Titre : Clair-obscur, chapitre 5.
Base : Gundam Wing.
Couples : *se racle la gorge* Alors, un poil de 2-4 (oh, à peine une
remarque mesquine !) et toujours un vague 2+1. Ça devient complexe à
coder ces bestioles là : du 5+2-5 (bien tenté Wu Fei, essaye encore
!). Et (vais me faire tuer...) du R+1 et du 2+R+2 (et rangez-moi *immédiatement*
ce flingue !!). Je crois que c'est tout. Pour cette fois, ha ha ha...
Genre : Sérieux, POV (Duo uniquement), angst (vous savez ce qu'on dit
: angst un jour, angst toujours, et le pire, c'est qu'on y prend goût
!). Violence capillaire (mais vous allez poser ce flingue, oui ??). Estomac
en perdition. Et surtout, discussion prise de tête (enfin... à
écrire en tout cas ! ^^;).
Auteurs : Meanne77, paix à mon âme...
E-mails : meanne77@noos.fr (oui, vous
pouvez écrire, lol !).
Disclamer : Ce chapitre a été sponsorisé par Finger de
Cadbury et les crêpes de ma maman... La forêt est à moi !
La maison et les meubles aussi ! Aucune nourriture n'a été torturée
pendant l'écriture de cette fic, j'ai les licences et les tickets de
caisse pour le prouver ! Pour les G-boys par contre...
Notes : Avant de râler, lisez ça :
1) J'ai fait aussi vite que j'ai pu ! J'ai séché un cours et j'ai
rien écouté à un autre pour vous écrire la suite
! Bon, okay, pour le premier, j'étais de toute façon en retard
^^; et pour l'autre, je me faisais *vraiment* chier (*et* chopée en plus,
mais bon, en licence, les profs disent vraiment plus rien, lol ! et pis, je
l'ai fait, son exo... breeef ! 3615 mavie, on s'en fout !). J'ai sacrifié
mon jeudi soir, mon vendredi entier et une bonne partie de mon week-end pour
finir ce chapitre, parce qu'il est looooong !!! J'ai trimé pour corriger
les fautes de frappes et autres mais vu la longueur et l'exténuation,
je m'excuse s'il en reste plus que d'habitude... Enfin bref, je crois que j'ai
mérité de me manger un kinder surprise ! (A quand un Deathscythe
dans les kinder, hum ?)
2) Léger spoiler sur l'épisode zéro de Relena...
3) Oui, il y a Relena dans ce chapitre. Arrêtez de hurler SVP et écoutez-
moi 30 secondes... Mon badge "2x1 FOREVER" est en cours de négociation
(je ne t'oublie pas, Shakes, lol !), et pourtant, je n'ai rien contre Relena.
Le problème de Relena, c'est qu'elle manque d'un bon scénariste.
Mais elle *peut* être bien ! J'ai pas dit que c'était facile...
Je dis simplement que j'ai essayé... Z'en pensez quoi ? ^^;
Archives :
* In Love With Death (mon site 2x1x2 ^^) :
* FFNET :
* Gundam Wing UA (site de PPCU) :
* Silence Bleu (site d'Isa) :
* Tenebrae Inferi (site de Mamui) :
* Perfect Shrine (site de Kali) :
Clair-obscur :
Chapitre 5.
... Et le soleil me réchauffe, enfin, ses rayons ardents, la chaleur,
et le vent, doucement, me caresse, m'effleure, et je sautille gaiement sur
ma branche, libre, libre, je saute, déploie mes ailes, prends mon envol...
Waaaaououuuuh !!!
Un tour, voltige, virevolte, droit en piqué, redresser au dernier moment,
narguer les prédateurs, libre, et chanter ma chanson, je suis là,
c'est moi, looping, et j'accélère, et le vent siffle, et je
glisse, glisse, sans fin, libre, et je vole, tourbillonne, et c'est le pied
mes amis ! Regardez-moi ! Le ciel bleu, le soleil, les arbres, et rien ne
m'arrête, et le ciel, le ciel... Bleu... Bleu, froid, il m'écrase,
pourquoi ? J'ai mal, mes ailes, attention à mes ailes, tu me fais mal,
ne brise pas mes ailes, laisse-moi, libre, veux partir, le ciel, y fait froid,
bleu, et... aiiiiieuuuuh ! Tu parles d'un atterrissage ! Mes ailes, fais gaffe,
merde ! J'suis sûr que j'ai les pattes toutes tordues, sans compter
mes plumes, quel souk ! Mon si beau pelage... Okay, reste là-haut,
m'en fous, suis libre, gambader, bondir, rebondir, j'aime le blanc, beau blanc,
immaculé, courir, sprinter, ah yeees, et le paysage, défile,
les arbres, les odeurs, papillons, une abeille, et les fleurs, du pissenlit
!! Manger, courir, sentir, courir enfin, je suis plus rapide que vous, et
je cours je cours je cours je cours, le terrier, je cours, me cache, le trou,
là, bientôt, je détale, tu ne me rattraperas pas cette
fois, je cours, tu vois ? Libre, tu comprends ? Le terrier, cours, encore,
plus vite, je vole presque, zigzague, je file, le vent, le terrier, noir,
chaleur, je suis bien...
...
Wow ! Space le rêve !!
J'ouvre les yeux, lentement, cligne, les frotte. Baille.
Huumm... Pas de renard des neiges à l'horizon...
Je sers mon oreiller avec possessivité contre moi. En boule, dans mes
draps, ma chaleur, faut qu'j'me lève ?
Quelle heure il est ?
La lumière filtre au travers des volets clos. Doit pas être tôt.
Combien de temps j'ai encore dormi, moi ?
Je me gratte le crâne, un peu, beaucoup,et encore, raaah, faut qu'j'me
lave les cheveux !!
Je me redresse ; où est Yuy ?
A ma droite, une chaise. L'était pas là la veille. Dessus, du
blanc. Je tends la main : une, non, deux serviettes, et un gant. Oh, un ange
veille sur moi ! Je souris.
Ou y'a un devin parmi eux...
Yuy ou Mère Poule ? Bof, peu importe.
Oh j'ai faim ! Chier, j'ai pas mangé hier soir, j'suis déjà
pas bien gras, si en plus je loupe des repas...
Hier soir... Oooh ! Ooooooh ! Comment j'ai pu me laisser aller comme ça
? Et devant lui ? Ooooh, non veux pas, retour en arrière s'il vous
plaît !
Et je me suis endormi ? Comme ça ? Noooon, la honte, veux pas ! Bon
sang, merde, je vais passer pour qui moi maintenant ?
Bon, relativisons. J'ai chialé comme un gosse devant Yuy, non, pire,
contre ses genoux. Relativisons j'ai dit ! Ça aurait pu être
pire. Si si. Je pourrais être mort, déjà. Ah, vous voyez,
c'était pas si atroce que ça finalement ! Oooh ! J'aurais pu
craquer devant un autre, ou quand Winner était encore là ! Bin
voilà, là, je relativise !
N'empêche... doivent tous savoir... Va falloir garder la tête
haute... Pfff...
Oh j'ai faim !
Mais d'abord, une douche ! Au point où j'en suis, je peux bien repousser
le repas encore un peu, et je suis sûr que je l'apprécierai beaucoup
plus une fois propre.
Donc, je me lève, vais à la fenêtre et l'ouvre, ainsi
que les volets. Soleil. Air frais. J'suis en vie... Un sourire me prend par
surprise. Putain, je-suis-en-vie !
Un coup d'oeil au ciel m'apprend que la matinée est déjà
bien avancée. Neuf heures, dix peut-être. J'ai encore fait le
tour du cadran, faudrait vraiment que je songe à reprendre un rythme
normal... Me demande où est passé Yuy, me surveille plus ?
... Bon, à la douche !
*******
Miroir mon beau miroir... dis moi qui je suis...
Visage rond, effectivement, et yeux violets, donc, cheveux châtains,
longs. Pommettes saillantes, légères fossettes quand je souris.
Pas vraiment que le coeur y soit mais bon, faut bien faire des tests.
Un peu pâle, pas trop de cernes, j'aurais quand même besoin de
me refaire une santé, au soleil de préférence. Des vacances...
Non, vraiment pas ? Plus tard alors, hein ? Pas trop quand même, parce
que ça urge !
Je soupire...
Légère rectification, je dois plutôt peser 45 kilos que
50... Définitivement pas plus d'1 mètre 65. Bon, je suis un
ado en pleine croissance... Oui, je suis bien un ado et j'espère bien
grandir encore un peu !
J'ai une carrure plus prononcée que celle de Yuy ; plus large d'épaule
quoi. Mes muscles se dessinent doucement, mais lui, ce serait plutôt
le genre compact, pour ce que j'ai pu en deviner. Pas étonnant qu'il
ait pu me clouer au sol comme ça... Mouais, on va arrêter d'y
revenir, j'aime pas trop repenser à cet épisode...
J'ai des cicatrices.
Pour l'instant, je suis torse-nu, je sais pas dans quel état sont mes
jambes mais... j'ai des cicatrices.
Bon, je suis pas encore Frankeinstein hein, rassurez-vous, mais quand même,
c'est pas normal.
La plupart sont de simples traces ou légères coupures. J'en
ai aussi sur le visage, un peu, mais celles-ci devraient se résorber.
Je suppose que j'ai dû me protéger le visage par réflexe,
lors de l'explosion.
Je sais toujours pas ce qui a explosé, tiens, au fait...
Quelques traces de coups aussi, divers brûlures, bleus et contusions,
non, ils ne datent pas d'hier. Par contre, j'ai encore un peu mal à
l'épaule si je la bouge, et à la main quand je la plie. Les
reins, ça va.
J'ai une cicatrice sur le ventre, celle-là a été recousue.
Et elle n'est pas due à une appendicectomie.
J'ai deux traces bizarres dans le dos. Pas recousues, mais la peau a morflé
à cet endroit. Y'a longtemps.
Une autre, recousue cette fois, sur le bras droit, un peu au dessus du coude.
Celle-ci est encore légèrement rosée et brillante. Récente
? M'en souviens pas...
Pourquoi j'ai toutes ces marques ? Certaines sont déjà anciennes,
quel genre de vie j'ai mené pour... récolter ça ?
Il sait. Je suis sûr qu'il sait ! La prochaine fois que je croise le
sorbet nippon dans le couloir, j'vous jure que je lui fais cracher le morceau
! Il doit me dire ! Je peux pas rester comme ça, je dois comprendre,
je veux comprendre !
... Il est Japonais, Yuy ? Ça se voit qu'il est Asiatique, en partie
du moins, mais... Hum, Blondie a dû le mentionner à un moment
ou à un autre...
Quelle enfance j'ai pu avoir pour...
Je secoue énergiquement la tête. Je ne trouverai pas les réponses
tout seul. Et en attendant, je me suis toujours pas lavé.
Je lorgne du côté de la porte... Je ferme le verrou ou pas ?
... Bof, moi j'm'en fous, j'suis pas pudique.
Oust le fute ! Bonne surprise, pas de réels dommages du côté
inférieur !
