Titre : Cendrillon version Loup-garou, chap II.
Source : HP I, II, III et IV.
Auteur : Lychee.
Disclaimer : Ces personnages appartiennent à J.K.R., je ne me fais pas d'argent avec mes fics (pour ce que ça vaut ^_^), donc inutile de me poursuivre je n'ai pas un rond…
Genre : Yaoi. Slash. Yaoi. Slash. Yaoi. Slash. Yaoi. Slash. Yaoi. Slash. Yaoi. Slash. Yaoi... agnaaaaaah...
Pitit mot : merci comme d'hab à tous ceux qui aiment ce que j'écris, que je les connaisse bien ou pas. MERCIEUH !!!
Cendrillon version Loup-Garou.
Chapitre deux : l'arrivée du Prince Charmant…
Oùske… mwarf mwarf mwarf mwarf mwarf ! ( C'est très mauvais. Un auteur n'est pas sensé rire de ses fics. Pas bien Lychee.)
Le débit de la vendeuse était impressionnant. Habillant et déshabillant Remus à une vitesse quasi-subliminale, elle parvenait simultanément à maintenir une conversation effrénée, se suffisant presque à elle-même. La jeune femme n'avait qu'à acquiescer vaguement de temps à autres, ce qui l'arrangeait bien : le fait de se faire manipuler comme une poupée de chiffon l'embarrassait vaguement.
- … et votre tour de taille est absolument par-fait ! Vous êtes très sportive, n'est-ce pas ? Avec une alimentation très saine ?
- Hon-hon…
* Je parcoure régulièrement la campagne en égorgeant tout ce qui me tombe sous la patte…*
- Mais juste ce qu'il faut, quand même : une femme trop musclée, ce n'est pas beau, déclara catégoriquement la grassouillette sorcière. J'adore vos cheveux, tenez, enfilez-moi ça, la couleur est naturelle ? Mais non voyons, ça s'attache dans le dos ! Mmh… non, la teinte est trop vive. Essayez ça, plutôt.
Au bout d'une heure et demie d'essayage, Remus l'aurait bouffée toute crue et par la même occasion Sirius qui roupillait dans un coin. La sélection de la femme totalisant six robes, trois pantalons, trois chemisiers, deux pulls et une montagne de divers sous-vêtements, bas, chaussettes, débardeurs, petits hauts et autres nuisettes, Remus un peu terrorisé décida que cela suffisait largement.
- Je mets à quel nom ? demanda aimablement la vendeuse au moment de passer en caisse.
- Lupin.
- Oh ? Seriez-vous de la famille de ce charmant M. Remus Lupin ? Un garçon très bien, continua-t-elle à caqueter, très gentil, malheureusement…
- Je suis Remus Lupin, l'interrompit-il assez sèchement. Je vous remercie. Bonne journée.
Et, chargé de ses paquets, il sortit, apostrophant Sirius au passage, abandonnant la sorcière évanouie derrière son comptoir.
Lucius Malfoy.
Lucius Héritier-de-la-très-ancienne-et-très-riche-et-très-puissante-et-très-riche-et-très-influente-et-très-riche-et-très-honorable-et-très-riche-et-au-sang-très-pur-et-très-très-très-très-très-riche-famille Malfoy. Peu sympathique, mais assez riche pour se le permettre.
Les derniers évènements avaient cependant légèrement atténué sa puissance/influence/honorabilité (mais pas sa richesse, Merlin soit loué). La chute de Voldemort, tout d'abord, et le fait qu'il ait été découvert comme l'un de ses principaux serviteurs. Il n'avait pus que clamer son innocence en expliquant avoir été soumis à l'Endoloris pendant toutes ces années ce qui était aussi vrai qu'il s'appelait Malfoy, mais le Ministère ne l'avait laissé en liberté qu'à contre-cœur. Mains cela n'était pas grand-chose à côté de ce que lui avait infligé Narcissa. Enfin bon. Tant qu'y a de l'argent, y a des gens pour vous sourire.
