Tout bien considéré…

Par Maria Ferrari

———

Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

———

—Chapitre 5 – La maladie de Drago—

Drago arpentait les couloirs du manoir qui lui tenait lieu de domicile, la demeure des Malefoy depuis quelques générations. Les vacances de Noël touchaient à leur fin. Demain, il repartait à Poudlard. Drago n'en était pas mécontent : il se sentait effroyablement seul dans cette grande maison, surtout quand ses parents étaient absents comme c'était le cas actuellement. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas être seul, mais la solitude en pleine nuit faisait toujours ressurgir ses peurs enfantines : les loups-garous, les fantômes, les trolls… Il était sur les nerfs à chaque bruit suspect, à la limite de la paranoïa.

-

Ses parents étaient partis à une soirée mondaine. Il aurait pu les accompagner s'il avait voulu, son père le lui avait d'ailleurs proposé, cependant cela ne le tentait guère : il n'y avait jamais personne de son âge dans ces soirées, il s'y ennuyait à mourir. Il soupçonnait d'ailleurs qu'il n'était le seul, mais que les autres invités – notamment sa mère – dissimulaient mieux leur ennui.

Il n'y avait pas que ses peurs d'enfant qui dérangeaient Drago. A chaque fois qu'il rentrait à la maison, il avait tendance à espérer, du fait qu'il était en pension et qu'il ne voyait donc pas souvent ses parents qu'il aurait droit à leur attention complète. Ce n'était pas vraiment le cas. Son père était rarement présent, sa mère avait énormément d'occupations – elle détestait l'inactivité – et ne pouvait lui accorder que très peu de temps.

Et voilà que, précisément la veille de son départ, ils étaient tous deux partis à cette soirée stupide où son père pourrait à sa guise montrer toute sa respectabilité, faire preuve de sa générosité coutumière – et si peu intéressée – en faisant deux ou trois dons importants, caresser ses relations dans le sens du poil et s'en créer de nouvelles. Bref, montrer à quel point il était un homme honorable et que "Merlin ! Que ferait un homme tel que lui au service de Qui-vous-savez ? En vérité, les diffamateurs qui prétendaient cela étaient vraiment ou idiots ou envieux."

Comme Drago aurait aimé que son père cesse son petit manège… aussi bien par rapport au Seigneur des Ténèbres que par rapport à Fudge et aux gens de sa catégorie. Le ministre de la magie était venu dîner une fois au manoir alors que Drago était là. C'était au cours de l'été dernier. Par tous les sorciers que cet homme était ennuyeux… et servile, prêt à dire amen à tout ce que son père disait, Drago en aurait été dégoûté s'il ne s'était concentré à fond sur la dégustation du contenu de son assiette. Ce qui était plutôt aisé étant donné qu'après "la libération" de Dobby, son père avait engagé une cuisinière – oui, s'il préférait les avoir gratis, il avait plus que les moyens de payer ses domestiques – qui avait encore plus de talent pour son métier que Dumbledore n'en avait pour la magie, bref, sa cuisine était succulente et c'était peu dire. D'ailleurs, Lucius Malefoy ne regrettait pas une mornille du salaire de cette femme et mangeait plus souvent chez lui qu'il ne le faisait auparavant pour en profiter au mieux.

Oui, Drago avait dû subir la présence du ministre de la magie pendant tout un repas. Il s'était esquivé avant le café – prétextant qu'il était las – pour ne pas avoir à le supporter plus longtemps.

Par bonheur, Lucius Malefoy n'avait jamais eu la désagréable idée d'accueillir le seigneur des ténèbres sous son toit.

-

Le jeune homme avait eu le temps de repenser à la proposition de Geena Johnson, elle pensait être capable de changer les opinions de son père, le jeune Malefoy n'y croyait pas une seule seconde. Pourtant, il aurait voulu y croire.

-

Drago déprimait. Quand cela lui arrivait, il avait pour habitude de se remonter le moral à grands coups de douceurs. Ce cafard-là n'échappait à la règle, il avait déjà vidé trois paquets de Chocogrenouilles – ses friandises préférées –, mangé deux tablettes de chocolat et terminé ce qu'il restait d'un énorme pudding.

Quelques temps après avoir ingurgité tout ça, Drago ne se sentit pas très bien et eut la nette impression qu'il allait vomir. Il diagnostiqua rapidement et aisément son cas : crise de foie. Les loups-garous, les fantômes, les trolls, son père, Geena Johnson, le Seigneur des Ténèbres, Fudge et sa déprime disparurent de son esprit comme par enchantement… au moins un bon point pour son malaise.

