Tout bien considéré…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 10 – Vaincre ses inhibitions—
Un mois s'était écoulé, Luciano s'était parfaitement intégré aux Serpentard et ils avaient pu constaté la folie du personnage. Il ne tenait pas en place et avait un talent naturel pour l'imitation et, nonobstant son accent italien, il imitait parfaitement qui il voulait. Il excellait notamment dans l'imitation de Severus Rogue, ce qui énervait considérablement ce dernier. N'était-ce pas gênant d'avoir un élève ajoutant des âneries à la fin de vos phrases avec votre voix ? Heureusement que son accent ne passait pas inaperçu, sinon les élèves n'auraient pas fait de différence entre le cours et ses stupidités.
Le problème était que cet idiot réussissait à le faire rire de temps en temps et ce n'était pas aisé d'ordonner à quelqu'un de s'arrêter alors qu'on ne pouvait s'empêcher de sourire, de vraiment sourire. Luciano était un clown irrésistible. Et les Serpentard et Gryffondor riaient à l'unisson lors des cours de potions et de soins aux créatures magiques.
Hermione était particulièrement sous le charme. Elle en était presque distraite pendant les cours communs. A chaque fois qu'elle croisait le Serpentard, elle le regardait et détournait aussitôt les yeux dès qu'elle constatait qu'il en faisait autant. Elle n'avait jamais osé lui parler. Et malgré son magnifique sourire imperturbable et son culot omniprésent, Luciano paraissait timide avec les filles. Elle avait craint un instant qu'il soit homosexuel comme son frère et avait posé discrètement la question à Francesco qui lui avait répondu que Luciano était un mystère, même pour lui, et qu'il n'avait donc aucune idée de ses inclinations.
~oOo~
Albus Dumbledore leva les yeux de la bande dessinée qu'il lisait, la ferma et la posa sur le bureau quand il entendit frapper à sa porte.
« Entrez ! » s'exclama-t-il avec entrain. Il était d'humeur joyeuse.
Geena Johnson passa sa frimousse par la porte d'entrée qu'elle venait d'entrouvrir.
« Je ne vous dérange pas ? fit-elle d'un air faussement timide.
— Non, non », mentit Dumbledore. En fait, il avait hâte de reprendre la lecture de sa bande dessinée, mais il fallait être disponible et il n'était pas sûr que finir une BD fasse partie des excuses recevables pour refuser la visite d'un de ses professeurs quand on était le prestigieux directeur d'une prestigieuse école.
Non, ça ne se faisait pas.
Le reste du corps de Geena suivit la tête. Elle ferma la porte derrière elle et s'avança d'un pas nonchalant vers le directeur. Elle avait sûrement quelque chose d'important à dire, mais n'avait pas l'air pressé de le faire. Il n'était pas prêt de reprendre le cours de sa bande dessinée.
« ça ne s'arrange pas entre vous et Severus, on dirait », fit-elle avec une petite moue en gratouillant Fumseck qui se laissa faire avec délectation.
Cela faisait un mois que Rogue n'adressait plus la parole à Dumbledore. Depuis qu'il s'était étonné qu'une Moldue puisse être une Serpentard, mais cela ne pouvait pas être pour ça… Il battait des records de susceptibilité si c'était le cas !
« à ce que j'ai compris, il en a assez que vous mésestimiez la maison Serpentard… notre maison », souligna-t-elle.
Alors oui, c'était bien ça, il lui en voulait pour une réflexion tout à fait anodine qu'il avait faite au banquet d'arrivée des deux jeunes italiens.
« Ce n'est apparemment pas la première fois que vous jugez les Serpentard comme des étudiants que l'on doit mettre à part des autres. Après tout, selon vous, il n'y a que des mauvais sorciers parmi eux. »
Elle arrêta de regarder Fumseck pour couler un œil vers Dumbledore afin de guetter sa réaction. Elle avait longtemps cherché ce qui pourrait troubler le vieil homme et pensait avoir trouvé.
« Quoi ! Mais enfin, mais… mais non ! Comment pouvez-vous dire ça ? Et où êtes-vous allé chercher une idée aussi saugrenue ?
— De la bouche même de celui qui vous en veut, Albus. Vous passez votre temps à le rabaisser depuis des années et à traiter les Serpentard comme quantité négligeable. Vous pouvez vous estimer heureux qu'il ne soit pas resté mangemort dans ces conditions. »
L'exagération est une excellente méthode pour faire réagir quelqu'un.
« Moi ? Le rabaisser ? Mais… c'est un ami, se défendit-il.
— Ne faites pas l'innocent Albus. » Geena s'éloigna de Fumseck et se rapprocha du bureau.
« Il m'arrive de le taquiner, c'est tout. Comment peut-il penser…
— Le taquiner ? Ce n'est pas l'impression que ça lui laisse. Il trouve que vous vous servez de lui contre Voldemort, Albus, et que pour le reste, c'est juste un Serpentard, et que les Serpentard pour vous… ça ne vaut pas grand-chose. »
ça, c'était textuellement ce que lui avait dit Severus. Certes, il était probablement très en colère au moment où il lui tenu ces propos. Trop d'émotions refoulées, dont certaines ne devaient même pas concerner Dumbledore, mais tout s'était libéré d'un seul coup contre lui. Cependant, c'est quand les gens sont en colère qu'ils disent ce qu'ils ont réellement sur le cœur, qu'ils disent les choses, pas forcément telles qu'elles sont, mais comme ils les ressentent.
La Vérité n'était pas du domaine de Geena, elle laissait ça aux philosophes. Néanmoins, la vérité à l'intérieur de chaque être, c'est-à-dire la façon dont chaque être percevait les choses, c'était là que ce situait l'important pour elle : dans le ressenti. C'était toujours là qu'on trouvait les raisons des amours et des haines de chaque être. Rien d'objectif, que du subjectif, c'était pour ça que la vie était si compliquée.
Pour elle, Dumbledore ne s'était pas assez soucié du ressenti de certaines personnes concernant ses paroles ou ses actes. Chaque personne fonctionnant différemment, il est vrai que c'était difficile. Surtout qu'elle avait l'impression que Dumbledore avait du mal à cerner les Serpentard, à les comprendre, à les écouter. Ce qui expliquait beaucoup de choses.
Albus Dumbledore avait totalement oublié la bande dessinée qui sommeillait sur son bureau. Il avait d'un seul coup bien d'autres chats à fouetter. Ce que venait de dire Geena Johnson le peinait terriblement. Il n'avait jamais mésestimé Severus, c'était un être compétent, fiable, courageux et jamais à court de ressources. De plus, si c'était vrai qu'il avait tendance à se méfier malgré lui des Serpentard, il n'avait jamais pensé un seul instant qu'il n'y avait que des mauvais sorciers parmi eux. Il n'était pas du genre à faire des généralités. Comment Severus pouvait estimer qu'il fonctionnait ainsi ?
« Severus vous parle. Il ne me parle pas autant à moi. Peut-être d'ailleurs êtes-vous la seule personne à qui il parle autant. »
Geena ignora ce que venait de dire le directeur.
« Si vous tenez à Severus, je vous conseille d'aller vous excuser… ou quelque chose dans ce goût-là. Il m'a confiée qu'il partirait de Poudlard sitôt que Voldemort ne serait plus de ce monde, si tant est que ça arrive un jour bien sûr, mais c'est son souhait le plus cher et il est intimement convaincu que ça finira par arriver. Voilà, Albus, la seule raison pour laquelle il reste auprès de vous. »
Dumbledore restait silencieux.