Cependant, il était de très mauvais poil ce jour-là en sortant de chez l'antiquaire de Pré-au-Lard, qui avait refusé de lui vendre un somptueux jeu de go ensorcelé du XVIIIème siècle (le perdant se retrouvait prisonnier dans un labyrinthe de pions blancs et noirs) sous prétexte qu'il était déjà réservé. Et réservé par qui ? Des Sangs-de-Bourbe… Le respect se perdait, mes bonnes gens.
Il ronchonnait donc sévère quand… de l'autre côté de la rue… il La vit.
Elle.
Son cœur bondit tandis qu'il observait la femme qui venait de surgir de la boutique de mode en face de lui. Sa silhouette était mince et gracieuse, son adorable petit visage dévoré par d'immenses yeux d'or, à l'expression pensive complètement captivé, il imagina combien devait être enchanteur le sourire de cette jolie bouche, combien devaient être doux les cheveux négligemment remontés sur la nuque… Le tonnerre craqua et il commença subitement à pleuvoir, sans qu'il songe même à ouvrir son parapluie, trop occupé à détailler la taille mince, les longues jambes fines, les épaules bien mises en valeur par un simple chemisier blanc. Un rêve. C'était un rêve. Elle était parfaite, jusqu'à son expression douce et tranquille, sans rien d'agressif, de hautain, de méprisant, sans rien de mou ou de collant non plus… parfaite. Pourquoi ne l'avait-il pas rencontrée avant ? se demanda-t-il en se pinçant machinalement.
* C'est peut-être une Moldue ?* lui souffla une petite voix.
Il envoya illico la petite voix aux oubliettes, et tenta de reprendre ses esprits. Il ne fallait pas La laisser lui échapper. Car Elle était Sienne depuis la nuit des temps, même si Elle ne le savait pas encore…
Ce fut à ce moment qu'elle le regarda, un regard machinal, tout d'abord, mais qui s'accrocha tout-à-coup au sien, avec surprise, puis une sorte de méfiance… Lucius se demanda si elle avait entendu parler de lui et l'avait reconnu. Il hésita à sourire puis prit juste un air amical, sans la quitter des yeux. La femme sembla encore plus étonnée, puis se troubla légèrement, et ils restèrent ainsi un moment à se dévisager, séparés seulement par la largeur de la rue, incapables de détourner le regard… un rêve…
Lucius réalisa soudain qu'il devait avoir l'air très con, la bouche ouverte, sous la pluie, avec son parapluie à la main, et voyant qu'elle n'en avait pas, s'avança vers elle pour lui proposer le sien.
Crack.
Le rêve se brisa brutalement quand Black – Black ! – sortit vers la jeune femme et lui balança une claque sur les fesses en rigolant.
- Prête ma poulette ?!
Lucius en resta tout bête sur la pluie, maudissant tous les Blacks de la planète et s'interrogeant sur ce qu'il avait bien pu faire au Ciel pour que la femme de sa vie sorte avec l'homme qu'il détestait/exécrait/méprisait/haïssait (pas de mention inutile) le plus au monde.
* Pourquoiiiiiiiiiiiiii moiiiiiiiiiiiiiiiii ???? Seigneur kesske j'ai faiiiiiiiiiit pour que vous m'infligiez çaaaaaaaaaa ???!!!! *
Profondément dégoûté par la vie, il s'apprêtait à tourner les talons, jetant un denier coup d'œil curieux à la Femme de sa vie en train d'écraser avec application les pieds du grand débile – tiens elle avait du caractère en plus… arrête Lucius c'est la copine de Black ! Berk ! – quand à son grand malheur…
- MAIS C'EST LULUUUUUUUU !!!!
Trop tard.
Black s'approchait de lui, un sourire narquois aux lèvres, suivi par la femme.
- Mon ch'tit Lulu !
- Je n'apprécie guère, Black, d'être interpellé à l'aide d'un surnom débile au milieu de la rue, répliqua-t-il sèchement.
