Tout bien considéré…

Par Maria Ferrari

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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

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—Chapitre 13 – Septembre—

Le vent était bon. Drago inspira un bon coup. Les premiers temps de la mort de sa mère, les premiers jours en fait, il avait ressenti le besoin d'être toujours avec quelqu'un, sinon l'angoisse était sa compagne. A présent, il s'échappait régulièrement de la compagnie des autres pour goûter à la solitude. Il trouvait ça très reposant.

Pendant les vacances, cela n'avait pas été trop difficile, il n'y avait pas grand monde à Poudlard. Depuis la rentrée, les moments de solitude étaient devenus plus chers. Pansy et Luciano, notamment, le quittaient rarement – ils étaient adorables : ils voulaient qu'il se sente entouré –, Drago n'osait pas leur dire que c'était trop. Il tenait à eux. Il avait peur de les blesser.

Si Francesco avait été un Serpentard, il ne l'aurait pas lâché lui non plus. Quoique, il aurait sans doute senti les besoins de solitude de son ami. Il précédait toujours ses désirs. C'était comme s'il lisait en lui. Les baisers étaient toujours au bon endroit, toujours au bon moment. Les caresses aussi. Puis, à un moment, il ne faisait plus rien et ne soufflait mot, c'était toujours précisément au même instant où Drago avait envie qu'il arrête. Ils restaient silencieux sans rien faire pendant quelques minutes.

Drago avait besoin de ces moments, car il n'était pas habitué aux gestes de tendresse, surtout quand ceux-ci étaient prolongés, et il avait besoin qu'on le laisse respirer de temps en temps. Francesco l'avait compris sans même qu'il ait besoin de lui dire. Tant mieux car Drago ne le lui aurait pas dit.

Dommage que Pansy et Lulu ne le comprennent pas tous seuls eux aussi. Cependant, Drago avait trouvé un moyen d'être seul. Un moyen non réglementaire. Il montait sur le toit du château certaines nuits, toujours vêtu de la cape de sa mère.

Des nuits comme celle-ci.

Il s'asseyait et observait le ciel.

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Un bruit lui fit tourner la tête. Il n'y avait rien. Il revint à sa contemplation. Un deuxième bruit le perturba. Il n'y avait toujours rien. Il se dressa brusquement et regarda frénétiquement de tous les côtés, cédant à la paranoïa.

« Du calme, Drago », fit la voix d'Harry Potter.

Le regard de Drago se figea en direction de la voix. La tête du Gryffondor se dévoila, ce n'était pas l'obscurité qui le cachait.

« Une cape d'invisibilité », murmura Drago. Voilà qui expliquait bien des choses.

« Tu ignorais que j'en avais une ? » Il paraissait étonné.

« Qu'est-ce que tu fais ici, Potter ? lança Drago d'un ton sec, voulant connaître la raison de la présence du Gryffondor sur ce toit et souhaitant faire oublier à Potter son ignorance concernant l'existence de cette cape.

— Je voulais te voir, répondit Harry.

— Comment savais-tu que j'étais ici ? fit Drago en levant le menton d'un air supérieur, singeant son père sans même le vouloir.

— Je suis sorti du dortoir, ça m'arrive de temps en temps, c'est un peu risqué, mais je m'arrange juste pour ne pas tomber sur Rusard… ou pire sur Rogue. Je t'ai croisé dans un couloir, j'ai eu envie de te suivre.

— Trêve d'excuses bidon ! Tu m'espionnes un point c'est tout ! Pourquoi voulais-tu me voir ?

— Quelque chose qui me tracasse. »

Drago s'allongea sur le toit, ses bras repliés derrière la tête, le crâne reposant sur les paumes de ses mains, le regard perdu dans le ciel. Il espérait en agissant ainsi qu'Harry pense qu'il se fichait royalement de ce qui le tracassait – ce qui était d'ailleurs l'exacte vérité – et qu'il s'en irait. Harry ne s'en soucia pas et continua.

« J'ai vu la mort de ta mère. Je l'ai vu comme tu l'as vu. Par tes yeux. Dans un rêve. »

Drago se redressa brusquement sur ses coudes.

« Que me chantes-tu, Potter ?

— Ce n'est pas la première fois que je fais des rêves avec Voldemort. En fait, je pense que dès qu'il fait un mauvais coup pendant que je dors, je le vois. Mais c'est la première fois que je le vois à travers les yeux de quelqu'un… et ce quelqu'un, c'est toi. »

Drago resta silencieux, le temps de jauger cette information et ce qu'elle pouvait impliquer.

« Peut-être que les fois précédentes aussi, tu l'as vu à travers les yeux de quelqu'un. Seulement, tu ne l'as pas su. D'ailleurs, comment peux-tu être sûr que tu l'as vu à travers mes yeux ? demanda Drago en se rallongeant, plus serein.

— Tu étais en haut d'un escalier, il y avait des barreaux et un grand lustre accroché au plafond, un énorme lustre, et aussi un portrait au dessus d'une cheminée, une grande cheminée, elle devait bien faire deux mètres de long, surtout il y avait ta mère avec une robe courte et les pieds nus – c'est bizarre de se souvenir de ce genre de détails – et ton père toujours habillé en noir, il venait de rentrer avec deux autres hommes que je ne connais pas… et Voldemort évidemment.