Il réfléchit à ce qu'il pouvait faire pour se débarrasser de son mal : la première idée qui lui vint à l'esprit fut d'aller vomir. Il détestait vomir, il préférait donc l'éviter à moins d'y être vraiment contraint. Il se rappela que Rogue leur avait enseigné une potion qui permettait de guérir instantanément les crises de foie. En fait, cette potion était un antidote à beaucoup d'autres maux bénins, mais seule la guérison des crises de foie intéressaient Drago actuellement.

Il se précipita dans sa chambre afin de préparer rapidement cette potion, sentant que s'il n'agissait pas très vite, il allait renverser tout le contenu de son estomac sur le magnifique et coûteux parquet en chêne.

~oOo~

Le Poudlard Express avait quitté la gare depuis une heure. Drago Malefoy, Vincent Crabbe et Gregory Goyle passèrent devant Ginny Weasley et Hermione Granger. Elles étaient confortablement installées et en pleine discussion sur les derniers tubes en vogue, chez les sorciers pour Ginny, chez les Moldus pour Hermione. Quand elles virent le trio approcher, elles se turent instantanément et prirent un air dégagé en regardant à l'extérieur, espérant que les trois Serpentard les oublieraient, ou mieux, ne les verraient pas – quoique Ginny n'avait rien contre avoir l'attention de Drago à défaut d'avoir celle d'Harry et bien que son père ne serait sûrement pas ravi d'apprendre son béguin pour le jeune Malefoy.

à la surprise générale, Drago ne fit aucune réflexion aux deux filles, il se contenta de passer à côté d'elles sans rien dire. Il n'avait pas l'air dans son assiette. Crabbe et Goyle se regardèrent, ils s'attendaient – légitimement, leur semblait-il – à ce que Drago envoie une pique à l'une des deux filles, ce qui constituait son "bonjour" habituel envers les gens qu'il considérait – que son père considérait ? – comme non fréquentables.

« Tout va bien Drago ? demanda Crabbe.

— Pourquoi me demandes-tu ça ? » fit Drago.

Il se passait de temps en temps la main sur le crâne.

« Ben, heu… t'as rien dit aux deux idiotes.

— J'ai mal à la tête », rétorqua Drago.

C'était plus une plainte qu'une réponse aux interrogations de Crabbe.

« ça va passer, assura Goyle, philosophique.

— J'ai tellement mal », répéta Drago.

Il s'arrêta et posa ses deux mains sur son crâne. La douleur l'élançait visiblement.

« Tu iras à l'infirmerie quand on arrivera à Poudlard, proposa Vincent.

— Pour un mal de tête ? Je ne suis pas une fillette ! »

-

Le lendemain, Drago perdit connaissance en cours de métamorphoses alors qu'il cherchait à transformer un encrier en raton laveur. Le professeur McGonagall et le reste de sa classe le virent s'écrouler lourdement sur le sol. Passé un instant d'effroi pour certains et d'amusement pour d'autres, le professeur rétablit le calme grâce à son autorité et son stoïcisme naturels et demanda à Crabbe d'emmener son ami à l'infirmerie.

A la fin de son cours, le professeur décida d'aller voir à l'infirmerie comment se portait Drago, par acquis de conscience, afin de vérifier que son élève n'avait rien eu d'autre qu'un simple malaise et qu'il se portait déjà mieux. Sans doute n'était-ce rien du tout, peut-être même n'arrivait-il pas à effectuer sa métamorphose et avait préféré simuler une perte de conscience plutôt que de l'avouer. Il était tellement fier que c'était possible. Cela étant, si c'était le cas, Minerva devait s'avouer que pour un simulateur, il s'était révélé très convaincant.

Quand elle entra dans l'infirmerie, elle trouva Pomfresh et Dumbledore en pleine discussion. L'infirmière paraissait très inquiète.

« Que se passe-t-il ? demanda McGonagall, ignorant que ce qui animait leur conversation était la même chose que ce qui l'amenait en ces lieux.

— Drago Malefoy a beaucoup de fièvre. J'ai pris sa température plusieurs fois car il avait un comportement bizarre. Elle n'arrête pas de monter et descendre. Il a dépassé le quarante et un il y a dix minutes.

— Il s'est effondré dans mon cours.

