[n/a] : Comme je bloquais sur une autre de mes histoires, l'idée m'est venue de les associer. Pour cela, je devais terminer autrement la fin de cette histoire, donc voici un épilogue qui j'espère vous plaira. De plus, cela règle quelques points laissés en suspend dans la fin précédente. Vos commentaires sont toujours les bienvenus.

Épilogue

[.]

Le soir de son dernier spectacle, Javik Ken Oett Reyk, mieux connue sous le nom moldu de Jav Ken, était partie en suivant un homme tout aussi mystérieux qu'elle. Marie se demanda souvent comment s'était terminée la chanson inachevée de Jav, jamais elle ne sut, pourtant elle espérait. Pas autant que les deux principaux concernés.

[.]

Ils étaient effectivement partis ensemble, marchant l'un à côté de l'autre réglant leurs pas sur ceux de l'autre, avançant au même rythme dans la même direction. Il se passa un long moment avant que l'un deux n'ose briser le silence qui les enveloppait. C'est en passant devant un banc dans un parc public que Javik ralentit le pas, comprenant instantanément où elle voulait en venir, Rémus stoppa également et ils prirent place. Une fois encore, ils restèrent en silence à observer le ciel couvert d'étoile que leur offrait cette douce soirée. C'est la tête renversée légèrement et le regard perdu dans l'immensité du ciel que Javik commença la discussion :

« - Tu sais, j'ai perfectionné mes connaissances en astronomie, je crois que maintenant, c'est moi qui pourrait t'en apprendre.

J'en doute nullement, j'ai perdu intérêt pour cette matière il y a bien des années.

C'est bien dommage, déclara-t-elle avec la tristesse pointant dans son ton de voix.

Je n'arrivais plus à regarder les étoiles sans penser à toi, le c?ur me faisait si mal . Ça me rappelait trop de souvenirs .

Je comprends, dit-elle dans un murmure qui se voulait sincère. C'était la même chose pour moi mais je me disais que peut-être, tu les regardais en même temps que moi et cette simple pensée me réconfortait un peu. J'avais l'impression d'être vivante dans ces moments là . Je crois que j'avais besoin de croire que tu pensais toujours un peu à moi . »

Elle avait dit cela dans un tel murmure que Rémus avait dû se rapprocher d'elle pour entendre. Ce qui faisait que maintenant, il était très près de son visage et malgré le fait que son c?ur batte si fort la chamade dans sa poitrine, il trouva la force de lever les mains vers son visage et de le tourner vers lui. Leurs yeux se croisèrent, ils purent chacun y lire toute la souffrance de l'autre, puis Rémus déclara dans un souffle qui venait directement de son âme et de son c?ur :

« - J'avais pas besoin des étoiles pour penser à toi . Tu hantais mes jours et peuplais mes rêves. Pas un jour, pas une heure ni même une minute ou une seconde je n'ai cessé de penser à toi . »

Ils restèrent là, toute la nuit, assis sur ce banc de parc à parler, discuter, pleurer, avouer, se dévoiler, échanger tout ce que plus de quinze ans de séparation leur avaient enlevé. C'est seulement lorsque le soleil réveilla les oiseaux et les autres créatures diurnes qu'ils se levèrent et reprirent leur route. Ils avaient convenu de réapprendre à se connaître, ces années passées loin l'un de l'autre les avaient changé, ils devaient réapprendre à apprivoiser l'autre.

Maintenant que Voldemort était de retour, Rémus rejoindrait à nouveau l'Ordre et tenterait de faire de son mieux pour protéger ceux qu'il aimait, c'était, selon lui son devoir. Javik devina qu'il voulait en quelque sorte, pouvoir avoir l'occasion de venger la perte de James et Lily et de faire payer à Queudever les années que Sirius avait dû passer à Azkaban. Elle-même se promis vengeance, ils allaient payer tout le mal qu'ils avaient enduré. Une autre promesse qu'elle se fit et qu'elle fit également à Rémus, était de rentrer en contact avec Harry, son filleul. Lupin aurait espéré qu'elle le fasse pratiquement sur le champ mais elle avait déclaré avoir quelque chose à faire d'abord. Le loup-garou avait eu beau argumenter, elle lui avait tenu tête et il savait que lorsque Javik Reyk avait quelque chose en tête, elle ne l'avait pas dans les pieds et qu'il était inutile de tenter de la faire changer d'avis.

Elle l'avait averti qu'elle quitterait de nouveau, pour une période indéterminée. Cette fois cependant, elle jura de lui écrire régulièrement, mieux, ils se promirent d'utiliser leur judas modifiés pour communiquer.

Pendant près de trois mois, elle tient parole, communiquant avec lui au moins deux fois par semaine, lui faisait de même. Il l'informa des développements de la situation et du problème Voldemort. La communauté magique n'était plus ce qu'elle avait déjà été, le Ministère refusait de croire au retour de Voldemort, Fudge y allait même de tous les moyens dont il disposait pour discréditer Dumbledore et Harry. Chacune de ses missives se terminaient toujours de la même façon : Prends soin de toi et tâche de revenir bientôt, tu as quelqu'un à rencontrer.

Pour sa part, Javik terminait ses envois par : Prends également soin de toi et je fais mon possible crois-moi . Puis la fréquence des envois en provenance de la jeune femme se fit plus longue, Rémus savait, puisqu'elle lui avait dit, qu'elle était dans un position précaire et que cela devait difficile pour elle de communiquer. Il se faisait un sang d'encre pour elle, son esprit n'avait visiblement pas suffisamment de soucis avec le retour du mage noir, il fallait en plus qu'il s'inquiète continuellement pour celle qu'il aimait. Car, il ne pouvait plus se mentir, malgré qu'ils aient décidé de prendre leur temps, d'apprendre à se réapprivoiser, il l'avait toujours aimé, même lorsqu'il l'avait cru morte et la savoir de nouveau en vie ne faisait qu'augmenter son désir d'être auprès d'elle. Elle était depuis toujours, son oxygène, cette chose qui lui permettait de tenir en un seul morceau au lieu de s'éparpiller au vent, l'espace entre chacun des battements de c?ur, sa raison de vivre, son unique amour .

**************************

Grimmauld Place était en effervescence, ce stupide Fudge et sa non moins stupide acolyte Umbridge, venaient de forcer Dumbledore à quitter Poudlard. Le vieux mage avait quitté dans des circonstances exceptionnelles, en d'autres temps, il aurait observé la loi et aurait pris la situation avec toute la dignité que l'on lui connaissait mais le combat qui se préparait ne lui laissait guerre le choix, il devait échapper aux griffes du Ministère et continuer à diriger les efforts de l'Ordre, tel était son rôle. Pour l'heure pratiquement tous les membres s'animaient, se révoltaient ou commentaient les récents évènements. Dumbledore avait tenu une rencontre pour les informer de la situation et pour que tous se concertent pour faire avancer leurs différentes missions et placer leurs pions sur l'échiquier

Rémus qui revenait de sa patrouille des quartiers moldus susceptibles d'être la proie d'attaques, avait lui aussi été choqué par la nouvelle. Cependant, il s'inquiéta deux fois plus lorsque, quand pratiquement tout le monde avait de nouveau quitté, il se retrouva seul avec Sirius et Dumbledore qui désiraient lui parler. Leur air grave l'alerta qu'il s'était passé quelque chose de bien plus grave que l'éviction du directeur de Poudlard, du coup, son c?ur s'affola et ses premières pensées furent pour Javik. Il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis plus de trois semaines maintenant et toutes ses tentatives pour la rejoindre avaient échouées. Il avait misé juste, Dumbledore lui demanda de s'asseoir pour qu'ils puissent discuter tous les trois, ce qu'il refusa, il préférait rester debout.

