Everybody wants to be a cat…
Chapitre II
C'est un Harry profondément circonspect qui sortit de la salle de classe.
Bien. La forme d'Animagus n'influençait donc pas l'être humain. Ce qui voulait dire…
Il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et chercha frénétiquement une autre explication que celle, logique, qui concluait qu'il avait tout simplement apprécié les caresses de Snape.
* Bweeuuuuuaaaaaahhh…va vomiiiiiiir…*
- Harry? Ca ne va pas? Tu es tout pâle!
Le Survivant jeta un regard mourant sur ses deux amis qui l'attendaient dans le couloir.
- Ca ne va pas? répéta Hermione.
- Bôaaaf…
- Qu'est-ce qu'il y a? demanda Ron avec un regard curieux.
- Je… enfin tu vois… j'ai… Est-ce que vous pensez que parfois, inconsciemment, on peut faire de bon cœur des choses qui nous rebuteraient complètement si on réalisait qu'on est en train de les faire? lança-t-il tout à trac. Et les regretter entièrement après, mais vraiment entièrement?
Ses deux amis lui jetèrent un regard prudent.
- Tu as roulé une pelle à Malefoy? hasarda Ron.
Hermione lui balança un coup de coude en riant pendant que Harry, avec consternation, se disait que son ami n'était pas tombé si loin.
- Non, laissez tomber, conclut-il résolument en les entraînant vers la salle commune.
Harry se retourna dans son lit. Impossible de dormir. Dire qu'hier, à la même heure, il était en train de… Il secoua la tête: n'importe quoi. Dodo.
…
N'empêche… Il se demanda si Snape s'interrogeait sur le chat et sur ce qu'il était devenu. Quoiqu'il n'y avait pas vraiment de raison pour que Snape s'intéresse à un chat. Excepté si celui-ci lui démolissait son labo, peut-être. Ou alors s'il avait lui aussi apprécié de…
Argh.
Il – venait – juste – d'admettre – qu'il – avait – apprécié.
Il y a des choses qui font mal dans la vie. Admettre qu'on a apprécié de se faire caresser par Snape en faisait certainement partie.
* Mais c'est pas possiiiiiiiiIIIIIiiiible!!!*
Il se donna silencieusement deux ou trois baffes puis entreprit de reconsidérer le problème à tête – relativement – froide.
1. Snape t'a caressé alors que tu étais sous forme de chat (important de préciser).
2. Tu as apprécié comme n'importe quel chat (idem).
3. Problème: tu n'es pas un chat.
La grande question est donc: POURQUOI??? (Question annexe: Snape est-il réellement un être vivant?)
Rien à faire. Il tournait en rond.
Harry étant un Gryffondor et la principale caractéristique des Gryffondors étant de préférer l'action à une réflexion sans fin ( ou à peu près), il ne fit ni une ni deux, se transforma et fila en direction des cachots.
La porte était toujours ouverte. A croire que l'homme l'attendait…
* Nan mais voilà, on dirait que je parle d'un rendez-vous amoureux maintenant… Faut vraiment que je me fasse soigner, moi. Doit y avoir des séquelles de ma cicatrice. Qui sait, peut-être Voldemort m'a-t-il jeté un sort qui ferait que j'apprécierais… NAON! Bon, concentration, concentration…*
Snape était encore à son bureau, mais cette fois feuilletait une revue dont le simple titre – "Filtres et Potions" – hérissa les poils du dos du Survivant. L'homme ne semblait guère passionné non plus et parcourait vaguement les articles d'un air ennuyé, assez semblable à celui qu'il abordait en passant devant le chaudron de Harry durant les cours de Potions. Il ne paraissait pas porter très haute estime aux auteurs du magazine.
- Miaou.
L'homme leva les yeux vers lui et ses lèvres s'incurvèrent légèrement.
- Te voilà, toi. Je me demandais ce que tu étais devenu…
Harry avait sa réponse: l'homme avait donc pensé au chat.
* Il a pensé à moi, il a pensé à moi, il a pensé à moi, il… Nan mais ho j'en ai rien à foutre qu'il ait pensé à moi! ET PUIS QUOI ENCORE?! JE M'EN CONTREFOUS! JE M'EN CONTREBALANCE! JE…*
- Viens là toi.