- Tu n'apprécie pas grand-chose, c'est ça ton problème, soupira l'autre.
- J'apprécierais que tu n'existe pas, ou dans une moindre mesure, que tu me laisse en paix, répondit sarcastiquement le blond.
Black roula des yeux.
- On croirait entendre Sev, tiens. J'suis immunisé, tu sais ?
- J'en suis heureux pour toi, renifla Lucius. En parlant de Severus, il va être heureux d'apprendre tes infidélités.
Black ouvrit de grands yeux, ressemblant plus ou moins à un Elfe de Maison devant l'ordinateur central du CNRS, puis suivit le regard moqueur de son vieil ennemi et se tourna vers la femme qui suivait discrètement la conversation. Il pointa le doigt vers elle.
- … ?
- Oui, soupira Lucius avec abattement.
Il avait honnêtement cru qu'il existait des limites à la bêtise Black était la preuve ultime du contraire.
A sa profonde stupéfaction, l'homme éclata de rire et passa un bras autour des épaules de l'inconnue.
- Ne me dis pas que tu ne l'as pas reconnue !
- C'est bon, marmonna la femme.
Elle avait vraiment une jolie voix, remarqua distraitement Lucius. Mais non, il ne voyait pas… Il ne l'aurait pas oubliée…
- C'est Remus, rigola Black. Il a bu un truc bizarre lui aussi…
- Ah, opina Lucius.
C'était donc ça…
Hum.
- REMUS LUPIN ?!
La femme se détourna, embarrassée.
- Et oui, continua le crétin. Ca le change, hein ? Tu ne trouve pas qu'elle est mignonne ?
* Tu parles… Merde ! Kesskejedismoi ? C'est un homme ! Enfin non mais si. N'empêche qu'elle est… mmmh…*
- Lucius ?
Black le regardait avec curiosité.
- Ca ne va pas ?
- Je me demandais ce que tu avais bien pu encore faire comme connerie, répliqua froidement Lucius.
- Et bien pour une fois je n'y suis pour rien ! répondit joyeusement l'homme. Enfin presque… c'est Remus qui a confondu une expérience de Sev avec… (la ''femme'' lui balança un coup de pied)… enfin qu'importe, continua-t-il précipitamment. Tu viens à la rencontre parents-professeurs lundi soir ?
Lucius, la tête chamboulée, ne tint pas compte de la maladresse du changement de sujet.
- Oui, je pense, répondit-il distraitement. Je m'inquiète de la santé de mon fils durant ses cours de Potions… Bon, je vais y aller… A lundi.
Il s'éloigna sous le regard curieux du couple.
Le week-end s'écoula tranquillement, les seuls à ne pas en profiter étant Severus et Sirius, harcelés par leur chère nouvelle amie. Cette dernière avait d'ailleurs acquis un niveau de popularité impressionnant, et le club de duel du lundi soir avait rassemblé autant de personnes que cinq années plus tôt avec Lockheart. Cependant, à l'opposé de cette malheureuse expérience, il promettait d'être suivi par bien d'autres – à la grande joie de la population masculine de Poudlard.
Remus hésitait entre se pendre au lustre du Grand Hall et se noyer dans sa soupe.
A son grand malheur et désespoir, ce mardi soir précis tombait la réunion trimestrielle des parents d'élèves; outre qu'il dut en rencontrer au bas mot deux cents, et que ces derniers étaient bien plus intéressés par son incident que par l'avenir de leurs rejetons, il était de tradition que les visiteurs le désirant demeurent à dîner, à la table de leurs enfants. Et ainsi débuta la soirée…
Draco triturait d'une fourchette pensive la montagne de champignons aux bananes qui trônait dans son assiette. Il avait eu l'intention, puisque l'occasion s'en présentait, d'aviser son père de ses… liens avec Harry-Potter-le-Survivant: la présence des 300 ou 400 convives lui aurait ainsi permis d'échapper à l'assassinat. Mais, devant le comportement étrange de son paternel, il avait changé ses plans.
- Père.
- …
- Père!