« - À ta guise, commença le vieil homme. Rémus, nous avons une nouvelle qui risque d'être éprouvante pour toi . »

Cette fois, tout le sang du lycanthrope quitta son corps en même temps que son c?ur qui filèrent Merlin seul sait où. Dumbledore et Sirius lui exposa de leur mieux et avec des mots qui se voulaient réconfortant, la situation. Javik avait réapparu un peu plus tôt dans la journée à Poudlard, espérant trouver l'aide dont elle avait besoin. Dumbledore ne pouvait se permettre vu la situation, de la garder à l'école mais l'état de la jeune femme étant critique il avait hésité à la renvoyer sans lui porter assistance. Ainsi, avec l'aide de Rogue et de Mc Gonnagall, ils l'avaient fait sortir en douce de l'école en même temps que lui ce soir là. Pomfresh avait fait son possible pour la soigner mais son état restait critique.

« - Où est-elle ?, demanda d'une voix blanche Rémus.

Ici, en haut dans une des chambres . » commença Sirius.

Il ne pu finir sa phrase, car le c?ur de Rémus étant revenu à sa place lui avait commandé de courir la rejoindre. Au passage, il réveilla la mère de Sirius qui recommença à hurler de plus belle mais il en avait rien à faire, seule comptait Javik. Le directeur et son ami le suivirent du mieux qu'ils purent dans les corridors du manoir Black puis entrèrent dans la chambre qui hébergeait la jeune femme, où ils retrouvèrent un Rémus pétrifié devant le corps tuméfié et ensanglanté de celle qu'il aimait. Lentement, avec précaution, il s'agenouilla à côté de son lit et passa un main peu sûre dans ce qui avait été jadis une chevelure qui avait fait des jalouses. Maintenant, il ne restait que quelques touffes éparses de longs filaments que l'on devinait blonds.

Sirius s'approcha également et posa une main sur l'épaule de son ami éprouvé, un geste de soutien qu'il savait pratiquement vain mais qu'il se devait de faire. Dumbledore aussi s'approcha et s'assit au pied du lit, son regard perdu dans les blessures qui couvraient le corps de la jeune femme. Elle avait plusieurs ecchymoses, une multitude de contusions, on devinait des fractures et foulures à certains endroits. Son corps en entier était tuméfié, enflé et rare étaient les parties qui revêtaient encore une couleur « normale » de chair. L'infirmière de Poudlard avait visiblement tenté l'impossible, on distinguait des points de soutures magiques, l'application de baumes et onguents accélérateurs de guérison et même quelques bandages. Ses lèvres étaient fendues à plusieurs endroits et tellement enflées qu'elles avaient le double de leur volume habituel. De grands cernes mauves tirant sur le jaune ornaient le dessous de ses yeux, ses joues étaient creuses, ses jolies pommettes avaient disparues, son front était ridé de part en part, sa mâchoire crispée . Elle soufrait le martyre, et combattait un ennemi intérieur qui la dévorait par en dedans, on voyait presque le combat qu'elle lui menait grâce aux mouvements de ses yeux sous ses paupières closes.

« - Qu'est-ce . , commença Rémus, les yeux toujours fixés sur son aimée et tenant une de ses mains entaillées dans les siennes.

Elle ne t'a rien dit sur son voyage avant de partir ? Demanda Dumbledore d'une voix douce.

_ Vous la connaissez aussi bien que moi, croyez-vous réellement que c'est le genre de chose qu'elle dit avant de partir pour revenir dans cet état ? Croyez-vous que je l'aurais laissé aller si j'avais su ? Déclara Lupin avec une certaine colère dans la voix.

- C'est sans doute pourquoi elle ne t'a rien dit, tenta de le réconforter Sirius.

Elle est partie il y a quelques mois dans le but de trouver de nouveau sa tribu. Comme elle se déplace lorsqu'elle est trouvée, elle entama de nouvelles recherches. Elle du les trouver et leur demanda ce pourquoi elle recherchait ses ancêtres. La voir ainsi me confirme pratiquement qu'elle a obtenu satisfaction. Expliqua le vieux mage.

Qu'elle satisfaction peut-il y avoir à se retrouver ainsi mutilé ? S'emporta Rémus. Vous ne croyez pas sincèrement qu'elle désirait se retrouver ainsi ?

Certes, pas volontairement évidement mais je crois qu'elle savait ce qui risquait de lui arriver et qu'elle en avait accepté les conséquences.

Que lui ont-ils fait, pourquoi la mettre ainsi à l'article de la mort ? Demanda Sirius tout aussi stupéfait que son ami qui dévisageait Dumbledore.

Ce qu'elle leur a demandé .

Allez-vous enfin nous dire de quoi il en retourne ? » S'emporta Lupin au bord de la crise de nerf.

Un mouvement furtif de la main qu'il tenait toujours dans les siennes le calma instantanément, à sa façon, elle lui communiquait qu'elle entendait ce qui se disait autour d'elle et le priait de garder la tête froide. Rémus passa une main sur les courbes du visage de la jeune femme toujours immobile. Dumbledore profita du retour au calme du lycanthrope pour continuer ses explications :

« - Vous savez qu'elle se serait sacrifiée pour vous épargner la moindre souffrance. Son retour dans la communauté magique n'est pas resté secret. Voldemort a fini par l'apprendre également et il était illusoire de croire qu'il refuserait de mettre la main sur elle. Elle représente toujours pour lui une source inestimable. Pour cela, elle doit être vivante de un et immortelle de deux . »

Les propos de Dumbledore jetèrent une douche froide sur les deux amis de la femme étendue dans le lit. Elle avait renoncé à son immortalité . Ils savaient maintenant que la condition de la jeune femme lui prodiguait une endurance hors du commun, des pouvoirs surprenants et qu'il était possible de la tuer bien sûr mais que si jamais elle n'était blessée mortellement, elle pouvait vivre éternellement, ou presque . La légende disait que les steels décidaient eux même du moment de leur mort et qu'ils n'avaient qu'à demander à un autre membre de la tribu de les rendre mortels. Ce nouvel état ne leur enlevait pratiquement aucun de leurs pouvoirs mais certains perdaient en puissance. Autres changements frappants, leur physionomie changeait, les rendant parfois complètement différents ou d'autres fois les modifiant à peine. Le principal changement était dû au fait qu'ils retrouvaient dès lors un cycle de vieillissement « normal ». À partir du moment où le processus se terminait, chaque nouvelle année que fêtait le steel, s'ajoutait à son âge biologique, plus de période latente pendant laquelle le corps ne vieillissait pas.

« - Javik a renoncé à son immortalité, espérant ainsi vous écarter un peu plus tout les deux du danger que représente Voldemort, continua Dumbledore.

Nous pouvons nous débrouiller face à cette face de serpent, cracha presque Sirius.

Certes, mais ne le prenez surtout pas mal, mais je crois que sa décision à été motivé par une toute autre personne .

Harry, marmonna Rémus qui avait compris.

Quoi Harry ? S'étonna Sirius

Elle l'a fait d'abord pour Harry .

Bien sûr mais également pour vous . Pour votre amour Rémus. »

Dumbledore avait dit cette dernière phrase en regardant bien dans les yeux Lupin qui avait maintenant de la difficulté à ravaler les larmes qui lui chauffaient les yeux et qui lui enserraient la gorge. Il savait pour en avoir déjà discuté ensemble que ce genre d'action n'était pas sans risque pour celui qui le subissait. Certes par ce geste, elle devenait mortelle mais l'action en tant que telle pouvait la tuer sur le coup ou tellement la blesser que dans le meilleur des cas, elle finirait handicapée et infirme mais elle pouvait également mourir suite à toutes ses blessures internes. Il savait qu'elle jouait sa vie, l'ennemi qui la dévorait de l'intérieur était impitoyable et rares étaient ceux qui en venaient à bout. Les larmes coulaient maintenant en torrents sur les joues du lycanthrope.