Qu'est-ce que je fais pour mes bandages ? Vaut p'être mieux que je les
garde pour me laver, de toute façon faudra que je les refasse après.
Ou peut-être que Yuy s'en chargera... Mais qu'est-ce que je raconte
moi ? Peux très bien me démerder tout seul, pas besoin de lui
! C'est la faim qui me fait penser n'importe quoi, ouais...
Je me glisse sous la douche _ enfin ! _ avec armes et bagages. Savon, shampooing
et gant je veux dire. Je vais commencer par les cheveux, je sens que ça
va être galère...
Aaaah ! De l'eau chaude ! Bon Dieu ça fait du bien !! J'aurais bien
envie de m'éterniser sous le jet fumant mais je suis le dernier à
passer j'imagine, doit pas tellement rester de réserve dans le ballon
et j'ai franchement pas envie de devoir me rincer à l'eau gelée,
surtout pas avec la crinière que je me trimballe derrière !
J'ai vraiment les cheveux longs. Non, je veux dire : vraiment ! Déjà
nattés, mais une fois libres, c'est encore pire ! Ils me descendent
jusqu'aux genoux, z'imaginez un peu la masse que ça représente
? J'dois coûter une fortune en shampooing !
Le leur est au lait d'amande douce. La fragrance est agréable mais
c'est pas ma préférée. J'aime d'avantage les odeurs plus
fruitées... ou l'argile verte, oui, ça sent vraiment bon, l'argile
verte ! Tiens, j'ai même pas eu la curiosité de renifler le flacon
de secours de ma trousse, hier soir... Le ferai tout à l'heure. En
attendant, je frotte, gratte, malaxe, bref, je shampooine.
Pourquoi j'ai les cheveux si longs au fait ? J'espère qu'ils sont pas
à tendance grasse, parce que si je dois les laver tous les deux jours...
Quel plaisir quand même de sentir la mousse glisser sur ma peau !
Hum, et le gant est rêche, comme je les aime, ça gratte, c'est
l'pied, puté, j'ai l'impression que ça fait des siècles
que je m'étais pas lavé ! Enjoy enjoy ! Dommage que je puisse
vraiment pas profiter de l'eau un maximum. J'espère que j'aurai bientôt
l'occaz de prendre un bain...
Je m'essore les cheveux le plus que je peux, me sèche à moitié
à l'aide de mon gant puis retords encore mes cheveux. Au moins comme
ça je tremperai pas trop mes serviettes. C'est quand même bien
vu de m'en avoir filé deux.
Avec l'une, j'empaquette mes cheveux autant que possible. L'équilibre
est pas très stable mais pour l'instant, ça tient. Je me sèche
vigoureusement avec la deuxième puis la noue autour de ma taille. Propre
et luisant comme un sou neuf ! Presque une renaissance.
J'ouvre le placard où Yuy avait pris la trousse de soin hier soir et
refais mes bandages. C'est quand même vrai que seul, c'est pas évident.
Bon, la main gauche est dans un état relativement déplorable
et je mets autant de bande que Yuy la veille. Pour la droite... Elle est encore
sensible mais en bonne voie de guérison. Vaut peut-être quand
même mieux mettre un bandage pour aujourd'hui encore, mais le plus léger
possible, histoire de pas trop être handicapé... Juste pour la
protéger et la garder propre. Heureusement, je suis droitier.
Ensuite, je retourne dans la chambre.
La maison est totalement silencieuse, où y sont tous passés
?
Je m'assois sur la chaise et entreprends la longue, fastidieuse et chiante
tâche de me démêler les cheveux. C'est là qu'on
va voir si ma brosse est efficace... Vais en avoir pour des heures...
Je brosse je brosse je brosse. Ouch ! Saloperie de noeuds !
Je brosse je brosse je brosse. Encore un, fait chier.
Je brosse je brosse je br...aieuuuh ! Bordel mais y'a que ça ou quoi
? Et le démêlant, y pouvaient pas y penser aussi, hein ? Ça
existent, les 2-en-1 quand même !
Je brosse.
Brosse brosse...
Brosse...
...
Soupir.
Brosse brosse. Je brosse, tu brosses _ aïe _ il ou elle brosse, nous
brossons, vous brossez... Assez !! Cette fois j'en ai marre !
J'enfile un boxer et l'un des pantalons, jette la serviette sur mon épaule
et pars en quête. Direction : le salon. L'en reste forcément
au moins un, forcément. Ou dans la cuisine peut-être. Peu importe,
j'aurai vite fait le tour.
Salon. Bingo : Nicolas et Pimprenelle ! Nan, sérieusement, répétez
pas les surnoms...
Ils sont tous les deux en train de lire, Chang sur le divan (qui doit aussi
lui servir de lit) et Barton dans le fauteuil, juste en face de la porte.
Ils lèvent chacun les yeux à mon entrée et j'ai le droit
à une double inclinaison de menton.
Hum, j'dois dire bonjour vous croyez ?
- Où est Heero ?
Ils me regardent et ne disent rien. Quoi, c'est ma tenue qui pose problème
? J'les aurais pas cru si prudes !
Finalement Barton se décide, alléluia !
- Réapprovisionnement avec Quatre.
Oh...
- Ah.
- Quatre t'a laissé à manger dans la cuisine.
Ah ? Hum, c'est... gentil à lui...
Ils replongent en apnée littéraire.
- Y'a une paire de ciseaux dans le coin ?
Les deux têtes refont surface, Barton plus lentement, mais c'est Chang
qui demande, d'un air suspicieux :
- Pourquoi faire ?
Est-il abonné à cette phrase ?
J'empoigne l'objet de toutes mes malédictions et l'agite en l'air,
arrosant un peu le sol.
- Pour couper ça une bonne fois pour toute.
Et sa mâchoire s'affaisse. Bizarre. Fun, mais bizarre.
- Regarde dans la cuisine, me répond Barton, et Chang sursaute sur
son canapé en s'exclamant "Barton !".
Mais c'est quoi son problème au Chintock ? Il a peur que je joue les
éventreurs en les coursant dans toute la maison avec des ciseaux ?
Sans rire...
- Thanks..., je fais quand même.
Je quitte la pièce en entendant Chang demander à Barton pourquoi
il a dit ça. Dit quoi, me répondre ? Hellooo-o ! C'est pas moi
le psychopathe dans cette maison !
J'essaye de pas trop faire attention à l'assiette qui n'attend plus
que moi _ j'ai faim !! _ et fouille un peu partout. Oh, juste une banane peut-être
? J'aime les bananes et puisqu'il semble rester une rescapée du pique-nique
d'hier...
Oh-Mon-Dieu ! Putain que c'est bon ! C'est tellement bon que je m'écroule
sur une chaise le temps d'en savourer les deux premières bouchées.
Je sais pas si c'est parce que je crève la dalle ou quoi, mais c'est
la meilleure banane que j'ai jamais mangée. La meilleure de tous les
temps.
Paix à son âme.
L'assiette me fait de l'oeil. Non non non, j'ai les cheveux qui me dégoulinent
dans le dos, et ça, ça peut pas attendre. Donc, je refouille
un peu partout, trouve la poubelle pour ma pelure, découvre le tiroir
à couverts... Bon à savoir. Y'a bien des couteaux mais euh,
p'être pas quand même, pas envie de totalement me charcuter la
tête non plus.
Je fouille encore. Quelques conserves, un paquet de chips _ oh, des chips
! Non non non non non. Après.
...
Bon, je prends le paquet, juste histoire de le mettre en sécurité
dans ma chambre. Mais promis, j'y touche pas... tout de suite.
Je poursuis mon exploration, rarement vu un frigo aussi vide. Non, je ne pensais
pas trouver des ciseaux dans le frigo, c'était juste pour... oh ça
va hein, lâchez-moi un peu là !
Bref, il est vide. Logique me direz-vous, si personne n'est venu ici depuis
un ou deux mois. Oh vous savez ce que j'aimerais ? Une omelette ! Baveuse
à souhait et tout et tout ! Oh oui, une omelette ! ... Bref !!
Je replonge dans les profondeurs abyssales de la cuisine et au bout de cinq
minutes, je finis par remonter à la surface l'objet de mes désirs.
Ha ha ha ! Yeees !! Je sens que j'ai un sourire limite psycho _ oh, je pourrais
peut-être le montrer à Chang, histoire de rigoler un peu ?
Nan, je préfère en finir avec cette corvée, mon fute
commence à être trempé lui aussi, quelle plaie !
Plus pour longtemps.
Je retourne dans la salle d'eau, parce que c'est la seule pièce à
avoir un miroir, sans oublier de déposer mon paquet de chips au passage.
J'en salive d'avance. Bon, à l'heure actuelle, n'importe quoi me ferait
saliver, mais là n'est pas la question. Salle de bain, donc. J'achève
de me démêler les cheveux _ bin vi, faut bien _ puis m'observe
un peu dans la glace. J'ai ni la technique ni le matériel pour me faire
un truc élaboré. Me demande si une coupe en brosse m'irait ?
Bon, de toute façon, je ne le tenterai pas moi-même. Qu'est-ce
que je pourrais faire ?
Pas de coupe au bol, ça, c'est sûr !
Je garde la frange ou pas ? Hum... Je lève la main pour dégager
mon front, m'observe sous plusieurs angles... On garde la frange.
Je chope l'extrémité de ma tignasse et la remonte, pour juger
de l'effet si je me contente de raccourcir. Re-hum. Si c'est pour avoir la
même coupe au final, juste en moins long, l'intérêt est
plutôt limité. Et si je coupe trop court, je pourrai même
plus les attacher, ce qui deviendra encore plus chiant. Et c'est pas l'but.
Bon, alors...
Couper court, un peu ébouriffé? Sans frange dans ce cas. Attendez
que je visualise...
Errrkkss !! No way !!
... Et si je coupais là, en laissant quelques longueurs ici ?
Bof.
Ou comme ça peut-être ?
Non j'ai rien dit !
Merde, doit bien y avoir une autre coupe qui me convienne et que je puisse
me faire moi-même non ?
Et comme ça, en coupant ici et là? ... Et avoir la même
coupe que Winner ? JAMAIS !
Oh, et si je faisais ça et...
...
... !!!
Bon, vous savez quoi ? Rien ne presse ! Après tout, maintenant qu'ils
sont démêlés, je peux tout aussi bien les renatter (comme
ça y s'emmêleront pas de nouveau) et pis voilà ! Cette
histoire demande réflexion et les mains expertes d'un professionnel.
J'avais repéré des élastiques dans ma trousse. Une natte
fera parfaitement l'affaire pour l'instant. Point. Manger. Maintenant. Sus
à l'ennemi !
*******
Je revis.
Si si, j'vous jure, je revis.
Je sais pas ce que c'est au juste, probablement un simple assemblage de restes,
mais c'est le meilleur repas de ma vie.
Bon, c'est vrai que le fait que je me souvienne pas des autres aide un peu,
mais quand même
Le seul problème, c'est que j'ai encore un peu faim. Je garde mes chips
pour plus tard _ mieux vaut toujours avoir un plan de secours, mais j'espère
que Yuy va bientôt revenir avec une tonne de bouffe. Me demande s'il
aura acheté des pommes de terre. C'est que j'ai pas oublié mon
omelette moi !