- Miaoouuuuu…
Harry se retrouva sur les genoux de l'homme, à se faire papouiller.
Et à adorer ça.
* Oskouuuuuuur…* eut-il une dernière fois le temps de penser avant de se mettre à ronronner d'extase.
Lorsqu'il ressortit des appartements de Snape, une heure plus tard, titubant de volupté, il n'eut que la force de se traîner jusqu'à son lit, de s'y laisser tomber en se retransformant, et de s'endormir avec un sourire béat aux lèvres.
- Harry? HARRY!
- Moui?
- Tu vas le faire étouffer.
- Gnhein?
- Ton Morvduduc. Si tu continue à le bourrer de navets, tu vas le faire étouffer.
Harry baissa les yeux sur la dernière trouvaille de Hagrid qu'il valait mieux ne pas décrire trop en détails, et cessa aussitôt de le bourrer amoureusement en avisant la purée de navets qui lui sortait des oreilles.
- Qu'est-ce qui t'arrive? demanda Ron avec un regard prudent. Tu t'es pris de passion subite pour les Morvduducs?
Harry reposa plutôt sèchement la bestiole par terre ("SPROTCH.") et se passa une main nerveuse et accessoirement pleine de bave dans les cheveux.
Il lui arrivait tout simplement qu'il attendait avec impatience la nuit suivante et que cela, ce qui était bien compréhensible, le terrifiait. Bien plus que ne pouvait le terrifier le souvenir de Voldemort ou des Détraqueurs, qui constituaient presque quelque chose de normal à côté de ce qui lui arrivait vraiment. Et voilà. A dix-sept ans, après avoir échappé au tabac, à l'alcool et à la drogue, il était accro aux mains de Snape.
- J'SUIS FOUTUUUUU!!!!! MWAAAHHHMAAAPOUKOAAAMOAAAAAA???!!!
Tout le monde se retourna vers le Survivant en train de sangloter dans les bras de son meilleur ami. Lequel ami le bâillonna d'un Morvduduc dans la bouche et l'entraîna un peu plus loin. Il le laissa soigneusement recracher l'immonde gélatine violette puis le saisit par les épaules et le regarda droit dans les yeux.
- Allez. Maintenant explique-moi.
Harry débita rapidement sa "petite" histoire, rentrant la tête dans les épaules dans l'attente des hurlements que Ron ne manquerait pas de pousser. Mais son ami, après l'avoir gratifié d'un regard complètement incrédule, se contenta de le dévisager pensivement. Harry le questionna timidement.
- Ron?
- Ca va, l'assura son ami. Je ne suis pas choqué… enfin si mais ça va quand même… un peu surpris disons mais… (Il le regarda à nouveau, avec un calme plutôt étrange.) Et… alors? Qu'est-ce que tu va faire?
Harry prit un air désespéré.
- Je ne sais pas, moi! Tu crois que ça se soigne?!
Ron eut une moue sceptique.
- Mais qu'est-ce que je vais faaaaaire! se lamenta Harry.
- D'abord il faut savoir si c'est spécifique à Snape, déclara sagement Ron. (Et comme Harry le regardait sans comprendre.) Transforme-toi.
Harry, obéissant, jeta un coup d'œil autour de lui et prit sa forme Animagus.
- Cool! s'enthousiasma son ami en l'extirpant du tas de ses vêtements. Tu crois que je pourrais y arriver moi aussi? Euh… oui, bon, on en parlera après, ajouta-t-il devant le regard suppliant du chat. Bouge pas.
Il se mit en devoir, un peu hésitant de lui gratouiller les oreilles. Après une minute de papouilles un peu gênées, Harry se retransforma en secouant la tête.
- Non. C'est pas pareil. Quand c'est Snape c'est bôôôôôcoup mieux, il a le don de savoir exactement où…
Son sourire extatique s'effaça et il adressa un regard morose au rouquin.
- Commence par te rhabiller, lui conseilla impassiblement celui-ci en lui tendant ses vêtements. Tu es tout nu.