Après un long moment, Sirius tenta de le convaincre d'aller se coucher également, qu'il ne lui servait à rien de rester ainsi auprès d'elle, que lui-même veillerait sur elle s'il le désirait mais que lui avait besoin de sommeil, la pleine lune venant à peine de passer. Rien n'y fit, Rémus Lupin refusa de quitter le chevet de celle qui s'était sacrifiée tant de fois pour lui et ceux qu'elle aimait, il lui devait au moins ça. Dumbledore quitta peu après et Sirius se résigna à apporter un lit supplémentaire dans la pièce mais Rémus ne l'utilisa pas, il resta à genoux, auprès d'elle jusqu'à ne plus rien ressentir, son malaise était tellement insignifiant à côté de ce qu'elle endurait.

Il finit tout de même par s'endormir la tête près de celle de Javik, alors que le soleil pointait ses premiers rayons à travers la fenêtre de la chambre. Sirius le trouva dans cette position peu après, d'un coup de baguette, il le fit léviter jusqu'à l'autre lit, tout près de Javik qui ne s'était pas encore éveillée. Comme tout bon ami se le devait, il avança un fauteuil près du lit de la convalescente et entreprit de veiller sur elle pendant que Rémus se reposait. Le dernier des Black était maussade c'est derniers temps, il se sentait totalement inutile, il ne pouvait se permettre de sortir pour accomplir quelques actes pour l'Ordre, son statut de fugitif n'aidant pas la cause. Il s'était contenté de tourner en rond dans cette grande maison qu'il n'avait jamais réellement aimée. La perspective de prendre soin de Javik, de l'aider dans son rétablissement lui donnait un peu d'espoir, il ne doutait nullement que la jeune femme sortirait victorieuse de son combat, elle était comme lui, une battante, une personne qui ne se laisserai jamais décourager, qui donnerait tout ce qu'elle avait pour ceux à qui elle tenait. L'espace d'un bref instant, il envia presque son ami d'avoir la chance d'avoir une telle personne à ses côtés, lui avait toujours été seul . Puis la raison lui revint, même s'il ne doutait nullement des sentiments de ses amis envers l'un et l'autre, on ne pouvait pas déclarer qu'ils avaient été un « couple », le seront-ils jamais ? Tous deux avaient tant de choses qui les rendaient exceptionnels, à part de la majorité. Peut-être est-ce pour cela finalement que ces deux âmes s'étaient liées.

Un mouvement dans le lit à ses côtés le sortit de ses pensées, Javik montrait des signes de réveil, il s'approcha d'elle et à l'aide d'une serviette humide, lui épongea le front qui était perlé de sueur, puis il descendit jusque dans son cou, la rafraîchissant par ce simple geste. La bouche de la jeune femme s'ouvrit quelque peu et il compris qu'elle devait avoir la gorge sèche, il versa un peu d'eau fraîche dans un verre, que venait de lui apporter son elfe de maison. Doucement et avec beaucoup de précaution il la fit boire. Puis tout aussi doucement, elle émergea enfin des profondeurs de la douleur pour reprendre pied dans la réalité. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle croisa le regard bienveillant du Maraudeur, elle tenta de répondre à son sourire mais ses contusions la faisaient visiblement encore beaucoup souffrir.

Sirius voulut aller réveiller son ami qui dormait toujours mais d'un geste las, Javik l'empêcha. Elle lui demanda plutôt de l'aider à se lever, ce qu'il ne voulut pas faire, son état étant trop grave pour un déplacement si tôt après son réveil. C'était sans compter sur l'entêtement de la jeune femme qui fit mine de se lever sans lui, il se résolut à l'aider et lentement, ils marchèrent jusqu'à la fenêtre, où elle regarda le soleil finir de se lever, Sirius la soutenant du mieux qu'il pouvait.

Ils restèrent là un bon moment avant que Rémus ne se réveille en sursaut et ne saute d'un lit où il se trouvait d'un seul bond, complètement dépaysé, cherchant ses repères. Il les trouva rapidement en voyant les deux airs moqueurs qu'affichaient ses deux amis. Sans un mot, Sirius laissa sa place à Rémus puis s'éclipsa de la chambre pour les laisser seuls. Rémus enserra plus fortement que son ami la taille de Javik, ce qui la fit sourire légèrement, le loup reprenait possession de son bien, c'était involontaire, inconscient même mais cela la rassura et la réconforta. Elle appuya sa tête sur le torse de l'homme et ils profitèrent tous deux de ce moment où rien d'autre qu'eux n'existait, c'était un moment magique, unique, qui leur appartenait qu'à eux et à personne d'autre.

Malheureusement, les forces de la jeune femme étant très limitées, elle dut se résoudre à retourner à son lit rapidement. Rémus l'installa avec mille et une précautions et attentions, s'assurant qu'elle était confortable, que ses blessures ne la faisaient pas trop souffrir. Il lui remit du baume à certains endroits, refit ses bandages, nettoya certaines plaies, appliqua de la glace aux endroits tuméfiés. Il avait vraiment le tour, faut dire qu'il s'était fait soigner lui-même à plusieurs reprises dans sa vie, une fois par mois depuis tant d'années maintenant. Il connaissait la douleur, suffisamment pour tenter par tous les moyens à sa disposition de diminuer les souffrances de son amie. Parler demandant trop d'efforts, elle le laissa faire, sans dire mot, suivant chacun de ses mouvements de ses yeux mi-clos à cause de blessure. Puis elle se rendormit, en tenant dans sa main, la main de Rémus qui s'assit à sa droite dans le lit en s'adossant à la tête, ainsi il était près d'elle et il était lui aussi confortable.

Le lendemain, déchiré entre le désir de rester près d'elle et son devoir pour l'Ordre, Rémus, sous les recommandations de Javik et de Sirius, quitta à contre c?ur pour une patrouille, laissant l'autre Maraudeur avec son aimée. Ainsi passèrent plusieurs jours, Rémus revenant toujours se coucher auprès de Javik qui reprenait des forces tranquillement. Sa vitesse de guérison inquiétait Rémus mais également Dumbledore qui était plus qu'occupé en ce moment. Javik les avait habitué à des guérisons rapides et complètes en peu de temps, le tout dû à sa grande puissance magique et à son endurance supérieure, cependant, plus les jours passaient, plus elle les inquiétait. Elle reprenait des forces, certes mais ses blessures ne semblaient pas s'améliorer, son corps était encore tuméfié et couturé à plusieurs endroits et ce malgré les baumes et remèdes qu'envoyait Pomfresh en secret. Sirius avait proposé de l'amener à Ste Mangouste mais Dumbledore s'y était opposé, de même que Javik qui lui répétait sans cesse qu'elle allait de mieux en mieux mais ils ne pouvaient la croire que sur parole.

****************

Javik mit plusieurs semaines à se rétablir, son métabolisme la faisait terriblement souffrir mais jamais personne ne l'entendit se plaindre une seule fois. Seul Rémus l'entendait geindre la nuit lorsqu'elle se retournait dans son lit et à chaque fois son c?ur se serrait. Son corps affichait maintenant plusieurs changements visibles, ses cheveux avaient foncés légèrement, eux qui jadis reflétaient une teinte argenté étaient maintenant plus dorés. Son nez s'arrondit légèrement alors que sa bouche semblait vouloir devenir un tantinet plus large. Ses canines qui autrefois avaient été un peu plus longues que la normale, avaient repris une taille standard. Sa stature déjà impressionnante pour une femme resta sensiblement pareille même si Sirius et Rémus avaient pariés qu'elle avait pris un ou deux centimètres de plus. Ce qui avait véritablement changé était la grandeur de ses pieds, ils avaient rapetissés et cela la faisait bien rire. Ce qui était beaucoup moins drôle, était le fait que ses mains avaient également changées, ses doigts, jadis longs et élancés étaient maintenant plus courts et ses jointures semblaient être ce qui la faisait le plus souffrir. Sans cesse elle activait ses doigts, les pliant et les dépliant, elle les fixaient constamment.

