ma demande. Vois-tu, quand Dumbledore m'a parlé de toi et des difficultés que tu risquais de me poser, cela m'a interpellée. J'aime les défis. Je me suis donc renseignée à toutes les sources que j'ai pu trouver. Le responsable de ta maison m'a été d'un grand secours pour pouvoir te comprendre, il connaît assez bien ton père, ce qui va m'aider pour te connaître. Je sais que je m'engage dans un combat difficile, néanmoins… je suis bien décidée à en sortir victorieuse. D'ailleurs, tu pars avec un handicap face à moi : je sais quasiment tout sur toi, alors que toi, tu ignores tout de ma vie. Ce n'est pas très fairplay. » Elle s'interrompit, regarda le plafond pensivement. « Je pourrais remédier à cette injustice, dit-elle finalement, en te racontant ma vie. Mais soyons honnête : cela prendrait un temps fou et je ne pense pas que ça t'intéresserait. Et même en admettant qu'il y ait des choses qui t'intéressent, je n'ai pas pour habitude de donner le bâton pour me faire battre. » Elle baissa les yeux vers lui. « Je ne te donnerai pas les armes pour me combattre. Surtout que je n'aurai sans doute pas à me battre contre toi, mais contre ton père… sauf si tu décides que tu peux te charger de moi tout seul. »
Drago avait repris son mutisme et réfléchissait. Quel danger représentait-elle pour lui ? Aucun. Elle avait beau s'être renseignée, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? De toute façon, il ne cachait pas ses opinions. Il se détendit, reprit l'attitude qu'il avait au début du cours : appuyé contre le dossier de sa chaise, le visage neutre.
« Je te propose un pari, Drago. »
Il la regarda, interloqué. Un pari ? Qu'est-ce que c'était encore que cette invention ? Il se sermonna intérieurement : il avait repris son calme, il se devait de le garder.
« Si je gagne, j'aurai droit à ton respect et tu ne diras plus jamais de mal des Moldus. Si je perds, tu seras dispensé de mon cours. Ça te tente ?
— En quoi consiste le pari ? demanda Drago, essayant de ne pas montrer combien ce qu'elle proposait l'intriguait et espérant qu'elle pensait qu'il était juste intéressé par l'enjeu.
— Je parie que mon cours va te passionner. »
Drago se mit à rire de bon cœur.
« C'est tout ? J'accepte !
— Ah, attention ! Ce pari demande de la franchise de ta part. Des gens m'ont assuré que tu étais hypocrite et malhonnête. Ce n'était que des mauvaises langues, n'est-ce pas ? »
Drago resta silencieux. Il ne pouvait pas prétendre ne pas être hypocrite, mais qui ne l'était pas ? Quant à être malhonnête, il n'avait pas l'impression que ce soit son cas, ça l'était ?
« Je veux aussi que tu me promettes que tu feras preuve de bonne volonté, que tu ne te fermeras pas comme une huître à tout ce que je te montrerai. Ce serait trop facile sinon.
— De toute manière, je sais que même en y mettant du mien, vos cours m'ennuieront au plus haut point. Donc, je vous promets d'être honnête et de faire preuve de bonne volonté », assura Drago, le sourire arrogant. « Combien de temps durera ce pari ? s'enquit-il.
— Trois mois, ça te convient ?
— C'est parfait.
— Nous nous serrons la main pour sceller cet accord ? »
Elle tendit la main. Drago hésita un instant, la considérant avec dégoût. Il la serra tout de même, prenant un air dur pendant cette courte poignée de mains pour la dissuader de croire qu'il allait être facile à amadouer. Le reste de la classe n'avait pas perdu une miette du spectacle et tous ses condisciples étaient persuadés que le nouveau professeur s'était engagé dans un pari perdu d'avance. Cependant, l'espoir fait vivre… Johnson et Dumbledore vivraient longtemps en ce cas ! D'ailleurs, Dumbledore était déjà très vieux et avait toujours la santé.
Johnson était revenue à l'estrade et contemplait ses élèves d'un air joyeux.
« A présent, que le cours commence ! Avant toute chose, je dois vous informer que cette salle a été spécialement préparée afin qu'il y ait l'électricité et que les objets Moldus puissent fonctionner sans se détraquer au bout de quinze secondes. A ce propos, qu'est-ce que c'est que l'électricité ? C'est la première chose à savoir, car c'est sur l'électricité que se base la majorité de la civilisation Moldue aujourd'hui. L'électricité, vous la connaissez, vous en avez déjà vu. Quelqu'un sait où il a vu de l'électricité ? »
La plupart des élèves restèrent perplexes. Une jeune fille leva timidement la main, oubliant qu'elle avait juré de se taire, mais après tout, celui qui lui avait fait jurer cela avait lui-même parlé.