— Suffit Potter ! Je te crois ! Arrête à présent !

— ça te fait mal ?

— Qu'est-ce que tu crois ? Bien sûr que ça me fait mal ! Pourquoi me racontes-tu ça ? Tu crois que je ne réalise pas suffisamment que ma mère est morte ? Tu veux me faire souffrir ? Ça te fait plaisir qu'il m'arrive un drame pareil ? Tu tiens à tourner et retourner le couteau dans la plaie ?

— Je voulais juste t'en parler, le fait que j'ai vu cette scène à travers tes yeux a peut-être une signification, peut-être que nous sommes liés.

— Liés ? Oh pitié… Potter, Potter, Potter… » Drago secouait la tête, lassé de la naïveté du Gryffondor. « As-tu déjà eu des rêves prémonitoires ?

— Oui, je viens de te le dire.

— Non, ça, ce n'est pas un rêve prémonitoire, tu as vu les choses pendant qu'elles se passaient. Moi, je te parle de voir les choses avant qu'elles ne se produisent. »

Harry prit le temps de la réflexion et avoua que non.

« Est-ce que tu as déjà eu l'impression quand tu faisais quelque chose d'avoir déjà fait ce quelque chose, une impression de déjà vu.

— Oui, ça m'est déjà arrivé.

— Moi, cela m'arrive deux ou trois fois par semaine. Des choses que je fais, que je vois, que j'entends qui me laissent une forte impression de déjà vu. C'est très angoissant comme sensation. Ma mère me l'avait expliqué : je fais sans doute des rêves prémonitoires, mais je ne m'en souviens pas. Ensuite, quand les choses m'arrivent, forcément, j'ai l'impression que ça fait deux fois qu'elles m'arrivent. Car si mon conscient ne se souvient pas de mon rêve, mon subconscient, lui, a tout en mémoire, tu me suis ?

— Oui, mais pourquoi me parles-tu de ça ?

— Tout simplement pour t'expliquer ceci : si j'ai une si forte impression de déjà vu, c'est parce que je revis la scène exactement de la même façon que je l'ai vécu dans mon rêve : sous le même angle de vue. Revenons à tes rêves, Potter. En l'occurrence, ce ne sont pas des rêves prémonitoires, tu vois ce qui se passe au moment où ça se déroule, et ce ne sont pas des scènes que tu peux voir en personne puisque tu es couché dans ton lit et que tu dors, mais tu les vois quand même. Potter, si tu les vois, c'est que des yeux autres que les tiens les ont vues… et te les ont communiquées en direct par une sorte de télépathie, une onde, quelque chose comme ça.

— Tu veux dire que je ne peux pas avoir vu ces scènes si quelqu'un ne me les a pas transmis.

— Pour moi, c'est impossible, il y a sûrement un intermédiaire quelque part.

— Mais pourquoi recevrais-je ces visions ? Pourquoi moi et pas un autre ? Pourquoi suis-je le seul à les avoir ?

— D'abord, comment peux-tu être sûr que tu es le seul à les avoir ? Tu as mené une enquête ? Et puis, si j'ai bien suivi ce que tu viens de me dire, il y a toujours un dénominateur commun dans tes rêves : le Seigneur des Ténèbres.

— Ce n'est pas à travers ses yeux que j'ai vu tout ça.

— Non, mais c'est la pièce centrale. A partir du moment où des yeux, peu importe leur propriétaire – ça pourrait même être ceux d'une souris, qui sait ? –, à partir du moment où des yeux voient le Seigneur des Ténèbres commettre un meurtre en personne, ils te transmettent l'information. Peut-être es-tu le récepteur idéal pour ces scènes-là. Comme ces programmes informatiques dont Miss Johnson nous a parlé, ils t'envoient les résultats d'une recherche. Tout ça pour te dire que le fait que tu ais vu cette scène par mes yeux ne signifie en aucun cas que nous sommes liés d'une quelconque manière.

— Ta mère a été tuée par Voldemort, comme la mienne.

— Oui, et ton père aussi, et le mien n'est plus que l'ombre de lui-même à cause de ce… » Drago serra les dents pour retenir la plus grande part de ses émotions en lui. « Quand je pense que j'ai attendu patiemment son retour pendant tant d'années… Je croyais que ça serait géant, mon père m'avait promis que ce serait bien. Ce n'était pas une promesse en l'air : il y croyait vraiment. » Drago se gratta la nuque. « Il était aveugle. La mort de ma mère vient de lui ouvrir les yeux, mais comme il est resté trop longtemps les yeux fermés, ça l'a ébloui. C'est pour ça qu'il n'est que l'ombre de lui-même, il faut qu'il s'accoutume à ce nouvel éclairage de sa vie. Finalement, ça a été plus facile pour moi, je n'ai eu qu'à endurer la mort de ma mère – ce qui est déjà beaucoup du reste –, je n'ai eu à endurer que sa mort car Miss Johnson avait préparé le terrain, j'avais déjà compris que mon père était dans l'erreur, que le Seigneur des Ténèbres était mauvais. Mon père, lui, vient de se prendre tout ça dans la figure à la fois et il a toujours eu du mal à accepter ses torts… alors, ce n'est pas facile pour lui.