Au début, Rémus et Sirius avaient trouvé ce comportement bizarre mais un soir, alors qu'elle regardait le ciel à travers la fenêtre de sa chambre, Rémus comprit pourquoi le changement physiologique de ses doigts l'inquiétait autant. Elle était là, simplement éclairée par le clair de lune qui reflétait sur sa peau encore tuméfiée par endroit, pliant et dépliant encore et encore ses doigts qui semblaient si douloureux. Javik avait senti sa présence, aussi, entra-t-il dans la chambre et s'assit sur le bord du lit tout en gardant le silence. Un long moment passa alors que la jeune femme restait immobile dans le rayon de lune. Puis sans doute sans y penser réellement, ses doigts tentèrent de pianoter sur un clavier imaginaire. Rémus sentit son c?ur se serrer dans sa poitrine, il venait de comprendre pourquoi elle souffrait tant de cette perte de motricité digitale, elle ne pourrait plus jamais créer et recréer les notes qui furent longtemps ses seules véritables amies, plus jamais la musique ne serait aisée pour elle, ses doigts avaient changé, si un jour elle venait qu'à rejouer, ce serait avec beaucoup moins de naturel et d'aisance, cela sera laborieux même.

Comme poussé par un excès de compassion, il se leva et alla l'entourer de ses bras, l'enlaça tendrement mais fermement, comme si ce simple geste pouvait tout lui dire, lui révéler ce que son c?ur voulait lui hurler mais que sa bouche était incapable de formuler. Des larmes coulaient le long des joues du lycanthrope, il ressentait la détresse et la douleur de sa compagne. Elle était tellement plus forte que lui, car à l'instant même, elle se retournait pour le consoler, alors que c'est elle qui avait mal. Elle appuya son front sur le sien et ils restèrent ainsi, longtemps, profitant de la présence de l'autre.

************

Le jour de l'attaque au Ministère, Javik avait tenté par tous les moyens possible de suivre les autres dans leur combat. Mais le simple fait d'avoir descendu les marches menant au rez-de-chaussée l'avait épuisé et elle avait du se résoudre à rester à l'arrière une nouvelle fois, alors que Sirius partait également au combat. Une fois que tous eut quitté en catastrophe le manoir Black, Javik se retrouva seule avec le portrait de la mère de Sirius qui hurlait de nouveau. Javik qui avait une ouie très développée avait eu vite fait d'avoir les oreilles qui cillaient, aussi, en s'appuyant sur chaque meuble qui se trouvait sur le chemin entre elle et le portrait, elle avança vers le portrait qui redoublait ses cris en comprenant la démarche de la jeune femme. La femme peinte affichait un air terrifié, ses yeux étaient ronds et reflétaient toute son inquiétude. Alors que Javik arrivait en face d'elle la femme s'époumona comme jamais, ce qui était peu dire.

La jeune Reyk resta un instant silencieuse et fixa la toile jusqu'à ce que le portrait retrouva le silence, qui ne dura pas longtemps car reprenant un air digne et fier, la femme demandait d'un ton cinglant :

« - Qu'as-tu a me regarder ainsi, créature immonde ?

Je me demandais, commença la jeune femme, je me demandais pourquoi Sirius ne m'avait jamais demandé de vous décrocher du mur ? Peut-être tient-il un peu à vous après tout .

Quelle insolente ! S'exclama le portrait. Tu ne peux m'enlever d'ici, c'est moi la maîtresse des lieux, si tu crois que je vais laisser des sales et ignobles pseudo sorcier tels que vous souiller impunément mon manoir . , cracha la femme dans le cadre.

Désolée de vous le rappeler madame Black, mais vous êtes morte.

Tu te crois fine ? Tu n'es rien, qu'une créature immonde que je méprise. Tu prétends pourvoir me décrocher du mur, vas-y, fais le. Essaye seulement pour voir.

Si je réussis, promettez-vous de vous tenir tranquille et de cesser de continuellement semer des insanités à tous vents ?

Tu as une bien trop forte opinion de toi-même démon. Jamais tu ne réussiras à m'enlever d'ici .

Alors pourquoi avoir peur de me promettre de rester aphone ?

Je n'ai certainement pas peur, s'époumona le tableau. Très bien j'accepte, à une condition cependant.

Je suis toute ouie, déclara aimablement Javik.

Si tu échoues, ce qui va être le cas, vous quittez mon manoir, toi et ta bande de sous-sorcier à deux noises. ET amène avec toi celui qui se PRÉTEND MON FILS, celui qui N'EST PAS DIGNE DE NOTRE SANG, le TRAITRE .

C'est compris », déclara Javik excédée par les cris du portrait.

Pendant de longues minutes, il n'y eut aucun bruit dans la pièce, Javik, se contentant d'évaluer la position de la toile puis elle alla s'asseoir un fauteuil face au portrait, continuant son observation. Ce geste fut perçu par la femme dans le cadre comme un geste de démission et elle s'exprima fortement son contentement qui fut assez court puisque mademoiselle Reyk souriait doucement à la peinture en l'assurant qu'elle n'avait pas renoncé, qu'elle préférait prendre son temps, peut-être même attendre que les autres soient rentrés de mission.

*****************

Malheureusement, ce soir là, le dernier Black ne rentra pas de mission. Javik, comme tous les autres membres de l'ordre se sentit responsable de sa perte. Rémus était défait, une fois de plus, il perdait son ami, celui avec qui il avait tout partagé, bons comme mauvais moments. Sa perte fut terrible pour tous ceux qui avait connu le Maraudeur, le pire était que l'on ne pouvait même pas porter le deuil dignement puisque Sirius avait péri en étant toujours considéré tel un fugitif et un mangemort par l'opinion publique.

Javik avait été celle qui avait été désignée pour annoncer la nouvelle au portrait de madame Black qui demeura silencieuse comme la mort, on ne l'entendit plus. Un voile noir recouvrait son cadre, on devinait qu'elle portait le deuil à sa façon. Le manoir Black semblait bien plus macabre sans les continuelles insanités déblatérées par la femme peinturée. Le pari entre les deux femmes fut oublié, après quelques temps, les membres de l'ordre se trouvèrent un nouveau quartier général, on supportait mal l'idée d'utilisé un lieu appartenant à un disparu même si tous savaient que Sirius aurait voulu qu'ils continuent leurs rencontres chez lui. C'est Rémus qui prenait ça le plus durement, heureusement pour lui, cette fois, Javik était présente pour lui. Elle l'écoutait parler des nuits entières de ses souvenirs, le lycanthrope se remémorait chaque moment passé en compagnie des êtres chers à son c?ur, aujourd'hui disparus, Lily, James, Sirius et parfois même Peter, le Peter d'avant, celui qui avait été leur ami.

Pendant, ce temps, Javik retrouva ses forces, du moins suffisamment de force pour continuer le combat contre les forces du mal. L'année scolaire tirant à sa fin, Dumbledore et quelques autres se regroupèrent pour discuter des dispositifs de sécurité à appliquer pour la période estivale autour de 4 Privet Drive. Tant que Harry demeurait sous le toit de sa tante, la protection magique installée par sa mère avant son décès le protégeait mais il était stupide de croire que Voldemort ne tenterait rien ou du moins, ne le surveillerait pas. Des tours de gardes furent votés, il y aurait en permanence deux gardes discrets dans les alentours. Rémus irait visiter les Dursley régulièrement pour s'assurer qu'ils n'oublient pas leur obligations et il prendrait contact avec Harry pour s'assurer que ce dernier allait bien et n'avait besoin de rien.

