Tout bien considéré…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J..
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 19 – L'attaque—
Albus, les deux coudes sur le bureau, fixait un point vague. Igor, remuant nerveusement les doigts, arpentait le bureau de long en large. Severus regardait distraitement par la fenêtre. Lucius contemplait, faussement indifférent, une peinture représentant les quatre fondateurs. Geena, le regard fixe, était appuyée contre le mur du fond. Minerva, l'air soucieux, avait bu les paroles de Goldine et attendait maintenant que le directeur rompe le silence qui régnait depuis que l'ancienne mangemort s'était tue.
« Vous pensez qu'il attaquera bientôt ? questionna Dumbledore.
— Oui, je ne peux pas vous dire la date exacte. J'ai juste dans l'idée que ça sera cette semaine.
— ça ne nous laisse pas beaucoup de temps, remarqua Rogue, s'arrachant à la contemplation du domaine pour se tourner vers le directeur.
— Non, mais cela nous en laisse tout de même suffisamment pour nous retourner. Je vais faire venir Sirius Black, Remus Lupin, Fol'œil…
— C'est obligatoire ? demanda Karkaroff soudainement.
— Oui, Igor, faites-en votre deuil », répondit sévèrement Dumbledore.
Karkaroff grimaça et recommença à marcher de long en large. L'idée de se retrouver face à Maugrey ne le ravissait pas.
« Igor, arrêtez ça, lui murmura Geena qui en avait assez de le voir bouger sans arrêt.
— On va tous mourir ! asséna Karkaroff pour expliquer son attitude.
— Mon cher vieil Igor, tu as toujours été un pessimiste patenté, s'exclama Lucius, toujours dos aux autres.
— Parce que tu n'as pas peur toi peut-être ?
— En vérité, je suis totalement mort de frousse, dit-il en se retournant. Cependant, je suis également très excité. Oui, je suis pressé qu'il vienne et qu'on en finisse une fois pour toute ! De plus, j'ai ma femme à venger, c'est le moins que je puisse faire pour elle et pour Drago.
— Je n'aime pas cette idée de vengeance, intervint Dumbledore.
— Je n'ai pas vos idéaux. La vengeance et la délivrance sont les deux seules raisons qui me poussent à vouloir vous aider à débarrasser la planète du Seigneur des Ténèbres. Ne les dédaignez pas », répondit Lucius.
Dumbledore hocha la tête, comprenant et désapprouvant tout à la fois.
« De plus, je crains que le Seigneur des Ténèbres cherche querelle à mon fils. L'année prochaine, il ne sera plus dans l'enceinte de Poudlard.
— Oui, j'ai appris qu'il allait partir à Santa Circea, avec Hermione Granger et Luciano Datena. C'est une bonne idée, Santa Circea est une bonne école et ils resteront ensemble ainsi, fit Albus.
— Mon fils sera potentiellement en danger tant que le Seigneur des Ténèbres sera en vie, je n'avais pas pensé à cet aspect quand je lui ai donné mon accord.
— De toute façon, il ne pouvait pas rester sous la protection de Poudlard éternellement, remarqua Geena.
— Exact, moi non plus d'ailleurs, fit Lucius.
— Tout comme moi », fit Igor plus pour lui-même que pour les autres. Ils avaient raison. Personne ne pouvait rester cacher éternellement, on ne pouvait pas toujours fuir, il arrivait toujours un moment où on devait faire face à ses peurs.
Ne serait-ce que pour se sentir libre.
Après l'attaque du Seigneur des Ténèbres, il serait libre… ou mort. Mais cette dernière option ne valait-elle toujours pas mieux que d'être une bête traquée ? Cela dit, depuis qu'il était revenu à Poudlard, il avait renoué avec le sentiment de sécurité. Il se sentait mieux. Pourquoi ne pourrait-il pas rester pour toujours à l'intérieur des murs de Poudlard après tout ?
Cependant, le Seigneur des Ténèbres semblait croire qu'il pouvait vaincre Dumbledore. Si cela s'avérait exact, cela signifierait qu'il ne serait plus en sécurité nulle part.
Il valait donc mieux se battre avec eux contre Lui.
D'un autre côté, était-ce vraiment utile qu'il leur vienne en aide ? Dumbledore et ses amis pouvaient bien se débrouiller tous seuls, non ?