— Mais ça y est, il a compris ?

— Forcément ! Ils s'aimaient, tu sais ? D'accord, ce n'était pas un amour de conte de fées, tout beau, tout parfait, tout lumineux, visible à en crever les yeux, non, loin de là ! Ce n'était pas parfait et il fallait un œil exercé pour le remarquer. Il fallait les connaître – vraiment les connaître – pour s'en rendre compte, mais ils s'aimaient profondément. Cela dit, je ne suis pas sûr que mon père ait véritablement compris. Il sait à présent que le Seigneur des Ténèbres n'est bon pour personne, y compris pour lui. Il sait qu'il faut le combattre. De ce côté-ci, je pense qu'il a compris son erreur. Par contre, je ne suis pas persuadé qu'il apprécie mieux les Moldus à présent. Non, je ne pense pas que ça ait changé quoi que ce soit à ça. »

Harry hocha la tête.

« S'il se contente de mépriser les moldus sans rien faire contre eux, c'est un moindre mal… surtout s'il nous aide à combattre Voldemort.

— Pourquoi croyais-tu que nous étions liés ? Juste parce que tu as vu ce que j'ai vu et parce que nous avons tous les deux perdus nos mères dans des circonstances analogues ? » demanda Drago, ramenant la conversation sur le sujet précédent.

Harry ne répondit pas et s'absorba dans la contemplation des cheminées.

« Potter, tu sais ce que je déteste le plus chez toi ? Tu sais ce que j'ai toujours détesté chez toi ? C'est que tout le monde te considère à la fois comme un héros et comme une victime. Héros parce que tu as "vaincu" le puissant Seigneur des Ténèbres – comme si tu en étais réellement responsable ! ajouta Drago en levant les yeux au ciel. Et victime parce que ce même Seigneur des Ténèbres a tué tes parents. Mais soyons un peu sérieux : tes parents, tu les as à peine connus ! Tu n'étais même pas en âge de comprendre ce qui leur arrivait. Ça ne t'a donc pas peiné plus que ça. Bien sûr, tu aurais préféré qu'ils soient vivants ! Pour avoir une vraie famille et pour te débarrasser de ta famille de moldus imbéciles, mais sois réaliste, tu ne te souviens pas vraiment d'eux et donc tu n'es pas aussi triste de les avoir perdus qu'on voudrait bien nous le faire croire. Ça m'a toujours fait doucement rire quand j'entendais les gens te plaindre, comme si tu étais si à plaindre que ça ! »

Harry se sentait profondément blessé et scandalisé par les propos de Drago.

« Tu n'as pas le…

— Laisse-moi terminer ! Je vais t'expliquer pourquoi tu n'es pas le plus malheureux mon petit Potter. Tu sais de source sûre que tes parents t'aimaient. Tu le sais ! Et même lorsque tu n'en étais pas tout à fait sûr, quand tu étais chez tes Moldus et qu'ils ne t'avaient rien dit sur tes parents, quand tu les imaginais, tu voyais des gens formidables, avec uniquement des qualités, et qui t'aimaient. Tes Moldus pouvaient bien raconter n'importe quoi sur eux, pour toi, tes parents étaient des gens parfaits. Tu ne connais pas leurs défauts, tu ne connais pas leurs imperfections. Tu as une image propre d'eux. Peu importe qui ils étaient véritablement, tu as une belle image d'eux. Et par dessus tout, tu es sûr de leur amour. Maintenant, prend le cas de Neville, je connais son histoire, je sais ce qui est arrivé à ses parents, tu le sais toi ?

— Oui », répondit tristement Harry en hochant la tête. Sa colère s'était évanouie dès qu'il avait entendu le prénom de son ami. Il commençait à comprendre où Drago voulait en venir.