Pendant toute cette réunion, une seule personne ne prit pas la parole, Javik restait silencieuse, assise sagement dans son fauteuil, réfléchissant. Dumbledore lui jetait régulièrement des regards en coin mais jamais elle ne réagissait à ses invitations muettes. Puis Molly Weasley prit la parole, abordant un point négligé jusque là par ceux qui voulait s'assurer de la sécurité constante de Harry :

« - Quelqu'un a pensé à lui faire sortir le méchant ? Le pauvre petit vient de perdre celui qu'il considérait probablement comme ce qui se rapprochait le plus d'un père pour lui. Il va avoir besoin d'en parler, de se vider le c?ur, de poser les questions qui le tourmentent .

Excellent point Molly, convint Mc Gonnagall, Le jeune Potter devra en effet verbaliser, le cas contraire serait très mal sain. Peut-être que monsieur Lupin pourrait, lors de ses visites . », proposa le professeur de Métamorphose.

Mais alors qu'elle n'avait même pas mit le point final à sa phrase, elle fut interrompue par Javik qui intervint pour la première fois de la soirée :

« - Non, ça c'est pour moi »

Personne ne trouva rien à ajouter, cette déclaration avait été faite d'une voix qui ne laissait aucune place au discussion. Dumbledore sourit doucement, alors que Rémus venait de poser une main sur le bras de son amie, comme pour la soutenir.

*************

Harry écoutait d'une oreille discrète les éternelles jérémiades de son oncle sur ces « prétentieux paranormaux et cinglés » qui avaient osé l'approcher lui et sa famille. Le voyage en voiture de King Cross à Privet Drive était pénible pour le jeune Potter qui devait partager la banquette arrière avec Pétunia puisque Duddley était maintenant trop « imposant » pour occuper cette place plutôt restreinte derrière le conducteur. Il laissa donc son esprit errer sans but précis lorsqu'il fut tiré de ses pensées par une exclamation en provenance de sa tante :

« - Mon doux Seigneur, les Chapel on déjà trouvé un acheteur pour leur maison, voilà à peine quelques jours qu'ils l'ont mise en vente.

T'as raison Pétunia mon c?ur, voilà déjà nos nouveaux voisins qui s'installent. Ajouta Vernon. Regarde, ils ont l'air plutôt aisé, t'as vu ce qu'il y a dans le camion de déménagement, que des meubles neufs. »

Harry qui descendait à son tour de la voiture jeta un regard vers les nouveaux voisins qui s'installaient. Il ne vit qu'une grande et plutôt imposante jeune femme au long cheveux blonds qui dirigeait aimablement les déménageurs. Vernon qui avait bien pris la peine d'avertir Harry qu'il devrait descendre sa malle que le soir venu pour ne pas être repéré par les voisins, s'approcha de la petite clôture qui séparait les deux maisons.

« - Bonjour, dit-il d'un ton qu'il voulait naturel. Nous sommes les Dursley vos nouveaux voisins. Voici Pétunia ma femme et Duddley notre fils. Moi c'est Vernon, Vernon Dursley. »

La jeune femme s'avança avec le sourire et tendit une main à Vernon qui fut surpris par la poigne de la nouvelle venue.

« - Enchantée, moi c'est Lisa Maria Beaulieu, je suis heureuse de constater que mes voisins immédiats sont si accueillants et civilisés. C'est votre autre fils ?, demanda la femme en désignant Harry qui se tenait en retrait.

Lui, oh, non. C'est notre neveu, on en a la garde depuis que ses parents sont décédés dans un accident de voiture. Il est à St-Brutus, il revient justement pour les vacances, confia Vernon.

Comme c'est aimable à vous de prendre ainsi soin d'un orphelin. Mais n'est- ce pas une charge supplémentaire pour votre bourse ? J'imagine que ce jeune homme ne vous rapporte pas un sou, ainsi vous devez débourser pour toutes ses dépenses . »

Les déclarations de la nouvelle voisine fit grimacer Harry, pas une autre qui se mettait sur son cas sans même apprendre à la connaître d'avantage. Et Vernon et Pétunia qui en rajoutaient, heureux de découvrir que la nouvelle venue partageait le même genre d'opinion qu'eux sur le sujet.

« - Non, évidemment, mais bon on se débrouille comme on peut

Si j'osais, commença hésitante le jeune femme.

Osez, très chère, la poussa Pétunia.

- Bien, j'ai plusieurs travaux à effectuer dans la maison, défaire les boites, de la peinture, sans compter l'entretient du terrain. J'aimerais bien également planter quelques fleurs, des bégonias sans doute dans la cours arrière .

Quelle merveilleuse idée, s'emballa Pétunia, les mains sous le menton, presque émue.

Je me demandais si vous accepteriez que votre neveu vienne travailler pour moi cet été. Bien entendu je vous donnerai un montant d'argent selon les travaux qu'il effectuera pour moi, ainsi peut-être serait-il un poids moins lourd pour votre charmante famille. »

L'idée enchanta Vernon, mais encore plus Duddley qui riait ouvertement de la déveine de son cousin. Harry lui serra la mâchoire et tenta de rester poli et de répondre courtoisement aux questions que lui posait la nouvelle voisine. L'été serait long et pénible. Il fut convenu qu'il serait chez elle à la première heure le lendemain matin.

Après avoir mangé rapidement un petit déjeuner qui ne le sustenta qu'à moitié et avoir écouter les recommandations superflues de son oncle sur la façon de se tenir en compagnie de la nouvelle voisine, Harry traversa la petite clôture qui délimitait les deux terrains et frappa à la porte de la maison parfaitement identique à celle de son oncle.

La jeune femme qui venait selon les informations recueillies la veille, de se faire larguer par son petit copain, aménageait toute fin seule et comptait travailler à domicile. Harry se força à sourire lorsqu'elle lui ouvrit la porte et qu'elle le fit entrer. Elle le fit passer au salon où tout avait été placé et rangé. Harry trouva étrange que la jeune femme ait décidé de commencer par ranger une pièce comme le salon, habituellement, on s'occupait d'abord de la chambre à coucher ou de la salle de bain, question pratique. Il fut encore plus surprit lorsqu'elle l'invita à s'asseoir sur l'imposante causeuse de cuir italien et qu'elle déposa devant lui un plateau rempli de croissants chauds, confiture maison, fruits frais et jus de citrouille.

JUS DE CITROUILLE !

Harry releva vivement la tête et dévisagea la jeune femme un bref instant puis rabaissa la tête devant l'air surpris qu'elle affichait. Elle demanda d'une voix peu sûre :

« - Peut-être n'aimes-tu pas les confitures, j'en ai sûrement d'autres dans la cuisine .

Non, non, elles sont parfaites », l'assura Harry.

Son cerveau surchauffait, où était-il ? Le jus de citrouille n'était pas très commun chez les moldus. Cette femme serait-elle une sorcière ? Qui était-elle ? Si ça se trouvait, il venait de pénétrer dans un piège tendu par une mangemorte . Il fallait qu'il se sorte de là et rapidement. De plus il avait laissé sa baguette dans sa chambre, il était désarmé et sans défense. Qu'est-ce qu'elle attendait pour l'attaquer ? Peut-être était-ce le repas qui était empoisonné ? Pourquoi ça lui arrivait toujours à lui ?