« Avouez-le Albus, vous vous méfiez des Serpentard. J'ai même l'impression que vous êtes plus distant envers moi depuis que j'en suis devenue une. Cela dit, je me fais peut-être des idées. » Elle tordit sa bouche en une grimace agacée. « Vous avez confiance en Severus en tant qu'homme, mais vous vous méfiez de lui en tant que Serpentard.
— Beaucoup de Serpentard sont devenus Mangemorts, mais je sais que Severus est différent d'eux.
— Et voilà, vous venez encore de reléguer les Serpentard au rang des espèces nuisibles.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire, je me suis mal exprimé ! »
C'était vrai. Bon sang, il y avait beaucoup de bons éléments parmi les Serpentard. Il ne l'ignorait pas. Même Drago Malefoy en était un quand il voulait bien s'en donner la peine.
« Moi qui vous prenais pour un homme qui se faisait facilement comprendre… Juste une chose – laissez-moi replacer ça dans le contexte –, il y a quatre ans, Voldemort a cherché à s'emparer de la pierre philosophale, mais Harry Potter a su l'en empêcher – jusqu'ici tout va bien, c'est après que ça se gâte –, lors du banquet final de cette année-là, vous avez annoncé les résultats pour la compétition entre les quatre maisons, les Serpentard étaient en tête, la salle était décorée aux couleurs de leur maison comme le veut la tradition. Après avoir annoncé tranquillement les scores qui donnaient les Serpentard gagnants, vous vous êtes mis à rajouter des points aux Gryffondor. Et vas-y que je te mette cinquante points à Hermione, et cinquante points à Ron aussi, et puis, soixante points à Harry. Et là, chose incroyable – et absolument pas calculée évidemment –, Gryffondor qui était tout en bas du classement se retrouve en-tête égalité avec Serpentard. Et le coup final arrive : dix points pour Neville. Ooooooh, comme c'est étrange, Gryffondor a gagné avec dix points d'avance ! Et hop là ! On change le décor de la salle.
— Ils méritaient ces points ! s'exclama Albus.
— Là n'est pas la question ! » Le ton de Geena, doucement ironique pendant son récit, s'était fait sévère. « La question, c'est de savoir, comment, coïncidence bizarre, vous leur avez donnés juste assez de points pour gagner et, surtout, pourquoi vous avez attendu le banquet final, attendu que la salle soit décorée aux couleurs de Serpentard, attendu d'avoir annoncé les scores qui donnait les Serpentard vainqueurs, bref pourquoi avez-vous attendu que les Serpentard soient sûrs d'avoir gagné et contents de leur victoire pour faire vos petites manipulations ? Vous ne trouvez pas ça… cruel ? Vous n'allez quand même pas me dire que c'était pour les taquiner comme vous le faites si bien avec Severus ? » Geena ménagea une pause avant de poursuivre. « Vous avez tout à fait raison : les Gryffondor méritaient amplement ces points, c'est la méthode que je désapprouve.
— J'aurais sans doute dû le faire avant », admit Albus en songeant à cet épisode. Il avait voulu faire durer le suspense, il était content que Gryffondor gagne et il avait voulu mettre en valeur ces points donnés car il les jugeait particulièrement mérités, Mais il ne s'était absolument pas soucié de ce qu'avait pu ressentir les Serpentard quand il avait fait cela. Cela étant, Geena se trompait sur un point, et pas des moindres, il n'avait pas fait ça pour être cruel avec eux, il n'y avait juste pas songé, voilà tout. A présent qu'il y repensait, cela semblait d'une évidence flagrante.
« Sans doute, oui ! Imaginez que vous voulez quelque chose, que vous faites tout ce qui est en votre possible pour l'avoir, que vous l'obteniez, et là, on vous le retire pour le donner à quelqu'un d'autre. Quelqu'un que vous détestez en prime ! C'est méchant, c'est cruel, c'est petit. Avouez-le, vous aviez envie de vous amusez au dépens des Serpentard, n'est-ce pas ?
— Je vous assure que… commença Albus.
— Quand on organise une compétition comme celle-là, la moindre des choses, c'est d'en respecter les règles, Albus ! Et je ne suis pas sûre que rajouter des points au tout dernier moment soit très loyal. Cette loyauté qui, j'en suis sûre, vous est chère. Ce que vous avez fait, j'appelle ça un coup dans le dos. C'est indigne de vous… du moins, je le croyais. Mais sans doute estimez-vous que c'est digne des Serpentard et que ce n'est que leur rendre la monnaie de leur pièce. »
Dumbledore se leva d'un bond et plaqua ses mains sur son bureau de manière sonore.
« Bon, ça suffit ! Oui, je fais des erreurs, oui, je suis comme tout le monde, oui, j'ai tendance à me méfier des Serpentard.
— Et après, vous vous étonnez que les Serpentard se méfient de vous ? »
Dumbledore ne répondit rien et se rassit, la mine basse. Geena s'interdit de sourire. Elle l'avait acculé au pied du mur. Ce n'était pas facile de faire douter le vieil homme. Il en général très conscient de ses actes et de leur portée, conscient aussi de son rôle et de son importance. Mais – bon sang ! – qu'il n'était pas doué avec les Serpentard…
Et Geena était une Serpentard.
Sans nul doute.
De prime abord, cela avait étonné Albus qu'elle en soit une. A présent, en tête à tête avec lui, elle lui montrait la légitimité de son appartenance à cette maison. C'était une Serpentard, aucun doute à avoir là-dessus. Elle en avait tout à fait le caractère, Albus était forcé de le reconnaître.
Elle estima Dumbledore à point pour la suite et passa à ce qui lui semblait important, son but premier en venant ici.
« Mais je ne suis pas venue pour ça, je suis venue vous voir pour vous dire que je trouve que la coupe des quatre maisons est une chose dangereuse pour l'entente entre tous les étudiants… même quand le directeur ne se mêle pas de modifier les résultats au tout dernier moment. Cette compétition est pratique dans le sens où elle force les élèves à respecter le règlement pour ne pas pénaliser leur maison, et cela leur fait un but à poursuivre. Cependant, soyons sérieux, les élèves ont déjà comme but d'obtenir leurs diplômes et de devenir des sorciers compétents, n'est-ce pas déjà grandement suffisant comme objectif ? Dans les autres écoles, y compris celles de sorcellerie, ça fonctionne comme ça et je ne pense pas que les élèves enfreignent beaucoup plus le règlement qu'ici. Sans compter qu'au niveau de l'affrontement entre les maisons, il y a déjà la coupe de Quidditch, et là encore, c'est grandement suffisant question compétition. De plus, je n'ai rien contre cette idée des maisons – j'ai d'ailleurs insisté pour en avoir une moi aussi –, mais cela sépare trop les élèves, ça les range dans une catégorie au début de leur première année et après ils n'ont plus moyen d'en sortir jusqu'à leur septième année et même après. Ils sont catalogués, étiquetés. Ce n'est pas bon ! Ils ne se mélangent pas assez, ils ne se connaissent pas assez. Même entre les maisons autres que Serpentard, ils ne se connaissent pas vraiment ! Il faudrait qu'ils se mélangent un peu plus. Ça contribuerait à leur épanouissement et à leur évolution… évolution dans le bon sens.