« Ses parents sont devenus fous à cause du sortilège endoloris. Peut-on imaginer quelque chose de plus terrible ? Hé bien oui, il y a quelque chose de pire : ils ne reconnaissent même plus leur fils ! C'est bien plus affreux que d'avoir ses parents morts ça ! Je me demande d'ailleurs si Neville, par moments, ne préféreraient pas qu'ils le soient morts. Ainsi, il serait dans la même situation que toi. Ses parents seraient morts quand il était bébé et il pourrait avoir une image bien propre d'eux, sans compter qu'il ne se souviendrait pas d'eux et qu'il en aurait fait son deuil parce que quand les gens sont morts, c'est terminé, il n'y a plus qu'à tourner la page. Au lieu de ça, il lui reste l'espoir, mais qu'y a-t-il de pire que des espoirs éternellement déçus ? C'est usant à la longue. Maintenant, prends mon cas. Que penses-tu de mon cas ? Je suis certain que des tas de gens m'estimaient béni des dieux il y a peu « sa famille est riche, son père a des relations très haut placées, il a tout ce dont il a envie », il y a des tas de gens qui imaginent que l'argent suffit au bonheur. Oh, il y contribue, je ne dis pas le contraire, c'est certainement plus aisé d'être heureux quand on a de l'argent de côté que quand on n'a pas un rond. Cependant, ça ne fait pas tout. J'ai cherché l'amour de mon père pendant près de quinze ans… et je l'ai trouvé. Mais il a fallu quinze ans avant ça. Quinze ans… et j'en ai seize. J'ai passé quasiment toute ma jeune existence à chercher à obtenir l'amour de mon père. Et si je n'avais pas été empoisonné, je crois que je chercherais encore. Quant à ma mère, j'ai toujours su qu'elle m'aimait, mais elle était très rarement là, jamais vraiment disponible… et elle est morte. Elle est morte devant mes yeux. Et je n'étais pas un bébé comme toi quand tu as perdu ta mère. Un bébé, ça ne comprend pas ce qui se passe et ça ne se souvient plus après. Moi, j'ai parfaitement compris toute l'horreur de ce qui lui arrivait !

— Tu…

— Je n'ai pas fini Potter ! L'image que je vais garder de ma mère, celle qui viendra me hanter tout le reste de ma vie, c'est celle d'un corps sans vie. Cette image est gravée dans mon esprit. Je ne l'ai pourtant pas vue longtemps, j'ai tout de suite détourné les yeux, je suis tout de suite parti. Mais cette image a eu le temps de s'imposer dans mon esprit. Et quand j'arrive à me rappeler d'elle vivante, je me rappelle des bons souvenirs bien sûr, je me rappelle de ses qualités… mais je me rappelle aussi des mauvais souvenirs, de ses défauts… de ses absences surtout, des moments où j'avais besoin d'elle et où elle n'était pas là. Je n'ai pas le privilège d'avoir une image impeccable d'elle. Je n'ai pas ta chance. » Il se tourna vers Harry. « Alors, Potter, tu t'estimes toujours le plus malheureux ?

— Je n'ai jamais prétendu que j'étais le plus malheureux !!

— C'est ce que tout le monde pense… et Dumbledore en premier ! Comme si tu avais besoin de toute l'attention qu'il t'accorde, comme s'il n'y avait que toi au monde. Je mérite bien plus d'attention que toi. Londubat mérite plus d'attention que toi. Des tas d'étudiants méritent plus d'attention que toi… mais c'est toi le héros. C'est toi la victime. Tu as donc droit à certains égards. Tu connais le comble de mon malheur : c'est que personne ne pouvait me prendre en pitié, personne n'arrivait à se rendre compte que j'allais mal, parce que j'étais un petit con, et que les petits cons, on ne s'en préoccupe pas… surtout quand ils sont Serpentard !

— Depuis la mort de ta mère…

— C'est différent. Bien sûr que c'est différent. Mais moi aussi je suis différent. » Drago fit une pause, il regarda la forêt interdite qu'on distinguait dans la clarté lunaire, les arbres qui frissonnaient sous un vent timide. « En fait, il n'y a qu'une seule personne qui a bien voulu prendre du temps pour s'occuper de moi, pour me changer, pour que j'aille mieux, c'est Miss Johnson. » Nouvelle pause. « Elle me manque.

— Rogue sait peut-être où elle est. Et tu pourrais peut-être lui écrire même sans savoir où elle est. Ton grand duc saura bien la trouver.

— Oui. » Le ton de Drago était rêveur. Le vent forçait et la nuit devenait de plus en plus fraîche, il était temps de rentrer et de se glisser sous sa couverture. « Qu'est-ce que tu attendais de moi ?

— Pardon ?

— Qu'est-ce que tu attendais que je te dise pour ce soi-disant lien entre nous ? »

Harry ignorait quoi répondre. Depuis la rentrée, il ne pouvait s'empêcher de trouver Drago attirant et il ressentait comme de la jalousie envers Francesco. Cela le déstabilisait, il ne pensait pas être homosexuel. Et il pensait encore moins aimer Drago.

« Tu aimes Francesco ? ne put-il s'empêcher de demander.

— Oui, je crois… je dis "je crois" car ce genre de sentiments, c'est récent pour moi, il faut que je m'y habitue. Pourquoi me demandes-tu ça ? » demanda Drago. En quoi ça le regardait ? Un doute l'étreignit. Il leva les yeux et les paumes au ciel. « Oh Merlin… Potter ! Ne me dis pas que tu es amoureux de moi ? » La rougeur qui s'empara des joues d'Harry était éloquente. Ce dernier s'apprêtait à répondre, mais, fidèle à la conversation qu'ils avaient eu jusqu'ici, Drago ne le laissa pas parler. « Alors, je suis homosexuel, ma mère est morte tuée par un Avada Kedavra lancé par le Seigneur des Ténèbres comme la tienne, tu as décidé que nous avions un lien car tu as vu la scène, et donc, boum, tu tombes amoureux de moi ? Redescends sur terre, Potter, je ne t'aime pas… et tu ne m'aimes pas. Tu es en train de te faire des idées. En plus, tu devrais avoir honte car je suis déjà avec quelqu'un… et je tiens à Francesco. Tu entends : je tiens à lui. L'amour, je ne suis pas sûr de savoir exactement le définir, mais je sais reconnaître lorsqu'une personne m'est chère… et Francesco m'est très cher, tout comme l'est mon père et tout comme l'était ma mère. J'ai déjà perdu une personne précieuse à mon cœur dernièrement, alors tu n'as pas intérêt à venir foutre la merde entre Francesco et moi, tu m'entends ? cria Drago au bord des larmes.