« - J'ai déjà été plus perspicace que ça, déclara la jeune femme en se rassoyant dans le fauteuil face à Harry. Moi qui croyait que le repas ne te convenait pas, c'est plutôt le jus de citrouille qui m'a trahi hein ? »

Harry n'osa répondre mais fixait à s'en brûler la jeune femme devant lui qui avait pris une position décontracté et relaxe dans son siège. Elle continua d'une voix douce mais ferme :

« - J'aurais dû m'en douter. Je peux voir d'ici les rouages de ton cerveau qui surchauffe. Qui est-elle ? Pourquoi je suis là ? Que me veut-elle ? Et pourquoi diable ai-je oublié ma baguette à la maison ? »

Harry se demanda l'espace d'un moment si cette femme pouvait effectivement lire dans ses pensées mais il comprit qu'elle ne faisait que lire sur son visage toutes ses interrogations. Ayant pitié de lui ou en ayant assez de jouer, elle daigna lui expliquer enfin :

« - Je sais que tu n'es pas obligé de me croire sur parole, mais je ne suis pas ici pour te faire du mal ou pour la solde de Voldemort. »

Voilà qui était intéressant, elle nommait le Lord Noir par son nom. Ils étaient peu nombreux a avoir le courage de le faire. Harry se détendit un peu à ses paroles mais n'en demeurait pas moins sur ses gardes.

« - Si tu le veux bien, débutons par les présentations. Tu te doutes sûrement que mon véritable nom n'est pas Lisa Maria. Je me demande encore où j'ai été pêcher cela ? Bref, là n'est pas la question. Je me nomme Javik Reyk et comme tu le sais maintenant, je connais moi aussi la magie. »

Ils restèrent un moment à se fixer l'un et l'autre en silence, Harry tâchant de fouiller son cerveau à la recherche d'information quelconque sur ce nom et elle à conjuguer avec certains fantômes revenus la hanter.

« - Tu lui ressembles tu sais ? », murmura-t-elle.

Harry se figea, ce n'était pas la première fois que l'on le comparait à son père mais cette fois il sentait en lui que s'était différent. Pour la première fois il ouvrit la bouche pour déclarer :

« - Je sais, on me dit tout le temps que je suis le portrait craché de mon père. »

Elle lui sourit tendrement, une lueur étrange dans les yeux puis ajouta à son tour d'une voix feutrée :

« - Certes mais c'est elle que je vois en toi. »

Harry ne savait plus quoi penser, il était abasourdi, qui était cette femme ? D'où connaissait-elle ses parents ? Pourquoi était-il là à avoir une discussion décousue et vide de sens avec cette inconnue ?

Sans crier garde, elle se leva et se dirigea vers la table de coin où attendait un épais volume relié de cuir. Elle s'en saisit et l'apporta au jeune homme à qui elle le tendait. Harry s'en saisit avec précaution et ne put réprimer un soupir de soulagement lorsqu'il constata qu'il ne s'agissait pas d'un portoloin. Elle reprit place devant lui et attendit qu'il ouvre le volume. À l'intérieur, ce trouvait plusieurs photographies de ses parents à son âge, d'autres des Maraudeurs. Il y avait également plusieurs partitions de musique que Harry mit de côté temporairement pour se concentrer sur les clichés. Sur certains, Javik apparaissait également. Le jeune homme nota mentalement que tous souriaient sur les photos, ils étaient tous réunis et heureux d'être ensemble. Tous lui envoyaient la main, le saluaient ou lui souriaient malicieusement. Sans même véritablement s'en rendre compte, Harry pleurait, c'est lorsqu'une larme vint s'écraser sur la photo qu'il regardait qu'il s'en rendit compte et qui s'empressa d'essuyer ses yeux du revers de sa manche.

Javik était venue s'asseoir auprès de lui, elle lui tendit un mouchoir qu'elle sortait Merlin seul sait d'où. Puis elle remit le livre à la première page et commenta chacune des photos qui s'y trouvaient :

« - À l'époque de cette photo, les Maraudeurs ne nous aimaient pas vraiment, ils nous appelaient même les reines de glace.

Qui nous ? Ne put s'empêcher de demander Harry dans un reniflement sonore.

Ta mère et moi, en fait je me suis toujours demandé d'où nous venait ce surnom, j'avoue que j'étais froide à l'époque mais ta mère à toujours eu un véritable brasier en elle .

Vous étiez proche ?

C'était ma meilleure amie, la meilleure que je n'ai jamais eu. Son ton de voix était rauque, comme si elle retenait des larmes.

C'est impossible », déclara fermement Harry en se leva précipitamment.

Loin d'être surprise ou dépitée, Javik demanda simplement :

« - Et pourquoi cela ?

Il est évident que la jeune fille sur les photos ne peut être vous, si tel était le cas, vous auriez l'âge qu'auraient mes parents aujourd'hui, l'âge de Rémus ou encore de Sirius. »

Le dernier mot avait été dit avec difficulté de la part à Harry qui souffrait terriblement. Javik se contentait de sourire doucement puis ajouta :

« - Je suis bien plus vieille qu'eux. C'est difficile à voir ainsi mais c'est pourtant vrai.

MENSONGE », s'écria Harry énervé en la pointant du doigt.

Il allait faire demi-tour et sortir de cette maison pour ne jamais y revenir mais une vision l'en empêcha. Dans le cadre de la porte qui donnait sur le couloir, Rémus Lupin attendait en silence, l'air maussade. Harry ne savait plus que penser, que se passait-il ?

« - Elle dit vrai Harry. C'est une très longue histoire et plutôt compliquée mais je t'en prie, laisse la te la raconter. Javik a réellement été la meilleure amie de ta mère et une membre honoraire des Maraudeurs à partir de notre sixième année. Si tu savais tous les mauvais tours qu'elle pouvait jouer, elle était la complice idéale et jamais on ne la soupçonnait, car elle affichait ce côté si glacial, si parfait » Rémus Lupin était partit dans ses souvenirs.

Lorsqu'il reprit pied dans la réalité, il s'approcha de Harry qui était resté debout au centre de la pièce et l'incita à prendre place de nouveau dans la causeuse. Alors que Rémus allait reprendre les explications tant attendues par Harry, Javik se leva précipitamment, ce qui fit taire le lycanthrope.

« - La s?ur de Lily arrive . »

Comme elle venait de l'annoncer, la sonnette fit entendre son tintement entre les murs de la maison. Harry fut stupéfait par cette annonce, la dame n'avait aucun moyen de voir arriver les visiteurs de l'endroit où elle se trouvait mais c'est la suite qui le stupéfia d'avantage. D'un simple mouvement de sa main, elle créa l'illusion d'un capharnaüm grandiose dans toutes les pièces de la maison, des boîtes jonchaient le sol, des items à moitié déballés, d'autre attendant d'occuper une place définitive. Rémus s'éclipsa rapidement, laissant Harry seul au centre d'une pièce en désordre. Javik lui signifia d'un regard de faire semblant de ranger des choses alors qu'elle allait ouvrir la porte sur Pétunia qui portait une assiette de biscuits maison.

« - C'est tellement aimable à vous, déclara Javik d'une voix chaleureuse. Vous n'auriez pas dû vous donner autant de peine pour moi vous savez.

C'est tout naturel voyons, répliqua Pétunia avec un sourire qui montrait toutes ses dents, ce qui n'était pas pour l'avantager. Je suis aussi venue voir si Harry ne vous causait pas trop de problèmes.

Oh, pas du tout, il est un peu lent à la tâche mais il y arrivera, mentit Javik.

Très bien, si jamais il vous .

Ne vous inquiétez pas, je saurais le mater », l'assura la nouvelle voisine en refermant la porte gentiment derrière Pétunia qui retourna chez elle.