— Cette école de sorcellerie a été fondée sur le principe des quatre maisons du fait des quatre mages qui l'ont créée et personne ne s'en est plaint jusqu'à présent ! A présent, sortez, j'ai du travail ! » lui rétorqua sèchement le directeur. Il s'étonna lui-même de la dureté de son ton. Cela étant, il était déstabilisé et ça ne lui arrivait jamais normalement. Il fallait qu'il fasse le point. Et pour cela, il fallait qu'il soit seul.
Geena jeta un coup d'œil dédaigneux à la bande dessinée, tourna les talons et sortit. Le regard qu'elle avait jeté à sa lecture était typiquement Serpentard. Albus regarda quelques instants la porte fermée en songeant que c'était sans doute la première fois qu'une personne arrivait à le faire douter de lui-même. Une bonne introspection s'imposait sans doute. Sans oublier qu'il lui faudrait aller voir Severus pour lui parler franchement. Mais avant tout, résoudre ce premier problème : que pensait-il réellement des Serpentard ? Rabaissait-il sans s'en rendre compte le meilleur professeur de potions qu'il ait pu rêver d'avoir et un espion indispensable dans sa lutte contre Voldemort ? Et si oui, juste parce qu'il était Serpentard ?
Il lui refusait chaque année le poste de professeur de défense contre les forces du mal, mais c'était parce qu'il lui faudrait chercher un autre maître des potions et il était très content de celui-ci. En plus, s'il ne croyait pas vraiment à cette soi-disant malédiction, le fait était là : personne n'était resté à ce poste plus d'un an depuis sa création, et sans être superstitieux, il n'avait absolument aucune envie de prendre le risque de perdre Severus que ce soit par départ anticipé… ou décès prématuré.
Pour ce qui était des Serpentard, Geena avait raison, il s'en méfiait. Il devait aussi avouer qu'il ne les connaissait pas vraiment. Il ne savait pas trop comment fonctionnait un Serpentard. Il fallait qu'il ait une discussion avec Severus à propos de tout ça.
~oOo~
Geena Johnson débarqua comme une tornade au dîner. Elle grimpa sur la table des professeurs devant les yeux écarquillés de McGonagall et exhorta les élèves à se mélanger, à changer de table, à discuter avec les élèves des autres maisons. Un grand silence succéda à son discours et aucun élève ne bougea.
Harry regardait discrètement Cho Chang à la table des Serdaigle et Hermione se disait qu'elle rejoindrait bien Luciano à la table des Serpentard, surtout qu'elle s'entendait très bien avec tous les cinquièmes années maintenant, même avec Pansy – surtout depuis que celle-ci savait que Drago était homosexuel, elle avait eu la même impression que Ron : Hermione et le jeune Malefoy étaient un peu trop proches à son goût, Francesco avait définitivement réglé le problème en débarquant –, Hermione hésitait à y aller malgré l'invitation de Geena Johnson.
« Hé bien alors ? s'exclama cette dernière, se servant toujours de la table attribuée aux professeurs comme d'une estrade. Qu'est-ce que vous attendez ? Vous avez peur ? Ou vous n'avez juste pas envie de vous mélanger ? »
Francesco Datena se leva brusquement de la table des Gryffondor et tira un peu sur le bras d'Hermione pour l'inciter à le suivre. Ils partirent tous deux à la table des Serpentard. C'était lancé. Crabbe et Goyle se levèrent pour que Francesco et Hermione puissent s'asseoir près de Luciano et Drago, puis, ils partirent à la table des Poufsouffle pour aller voir Enrick Laves et ses copains avec qui ils s'entendaient bien que jusque-là ils soient restés très discrets sur cette amitié avec des Poufsouffle. Pansy se fit inviter par des Gryffondor car l'une d'elle voulait changer un peu de style et Pansy avait l'air d'avoir de l'expérience de ce côté-là. Pansy aux cheveux verts – et à qui ça allait plutôt bien – se laissa convaincre – elle avait toujours été sensible à la flatterie – et partit avec ses amies Cassandra et Millicent à la table des Gryffondor.
« Heu, Ron, si on allait à la table des Serdaigle ? bredouilla Harry.
— Pas trop loin de Cho je suppose ? » demanda Ron avec un sourire en coin.
Harry fit un haussement d'épaules et ils se levèrent tous les deux. A ce moment-là, Suzanne, une Serpentard de deuxième année très culottée, interpella Rogue qui passait juste à côté d'elle pour rejoindre la table des professeurs.
« Professeur, venez donc vous joindre à nous !
— C'est que… fit Rogue, décontenancé par cette invitation impromptue, il venait d'arriver et n'avait pas entendu la requête de sa collègue.
— Très bonne idée ! intervint Geena Johnson, qui était enfin descendue de la table. Moi aussi, je peux me joindre à vous ? »
De nombreux autres changements de places se firent encore et quand Dumbledore arriva, il put constater un certain mélange de blasons et un niveau sonore beaucoup plus élevé que d'habitude. Il regarda McGonagall avec un air de se demander s'il ne s'était pas trompé d'école. Minerva lui fit signe de s'approcher et lui raconta l'initiative de Geena, initiative qu'elle trouvait par ailleurs excellente. En entendant le nom de Geena, Albus regarda la place où elle était assise habituellement, mais son siège était vide.
« A propos de Geena, où est-elle ? Et Severus ?
— Ils sont tous les deux à la table des Serpentard. »
Dumbledore les chercha du regard et les trouva. Ils étaient assis côte à côte au milieu de leurs élèves et, événement notable, Severus avait la mine plutôt souriante. Albus décida de ne pas aller le voir tout de suite, mais d'attendre la fin du repas, histoire de ne pas gâcher la bonne ambiance qui régnait à la table des Serpentard par sa présence indésirable.
A la fin du dîner, alors que les élèves s'éparpillèrent pour rejoindre leurs dortoirs, Rogue termina son repas dans une atmosphère plus calme et appréciable. Il mâchonna distraitement la dernière bouchée de son dessert, se leva et partit en direction de ses appartements. Dumbledore, qui guettait l'occasion, s'arrangea pour croiser son chemin et l'invita à discuter. Le professeur de potions fut tenté de refuser et de passer son chemin. Il en avait assez de Dumbledore, de la façon dont il le traitait et de son favoritisme envers les Gryffondor.
Certes, lui aussi faisait du favoritisme, cependant, c'était envers les Serpentard, dont il était le responsable de maison. Dumbledore était directeur de l'école, de toute l'école, et donc, de toutes les maisons. On était donc en droit de s'attendre à une certaine neutralité de sa part, or ce n'était absolument pas le cas, à son avis du moins. De plus, Rogue avait dû supporter ce favoritisme prononcé durant toute sa scolarité, Dumbledore avait toujours préféré Potter et le reste de la bande des maraudeurs, il était normal et juste – à son sens – qu'il prenne sa revanche à présent. Dumbledore était responsable de sa partialité, il ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce.
Le directeur avait l'air tellement contrit qu'il décida d'accéder à sa demande et de lui accorder cinq minutes – seulement cinq, pas une de plus –, et ça se ferait en marchant, pas question qu'il s'arrête pour lui consacrer du temps.
« Vous ne me donnez plus de nouvelles de Voldemort, entama Albus.