Et ainsi il s'enfermerait pour toujours dans une image de couard aux yeux de tout le monde, dont Lucius, Severus… et Goldine.
« Tu es devenu mangemort principalement par lâcheté. »
Assez de cette image.
Pourtant, elle lui seyait tellement bien.
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« Il est inutile de faire venir trop de monde. Agissons subtilement. Mettons-nous à couvert et lançons quelques Avada kedavra bien placés, proposa Lucius.
— Vous prévoyez déjà de tuer, constata Dumbledore, profondément ennuyé.
— Parce que vous comptiez ne faire aucun mort, vous ? Vous comptiez sans doute les faire tous prisonniers ? Ou alors, peut-être songiez-vous qu'ils allaient se rendre d'eux-mêmes ? Songez, Dumbledore, que si vous refusez qu'on fasse des morts dans leurs rangs, ce sera dans les nôtres qu'on comptera les cadavres. C'est une guerre, pas du Quidditch.
— Certes, mais il devrait y avoir moyen de ne faire qu'un minimum de victimes.
— Le Seigneur des Ténèbres ne s'embarrasse pas de ce genre de scrupules. Si vous nous obligez à ne faire que des victimes "nécessaires", vous nous désavantagerez… et peut-être ferez-vous notre perte. Je dis qu'il faudra se débarrasser d'un maximum de mangemorts dès les premières minutes. Cela m'étonnerait qu'on puisse avoir le Seigneur des Ténèbres ainsi, mais si vous avez un angle de tir favorable, profitez-en !
— Encore faudrait-il pouvoir se mettre à couvert, ce sera Lui qui choisira le moment et surtout le lieu de l'affrontement. S'il choisit une plaine tout ce qu'il y a de plus morne ? demanda Severus.
— Tu lances le sort et tu t'aplatis sur le sol.
— En bref, vous nous proposez d'agir… assez déloyalement, dit Minerva qui désapprouvait l'utilisation des sortilèges interdits même en ces circonstances.
— Je l'ai déjà dit : c'est une guerre, pas du Quidditch. Qu avons-nous à faire du fair-play dans de telles conditions ? Tuez-en le plus possible dès les premières minutes, restez le plus à couvert que vous pouvez. Evitez de risquer votre vie inutilement. Les cimetières sont remplis de gens courageux, j'aime autant avoir des êtres en vie pour la bataille. Dumbledore, à tout hasard, vous ne connaîtriez rien pour contrer l'Avada Kedavra ?
— Hélas non, ce sortilège est imparable.
— Il a rebondi sur Harry Potter.
— C'est parce qu'il était protégé par l'amour de sa mère.
— Cela veut donc dire qu'on peut s'en protéger. Il doit exister une méthode. Toute magie peut être contrée par une autre magie.
— En fait, l'amour de sa mère a entouré Harry comme un bouclier, c'est pour cela que le sort a rebondi. Il n'existe pas de sort protecteur assez fort pour se protéger d'un Avada, expliqua Dumbledore.
— Bon, passons alors… Goldine, le Seigneur des Ténèbres n'a aucun doute à ton sujet ?
— Absolument aucun, ou alors, il sait les dissimuler.
— Parfait, ne lui donne surtout aucune raison de douter de toi. Quand il t'appellera, vas-y directement.
— J'aimerais mieux éviter de me prendre un Avada perdu.
— Nous ferons attention. Si tu vois ta chance, n'hésite pas à tuer le Seigneur des Ténèbres de ma part. Agis rapidement, ils ne tarderont pas à se rendre compte de ta trahison, profite de ta place privilégié tant que tu peux, et mets-toi à l'abri dès que ça commence à chauffer pour toi. Il faudra aussi se servir de l'Imperium. Ce sort a une portée plus longue que l'Avada. Quelques uns des adeptes du Seigneur des Ténèbres ne savent pas lutter contre. Peut-être pourrait-on réussir à les faire s'entretuer ainsi. Dumbledore, je pense que malgré ce que vous représentez, vous savez utilisez ces sorts interdits, je me trompe ? »
Dumbledore resta silencieux quelques instants.
« ça va être un carnage, dit-il finalement.
— Il vaut mieux que ça soit de leur côté que du nôtre.
— N'y aurait-il pas moyen d'agir autrement ?