Lucius, l'air ailleurs, lui jeta un grognement sans même le regarder.
- Père, répéta patiemment Draco.
- … mmgnnmmmmnnnquoi?
- La cigarette.
- …
- Sur laquelle tu tires férocement depuis tout à l'heure.
- …
- Est en réalité un haricot vert.
Lucius jeta un vague coup d'œil surpris au fruit d'Angiosperme Papilionacée qu'il tenait à la main, le reposa soigneusement – dans son verre – et reprit sa contemplation méditative. C'est-à-dire que son visage s'abîma dans une sorte de morne extase tandis qu'il fixait l'autre bout de la Salle d'un regard globuleux.
* Répugnant *, songea Draco.
L'adolescent, curieux, suivit le regard de l'homme vers la table des professeurs. Qui pouvait bien déclencher une telle réaction chez son père, M. Lucius Comportons-Nous-Selon-Notre-Rang Malfoy?
MacGonagall, Dumbledore, Hagrid… Non. Rien de ce côté-là (du moins il l'espérait). Sinistra? Non. Son père l'avait déjà rencontrée, tout comme Chourave et Bibine. Mmh… Snape, Black, Lupin, Pomfresh, Flitwik – tut. Marche arrière. Flitwick, Pomfresh, Lupin… L-u-p-i-n. Non. Si. Non. Si. Non. Si. Non. Si. Il regarda à nouveau son père. Aucun doute: lorsqu'il bavait de cette manière, c'était que quelqu'un lui avait tapé dans l'œil. Mais Lupin!
- Elle a de jolis yeux, lâcha-t-il sur le ton de la conversation.
- Oui, hein?! s'exclama Lucius avec enthousiasme, avant de se reprendre, confus. Euh… de qui parles-tu?
Son fils, accablé, lui jeta un coup d'œil critique.
- Père il s'agit d'un homme.
Lucius ouvrit la bouche, chercha quelque chose à dire, puis y enfourna une grande fourchette de haricots verts et fit semblant de ne pas avoir entendu.
- HARRYYYYYYYYY!!!!!
L'évolution de leurs relations lui avait finalement fait abandonner le 'Potter', qui ne servait plus qu'en cas de dispute. Or il s'agissait à l'instant d'un appel à l'aide pur et simple.
Le brun abandonna sa conversation avec son parrain et se tourna vers lui en souriant.
- Oui mon doudou?
Draco le saisit par les épaules et le secoua comme un prunier, paniqué.
- Mon père a flashé sur le Pr Lupiiiiiiiiiiiiiin!
- … agueuh!… agueuh!… agueuh!… agueuh!…
- Tu sais Draco, observa doctement Sirius, je pense que si tu le laissais parler, il pourrait alors peut-être te répondre.
Reconnaissant toute la sagesse de cette profonde réflexion, Draco lâcha son amant qui mit quelques secondes à remettre sa tête d'aplomb.
- Tu disais?
- Mon père. Lucius Malfoy. Il bave devant Lupin.
Les deux bruns le fixèrent poliment.
- IL EN EST TOMBE AMOUREUX, QUOI!
- Aaaaaaaaaaaaaaah…
Qui osait prétendre que les Gryffondors n'étaient pas idiots? Draco essaya de garder son calme.
- Il faut faire quelque chose.
- Pour les mettre ensemble? demanda Sirius avec intérêt.
- MAIS NON, AU CONTRAIRE! Ca peut pas aller!
- Pourquoi? demanda innocemment Harry. Tes parents ont bien divorcé il y a un an, non? Ou est le problème?
- Le problème, c'est que d'une part il est hors de question qu'un Malfoy s'affiche avec un homme – totalement impensable…
- Donc tu vas me larguer? demanda légèrement Harry.
- Non. Je vais changer de nom, répliqua Draco. D'autre part, continua-t-il tandis que le brun affichait un air ravi, mon père est à 200% hétéro!
- Bôh, tout le monde change, remarqua philosophiquement Sirius.
