Tout bien considéré…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 9 – Nouveaux étudiants—
Depuis l'épisode de l'empoisonnement et la visite au manoir Malefoy en compagnie de son professeur, Drago avait beaucoup changé. Pour commencer : les "mon père" avaient quasiment disparu de sa conversation, tout le monde s'en était rendu compte, plus de "mon père m'a dit ceci… mon père pense cela… je le dirai à mon père…", Drago avait cessé de vivre en prolongement de son père, et c'était mieux ainsi : cela faisait des vacances pour tout le monde. Et puis, il était plus aimable, y compris avec Ron et Harry, et évidemment Hermione avec laquelle il commençait même à bien s'entendre. Pour terminer, il était devenu presque attentif en cours de soins aux créatures magiques et ne faisait plus de réflexions à Hagrid (sauf quand c'était vraiment trop tentant).
Hermione, de son côté, goûtait avec joie à la relation amicale qu'elle nouait avec Drago car, grâce à ça, les Serpentard se montraient plutôt avenants envers elle, ce qui était un retournement de situation parfaitement logique étant donné que c'était Drago qui avait ouvert les hostilités contre la jeune fille.
Tout ça déplaisait souverainement à Ron et à chaque fois qu'il avait un problème avec Hermione, cela se terminait toujours par une phrase du genre "va voir ton fiancé Drago, il est tellement plus classe qu'Harry et moi", et le fait était qu'il était persuadé qu'il y avait plus qu'une relation amicale entre Hermione et Drago. La jeune fille lui avait déjà répété au moins une vingtaine de fois qu'il n'y avait rien entre elle et le jeune blond, en tout cas, rien de ce que Ron s'imaginait. Dernièrement, elle avait abandonné de relever les allusions stupides de Ron et se contentait de secouer la tête impatiemment.
A croire que Ron regrettait l'époque où Drago la traitait de Sang-de-Bourbe.
Harry, lui, ne pensait pas grand-chose de tout ça. Il ne savait pas si Hermione et Drago étaient ensemble et il s'en fichait un peu : Hermione était grande, elle faisait ce qu'elle voulait. Et si jamais ce que pensait Ron se confirmait, l'alliance entre une "Sang de Bourbe" et un "Sang Pur" pouvaient avoir des retombées positives pour tout le monde. De toute façon, tout ce qui intéressait Harry pour le moment était d'attirer le regard de Cho Chang. Elle paraissait s'être enfin remise de la mort de Cédric Diggory, elle avait le rire plus facile. Harry ne savait cependant pas comment l'aborder et se demandait si ce n'était pas encore trop tôt. Sans compter que, d'une certaine manière, il se sentait coupable de la mort de Cédric. Il avait beau se répéter que ce n'était pas sa faute, qu'il ne pouvait pas savoir, que c'était la fatalité, il ne pouvait s'empêcher de songer qu'il aurait suffit qu'il prenne la coupe des Trois Sorciers tout seul pour qu'il soit toujours en vie. Et le fait qu'il en pinçait pour celle qui avait été sa petite amie n'arrangeait en rien ces remords.
Ginny était furieuse. Elle n'était pas folle, elle remarquait bien les choses, elle était observatrice. Harry reluquait Cho Chang avec insistance à chaque fois qu'elle se présentait dans son champ de vision. Hermione passait beaucoup trop de temps à son goût avec Drago (elle s'était comportée comme une idiote : n'aurait jamais dû lui faire remarquer à quel point il était mignon). Et Lee Jordan, le numéro trois dans son cœur, n'avait d'yeux que pour une Poufsouffle dont elle ignorait le nom mais dont elle avait pu remarquer qu'elle était beaucoup plus jolie qu'elle. Cela dit, elle était très jolie tout de même et elle voyait bien que certains garçons commençaient à s'intéresser à elle, notamment un, quatrième année comme elle, plutôt beau sans plus, cheveux bruns, yeux marrons ou noirs en tous cas très foncés, assez grand, relativement gentil – surtout pour un Serpentard –, mais pas vraiment une tête pensante. Et il y avait aussi un Serdaigle, brun, yeux marrons, taille moyenne, plutôt beau garçon et toujours prêt à lui rendre service. Pour terminer, elle avait cru comprendre qu'un Gryffondor de troisième année était lui aussi assez attiré par elle, cheveux entre le blond et le châtain, yeux bleus, plutôt petit, pas vraiment beau, apparemment très intelligent et poli, très poli, trop poli, ça finissait par énerver.
Quoi qu'il en fût, ces garçons ne l'intéressaient pas.
Neville Londubat avait accompli la performance de réussir une potion très difficile. Rogue était restée bouche bée pendant quelques secondes et avait ensuite interrogé tout ceux qui l'entouraient pour savoir qui l'avait aidé. Mais il avait dû se rendre à l'évidence : Neville avait réussi sa potion tout seul et du premier coup. Severus en aurait presque été admiratif. Pour vous dire : il accorda dix points à Gryffondor.
Irwin Bateman, professeur discret de défense contre les forces du mal, gérait sans trop de peine, ni trop de bruit, son cours. Cela changeait des professeurs précédents. Ce qu'il ignorait, c'était que les élèves pariaient sur la raison de son départ inévitable – malédiction oblige – en fin d'année : mort violente ? Départ volontaire ? Accident qui déclenche une amnésie ? Découverte d'un secret compromettant qui l'obligerait à démissionner ?
Geena avait présenté le micro-ondes, l'aspirateur, les écrans-plats – c'est tout de même mieux que les vieux téléviseurs –, les jeux-vidéo sur ordinateur, la photocopieuse, le fax, l'imprimante laser-couleur – heureusement qu'on lui remboursait ses frais, ça coûtait une fortune –, le scanner, le caméscope et l'appareil photo numérique.
Vincent Crabbe et Gregory Goyle s'étaient mis aux échecs. à la surprise de tout le monde, ils ne se débrouillaient pas si mal. Ils commençaient même à élaborer des semblants de tactiques.
Pansy Parkinson avait entrepris de changer de look. Elle avait commencé par modifier légèrement sa coiffure, changeant de tête tous les jours. Puis, elle avait commencé les teintures. Depuis sa dernière couleur, elle avait les cheveux verts.
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Albus Dumbledore était perplexe. Rien à voir avec Voldemort, Lucius Malefoy, Harry Potter ou quelque chose dans ce goût. Non, il était perplexe à cause des Serpentard. Leur maison était tout en bas du classement, ce n'était pas pour gêner Dumbledore, mais ce n'était pas habituel. En temps normal, cette maison était toujours soit en tête, soit seconde – et en ce cas faisait tout pour repasser en tête.
Il n'était pas dans l'ordre naturel des choses qu'elle soit en bas du classement.
Après une enquête discrète, Albus s'était rendu compte que Drago Malefoy et toute sa clique des cinquièmes années Serpentards semblaient se soucier de la coupe des quatre maisons comme d'une guigne.
Ceci ravissait Geena : elle détestait cette idée d'une compétition entre les maisons, ça pouvait être motivant, certes, et ça donnait une raison aux élèves de bien respecter les règlements, mais c'était pris beaucoup trop au sérieux par les élèves – et par les professeurs –, et donc, au final, ça ne donnait rien de bon : ça ne faisait qu'accentuer les fossés qu'il y avait entre les maisons. Cette compétition n'était pas vraiment saine, il faudrait qu'elle le signale à Albus un jour.
L'initiative d'abandonner la compétition trouvait son origine dans une réflexion de Pansy suite à une perte de points qu'elle avait fait subir à sa maison – sa nouvelle couleur de cheveux n'avait pas plu au professeur d'arythmancie –, après qu'elle ait fait remarquer aux autres élèves que cette perte de points n'était absolument pas méritée – rien n'était noté dans le règlement à propos de la couleur des cheveux et cela relevait du goût personnel du professeur – et qu'elle pensait faire appel de cette décision, Vincent Crabbe avait ricané. Pansy l'avait regardé d'une sale manière.