- Ah oui, c'est vrai… Je ne maîtrise pas tout à fait ça encore…
Il se glissa derrière un arbre.
- On pourrait demander à Hermione? suggéra-t-il ensuite. Elle aurait sûrement une idée.
- La première chose qu'elle ferait serait sans doute de prévenir Dumbledore que tu es un Animagus, lui répliqua Ron. Non… Moi, je pense tout simplement que tu devrais juste attendre que ça se passe. Y'aura forcement un moment où ça ne te fera plus rien.
- Tu crois?
Ron lui adressa un sourire rassurant.
- Tu ne vas pas passer ta vie à te faire papouiller par Snape, non plus?
Harry fit la grimace, puis hocha la tête.
- Ouaip. Ca va passer. Merci, Ron.
- A ton service!
Ils revinrent vers le reste de la classe qui ramassait les derniers restes de Morvduducs éparpillés sur la pelouse. Harry partit s'excuser auprès de Hagrid pendant que Hermione, curieuse, s'approchait de Ron.
- Qu'est-ce qui se passe? demanda-t-elle.
Le dernier des Weasley eut un sourire hilare.
- Rien. Tu ne me croirais pas de toutes façons.
La nuit suivante, Harry partit donc retrouver son professeur de Potions (sous forme de chat, s'entend).
Les choses ne traînèrent pas et cinq minutes après son arrivée, Snape et lui étaient vautrés dans le divan à échanger des papouilles. Harry sentit toutes ses préoccupations s'envoler. C'était trop parfait, un point c'était tout.
- Ne fait pas tes griffes sur ma chemise, le gronda l'homme.
Harry lui répondit par un voluptueux coup de tête contre la joue, puis émit un véritable rugissement de bonheur quand Snape lui caressa le ventre. Ce dernier éclata de rire.
Un peu plus tard, roulé en boule sur le ventre de l'homme qui s'était endormi dans le canapé, Harry constata qu'il appréciait non seulement les mains de l'ancien Mangemort, mais également son odeur chaude. Et pendant qu'on y était, que l'homme était bien mieux sans ses kilos de robes noires, vêtu simplement de sa chemise et de son pantalon.
Il bailla, s'étira et s'endormit.
Snape rendait les copies.
- Tu es rentré vachement tard cette nuit, chuchota Ron.
- Je me suis endormi, marmonna Harry.
Le rouquin dissimula un sourire.
- Potter.
Schlack.
Harry saisit sa copie – dont il connaissait déjà le résultat – puis jeta un coup d'œil à son professeur qui regagnait son bureau parmi les rangées d'élèves éplorés devant leurs notes. Hum. Il se fit la réflexion qu'il était sans aucun doute le seul à l'avoir vu rire, si les autres pouvaient seulement imaginer que Snape savait rire… Il en fut bizarrement satisfait.
- Ta copie est pleine d'encre.
Ron avait l'air surpris.
- Tu lui as rendu ce truc? Pas étonnant qu'il t'ait mis…
- Ce n'est pas moi, sourit Harry. Enfin si mais…
Il leva la main.
- M. Potter? lâcha sèchement Snape.
- Monsieur, ma copie est pleine d'encre, je n'arrive pas à…
- Vous chercherez dans le dictionnaire la signification du terme "accident", M. Potter, répondit l'homme avec exaspération. Bien. La potion du jour…
- Moi je veux bien mais ça n'empêche que je n'arrive pas à lire ce que vous avez écrit et donc…
- Ca suffit, Potter. Vous pouvez sortir.
Snape lui indiqua impassiblement la porte.
- D'accord.
Harry rassembla tranquillement ses affaires, se leva, traversa la classe silencieuse, ouvrit la porte et se retourna.
- Bonne journée, Monsieur.
Puis il sortit prestement. Snape n'avait même pas levé la tête.
Le cours reprit.
- Ca s'est plutôt bien passé, aujourd'hui, fit Hermione avec philosophie.
- Non. Il faut aussi que je travaille. Laisse-moi en paix une petite heure.
Harry se détourna sèchement et partit s'enterrer sous la bibliothèque.