Oh j'espère que je sais faire les omelettes !
Une fois repu _ j'évalue l'heure à environ midi, peut-être
un peu plus tôt, mais bref, une fois repu donc, je me demande ce que
je vais bien pouvoir faire. Yuy a pas l'air d'avoir laissé d'instruction,
je suppose qu'il n'est même pas question d'envisager une p'tite ballade
en forêt, y'a pas la télé ni rien d'un tant soit peu moderne
(pas moyen d'avoir des nouvelles de l'extérieur), bref, je m'ennuie.
J'erre un peu dans la maison, ce qui me prend pas bien longtemps mais me permet,
à ma plus grande joie, de croiser Chang. Il s'arrête en me voyant
et à l'air... soulagé ? Vous savez, je retire tout ce que j'ai
pensé sur Winner, c'est Chang le plus louche de tous.
Quoiqu'il en soit, je finis par échouer _ seul _ dans le salon, avec
mon soi-disant bouquin. C'est ça ou la Bible, et bien qu'il paraisse
que ce soit une chouette histoire avec beaucoup d'action, de grands sentiments,
de belles idées et tout et tout, étrangement, ça me tente
pas trop. Sans vouloir blasphémer.
Hors donc, je (re)commence à lire Pearl of Sorrow. En avançant
dans ma lecture, j'entends distraitement du bruit dans la cuisine. Probablement
mes baby-sitters qui se restaurent. Au moins, j'aurai pu savourer mon repas
sans avoir à supporter leur si charmante compagnie. L'avantage d'être
décalé...
Je lis encore...
Je vous raconte l'histoire ?
Alors, au début, y'a cette fille, Kara, 17 ans, belle comme tout, sale
caractère, sympathique au lecteur, plutôt marrante et un peu
mise à l'écart par son clan. Bref, l'héroïne quoi.
Ça a l'air de se passer dans un monde mi-médiéval mi-fantasy.
Kara fait partie d'une sorte de groupe de nomades, proches de la nature, chassant
ce dont ils ont besoin, des gentils donc.
Les trois premiers chapitres plantent le décors et les perso qui entourent
Kara. Y'a aussi une histoire de "Passage" qu'elle doit bientôt
subir mais la nature de la chose est pas encore très claire. Ça
semble être à mis chemin entre l'épreuve initiatique et
le jugement divin. Bien que Kara soit assez excitée par son Passage,
il est clairement sous-entendu que ce sera pas une partie de plaisir. Mis
à part ça, on sait que Kara est un peu spéciale _ donc
un peu rejetée _ mais on ignore encore au juste en quoi. Son oncle,
car bien sûr elle n'a pas de parents, semble en savoir plus qu'il ne
veut bien en dire.
A plusieurs centaines de lieues de là, on fait la connaissance de Iolan,
brave gars par excellence, un peu (beaucoup) naïf mais gentil, un poil
peureux aussi, mais gentil. Autant dire que : 1) il va salement morfler et
se révéler être quelqu'un sur qui on peut compter, et
accessoirement sauver le monde, et 2) il finit avec Kara à la fin de
l'histoire, voire avant, selon le degré de sadisme de l'auteur.
Oui, j'aime bien faire des pronostics sur le déroulement à venir
de l'histoire...
On a pas encore entendu parler de perle mais vu le contexte général,
je pense qu'il doit s'agir en réalité d'une pierre magique,
ou quelque chose d'approchant.
Bon, le scénar est pas bien transcendant pour l'instant mais le style
est plutôt cool, les perso vraiment sympa et les descriptions suffisamment
bien faites pour qu'on se fasse pas chier en les lisant. Je me sens plus proche
de Kara que de Iolan ; c'est un peu bizarre de s'identifier à une fille,
mais il faut reconnaître qu'elle fait assez garçon manqué
alors que Iolan manque un peu de caractère... Pour l'instant.
J'en suis au moment où le maître de Iolan, une sorte de prêtre/médecin/sorcier,
le fait appeler. Si vous voulez mon avis, les emmerdes commencent...
Et je croyais pas si bien dire, puisque Chang vient d'entrer dans la pièce.
Je l'ignore royalement, bien sûr, fixant mon attention sur mon bouquin,
mais il me regarde et ça me stresse. C'est comme... vous savez, quand
quelqu'un lit par dessus votre épaule, insupportable hein ? Bin tout
pareil, ça fait cinq fois que je relis la même phrase, et j'ai
toujours pas compris ce qu'elle voulait dire.
Chang s'approche de quelques pas. Faire semblant de lire, à défaut
d'y parvenir pour de bon...
- Que lis-tu ?
Je crois que c'est la troisième fois en tout qu'il me pose une question,
et à chaque fois, c'est une question con.
- Un livre.
Silence.
- C'est bien ?
- Pas mal.
Pause.
- Ça raconte quoi ?
Okay, il a décidé de me faire chier jusqu'au bout. Je relève
lentement les yeux vers lui et lui dis d'un ton acerbe (oui, j'aime bien)
:
- Peut-être que si tu me laissais lire je pourrais le savoir ?
Et je replonge dans ma lecture. A la périphérie de ma vision,
je vois qu'il a serré les poings. Ah !
Je sens qu'il m'observe toujours, et je fais exprès de tourner la page
avec nonchalance, toujours pour lui faire croire que j'arrive à lire
malgré sa présence. Et là, il se remet à parler.
- De la science-fiction hein ? Je suppose qu'il ne fallait pas espérer
que tu puisse lire autre chose.
Il change de tactique là ; y me cherche ?
- Un ramassis de stupidité, ajoute-t-il.
Note à moi-même : ne pas lui faire bouffer le livre avant d'être
arrivé à la fin.
- C'est affligeant, continue-t-il d'un ton méprisant.
Question : si je saute directement à la dernière page et la
lis, je pourrai lui fourrer mon bouquin dans la gueule ?
- Quand commenceras-tu à t'intéresser à ce qui est vraiment
important Maxwell ?
Mes mains se crispent. Garder son calme. Ne pas bousiller la couverture.
Je lève de nouveau les yeux vers lui. Très lentement.
- Oh mais je m'intéresserais avec plaisir à ce qui se passe
à l'extérieur si certaines personnes ne faisaient pas tout pour
m'empêcher de me tenir informé...
- Comme si tu t'étais jamais soucié des enjeux actuels.
Oh pu-té, je vais commettre un meurtre.
Je plisse les yeux et étudie son expression. Il... Il me cherche vraiment
! Non, je veux dire, il cherche délibérément à
me faire réagir, il cherche intentionnellement la bagarre, il veut
que je lui saute à la jugulaire ! Je sais pas pourquoi il me provoque
mais je sais que je lui ferai pas ce plaisir. D'autant que je suis sûr
que ce qu'il vient de dire est faux.
J'ai récolté suffisamment d'indices pour savoir qu'on est pas
de simple boy-scouts. Je sais aussi qu'il se passe quelque chose de grave
et qu'ils/qu'on y a notre part, sinon je ne me serais pas réveillé
au milieu de militaires, sinon on ne se cacherait pas au milieu d'une forêt.
Alors quelque soit la merde dans laquelle je me suis fourré, je suis
sûr que je me tiendrais informé. Ne serait-ce que pour
une simple question de survie. Ne serait-ce aussi que parce que si je m'en
foutais avant, je ne m'y intéresserais pas maintenant. Donc, il ment,
il n'a dit ça que pour me faire sortir de mes gonds. Je ne sais pas
à quoi il joue mais je me tiendrai en dehors de cette partie-là.
Ignorons les simples d'esprit, ils finiront par aller voir ailleurs.
Je le regarde encore et détends mon visage, faisant légèrement
se relever le coin droit de mes lèvres. Puis comme si de rien n'était,
je reprends ma lecture et l'ignore.
Il quitte rapidement la pièce. Mon sourire s'accentue...
Donc, le maître de Iolan l'informe que quelque chose de terrible semble
de tramer dans le Sud. Pour notice, Sud = Kara. Vous passe les détails.
Côté jeune fille en fleur, on a des yeux qui observent Kara.
Je balance encore entre une bestiole affamée et/ou envoyée par
un méchant, ou une sorte de créature humanoïde qui finira
par rejoindre notre troupe de futurs aventuriers. Bref. Loin du soucis de
sauver le monde, Kara se prépare, avec deux autres gars, à subir
son Passage.
On arrive au soir proprement dit, où tout le clan se réunit
et raconte de vieilles histoires. Alors là, on a plusieurs options
: soit on a carrément la légende de la Perle (mah ce serait
un peu trop facile, ne ?), soit on a un mythe de la-chose-grave-qui-se-trame-dans-le-Sud
(mais dit plus subtilement que ça bien sûr, à grand renfort
de métaphores et tout et tout), soit on a une prophétie tordue
sur la suite du scénar (Kara, ma fille, ouvre tes oreilles), soit enfin
il y aura quelque part the indice qui leur permettra de sauver la Création
à la fin (Kara, réveille-toi j'ai dit !). Ou alors, l'auteur
me sortira le méga coup de théâtre du genre les gentils
sont en fait les méchants, ou encore tout le monde crève à
la fin, mais franchement, j'apprécierais pas des masses. Je tiens à
mon "happy end" moi !
Bref, alors que je suis en pleine spéculation, j'entends la porte d'entrée
s'ouvrir et la voix de Winner marmonner quelque chose. Génial ! La
bouffe est arrivée ! Quelle heure il est ? 15 heures ? Me taperais
bien un p'tit goûter en tout cas, moi !
Je comprends pas ce que dit Blondinet, mais la voix d'une fille lui répond.
Tiens tiens...
- Ce n'est pas grave Quatre, ce n'est pas exactement comme si nous étions
amis...
Uh ?
Quelques bruits de sacs plastiques et de portes qu'on ouvre et ferme me parviennent
avant de disparaître dans la cuisine. Moins de cinq minutes plus tard,
on frappe à la porte que j'avais été fermer après
le départ de Chang. Comme je me sens plus prisonnier qu'autre chose
ici, je suppose que j'ai pas tellement l'opportunité d'accorder ou
non mon hospitalité. Il se casserait si je lui disais "va-t'en
!" ?
Quoiqu'il en soit, je n'autorise personne à entrer, ce qu'il fait néanmoins.
Je glisse mon index dans mon livre pour marquer ma page (mais où est
mon papier avec le numéro de téléphone ?) et reporte
mon attention sur lui. Sur eux.
Blondinet me dit bonjour, je hoche à peine la tête. La fille
derrière lui me sourit poliment. Blonde, yeux bleu clair, environ notre
âge et notre taille. Elle porte un col roulé rose très
pâle, moulant mais pas trop, juste ce qu'il faut pour que ce soit sexy
mais pas vulgaire. Le rose est loin d'être ma couleur préférée,
mais je dois reconnaître que sur elle ça rend plutôt bien,
ça s'accorde avec sa carnation. Idem pour Winner, tiens, lui aussi
porte des chemises roses... C'est une couleur que je ne pourrais vraiment
pas mettre !