— Il ne se prépare rien actuellement. Ne vous en faites pas, je veille au grain, lui assura Severus d'un ton morne en songeant qu'il n'y avait vraiment que ça qui l'intéressait chez lui.
— Severus, avez-vous été vraiment peiné par mon comportement envers vous ou les Serpentard ? »
Severus stoppa sa marche et regarda le directeur dans le blanc des yeux.
« A votre avis ? fit-il agressivement.
— Je tiens à m'en excuser. Je dois dire que je ne m'étais pas bien rendu compte jusque-là du traitement que je vous imposais.
— Epargnez-moi ce genre de couplet. Vous ne vous en étiez pas rendu compte ? A qui voulez-vous faire croire ça ? Vous vous moquez de moi, Albus… comme vous le faites depuis des années.
— J'ai tendance à vous taquiner, mais ça ne veut pas dire que je ne vous apprécie pas, je ne m'étais pas rendu compte à quel point ça vous faisait du mal.
— Mais vous le saviez que ça me faisait du mal ! Peu importe à quel point ça m'en faisait, vous saviez que je détestais ça, c'est justement ça qui vous amusait. Albus, si je n'avais pas été le seul que vous traitiez ainsi, ou alors, si vous l'aviez moins fait, cela aurait passé. D'ailleurs, je l'ai supporté pendant des années, sans doute car j'estimais que j'avais une dette envers vous pour la confiance que vous m'avez donnée. Pourtant, je l'ai déjà payée cette confiance. Je l'ai même payée le double ou le triple de son prix. Je ne suis pas un jouet Albus, ne croyez pas que je n'ai pas remarqué comme ça vous amuse de contredire mes propos, de me refuser le poste que je convoite, d'annuler mes décisions, bref, de me rabaisser à tout bout de champ. Pourquoi me traitez-vous ainsi Albus ? C'est pour me punir d'avoir été mangemort ? Même pour le peu de temps que je l'ai été ? Même après tout ce que j'ai fait pour me racheter ? Et même alors que vous savez pourquoi je le suis devenu ? Ou alors, est-ce tout simplement pour me punir d'être un Serpentard ?
— Je n'ai jamais eu l'intention de vous punir de quoi que ce soit ! D'accord, je me méfie des Serpentard depuis un certain nombre d'années, je l'avoue. C'est à cause de la nature même du créateur de cette maison que je me méfie.
— On devient Serpentard parce qu'on est ambitieux, qu'on est intelligent, ou parce qu'on est rusé. Pas parce qu'on déteste les Moldus, qu'on est prêt à vendre père et mère ou parce que notre seul but dans la vie est de détruire toute existence heureuse sur Terre. »
C'était incroyable ce que des toutes petites vexations cumulées sur un grand nombre d'années pouvaient donner au final. Severus était réellement furieux contre lui. Il ne s'était pas attendu à ça.
« Je vous demande pardon. » Il lui semblait que c'était la seule chose à dire, la seule chose à faire.
« ça n'est pas suffisant. Surtout si vous ne changez pas de comportement.
— Je vais en changer. »
Moins de taquineries. Moins de partialité.
« Et ça n'est pas suffisant car il n'y a pas qu'à moi qu'il faut que vous fassiez des excuses. »
Le maître es potions attendit, il espérait vaguement que le directeur trouverait tout seul à qui il devait s'excuser, mais ce dernier paraissait ne pas savoir.
« Il faut que vous vous excusiez humblement auprès de tous les Serpentard. »
Albus soupira, il ne s'estimait pas en devoir de s'excuser. Certes, il avouait ne s'être pas toujours montré parfaitement juste envers les Serpentard. être juste en permanence n'était pas chose aisée. Il avouait au moins une erreur, mais le reste du temps, il pensait avoir été à peu près équitable, autant qu'on pouvait l'être. Cependant, il était prêt à tout pour regagner l'amitié de Severus.
« Très bien, allons-y tout de suite, le plus tôt sera le mieux. »
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Ce soir-là, les Serpentard eurent donc droit à une visite exceptionnelle de leur directeur, accompagné de Severus Rogue, légèrement en retrait, un sourire goguenard aux lèvres. Ce dernier enjoignit à deux Serpentard, une fille et un garçon, d'aller quérir les élèves qui se trouvaient dans les dortoirs afin que tous soient présents dans la salle commune.
Dumbledore s'excusa platement pour la coupe des quatre maisons dont il avait changé les résultats à la dernière minute, pour le reste, comme il ne voyait pas ce qu'il avait pu faire d'autre, mais qu'il y avait sûrement des babioles dont il ne s'était absolument pas rendu compte mais qui avait dû rester sur le cœur de Severus – et de certains élèves sans doute –, il s'excusa de tout ce qu'il aurait pu faire qui aurait causé du tort à la maison Serpentard et invita les élèves, dans l'avenir, à leur faire part de leur grief s'ils estimaient être lésés, ce qui lui permettra de s'expliquer, voire de réparer, et cela évitera à tout le monde de garder des rancunes sur le cœur, surtout quand le tort est fait par mégarde.
Au fur et à mesure qu'il parlait, il se rendait compte à quel point ce qu'il disait pouvait être important. Les problèmes les plus graves venaient souvent du fait que les gens avaient trop tendance à garder les choses pour eux et ne se parlaient pas assez. Etait-il bête de ne pas avoir pris les Serpentard entre quatre yeux plus tôt alors qu'il savait parfaitement que ceux-ci ne l'aimaient pas. Pourquoi n'avait-il jamais cherché à en comprendre la raison auparavant ?
Les Serpentard écoutèrent dans un silence religieux les propos du directeur. Ne trouvant rien à ajouter, Albus Dumbledore se tourna vers Rogue.
« ça ira comme ça ? demanda-t-il, offrant ainsi le plaisir supplémentaire à Severus que tous les élèves constatent que c'était grâce à lui que Dumbledore était venu faire son mea culpa.
— Oui, je pense », accorda Severus Rogue après avoir fait semblant d'y réfléchir. « Est-ce que ça vous convient ? » ajouta-t-il à l'adresse des élèves.
Les élèves répondirent par l'affirmative, ils semblaient tous assez satisfaits. Albus s'apprêtait à prendre congé quand il se retourna vers les élèves.
« Je me suis promis de vous respecter et de vous faire confiance et j'ai bien l'intention de tenir cette promesse. J'espère que ce sera réciproque, que vous me ferez confiance en retour. Ai-je raison de l'espérer ? »
Les élèves s'entreregardèrent. Drago prit la parole au nom du groupe.
« Si vous honorez cette promesse, il n'y a aucune raison pour que nous n'en fassions pas autant de notre côté. Nous ne sommes pas aussi ingrats que les gens croient. Vous savez, contrairement à ce que mon père pense, vous êtes un très bon directeur et vous faites des bons choix… notamment en ce qui concerne Miss Johnson.
— Votre père était un Serpentard et je commence à me demander si les Serpentard ne m'ont pas toujours détesté. Si c'est le cas, alors, j'espère que vous serez les premiers à m'apprécier, souhaita Dumbledore. Sauf si votre responsable consent à ne plus m'en vouloir, ce qui ferait que ça serait lui le premier, ajouta-t-il, l'œil en coin.
— Disons que je suis le premier alors », répondit Severus.