- Et ce n'est pas la peine de bouder, ajouta Snape en s'asseyant à son bureau.
Seul un silence royal lui répondit.
Au bout d'un quart d'heure, Harry avait écrasé une vingtaine d'araignées et commençait à s'ennuyer ferme. Il envisageait sérieusement l'idée de laisser Snape en plan ce soir-là, mais outre que la porte était fermée et qu'il n'était pas question qu'il daigne demander à l'homme de l'ouvrir, il désirait viscéralement que ce dernier le prenne dans ses bras. Il poussa un gros soupir intérieur.
* J'espère que tu as raison, Ron, et que ça va me passer…*
Toctoctoc!
Harry pointa le bout de son museau dehors et vit le Maître des Potions relever la tête d'un air étonné.
TOCTOCTOC!
- Entrez.
L'homme qui fit irruption dans le salon était bien le dernier que Harry pensait jamais revoir, et encore moins à Poudlard. Lucius Malefoy s'installa sans façons dans le meilleur fauteuil du maître des lieux, qui reposa calmement sa plume.
- Lucius.
- Bien, fit froidement l'autre. Je vois qu'au moins tu te souviens de moi.
- Comment ne pas t'oublier, fit légèrement Snape. Que puis-je pour toi?
- Je viens te proposer quelque chose.
Harry, intrigué, sortit de sous son meuble.
- Quelque chose, répéta lentement Snape. Et en quoi consisterait ce quelque chose?
L'héritier des Malefoy se pencha en avant, le regard brillant.
- Tu le sais très bien, Severus. Voldemort a laissé derrière lui une organisation parfaitement au point, qui ne demande qu'à être réutilisée. Ce serait d'une facilité admirable! Il en a trop fait en cherchant à s'emparer du pouvoir, alors qu'il aurait pu se contenter de devenir riche comme Crésus et Midas réunis!
Le professeur eut un sourire ironique.
- Et le fait que je vous aie tous espionnés pendant des années ne t'effraye même pas?
Malefoy haussa les épaules.
- Ce n'était pas à nous que tu en voulais, Severus. A Lui. A Lui seul. Je le sais très bien… sourit-il méchamment. Je sais même pourquoi. (Et, comme l'ancien Mangemort avait brusquement pâli: ) Il te manque, hein? C'est vrai que vous alliez bien ensemble… Mais il est mort, Severus. Il l'a tué et tu ne le reverras –
Harry décida que Lucius Malefoy ne lui revenait vraiment pas et que tout cela allait vraiment trop loin. Il grimpa d'un bond sur ses genoux et lui planta sans façons ses dents pointues dans le poignet.
L'homme poussa un hurlement et le gifla violemment. Harry atterrit par terre, sonné, et vit la canne de l'homme se dresser de façon menaçante. Mais Snape s'était vivement levé et approché, et la saisit au vol.
- Ca suffit. Tu vas faire des taches sur mon tapis.
Il se pencha et ramassa un Harry tremblant, avant de se tourner vers son hôte.
- Tu as un chat, maintenant? demanda sarcastiquement ce dernier en se massant la main. C'est à la limite du pantouflard…
Harry cracha dans sa direction, tous poils hérissés.
- J'apprécie beaucoup son intelligence, répliqua Snape en posant un regard insistant sur la morsure. Pour en revenir à ta proposition, Lucius, c'est non. Et si j'estime que tu dépasse les bornes, n'espère même pas que je fermerai les yeux.
Malefoy Senior lui jeta un regard furieux.
- Une menace?
- Oh, non, je n'oserais jamais. Bien. Je suppose que tu as autre chose à faire que de bavarder avec moi? demanda courtoisement le maître des lieux en ouvrant la porte.
Le visiteur sortit avec un dernier murmure d'avertissement. Snape referma derrière lui puis se laissa tomber dans un fauteuil en soupirant. Il avisa Harry, toujours dans ses bras, qui le regardait d'un air curieux.
- Bravo. Tu as gagné une demi-heure.
Le chat lui lécha gentiment le menton. L'homme, sans trop y prêter attention, déboutonna machinalement sa manche et la remonta jusqu'au coude. Sur son avant bras s'étalait la Marque des Mangemorts, d'un rose pâle de cicatrice. Snape la frotta doucement du bout des doigts, comme pour s'assurer de sa réalité.