Une jupe noire, ou plutôt bleu marine, plissée et qui s'arrête
juste au-dessus des genoux, vient compléter sa tenue. Elle a... comment
dire ? Un bon maintien.
Elle s'avance vers moi, sourire aux lèvres, stoppe juste devant moi
et me tend la main.
- Bonjour, je suis Relena Darlian Peacecraft, s'introduit-elle.
Au secours, encore un nom à rallonge !
Je lui serre la main et lui retourne son bonjour et son sourire. Sa poigne
est ferme et franche, mais malgré tout féminine. Un bon point
pour elle.
Je ne me présente pas puisqu'elle doit mieux savoir que moi qui je
suis.
- Vous n'êtes pas la nourriture que je m'attendais à voir arriver,
je lui dis à la place, après avoir relâché sa main,
et ses yeux s'arrondissent.
- Pardon ?
- Barton a dit... oh, laissez tomber.
Elle reste indécise quelques secondes, ou pensive peut-être,
parce qu'elle ne se retourne pas vers Blondie pour le consulter du regard,
elle continue de me regarder, moi. Finalement, elle me demande si elle peut
s'asseoir. D'un geste de la main, je l'y invite, me décalant un peu
pour lui faire de la place sur le divan. Je jette un coup d'oeil à
mon livre pour mémoriser la page, puis le referme.
- Je peux t'appeler Duo ? me demande-t-elle alors.
Je hausse les épaules. Pour ce que ça change. Et puis tout le
monde le fait alors une de plus ou de moins... Mais j'apprécie quand
même qu'elle ait posé la question. A moins qu'elle ne m'ait demandé
si elle pouvait utiliser mon prénom plutôt que mon nom de famille...
Winner se racle la gorge.
- Je vais vous laisser discuter, je serai dans la cuisine... euh, à
ranger les courses...
Re-uh ? Discuter ? C'est nouveau ça !
Il reste néanmoins agréable de savoir qu'il n'a pas fait que
ramener une fille à la "maison"...
Elle sourit en le remerciant puis se retourne vers moi et sourit encore un
peu plus. Winner quitte la pièce en fermant la porte derrière
lui.
Je la fixe à mon tour, ou disons plutôt que je l'étudie.
M'attendais pas à l'arrivée d'un nouveau joueur.
- Les garçons m'ont expliquée la situation, commence-t-elle.
- Tu es plus chanceuse que moi alors, si on t'explique quelque chose.
Elle m'a tutoyé, je m'aligne...
- C'est pour cela que je suis venue. Heero pense qu'il est préférable
que ce soit moi qui te parle.
- Pourquoi ?
- Pourquoi moi ?
Je hoche la tête.
- Hum. Je crois qu'il pense qu'il vaut mieux que ce soit quelqu'un de plus...
neutre ?
- Je vois. Après tout, ce n'est pas exactement comme si nous étions
amis.
Elle rougit et baisse les yeux, visiblement embarrassée d'avoir été
entendue. Elle n'évite pas mon regard longtemps, cependant. Un autre
bon point pour elle.
- Je voulais simplement dire que nous n'avons jamais été très
proches. Nous ne nous sommes vus que peu de fois et n'avons jamais eu l'occasion
de... hmm...
- Construire une véritable relation amicale ?
Elle acquiesce.
- Les circonstances ne s'y sont pas prêtées.
- Je vois, je dis, et le ton de ma voix lui fait comprendre que je ne me sens
pas offensé par ses paroles. Après tout, ce n'est pas non plus
comme si je me souvenais d'elle...
- Quatre me disais que tu ne me reconnaîtrais probablement pas, mais
je ne m'y attendais pas vraiment. Je veux dire, si tu ne te souviens pas d'eux,
pourquoi te souviendrais-tu de moi ?
- En effet..., je fais, un peu gêné quand même de la situation.
On... se connaît depuis combien de temps ?
Elle prend un air pensif et penche légèrement la tête
sur le côté. Mignonne...
- Environ un an et demi...
Hum...
- Donc... tu es là pour me parler ?
Elle acquiesce de nouveau.
- J'étais inquiète, j'étais venue aux nouvelles... J'ignore
ce que Heero leur a dit, mais les professeurs ont dit vouloir essayer de te...
"récupérer". Heero a pensé qu'il valait mieux
que je me charge de répondre à tes questions, autant que je
le peux, parce que... je suis moins impliquée, j'imagine.
Dit plus clairement : ils savent exactement ce qu'elle ne pourra pas me révéler
tout simplement parce qu'elle l'ignore elle-même.
- Très bien, alors : qui sont les professeurs, ça veut dire
quoi "me récupérer" et me récupérer
pour faire quoi ?
Elle se retient de rire et s'accorde un sourire amusé.
- Les professeurs sont... vos... mentors ? Je pense qu'on peut le dire comme
ça. Quant à tes deux autres questions... hum..., hésite-t-elle
; déjà.
- Tu n'as pas le droit d'y répondre ? je lui demande alors que le silence
commence à durer un peu trop longtemps à mon goût.
- Non, ce n'est pas cela, je cherche un moyen de t'expliquer mais il me semble
que quoique je dise, il y a toujours quelque chose à dire avant.
- Oh...
- Voyons... je me demande si le mieux ne serait pas une petite révision
d'Histoire ? Aussi subjective et partielle sois-je, bien entendu...
Je pourrais difficilement dire que l'idée ne me plaît pas, c'est
la meilleure proposition que l'on m'ait faite depuis... Et bien, depuis toujours
en fait. Et mon sourire doit de lui faire comprendre.
- Et bien, de quoi te souviens-tu au juste ?
- Faisons les choses plus simplement : commence depuis le début et
je t'arrêterai si ça m'est familier. C'est seulement que... il
y a des choses que je sais mais je ne sais pas que je les sais, tu vois ?
- Je pense comprendre, oui.
- Il se passe des choses, dehors.
Elle comprend rapidement ce que je veux dire par "dehors".
- Oui.
- Une guerre ?
Elle réfléchit une seconde.
- Oui, une guerre.
- Et... on y est impliqué.
- Oui.
- Je vois...
Je classe brièvement mes fiches mentales, cochant les hypothèses
qui se trouvent être vérifiées.
- Vas-y, raconte-moi contre qui on se bat et comment ça a commencé.
N'hésite pas à remonter loin.
Elle hoche la tête et prend une grande inspiration, qu'elle bloque un
instant avant de la relâcher. Elle bouge alors sur elle-même pour
se mettre plus à l'aise. Je l'imite sur ce dernier point.
- Il y a environ deux cents ans, l'Homme a entreprit de coloniser l'espace...
Je hoche la tête. Terre, colonies spatiales, jusque là, je suis...
- En AC022, la construction de la première colonie a débuté,
au point Lagrange 1. Quelques décennies plus tard, en AC050, quatre
autres projets de construction ont vu le jour mais il a fallu attendre l'année
102 pour que L1 soit achevée. A cette époque, de nombreux conflits
règnent sur Terre, ce qui n'empêche pas _ ou peut-être
entraîne ? _ des émigrations massives vers l'espace de se produire.
Afin d'unifier les différentes nations terrestres, des
pourparlers ont lieu. Ils aboutissent à la formation de l'Alliance
terrestre en AC133.
L'Alliance, oui... Mais c'est déjà plus flou...
Je lui fais signe de poursuivre.
- Rapidement, une force militaire de l'Alliance terrestre est créée.
Pour... maintenir l'ordre, fait-elle avec un geste évasif de la main.
Une à une, les nations de la Terre rejoignent l'Alliance.
- Et les colonies ?
- Etant rattachées aux nations qui les a financées, elles suivent
bien entendu le mouvement.
- De gré ou de force...
Elle n'a pas besoin de me répondre. Oui, les colonies ont toujours
subi le joug de la Terre. Je sens une brusque colère monter en moi.
D'un air interrogatif, elle me demande si elle peut continuer son récit.
Je lui fais signe que oui.
- Je pense commencer à être subjective à partir de cet
instant, bien qu'il n'y a pas si longtemps, j'étais d'avantage préoccupée
par savoir si ma robe d'anniversaire serait prête dans les temps que
par les conflits qui couvaient entre la Terre et l'espace.
- Je n'irai certainement pas te reprocher d'être une jeune fille normale...
Elle a un léger sourire et prend un air pensif alors qu'il ne transforme
rapidement en petit pouffement. Je me demande à quoi elle a repensé
à l'instant et si j'étais présent ce jour-là.
Elle secoue ensuite la tête avec un air d'auto-dérision.
- Où en étais-je ?
- L'Alliance...
- Ah, oui, l'Alliance... L'Alliance envoie une partie de ses forces dans l'espace,
toujours dans le but de veiller au maintien de l'ordre et à la sécurité
de ses citoyens. Rapidement, l'Alliance étend son... influence.
- Contrôle.
Elle hausse les épaules. Elle a raison, peu importe les mots utilisés
ici, nous comprenons tous deux de quoi il retourne.
- Les années passent, un second boom d'émigrations vers l'espace
a lieu alors que l'Alliance resserre de plus en plus la bride. Les colonies
se choisissent un représentant. Il parvient à rassembler toutes
les colonies derrière lui et sa politique de démilitarisation
et de non-violence est soutenue par un grand nombre, même chez les nations
de la Terre.
Elle marque une pause et me regarde dans les yeux. Son regard s'est légèrement
allumé.
- Il s'appelait Heero Yuy.
- Heero ?? Heero... Yuy ?
Elle hoche la tête, vaguement amusée par ma prévisible
_ et attendue _ réaction.
- Pas le nôtre bien sûr ; notre Heero s'est nommé d'après
lui.
- Heero... C'est pas son vrai nom alors ?
Elle m'étudie un instant, et son sourire a disparu.
- Il l'est pour nous.
Hum... peut-être, mais pour lui ?
- Peu après, reprend-elle, une organisation militaire privée,
OZ, financée par la fondation Romefeller, commence à développer
de nouvelles armes, les Mobil Suits.
- Oui... Je... vois ce que c'est...
Je me sens brusquement mal à l'aise.
- Heero Yuy va sur Terre et répand son message de paix. Il prône
le pacifisme total...
De nouveau, ses yeux brillent de résolution, peut-être aussi
d'admiration.
- ... Il est assassiné l'année suivante. C'était il y
a environ vingt ans. A la suite de cela, les Mobil Suits sont pour la première
fois utilisées comme machines de guerre...
Ses poings se crispent sur ses genoux...
- ... et les communications entre les colonies sont coupées.
- Totalement ?
- Oui.
Bizarre, j'ai comme l'impression que quelque chose cloche ici. Je n'ai pas
l'impression qu'elle mente pourtant, mais j'ai la sensation que quelque chose
est incorrect. Ou pas tout à fait exact...
- L'Alliance continue d'étendre son emprise, aussi bien sur les colonies
que sur les nations terrestres qui prônaient elles aussi le pacifisme
total. Mon pays natal, Sank, est mis à feu et à sang, la famille
royale est exécutée, ainsi que leurs ministres et une partie
de la population.