Le soulagement d'Albus Dumbledore se lut sur son visage. Il n'avait jamais pris autant conscience que son amitié importait beaucoup pour lui.
~oOo~
Il avait été décidé – à l'instigation conjointe de Dumbledore et de Johnson – d'organiser une fête à thème et le thème en question était "les moldus", il fallait donc s'habiller à la moldue et la musique passée durant la soirée serait de la musique moldue.
Johnson se vêtit d'un jean clair, d'un débardeur et d'une veste légère. Rogue fit particulièrement sensation en venant en jean et tee-shirt – à manches longues, il ne fallait pas abuser – noirs. Les étudiantes eurent le souffle coupé de constater quelles formes il avait car avec sa façon de s'habiller habituelle, elles n'avaient jamais distingué grand-chose. A présent, ses vêtements lui moulaient le corps et elles pouvaient apprécier.
Une Serdaigle prit un air scandalisé et murmura à ses amies :
« Et il attend que je sois rendue à la fin de ma septième année pour me montrer la seule chose intéressante qu'il y a dans son cours : son p'tit cul ! Ah la la, s'il l'avait mis en valeur plus tôt, je peux vous assurer qu'au lieu d'y aller à reculons, j'aurais couru pour aller en cours de potions ! »
Ses copines éclatèrent de rire et continuèrent d'observer à la dérobée l'arrière-train de leur maître des potions.
~oOo~
Ron et Harry étaient sortis prendre l'air. La chaleur qui régnait dans la pièce – causée par l'entassement de corps dansant frénétiquement – les avait décidés à sortir un peu. Hermione, elle, dansait un rock endiablé avec Luciano Datena. Il allait trop vite pour elle et l'avait déjà fait tomber deux fois. Elle ne s'était pas fait mal car il avait à chaque fois eu les réflexes nécessaires pour amortir sa chute, sans doute était-il habitué à ce que les filles se renversent quand elles dansaient avec lui.
« C'est cool cette soirée, tu ne trouves pas ? » demanda Ron. Ses cheveux étaient trempés, de la sueur dégoulinait de son front.
« Si, y a de l'ambiance. Johnson a fait une bonne programmation pour les disques, répondit Harry.
— Punaise, ça fait bizarre de voir tout le monde habillé comme ça.
— Ouais, c'est sacrément sympa, je trouve.
— ça change et ça fait du bien. »
Ils restèrent sans parler pendant deux ou trois minutes, savourant l'air qui les rafraîchissait après avoir dansés comme des fous pendant trois heures d'affilée. Harry avait réussi à inviter Cho pour un solo et en était particulièrement content, il se l'était ensuite fait ravir par un Poufsouffle, mais elle lui avait promis une nouvelle danse avant la fin de la soirée.
Soudainement, Harry poussa Ron sur le côté. Ron s'apprêta à lui demander avec forces protestations à quoi il jouait mais Harry lui plaqua une main sur la bouche, lui fit signe avec un doigt de se taire et lui indiqua ensuite une direction avec son doigt. Ron fut intrigué, Harry enleva sa main et son ami s'avança en silence pour voir ce qu'il y avait à voir.
Au bout de l'allée dans laquelle ils se trouvaient avant qu'Harry ne les pousse sur le côté, un couple était en train de s'embrasser. Ron ne discerna pas tout de suite de qui il s'agissait, mais la silhouette de l'homme se penchant légèrement pour embrasser la fille lui était familière. La lune se découvrit et Ron put constater avec stupéfaction qu'il s'agissait de Severus Rogue et Geena Johnson.
« ça alors », murmura-t-il. Harry lui fit de nouveau signe de se taire, le couple parlait à présent, il savait que c'était mal d'écouter les conversations privées, mais il était sidéré par ce qu'il voyait et avait envie d'en savoir plus.
« Hé bien, Severus, on dirait bien que l'alcool est efficace pour briser vos inhibitions. Si j'avais su, je vous aurais saoulé plus tôt.
— Je n'ai pas tellement bu.
— Un peu quand même, non ? »
Ron tira Harry par le tee-shirt et ils retournèrent dans la salle rendre compte de ce qu'ils avaient vu. Ils trouvèrent Hermione au bar en train de siroter un jus d'orange avec Luciano.
« On a vu Johnson et Rogue en train de se rouler une pelle ! » s'exclama Ron devant Hermione. Il avait parlé très fort et Hermione n'avait pas été la seule à bénéficier de cette information. Un groupe se forma très vite autour d'eux.
« Tu plaisantes ? s'exclama un autre Gryffondor.
— Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à aller voir toi-même.
— On va tous aller vérifier tes dires, Weasley », fit Drago. Il ne croyait pas un mot de ce que Ron venait de dire. Non pas qu'il pensait que le rouquin mentait, non, juste que cet idiot avait dû se méprendre. Après tout, ce n'était qu'un Weasley. Son père se trompait sur le compte de Dumbledore et des Moldus, en revanche, pour ce qui était des Weasley…
ça lui rappela la dernière lettre de son père. Le pauvre avait dû supporter Percy Weasley durant deux heures à propos d'une histoire de chaudrons mexicains et de balais espagnols qui n'étaient pas aux normes. Lucius s'était demandé si Arthur n'avait pas envoyé son fils exprès pour le tourmenter, surtout que s'il y avait bien une chose dont Lucius Malefoy se fichait, c'était bien de la taille des chaudrons et des balais. En plus, qu'est-ce qu'il pouvait bien y faire ? Il lui avait répété pendant deux heures que les normes "chaudroniques" ne le concernaient pas, que ce n'était pas son rôle, qu'il s'en fichait royalement, qu'il aille voir un autre service et ailleurs s'il y était. Déjà, au bout de dix minutes, il avait eu envie de le frapper et s'était retenu à grand-peine d'envoyer valser violemment ses mains sur les joues de ce jeune crétin tatillon. Ça l'avait énervé pour le reste de la journée. Conclusion : à côté de son fils, Arthur Weasley lui semblait presque d'une compagnie agréable.
Drago s'était rapproché d'Hermione, il gardait cependant ses distances avec Harry et se moquait toujours autant de Ron. Il y avait peut-être un Weasley qu'il supportait, ou plutôt une : Ginny, elle avait l'air plus intelligente que le reste de sa famille, ce qui le gênait chez elle par contre, c'est qu'à chaque fois qu'elle le voyait, elle le regardait d'une façon qui le mettait mal à l'aise. Il avait la nette impression qu'elle le déshabillait du regard.
« Allons-y vite, avant qu'ils arrêtent, décida Ron.
— Encore faudrait-il qu'ils aient commencé quoi que ce soit », rétorqua Drago, toujours aussi dubitatif.
Un groupe d'une vingtaine de personnes sortit de la salle en même temps.
« Quelle mouche les pique ? » murmura McGonagall, observant ce mouvement de foule. Elle reporta son attention sur Dumbledore qui dansait un rock endiablé avec Bibine. La chanson s'acheva et Dumbledore vint s'échouer à côté d'elle.
« Quelle santé cette femme ! » s'exclama-t-il joyeusement en regardant Bibine qui restait sur la piste pour entamer la prochaine danse, en l'occurrence, un morceau techno. « Vous ne dansez pas, Minerva ?
— Bien sûr que si, j'ai dansé tout à l'heure. Mais cette musique, c'est un peu trop pour moi.