Et les deux Gryffondors reprirent leur discussion sans sembler véritablement préoccupés. Le blond poussa un gémissement et se commença à se frapper la tête contre le mur, désespérant de trouver quelqu'un s'intéressant à son sort. Il bondit brusquement sur Snape qui arrivait tranquillement.
- Professeur, aidez-moi s'il vous…
- Ah, Sev, tu connais la nouvelle? lança joyeusement Sirius. Lulu a le béguin pour notre Reminette!
L'homme haussa un sourcil amusé.
- Et bien… mes félicitations pour votre nouvelle belle-mère, M. Malfoy, lança-t-il ironiquement.
Le dernier espoir de Draco venait de s'envoler en fumée. Il s'évanouit.
- Drac? Draaaaaaaaaaaaaaaaac?! Drac, réveille-toi!
Quelqu'un le secouait gentiment, l'interpellant d'une voix inquiète… Mmh. C'était agréable de savoir que l'on s'inquiétait pour lui… Il avait décidé de feindre encore l'inconscience quelques instants, savourant la note alarmée dans la voix de Harry, quand…
SCHLACK.
- Aïeuh!
Il se redressa, furieux, portant la main à sa joue et cherchant du regard l'impudent qui avait porté la main sur lui, Draco Malfoy, Second-héritier-de-la-plus-riche-famille-blablabla. Il s'agissait en l'occurrence de Snape qui souriait d'un air satisfait – son expression ressemblait à celle d'un homme venant juste de réaliser quelque chose qui lui tenait à cœur depuis longtemps – et il ravala ses insultes.
- Ca va, Drac? lui demanda gentiment Harry agenouillé près de lui.
- Erk. J'ai fait un horrible cauchemar, marmonna-t-il en se passant la main sur la figure. Lup – le Pr Lupin était transformé en femme, et mon père avait flashé sur elle… Même que vous (il désigna Snape) me félicitiez pour ma nouvelle belle…
Il s'interrompit, regarda Harry, regarda Sirius, regarda Snape, regarda le couloir dans lequel ils se trouvaient – et sut que ce n'était pas un cauchemar.
- Oh shiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit.
-Allez, c'est pas si grave? le consola Harry tandis qu'ils se dirigeaient vers le Grand Hall pour souhaiter un bon retour aux parents d'élèves, suivis par leurs deux professeurs qui semblaient d'excellente humeur.
- Tu ne comprends pas… (Draco hésita) Quoiqu'en disent les gens, mon père possède tout de même ce qui s'appelle un cœur et le départ de ma mère avec Lockheart – surtout ce type – lui a fichu un sacré coup… Je… j'ai pas envie qu'il en bave encore, surtout après ce que lui a fait subir Voldy… Pourquoi tu souries?! Tu vois, tu te fous encore de ma gueule!
- Non! Non, excuse-moi, je suis… hum… surpris, répondit sincèrement Harry. Mais je trouve ça… je trouve ça bien. Que tu te préoccupe de lui, je veux dire.
- Oh.
- Oui.
Draco sourit légèrement et Harry prit un air innocent.
- Eeeeeet… c'est vrai que tu changeras exprès de nom pour moi?
Le blond renifla.
- Si mon père se met avec Lupin ce ne sera même plus necessai…
Il empoigna soudainement son ami par le bras et le plaqua contre le mur; des voix jaillissaient du couloir qui croisait le leur, venant de leur droite. Des voix bien connues.
- A Pré-au-Lard? Samedi soir? demandait une voix féminine étonnée.
- Hum – et bien – oui, ça faisait longtemps que l'on ne s'était pas vus et… répondait l'autre, masculine, et surtout extrêmement embarrassée.
- Oh, oui, pourquoi pas… Je préviens Sirius et Sev –
- NON! Je veux dire – je crois qu'ils ont déjà prévu quelque chose, donc…
- Ah…
- Oui.
- Bon, et bien d'accord… On se retrouve…?
- A l'Esculape. A 8 heures?
- L'Esculape. Huit heures. D'accord.