« Ma couleur de cheveux ne te plaît pas à toi non plus ? » lui avait-elle demandé avec un air qui n'appelait qu'une seule réponse : un démenti catégorique et des compliments dithyrambiques sur la nouvelle mode capillaire qu'elle essayait de lancer.
« C'est pas ça, mais franchement, "faire appel de cette décision", tu trouves pas que tu pousses ça un peu loin ?
— On nous a ôté des points injustement. Ça nous fait du tort au niveau du classement, avait répondu Drago à la place de Pansy.
— Et alors ? avait rétorqué Vincent en se tournant vers son voisin et chef de file actuel des membres de sa maison. Personnellement, être en tête de ce classement ou être dernier ne change absolument rien à ma vie. ça change quelque chose à la tienne, Drago ? »
Après réflexion sur ce qui le poussait à vouloir gagner cette coupe chaque année – et à échouer chaque année –, Drago dut convenir que cette compétition et ce qu'elle apportait ne valaient pas les efforts fournis pour la remporter. Ce n'était pas rentable. Les élèves de cette classe étaient tous tombés d'accord et la décision de laisser de côté cette compétition à deux mornilles avait été prise. Ils en avaient parlé aux autres Serpentards et tous les élèves de la maison avaient décidé de se laisser un peu vivre et de songer seulement à leurs examens personnels. Cette décision avait des aspects très positifs, les Serpentards pouvaient se permettre certaines remarques aux professeurs qu'ils n'auraient jamais osé faire auparavant. Puis, c'était devenu un jeu dont le but était de réussir à faire perdre des points à la maison sans écoper d'une retenue, et celui ou celle qui réussissait à forcer Rogue à retirer des points à Serpentard doublait son score. Personne n'y était parvenu, il faut dire qu'ils n'avaient pas trop osé, c'était quand même leur responsable adoré, ils n'allaient pas s'amuser à jouer avec ses nerfs et il fallait le soigner car jamais ils ne trouveraient un responsable aussi idéal pour la maison Serpentard.
Drago ne participait que du bout des doigts à ce jeu, il s'était avéré que Vincent Crabbe et Pansy Parkinson étaient bien plus doués que lui pour perdre des points, et très vite, les autres élèves les avaient laissés jouer entre eux.
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Sirius Black et Remus Lupin avaient fait une visite discrète et rapide à Dumbledore pour lui rendre compte qu'ils avaient réussi à réunir tous les anciens autour d'eux, même si certains n'étaient pas vraiment partants pour reprendre le combat contre Voldemort. Ils savaient qu'il le fallait, mais ils avaient vieilli et ne pensaient pas être capables de recommencer ce qu'ils avaient fait il y a vingt ans.
Madame Maxime était rentrée en France après avoir arpenté l'Angleterre et beaucoup d'autres pays en compagnie d'Hagrid pour convaincre les géants de se mettre de leur côté, ou, au minimum, de ne pas être de celui de Voldemort. Ils avaient réussi à en convaincre quelques uns, mais beaucoup s'étaient montrés dubitatifs, les sorciers, en règle générale, n'étaient pas très amicaux envers eux, pourquoi devraient-ils se mettre d'un côté plutôt qu'un autre ? Et que leur proposait-on en échange ? Est-ce que les grandes pontes du ministère de la magie leur accorderaient plus de droits ?
Que pouvait leur répondre Hagrid et Madame Maxime ? Le seul argument qu'ils avaient était qu'ils étaient eux-mêmes à moitié géants et qu'ils avaient leur place dans le monde des sorciers. Néanmoins, pour la majorité des géants, ce n'était guère suffisant.
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Mise à part cette désillusion de n'avoir pas réussi à convaincre autant de géants qu'il l'aurait souhaité, Hagrid était heureux. Il venait de faire un nouveau croisement – dans le plus grand secret évidemment – et il avait nommé sa nouvelle création : la Myrtre à bulles, il trouvait ce nom très poétique (rire de Drago).
Les Myrtres à bulles étaient des animaux qui mesuraient à la naissance dans les vingt centimètres et grandissaient d'environ cinq centimètres par semaine. Au bout de deux mois, elles mesuraient plus de soixante dix centimètres. Celle de Drago atteignait la taille record d'un mètre et il se plaignait bruyamment d'avoir hérité de la plus grosse. D'ailleurs, depuis qu'elle avait dépassé les cinquante centimètres, le Serpentard s'était toujours tenu à une distance respectable de sa bestiole bien qu'Hagrid lui ait dit et répété qu'il ne risquait rien. Et effectivement, malgré leurs pinces monstrueuses et la grosse bulle sur leur dos qui explosait dès qu'ils se sentaient menacer, projetant un liquide paralysant à dix mètres à la ronde, ils étaient adorables, câlins, affectueux... Mais Drago n'y pouvait rien, quand ça avait un aspect monstrueux, il avait peur, c'était un sentiment automatique qu'il ressentait, pas phobique, mais presque. Il était d'autant plus craintif que la bulle de sa Myrtre avait déjà explosé une fois, le liquide n'avait giclé qu'à trois mètres – elle était encore petite au moment où c'était arrivé –, mais lui, Crabbe, Goyle et Parkinson s'étaient retrouvés paralysés durant une heure, et Drago avait ensuite eu une crise d'urticaire durant trois jours à cause d'une allergie à une composante du liquide paralysant de cet animal. Hagrid lui avait assuré que c'était de sa faute, Drago n'en disconvenait pas – plutôt que de lui donner la nourriture, il lui avait plutôt jeté à la figure, la bête s'était sentie agressée et avait pris peur –, mais la simple vue de ces animaux lui causait des frissons dans le corps, qu'est-ce qu'il y pouvait ?
Drago mis à part, cela se passait plutôt bien avec les Myrtres. Même Pansy – bien qu'elle se soit retrouvée paralysée – commençait à les trouver attachants, et le sien la regardait toujours avec des grands yeux si tristes, elle en était toute émue.
Hermione s'était mise en tête de trouver quelle pouvait être l'utilité de ces animaux et n'en avait trouvé aucune à part servir d'animaux domestiques – ils étaient tellement gentils tant qu'ils ne sentaient pas agressés –, mais, à part Hagrid, qui aurait voulu d'un animal aussi laid ?
« ça pourrait faire partie des N.A.C. », s'était-elle dit un jour avec une moue dubitative en regardant sa Myrtre manger.
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Après une discussion avec Geena Johnson sur les systèmes de sécurité du monde Moldu, Rusard s'était mis en tête de mettre en place un système de vidéosurveillance à Poudlard. Dumbledore avait refusé pour deux raisons : la première, il n'aimait pas cette idée, la seconde, mettre ce système en place revenait à enlever la protection magique dont bénéficiait Poudlard partout. Ça n'était pas gênant pour une seule salle de classe, car le reste du château servait de barrière, mais il était hors de question que cela soit le cas pour le château entier. Bref, niveau sécurité, Albus connaissait mieux.
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Le match de Quidditch Serpentard contre Gryffondor qui eut lieu en février fut un exemple de fair-play et Madame Bibine félicita chaleureusement tous les participants. Serpentard gagna avec une avance de quatre vingt dix points. Ils avaient un retard de soixante points au moment où Drago s'était saisi du vif d'or, c'était la première fois qu'il y parvenait dans un match contre les Gryffondor. Dans tous les matchs précédents contre cette équipe, Drago s'était fait systématiquement souffler la politesse par Harry. Il n'était donc pas peu fier à l'issue de ce match d'avoir enfin réussi à battre celui que tout le monde considérait déjà comme un des meilleurs attrapeurs du monde.