— Je n'avais pas l'intention de foutre la merde où que ce soit… et ne crie pas, tu vas nous faire repérer. Si tu tiens tellement à Francesco, pourquoi n'as-tu même pas daigné répondre à ses courriers ?

— Je… je ne savais pas quoi répondre », se défendit Drago. Il était pris au dépourvu, serait-ce parce que Potter s'inquiétait pour les sentiments de Francesco qu'il lui avait posé cette question. Si c'était le cas, il venait de se couvrir de ridicule. Il préféra ne pas s'appesantir là-dessus. « Je ne suis pas doué pour écrire mes sentiments sur des lettres. Mettre par écrit ce que je ressens pour une personne, c'est difficile pour moi, et je ne voulais pas lui envoyer des lettres impersonnelles. Et puis, je ne l'avais pas encore dit à mes parents. Et il est arrivé ce que tu sais à ma mère et… et de toute façon, en quoi ça te concerne ? » s'écria Drago avant que l'inquiétude reprenne sa place dans son esprit. « Il m'en veut ? Il t'a dit qu'il m'en voulait ?

— Non, il ne t'en veut pas », répondit Harry piteusement. C'était bête et égoïste, mais il aurait presque préféré que Francesco en veuille à Drago. « Pour en revenir à nous, toi aussi, tu te fais des idées. Tu fais les questions et les réponses. Qui t'a dit que je ressentais quoi que ce soit pour toi ?

— Je l'ai déduit de tes paroles », rétorqua sèchement Drago, le front haut. Il garderait une attitude digne même s'il s'était trompé.

« Tu déduis mal, affirma Harry.

— Dans le cas présent, j'aimerais autant. » Le ton était froid, il était temps qu'il reprenne ses distances avec Potter.

« Je ne suis pas homosexuel. Je préfère les filles. D'ailleurs, ça va plutôt bien entre Cho et moi.

— J'en suis ravi pour toi, Potter, assura Drago, la moue dédaigneuse.

— Bien, tout est parfait alors. Je m'en vais. Tu veux profiter de ma cape un bout de chemin ?

— Pas besoin, je me débrouille très bien sans », le congédia Drago, glacial.

Harry se couvrit de sa cape et partit. Drago attendit quelques instants avant de suivre le même chemin. Il ne savait pas trop quoi penser de Potter. Il avait toujours pensé qu'il était amoureux de Cho Chang, d'ailleurs, tout le monde les considérait comme un couple depuis la fête de l'année scolaire passée. Maintenant que Drago y réfléchissait, depuis la rentrée, Potter, qui avait tant convoité Cho, semblait se désintéresser d'elle. Et puis, s'il avait cru s'être trompé sur son compte quand Harry lui avait demandé pourquoi il n'avait pas répondu aux courriers de Francesco, l'insistance dont il avait fait preuve ensuite au sujet de sa relation avec Cho et de son hétérosexualité sans faille était suspecte.

~oOo~

« Bonjour Albus, je suis heureux de vous trouver à votre bureau.

— Bonjour Cornélius, que me vaut votre visite ? » demanda Dumbledore d'un ton soupçonneux. La dernière fois qu'il avait vu Fudge était à l'infirmerie de Poudlard il y a plus de deux ans, depuis, le ministre de la magie l'avait soigneusement évité.

Fudge hésita avant de répondre, cherchant quels mots lui offriraient la meilleure approche.

« Je suis venu car on m'a dit que vous saviez où trouver Sirius Black.

— Qui "on" ?

— Peu importe. Je viens vous voir pour réparer une grave erreur avons eu des… nouveaux éléments concernant le cas Sirius Black et…

— Quels nouveaux éléments ?

— Un nouveau témoignage, une personne affirme avoir vu Peter Pettigrow vivant alors qu'il est supposément mort, cette personne affirme aussi que Pettigrow est un Mangemort et qu'il aurait aidé le Qui-vous-savez a recouvré sa puissance. Ce témoignage corrobore la version de Sirius Black. Voici le document officiel qui l'innocente. »

Le ministre tendit un papier. Dumbledore le prit délicatement et le lut attentivement.

« Vous avez donc enfin daigné juger un témoin digne de foi bien qu'il n'aille pas dans votre sens ? Cas rarissime. Vous progressez, Cornélius », dit-il, une fois certain de l'authenticité du document et convaincu que Fudge ne pouvait plus revenir en arrière.