« Quand il y a de l'orage, les éclairs, c'est de l'électricité.
— Bravo ! Comment le sais-tu ?
— Je l'ai lu quelque part », bredouilla la jeune fille. Elle paraissait très gênée d'avoir osée connaître quelque chose en rapport avec le monde Moldu.
La professeur se tourna vers le reste de la classe.
« Oui, les éclairs, c'est de l'électricité… et les Moldus la maîtrisent ! » fit-elle avec un air mystérieux.
Drago écoutait attentivement ce qu'elle disait. Au fond de lui, il ressentait quelque chose qui pouvait s'apparenter à de l'admiration. Elle était courageuse cette femme. Elle montrait un bel enthousiasme alors que la salle était remplie aux trois quarts de personnes qui lui étaient franchement hostiles. Néanmoins, c'était son premier cours, son enthousiasme tapageur s'émousserait vite face à l'animosité des Serpentard. Il prit une décision : ne surtout pas parler à son père de ce cours en espérant qu'il ne l'apprenne pas par d'autres voies. Si son père apprenait l'existence de cette matière, il tenterait de la faire supprimer, à plus forte raison si elle était enseignée par une Moldue. Drago voulait aller au bout de son pari car il sentait que, s'il était persuadé qu'il allait le gagner, sa professeur était sûre elle aussi de sa victoire et l'assurance dont elle faisait preuve l'intriguait.
Elle leur montra des objets anodins de la vie courante Moldue. Notamment, elle leur servit un jus d'orange tout frais sorti du presse-agrumes électrique. Certains élèves l'acceptèrent. Le cours s'acheva sur cette note. Lorsque Drago sortit, il regarda sa prof, lui offrit un haussement d'épaules et une moue dubitative. Elle lui retourna un sourire énigmatique qui signifiait clairement « ce n'est que les hors d'œuvre, attends que je te sorte le grand jeu ».
Deux cours après, elle leur fit goûter aux joies de la télévision et leur visionna un film. Elle choisissait le film en fonction de la classe (afin d'éviter de commettre des impairs). Elle avait passé "The Craft" (Dangereuse Alliance), un film avec quatre sorcières, aux Serdaigle de quatrième année. Pour les Serpentard de cinquième année, et notamment pour Drago (elle tenait à gagner son pari), il fallait un film qui les passionnerait. Au début, elle avait songé à une œuvre qui les feraient réfléchir mais il ne fallait pas aller trop vite en besogne, ça risquait de les rebuter. Il fallait aussi à tout prix éviter les films avec une morale mièvre et les films mièvres tout court. En fait, elle était bien obligée de l'avouer, elle était obnubilée par son pari : seul l'avis de Drago l'intéressait vraiment. D'ailleurs, comme il était une sorte de "maître à penser" pour cette classe, ce qui conviendrait à Drago serait parfait pour les autres. Après y avoir longuement réfléchi, elle avait finalement jeté son dévolu sur "Léon" de Luc Besson.
A plusieurs reprises au cours de la "projection", elle s'arracha à la contemplation de Jean Réno pour observer en douce les réactions des élèves et notamment celles de Drago, et constata avec soulagement et même un peu de joie que tous, dont Drago, étaient captivés par le film. Quand elle se retourna au moment le plus poignant, elle vit que Drago avait les yeux très humides. Il était loin d'être le seul.
« Mission accomplie », se dit-elle, mais elle savait que Drago n'admettrait pas facilement qu'il avait aimé une création Moldue, tout au plus se contenterait-il de faire un commentaire aimable "oui, c'était pas mal" avec un petit haussement d'épaules "peut mieux faire". Elle avait cependant marqué des gros points aujourd'hui. De plus, même si Drago ne l'admettait pas, il en avait conscience. C'était ça l'essentiel. Elle n'en était qu'au troisième cours pour convaincre Drago, elle avait déjà bien progressé. Elle sentait que le jeune homme, malgré les petits airs supérieurs qu'il se donnait en sa présence, lui portait un certain respect. Il était impressionné par son assurance. C'était ça qu'il fallait : l'impressionner.