— Pour ma part, j'aime beaucoup, mais je vais me reposer un peu, cette danse m'a coupé les jambes ! »
A moins que ce ne soit l'alcool, rectifia intérieurement Minerva. Si les élèves marchaient au soda et à l'orangeade, les professeurs carburaient au vin moelleux que les elfes leur avaient spécialement mis de côté à la demande de Geena : « Mais surtout, vous ne dites pas que c'est moi qui vous l'aie demandé ». Il était tout à fait exceptionnel que les professeurs boivent de l'alcool devant leurs élèves, mais une fois n'était pas coutume. Ce vin se buvait très facilement et sans être saouls, les professeurs étaient beaucoup plus gais que d'habitude, ce qui faisait beaucoup rire les élèves.
~oOo~
Les élèves espions se rapprochèrent le plus discrètement qu'un groupe de cette taille le pouvait et purent constater que Ron et Harry n'avaient pas eu la berlue : Johnson et Rogue étaient serrés l'un contre l'autre et s'embrassaient langoureusement.
« Dites donc, faut surtout pas vous gêner ! » s'exclama Drago à haute voix en sortant à découvert. Le couple sursauta et Severus s'écarta instinctivement de Geena.
« Tu le dis si t'as honte ? lui reprocha-t-elle immédiatement.
— Je vois qu'on sait s'occuper chez les professeurs. Potter et Weasley sont venus nous avertir que vous étiez collés l'un à l'autre. On s'est inquiétés, on a eu peur que quelqu'un vous ait ensorcelés.
— Mais c'est le cas… Sevy m'a envoûtée ! »
Drago ne put s'empêcher de rire en entendant ce diminutif, et il ne fut pas le seul, les élèves se mordirent les lèvres derrière les buissons pour s'empêcher de ricaner. Rogue ne paraissait pas autrement gêné et son premier réflexe de s'écarter de Geena était passé. De toute façon, l'alcool qu'il avait avalé ce soir l'empêchait d'agir de sa façon habituelle.
« Et d'abord, reprit Geena en montrant du doigt Drago et en prenant un air suspicieux, qu'est-ce que tu fais là à me mater en train d'embrasser Severus… alors que toi, tu devrais être en train d'embrasser Francesco ? »
Le rouge monta aux joues de Drago, mais, heureusement pour lui, l'éclairage jouait en sa faveur et personne ne put constater sa gêne.
« Pour… pourquoi vous dites ça ? bafouilla-t-il.
— Oh, allez, ce n'est un mystère pour personne. C'est inscrit sur ta figure. Et puis, franchement, je pense pas que tu te sois habillé comme ça histoire de te déguiser en moldu, je crois surtout que t'as choisi ce qui te mettait le plus en valeur, par coquetterie, et pour plaire à un certain Gryffon… Ah, c'est incroyable ça ! Faut tout faire soi-même ! Allez viens ! »
Sous les regards médusés des élèves qui étaient venus observer en douce le couple, elle entraîna Drago en direction de la salle. Manifestement, des deux professeurs surpris enlacés, il n'y avait pas que l'homme à avoir abuser du précieux liquide.
Les élèves suivirent le mouvement, curieux de voir ce qui allait se passer.
Au cas où certains ignoraient encore son ivresse, Geena entra dans la salle en criant à la façon d'une marchande de poissons :
« Drago à draguer ! Drago à draguer ! Qui veut draguer un Drago ? On demande des volontaires ! Si leurs initiales pouvaient être FD, qu'ils aient un accent italien et qu'ils soient Gryffondor, ce serait parfait ! »
Drago se cacha la tête dans les mains et la secoua histoire de nier la réalité, de se dire qu'elle n'avait pas pu dire ça, que tout ça n'était qu'un rêve, qu'il allait se réveiller en sueur et en sursaut.
Assis au fond de la salle, Minerva McGonagall était sidérée et Dumbledore plié de rire. Francesco s'avança vers Johnson et fit :
« Heu, M'dame, j'pense correspondre à la description, est-ce que je pourrais me porter candidat ? Siouplait ? »
Geena éclata de rire et se plia en deux.
« Faut arrêter le café dans la goutte, Miss Johnson, ajouta Francesco, les sourcils légèrement froncés et l'air dubitatif devant l'état de la professeur.
— Ou l'inverse », corrigea Drago. Le rire de Johnson redoubla.
Derrière ce petit groupe, on oscillait entre l'hilarité et la consternation. Harry se pencha à l'oreille de Ron.
« Finalement, c'est pas si étonnant que Rogue et Johnson se soient embrassés. Regarde-moi ça, ils sont aussi imbibés l'un que l'autre ! »
Johnson précipita Drago dans les bras de Francesco et tituba jusqu'à la table où se trouvait Dumbledore et McGonagall et où Rogue venait juste de s'écrouler. Minerva affichait une moue désapprobatrice et Albus ne s'était toujours pas remis de son fou rire.
« Hi hi hi ! Drago à draguer ! Elle est bonne ! »
McGonagall leva les yeux au ciel. Etait-elle donc la seule ce soir parmi les professeurs à conserver un semblant de dignité ?
« Vous êtes bon public, dit-elle à l'adresse de Dumbledore. Et vous ? Vous n'avez pas honte de vous mettre dans des états pareils ? Surtout vous Severus, je vous ai connu plus raisonnable. »
Severus n'écoutait pas, il était distrait par Geena qui avait l'air de lui chercher de sa bouche quelque chose dans le col du tee-shirt. Jamais Minerva n'avait eu l'air plus offusqué.
« On nage en plein surréalisme, constata-t-elle, de moins en moins encline à l'indulgence. Vous vous rendez compte de l'exemple que vous donnez à vos élèves ? Et ne parlons même pas de ce qui vient de se passer : vous venez de jeter deux garçons dans les bras l'un de l'autre… non pas que j'ai quelque chose contre ça, s'empressa-t-elle d'ajouter. Chacun fait ce qu'il veut. Mais de là à les inciter, il y a une marge !
— Mais c'est visible qu'ils s'aiment, ou quelque chose d'approchant. Détendez-vous donc Minerva », fit Rogue. Sa voix était pâteuse. D'ailleurs, il se sentait pâteux de la tête aux pieds. Ce n'était pas désagréable.
« A propos d'être détendu, vous ne trouvez pas que vous l'êtes un peu trop en ce moment, Severus ? »
Severus coula un regard brumeux vers Minerva, Bibine et Flitwick vinrent s'immiscer dans la conversation et l'empêcher de dire au professeur de métamorphoses d'aller se faire voir.
« Alors… vous en avez deux en état d'ébriété avancé ?
— Oui, d'ailleurs, je ne suis pas convaincu qu'ils se souviendront de ce qu'ils ont fait cette nuit », enchérit Dumbledore, hilare.
Sur la piste, l'assistance avait les yeux rivés sur un couple un peu différent des autres : Francesco et Drago dansaient un slow de façon très serrée. Drago n'avait pas été enthousiaste à l'idée de danser avec un garçon devant tout le monde, mais il s'était finalement laissé faire après que Pansy l'ait menacé des pires représailles s'il ne cédait pas aux avances du Gryffondor – elle aimait les histoires d'amour qui finissaient bien, son côté fleur bleue.
Luciano fit un clin d'œil à son frère et leva son pouce en l'air dans le dos d'Hermione, Francesco lui répondit par un sourire. Luciano avait l'air encore plus joyeux que d'habitude, mais cela faisait un petit moment qu'il convoitait Hermione et qu'il n'osait pas lui dire.