- Hum… Et bien à samedi…
- A samedi…
Les pas s'éloignèrent, chacun dans une direction, mais heureusement pas celle de nos deux espions. Quatre espions, plutôt, Sirius et Snape les ayant rejoint et ne trouvant visiblement pas indigne d'eux d'ouvrir également tout grand leurs oreilles.
- C'est bien Remy, ça, commenta Sirius en secouant la tête. Toujours gentil, toujours poli.
- Peut-être pas vraiment innocent, murmura Snape.
Draco se tournait vers son amant avec un air désespéré.
- Mais pourquoiiiiiiiiiIIIIIIIIIiiiiiiiiiIIIIIIIIIIII??!!!
- L'Amour, l'Amour, chantonnait Sirius, tandis que son filleul supportait un Draco Malfoy effondré.
Le blond releva soudain la tête.
- On va y aller.
- Très bien. Où ça?
- A l'Esculape. Samedi soir. Je veux savoir, déclara-t-il fermement.
- Heeeeeuuuuuu attend… L'Esculape c'est le resto de Pré-au-Lard vachement chic et tout là? C'est toi qui paye?
Mais Draco ne l'écoutait déjà plus, s'éloignant vers son dortoir en marmonnant dans sa barbe. Harry s'élança derrière lui.
- Severus… murmura Sirius distraitement.
L'homme haussa un sourcil interrogateur.
- Tu ne m'as jamais emmené au restaurant! déclara l'Animagus d'une voix mécontente.
L'homme le toisa ironiquement.
- Remus sait se tenir à table, lui.
Harry porta le Blablateur à ses lèvres. (NdA: un Blablateur est une petite sphère métallique qui fonctionne selon un principe de vibrations magiques et permet de communiquer à distance; un peu l'équivalent de notre téléphone portable en plus joli.)
- Noble Gryffondor à Perfide Serpentard. Je répète: Noble Gryffondor à Perfide Serpentard. Promenons-nous dans les bois. Je répète: promenons-nous dans les bois.
Un soupir jaillit de la boule argentée, aussitôt suivi de la voix ennuyée de Draco.
- Tu es sûr que tous ces pseudos et ces codes sont nécessaires?
- Affirmatif, répondit Harry en souriant.
- Et ben j'aurais dû choisir à ta place. Mon père n'est pas encore là non plus… Kessk'on fait? On rentre quand même?
Harry, planqué derrière une poubelle un peu plus haut dans la rue, aperçut soudain Remus apparaître à l'entrée de Pré-au-Lard.
- Non… je veux dire négatif. Elle est là.
- Bon… pus qu'à attendre son flirt…
Harry pouvait presque entendre le blond grimacer. Incroyables ces Blablateurs.
- Bien reçu. Over.
- C'est ça, c'est ça…
Remus pénétra dans le restaurant qui puait déjà le chic à 200 mètres. Un moment plus tard, Lucius apparut à l'autre bout de la rue.
- Ca commence mal pour ton père, dis-moi, susurra le brun tandis que M. Malfoy Senior passait la porte du restaurant. Il la fait déjà attendre…
- Merde, Potter.
Ils attendirent prudemment dix minutes de plus, puis s'avancèrent à leur tour vers l'impressionnant porche de marbre vert.
Draco se redressa, lissa un pli imaginaire de sa somptueuse robe gris perle, prit son air le plus adulte et glissa un Gallion dans la main du maître d'hôtel qui avait accouru les accueillir.
- Draco Malfoy. Serait-il possible d'obtenir disons une table… discrète… très discrète… et pas trop éloignée de l'homme aux cheveux argentés arrivé chez vous il y a une dizaine de minutes? laissa-t-il tomber avec indifférence.
Le sorcier s'inclina jusqu'à la moquette et leur fit signe de les suivre.
- T'as la classe, admit Harry tandis qu'ils s'engageaient dans un petit couloir tendu de riches tapisseries.
Draco jeta un coup d'œil à sa simple robe émeraude et renifla. Mais il souriait légèrement.