- Sank... J'y suis déjà allé...
- Tu t'en souviens ? s'exclame-t-elle, enthousiaste, ou excitée peut-être.
- Non, mais à moins que leurs pressings ne soient mondialement connus,
je sais que j'y suis déjà allé.
Elle me regarde, complètement perplexe, la bouche légèrement
entrouverte.
- J'ai trouvé un prospectus dans l'une de mes poches, j'éprouve
le besoin de lui expliquer.
Elle me fixe encore, les yeux agrandis, puis après une seconde de flottement,
prend le parti d'éclater de rire. Elle a un joli rire...
- Et bien, je ne sais pas pour les autres, mais je n'ai jamais eu à
me plaindre du mien !
Je lui souris, avant de redevenir plus sérieux.
- Continue Lena, s'il te plaît
Elle se reprend immédiatement et hoche brièvement la tête.
- Excuse-moi, soupire-t-elle. Donc, le royaume de Sank est détruit,
la capitale n'est plus que ruines et... comment dire ? C'est tout un symbole
qui s'écroule, tu comprends ? J'essaye de me montrer à la hauteur
pour lui redonner sa splendeur d'antant, et l'espoir, mais... Sank reste,
doit rester le symbole du pacifisme dans le cur des hommes ! Si seulement
je pouvais... si je savais mieux comment...
Je pose ma main sur son poing serré pour la calmer.
- Je suis sûr que tu fais du très bon boulot, princesse...
Elle secoue la tête puis s'arrête brusquement et me fixe intensément.
- Qui t'as dit que j'étais une princesse ?
- Euh... et bien... tu as plus ou moins dit que tu dirigeais le pays à
l'heure actuelle non ?
- La famille royale a été exterminée.
- Mais tu as dit t'appeler Peacecraft..., je proteste, confus.
- Mais je ne t'ai jamais dit que c'était le nom de la famille royale.
Oh !
J'ouvre la bouche, puis la referme.
- J'ai dû faire un raccourcit... Je me trompe ?
- Non, je suis bien... Je vois, tu te souviens effectivement de certaines
choses sans en avoir vraiment conscience.
Je grogne, elle sourit.
- Je trouve ça plutôt encourageant, fait-elle avec un sourire
joyeux. Sans compter que je me sens flattée, ajoute-t-elle d'un air
moqueur.
Je grogne encore, et retire ma main que j'avais oubliée. Elle rit doucement,
la main devant la bouche, s'efforçant de ne pas pouffer trop visiblement.
Une princesse... Je savais bien qu'elle avait un certain maintien, une sorte
de port, presque naturel. Maintenant que j'y pense, Winner et Chang l'ont
aussi, à des degrés et attitudes différents.
- Bref, reprend-elle. Les années passent encore, OZ gagne de plus en
plus d'influence au sein de l'Alliance, parvenant à l'infiltrer totalement,
alors que celle-ci établit un contrôle quasi total sur la Terre
et l'espace. Jusqu'à ce que les colonies décident de se battre.
Elle se tait.
- Et ça nous amène à quand, ça ?
- Ça nous amène à il y a un an et demi.
Oh...
- Je... suppose que ce n'est pas un hasard...
- Et bien... d'un certain point de vue, si. Si je n'avais pas rencontré
Heero, je ne t'aurais probablement jamais rencontré toi, ni les autres
d'ailleurs... Je n'aurais jamais - oh !
- Qu'y a-t-il ?
- Rien, je viens seulement de réaliser à quel point Heero a
changé ma vie...
Humohoh ! Je me demande si elle réalise aussi ce qu'elle vient de dire,
là !
Il y a également cette façon particulière qu'elle a de
prononcer son nom, qui diffère de lorsqu'elle parle de l'autre Heero
Yuy. Ce petit flottement dans son regard... Ohohoh ! En a-t-elle seulement
conscience ?
... Et lui ?
Je la laisserais bien dans ses pensées _ agréables et remplies
de bleu, je n'en doute pas, mais il y a encore tellement de choses que je
veux savoir !
- Alors... les colonies... se sont finalement rebellées, je dis, ce
qui la tire de sa rêverie.
- Il serait probablement plus juste de dire qu'un petit groupe de gens extrêmement
déterminés ont décidé de libérer les colonies...
et de venger la mort de Heero Yuy.
- Ces personnes... ce sont... eux ? je demande en désignant la porte
du menton.
- Oui, répond-elle sans suivre mon mouvement du regard.
- C'est... moi ?
Elle ne répond pas et se contente de me regarder.
- Alors...je... nous venons des colonies ?
- Tous les cinq, oui. Heero vient de L1, et Quatre de L4, sa famille est suffisamment
connue pour que je le sache.
- Et moi ?
Elle prend un air incertain.
- Je ne suis pas sûre...
- Dis toujours, je classerai l'info dans les "à vérifier".
- Je crois que tu viens de L2, dit-elle d'un ton étrange.
Je fronce les sourcils, essaye d'appeler à moi des images, mais rien,
il ne me vient que du noir.
- A quoi ça ressemble ?
Elle a un air gêné et se tortille légèrement sur
elle-même.
- Lena ?
- Et bien, je n'y suis jamais allée... mais... c'est la plus pauvre
des colonies...
Mon visage demeure sans expression à cet instant, je le sais.
- Très très pauvre, ajoute-t-elle à mi-voix en baissant
les yeux.
Ça veut dire que moi aussi ?
Je prends une grande inspiration.
- J'ai de la famille ?
- Je suis navrée Duo, je l'ignore. Tu n'y as jamais fait allusion devant
moi en tout cas.
J'ai mal au cur tout à coup. Je ne sais pas, j'ai besoin de prendre
l'air. Je me lève brusquement et fais quelques pas dans la pièce.
Je me demande... Vous savez, ce besoin que j'ai d'avoir un toit au-dessus
de la tête, la nuit... Je me demande... J'ai l'air de savoir me battre,
me défendre en tout cas ; bon, Heero est plus fort que moi, peut-être
mieux entraîné aussi, et puis il a pas eu à affronter
tout ce bleu, lui, aussi ! Bref. J'ai quand même l'air de savoir me
débrouiller. Si ça se trouve... Je sais pas au juste par quoi
je suis passé, mais ça m'a laissé des marques. Et pourtant,
je suis toujours là. Je semble avoir développé un certain
instinct de survie. Alors je me demande... C'est vrai, il y a des choses que
je sais, point barre, il y a ce que je sais sans savoir que je le sais...
Et il y a aussi peut-être des choses que j'ai oubliées mais qui
sont malgré tout incrustées tellement profondément en
moi que ça influe mes pensées et réactions sans même
que j'en ai conscience ?
Alors peut-être que si je me méfie à ce point d'eux, c'est
peut-être pas vraiment contre eux, mais simplement une combinaison entre
le fait qu'ils soient dangereux _ d'une manière générale
_ et mon propre instinct de survie ?
J'ai une Bible qui semble avoir traversé l'Enfer, mais je n'ai aucune
photo, aucun objet qui pourraient montrer que... Est-ce parce qu'il est trop
dangereux d'avoir sur soi des preuves que l'on tient à quelqu'un, ou
est-ce parce que... parce qu'il n'y a personne ?
Je me rends compte que je suis en train de triturer ma natte. Même ça...
Est-ce que ça aussi ? Est-ce que j'ai au fond de moi une autre raison
d'avoir les cheveux aussi longs que celle de l'esthétisme ? Si je n'ai
pas trouvé de coiffure qui me convienne autre que celle-ci, est-ce
parce qu'au fond de moi, je suis tout simplement incapable de les couper ?
Tout comme j'ai été incapable de tirer sur Yuy hier...
Ça fait un certain temps que je l'ai en main, peut-être même
depuis le début de notre conversation, peut-être même alors
que je lisais mon livre, et je n'en avais même pas conscience. Est-ce
que Chang était soulagé de voir que je ne les avais pas coupés
?
Je réalise qu'elle me manquerait... En fait, la seule pensée
de la couper m'est à présent insupportable.
Bon sang, mais qu'est-ce qui cloche chez moi ?
L'effleurement de doigts sur ma joue me ramène brutalement à
la réalité. A quel moment je me suis rassis au juste ?
- Duo ? Ça va ?
Elle me fixe, une lueur concernée dans le regard, proche de celle de
Barton mais en moins dissimulée, avec peut-être un peu d'inquiétude,
voire un poil de compassion. La compassion ne me gène pas si elle n'est
pas teintée de pitié, ce qui est souvent le cas ; mais pas chez
elle. Blondinet éprouve-t-il de la pitié pour moi ? Je n'ai
pas vraiment fait attention à la façon dont il me regarde, je
sais juste que ça m'énerve lorsqu'il le fait... Me sens vulnérable,
comme... exposé...
Et puis, je me rends compte que j'aime bien Relena...
- Ça va ? répète-t-elle.
- ... Je... réfléchissais un peu.
Elle hoche la tête, soulagée.
- Comment s'est-on rencontré ?
- Oh, et bien, j'ai rencontré Heero sur une plage, mais il s'est enfui
avant que je ne puisse l'aider. Heero s'enfuyait beaucoup au début...
Je ne peux m'empêcher de sourire à l'intonation qu'elle a mis
dans ses mots, ce qui la fait sourire à son tour avant qu'elle ne lève
les yeux au ciel.
- Heero s'est retrouvé dans mon école, dans ma classe en fait.
Vous changiez souvent d'école à cette époque ; je crois
que... c'était pour faciliter vos... activités... Enfin, dès
que j'ai vu Heero, je... il y a quelque chose chez lui qui intrigue, on a
envie d'en savoir plus...
- Ce sont ses yeux, je fais.
- Je crois que c'est un tout, dit-elle, mais moi je sais que ce sont ses yeux.
Je l'avais invité à ma fête d'anniversaire qui avait lieu
le lendemain, reprend-elle. Comme je te disais, j'étais bien loin d'imaginer
tout ce qui était sur le point d'arriver, précise-t-elle, et
de l'incertitude, et un peu de tristesse aussi, passent dans son regard.
- Et moi ? je demande, pour avoir la réponse mais aussi pour couper
court aux pensées qui visiblement ne lui sont pas si agréables
que ça.
- J'y viens. En fait, j'ai cru comprendre que vous ne vous connaissiez pas,
tous les cinq, avant d'arriver sur Terre. Pour toi et Heero, j'en suis même
sûre, glousse-t-elle à demi. Oh, ça n'a rien de drôle,
excuse-moi. Donc, Heero a déchiré mon invitation...
- Ce n'est pas très gentil.
- Non, rit-elle encore, mais Heero aurait parfois besoin de prendre quelques
leçons de tact. Enfin, je ne peux vraiment pas le blâmer pour
ça, il n'était pas là pour simplement me servir de cavalier
!
Le lendemain, j'ai appris un peu par hasard qu'on l'avait vu
conduire _ à 15 ans ! _ une ambulance en direction du port et
je... et bien, j'ai planté mes invités en pleine réception
pour le suivre là-bas. Oh, ne me regarde pas comme ça Duo !