— C'est ce que Monsieur Crabbe m'a dit.

— Il a dû attraper un virus solide. Pom-Pom trouvera comment le soigner, assura Dumbledore, dont l'optimiste le quittait rarement.

— Sa fièvre ne me dit rien qui vaille. Surtout qu'il la supporte très mal : il délire.

— Il faudrait peut-être prévenir ses parents ? » proposa McGonagall.

Dumbledore n'eut pas l'air réjoui à cette idée.

« Oui faisons cela. Prévenons ses parents. Ainsi, Lucius Malefoy va débarquer ici. Il va profiter de la maladie de son fils pour tout critiquer, en particulier ce qui me concernera directement. Bref, il va chercher à me mettre cette maladie sur le dos. Enfin ! Je suis habitué ! Faites prévenir ses parents, Pom-Pom, termina Dumbledore, souriant, avant de partir.

— Il exagère non ? De toute façon, je ne vois pas comment Malefoy pourrait lui imputer la maladie de son fils. Il aura déjà assez de soucis à se faire concernant ce pauvre garçon. Il va quand même plus user son énergie à tenter de découvrir ce qu'il a qu'à chercher des noises à Albus.

— Ne surestimez pas Lucius Malefoy », rétorqua McGonagall en esquissant une moue sévère.

~oOo~

Le soir venu, tous les élèves savaient que Drago s'était évanoui en cours de métamorphoses. Certains en riaient, d'autres, qui avaient eu vent que le jeune garçon était dans un état inquiétant, en parlaient plus gravement. Une certaine Pansy Parkinson avait un mal fou à avaler ce qui se trouvait dans son assiette, écoutant avec inquiétude toutes les conversations autour d'elle, cherchant à rassembler le plus d'informations possible sur la maladie du garçon qu'elle convoitait.

A la table des Gryffondor, le sujet le plus discuté était le même qu'à la table des Serpentard et Ron confiait son avis sur la question à Harry et Hermione :

« Encore une de ses comédies. Qui veut-il faire virer cette fois ? McGonagall ?

— Si ce que j'ai entendu est exact, Malefoy ne fait pas semblant ce coup-ci, répondit Harry.

— Pour moi, c'est suspect : Madame Pomfresh ne pourrait pas le soigner ? Il nous a déjà fait ce coup-là, répondit Ron, dubitatif.

— C'est vrai que cela semble bizarre. Pomfresh est capable de soigner tout et n'importe quoi normalement, approuva Harry.

— Il pouvait simuler une blessure, mais il ne peut pas simuler une fièvre pareille. Je vois d'ailleurs mal pourquoi il le ferait. Il lui faudrait une raison pour ça, dit Hermione, faisant preuve de sa logique coutumière.

— Peut-être qu'il avait un devoir à faire et qu'il n'a pas réussi. Donc, il attend que ça passe et il guérira comme par enchantement.

— C'est plausible, fit Harry en hochant la tête, la moue approbatrice.

— Il ne peut pas leurrer Pomfresh à ce point ! tempéra Hermione.

— Peut-être qu'il s'est jeté un sortilège à lui-même ? proposa Ron.

— Stupide ! Peut-être qu'il est tout simplement vraiment et gravement malade, répondit la jeune fille. Ce sont des choses qui arrivent, vous savez ? »

Ce que disaient Harry et Ron lui faisait songer à cette vieille histoire que lui racontait sa grand-mère, celle où un garçon s'amusait à faire croire aux bergers qu'un loup mangeait ses moutons. à chaque fois, il n'y avait aucun loup. Le jour où le loup vint vraiment, personne ne le crut et tous les moutons furent dévorés. Il y avait une vieille maxime très connue qui accompagnait cette histoire : "Il ne faut pas crier au loup".

« Oui, peut-être », dit finalement Ron en haussant les épaules, se disant que, si tel était le cas, il espérait que cette maladie aurait des séquelles fâcheuses pour Drago. Il imagina des conséquences inesthétiques et farfelues : Malefoy ayant perdu ses oreilles, ou rendu muet, ou chauve, ou le visage parsemé de gros boutons, ou la tête grosse comme son poing, ou le nez de deux mètres de long, etc…

« Si on parlait d'autre chose que de Malefoy ? proposa Harry.

— Avec plaisir. Juste une chose encore : s'il est vraiment gravement malade, vous croyez qu'il peut en mourir ? demanda Ron qui venait tout juste d'entrevoir cette possibilité.