Fudge grimaça. Comme tous les grands de ce monde, avouer ses erreurs lui était pénible.

« Tout ça pour vous dire qu'il faut que nous contactions Sirius Black afin de lui annoncer que son innocence a été reconnue et afin aussi que des excuses lui soient présentées pour cette regrettable erreur judiciaire.

— Comme vous dites, il a bien failli recevoir le Baiser d'un détraqueur à cause de cette regrettable erreur judiciaire.

— La justice est loin d'être parfaite, elle est rendue par des hommes comme vous et moi et ils sont susceptibles de se tromper, car ce ne sont que des hommes.

— Evidemment, mais si ceux qui rendent la justice peuvent se tromper et en sont conscients, comment osent-ils se permettre de prendre des décisions aussi irrévocables que celle de condamner un homme au Baiser d'un détraqueur ? Je vous laisse méditer sur ce point, en attendant : dites-moi quel est le nom de cette bonne âme venue apporter un témoignage secourable à un assassin supposé et dont vous avez bien voulu faire cas ? »

Fudge ne paraissait pas emballé à l'idée de révéler le nom de ce témoin providentiel à Dumbledore, et ce dernier se demandait bien pourquoi.

« Son nom doit rester secret ? Ma discrétion sera exemplaire si tel est le cas.

— Il s'agit… de Lucius Malefoy. »

Dumbledore en resta coi.

« Lucius Malefoy ? Ça alors, si je m'attendais… » murmura-t-il finalement. Il réfléchit, hocha la tête et reprit. « Remarquez, maintenant que je connais son identité, je comprends mieux que vous ayez enfin écouté la voix de la raison. Dommage que celle-ci ne soit pas tombée plus tôt dans la bouche de ce cher Lucius.

— Cela suffit Albus. Black est vivant et innocenté et je crois savoir que c'est ce que vous souhaitiez. Alors cessez vos commentaires désobligeants », rétorqua Fudge, énervé par les sous-entendus du directeur.

Dumbledore parvint à effacer le sourire sarcastique de son visage et se leva.

« Je vais faire venir Sirius Black demain à dix-huit heures à mon bureau. Soyez-là vous aussi avec vos officiels… et soyez à l'heure.

— Très bien. »

Fudge partit sans ajouter un mot de plus. Même pas un "au revoir". Albus le regarda partir et médita sur ce qu'il lui avait dit. Il fronça les sourcils en repensant à certaines de ses paroles et en songeant qu'au contact de Severus, il finissait par lui ressembler.

Il pouffa à cette pensée mais redevint aussitôt sérieux : pourquoi Lucius Malefoy avait fait ce témoignage ? Il s'était toujours moqué comme d'une guigne de Sirius Black. Il faudrait qu'il éclaircisse ce point.

En attendant, il devait convoquer Sirius pour lui annoncer cette grande nouvelle. Tiens, comment allait-il procéder pour la lui annoncer d'ailleurs ? Il fallait ménager le suspense. Il n'avait pas souvent l'occasion de se divertir dans ce grand château.

Surtout depuis qu'il avait promis de moins taquiner Severus.

Cela lui manquait cruellement.

Autant profiter de cette nouvelle pour s'amuser un peu, il allait jouer aux dépens de Sirius, le faire languir un peu.

A moins qu'il en soit incapable, trop impatient qu'il était de lui annoncer cette réjouissante nouvelle.

~oOo~

Seamus s'esclaffait à une plaisanterie de Dean Thomas quand son rire se transforma en un cri de terreur. Surpris, Dean sursauta et fit volte-face brusquement. Un gros chien noir hirsute passa à côté de lui.

« Qu'est-ce qu'il fait là lui ? » murmura Dean en retrouvant un rythme cardiaque raisonnable. Il se retourna vers Seamus. Celui-ci était juché sur l'appui de fenêtre, son regard terrifié suivant le chien qui s'éloignait. « Laisse-moi deviner : t'as peur des gentils toutous ? » ricana Dean. Il se souvint alors que Seamus se tenait toujours à distance respectable de Crockdur si jamais celui-ci pointait le bout de son museau en cours de soins aux créatures magiques.

« C'est pas drôle ! Je me suis fait mordre par un chien un jour ! En plus, il est énorme celui-là… et qu'est-ce qu'il fait là d'abord ? »

Le chien paraissait savoir où il allait. Il passait de préférence dans les couloirs les moins fréquentés, sachant que sa présence pouvait sembler bizarre à plus d'un (et en effrayer d'autres). Il s'arrangeait aussi toujours pour venir pendant les heures de cours ou après que les élèves soient tous rendus dans leur salle commune. D'ailleurs, que faisaient-il là ces deux-là ?

Arrivé devant la gargouille, le chien jeta un coup d'œil à droite et un coup d'œil à gauche avant de reprendre apparence humaine –il lui était difficile de prononcer le mot de passe sous forme de canidé.

« Banane flambée. »

L'escalier apparut, Sirius monta jusqu'au bureau de Dumbledore. Celui-ci lui avait envoyé un message lui demandant de venir immédiatement. Que pouvait-il y avoir de si urgent ? Sirius espérait que ce n'était rien de grave. Arrivé en haut, il franchit le seuil de la porte laissée grande ouverte et vit le directeur assis derrière son bureau, l'air grave.