— Hé bien, si vous savez faire des Imperia puissants, peut-être que… »
Lucius s'interrompit, alla se placer face au mur qu'il frappa avec le plat de sa main droite avant de s'arrêter en grimaçant et en rabaissant sa main droite à l'aide de la gauche.
« Etait-ce assez puissant ? demanda Dumbledore, le sourire en coin.
— Fantastique ! s'exclama Lucius, ne pouvant s'empêcher d'être admiratif. Il était habitué à lutter contre les Imperia mais n'avait pu se résoudre à ne pas obéir à l'injonction que lui avait envoyée Albus.
— Epoustouflant, je dirais même », ajouta Cypria. Seul Lucius l'entendit.
« Voyez-vous, Lucius, vous avez raison. Cela n'empêche que je ne peux être d'accord avec vous. En vertu de cela, je vais vous exposer mon plan. Avec mes Imperia, je dois pouvoir réussir à mettre hors d'état de nuire bon nombre de mangemorts, y compris des "difficiles". Vous autres, je voudrais que vous stupéfixiez les mangemorts dès que vous le pouvez. Je vous autorise à utiliser l'Avada, mais seulement à bon escient. Je ne veux pas d'un champ de bataille jonché de cadavres.
— Je persiste à dire que…
— Non, Lucius, nous ne tuerons qu'en cas d'absolue nécessité. Vous avez raison sur bien des points, j'ai cependant la faiblesse de croire qu'on peut éviter d'avoir des monceaux de cadavres sur les bras.
— La stupéfixion a une durée très courte, Albus, remarqua Severus.
— C'est vrai, avoua Dumbledore.
— Nous allons perdre ; ce sera de votre faute, fit Lucius. Autant vous dire tout de suite que j'utiliserais pour ma part l'Avada, je n'ai pas l'intention de risquer ma peau bêtement.
— Je suis d'accord avec Lucius, approuva Severus. Albus, vous devez vous rendre compte que c'est le destin de l'humanité que nous jouons là. Ce n'est pas grave si nous faisons quelques morts, pensez à toutes les vies que nous allons sauver. Si vous nous interdisez d'utiliser ce sortilège, nous ne serons pas à armes égales.
— Très bien, la situation étant ce qu'elle était, je ne peux pas vous forcer à ne pas avoir recours à ce genre de procédés. Agissez comme bon vous semble. Vous, Goldine, qu'en pensez-vous ?
— Je suis pour en tuer le maximum avant qu'ils nous tuent eux. Bref, je suis moi aussi d'accord avec Lucius. Je suis une Serpentard, je fais toujours la balance entre ce que ça me coûte et ce que ça me rapporte. Dans le cas présent, le jeu en vaut la chandelle. J'ai déjà tué, Albus… des gens qui ne m'avaient rien fait, qui ne me menaçaient pas. Croyez-vous que je vais me priver de le faire quand ma vie est en danger et le destin du monde en jeu ? »
La logique froide des Serpentard.
Le problème était, qu'en l'occurrence, ils avaient raison.
La menace qui pesait sur le monde était réelle, palpable. Epargner la vie de ceux qui les menaçaient était une attitude louable… et totalement imprudente. Il était obligé de le reconnaître. On ne pouvait se permettre de prendre de tels risques en la circonstance.
« Croyez bien que j'aimerais comme vous qu'on puisse sortir de cette situation sans faire de victime, néanmoins, c'est utopiste de croire qu'on peut faire la guerre sans faire de morts. Si vous ne voulez pas faire de morts, faites en sorte qu'aucune guerre n'éclate, tuer les conflits dans l'œuf. Vous avez fait de nombreuses erreurs avec ce Tom Jedusor – sans vouloir vous jeter la pierre, Albus – vous vous étiez rendu compte qu'il y avait quelque chose qui clochait avec lui dès son adolescence. Vous auriez sans doute pu faire quelque chose à cette époque-là, remarqua Geena.
— Qu'aurais-je pu faire ?
— Engager une Miss Johnson pour lui faire cours ? » proposa Lucius.
Cette proposition fut accueillie par des sourires tristes mais amusés.
« Vous avez fait des miracles, continua plus sérieusement Lucius en se tournant vers Geena. J'ai constaté depuis que je suis arrivé ici qu'aucun élève Serpentard n'est actuellement pour le Seigneur des Ténèbres. Pourtant, notre maison était gangrenée depuis quelques années.