Harry posa une patte sur le bras de l'homme et se pencha, fasciné. Il ne l'avait aperçu qu'une seule fois, et seulement de loin. Mais il reconnut sans peine le crâne, de la bouche duquel se tortillait le serpent qui semblait presque vivant. Il regarda l'homme qu'il détestait le plus au monde et sursauta devant son air triste et fatigué. Snape semblait moins dur, moins inflexible, moins inattaquable. Un peu plus jeune. Puis sa moustache effleura la peau pâle, l'ancien Mangemort tressaillit, reprit un visage impassible et regarda à nouveau le chat.
- Bon. Au lit.
Harry eut un miaulement de protestation: et sa dose de papouilles alors?!
- Pas ce soir. Il est trop tard.
- Miaaaaaaa…
- Désolé. (Il le reposa à terre, se leva, puis se gratta le menton.) Sauf si tu veux rester là cette nuit.
Harry bondit en l'air avec enthousiasme.
Mmmmh… Il était bien. Au chaud.
…
Il ne savait pas trop où il était mais il était bien.
Il s'étira. Tiens. Il était dans un lit. Avec des draps confortables…
Et il y avait des bras. Immenses, accueillants…
Ca sentait bon…
Il était vraiment très bien.
…
L'Autre bougeait. Il entendit un soupir endormi.
L'Autre.
Quel Autre? Il fronça les sourcils. Où je suis?
Harry ouvrit les yeux et faillit pousser un hurlement en tombant nez à nez avec un visage bien connu. Le cœur battant la chamade, il se rappela ce qu'il faisait dans le lit de Snape et s'empressa de vérifier qu'il ne s'était pas retransformé par inadvertance. Non. Ouf.
Il jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de l'homme qui sommeillait encore et aperçu le réveil qui indiquait six heures et quart. Meeeeeerdum. Il avait intérêt à se dépêcher très très très vite s'il voulait retourner dans son dortoir…
Il se glissa furtivement du lit et se carapata dehors, courrant comme un dératé. Pourvu qu'il ne rencontre personne… Par chance les couloirs étaient déserts. Il se glissa dans la Salle Commune, reprit forme humaine, enfila ses vêtements qui traînaient encore dans un coin, et grimpa discrètement jusqu'à sa chambre. Malheureusement, Dean, le lève-tôt du groupe, était déjà debout et enfilait sa chemise.
- Salut! chuchota-t-il soigneusement. Tu étais où? ajouta-t-il en vivante incarnation de la Curiosité Indiscrète.
Harry ouvrit la bouche, chercha frénétiquement une histoire vraisemblable à débiter, puis se contenta d'un clin d'œil complice.
Loupé.
- Une fille? demanda Dean sans plus baisser la voix. Hé, les mecs, Harry a une copine!!! Les gars, réveillez-vous!!!
En vingt secondes toute la chambre était debout et bombardait le pauvre Survivant de questions. Harry hésitait à se jeter par la fenêtre pour leur échapper, mais Ron lui sauva la vie une fois de plus en écartant les autres manu militari et en l'entraînant dehors.
- Super discret, grommela-t-il. Tout le monde va se demander avec qui tu as passé la nuit. Enfin d'ici à ce qu'ils devinent, ajouta-t-il avec un sourire goguenard.
- Je n'ai pas passé la nuit avec…! s'étrangla Harry.
- Au sens premier du terme, si, corrigea Ron. Après, je ne connais pas les détails…
Harry allait lui répondre vertement quand il comprit que son ami se moquait de lui. Il lui balança un coup de coude que Ron évita en riant.
- J'ai faim, grommela le Survivant.
- On s'habille et on va manger. Et après, tu m'explique comment on devient un Animagus.
Harry suivait distraitement Hermione et Ron vers leur prochain cours, repensant à la soirée précédente.