Gregory Goyle s'était trouvé une cavalière, c'était la première fois qu'il dansait un slow et il se sentait un peu gauche. Pansy – reflets rouges dans les cheveux – elle avait momentanément laissé tomber la couleur verte –, faux piercing au nez et verres de contact avec un motif en forme d'étoile – dansait avec un de ses condisciples Serpentard, un sixième année qui avait l'air sous le charme. Harry avait obtenu son second slow avec Cho. Vincent Crabbe et Ron Weasley étaient tous deux au bar, Vincent car il était trop complexé pour aller parler aux filles, de peur de se faire méchamment rembarré, Ron car Parvati lui avait promis ce slow mais un septième année Gryffondor l'avait invitée. Comme il était plus mignon et plus élégant que Ron, elle s'était empressée d'accepter, faisant fi de sa promesse.
Entre ça et le fait qu'Hermione ne décollait pas de Luciano, ce n'était pas sa soirée.
-
Le soir venu, Francesco raccompagna Drago jusqu'à sa maison et l'embrassa devant la porte et devant le personnage qui gardait la maison Serpentard. Ce dernier fut totalement outré de cette preuve d'intimité entre deux garçons. Le baiser dura une vingtaine de secondes, la main droite de Francesco caressant doucement les cheveux de Drago et sa main gauche posée sur la taille de son ami. Les deux mains de Drago étaient timidement posées sur les hanches de l'italien. Francesco rompit le baiser, murmura "à demain" à Drago et partit vers la maison Gryffondor après avoir une dernière fois caressé les cheveux de son ami.
Drago aperçut Vincent Crabbe en retrait qui le regardait avec un semblant d'envie et beaucoup de tristesse. Drago pensa un instant que Vincent avait envie de lui. Crabbe homosexuel ? Voilà une idée qui ne l'avait jamais effleuré auparavant. Puis, il se rendit compte qu'en fait, Vincent l'enviait, le jalousait peut-être même, mais qu'il n'était pas attiré physiquement. Il enviait le fait que Drago n'était pas tout seul, qu'il était beau, riche, mince et intelligent, bref, séduisant, tout le contraire de lui, et qu'il était aimé, et qu'il était heureux. Drago s'était rendu compte récemment à quel point son ami était complexé, et ce soir, il se rendait compte à quel point il pouvait en être malheureux.
« Tu viens Vincent ? » dit-il d'un ton gentil avant de donner le mot de passe au personnage peint qui le regardait avec les sourcils froncés, l'air hautement désapprobateur. Une telle conduite. S'embrasser entre garçons. Mais il ouvrit tout de même la porte.
~oOo~
C'est sur les souvenirs de cette fête que s'acheva ce millésime. Une semaine plus tard, lors du banquet final, le premier depuis des lustres où tout le monde avait l'air heureux, Dumbledore se leva pour faire le discours de fin d'année.
« Voilà une nouvelle année de terminée. Avant toute chose, je vais commencer par annoncer les résultats de la coupe des quatre maisons… même si ces résultats ont été quelque peu faussés par le fait que les Serpentard – à l'initiative des cinquièmes années – l'ont négligée… pour ne pas dire boycottée », annonça Albus Dumbledore avec un petit sourire entendu en regardant du coin de l'œil la table des Serpentard. Il leva le parchemin où étaient notés les résultats, ajusta ses lunettes. « Quatrième, et sans surprise étant donné qu'ils ont fait tout ce qui était en leur possible pour avoir cette place, les Serpentard avec cent soixante points. C'est le score le plus bas que nous avons eu jusque-là à Poudlard, donc, on les applaudit bien fort. »
Les Serpentard se mirent tous debout sur leurs bancs et s'acclamèrent pendant une minute entière. Geena Johnson et Severus Rogue applaudissaient eux aussi, le sourire aux lèvres, et tout le reste de la salle faisait de même.
« ça fait plaisir de voir des élèves heureux, fit Albus Dumbledore en essuyant une larme imaginaire. Ce qui est bête, c'est que les gagnants risquent de paraître dépressifs à côté du débordement de joie des perdants. On ne va plus s'y retrouver ! ajouta-t-il après une courte réflexion.
— Je peux dire un mot ? » fit la voix de Luciano Datena.
Le directeur lui accorda la parole d'un cordial hochement de tête.
« Je tiens à dire que si les Serpentard ont réussi à obtenir un score si enviable, c'est grâce à moi. En effet, comment auraient-ils pu perdre autant de points si je n'avais pas été là ? C'est tout de même moi qui aie arrosé le professeur McGonagall de peinture rouge… même que ça lui allait drôlement bien. »
Tous les élèves rigolèrent.
« Rasseyez-vous vite Monsieur Datena », fit sévèrement McGonagall. Elle appréciait moyennement qu'on lui rappelle cet épisode, et encore moins que l'élève qui était à l'origine de cette mauvaise plaisanterie s'en vante.
« Continuons avec l'énoncé des scores, s'exclama Dumbledore, plus souriant que jamais. Troisième avec trois cent quatre vingt cinq points : Poufsouffle ! » Il laissa le temps aux élèves d'applaudir. « Deuxième avec Quatre cent cinquante points : Gryffondor ! » Une autre pause l'énoncé des points, comblée par les applaudissements nourris par toute la salle. « Et enfin, les vainqueurs, avec quatre cent quatre vingt points : les Serdaigle ! »
Explosion de joie à la table des Serdaigle, cela faisait bien longtemps que leur maison n'avait gagné la coupe. Dumbledore s'approcha de Rogue et Johnson.
« Cette compétition n'est pas aussi malsaine que vous le pensez, glissa le directeur à l'oreille de Geena.
— Mais c'est parce que les Serpentard ont décidé de ne pas la prendre au sérieux cette année.
— C'est surtout que, dorénavant, tous les élèves s'entendent bien… et ce, grâce à vous.
— Seulement en partie. Je ne suis qu'un déclencheur. Il fallait juste les inciter à se découvrir mutuellement. Je suis celle qui a actionné l'interrupteur, c'est tout. N'importe qui aurait pu le faire.
— Tu te trompes, tu as su faire en sorte que les élèves t'écoutent et te fassent confiance, ce n'est pas à la portée de n'importe qui. D'ailleurs, tu n'es pas n'importe qui, fit Rogue.
— Tu sais que je t'aime, toi ? » fit Geena dans un sourire avant de voler un baiser à Severus. Ce dernier n'eut pas le temps de se reculer pour échapper à cette preuve d'affection publique. Les sifflements retentirent de part et d'autre de la salle. Albus rejoignit sa place en riant silencieusement.
« Comment veux-tu que je me fasse respecter après ça ?
— Oh, je ne m'inquiète pas pour ça, tu retrouveras ton autorité naturelle dès la rentrée. »
La mine de Rogue se fit grise à la mention de la rentrée suivante.
« Tu as vraiment pris ta décision ?
— Oui, je te l'ai déjà dit.
— Tu n'as pas l'intention de revenir dessus ?
— Non. D'ailleurs, Albus devrait l'annoncer à la fin du banquet. »
De fait, à la fin du repas, Albus Dumbledore réclama de nouveau l'attention des élèves.