Alors qu'elle refermait la porte, Rémus réapparut, un petit sourire aux lèvres. Javik revint dans le salon et le remit en ordre d'un autre mouvement de la main qui impressionna beaucoup le jeune Potter qui ne savait pas que l'on pouvait atteindre ce niveau de magie sans baguette. Même avec une baguette, seuls les sorciers expérimentés pouvaient effectuer une illusion telle qu'elle venait de le faire.

Cette performance l'avait sans l'ombre d'un doute épuisée puisqu'elle se laissa choir mollement dans le fauteuil en face de Harry. Rémus se précipita vers elle, visiblement très inquiet et la sermonnait :

« - Bien joué, non vraiment ! Mais réfléchis-tu seulement avant de faire des choses si insensées. Tu viens à peine de te remettre à contrôler ta magie et toi tu te lances dans une illusion digne de l'Almanach des sorciers . »

La litanie de Rémus continua ainsi quelques instants sous l'?il surpris de Harry et devant un petit sourire d'excuse de Javik qui reprenait lentement le contrôle d'elle. Alors que Rémus semblait vouloir continuer ainsi ses réprimandes, Javik tourna la tête vers Harry et lui lança un regard moqueur qui fit sourire le jeune homme, qui commençait à trouver sympathique la jeune femme. Se rendant compte qu'il faisait rire de lui, Rémus se rabroua légèrement et alla prendre place aux côtés de Harry dans la causeuse, l'air sévère et mécontent. Javik le regarda quelques secondes puis ses épaules se mirent à sauter légèrement, trahissant un petit rire. Harry fut frappé par la contagion de ce rire au grand dam de Rémus qui croisa les bras et dévisageait la jeune femme d'un regard mauvais.

« - Il hurle toujours ainsi mais il ne mord que rarement, confia Javik à Harry qui sourit à la comparaison.

Arrange-toi pour que je te morde jamais, c'est un petit conseil que je te donne, déclara Rémus mécontent.

OUHHH ! , j'ai si peur. »

Le ton avait été si sarcastique et ironique que Harry ne put retenir un autre éclat de rire. Au bout d'un moment, Rémus Lupin se laissa gagner lui aussi par l'ambiance qui régnait dans la maison. Puis comme toute bonne chose à une fin, les rires cessèrent et on redevint sérieux dans la petite pièce. Harry avança une main hésitante vers les partitions de musique qu'il avait mis de côté plus tôt. Il abandonna vite l'idée, voyant qu'il ne comprenait pas un seul des symboles inscrits sur les feuilles.

« - C'est diverses chansons que composa Javik lorsqu'elle étudiait avec nous, expliqua gentiment Rémus. Celle-ci est celle qu'elle composa pour leurs fiançailles, elle la joua également lors de la réception de leur mariage.

Vous étiez à leur mariage, à leurs fiançailles, vous avez étudiez ensemble, vous vous dites la meilleure amie de ma mère, alors pourquoi je n'ai jamais entendu parlé de vous avant ce jour ? »

La question de Harry était plus que pertinente et Javik avait longuement médité sur le sujet, elle savait qu'un jour elle devrait y répondre. Maintenant c'était le temps de la faire mais elle n'était pas prête, pourtant elle tenta une réponse :

« - J'ai longuement réfléchi à ce que j'allais te répondre lorsque tu me poserais cette question, commença la jeune femme.

La vérité serait de mise, l'interrompit Harry.

Allons y pour la vérité alors, déclara Javik en se reculant un peu plus dans son fauteuil. Donc, la raison pour laquelle je n'apparaîs qu'aujourd'hui est que je suis morte avant tes parents et que lorsque je suis revenue dans la communauté magique, je n'avais pas le courage de renouer avec mon passé. »

Elle avait dit cela sur un ton tellement anodin et normal. Harry était sans voix, comment pouvait-elle être morte et être en chair et en os là devant lui au même instant. Des milliers de questions actionnaient les rouages de son cerveau, Lupin dû le sentir car Harry sentit une main sur son épaule qui exerçait une pression amicale et réconfortante.

« - La vérité est compliquée et difficile à saisir. J'ai pensé que peut- être si tu le voulais bien, on pouvait apprendre à mieux se connaître tous les deux. Prenons notre temps, nous avons un été entier pour faire connaissance, ensuite tu décideras si tu veux que l'on poursuivre notre relation. Je sais que ce n'est pas très habituel comme demande mais acceptes-tu de me laisser une chance de gagner ta confiance ?

Pourquoi ? demanda simplement Harry. Est-ce Dumbledore qui a si peur qu'il m'envoie un Protecteur pour veiller sur moi. Les mesures déjà prises ne sont-elles pas suffisantes ? »

À l'emploie du mot Protecteur, Rémus s'était tendu au côté de Harry mais il avait tenté de ne pas le laisser voir. Javik pour sa part gardait son sang froid et semblait imperturbable, comme la jeune fille de leur jeunesse.

« - Non, je ne suis pas ici pour plaire à Dumbledore ou à quiconque d'autre. J'ai pris toutes ces dispositions pour être plus près de toi et avoir l'occasion de faire ta connaissance. Je crois que je dois bien cela à tes parents, ne serait-ce que pour leur mémoire. Si tu le désires réellement, je repars comme je suis venue. Je ne suis pas ici pour veiller sur ta sécurité, je suis ici pour tenter de rattraper plus de quinze ans d'absence. »

La réponse satisfit Harry qui décida qu'il pouvait bien accorder une chance à celle qui s'était dite la meilleure amie de sa mère, peut-être ainsi pourrait-il en apprendre un peu plus sur ses parents. Il avait en avait grandement besoin. Il fut convenu que le jeune Potter viendrait « travailler » pour la nouvelle voisine à tous les jours, ainsi, ils pourraient discuter et apprendre à se connaître. À chaque dimanche, mademoiselle Beaulieu ou Reyk selon les points de vue, était invitée à souper chez les Dursley, à cette occasion, elle remettait un montant d'argent à l'oncle Vernon pour le salaire hebdomadaire de Harry. Elle apportait aussi des friandises qu'elle remettait en douce à Duddley qui appréciait énormément la nouvelle voisine. Avec Pétunia, elle parlait horticulture et parfois, on retrouvait les deux femmes à quatre pattes dans l'un ou l'autre des jardins, travaillant ensemble. Le jeune Potter trouvait cette situation hilarante, il avait appris à apprécier la jeune femme au fil de leur séance d'apprentissage mutuel comme le disait Javik.

Harry avait découvert les nombreuses propriétés du judas et en adorait le fonctionnement, c'était ainsi que le jeune Potter et mademoiselle Reyk échangeaient leurs souvenirs. Rémus Lupin n'apparut plus dans la demeure de la jeune femme, du moins, plus en présence de Harry mais le jeune Potter avait vite compris le lien qui unissait le lycanthrope et la jeune femme. Peut-être était-ce voulu, Javik lui montrait des souvenirs qu'elle sélectionnait et dans plusieurs, Harry avait constater le lien qu'il y avait entre eux.

Le jeune Potter avait versé des larmes le jour où Javik partagea avec lui son souvenir de son procès puis de ce que tous avait pris pour sa condamnation à mort. Son exil fut pénible aussi pour Harry qui ne pouvait que s'imaginer ce qu'elle avait dû endurer toutes ces années loin de tous ceux qu'elle avait un jour aimé. Puis il avait versé également quelques larmes lorsqu'il avait regardé le souvenir que gardait la jeune femme du mariage de ses parents, ils avaient l'air si heureux .

Ils avaient établi une entente de fonctionnement, pour un souvenir que lui dévoilait Javik, Harry devait à son tour lui montrer une partie de ses pensées. Au début, il était prudent sur ce qu'il dévoilait puis peu à peu ses réticences le quittèrent et il se surpris à dévoiler des choses à cette femme qu'il n'avait jamais abordé ni avec Ron ou Hermione. Ils parlèrent beaucoup aussi, de toutes sortes de choses, anodines ou non. Harry se vida le c?ur sur la disparition de Sirius, lorsqu'il le fit, tout son être tremblait de colère et de tristesse, Javik l'avait serré tendrement dans ses bras et il avait continué à pleurer simplement dans le confort de la caresse de la jeune femme.