Le maître d'hôtel ouvrit une porte et les invita à entrer.
- L'une de nos meilleures loges, messieurs, déclara-t-il respectueusement. Un sort anti-bruits empêche les sons d'en sortir… (Son sourire complice mourut sur ses lèvres sous le regard glacial que lui jeta Draco.)… tout en vous permettant d'entendre parfaitement ce qui se passe dans la salle.
Harry jeta un coup d'œil autour de lui: c'était une petite alcôve, avec une table pour deux; sur un des côtés, des rideaux s'entrouvraient sur la salle du restaurant. Il y jeta un coup d'œil et tomba immédiatement sur son futur beau-père-qui-ne-le-savait-pas-encore et sa-potentielle-future-belle-mère-si-plein-de-choses. Ils étaient installés à une autre petite table à l'écart, l'air un peu embarrassés.
- Merci, mon brave, fit Draco en donnant négligemment un autre Gallion au sorcier.
Le Serpentard avait l'air de royalement – c'était le mot – s'amuser.
Puis, quand l'homme fut sorti, il s'approcha rapidement de Harry.
- Alors?
- Alors ils ont l'air aussi à l'aise qu'un couple de trolls dans un magasin de tutus.
- Je n'ai pas besoin de tes comparaisons débiles… quoique… hum.
- Ouais hein?
- Ouais…
Remus et Lucius se faisaient nerveusement part de chaque côté de la table.
- La folle ambiance… marmonna Harry.
Des bruits éclatèrent alors derrière la porte de leur alcôve.
- Non, messieurs, non! Je suis désolé! Cette pièce est déjà occupée, vous ne pouvez pas…
- On sait, on sait, répliqua distraitement une voix tandis que la porte s'ouvrait sur un Sirius qui, les avisant, leur adressa un grand sourire. Salut vous!
Derrière suivaient un Severus toujours digne dans ses longues robes noires et un maître d'hôtel affolé. L'Animagus se retourna vers ce dernier.
- Vous voyez qu'ils nous connaissent! Bon, maintenant, ajouta-t-il en le repoussant gentiment dehors, allez-donc nous chercher les menus… Lààà… c'est ça… (Il claqua la porte avec un soupir.) Le personnel, de nos jours…
Harry réussit enfin à reprendre ses esprits.
- Eeeet… je peux savoir ce que vous faites là? demanda-t-il d'un ton très légèrement énervé. (Il fallait se rendre à l'évidence: sa soirée avec Draco était foutue.)
- Je ne voulais pas louper Lulu faire sa déclaration à Remus, voyons! Quant à Sev… (Les deux hommes échangèrent un regard et l'ancien Mangemort haussa les épaules, mais il souriait légèrement)… quant à Sev il est là au cas où, reprit Sirius.
- Au cas où… répétèrent les deux élèves qui avaient eu l'air de penser exactement la même chose au même moment.
Sirius leva les yeux au ciel.
- Pas ça! Non c'est juste au cas où… (Il jeta un coup d'œil derrière les rideaux.)… c'est juste au cas où ça, justement.
Draco et Harry se regardèrent, comprenant de moins en moins. L'irruption du maître d'hôtel les interrompit dans leurs difficiles réflexions. Il leur distribua les menus d'un air pincé, puis se retourna vers la porte mais fut rattrapé par Severus qui le prit à part.
- Il a l'air bizarre, le maître d'hôtel, commentait distraitement Harry pendant ce temps.
- Je suppose que deux adolescents certainement pas majeurs, et deux hommes mûrs connus comme professeurs à Poudlard, réunis dans une alcôve, ne représentent pas l'incarnation d'une moralité profonde, répliqua Severus en revenant. C'est bon, fit-il ensuite à l'adresse de son amant.
- C'est bon quoi? demanda curieusement Draco.
Le professeur de DCFM se contenta de lui indiquer le rideau. Les deux élèves pointèrent le bout de leur nez entre les lourdes tentures…
A suivre! (Ouh la sadique!)