Qu'est-ce que c'était que cette histoire de personne tuée par Voldemort, qui avait poussé Snape à changer de camp? Malefoy Senior avait parlé d'un "il". Donc un homme. Un homme que Snape aurait aimé? "Vous alliez bien ensemble…" un homme qui aurait aimé Snape? Snape préférait les hommes? On en apprenait de belles…
En tous cas, si c'était ça et étant donné la tête qu'avait fait le Mangemort quand Malefoy était parti, il comprenait mieux pourquoi l'homme avait haï Voldemort… Et pourquoi il semblait si dur.
Même s'il était a-do-ra-ble quand il dormait.
* NAN MAIS N'IMPORTE QUOI MOI!!! Faut vraiment que tu fasses une cure de désintoxication, mon p'tit Riry…*
Une voix méchamment moqueuse le tira de ses pensées.
- Alors, Potter, il paraît que tu t'es trouvé une petite copine? Une Sang-de-Bourbe qui a bien voulut de toi?
Après Malefoy Senior, Malefoy Junior. Harry soupira intérieurement.
- Moi au moins, j'ai des propositions, répliqua-t-il. Maintenant laisse-moi passer.
Draco jeta un regard furieux aux quelques impudents qui avaient osé ricaner, puis se retourna vers le Gryffondor.
- Tu ne nous dis pas qui c'est, Potty? Moi qui pensais que tu t'en vanterais à travers toute l'Ecole… A moins que tu n'en ais honte?
Les gens s'approchaient d'eux, curieux.
- Ma vie privée ne regarde pas un pauvre type comme toi, gronda Harry. Laisse-moi passer.
Le blond fit semblant de ne pas l'écouter.
- Ooooh… Mais non, j'ai compris! En fait c'est juste une histoire pour dissimuler ton… pucelage?
Les Serpentards hurlèrent de rire tandis que les Gryffondors se rassemblaient en serrant les poings.
- Tu vois, Malefoy, répondit tranquillement Harry, ma vie sexuelle, c'est comme mes parents. Je préfère ne pas en avoir du tout plutôt qu'en avoir honte.
Dans le silence qui suivit, le hurlement de Draco dut être entendu jusqu'à la plus haute tour de l'Ecole.
- JE T'INTERDIS D'INSULTER MON PERE! TU ENTENDS?! JE TE L'INTERDIS!!!
Le blond s'était jeté sur Harry et lui avait collé son poing sur le nez. Les élèves s'écartèrent, apeurés, devant les deux adolescents se frappant à coups redoublés. Personne n'osait intervenir, jusqu'à ce qu'une voix universellement connue et crainte retentisse froidement.
- Qu'est-ce qui se passe ici?
Snape écarta les élèves et saisit les deux fauteurs de troubles au collet.
- Messieurs? La raison de cette agitation?
- RIEN!!! crièrent les deux ennemis en chœur, avant de se lancer un regard glacé.
- Je vois. (Snape se tourna vers les spectateurs.) Quelqu'un peut m'expliquer?
- LE PREMIER QUI PARLE JE LUI PETE LA GUEULE!!! cria Malefoy sans tenir compte de la tête de Snape.
Et comme les élèves s'interrogeaient du regard, hésitants:
- Je crois qu'on va faire pareil pour les Gryffondors! intervint la voix joyeuse de Ron.
Tout le monde se tourna vers ce dernier d'un air sidéré, ignorant totalement Snape dont les lèvres ne formaient plus qu'une trèèèèès fine ligne blanche. Le silence se fit louuurd.
- En fait, bégaya brusquement la voix de Crabbe, Potter est tombé par terre et Draco l'aidait à se remettre debout…
- Tu rigoles? intervint la voix hautaine de Draco. Moi, aider Potter? C'est moi qui suis tombé!
- Mais ils ont mal calculé leur coup et Harry est tombé sur Malefoy, ajouta précipitamment Hermione.
Il y eut un long silence. Puis Snape, ses yeux atteignant sans peine le zéro absolu, murmura seulement deux mots.
- Retenue générale.
Les Gryffondors étaient assis à une table sur la gauche de la salle, et faisaient semblant de travailler tout en jetant des regards noirs aux Serpentards qui, assis à une table sur la droite de la salle, faisaient semblant de travailler tout en jetant des regards noirs aux Gryffondors. Entre les deux, le no man's land.