— J'aurais dû faire ce genre de choses plus tôt. J'ai fait une grossière erreur. Vous avez raison, beaucoup de drames ne seraient pas produits si j'avais pris ce genre de décisions. L'éducation restera toujours la meilleure des solutions.
— Vous n'étiez pas encore directeur à cette époque-là, dit Minerva. Vous étiez juste professeur. En plus, cela ne sert à rien de se lamenter sur le passé puisqu'on ne peut le changer. Par contre, cela peut servir de leçon pour l'avenir, tâchons juste d'en avoir un. Il faut faire ce que Lucius a dit, ajouta-t-elle, finalement d'accord avec les Serpentard.
— Très bien, je me rends, vous avez tous raison. »
~oOo~
Trois jours s'étaient écoulés.
Mis à part Drago – que son père s'était empressé de mettre au courant –, Harry, Ron et Hermione – qu'Hagrid s'était empressé de mettre au courant –, aucun élève ne savait ce qui se tramait et ils trouvaient leurs professeurs étranges.
Sinistra accumulait les lapsus. Minerva était étrangement indulgente. Flitwick paraissait bien énervé. Severus avait arrêté les "cours du soir" avec l'accord de Dumbledore pour s'entraîner en vue de l'affrontement. Geena n'avait pas repris ses cours et discutait stratégie avec Lucius. Karkaroff méditait un plan d'évasion entre deux bonnes résolutions de participer à l'attaque. Goldine avait été à deux autres réunions en pleine nuit.
Sirius Black et Remus Lupin étaient arrivés dès le lendemain et s'étaient enquis de la situation. Severus et Lucius s'étaient mis en devoir de leur apprendre l'Avada Kedavra. Severus avait tenté d'étrangler Sirius après qu'un sortilège impardonnable l'ait frôlé et se demandant jusqu'à quel point c'était accidentel. Remus et Lucius avaient réussi à lui faire lâcher prise en lui promettant que ce n'était qu'une maladresse. Severus avait boudé un moment en grommelant. "Ingrat" et "comme ça qu'il me remercie de l'avoir aidé" s'étaient nettement détachés de ce qu'il avait marmonné.
Dumbledore avait mis son veto à une proposition de Lucius d'apprendre l'Avada aux élèves. Pas question de leur enseigner une technique mortelle et interdite, ni de les faire participer à la bataille.
Maugrey Fol'œil était arrivé le surlendemain accompagné d'Arabella, tous deux sur le pied de guerre. Ils avaient été atterrés quand Albus leur avait annoncés qu'ils utiliseraient l'Avada et l'Imperium à tour de bras, mais s'étaient finalement rendus aux arguments – empruntés aux Serpentard – qu'il avait opposés à leurs protestations. Maugrey avait finalement proclamé "Qui veut la fin veut les moyens", ce qui avait conclu le débat.
Le troisième jour, Igor fut pris d'une inquiétude dont il fit part à Lucius.
« Et si Goldine était toujours une véritable partisane de Voldemort ? Si elle nous avait menés en bateau ?
— Dumbledore la croit. Toutefois, on ne peut pas savoir, c'est là le problème avec les agents doubles. »
Le jour suivant, Goldine vint annoncer que l'attaque était toute proche. Dumbledore décida de mettre les élèves au courant.
~oOo~
Les yeux de Rogue s'agrandirent, il fit une légère grimace et remonta sa manche d'un geste preste. Lucius Malefoy fit de même. Sur leurs bras, la marque des ténèbres était plus noire que jamais. Malefoy tourna la tête vers Rogue.
« Je ne sais pas ce que tu en penses, Severus, mais il serait foncièrement impoli de décliner cette invitation. »
Severus détourna les yeux de la marque qui lui brûlait le bras pour les fixer dans ceux de Malefoy. La sourde détermination qu'il sentit derrière le regard impassible et le calme apparent de l'homme blond lui hérissa la chair sur toute la surface du corps. Pour Lucius Malefoy, l'heure de la vengeance avait sonné.
Sonnerait-elle le glas pour Voldemort ?
« Goldine ? » fit Dumbledore.
La femme fixait son bras d'un œil incertain.
« Vous transplanez jusqu'à lui ? demanda le directeur.
— Oui », répondit-elle. Elle prit une profonde inspiration avant de sortir de la pièce en courant.