Pour une fois, les Serpentard avaient gagné en restant parfaitement loyaux de la première à la dernière minute et, contrairement à leur habitude, ils n'avaient pas eu la victoire mauvaise. Harry était déçu d'avoir perdu, mais le sourire de Drago, même s'il était particulièrement content de son coup, n'était pas un de ses sourires supérieurs dont il avait le secret, et il était plutôt soulagé de l'amélioration du comportement des Serpentard.
Si Harry n'avait pu attraper le vif d'or avant Drago, c'était pour trois raisons. La première, c'était que Drago avait vu le vif d'or bien avant lui et qu'Harry ne regardait pas Drago au moment où celui-ci s'était élancé à sa poursuite. La seconde, c'était que Drago avait énormément progressé et avait dorénavant un très bon niveau dans la catégorie amateurs. Et la troisième, c'était que son esprit était décidément beaucoup trop occupé par Cho Chang.
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Lucius Malefoy eut de la peine à expliquer à son Lord son absence au cours d'une opération où sa présence était capitale. Si sa voix était restée parfaitement neutre, ses mains, dissimulées autant qu'il le pouvait, avaient tremblé horriblement alors qu'il s'excusait auprès de Voldemort. Il avait cru un instant qu'il allait être soumis à l'endoloris, Voldemort faisait souvent ce genre de choses aux Mangemorts "indignes", à sa surprise, il s'était montré indulgent et lui avait dit qu'il comprenait parfaitement, qu'un enfant, c'est important, surtout quand on n'en a qu'un. Lucius n'était pas dupe, il savait qu'il aurait sûrement à pâtir un jour de cette soi-disant "indulgence", et surtout, il lisait entre les lignes : Voldemort avait étrangement insisté sur le fait qu'il n'avait qu'un enfant et sur l'importance qu'il avait à ses yeux. Ça ne lui disait rien qui vaille. Mais Drago était en sûreté à Poudlard et Voldemort n'oserait tout de même pas lui faire du mal, à quoi cela l'avancerait ?
Il y avait une autre chose qui inquiétait Lucius : Voldemort était sans aucun doute au courant qu'il y avait une professeur Moldue à Poudlard, mais est-ce qu'il savait que son fils s'entendait extrêmement bien avec elle ? Et savait-il que cette femme était venue à son domicile et que son épouse l'avait accueillie à bras ouverts ? Il ne pouvait pas être au courant de tout bien sûr, mais… non, décidément, tout ça n'annonçait rien de bon.
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Poudlard et ses occupants arrivèrent ainsi au mois de mars. Un soir d'orage, les élèves purent constater en arrivant dans la grande salle que le dîner n'était pas encore servi. Ils s'étonnèrent et certains allèrent demander des explications aux professeurs qui leur dirent d'aller s'asseoir et d'attendre. Lorsque tous les élèves furent en place, Dumbledore se leva.
« C'est assez exceptionnel, mais deux nouveaux élèves sont arrivés aujourd'hui. Ils s'appellent Francesco et Luciano Datena et arrivent d'Italie, leurs parents ont déménagé en Angleterre tout récemment et ont préféré faire changer leurs enfants d'école. Entrez les enfants ! »
Entra alors un garçon de seize ans, le teint légèrement mat, les cheveux bruns, les yeux brillants et noirs, le sourire discret, pas d'une beauté remarquable, mais doté d'un charme notable.
Le garçon qui le suivait paraissait un peu plus jeune, sans doute quatorze ans, peut-être quinze. Il avait un visage très rieur et, pour le reste, ressemblait à son frère.
« Une fois n'est pas coutume, ils vont passer la cérémonie du chapeau en cours d'année, et ils seront respectivement en sixième et cinquième année ! »
Francesco fronça les sourcils.
« Cérémonie du chapeau ?
— Oui, ainsi on déterminera dans quelle maison vous irez. »
Francesco garda les yeux froncés, puis se rappela que les élèves de Poudlard étaient triés et cloisonnés. Il opina du chef.
Le professeur McGonagall mit une chaise au centre de la pièce et posa le choixpeau dessus. Francesco alla s'asseoir sur la chaise et coiffa le chapeau, au bout de quelques secondes, le chapeau annonça "Gryffondor".
« Et voilà donc un nouvel élève pour la maison Gryffondor ! »
Francesco se leva et son regard se figea. Les élèves de Gryffondor arrêtèrent d'applaudir et regardèrent dans la même direction que leur nouveau confrère, ceux des autres maisons firent de même et ainsi, tous les regards se braquèrent sur Drago Malefoy qui venait d'arriver. Finalement, tous les élèves n'étaient pas installés comme l'avait cru Dumbledore, l'un d'eux manquait à l'appel. Il avait terminé quelque chose à la hâte et venait de remonter de la maison Serpentard. Son regard était aussi fixe que celui de Francesco et il était comme paralysé. La façon dont ils se regardaient ne laissait pas planer beaucoup de doute sur ce qu'ils avaient ressenti au moment où ils s'étaient vus l'un l'autre.
Un éclair traversa le plafond de la salle.
« Si même les éléments s'en mêlent ! fit Dumbledore, amusé de la tournure des événements.
— Prions pour que cela ne vienne pas aux oreilles de Lucius Malefoy », murmura Rogue pour lui-même.
Drago finit par reprendre ses esprits et alla à la table des Serpentard le rouge aux joues. Il s'assit et Francesco s'assit en face de lui. Une main vint se poser sur l'épaule de Francesco, elle appartenait au professeur McGonagall.
« Ceci n'est pas la table des Gryffondor. »
Francesco eut l'air embarrassé et il y eut quelques rires étouffés parmi les élèves. Il se leva et alla s'installer à la bonne table. Il s'assit à côté de Ron qui le dévisagea avec un air d'incompréhension totale gravé sur le visage. Francesco s'en rendit compte et le fixa sans aménité, Ron détourna le regard.
De son côté, Drago avait toujours les joues rouges et n'osait lever le nez de son assiette – pourtant vide –, sachant que tous les autres Serpentard le regardaient. Il ne voulait pas croiser leurs regards maintenant alors qu'il était encore perturbé. Il fallait qu'il reprenne possession de ses moyens et de la situation. Il songeait déjà à une manière de reprendre les choses en main. Il fallait qu'il trouve quelque chose à reprocher à ce garçon et qu'il le harcèle comme il l'avait fait auparavant pour le trio Potter/Granger/Weasley, comme ça, les Serpentard sauraient à quoi s'en tenir à son sujet et ce qui s'était passé ce soir serait vite oublié.
N'empêche, ça lui faisait tout bizarre au ventre.
Pendant ce temps-là, Luciano avait lui aussi passé la cérémonie du chapeau et avait été envoyé à Serpentard. Il s'assit là où l'avait précédé son frère et adressa un sourire extatique à Drago qui ne savait plus où se mettre.
Les mets apparurent sur les tables, créant une diversion, et tous les étudiants commencèrent à manger de bon cœur.
« Alors, comme ça, tu viens d'Italie ? fit Hermione en guise de début de conversation pour arrêter le silence gêné qui régnait depuis l'arrivée de Francesco à leur table.
— Oui, et j'y serai bien resté, il y faisait plus chaud qu'ici.
— Si c'est pour te plaindre que tu es venu ici », commença Hermione, vexée, en se servant rageusement du plat du jour. Ce genre de réflexion lui rappelait une certaine Fleur Delacour.
« On se calme, je faisais juste une remarque, on ne peut pas dire que ce soit les grandes chaleurs dans votre pays. En plus, je me pointe un soir d'orage.