Je... je voulais tellement comprendre, je voulais tellement savoir qui il
était vraiment ! Et puis... il ressemblait à un jeune garçon
que j'avais rencontré quelques années plus tôt et... Je
ne lui en ai jamais parlé mais je me suis toujours demandée...
Elle balaye l'air d'un geste agacé de la main et reprend le fil premier
de ses pensées.
- Je l'ai donc retrouvé là-bas, en train de placer des charges
explosives et... oh, tout ce que je trouvais à faire, c'était
le harceler de questions ! Comme s'il allait me répondre ! Heero, parler
? Ah !
Nous rions un instant.
- C'est au moment il me menaçait avec son arme _ j'étais un
témoin gênant j'imagine, ou gênante tout court _ que tu
es arrivé, et sincèrement, je me suis toujours demandée
d'où tu arrivais !
- Je suppose qu'on ne le saura jamais alors...
- Tu as tiré sur Heero pour me protéger, et je me suis interposée
entre vous deux.
- J'ai quoi ? J'ai tiré sur Heero ? Sans dec' ?
- Deux fois.
- Merde alors ! Oh, hm ! excuse mon langage.
Elle pouffe en silence.
J'ai tiré sur Heero ! Deux fois ! Pourquoi j'en ai été
incapable hier alors ?
En tout cas, je remarque qu'aujourd'hui comme hier, je n'ai jamais été
capable de le tuer...
- Je... mince ! Hey ! Je t'ai sauvé la vie alors !
- On ne saura jamais si Heero aurait tiré ce jour-là _ et à
cet instant, elle prend un air pensif _ mais je pense que je te dois quoiqu'il
en soit la vie, oui. Ce qui me fait penser que je ne t'ai jamais remercié
pour ça.
- Oh, je fais, gêné par son expression, fais comme moi et oublie
ça.
Elle penche légèrement la tête sur le côté
et m'observe.
- Pourquoi tu t'es interposée d'ailleurs, c'était dangereux
!
- Je ne sais pas, je... j'imagine que je... je ne voulais pas qu'il meurt.
... Il n'avait toujours pas répondu à mes questions, se reprend-elle
avec un sourire plus moqueur.
La bonne excuse ! Ah ! A d'autres !
- Mais qu'est-ce que je faisais là, moi ? Et pourquoi Heero posait
une... bombe ?
- Oh, je...
Elle fronce les sourcils et réfléchit.
- Je crois que Heero voulait détruire son Gundam alors que tu voulais
le récupérer ?
- Son... quoi ?
- Gundam. C'est le nom qu'on donne à vos armures mobiles.
- Arm... nos... huu ?
- Vous êtes des pilotes de Gundam, Duo. Vous vous battez contre l'Alliance,
contre OZ en fait maintenant parce qu...
Mais je ne l'écoute plus. Je viens seulement de commencer à
réaliser. Je me bats.
Je tue des gens.
Je regarde mes mains et elles tremblent.
Combien ? Combien de vies ai-je pris dans cette guerre ? Et pourquoi ? Pourquoi
? Combien ? Combien de vies, pour... ce qui peut être résumé
à une divergence d'opinion ? Et je ne m'en souviens pas. Est-ce que
ça me lave de tout péché ou bien est-ce que cela me rend
plus monstrueux encore ? Combien de sang sur mes mains ?
- Duo ?
Combien d'âmes, Seigneur, combien de fils ai-je tranché ?
- Duo ?
Combien de fois ai-je brandi la faux de la Mort ? Combien de fois l'aurais-je
encore fait si je n'avais pas eu cet... incident de parcourt ? Combien de
morts ce jour où je me suis perdu moi-même ? N'étais-je
pas perdu depuis déjà longtemps ?
- Duo !!
Ses deux mains emprisonnent mon visage et elle a l'air vraiment très
inquiète. Depuis combien de temps m'appelle-t-elle sans parvenir à
m'atteindre ?
- Je suis un assassin, je souffle, hébété.
- Oh mon Dieu, Duo, je... je suis désolée, je... Oh, j'aurais
dû amener les choses autrement, je n'ai pas pensé, oh Duo je
suis désolée, je... Seigneur ! Est-ce que... est-ce que ça
va aller ?
Mais je ne peux pas encore lui répondre, parce que je ne sais pas,
et je risquerais de lui mentir si je lui disais que oui, juste pour la rassurer.
Et je ne mens jamais, vous savez ?
- Je ne sais pas, je... Je ne me souviens pas, Lena ! J'ai tué des
gens, my God ! I... How much ? Combien en un an et demi, avant, même,
peut-être, je ne me souviens pas ! I just don't remember ! Comment peut-on
oublier le sang ?
- Duo...
- Et je... Ce n'est pas moi Lena ! Je... je ne me sens pas... comme ça,
je m'en sens incapable ! Ce n'est pas moi ! Relena ! Je ne sais pas qui je
suis ! Je... je ne sais pas qui je suis !
Elle m'attire contre elle et me serre dans ses bras. Sa chaleur... Comme...
- Calme-toi Duo... Oh, je suis désolée, tellement désolée...
- Je suis un assassin ? J'ai accepté de me damner pour des raisons
dont je ne me souviens même pas, mais le sang demeure n'est-ce pas ?
Je me redresse pour lui faire face.
- Le sang ne s'efface jamais. N'est-ce pas ?
- Duo...
- Je suis un étranger, Relena, je ne sais pas, je ne sais plus rien,
je ne comprends plus rien, j'ai des réactions que je ne m'explique
pas, des pensées qui me viennent, je sais, je devine qu'il y a une
raison derrière, mais je ne sais pas pourquoi ! J'ai parfois des sortes
de flashs d'émotions mais je n'arrive pas à les saisir, mais
je ne suis pas un assassin, je ne peux pas tuer, ce n'est pas vrai ! Je...
j'ai vu hier, même pour sauver ma vie, j'en suis incapable ! Relena,
qui suis-je Relena ?
- Duo... Je... j'aimerais tellement pouvoir t'aider mais je ne peux pas répondre
à ta question ; toi seul le peux...
Elle marque une pause.
- Tu sais..., reprend-elle en murmurant, je pense pouvoir dans une certaine
mesure comprendre ce que tu ressens, sur ton identité je veux dire.
Quand j'ai... quand j'ai découvert que mon père n'était
pas mon père, que j'étais la fille d'un autre homme, mort depuis
des années... et l'homme qui m'avait élevée, aimée,
est mort dans mes bras... J'ai perdu deux familles de jour-là. Mais
il m'a fallu quelques jours pour réaliser à quelque point j'étais
perdue. Je ne savais plus rien, moi non plus, je ne savais plus qui j'étais.
Etais-je une Darlian ou une Peacecraft ? Avais-je passé les quinze
ans de ma vie à vivre une imposture ? Avais-je trahi les Peacecraft
en les oubliant ? Mon jeune âge était-il une excuse ? Et si je
devenais une Peacecraft, est-ce que je ne reniais pas tout ce que mes parents...
adoptifs... avaient fait pour moi ? Etait-ce les trahir, eux aussi ? Devais-je
devenir quelqu'un d'autre ? Le pouvais-je seulement ? Je ne savais plus rien,
Duo, tu vois, je ne savais plus qui était Relena.
- Et maintenant... ? Tu le sais ?
- Je m'emploie tous les jours à le découvrir, Duo, me répond-elle
d'une voix douce et déterminée à la fois.
Et moi ? Pourrais-je le découvrir ?
- Reconstruis-toi, Duo, dit-elle comme pour répondre à ma dernière
pensée. Toi seul peux décider qui tu es et qui tu seras.
- Mais que faire pour celui que j'étais ?
Elle se mordille la lèvre inférieure et baisse les yeux.
- Je... ne sais pas, avoue-t-elle dans un souffle, et nous restons silencieux,
moi, contemplant le néant, l'horreur de ma vie, et elle... je ne sais
pas, à quoi pense-t-elle ? A sa propre souffrance ?
- Tu sais..., murmure-t-elle encore...
Ou à comment m'aider ?
- Tu sais, à cette époque, quand je me sentais perdue, je...
Hum, je... Je pensais beaucoup à Heero, rougit-elle. Je veux dire...
Je me sentais tellement misérable, et il était tellement fort
! Il est tellement fort ! Tellement brillant ! Heero est une étoile...
Alors je voulais être forte, moi aussi, comme lui, lui montrer que moi
aussi, je pouvais être forte, je voulais pouvoir lui montrer, le jour
où je le reverrai... Heero m'a beaucoup aidé, beaucoup soutenue.
Il ne le sait pas ; mais penser à lui... m'a été salutaire,
je pense. Il était la seule personne à laquelle je pouvais me
raccrocher. Mes.. amis...
Elle soupire et chasse l'air de sa main, une fois de plus, avant de me regarder
droit dans les yeux.
- Mais toi, Duo, toi tu as des gens qui sont là et qui veulent t'aider.
Même si tu ne les considères pl... pas comme tes amis, ils sont
là pour t'aider, dit-elle, et je me demande ce qu'ont bien pu exactement
lui dire Yuy et Winner lorsqu'ils lui expliquaient la "situation"...
- J'ai changé ?
- P... pardon ?
- Je suis différent ?
Elle me fixe, légèrement confuse, déroutée peut-être
par le brusque changement de sujet.
- En quoi suis-je différent ?
- Tu souris moins.
- Uh ?
- Tu... et bien, tu souris, mais c'est différent, c'est... comment
dire ?
Elle cherche longtemps ses mots, et finis par ne pas les trouver.
- Je ne sais pas comment t'expliquer, ce n'est pas que c'est moins sincère,
ou moins spontané, mais c'est... différent. Moins... gai ? Tu
ris moins aussi. Oui, tu es moins... joyeux ? Ce n'est pas exactement ça,
et comme je te le disais, nous nous connaissons à peine mais...
- Attends, attends là, je résume : je suis un assassin qui se
déguise en prêtre et qui rigole tout le temps ?
Elle ouvre la bouche, statufiée.
- N... noon, euh, je, tu... Enfin, c'est... Parfois, tu est tellement toi
qu'on en vient à oublier que tu... et alors qu'on se dit que oui, tu
es bien Duo, tu dis ou fait quelque chose, ou ne dis ou ne fais pas ce qu'on
attendrait... de toi, et là, c'est un peu comme si on se prenait une
grande gifle, tu vois ? Comme si soudain on réalisait qu'on parlait
à ton sosie, ou à ton jumeau, mais à une personne totalement...
pas toi. C'est... Je ne sais pas pourquoi tu t'habilles de la sorte, je suppose
que tu dois avoir une raison, ma foi, mais je l'ignore. Heero saurait peut-être...
- Yuy ? Pourquoi ?
- Et bien... vous êtes... tiez proches...
- Avec Yuy ?
Et je ne peux m'empêcher de ricaner. Pas longtemps lorsque je vois son
air peiné. Oh, le coup du sosie maléfique, je présume...
- Désolé, j'ai juste du mal à croire que Yuy... puisse
être ami avec qui que ce soit.