« Où est-il ? demanda Albus en se tournant vers Severus.
— à moins de trois kilomètres, par là, répondit Rogue en pointant son index entre Lucius et Igor.
— Allons-y, dit Lucius.
— Oui », répondit Rogue sans une seconde d'hésitation. La détermination de Lucius l'avait gagné.
Dumbledore se leva de table.
« Les Mangemorts vont attaquer. Ils sont à moins de trois kilomètres de Poudlard. Je vous demande de rester calme et de surtout rester dans la grande salle dans le château. Les cours de cet après-midi sont évidemment annulés. Nous partons affronter Voldemort.
— Je viens aussi », intervint Drago en se levant. Il tenait à rester près de son père depuis que celui-ci l'avait mis au courant de leurs projets.
« Pas question, tu restes ici, intima Lucius d'un ton monocorde.
— Je viens. Je veux qu'il meure, je veux l'aider à mourir ! insista Drago.
— J'AI DIT : TU RESTES ICI », rugit Malefoy. Son fils parut intimidé et n'insista pas. Il se rassit et baissa les yeux tristement.
Severus passa devant Igor qui paraissait comme aimanté à sa chaise.
« Je suppose que tu ne viens pas ? » demanda-t-il d'un ton peu aimable, espérant ainsi faire réagir son orgueil et le faire venir. Igor regarda ailleurs. Severus partit à la suite de Lucius après une grimace méprisante.
Sirius et Remus étaient partis devant.
Albus, Arabella et Maugrey fermèrent la marche.
« Vous êtes sûr que vous ne voulez pas que je vienne ? demanda Hagrid.
— Il vaut mieux garder une troupe de réserve, répondit Albus. Il faut aussi que des personnes restent au cas où pour protéger les élèves. »
~oOo~
Drago était descendu dans la grande salle. En le voyant, Gregory et Vincent se levèrent et vinrent le trouver.
« Vous m'adressez la parole ?
— Soit Dumbledore gagne et mon père va sans doute être tué, et donc, n'en saura jamais rien. Soit le Seigneur des Ténèbres l'emporte et… je ne suis pas sûr d'avoir envie de vivre dans un monde régi par lui. Alors, autant redevenir amis dès à présent, répondit Gregory.
— De toute façon, on n'a jamais vraiment cessé de l'être. C'est juste vos parents qui vous l'ont interdit. ça… ça ne vous fait rien de savoir que vos pères risquent leurs vies ?
— Ben, je devrais pas dire une chose pareille, mais… je crois que ça me fera ni chaud ni froid s'il meurt. » Vincent était peiné de cette sincérité qui lui faisait désavouer son propre père.
« Moi, ça m'embête, c'est quand même mon père. Mais il l'aura cherché.
— Ton père aussi risque sa vie, remarqua Crabbe.
— Je sais », souffla Drago. C'était aussi pour ça qu'il aurait voulu l'accompagner, pas seulement pour venger la mort de sa mère, mais avant tout pour empêcher celle de son père.
~oOo~
La première chose que fit Severus fut de localiser Goldine.
« On peut en avoir dix à nous tout seuls dans les premières secondes si nous sommes assez rapides, lui souffla Lucius.
— Il faudrait qu'on attaque tous en même temps.
— Black et Lupin se tiennent prêts. Dès qu'on enverra le premier, ils commenceront eux aussi.
— Bien. »
Ils tendirent tous les deux leurs baguettes. A quelques mètres devant eux, Voldemort haranguait ses troupes. Goldine paraissait très nerveuse. Les mangemorts groupés autour du Seigneur des Ténèbres étaient nombreux et formaient rempart. Il y avait des détraqueurs dans le lot et deux géants se tenaient juste derrière.
Les Avada jaillirent en rafales. Une quinzaine de mangemorts tombèrent et les rangs se désorganisèrent. Voldemort resta quelques secondes paralysé devant cette attaque qu'il n'attendait pas, il se doutait que ses adversaires riposteraient, pas qu'ils attaqueraient les premiers.
Ceci signifiait certainement que Lucius Malefoy était à l'origine de cette agression. Il n'était pas dans les habitudes de Dumbledore d'attaquer le premier.