— De toute façon, je ne vois pas pourquoi tu te plains du froid puisque apparemment Drago t'a donné chaud, murmura Hermione pour elle-même.
— Drago ? » répéta l'Italien.
Hermione se rendit alors compte qu'elle ne s'était pas contentée de penser sa remarque.
« C'est le blondinet ? » continua Francesco. Il parlait parfaitement anglais avec un accent italien discret et musical. Sa voix était agréable à écouter et Hermione se concentra sur son hachis parmentier.
« Ouais, c'est le… "blondinet", confirma Harry.
— Il est mignon », jugea Francesco en regardant la table des Serpentard avec une petite moue qui en disait long.
Hermione releva les yeux, Harry entrouvrit la bouche, Ron laissa tomber sa fourchette, et les Gryffondor qui avaient entendu la réplique de Francesco se tournèrent vers lui.
« Voilà qui met les choses vraiment au clair ! s'exclama Hermione. Maintenant, nous savons pourquoi tu l'as regardé comme ça. Quoique, je n'avais pas vraiment de doutes là-dessus. Tu as le courage de tes opinions, c'est bien !
— Tout de même, Malefoy… » murmura Harry d'un air dubitatif en méditant sur les goûts du nouvel arrivant qu'il trouvait très discutables, il haussa les épaules en se disant que Francesco changerait vite d'avis en connaissant Drago. Le "blondinet" avait beau avoir changé et Hermione avait beau s'entendre plutôt bien avec lui, il restait tout de même frimeur et hautain.
Ron n'avait toujours pas parlé. Il avait l'air très mal à l'aise.
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Pendant ce temps, et après s'être fait expliquer que la cérémonie du chapeau pouvait être faite par n'importe qui et à n'importe quel âge, Geena Johnson insistait pour coiffer le choixpeau.
« Je suis la seule des professeurs à ne pas avoir de maison attribuée ! Ce n'est pas juste ! se plaignait-elle.
— C'est-à-dire… je trouvais plutôt positif que vous n'ayez pas de maison attribuée. Ainsi, vous êtes neutre, remarqua Albus.
— Je ne veux pas être neutre, c'est nul d'être neutre, j'appartiens à rien… déjà que je suis qu'une moldue !
— Ceci expliquant cela, remarqua Rogue, un sourire sarcastique aux lèvres.
— Je veux faire la cérémonie du chapeau, je vous préviens : je vais pleurer ! Je vous préviens : je vous aurais prévenu ! »
Là-dessus, elle prit un air de cocker battu et Dumbledore l'autorisa à aller mettre le choixpeau pour pouvoir dîner tranquillement.
« Merci ! » fit-elle joyeusement avant de se précipiter sur McGonagall qui tenait toujours le célèbre couvre-chef, attendant le résultat des négociations du professeur moldu. Geena coiffa le chapeau et tous les élèves la fixèrent avec attention, pariant à voix basse sur la maison à laquelle elle serait attribuée. Au bout de quelques secondes, le choixpeau déclara "Serpentard" à la surprise de tout le monde. Geena eut du mal à dissimuler sa joie : c'était ce qu'elle désirait.
Passé l'instant de surprise, les Serpentard se levèrent tous et se mirent à battre des mains pour acclamer la "petite nouvelle". Ron Weasley, de son côté paraissait aussi effondré que si on venait de lui annoncer le décès de son joueur de Quidditch préféré. Son professeur préféré était Serpentard ? Elle était comme Rogue ? Comme Malefoy ? Comme Crabbe ? Comme Goyle ? Comme Parkinson ? C'était trop horrible, mieux valait ne pas y penser.
Dumbledore avait été soufflé d'entendre le mot "Serpentard" sortir de la bouche du Choixpeau, il s'était attendu – à juste titre, lui semblait-il – à ce qu'elle soit une Gryffondor.
« ça alors, c'est incroyable, fit-il.
— Qu'est-ce qui est incroyable ? demanda Bibine, détachée.
— Qu'elle soit Serpentard.
— Qu'est-ce que ça a d'étrange ? interrogea Rogue.
— Qu'est-ce qui se passe ? » fit Geena en se rasseyant. Elle avait senti la dispute dans le ton peu amène de Severus.
« Rien », répondit Dumbledore.
Severus n'avait visiblement pas apprécié le fait qu'il trouve "incroyable" que Geena puisse être Serpentard. Albus l'observa à la dérobée et vit qu'il avait les sourcils froncés et paraissait tendu. Non, il n'avait pas aimé, du tout. Pourtant, c'était normal de trouver ça bizarre. Le choixpeau annonçait les maisons en fonction de ceux qui avait été à l'origine de chacune d'elles. Salazar Serpentard était un homme qui considérait que la première qualité d'un sorcier était d'avoir le sang pur. A partir de là, comment imaginer le choixpeau mettant une Moldue dans cette maison ?
Tiens, d'ailleurs, dans le même ordre d'idée, comment avait-il pu y mettre Luciano Datena ?
En fait, à présent qu'il y réfléchissait, il savait très bien comment. Le choixpeau ne se souciait pas de la "qualité" du sang, pas plus du potentiel magique des personnes qui le coiffaient. Il voyait juste leurs qualités et leurs défauts, leur intelligence, leur courage, leur ambition, leur gentillesse, etc. Cependant, il se serait tout de même attendu à ce que Geena Johnson soit une Gryffondor. Elle en avait les qualités, n'est-ce pas ?
D'accord, elle avait aussi les qualités propres à Serpentard, et sans doute celles-là avaient-elles prévalues…
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Le reste du repas se passa sans histoire et fut un peu plus animé qu'à l'habitude du fait de l'arrivée des deux italiens. En revanche, Dumbledore était certain que Severus lui en voulait. D'ailleurs, celui-ci ne lui avait plus adressé la parole une seule fois durant le dîner malgré les nombreuses tentatives de Dumbledore pour entamer une conversation avec lui.
Ce qu'il pouvait être susceptible parfois !
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Hermione trouvait Francesco très sympathique et Ron commençait doucement à admettre le fait qu'un garçon puisse être attiré par un autre garçon, et dans un sens, ça l'arrangeait, car, après tout, si Francesco était attiré par Drago et que Drago le lui rendait bien – ce qui semblait être le cas au vu de l'échange de regards qui s'était déroulé avant le dîner –, cela mettait ainsi un terme à la peut-être relation amoureuse entre Drago et Hermione.
~oOo~
Drago s'assit sur son lit et Luciano se laissa tomber lourdement sur celui qui était à gauche du sien. Drago le regarda faire. Luciano avait bien choisi : ce lit était vide depuis le début de l'année. Drago avait auparavant à côté de lui un garçon discret qui avait terminé sa septième année d'étude en juin dernier. Aucun première année ne l'avait remplacé dans ce lit.
« ça t'ennuie pas que je me pose là ? » demanda Luciano.
Drago ne voyait aucun inconvénient à ce que cet enragé s'installe à côte de lui.
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Il leur avait raconté son arrivée en Angleterre avec force gestes et détails à la vitesse moyenne de cent mots par minute. Il s'était levé de table, avait demandé à la cantonade si quelqu'un avait envie qu'il chante une chanson et – comme Dumbledore avait eut le malheur de répondre joyeusement "Pourquoi pas ?" – s'était mis à chanter "Lasciate mi cantare" à tue-tête. Après ça, il avait reposé le derrière sur le banc et avait mangé tout ce qu'il pouvait le plus vite qu'il le pouvait sous les regards ahuris des autres Serpentard.
Ainsi, il avait fait momentanément oublier à Drago ce qu'il avait ressenti quand il avait vu son frangin.