Et là, je vois que je lui fais vraiment de la peine. Ah, quel con je
suis, je pourrais pas garder mon avis pour moi, des fois ?
- Euh, désolé Lena, je... hum... I'm sorry.
Hum, l'anglais n'arrête pas de ressortir depuis tout à l'heure,
c'est que je dois vraiment être perturbé. Faut dire que j'ai
beaucoup de choses à digérer, à plusieurs niveaux...
- Je ne me sens pas tellement différent. J'ai l'impression de réagir
comme je l'aurais toujours fait, même sans... tu sais ce qui a explosé
au fait ?
- Hm, non, je sais simplement que vous étiez en mission.
- Je suis désolé de ne pas être celui que tu attends de
moi.
- Non ! Non, ce n'est pas... ne pense pas cela s'il te plaît, ne cherche
pas à être quelqu'un que tu ne serais pas ! Si tu... si tu sens
que tu dois réagir d'une certaine façon, fais le, ne cherche
pas à réagir comme nous pourrions l'attendre de toi. Ne te...
ne te soucie pas de nous...
A nouveau, le silence.
- Je ne pense pas que tu sois prêtre, néanmoins, finit-elle par
dire avec un faible sourire.
- Je sais pas si je préférerais pas, en fait, parce que sinon,
je m'inquiète énormément pour mon sens de la mode !
Elle retient de justesse un pouffement. Je préfère vraiment
la voir comme ça.
- Il manque un an et demi...
- Quoi ?
- A ton histoire... il manque encore un an et demi...
- Oh ! Oui, c'est vrai, on s'est... écarté du sujet... Je risque
d'avoir beaucoup de mal à combler tes lacunes, la vérité
est que j'ignore quasiment tout de vos actions.
- Ah ? Mais... enfin... je pensais que... tu faisais partie du groupe...
- Du groupe ?
Elle pouffe encore, et soudain, mes paroles sonnent très "colonie
de vacances". Oups.
- En fait, je ne sais pas vraiment comment je dois me considérer par
rapport à vous, ou comment vous me considérez...
Et le pire, c'est que je ne peux même pas lui répondre, parce
que je ne le sais pas plus qu'elle...
Alors elle reprend le cours de son récit, l'axant sur ses propres actions,
et veillant à ne pas m'induire en erreur, précisant bien lorsqu'elle
faisait des suppositions sur différents événements.
Elle me parle surtout de "l'incident Noventa", qui semble avoir
été un véritable déclencheur, un changement de
cap pour tout ce qui a conduit à la situation actuelle. Elle me dit
aussi que c'était la première fois que les cinq Gundam étaient
réunis à un même endroit, et je ressens vraiment une impression
étrange à m'imaginer sur un champ de bataille. Car oui, j'arrive
à m'y imaginer, ce qui ne me plaît pas du tout, car je le prends
comme une preuve que oui, je devais vraiment avoir été là,
j'ai vraiment dû vivre de telles choses, pour pouvoir si bien le visualiser
à partir de ses mots... Elle m'explique aussi notre départ,
notre retour dans l'espace, la domination d'OZ, la haine des colonies à
notre égard. Elle me parle de son royaume, de ses espoirs, de ses défaites
et de ses peurs. Elle me parle d'Heero, aussi, encore. Elle me parle de la
guerre, des camps qui se divisent, des combats, mais surtout, elle me parle
de la paix. Et je comprends qu'elle ne vit que pour ça, non seulement
la voir, mais l'instaurer, prendre part à son établissement,
sa réalisation, et finalement, son maintien. Elle dit qu'elle a confiance
en l'Homme, et moi, je ne comprends toujours pas... Je ne comprends pas ce
qu'elle fait là...
- Que veux-tu dire ?
- C'est simple, je t'écoute, Relena, et ce qu'il en ressort, c'est
que tu n'approuves pas du tout les méthodes que... les pilotes de Gundam
emploient. Alors pourquoi, pourquoi tu es là ?
Elle ne répond pas tout de suite. J'aime cette façon qu'elle
a de réfléchir avant de parler, afin d'être sûre
de trouver les bons mots qui sauront exprimer sa pensée. Même
si elle a parfois du mal à les trouver, je sais qu'elle ne ment pas,
et je ne saurais dire à quel point je lui en suis reconnaissant.
- Nous désirons tous le même chose. Nous désirons tous
la paix. Vous... les pilotes de Gundam se battent pour libérer les
colonies, et parmi elles, certains commencent à réaliser qu'OZ
les a trompés, je pense. Je désire la paix entre la Terre et
l'espace. Je ne souhaite aucune domination, ni d'un côté ni de
l'autre, simplement une seule et grande nation, celle de l'humanité.
Je suis persuadée que l'Homme aime et désire la paix.
- Tu ne te trouves pas un peu... utopique ? C'est dans la nature de l'Homme
que de se battre.
Elle secoue la tête
- L'Homme aime, Duo, c'est dans sa nature d'aimer.
- D'haïr aussi.
- L'Homme est un être de passion, mais fondamentalement, il aime ; il
aime parfois tellement qu'il... hait, mais au fond, chez chacun d'entre nous,
il y a toujours de l'amour. Et l'amour ne peut s'épanouir qu'avec la
paix. Oui, l'Homme se bat, il s'est toujours battu, mais je crois que s'il
le désire vraiment, alors une paix durable peut être instaurée.
C'est pour cela qu'il faut s'affranchir des barrières, Duo. La guerre
est bien souvent due à un désir de domination. Il nous faut
balayer les frontières, parce que... parce que notre vraie nationalité,
c'est l'humanité !
Wow. Elle sait être convaincante, y'a pas ! Elle ferait... elle fera
un grand leader, plus tard, lorsque paix il y aura. Oui, la paix, les hommes
auront besoin d'elle. Je pense que je comprends un peu mieux. Pas pourquoi
elle reste avec eux, mais pourquoi Heero semble vouloir la protéger.
Il sait. Oh, peut-être a-t-il d'autres raisons plus... romantiques (hum
hum !), mais c'est aussi, surtout, parce qu'il sait. Nous aurons tous besoin
d'elle. Lorsque la guerre cessera.
- Mais... Relena... enfin... Penses-tu vraiment qu'une politique de pacifisme
total puisse nous mener à la paix ? Ne crois-tu pas que la paix, la
liberté, méritent qu'on se batte pour elles ?
- Mais je me bats, Duo ! Pourquoi pensez-vous que des armes de destruction
soient obligatoires pour se battre ?
Oh...
- Je me bats, avec mes propres armes !
- Des mots...
- Oui, des mots... Et l'amour, et l'espoir, et la confiance. La Foi, Duo,
pas en Dieu, mais en l'Homme.
Oh...
Je...
Oh, je me sens tellement minable tout à coup...
- Et toi, Duo ?
Je relève la tête vers elle, m'efforçant de ne pas paraître
trop pitoyable.
- Uh ?
- Qu'est-ce que tu en penses, toi ?
- A propos... de la paix ? Ou du pacifisme ?
- Et bien... des deux, de tout ?
- Oh... je...
Et bien...
- Je... ne sais pas si l'on peut... Je suis sûr que l'on peut maintenir
la paix, si le pacifisme est suffisamment ancré dans le cur des
hommes, je l'espère en tout cas. Je ne sais pas si on peut l'atteindre
ainsi en période de guerre. J'ai peur que les hommes soient trop occupés
à se battre pour t'écouter, je veux dire, tous t'écouter.
Il faut que tout le monde veuille la paix pour que ça marche.
- J'en ai conscience.
- Je ne suis pas sûr qu'une politique de pacifisme total fonctionne
avec tout le monde. L'idée est plaisante, néanmoins...
Je souris.
- Tu penses donc... Tu te battrais avec des armes, pour atteindre tes objectifs,
donc ?
Je me sens très mal à l'aise. Parce que j'ai l'impression qu'elle
veut me pousser à avouer quelque chose. Ou à l'admettre. Mais
je ne sais pas... Je veux dire... Si j'ai bien suivi tout ce dont nous avons
parlé depuis... combien ? une heure maintenant ? Enfin, me battre,
utiliser la violence, le... meurtre... c'est ce que je faisais... avant...
Bonne ou mauvaise, l'Homme a toujours une raison pour se battre, et bien souvent,
tout le reste n'est que point de vue. Allez demander à OZ ce qu'ils
pensent de tout ça, et ils vous diront qu'ils ne souhaitent eux aussi
que la paix, qu'ils ont raison. Que les gentils, ce sont eux. Et peut-on vraiment
affirmer le contraire, s'il y a des assassins des deux côtés
? Un camp est-il vraiment meilleur que l'autre ? Combien de camps y-a-t-il
d'ailleurs ? Y-a-t-il vraiment des camps, en fait, ou simplement des individus
qui s'allient, se trahissent, se battent pour leurs convictions, avec ou sans
arme ?
Et moi dans tout ça ? Je me situe où, moi, maintenant ?
C'est beau les idées mais... Suis-je prêt à prendre part
à tout ça ? Pourquoi le ferais-je, quelle est, serait, était
ma raison ?
- Je ne sais pas, Lena, je crois... Je crois qu'il faudrait que je réfléchisse
à tout ça, sérieusement, avant de pouvoir te répondre.
Parce que pour l'instant, je ne sais vraiment pas. Je... Il y a beaucoup de
choses auxquelles je dois réfléchir... tu sais...
Elle hoche la tête
- Bien sûr, oui, je comprends, elle dit avec douceur.
Je lui souris. Je suis content qu'elle soit venue me parler. Je suis content
de la connaître, enfin. Alors je le lui dis.
- Je suis content de te connaître, Lena.
- Et moi, fait-elle, je regrette... Je regrette de n'avoir jamais pris le
temps de te parler, avant...
Nous restons un moment silencieux, plongés dans les yeux de l'autre,
avant de nous sourire mutuellement. Je ne sais pas ce que l'avenir me réservera,
je ne sais rien de mon passé, mais je sais que je n'oublierai jamais
cette journée, le jour où j'aurai fait la réelle connaissance
de Relena Darlian Peacecraft, celle qui se construit chaque jour pour pouvoir
offrir une véritable paix à l'humanité.
- Ça va aller ?
- Je ne sais pas... Ma foi, je ne pense pas mourir aujourd'hui, alors je suppose
que ça pourrait être pire. Tant que je reste en vie, j'ai encore
la chance de pouvoir... faire des choses... je pense... Je dois vraiment penser
à tout ça, et voir... ce que je déciderai de faire...
ou pas... Pour l'instant, je ne sais pas trop ce que je veux. Je ne suis pas
encore capable d'envisager quoique ce soit.
- Je comprends.
- Mais merci. Merci d'être venue, et merci de m'avoir parlé...
- Non... je n'ai rien fait... Et Heero n'est pas le seul à avoir besoin
de prendre des leçons de tact. Mais j'aurai appris aujourd'hui, alors
merci à toi aussi.
Elle me sourit, un beau sourire, sincère et qui fait du bien à
l'âme, et je fais de mon mieux pour le lui retourner.