— Je l'ignore, répondit Hermione.

— Moi aussi, ajouta Harry.

— Parce que ça serait cool si c'était le cas. »

Hermione fut choquée de l'entendre dire cela.

« Ron, tu devrais avoir honte de souhaiter la mort de quelqu'un !

— Ce n'est qu'une plaisanterie ! Et le quelqu'un en question, c'est Drago Malefoy. Tu te rappelles ? Celui qui te déteste et qui ne manque pas une occasion de te le faire savoir et de t'insulter par la même occasion.

— Ce n'est pas parce que quelqu'un ne vous aime pas qu'on doit souhaiter sa mort. Je suis au-dessus de ce genre de comportement et de pensée, déclama fièrement Hermione. De plus, il a mûri. Il s'est calmé. Tu devrais grandir toi aussi, Ron, ça ne te ferait pas de mal. »

Ron regarda Harry, puis, leva les yeux au ciel. Le survivant étouffa un éclat de rire en voyant la tête que faisait son ami.

~oOo~

Le lendemain, Lucius et Narcissa Malefoy arrivèrent à Poudlard. Dès qu'il avait reçu le hibou, Lucius s'était inquiété. Pour que l'école le prévienne que son fils allait mal, c'était qu'il allait véritablement mal, sans cela, cela aurait été passé sous silence par "les autorités" et il l'aurait finalement appris par une lettre plaintive de Drago. Il en avait immédiatement informé son épouse et ils avaient tous les deux transplanés le plus près possible de Poudlard, faute de pouvoir arriver directement à l'intérieur de l'enceinte de l'école.

-

Rogue s'était proposé pour expliquer la situation aux parents de Drago, arguant le fait qu'il avait plus de chance d'être écouté par Lucius que n'importe qui. Il était donc venu à leur rencontre, leur avait raconté précisément ce qui s'était passé, comment était Drago et pourquoi Pomfresh ne réussissait pas à le soigner.

« Tous des incapables », marmonna Lucius entre ses dents. Narcissa était restée muette, elle avait juste dit bonjour à Severus et s'était tue, écoutant religieusement le maître des potions, évaluant ainsi le degré de gravité de ce qu'avait son fils.

En parlant, ils étaient arrivés à l'infirmerie. Rogue constata avec stupeur que Geena Johnson était postée devant la porte à côté de Pomfresh et qu'elle avait l'air de les attendre. Le professeur de Culture Moldue avait décidé de profiter de la venue des parents de Drago pour savoir qui ils étaient vraiment : c'était le moment ou jamais. Lucius Malefoy fronça les sourcils en voyant ce visage inconnu. Severus décida de faire totalement abstraction de sa présence afin d'éviter des présentations fâcheuses – Drago posait suffisamment de soucis, sans que Geena s'y mette aussi –, il entra directement dans l'infirmerie après un petit signe de tête à Pomfresh, les Malefoy entrèrent à sa suite, puis l'infirmière et enfin Geena qui referma la porte derrière elle.

Drago était allongé dans un lit, paisible à l'instant où ils entrèrent tous. Il dormait… ou quelque chose d'approchant.

« Pour l'instant, il est calme. Cela n'est pas arrivé souvent depuis hier. »

Pomfresh et les deux professeurs se tinrent poliment en retrait pendant que les Malefoy découvraient l'état de leur enfant. Drago paraissait comme assommé par sa fièvre. S'il était calme, il avait toutefois l'air tourmenté : ses sourcils fronçaient légèrement et sa bouche tendait vers le bas.

Narcissa posa une main sur le front de son fils. Elle savait déjà à quoi s'attendre au vu de ce qu'avait dit Rogue : il était brûlant. La femme se mordit la lèvre inférieure. De sa main caressante, elle arrangea un peu les cheveux blonds habituellement soignés de son enfant, il s'était beaucoup agité depuis la veille, ses cheveux étaient ébouriffés et la sueur causée par la fièvre les avait trempés. La caresse de cette main maternelle sortit Drago de sa torpeur. Il entrouvrit les yeux et mit quelques secondes à la reconnaître à travers sa vision un peu floue.

« Maman », prononça-t-il à voix basse.

Geena se déplaça discrètement et vint se mettre de l'autre côté du lit. Elle était très inquiète pour Drago, son état était préoccupant. D'ailleurs, pour que Pomfresh ne puisse pas le soigner, il fallait qu'il le soit.

Lucius Malefoy entra dans le champ de vision de son fils.