Il n'allait pas tarder à se retrouver à découvert – le bouclier humain qui le protégeait devenait sérieusement mince entre les morts, les lâches qui se cachaient et les courageux qui allaient au devant de l'ennemi pour leur rendre la pareille… et tombaient au bout de quelques mètres – comportement chevaleresque mais stupide. Il allait être à la merci de ses assaillants. Il n'était pas encore sûr que le sort qu'il avait expérimenté sur son propre corps marche dans les cas de coups mortels. Il se tourna vers Goldine, vit avec stupéfaction que celle-ci dégainait sa baguette pour la pointer… sur lui !
La traîtresse !
Présomptueuse avec ça.
Que croyait-elle ? Qu'elle allait pouvoir l'abattre si facilement ?
« Av… », commença-t-elle avant que Voldemort lui saisisse le bras et éloigne le bout de la baguette de lui. Elle savait qu'elle était trop près, elle aurait dû se reculer mais avait voulu profiter de son inattention alors qu'il jaugeait la situation.
« Dommage de ne pas avoir le temps de te donner le châtiment que tu mérites », lui fit-il à l'oreille en pointant sa baguette vers elle, s'apprêtant à la tuer, mais une douleur dans la cuisse l'en empêcha : elle venait de lui planter son poignard à cet endroit. La douleur lui fit lâcher prise, elle le repoussa avec son bras droit, retira le couteau qui ne la quittait jamais, arrachant un gémissement à Voldemort. Elle leva sa baguette vers lui quand deux mains étrangères saisirent son cou, une main de chair et une main métallique glacée. Queudver, voyant ce qui se passait, était accouru au secours de son Maître.
Il avait été toujours été extrêmement jaloux de deux des mangemorts, jaloux de leur apparence, de leur statut social, de leur argent, de leur intelligence et de l'estime imméritée que leur avait portée Voldemort. L'un, Lucius Malefoy, avait été disgracié il y a quelques mois. L'autre était la traîtresse qu'il s'appliquait à étrangler. Peter Pettigrow n'aurait jamais droit au sixième de ce qu'ils avaient eu dès leur naissance. "Les hommes naissent libres et égaux", tu parles !
Il avait toujours eu tendance à se réfugier dans l'ombre de personnes plus belles et plus intelligentes que lui, croyant que leur gloire déteindrait fatalement sur sa personne. Tout ce qu'il avait réussi en agissant ainsi avait été de s'aigrir le caractère : il leur avait juste servi de faire-valoir.
Il tuerait Sirius Black et Remus Lupin. Oui, il tuerait pour rester le seul maraudeur en vie, il tuerait pour avoir l'estime de son Maître, d'ailleurs, il tuerait pour seulement avoir de l'estime pour lui-même.
-
Goldine se débattait, il fallait qu'elle se dégage tant qu'elle en avait la force, avant qu'elle commence à asphyxier, mais la poigne de Queudver était trop forte.
Il fallait qu'elle le fasse lâcher. Elle était à genoux, les mains crispées sur celles qui l'étouffaient. Elle trouva l'énergie nécessaire pour placer ses pieds en position accroupie, elle se balança en arrière, donnant le plus de détente qu'elle le pouvait à ses pieds. Sa tête alla cogner dans celle de Queudver. Ils tombèrent lourdement sur le sol, elle se retourna, lui envoya un direct du gauche et se redressa en se frottant l'arrière de la tête avec une grimace. Une sacrée bosse se préparait, peu importait.
Queudver était sonné et ne l'intéressait pas. Où était le Seigneur des Ténèbres ? Sûrement parti se mettre à l'abri en attendant que ça se tasse. Il fallait le découvrir, seul lui était important. Elle chercha des yeux une cachette éventuelle, elle sentait qu'il n'était pas parti et qu'il observait les événements à couvert. Le soleil disparut, lui faisant froncer les sourcils devant la soudaineté de l'ombre, elle allait lever les yeux au ciel pour voir ce qui le cachait le soleil quand la poigne d'un géant la saisit au torse et lui fournit la réponse à son interrogation.
La main gigantesque s'éleva dans les airs et vint se planter devant la figure peu amène du géant. Goldine avait les bras soudés au corps, sa tête grimaçante dépassait d'un côté et le bas de son corps et ses poings crispés de l'autre. Le géant eut un rictus sadique et commença à serrer son poing, Goldine hurla.