La porte s'ouvre ; mais le voilà, mon Laser Boy ! Et je ne peux pas
m'empêcher de continuer de sourire. Pas parce que c'est lui, mais parce
que pour la première fois depuis mon réveil post-traumanique,
je me sens bien.
Il cille, une fois, peut-être surpris de me voir sourire, pensant peut-être
me voir lui sourire, puis jette un regard à Relena. Elle lui
sourit à son tour, d'un sourire différent de ceux qu'elle m'a
fait, et dont je suppose qu'il soit le seul bénéficiaire.
- Tu arrives à temps, dit-elle, je pense que nous avions fini...
J'acquiesce simplement. Heero se retourne vers moi.
- Suis-moi.
- Uh, où ça ?
Il fronce les sourcils.
Je jette un regard à Relena qui me dédie un sourire encourageant,
du moins, il doit se vouloir ainsi.
- Tout ira bien, me dit-elle.
De quoi elle parle ?
- Allons-y, m'empêche de le lui demander Yuy, les professeurs nous attendent.
Oh !
J'avais oublié...
Ma "récupération"...
(à suivre)
*******
Notes à lire / question aux lecteurs :
Je connais les avantages et les inconvénients d'écrire en POV,
et l'un de mes problèmes est merveilleusement illustré par Wu
Fei dans ce chapitre (Wu Fei : je ne suis pas une illustration !!). Hum, bref
! Je disais donc, le hic, c'est que l'on voit tout par les yeux de Duo, dont
l'interprétation des événements et des actions de ceux
qui l'entourent est bien sûr personnelle et parfois erronée. Sachant,
moi, de quoi il résulte dans l'esprit de chacun des perso, je n'ai pas
une vision très objective de la chose, je veux dire, ce qui me parait
évident, ou facilement déductible ne l'est en fait peut-être
pas du tout ! ^^; Hors donc aujourd'hui, dimanche ou plutôt lundi 2 décembre,
1h40 du matin, levée dans 6h mais heureuse d'avoir bouclé le chapitre,
je m'interroge sur le cas Wu Fei. Son attitude envers Duo sera expliquée
au chapitre suivant, dans un POV alterné (pas de Duo mais vous dirai
pas de qui, lol !) ; j'ai juste besoin de savoir à quel point vous avez
besoin d'explications... Voila, merci... (en fait, je dis ça pour vous,
hein ! lol !)
Notes subsidiaires (encore des notes ?? Hey, je vous oblige pas à les
lire, lol !) :
1) Pearl of Sorrow, toujours fruit de mon imagination sous perfusion de chocolat...
Hum, rien de précis à ce sujet, comme le dit Duo, le "scénar"
n'a rien de transcendant, et pour cause, faudrait pas croire que je me sois
fatiguée à en chercher un... Juste l'ensemble archi classique
de ce genre de bouquin, d'où les spéculations de Duo à
ce sujet.
Désolée pour ceux qui se seront emmerdés à cette
lecture, mais je pense que c'était dans le caractère de Duo que
de raconter l'histoire à son auditoire, lol ! De plus, ça me permettait
de faire sentir le temps qui passe et enchaîner de façon assez
naturelle (enfin, pas trop brutale quoi) les deux conversations... Oh, c'était
pas si long et pénible que ça a lire, si ?? ^^;
Bref, tout ça pour dire que j'avais quand même vaguement un bouquin
en tête lorsqu'il a fallu que j'extrapole sur l'histoire. Pas grand chose
à voir mais malgré tout, pour ceux que ça intéresse,
je vous conseille fortement, au passage, de lire La Tapisserie de Fionavar,
de Guy Gavriel Kay, parce que c'est vraiment, vraiment bien ! (Ça, c'était
pour Kara, surtout ; pour Iolan, je pense à un autre livre sympa, Le
secret de Ji, de je sais plus quel auteur).
2) "Notre vraie nationalité est l'humanité" est une
citation de Herbert George Wells. En fait, je reçois dans ma boîte
une citation tous les jours (oui, j'adore ça, lol !) et alors que j'étais
en train "écrire" mon "brouillon" pour le présent
chapitre (un jour peut-être, je vous expliquerai le pourquoi des guillemets...
lol !), cette citation est arrivée. Et je me suis dis qu'elle collait
vraiment au discours de Relena, donc...
3) J'arrive pas à y croire tellement il est long, ce chapitre ! J'ai
cru que je m'en sortirais jamais, de la discussion avec Rel' ! Pour tout dire,
j'ai abrégé la fin, sur la paix, tout ça, parce que j'en
avais vraiment marre. Ouais, l'heure qu'il est (presque 2 h du mat') et le temps
que j'y ai passé (depuis 22 h ?) doit aussi y être pour quelque
chose ! ^^;
4) Pour la chronologie, je me suis appuyée sur celle donnée sur
le site : (très bon site d'ailleurs
! ^^)
5) Comme je sais que vous vous êtes posé la question... Nicolas,
c'est Trowa, et Pimprenelle, bin c'est Wuffy ! (Wu Fei : ONNA !!!) ;op
*******
(oui, très long, mais ça me détend, z'êtes pas obligé
de lire non plus ! ^^;)
m77 : Bon, les enfants, comme vous le savez, c'est bientôt Noël,
alors dans ma grande magnanimité (ouch le mot à 3 heures du mat'
!), j'ai décidé de vous offrir chacun un cadeau ! Le bureau des
réclamations est ouvert, faites la queue et vous bousculez pas !
Relena : Moi aussi, j'ai droit à un cadeau ?
m77 : Je trouve que je me suis donnée suffisamment de mal avec toi dans
ce chapitre, faudrait p'être pas pousser non plus ! De toute façon,
je vois mal ce que tu pourrais me demander de plus...
*Relena ouvre la bouche mais...*
Heero : On t'a dit non !
Relena : :-(
m77 : Hee-chan, sois pas mesquin... Bref ! Je vous écoute...
Duo : TRAITRE ! VENDUE ! JUDA ! SADIQUE ! SANS ÂME ! MECHANTE ! T'AS VOULU
COUPER MA NATTE !!!!
m77 : Euuuh, mais non, j'ai toujours su qu'en fait tu ne le ferais pas !
Duo : Vrai ?
m77 : Mais oui, j'aurais pas osé, tu penses !
Duo : Tu le feras pas alors, promis ?
m77 : Juré ! (Pas dans cette fic en tout cas...)
Duo : Et tu vas vite me faire recouvrer la mémoire pas vrai ?
m77 : ... J'ai dit UN cadeau ! Suivant !
Wu Fei : Onna ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Mon attitude envers
Maxwell est indigne ! J'exige des explications !
m77 : ... Tu _ ha ha ! _ *exiges* ?
Wu Fei : Euuuh... s'il te plaît ?
m77 *grand sourire triomphal* : Et bien, je pourrais te dire qu'en fait, tu
es celui que je cerne le moins bien... Je pourrais aussi te dire que ce sera
expliqué plus tard ; enfin, j'espère que le *but* de tes actions
a été compris des lecteurs, le *pourquoi*, ou plutôt la
motivation, sera expliquée plus tard.
Wu Fei : Je veux réparation !
m77 : Atté atté là, j'suis pas sûre de te suivre...
Tu veux que je te fasses apparaître plus souvent ? Tu veux plus de texte,
que je m'interesse plus à toi, bref, que je...
Wu Fei : Laisse-j'ai-rien-dit !! *il s'enfuit en courant*
m77, soudain lasse : Suivant...
Trowa : ...
m77 : ...
Trowa : ...
m77 *se masse les tempes* : QUAND ON A RIEN A DIRE ON FAIT PAS LA QUEUE ! SUIVANT
!
Quatre : Euh... Voilà, en fait, je voudrais, enfin si ça vous
dérange pas trop...
m77 : SUIVANT !!
Quatre : Mais j'ai encore rien demandé !
m77 : T'étais trop long ! (en fait, elle a eu peur de devoir lui accorder
ce qu'il lui demanderait, mais comprenez la, lecteurs, c'est pour le bien de
la fic ! si si !!)
m77 : SUIVANT ! Ha, mon Hee-chan, laisse-moi deviner, tu veux Duo, c'est ça
? *grand graaaaaand sourire entendu*
Heero : Non.
m77 et Duo, déçus : Non ?
Heero : Je veux ton clavier.
m77 : Mon... Mon Clavier ?
Heero : Ton clavier.
m77 : Euh, bon, si tu veux, mais je te le prête seulement parce que j'en
aurai besoin pour le chapitre 6, hein ?
Heero : Oui oui, pas de problème...
m77 : Bon, tiens... (elle peut rien lui refuser, c'est terrible, mais ce sont
ses yeux... ;o)
Heero : Mission accomplie.
m77 : Euh ? (commence à se demander si elle a pas fait une trèèèès
grosse connerie)
*Heero, sourire sadique puissance N que même l'auteur elle a du mal à
en faire des aussi beaux, tape à une vitesse phénoménale
sur le clavier (beaucoup plus vite que l'auteur quand elle tape son chapitre
en tout cas !)*
m77, qui commence à tressauter dans tous les sens, fait des bonds partout,
avance à cloche-pied, sur les main... : Heeeeyyyy !! Maaaaiiiiiiiis qu'eeeesssttt-ccceee
qquuuiiiiiiii seeeee ppaaaasssssseeeeeeuuuuuhhhhhh ?
Heero : Vengeance !!!!
Duo : Moi aussi ! Moi aussi !!!! S'te plaît Hee-chan !!!
Heero : Hn ! (mais il lui passe le clavier quand même !)
Duo : SHINIGAMI LIVES !!!!
m77 : Nooooon !!! Arrêttttteeeeeee !!!! Ddddduuuuooo sss''''''illllll
teee pllaiiiiitttt !!!!!!
*m77 commence à se déplacer comme un singe, avec les bruits qui
vont avec*
Duo : MOOOUUAAAHAHAHAHA !!!
Wu Fei : Maxwell, tu manques d'honneur...
Duo : Tu veux essayer ?
Wu Fei : File moi ça !! HA HA ! On va voir qui exige et qui subit maintenant
!
m77 : Wuuu Feiiii ! Traiiiitre !!!!! C'essssst iiiindiiiiignnnneeee deeee ttttaaa
paaaaarrrrrt !!!!!
Wu Fei : M'en fout ! Hey, Barton, ça te tente ?
m77 : Tro-chan, je t'ai jamais rien fait ! Fais pas ça !!!
Trowa : Tu n'as qu'à arrêter de pas me maquer avec Quatre !
m77 : Noooooooooonnnnnnnnnn !!!!!! Tuuuu me payyyeraaaaasssss çaaaaaa
!!!!!
Quatre : Vous êtes cruels, les gars...
Heero, Wu Fei et Trowa : ...
Duo : Tu trouves ?
Quatre : Dites... Je peux me joindre à vous ?
m77 : QUATRE RABERBA WINNER ! TU ME PAYERAS ÇA AU PROCHAIN CHAPITRE !!!
(ou à celui encore après, ça dépendra du découpage)
Tous : Tais-toi et souffre !!