« Je ne pense pas que ce que je vais maintenant vous annoncer nous vaudra de nouveaux débordements de joie et d'applaudissements. Je pense au contraire que je vais entendre de nombreuses protestations et que les sourires vont disparaître de vos visages.
— Albus, par pitié, ne tombez pas dans le mélo, murmura Geena pour elle-même en se cachant le visage d'une main.
— La triste nouvelle dont j'ai à vous faire part est le départ de Geena Johnson. »
Effectivement, les sourires disparurent et des « Quoi ? », « Hein ? », « Mais pourquoi ? » et autres « C'est pas possible ! » se firent entendre à chaque table. Après que les cris se furent calmés, Drago Malefoy se leva.
« Miss Johnson, est-ce que c'est vrai ? » demanda-t-il en la regardant. Il ne pouvait pas le croire, il voulait l'entendre de sa bouche, qu'elle le dise elle-même... et qu'elle s'explique !
« Oui, c'est exact. Je m'en vais. Je ne serai pas là pour l'année scolaire suivante.
— Pourquoi ?
— Pour convenances personnelles – comme on dit ! –, je dois vous avouer à tous que je ne tiens pas en place. Et puis, j'estime que je vous ai appris tout ce que j'avais à vous apprendre. Je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus.
— Moi, je suis certain que vous avez encore plein de choses à nous apprendre sur le monde Moldu !
— Drago, tu es très bien placé pour savoir que le cours de culture moldue n'a rien à voir avec ce que je vous ai vraiment appris. Si le professeur Dumbledore estime que ce cours vous est utile, je suis sûre qu'il trouvera quelqu'un de plus compétent que moi pour vous en parler. De mon côté, j'ai déjà fait tout ce que j'avais prévu de faire. A présent, c'est à vous tous de prendre le relais et d'enseigner autour de vous ce que je vous ai aidé à découvrir. J'ai accompli mon devoir, je dois maintenant m'en aller. Vous me manquerez tous énormément… et je peux vous assurer que je ne dis pas ça juste pour la forme, je le pense sincèrement : vous me manquerez et je reviendrai vous voir. C'est promis. »
Geena Johnson se leva sur ses mots. Elle se tourna vers Rogue qui regardait son assiette vide d'un air méditatif.
« Sev' ? » dit-elle à voix basse. Elle savait qu'il avait horreur qu'elle l'appelle comme ça, mais elle s'en fichait. « Nous deux, ça ne s'arrête pas là, ce n'est pas parce que je m'en vais de Poudlard que ça doit marquer la fin de notre relation.
— J'avais justement peur que ce soit le cas. Me voilà rassuré. Je craignais que tu partes pour mettre fin à notre relation sans avoir besoin de le formuler de façon claire, que tu partes pour te débarrasser de moi.
— ça n'a rien à voir avec toi, je t'interdis de le penser.
— Peut-être suis-je un peu paranoïaque parfois.
— Tu m'accompagneras jusqu'au train demain ?
— Evidemment.
— Et on se reverra… tu peux transplaner… et on est tous les deux des gens patients. »
Pendant cette conversation, Albus avait repris la parole et annoncé que le professeur de défense contre les forces du mal, Irwin Bateman, absent depuis trois jours pour cause de paternité, n'assurerait plus ses cours à la rentrée afin de se rapprocher de sa famille. Il y eut quelques exclamations suite aux paris qui avaient été fait concernant son départ, mais les élèves n'en furent pas autrement émus. Ce n'était qu'un professeur comme un autre, rien à voir avec Geena Johnson.
Geena sortit de la grande salle après un dernier sourire à Severus. Drago Malefoy se leva de table précipitamment et partit à sa poursuite. Il arriva à sa hauteur dans le couloir qui menait à ses appartements.
« Vous vous trompez, on a encore besoin de vous ! Vous ne pouvez pas partir comme ça, pas déjà !
— On ?
— J'ai encore besoin de vous, les Serpentard ont encore besoin de vous. Miss Johnson, restez, s'il vous plait ! »
Sa voix implorante était un brise-cœur. Geena s'en voulait d'avoir fait en sorte qu'il s'attache à s'elle et de partir si vite après. Pourtant, il fallait qu'il parte, elle avait fait ce qu'elle devait faire, sa place n'était plus ici à présent.
« Tu n'as plus besoin de moi, Drago, pas plus que les autres Serpentard. Vous êtes maintenant capables de voir ce qui est bon pour vous et ce qui ne l'est pas. Faire la part entre ce qui est bien et ce qui est mal, entre ce qui a de la valeur et ce qui n'en a pas.
— J'ai besoin de vous.
— Tu as besoin de gens qui font attention à toi et qui t'aiment, c'est pour ça que tu veux que je reste. Mais regarde autour de toi : tu as Francesco, tu as ta mère, tu as ton père… et tu as des amis… des vrais dorénavant, des gens sur qui tu peux compter te qui peuvent compter sur toi. Je t'ai été utile, j'en suis très heureuse, mais mon rôle s'achève. Tu as réussi à faire des amis de tes ennemis, plus fort encore, tu as réussi à faire des vrais amis de tes faux amis. Tu as réussi cela tout seul, je n'ai été qu'un déclencheur. C'est mon rôle dans la vie, ça : déclencheur, le rôle que je me suis fixée, ce à quoi je suis la meilleure… et je dois aller déclencher d'autres bonnes choses ailleurs.
— Mais…
— Il faut que tu t'aides toi-même à présent. C'est à toi de faire le travail et à personne d'autre. C'est à toi de changer ton père, le premier pas est fait et bien fait : il s'est aperçu combien il tenait à toi. D'ailleurs, entre nous, je ne suis pour rien dans cette révélation puisque c'est ta maladie qui l'a fait réagir. Si tu trouves que ramener ton père a de meilleurs sentiments concernant les moldus et nés-moldus est un travail au-dessus de tes possibilités, alors contente-toi de limiter les dégâts. Et puis, il n'y a pas que ton père à changer, tu peux avoir un rôle important à jouer… sans même le savoir. Essaye d'aider les autres quand les circonstances et tes capacités s'y prêtent. C'est comme ça que le monde progresse : en faisant pour les autres ce qu'on voudrait que les autres fassent pour nous. »
Geena s'apprêta à ouvrir la porte de son appartement.
« Drago, à propos d'aider les autres, pourrais-tu me rendre un service ?
— Bien sûr, lequel ?
— Surveille ton professeur de potions, surtout quand il va à Pré-au-lard, et si tu vois une fille l'approcher trop près, tu t'arranges pour qu'elle ait un… "accident".
— A vos ordres ! »
Geena tourna la clé dans sa serrure et regarda de nouveau Drago.
« Je plaisante évidemment, précisa-t-elle.
— Je l'avais compris.
— Mais surveille-le quand même ! »
Drago revint dans la grande salle. Vincent et Gregory l'attendaient.
« Elle part toujours ? demanda Gregory.
— Oui », répondit sobrement Drago.
Aucun des trois n'ajouta un mot et ils allèrent dans leur maison en silence. Drago jeta un regard à Vincent. Ce dernier avait mangé très peu au repas, du moins, peu par rapport à ce qu'il mangeait habituellement, en fait, il avait mangé un repas correct, et il s'était appliqué à ne pas le manger trop vite et à le manger proprement.
Il a envie de plaire, songea Drago. On a tous mûris cette année. De façons diverses, mais toujours dans le bon sens.