« Sirius, vous voilà enfin.

— J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Comment allez-vous Albus ?

— Bien, bien », fit Albus, mais son ton laissait supposer qu'il n'allait pas si bien que ça. Il se leva de sa chaise et contourna le bureau pour se trouver en face de Sirius.

« Pourquoi m'avez-vous fait venir ?

— Sirius… Cornélius Fudge sort de mon bureau. »

Sirius tressaillit légèrement. Il n'aimait pas le ministre de la magie, et ce dernier le lui rendait bien.

« Il m'a annoncé certaines nouvelles vous concernant.»

Sirius se balançait d'un pied sur l'autre. Les nouvelles le concernant n'étaient jamais bonnes, encore moins si elles émanaient du ministre de la magie, et la grise mine de Dumbledore allaient dans ce sens.

« Me concernant ?

— Il semblerait que des nouveaux éléments aient été pris en compte pour votre dossier, lui annonça Albus d'un ton grave.

— Quels nouveaux éléments ? » s'inquiéta Sirius. Merlin, qu'est-ce qui pouvait encore aggraver sa situation ? Aurait-on découvert qu'il était un animagus ? Qu'il se cachait près de Poudlard ? Qu'il y venait régulièrement ?

« Un témoignage.

— De qui ? Quel témoignage ? Qu'est-ce qu'on me reproche encore ? Ils ont découvert que j'étais un animagus ?

— Lisez-vous-même. »

Sirius prit le papier qu'Albus lui tendait et commença à le parcourir. Son teint blanchit légèrement. Il vacilla sur ses jambes et s'appuya sur une chaise où il finit par s'écrouler.

« Innocenté ? » murmura-t-il au bout de quelques instants en relevant une tête incrédule vers Dumbledore. Albus autorisa enfin le sourire qu'il retenait depuis le début de cette entrevue à retrousser ses lèvres.

« Innocenté ! confirma Albus.

— Alors, je pourrai me promener librement ? Je n'aurai plus besoin de me transformer en chien ? Je vais pouvoir aller et venir comme je veux ? Entrer dans les magasins et dans les auberges ?

— Vous allez pouvoir reprendre une vie normale. »

Sirius éclata en sanglots. Ça faisait tellement longtemps qu'il attendait quelque chose dans ce genre-là. Innocenté. C'est à peine s'il arrivait à le croire. Albus lui posa une main bienveillante sur l'épaule. Une fois que Sirius fut remis de ses émotions, il releva la tête vers Dumbledore.

« Comment est-ce possible ?

— Je vous l'ai dit : un témoin a affirmé qu'il avait vu Pettigrow vivant et en compagnie de Voldemort. Ce témoin a aussi affirmé que c'était Pettigrow qui avait permis à Voldemort de "ressusciter".

— Il y a déjà eu des témoins qui lui ont dit ça. Pourquoi croirait-il plus ce témoin plutôt qu'Harry ? Parce que ce témoin est un adulte ? demanda Sirius, intrigué.

— Rien à voir avec son âge, plutôt avec sa position vis-à-vis de Fudge et des autres grandes pontes.

— Comment ça ? Je ne comprends pas. Quel est ce témoin ?

— Vous allez avoir du mal à le croire, mais il s'agit de Lucius Malefoy. »

Stupéfaction.

« Lucius Malefoy ? Il est donc enfin sorti de son mutisme ? J'avais entendu dire qu'il était venu à Poudlard, c'est vrai ?

— C'est exact.

— Il est venu vous voir… et c'est vous qui lui avez demandé de faire ce témoignage ! conclut Sirius, soudainement sûr de lui et ne voyant pas d'autres explications.

— Absolument pas, je ne lui ai rien demandé du tout. En fait, je ne lui ai même pas parlé.

— Pourquoi Malefoy a fait ce témoignage en ma faveur ?

— Je l'ignore, il faut que j'approfondisse ce point.

— Cela devait sûrement entrer dans un témoignage global. Après tout, Malefoy ne m'a jamais porté dans son cœur, pourquoi aurait-il fait un témoignage dans le but de m'acquitter ? »

Albus s'apprêtait à apporter sa contribution dans les hypothèses de Sirius concernant Lucius quand Severus Rogue fit son entrée.

« La porte était ouverte, dit le Maître de potions en guise de salut.

— Severus, ne vous gênez surtout pas, approchez, approchez, l'invita Albus d'un ton chaleureux.

— Je venais juste vous signaler que je n'allais pas pouvoir assurer les derniers cours de ma journée… et pour les cours de demain, je ne sais pas encore.

— Ah bon ? fit Albus les sourcils légèrement froncés.

— Oui, un accident pendant mon cours.

— Neville Londubat ? » suggéra Albus, se rappelant que c'était l'heure du cours des potions des Gryffondors. D'ailleurs, même si ce n'avait pas été l'heure de leur cours, il aurait quand même proposé ce nom-là.