- Non mais qu'est-ce qui t'a pris d'aider Malefoy?! chuchota Harry à son ami assis en face de lui.
Ron leva un œil du devoir de dix-sept rouleaux que venait de leur inventer Snape.
- Et bien, étant donné que Malefoy ne semblait pas très enthousiasmé par l'idée que toute l'Ecole apprenne que tu as insulté son père, en sous-entendus certes mais insulté quand même, et que d'autre part il me paraissait fort improbable que tu apprécie que toute l'Ecole apprenne que tu as découché cette nuit, je me suis dit que c'était une bonne idée.
Et il retourna à son devoir.
Harry resta un moment la bouche ouverte puis protesta.
- Mais de toutes façons ça va se savoir!
- Oui, mais au moins vous n'aurez pas à décrire la scène à Snape. Je pense que ni l'un ni l'autre n'auraient vraiment apprécié. Il faut savoir faire des compromis avec l'ennemi, tu sais, dit distraitement Ron sans lever le nez.
Harry cligna des yeux, puis se tourna vers Hermione qui avait suivi la conversation avec effarement et se pencha à son oreille.
- Ron m'inquiète en ce moment, murmura-t-il.
La brunette hocha la tête.
La salle se vida petit à petit, les élèves déposant en sortant leur copie sur le bureau derrière lequel Rusard les surveillait avec autant de sympathie qu'un bouledogue guettant le facteur. Avec un soupir, les trois amis, bons derniers – Harry et Ron parce qu'ils n'avaient rien à dire, et Hermione pour la raison inverse – quittèrent enfin la pièce, leur ventre hurlant famine. Ils tombèrent nez à nez avec Draco Malefoy qui semblait patienter dans le couloir.
Avant qu'ils aient pu se mettre sur leurs gardes, le blond s'approcha d'eux et…
- Merci, fit-il d'un ton peu aimable, avant de faire demi-tour.
Il s'arrêta cependant trois pas plus loin et leur fit face.
- Ca ne s'adresse pas à toi, Potter. Juste aux deux autres. Surtout Weasley.
Et il partit sans se retourner, les laissant médusés.
- Draco Malefoy nous a remerciés? articula difficilement Hermione.
Harry tombait des nues. Ron avait un sourire indéfinissable aux lèvres.
- Bon. Je vais me chercher quelque chose à manger, marmonna enfin le Survivant. Qui vient avec moi aux cuisines?
Hermione secoua la tête.
- Je retourne à la Salle Commune, j'ai encore quelques devoirs à travailler, déclara-t-elle.
- Je t'accompagne, moi aussi j'ai des trucs à faire, ajouta Ron avant de se tourner vers Harry. Tâche de ne pas te faire attraper!
Harry partit donc tout seul pour son expédition nutritive. A onze heures et demi du soir – foutu Malefoy et foutu Snape! – le conseil de Ron était plus qu'avisé. Surtout qu'il ne se dirigeait vraiment pas vers ses quartiers.
Et comme bien sûrs les emmerdes n'arrivent jamais seules, il n'avait fait que dix mètres quand il faillit percuter son professeur de Potions.
- Excusez-moi, balbutia-t-il précipitamment.
L'homme ne lui adressa qu'un regard distrait, puis continua son chemin avec un vague "Allez en cours, Potter!", jetant des coups d'œil préoccupés autour de lui. Comme s'il cherchait quelque chose. Comme s'il…
Harry retint à grandes peines un sourire hilare.
- Tiens, un chat! lança-t-il à voix haute.
Snape pivota vivement sur les talons.
- Où?! lança-t-il brusquement.
- Je l'ai vu filer par-là, répondit Harry avec un regard poliment curieux. Un chat noir… Vous le connaissez?
- Non, répliqua sèchement l'homme en partant à grands pas dans la direction qu'il venait de lui indiquer.
Harry attendit que le bruit de ses pas eut disparu pour éclater de rire.
Puis il réalisa que l'envie de suivre l'homme était bien plus forte que l'appel désespéré de son ventre, et jura entre ses dents.
A suivre…