Après sa prestation – fort réussie dans la catégorie "J'aime qu'on me remarque" –, l'opinion des élèves, et notamment des Serpentards, était on ne peut plus partagée. La moitié le trouvait génial et l'autre moitié le méprisait, le trouvant trop "M'as-tu vu". Drago faisait partie de la première catégorie, c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un qui se sentait si bien dans sa peau et qui avait une telle envie de communiquer son enthousiasme aux autres.
Il faut dire en passant que Luciano n'avait pas exactement le profil du Serpentard type.
Luciano avait tout de suite gagné l'amitié de Drago. Ce dernier s'en étonnait même : il ne se liait pas facilement d'habitude. A une question de Drago sur son pays natal, il avait entrepris de lui raconter toute l'Italie en détail et avait promis d'aller lui faire visiter dès que l'occasion se présenterait. Ensuite, il lui avait dit de l'appeler "Lulu" si ça lui plaisait mieux. Drago avait été décontenancé et positivement ravi de la familiarité naturelle de l'Italien.
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Luciano éjecta ses chaussures, fit une pirouette et se retrouva debout sur le lit. Il tourna sur lui-même, semblant faire une inspection de la pièce. Il dut trouver l'endroit à sa convenance car il eut une moue appréciative.
« La piaule est pas mal… Vous faites quoi le soir pour vous occuper ?
— Moi, personnellement, j'ai un devoir à faire, donc, je vais prendre mon livre et aller dans la salle commune.
— Et à part les devoirs ?
— On discute.
— Vous faites jamais de jeu ?
— A quoi veux-tu qu'on joue ?… à part aux échecs, mais Vincent et Greg squattent le jeu depuis quelques temps, je ne sais pas quelle mouche les a piqués.
— Ben, vous pourriez jouer. Je ne sais pas moi… aux charades, à la bataille de polochons, au Taboo, au Brainstorm.
— C'est quoi ces trucs ?
— Tu connais pas la bataille de polochons ?
— Non, je parle des trucs tabous et du brainkekchose.
— C'est des jeux de société – comment vous dites par ici ? – mouldis ?
— Moldus ?
— Voilà !
— Tu connais les trucs Moldus toi ?
— Ben, vaut mieux : mes parents le sont ! » Il sauta sur le matelas et se laissa tomber assis sur le lit.
Drago resta interdit durant quelques secondes.
« Tu es un Sang-de-bourbe ? » s'exclama-t-il étonné. Il n'avait pas perdu certaines habitudes de langage que son père lui avait données.
« Un quoi ?
— Un sorcier de parents Moldus !
— Heu… ouais ! Je savais pas que ça portait un nom. "Sang de bourbe" ? ça sonne pas terrible, t'as pas mieux à me proposer ? »
Drago n'en croyait pas ses oreilles. Il y avait un Sang de bourbe parmi les Serpentards. Décidément, non, Luciano n'était pas le Serpentard type, et il était en passe de devenir son ami, peut-être l'était-il déjà, et s'il ne l'était pas déjà, il avait de toute façon envie de le devenir. De plus, il avait un genre de béguin pour son frère, et lui aussi était forcément un Sang de bourbe.
Drago essaya de dédramatiser tout ça. Ce n'était pas si grave. Après tout, depuis que Geena Johnson lui avait ouvert les yeux sur les Moldus et qu'Hermione Granger lui avait sauvé la vie, il n'avait plus jamais dit de mal sur cette catégorie de la population. Néanmoins, être ami avec l'un d'eux, véritablement ami, était une autre étape à franchir, et il en avait déjà franchies beaucoup dernièrement.
Pouvait-il dire qu'il était ami avec Geena Johnson ? Elle était professeur, c'était différent. Et il n'était pas non plus vraiment ami avec Hermione. Il connaissait l'aversion que ressentait son père pour les Moldus, il savait que même s'il lui avait promis qu'il serait aimable avec son professeur, apprendre qu'il était ami avec un sorcier de sang impur le foudroierait. Et ne parlons même pas du sentiment naissant qu'il semblait ressentir à l'égard de Francesco, Drago s'efforça de penser qu'il se trompait à ce sujet, et s'il ne se trompait pas, il fallait qu'il fasse une croix dessus.
Drago éclata d'un rire nerveux.
« Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? se renseigna Luciano, étonné du rire soudain de son condisciple et surtout du son de ce rire.
— Rien, c'est personnel. »
Drago venait de penser que le fait que Francesco soit un sang de bourbe était tout à fait accessoire dans le cas qui l'occupait. Francesco était un garçon. Il avait le béguin pour un garçon. Drago n'était pas sûr que son père soit très heureux de ça, en fait, il n'aurait même pas eu le temps de lui annoncer que son petit ami était de souche moldue que son père serait déjà furieux.
Drago se réprimanda intérieurement. Qu'avait-il besoin de penser à tout cela ? Il venait de rencontrer ce garçon, il ne l'avait jamais vu auparavant, il ne savait rien de lui – enfin, si, il savait des choses sur lui, Luciano était un tel bavard –, il ne lui avait même pas parlé et il était déjà en train de s'imaginer avouer sa liaison avec lui à son père. Ce qu'il pouvait être stupide parfois. En plus, il se faisait probablement des idées, ce garçon lui avait fait un effet bizarre quand il l'avait vu, mais ça ne prouvait rien.
« Bon, faut que j'aille faire mon devoir. »
Il prit un livre, une feuille de parchemin, sa plume, son encrier et partit dans la salle commune. C'était un devoir de divination qu'il avait à faire. Sans le savoir, il avait adopté exactement la même technique que Ron et Harry : inventer ses prévisions de toutes pièces et, comme pour Ron et Harry, elles étaient toutes assez funestes. Ce cours ennuyait particulièrement Drago – quand il ne le faisait pas rire jaune devant les énormités que leur sortait Trelawney –, il ne l'avait cependant pas laissé tomber car il lui permettait d'écrire son courrier ou de faire ses autres devoirs pendant que Madame Trelawney encensait les arts divinatoires et le don supposé de l'un ou l'une de ses camarades. Il gagnait ainsi un temps précieux tout en amassant des bonnes notes, ce qui était toujours bon à prendre.
Tant qu'il se prévoyait un avenir morbide, Trelawney était ravie. Il y aurait eu de quoi être vexé pour quelqu'un ne connaissant pas la personnalité très particulière de Sybille Trelawney ou ignorant qu'elle agissait de même avec tous ses élèves.
-
Il s'installa à une table et laissa sa plume courir sur le papier en jetant de temps en temps un coup d'œil sur son livre pour se renseigner sur les positions des planètes – il fallait que ça ait l'air vrai tout de même. Il avait écrit la moitié d'un rouleau quand une voix tonitruante retentit derrière lui.
« Hé ! C'est mortel l'ambiance ici ! 'savez pas vous amuser ou c'est juste que je suis arrivé au mauvais moment ? »
Luciano venait d'entrer dans la salle commune. Tous les regards convergèrent vers lui et des protestations véhémentes éclatèrent, les élèves se défendaient : « Les profs nous ont refilé plein de devoirs. » « Y a untel qu'est pas en forme. » « Le repas était très lourd ce soir. » « Attends un peu qu'on ait paré au plus pressé avec nos devoirs et on va te montrer ce qu'on sait faire. » Manifestement, ils étaient tous piqués au vif de la remarque de Luciano. Drago eut un sourire, puis, fit une légère grimace, il se demanda combien de temps cela prendrait pour que tout le monde sache que le nouveau était un fils de Moldus. Comment allaient-ils réagir ? C'était la première fois à sa connaissance qu'il y avait un enfant de Moldus parmi les Serpentard.
Drago regretta soudainement le temps où il détestait les Moldus – les avait-il réellement détestés d'ailleurs ? Finalement, il n'avait jamais pris soin auparavant d'essayer de les connaître –, sa vie était plus simple.