« Même pas, Parvati Patil ! De toute façon, il ne m'arrivera jamais aucun accident à cause de Londubat, je le surveille constamment. D'ailleurs, à bien y réfléchir, j'aurais peut-être pu empêcher cet accident si mon attention n'avait pas été tellement accaparée par cet élève. La potion que je leur avais donnée à faire n'est pas très compliquée en elle-même mais elle demande de la prudence dans la manipulation des ingrédients, car certains d'entre eux ont un potentiel de dangerosité s'ils sont mal mélangés ou ajoutés dans le mauvais ordre. Bref, j'étais sur le qui-vive avec Monsieur Londubat et je ne regardais que lui. Son problème, c'est qu'il est tellement maladroit qu'il me fait oublier que les autres élèves peuvent l'être aussi. Cela étant, ce qui est arrivé n'est pas de sa faute, c'est une erreur tactique de ma part.

— Il n'y a pas trop de mal, j'espère ? s'inquiéta Albus.

— Rien de grave. J'ai six élèves – non sept – à l'infirmerie, mais ce n'est rien de bien méchant. D'ailleurs, je vais moi-même y retourner car les élèves ne sont pas les seuls à avoir fait les frais de cette erreur de manipulation de Miss Patil… et c'est un peu douloureux.

— Tu m'as pourtant l'air d'aller bien.

— C'est parce que tu me vois de devant, Black », répondit Severus qui avait jusque-là affecté d'ignorer la présence de son vieil ennemi.

Sirius se mit à rire. Les malheurs de Rogue l'avaient toujours réjoui.

« Tout est caché sous ma cape, précisa Severus en grinçant des dents.

— Oh ! J'ai une nouvelle pour toi, mon cher Rogue, s'exclama Sirius, tout joyeux de pouvoir étaler son bonheur devant un Severus endolori.

— Tu as été innocenté ? » proposa Severus d'un ton plus affirmatif qu'interrogatif.

Sirius fut décontenancé et déçu, il se contenta d'hocher la tête affirmativement. Rogue lui avait gâché tous ses effets et son plaisir. Albus avait dû l'informer avant lui, Sirius lui en voulut pour cela. Cependant, Severus poursuivait :

« Lucius a donc déjà témoigné alors, cela a été rapide.

— Pardon ?

— Ce n'est pas témoignage de Lucius Malefoy qui a permis d'établir ton innocence ?

— Si ! Tu le savais ? Comment le savais-tu ? » Sirius comprenait soudainement à la manière dont Rogue avait tenu ses propos qu'il ne tenait pas cette information du directeur, d'ailleurs celui-ci paraissait surpris.

De son côté, Severus haussait les épaules pour toute réponse. Albus s'adossa profondément dans son fauteuil et contempla le maître de potions. Etait-ce la logique intuitive de Severus qui avait encore frappé ? Cela était possible. Maintenant qu'Albus y réfléchissait : quel autre élément nouveau aurait pu intervenir dans le dossier de Sirius ? Quelle est l'une des rares personnes à pouvoir convaincre Fudge de la véracité de ses dires même quand ses dires sont faux, incroyables ou qu'ils contredisent la vérité que s'était fait le ministre de la magie ? Quel est le seul Mangemort sur lequel tous les feux des projecteurs étaient braqués depuis un moment ? Celui dont on attendait qu'il agisse ? Oui, c'était sûrement la logique sans faille de Severus qui avait parlé.

Ou alors Lucius lui avait-il confié ses projets quand il était venu à Poudlard et Severus annonçait les choses comme s'il les avait devinées, ce qui serait tout à fait son style.

« Pour en revenir à mon cours, j'ai fait évacuer le cachot. Les élèves qui ne sont pas à l'infirmerie sont dans leurs maisons communes – en tout cas, ils sont censés l'être, je n'ai pas vérifié s'ils m'avaient obéi, j'avais autre chose à faire. J'ai énormément de bocaux d'ingrédients qui ont explosé, dont certains toxiques. Personne ne peut pas se permettre de rester très longtemps dans le cachot pour le moment.

— Les élèves n'ont pas été incommodés ?

— Je les ai immédiatement fait sortir. Tout va bien de ce côté-là, ils n'y sont pas restés suffisamment longtemps pour subir un quelconque dommage. Par contre, tant que les émanations gazeuses ne se sont pas dissipées, je ne peux pas rentrer dedans pour tout remettre en ordre… et il y a du travail. Sans compter qu'il va falloir que j'aille au chemin de traverse me réapprovisionner, tout est parti en fumée ou déversé sur le sol. Tout ça pour vous informer que je ne suis pas sûr de pouvoir assurer mes cours demain non plus.

— Très bien, nous avertirons les élèves concernés.

Severus se retira. Sirius le regarda partir d'un air méditatif. Son regard resta planté sur l'embrasure vide longtemps après le départ du professeur.

« Quelque chose qui vous chiffonne Sirius ? observa Albus.

— Non, rien », répondit Sirius en s'arrachant à la contemplation de l'ouverture pour se tourner vers le directeur.