« Comment te sens-tu Drago ? » demanda-t-il.

Drago ouvrit grands les yeux, fixa son père avec effroi et se mit à s'agiter en criant d'une voix enfantine :

« Non ! Pas papa ! Papa est méchant ! Papa est méchant ! »

Lucius se prit ces cris en pleine figure et déglutit difficilement. Il fit trois pas en arrière pour sortir du champ de vision de son fils pour arrêter ses cris. Geena le regarda et fut saisi d'un sentiment de pitié intense pour cette homme : à cet instant, il n'était plus Lucius Malefoy, riche, Mangemort, méprisant pour ceux qui n'étaient pas de sa race ou de sa classe, non, il était juste un homme perdu, décontenancé, bouleversé. Drago agrippa le pull de Geena, tirant dessus avec force malgré sa fièvre. Geena s'accroupit auprès de lui instantanément.

« Mazelle Johnson Moiselle Johnson souez-moi sauvez-moi papa est méchant papa est méchant papa est méchant ! »

Sa voix, son attitude et ses pleurs étaient ceux d'un jeune enfant. Lucius Malefoy sortit de la salle précipitamment. La porte claqua derrière lui. Pomfresh, Rogue, Geena et Narcissa se retournèrent tous vers la porte close. La mère de Drago avait l'air profondément bouleversée.

« Il délire, dit Pomfresh. Il m'a fait le même genre de scène hier. Je dois avouer que c'est assez troublant.

— Drago, calme-toi, s'il te plait », implora Narcissa en posant ses deux mains sur son fils, cherchant à l'apaiser. Drago reprit son calme peu à peu, il tenait d'un côté la main de sa mère et de l'autre le pull de son professeur.

« Je vais voir son père », murmura Rogue à l'oreille de Pomfresh avant de sortir.

Après beaucoup de recherches, c'est Hagrid qui put lui dire qu'il avait vu passer Lucius Malefoy. Il trouva celui-ci le front appuyé contre un arbre à l'orée de la forêt interdite.

« Lucius, ça va ? »

Aucune réponse. Rogue s'approcha.

« Cette femme, c'est la Moldue, n'est-ce pas ? entendit-il en s'approchant.

— Oui, répondit simplement Severus.

— Elle monte mon fils contre moi.

— Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?

— Je ne m'imagine rien du tout. Je constate, c'est tout ! déclara sèchement Lucius en s'arrachant à l'arbre, se tournant vers Rogue.

— Ton fils est malade, il délire… et tu sais très bien que ce n'est pas elle le problème.

— Une Moldue n'a pas à enseigner dans une école de sorciers !

— Ton fils est peut-être à l'article de la mort et c'est tout ce que tu trouves à dire ? »

Lucius ne trouva rien à répondre. C'était plus facile de se concentrer sur la moldue.

« Tu ne crois pas que tu devrais revoir ton ordre de priorité ?

— Papa est méchant, murmura Lucius, le nez froncé, un peu dégoûté de lui-même à cet instant.

— Ton fils délire, ne te focalise pas là-dessus.

— Justement, c'est parce qu'il délire qu'il dit ça. C'est son subconscient qui s'exprime. C'est la vérité qui s'exprime. Mon fils me déteste.

— Sans doute oui », confirma Rogue en tournant les talons. Il fit quelques pas et se retourna. « Sans doute aussi t'aime-t-il quand même malgré ce que tu es et le fait que tu te fiches pas mal de lui.

— Je ne me fiche pas de lui !

— Alors que fais-tu ici au lieu d'être à son chevet ?

— Il a peur de moi.

— Bravo, tu viens de toucher le problème du doigt. Approfondis encore un peu et tu trouveras la solution. »

Rogue regarda Lucius quelques instants et décida de partir, il fut retenu par la voix plaintive de son ancien ami.

« Severus, tu penses vraiment que Drago peut… en mourir ?

— Pomfresh n'est pas très optimiste. Sa fièvre n'est pas redescendue en dessous de quarante depuis ce matin. Il a fait une pointe à quarante trois, je ne sais pas si tu vois ce que cela représente ? Si sa température monte encore, il succombera.

— Mais… sa fièvre va se stabiliser et redescendre, non ? » demanda Malefoy, plein d'espoir.

Severus regarda Lucius droit dans les yeux. Pour la première fois à sa connaissance, Lucius Malefoy semblait s'inquiéter réellement pour son fils.