Les Serpentard présents dans la salle commune étaient en train de mettre de côté leurs affaires pour montrer au petit nouveau qu'ils étaient parfaitement capables de lui faire une fête d'accueil digne de ce nom. Pansy Parkinson positionna sa baguette magique et prononça "Captaziona" afin de capter la radio des sorciers, l'onde fut difficile à trouver et le spectacle de Pansy se déplaçant de gauche à droite, d'avant à arrière, pliant les genoux et se mettant ensuite sur la pointe des pieds en tendant tout son corps tout en pointant sa baguette magique dans diverses directions pour réussir à capter la radio était assez comique et fut suivi tout le long par des yeux rieurs et ponctué de plaisanteries dont la jeune fille n'avait visiblement cure. L'onde fut trouvée alors qu'elle était debout sur la pointe d'un pied, son corps tendu à l'extrême et sa baguette légèrement penchée vers la droite. Un garçon lui dit avec le ton le plus sérieux du monde :
« A présent Pansy, tu ne bouges plus d'un poil pendant toute la soirée. »
Tous les élèves rire de plus belle sauf Pansy qui, bizarrement, ne voyait pas le comique de la situation. Elle commença à invectiver les gens qui se trouvaient auprès d'elle en leur criant de chercher une solution au lieu de rire bêtement. Une fille résolut le problème en fixant la baguette en l'air à l'aide d'une formule et Pansy, soulagée, put se détendre.
En entendant la musique, tous les élèves de Serpentard qui ne se trouvaient pas dans la salle commune vinrent rejoindre leurs condisciples. La fête put commencer et les moins timides commencèrent à danser, suivis peu à peu par les autres élèves déridés par le nombre de danseurs et leur style qui démontrait que bien peu savaient réellement danser et se contentaient de bouger en rythme.
Il y eut un concours pour désigner celui ou celle qui avait l'air le plus stupide en dansant. Ils s'appliquèrent donc tous à faire les chorégraphies les plus laides et les plus ridicules possibles. Une fille fit les gestes les plus saccadés et les plus violents qui soient jusqu'à ce qu'un garçon se prit un coup dans le nez en se tenant trop près d'elle.
Luciano se vit décerner le prix du plus mauvais danseur de tous les temps – le trophée était une chaussette à motifs qui avait perdu sa jumelle et dont personne ne connaissait le propriétaire – pour sa prestation sur le tube des laconic'blues "You are a sorcerer, you know that ?" reconnue par tous et toutes comme la pire de toute la soirée.
Luciano monta sur une table pour remercier la foule, il s'apprêtait à dire quelques mots sur son "succès" en essuyant une fausse larme au coin de l'œil quand il se figea.
Severus Rogue se tenait dans l'encadrement de la porte et, en dehors du vainqueur du concours, personne ne l'avait remarqué étant donné qu'il était le seul à être tourné vers la porte et que tous les autres le regardaient lui.
Rogue s'éclaircit la gorge pour indiquer sa présence à la foule attendant le discours de Luciano. Les élèves se tournèrent vers lui, certains eurent l'air embarrassé, d'autres étouffèrent des rires.
« Je peux savoir ce qui nous vaut un tel vacarme à une heure pareille ? »
Ceux qui en avaient regardèrent leurs montres, les autres se tournèrent vers l'horloge de la salle commune, afin de vérifier si le bruit qu'ils faisaient était aussi déplacé que le prétendait le responsable de leur maison. Ils constatèrent ainsi qu'il était minuit passé. Les Serpentard s'entreregardèrent en se disant qu'il était incroyable qu'on leur ait laissés faire du bruit aussi longtemps alors qu'il était interdit de faire du bruit après vingt et une heures, ceci sans même avoir une intervention de Rusard.
Un élève eut le réflexe d'annuler la formule sur la baguette de Pansy pour arrêter la radio et ils s'aperçurent alors qu'ils ne devaient pas être les seuls à faire la fête car une musique résonnait toujours et elle provenait maintenant de leur plafond.
« Votre liesse a gagné les autres maisons, expliqua Rogue d'une voix égale. Nous avons laissé faire un moment car c'est vendredi soir et qu'il y a deux nouveaux venus dans l'établissement, mais tout doit avoir une fin et il est temps que ça s'arrête. »
La musique qui venait du plafond s'interrompit. Manifestement, le responsable des Serdaigle avait été voir ses protégés pour qu'ils cessent eux aussi.
« Donc, je suis venu vous annoncer la fin de votre petite soirée. Je viens en personne car il semblerait que les préfets aient décidé de faire relâche ce soir », insinua Rogue en jetant un regard en biais à Dirk Dissinger, préfet de Serpentard. « Monsieur Datena, poursuivit-il en reportant son regard sur Luciano, perché en haut de sa table, quand vous aurez terminé vos singeries, vous restituerez à cette table son rôle originel, à savoir écrire dessus et non vous en servir comme d'un podium. »
Sur ces mots, Rogue se retira et Luciano sauta de sa table.
« Je crois que j'ai fait une entrée remarquée », dit-il à Drago en ayant l'air particulièrement content de lui.
~oOo~
Dans la journée du lendemain, une journée du mois de mars particulièrement ensoleillée – surtout par contraste avec la veille où un tel orage avait éclaté –, Luciano et Drago restèrent ensemble. Cela arrangeait Drago, car cela lui permettait d'avoir une compagnie plus distrayante et plus riche que celle de Crabbe et Goyle, ils étaient bien gentils – si, si ! –, cependant depuis quelques temps, dès qu'il pouvait éviter leur présence, il ne s'en privait pas. Les deux acolytes, bien qu'ils n'aient pas une intelligence très aiguisée, s'en étaient rendu compte. Ils avaient été assez vexés, néanmoins, jusque là, ils n'en avaient rien dit. En revanche, depuis hier et la réaction de Drago face à Francesco, ils le regardaient de façon étrange.
Drago redoutait leurs réactions futures et il avait raison.
« Alors, Malefoy, on se promène avec un Sang de bourbe ? » cracha Crabbe d'un ton méprisant alors que Drago et Luciano passaient devant eux.
Des élèves se tournèrent et regardèrent dans leur direction. Un an auparavant, là où le plus grand nombre y était plus ou moins habitué, cette insulte passait le plus souvent au-dessus des têtes de ceux qui n'étaient pas concernés. Cela faisait à présent bien longtemps que cette sorte d'insulte avait été lancée à Poudlard et cette injure lancée à voix haute en surprit et en scandalisa plus d'un.
Hermione était assise sur un banc, elle attendait le retour de Ron et Harry – ils étaient partis chercher le tout dernier livre qu'avait acheté Harry sur le Quidditch car ils avaient eu une dispute stupide sur le nom de l'attrapeur de l'équipe Ecossaise et ils étaient tous les deux persuadés d'avoir raison, le livre trancherait –, Francesco était avec elle. Ils discutaient de choses et d'autres. Elle appréciait beaucoup sa compagnie, il était moins puéril que ses deux amis. A la réplique de Crabbe, ils levèrent tous les deux la tête. Francesco se tourna vers elle.
« Qu'est-ce que c'est que ça "Sang de bourbe" ? C'est comme ça que vous appelez les Italiens ? demanda-t-il, la bouche crispée.
— Non, c'est comme ça que certaines personnes bien peu aimables nomment les sorciers descendants de Moldus. Ce serait le cas de ton frère ? »
Elle songea soudainement que si c'était le cas de son frère, c'était forcément le sien à lui aussi.