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Il y eut une lumière verte, Goldine se sentit partir : le bras du géant retombait, sa main se desserrait, le géant tombait lui-même. Goldine comprit en un dixième de seconde que non seulement elle allait se fracasser au sol mais que le géant allait tomber sur elle. Combien pesait un géant ? La réponse à cette question était sans aucun doute : suffisamment pour la tuer. Elle hurla de plus belle, ne pouvant rien faire d'autre contre ce destin peu enviable.
La chute du géant s'arrêta soudainement bien qu'il n'ait pas encore atteint le sol, la main, elle, atterrit lourdement sur la terre et Goldine roula. Elle se releva difficilement, avec l'impression que tous ses os étaient en miettes, et se précipita malgré ses innombrables fractures hors de l'ombre que projetait le géant. Elle vit alors Remus, Sirius et Arabella avec leurs baguettes levées, ils avaient lancé trois sorts de lévitation simultanés. Si elle s'en sortait, il faudrait qu'elle songe à les remercier. Dans le même temps, elle ne put s'empêcher de penser que pour sauver une vie, ils en mettaient trois en situation périlleuse, ce qui était un bien mauvais calcul.
« Savez-vous où est parti le Seigneur des Ténèbres ? », leur cria-t-elle. Elle n'aurait jamais cru qu'elle puisse mettre de côté une telle douleur.
« Non », répondit Remus. Elle remarqua alors que son pantalon était déchiqueté du côté droit et la peau qui se trouvait en dessous ne valait pas mieux, Remus devait autant souffrir le martyr qu'elle. Quelque part, elle avait de la chance, ses jambes n'avaient pas pris et elle n'avait pas de difficulté pour marcher et même courir.
Elle jeta un coup d'œil rapide à Sirius et vit qu'il avait sans doute un œil crevé.
Arabella était apparemment parfaitement indemne.
Goldine regarda le champ de bataille qui était très calme à présent. Elle vit Severus, Maugrey, Lucius et Albus marcher entre les corps.
Déjà fini ?
-
« Pas de morts dans nos rangs ? demanda-t-elle.
— Pas à ma connaissance, répondit Remus.
— C'est miraculeux », murmura Goldine. Elle avait de la peine à le croire.
« Pas tant que ça, la stratégie d'attaque était bonne et Albus a semé la confusion dans leurs rangs avec ses Imperia, fit remarquer Arabella.
— Le Seigneur des Ténèbres a fait une grossière erreur en se retirant », constata Goldine avec un sourire vainqueur. Il aurait pu faire de graves dommages chez eux avec ses pouvoirs. « Maintenant il est tout seul.
— Le problème est qu'il ne s'est pas retiré tout seul. Regardez le nombre de corps qu'il y a.
— Vous avez raison. Il n'y en a pas tant que ça. Où est passé Queudver ?
— Je l'ai vu transplaner dès qu'il a repris connaissance. Voldemort lui a fait signe pendant qu'il était en train de vous étrangler.
— Que fait-on à présent ?
— Ils ne vont pas tarder à revenir. C'est là que commenceront les problèmes », déclara Lucius en arrivant.
— Parce que tu trouves que "les problèmes" n'ont pas déjà commencé ? » demanda Sirius en lui montrant de l'index sa paupière droite affaissée. Il y avait deux rigoles de sang qui en partaient, « C'est sûr, je constate que de ton côté tu es parfaitement intact !
— Sirius ! Nous n'allons pas commencer à mesurer le mérite de ceux qui ont combattu par les blessures qu'ils pourront arborer ! s'exclama sévèrement Albus.
— Ce n'est pas le moment de se quereller. Lucius a raison, les vrais problèmes commencent maintenant. Ils peuvent revenir quand ils veulent, transplaner sous notre nez, nous tuer et repartir !
— Mais qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Nous sommes à leur merci ! s'exclama Remus.
— Albus, pouvez-vous protéger une zone pour leur interdire d'y transplaner en quelques minutes ? demanda Goldine.
— Je m'y attèle.
— Faites vite. Ils peuvent revenir à tout moment, pressa Lucius.
— Je vais avec Albus pour le protéger pendant qu'il ensorcelle la zone. Vous devriez formez un cercle afin de voir partout à tout moment », conseilla Severus.
Maugrey regarda Albus et Severus s'éloigner, se demandant si le Serpentard serait assez solide pour protéger le directeur si le besoin s'en faisait sentir et hésita à les rejoindre.