Une nuit d'encre, où aucune étoile n'était visible dans le ciel, Harry sentit une main le secouer légèrement pour le tirer de son sommeil. D'un geste, Javik lui signifia de garder le silence et de la suivre dans le jardin. Harry remit à plus tard ses interrogations sur le comment elle avait réussi à entrer dans la maison sans éveiller personne. Dans la noirceur de la nuit, seule une forme à peine visible d'un être humain se tenant près d'un grand arbre était visible. Harry savait qu'il s'agissait de la personne chargé de veiller sur lui, lorsqu'ils passèrent devant lui, l'homme hocha simplement la tête puis retourna dans l'ombre. Javik se saisit des poignets de Harry et l'approcha d'elle, l'enlaçant fermement puis avant même qu'il comprenne ce qui arrivait, le jeune Potter se sentit tourbillonner à une vitesse folle, ce qui lui donna un mal de c?ur grandiose. Il fut malade une fois qu'il toucha finalement durement la terre ferme. Javik elle se tenait droite et son apparence ne trahissait aucunement un quelconque changement. Elle se pencha vers lui et l'aida à se remettre sur pied et à marcher. Rapidement Harry reprit tous ces esprits et observa un peu mieux l'endroit où ils se trouvaient.

« - Tu es ici, chez moi, le domaine Reyk est un peu plus bas dans la plaine. En fait, c'est une terre sacrée ayant appartenue autrefois à ceux de ma race mais comme ils voyagent beaucoup, ce terrain est devenu ma propriété. Seuls les initiés ou les gens autorisés par moi ou mon père avant son décès peuvent fouler ce sol. C'est un lieu sûr et c'est l'endroit idéal pour faire ce que je voudrais que tu vois. Viens, Rémus doit nous attendre maintenant si j'en crois les lueurs du feu de camp. »

Harry eut beau regarder dans toutes les directions, il ne vit aucunement de lueurs de feu, du moins, cela lui pris quelques minutes de marche sur un petit sentier pour apercevoir les premières étincelles qui montaient vers l'encre du ciel. Lupin alimentait l'immense feu qui se trouvait au milieu de nulle part. Trois grands fauteuils attendaient d'être occupés, disposés au tour du feu, Javik invita Harry à prendre place sur l'un d'eux, puis Rémus et elle s'assirent sur ceux qui restaient puis la jeune femme pris la parole :

« - J'ai longuement chercher quoi t'offrir pour ton anniversaire Harry. Je sais, je suis un peu en retard mais je voulais attendre le bon moment pour t'offrir ce qui va suivre. J'ai maintenant seize ans de cadeaux d'anniversaire de Noël et toutes autres raisons qu'une marraine offre des présents à son filleul, ce soir j'espère en rattraper un peu . »

Harry s'était avancé sur son siège, ses yeux, derrière ses lunettes trahissaient sa surprise. Jamais encore Javik ne lui avait mentionné qu'elle était sa marraine. Jamais personne ne lui avait dit qu'il en avait une, il avait été sot de croire qu'il n'en avait pas. Pourquoi Sirius ou Rémus ou même Dumbledore ne lui en avait jamais parlé ? Pourquoi Javik elle-même avait-elle attendu ce moment pour lui faire cette annonce ? il aurait aimé lui demandé mais déjà Javik s'était levée et avait levé la tête au ciel, ses bras bien haut au dessus de sa tête, les yeux fermés et un air de concentration extrême peint sur le visage. Elle appelait l'étoile de quelqu'un, Harry ne l'avait jamais vu faire mais elle lui avait expliqué que c'était possible. L'encre du ciel s'ouvrit sous les yeux ébahis du jeune homme pour laisser apparaître devant eux quelques étoiles qui défilaient à une vitesse folle, puis soudain, tout arrêta, s'immobilisant d'un seul coup. Deux étoiles étrangement proches brillaient de tous leurs feux, clignotant parfois, comme pour saluer ceux qui les regardaient. Harry sentit une boule enserrer sa gorge, les larmes piquaient ses yeux qui ne voulaient pas quitter les deux points lumineux de ce ciel magique.

Trop rapidement au goût du jeune homme, le ciel repris son aspect initial. Harry continua de fixer l'endroit où s'était trouvé quelques instants auparavant les étoiles de ses parents. Puis, sans crier garde, le ciel se fendit de nouveau pour laisser place au défilé d'étoiles et comme un peu plus tôt, une étoile apparue, plus brillante que les autres l'entourant. Harry reconnu la constellation, la même que ses parents. Sirius n'était pas loin, toujours fidèle, tout près de son meilleur ami.

Puis tout redevint noir dans les cieux. Un silence de mort couvrait la plaine, laissant les trois occupants songeurs. Soudain, mademoiselle Reyk sortit son judas et proposa le premier souvenir heureux des trois disparus de la soirée. Le reste de la nuit fut consacrée à l'échange de souvenirs des Maraudeurs disparus et de Lily Evan. Lorsque le soleil pointa ses premiers rayons sur la plaine, le feu avait beaucoup perdu de sa splendeur et les deux adultes et le jeune Potter riaient aux larmes d'une rétrospectives, gracieuseté de Rémus, des meilleurs coups des Maraudeurs. La soirée prit ainsi fin et on retourna à Privet Drive.

La rentrée étant prévue pour dans deux jours, Javik offrit à Harry de l'aider avec ses derniers travaux estivaux que lui avaient remis si généreusement ses professeurs. Ils avaient travaillé ensemble quelques jours plutôt le fastidieux travail de recherche que lui avait remis Rogue. Harry déclina l'offre et monta se coucher, bizarrement, alors qu'il s'était attendu à être réveillé par l'un ou l'autre des Dursley pour une raison ou une autre, il put dormir comme un souche jusqu'à passé midi. Lorsqu'il se leva finalement, il comprit que mademoiselle Reyk avait été la responsable de ce moment de répit. Un note laissée à la hâte sur la table lui indiquait que son oncle et sa famille avait été invité par mademoiselle Beaulieu à un pique-nique.

Harry passa donc sa dernière journée avant son retour à Poudlard à réfléchir à tout ce qu'il avait appris en seulement un été. Il s'était fait plus qu'une amie en acceptant l'offre de mademoiselle Reyk, il avait trouvé la complicité qui l'avait uni d'une certaine façon à Sirius. Il souhaita de son c?ur ne pas avoir à subir sa perte également, Javik l'avait énormément aidé à accepter la disparition de son parrain, s'il venait qu'à la perdre, il ne savait pas comment il s'en sortirait cette fois. Sa marraine ne cessait de lui répéter qu'il devait être optimiste, de voir les bons côtés de sa vie, il voyait mal ce que sa vie avait de positif, il devait tuer ou être tué par son ennemi qui lui se faisait un grand plaisir de faire souffrir le plus de monde possible, rien de vraiment réjouissant. Mais comme à chaque fois qu'ils en avaient discuté au cours de cet été, la voix de Javik se fit entendre dans sa tête :

« - Tu as tant de monde autours de toi qui t'aime et te respecte. Penses seulement à Ron ou Hermione, ou encore à Rémus et Dumbledore. Il y en a tellement d'autres, Ginny par exemple, Neville, la petite Lovegood, Molly et Arthur, les jumeaux, la famille Weasley au grand complet finalement . »

Il ne put retenir un petit sourire à cette pensée, elle avait raison, elle avait toujours raison.