« Oui, exact. En quoi ça le gêne ? »
Hermione ne lui répondit pas. Elle n'avait pas envie de parler de cette "théorie" selon laquelle les sorciers de sang pur, les sorciers d'ascendance sorcière, étaient supérieurs aux autres. Elle passa sous silence aussi les questions que se posaient les sangs purs au sujet de la façon dont les nés-moldus avaient acquis leurs pouvoirs.
Le fait que Luciano et Francesco étaient des enfants de Moldus avait dû se savoir et était tombé dans les oreilles de Crabbe. Ce qui était bizarre, c'est que Crabbe se comportait très gentiment avec elle depuis quelques temps, et il adorait Geena Johnson, qu'est-ce qui lui prenait d'attaquer Luciano sur l'appartenance de ses parents au monde Moldu ? Il aurait joué la comédie en faisant semblant de se montrer aimable avec elle ?
Une chose intéressait Hermione : observer la réaction de Drago. Elle l'avait vu faire visiter tout Poudlard à Luciano, il avait l'air de très bien s'entendre avec lui, mais peut-être n'était-il pas encore au courant de ses origines, peut-être s'était-il bien comporté envers elle uniquement parce qu'elle lui avait sauvé la vie et qu'il se sentait redevable.
Non, tout ça ne tenait pas debout. Drago n'avait plus rien contre les Moldus, elle en était sûre. Quant à Crabbe, hé bien, il lui avait semblé que lui aussi n'avait plus rien contre les Moldus. Et puis, la phrase que Crabbe avait dite était plus destinée à Drago qu'à Luciano, elle l'avait sentie. Ce n'était pas Luciano qui était attaqué, mais bien le jeune Malefoy.
Pourtant, n'était-il pas censé être ami avec Crabbe ?
Ou du moins quelque chose d'approchant ?
« Qu'est-ce qui te prend, Vincent ? » demanda Drago, déboussolé. Crabbe ne pouvait pas avoir dit ce qu'il venait de dire, pas après les derniers mois qui s'étaient écoulés. Il était un des élèves les plus passionnés en cours de culture moldue et il avouait lui-même que ça lui avait ouvert l'esprit et de nouveaux horizons. Crabbe s'était mis à s'intéresser à beaucoup plus de choses et à vouloir être intelligent et cultivé. Ça l'avait pris comme ça.
Drago avait remarqué que Gregory et Vincent ne voulaient plus être dirigés par lui, qu'ils voulaient se diriger eux-mêmes. Dans un sens, c'était mieux ainsi, surtout pour eux, et Drago le savait, même si c'était la raison pour laquelle il les évitait car il avait dû mal à digérer de ne plus leur être indispensable, et surtout de ne plus être le chef. Cependant, il s'y habituerait. Surtout que Goyle et Crabbe étaient d'une compagnie plus agréable et avaient une conversation plus intéressante à présent.
Quelle mouche avait donc piqué Crabbe pour qu'il dise Crabbe pour qu'il dise une chose pareille ? Qu'est-ce qu'il avait contre Luciano ? Ou alors, qu'est-ce qu'il avait contre lui ? Il songea avec amertume qu'il était plutôt content que ses deux compères aient gagné en intelligence, eux qui étaient tout juste capables d'acquiescer et de ricaner bêtement jusque là, mais s'ils s'en servaient pour lui casser du sucre sur le dos…
« Qu'est-ce qui te prend à toi, Malefoy ? » cracha Crabbe.
Le monde à l'envers. Avant, c'était lui qui les appelait par leur nom de famille.
« Je croyais que le problème des Moldus et des Sangs-de-bourbe était définitivement réglé dans cette école. » Le terme lui avait échappé, Sang-de-bourbe avait toujours fait partie de son vocabulaire.
« C'est pas un problème de… de né-moldu. » L'expression qu'il avait employée le gênait à présent. « J'ai juste utilisé ce… ce mot-là, mais en fait, c'est pas ça qui me gêne. Ça, ça me gêne pas », bafouilla Crabbe. Il regrettait vraiment d'avoir utilisé cette expression, d'abord, parce que ça n'avait rien à voir avec l'ascendance moldue de Luciano, ensuite, parce qu'il trouvait les Moldus plutôt sympathiques depuis qu'il avait fait la connaissance de Miss Johnson.
« Alors quel est le problème ? Qu'est-ce que tu me reproches ? Qu'est-ce que tu reproches à Luciano ?
— à Luciano, rien… à part que…
— à part que quoi ? »
Vincent Crabbe paraissait extrêmement gêné de ce qu'il allait dire.
« C'était quoi ton manège avec son frère hier soir ? lâcha-t-il soudainement.
— Ah ! C'est donc ça ! s'exclama Luciano dans un rire. Fallait le dire plus tôt ! Mon frère est homosexuel, c'est ça qui te gêne ? »
Vincent Crabbe jeta un œil nerveux en direction de Francesco Datena. Le mot "homosexuel" le mettait visiblement très mal à l'aise.
« C'est rien de grave, c'est pas une maladie, ça va pas te contaminer », ajouta l'italien.
Francesco regarda Hermione en souriant.
« S'il y avait encore à Poudlard des gens qui n'avaient pas compris ce que j'étais, je crois qu'après ça, ça devrait être une affaire classée.
— On ne doit pas beaucoup parler de ce genre de sujet dans la famille de Crabbe. En tous cas, pas en bien. Tu as vu la tête qu'il fait, on dirait presque qu'il a peur de toi.
— Je vais aller lui parler. Je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. »
Francesco se leva.
« On parle de moi ? dit-il d'un ton faussement enjoué. Ce que je suis te gêne, Crabbe ? Il ne faut surtout pas. Je ne suis pas un pervers, je ne fais de mal à personne. C'est juste que je préfère les garçons… et si ça peut te rassurer : tu n'es pas du tout mon genre. »
Il y eut quelques sourires parmi l'assistance.
« De toute façon, ce n'est pas parce que lui est attiré par moi que je dois l'être par lui ! » s'exclama Drago. Il s'était posé beaucoup de questions aujourd'hui concernant Francesco, et il s'était rendu compte qu'il n'avait jamais été attiré par des filles, même les plus jolies. Cependant, il ne se sentait pas encore vraiment prêt à assumer son orientation sexuelle.
« Et tu n'es pas attiré par moi ?
— Non !
— Alors, je suppose que ça règle le problème, rétorqua Francesco avec un haussement d'épaules avant de retourner s'asseoir à côté d'Hermione.
— Il nie l'évidence, remarqua-t-elle.
— Est-ce que quelqu'un s'était déjà douté qu'il était homosexuel auparavant ?
— Non, rien ne nous avait amené à penser ça avant ton arrivée.
— Hé bien, lui non plus ne s'en était jamais douté. Ça va lui prendre un peu de temps avant de l'avouer à haute voix. C'est normal. »
Drago regarda Crabbe avec une espèce de tristesse dans les yeux.
« ça me fait bizarre, des garçons avec… des garçons », marmonna Vincent.
Crabbe n'était pas dupe. Il avait bien vu que Drago mentait quand il avait assuré qu'il n'était pas attiré par l'italien.
« Parce que tu crois que ça me fait pas bizarre à moi ? demanda Drago brusquement. Tu crois que ça ne me fait rien de découvrir ça tout à coup ? Tu crois que c'est simple pour moi ?
— Je suis désolé.
— Tu peux oui !
— Donc, tu l'es ? » fit Goyle.
Drago se mordit la lèvre et ne répondit pas. Peu importait qu'il réponde oui ou non ou qu'il se taise à présent car il sentait bien qu'il était transparent et que tout le monde avait déjà compris.
Combien de temps ça prendrait pour arriver aux oreilles de son père ?
Pansy n'avait rien manqué de ce qui s'était passé et elle était très contente. Oui, contrairement à ce qu'on aurait pu croire et étant d'une nature positive, elle était on ne peut plus heureuse. Drago était homosexuel ? Parfait ! ça expliquait tout ! C'est vrai, comment aurait-il pu lui résister s'il n'avait pas été homosexuel ? Elle aurait dû le deviner toute seule, c'était d'une telle évidence.
Elle se leva pour aller rejoindre ses amies, leur annoncer la confirmation de l'homosexualité de Drago et leur faire remarquer que ça expliquait pourquoi il n'avait jamais succombé à son charme fatal.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? fit Luciano.
— On va aller à Pré-au-Lard, c'est un village juste à côté, il est habité uniquement par des sorciers, répondit Drago d'un ton absent. C'est le weekend où on peut y aller. Personnellement, j'ai déjà vu tout ce que j'avais à voir là-bas, je n'y vais que quand j'ai quelque chose à acheter, mais comme tu viens d'arriver… »
Hermione regarda les deux Serpentard s'éloigner doucement.
« Tu ressens quoi exactement pour lui ? demanda-t-elle en se rappelant le coup de foudre – au propre comme au figuré – de la veille. Je veux dire : c'est quelque chose de fort ?
— Je ne sais pas. Il me fait de l'effet, c'est sûr », répondit Francesco en haussant les épaules.
Hermione hocha mollement la tête, elle hésitait à le questionner plus avant sur ce sujet et elle préféra en changer.
« Alors, comme ça, tes parents sont Moldus. C'est marrant que toi et ton frère soyez tous les deux sorciers.
— Oui, c'est pas courant, on me l'a déjà dit. Mais bon, c'est comme ça. Ça m'arrange dans un sens que mon frère le soit aussi, je me sens moins seul comme ça. Et ça évite de la jalousie, bien que je ne croie pas que mon frère aurait été jaloux si j'avais été le seul sorcier de la famille. » Il se laissa glisser contre le dossier du banc et regarda ses jambes croisées tendues devant lui. « Tu sais, mes parents ont fait une drôle de tête quand ils ont appris ce que j'étais. Ils s'y sont plutôt vite accoutumés quand j'y pense… mais je me souviens qu'ils m'ont quand même regardé comme si je venais de débarquer de Mars pendant deux ou trois jours. Ça m'a marqué, j'ai eu un peu peur sur le coup qu'ils ne me regardent plus jamais comme avant. Mes craintes étaient heureusement vaines. Et ça leur a rendu quelques services : un sorcier à la maison, ça peut servir. Surtout qu'en Italie, on avait le droit d'utiliser nos pouvoirs en dehors de l'école, il fallait juste qu'on soit discrets et que ce soit à bon escient. Et puis, ils ont appris que mon frère en était un aussi – du fait de leur expérience avec moi, ils l'ont compris plus tôt –, ils ont été un peu plus embêtés avec lui, car demander à mon frère d'être discret revient à demander à un géant s'il peut se planquer derrière un pied de tomates.
— Il était très calme aujourd'hui, surtout par rapport à hier.
— Mais il était calme hier… et il lui arrive de se montrer d'humeur paisible pendant un jour ou deux, voire trois. M'est avis que c'est le cas aujourd'hui. Non, vraiment, tu n'as encore rien vu, attends qu'il se soit accoutumé à ce nouvel environnement et tu comprendras mieux. »
Hermione éclata de rire. Voilà qui était prometteur pour la suite des évènements.
« Tiens, revoilà Harry et Ron… à voir leurs têtes, j'ai l'impression que Ron avait raison. »
Effectivement, leurs amis revenaient et le rouquin arborait un air triomphateur.
« Tu vois, je te l'avais dit, je le savais bien moi que c'était Alan Quanel. Il a remplacé Kirk Mcdowell au début de la dernière saison. T'as des lacunes, Harry, je te l'avais dit.
— J'avais loupé le changement d'équipe de McDowell, c'est pour ça. »
Ron s'assit à côté d'eux. Après avoir discuté avec Harry hier soir, et qu'Harry lui eut démontré que ce n'était pas bien grave que Francesco soit attiré par les garçons, et qu'en plus, s'il était attiré par le genre de Malefoy, il ne risquait pas d'être attiré par lui, Ron s'était fait à l'idée que Francesco était sans doute homosexuel et que, finalement, ce n'était pas bien grave.
Il se mit à lui poser des questions sur le Quidditch italien et il prenait déjà un petit air supérieur en lui déclarant qu'on ne pouvait pas dire que les joueurs italiens faisaient partie des meilleurs joueurs internationaux, en admettant toutefois qu'un des batteurs de l'équipe nationale italienne était tout de même assez exceptionnel, mais que, bon, c'était bien le seul qui sortait du lot. Francesco mit fin au déballage de Ron en avouant qu'il n'y connaissait rien en Quidditch et qu'il préférait le foot. Ron eut l'air tellement consterné qu'Hermione et Harry éclatèrent simultanément de rire.
« Mais comment peux-tu ne pas aimer le Quidditch ? C'est le sport le plus passionnant du monde ! Et le foot, parlons-en, Harry m'en a parlé, ça m'a l'air salement ennuyeux ! Ils n'ont même pas de balais volants !
— Heu, pour un sport Moldu, c'est un peu normal, non ?
— Oui, bien sûr… mais tu n'es pas un Moldu ! As-tu seulement déjà vu un match de Quidditch ? Parce que, pour moi, si tu n'aimes pas ça, c'est que tu n'en as jamais vu un ! C'est obligé !
— J'en ai déjà vu un. J'en ai même vu plusieurs. J'avais un pote qui pensait un peu comme toi en Italie, il m'a traîné à des tas de matchs de Quidditch pour essayer de me donner le goût de ce sport.
— Et ça te l'a pas donné ?
— Non… et pour me venger, je l'ai traîné à des tas de matchs de foot. »
Hermione et Harry rigolèrent de nouveau. Ron abandonna le combat et recommença à parler à Harry du sport qu'ils affectionnaient tant. Francesco glissa discrètement à l'oreille d'Hermione qu'en fait, il aimait le foot et le Quidditch, mais qu'il trouvait très distrayant de prétendre le contraire à Ron.
~oOo~
Severus Rogue avait observé la scène entre Crabbe et Malefoy du haut de la salle des professeurs et avait été plutôt soulagé de la façon dont cela s'était terminé.
« Encore une bonne chose de faite…
— Que dites-vous Severus ? fit la voix de McGonagall derrière lui.
— Rien, je parle tout seul. »
Il se redressa de l'appui de fenêtre et vit que Geena Johnson avait elle-aussi observé ce qui se passait.
« Tout va pour le mieux ! » s'exclama-t-elle joyeusement en continuant à regarder au dehors.
~oOo~
Luciano et Drago avait peut-être déjà fait deux cent mètres quand ils entendirent un bruit de course derrière eux.
« Att… pff… attendez-nous !! »
C'était Crabbe et Goyle qui les rejoignaient en courant. Le visage de Crabbe était rouge, son front était en sueur et sa respiration saccadée. Il s'arrêta à la hauteur de Luciano, se plia et posa les mains sur les genoux, tentant de reprendre son souffle. La course n'était pas faite pour lui. Ça ne lui ferait pourtant pas de mal, songea Drago en regardant son embonpoint. Goyle, lui, était plutôt frais, il tenait la forme malgré ses kilos en trop.
« On peut venir avec vous ? » demanda-t-il.
Drago sourit et fit signe que oui. Quand Crabbe avait commencé à lui reprocher son homosexualité à mots couverts, il avait craint que ce soit une hostilité bien ancrée, finalement, ça ne paraissait pas le gêner tant que ça puisqu'il avait fait l'immense effort de courir pour venir le rejoindre.
