Chapitre 5: un désir inassouvi

Harry eut du mal à croire que son oncle Vernon, sa tante Pétunia et son cousin Dudley soient morts.

Pas plus tard qu'aujourd'hui, il les avaient vu encore vivants et s'était même moqué de la corpulence de Dudley.

Ses yeux lui piquaient et il les leva sur son professeur de métamorphose.

-Ce n'est pas..possible...Non, ce n'est pas vrai...Il doit y avoir une erreur...je..

Un sanglot lui monta à la gorge et il ne put l'étouffer.

Minerva McGonagall le regardait tristement.

Elle compatissait à sa douleur et se dirigea donc vers la sortie souhaitant le laisser éclater sa douleur, seul.

Il en avait bien besoin.

Harry sentit que sa professeur le laissait seul.

C'était de sa faute, oui, tout était de sa faute à lui.

En plus de la mort de Cédric Diggory, il avait celle des Dursley sur la conscience.

Il avait toujours désiré que ceux-ci disparaissent de sa vie une bonne fois pour toute mais pas comme ça.

Il ne leur avait jamais souhaité de mourir.

Une famille Moldu avait péri aujourd'hui parce que les mangemorts le recherchaient, lui, le tristement célèbre Harry Potter, et s'en étaient pris aux Dursley en voyant qu'il n'était pas là.

Les Dursley avaient eut raison de le haïr parce qu'ils ne causait que des problèmes.

Cela était vrai. Après tout, il avait causé leur mort aujourd'hui et s'en voulait terriblement.

Maintenant il n'avait plus de famille à qui se rattacher si tant est qu'elle était vraiment une famille.

Il était seul au monde. Cette pensée lui laissa un goût amer dans la bouche.

Non, il n'était pas seul, il avait encore son parrain, Sirius.

Oui, mais il peut mourir tu sais. Il n'est pas éternel.

Harry sursauta. Il n'avait jamais entendu une voix lui parler à l'intérieur de sa tête.

Il repensa à ce qu'elle venait de dire.

Non, Sirius ne pouvait pas mourir et donc le laisser seul.

Sinon Harry le rejoindrait dans la mort.

Ne dis pas n'importe quoi, tu es voué à accomplir de belles choses dans notre monde.

Comment ça, des belles choses?! Quoi exactement?

Tu le découvriras bien assez tôt, mon ami.

Je ne te connais pas, comment pourrais-je être ton ami?

Et voilà qu'il se mettait à parler à sa tête maintenant. Il devenait vraiment fou.

La voix ne répondit pas. Elle était partie, si bien sur elle avait existé.

Et de quel monde parlait-elle?

Logiquement, ce serait le monde des sorciers sinon que pourrait-il bien faire dans le monde Moldu?

Il essaya de se remonter le moral. Il ne serait jamais seul. Il avait ses amis, Ron et Hermione.

Mais Ron lui faisait la tête. Oui, mais ce n'était qu'une passade.

Demain, il irait mieux et de plus Hermione l'aimait. Elle ne l'abandonnerait jamais, elle.

Il sécha ses larmes et se leva.

Bon, souffla-t-il, il faut y aller maintenant et affronter les regards.

Mais ce sera facile puisqu'il avait l'habitude des regards qu'on lui jetait.

Il y avait les regards face à sa célébrité. Mais aussi face à de la crainte et à de la curiosité.

Mais ceux-ci ne seraient pas pareils. Ceux-ci étaient amicaux et compatissant à son malheur.

Il inspira profondément et tourna la poignée de la porte.

Il s'attendit à être mitraillé de phrases réconfortantes du genre 'Mon pauvre chéri, comme cela doit être dur pour toi' ou 'Oh, Harry, je suis vraiment désolée' mais non.

Il n'y eut rien. Rien du tout. Car il n'y avait personne dans la pièce.

Il ressentit une profonde solitude à être dans cette pièce sans personne qui puisse le réconforter, le prendre dans ses bras et le consoler.

Personne, pas même son parrain, ni même Hermione!

Il ressentit une vague de haine à leur encontre.

Sa tristesse se mua en colère.

Décidément, ce n'était pas son jour.

Il avait failli être tué mais c'étaient les Dursley qui étaient morts à sa place.

Son meilleur ami lui faisait la tête sans raison précise et maintenant il se retrouvait tout seul.

Que lui fallait-il de plus? Etre renvoyé de Poudlard? Il ne manquerait plus que ça, tiens!

Alors, là, ce serait le bouquet! Il n'aurait plus d'endroit où vivre et serait obligé d'errer dans les rues à la recherche de quelque endroit où il pourrait dormir.

Il pourrait vivre avec son parrain! Ouais, super! Tu parles d'une solution! A eux deux, ils formeraient la paire! Le criminel en cavale et le Pas-de-chance!

Pendant qu'il y était, il n'avait qu'à se rallier à Voldemort et tuer les Sang-de-bourbes!

Il fut pris d'effroi à ces pensées.

Il n'irait jamais se rallier à Voldemort, il préférait encore mourir que de s'abaisser à ça.

Et il serait heureux de vivre avec Sirius, il en avait toujours rêvé et cela même si il était en cavale. Ils arriveraient bien un jour à prouver son innocence.

Il s'approcha de la fenêtre et ouvrit les rideaux afin d'admirer la beauté du ciel.

Il était rempli d'étoiles et était magnifique un peu comme le ciel magique de la Grande Salle de Poudlard.

Harry pensa que les Dursley ne verraient jamais plus un ciel aussi beau que celui-là tout ça à cause de lui.

Un bruit de pas l'arracha de sa contemplation et par la même occasion de ses pensées.

Il se retourna et vit Ron en pyjama qui venait dans sa direction.

-Euh, George et Fred m'ont dit pour..euh, enfin...

-Et alors, qu'est-ce que tu veux!coupa Harry furieusement.

Ron recula de plusieurs pas sous l'effet de la surprise.

-Ecoute, Harry, je ne sais pas quoi te dire pour...

-Eh bien, tant mieux, moi non plus. Et on ferait mieux d'aller se coucher sinon demain on va être fatigué.

Il s'apprêtait à mettre à exécution sa phrase quand son ami lui prit le bras afin de l'arrêter.

-Mais pourquoi es-tu aussi méchant avec moi, Harry?

Ce dernier dégagea son bras brutalement et le regarda en tremblant de fureur.

Il lui fallait décharger sa colère sur quelqu'un, eh bien, tant pis, ce serait sur Ron.

-TU TE FOUS DE MOI! QUI ME FAISAIT LA TETE TOUT A L'HEURE? TOI! QUI ETAIT MECHANT AVEC MOI SANS RAISON APPARENTE? TOI! QUI M'A GACHE LE MORAL ALORS QUE J'ETAIS TOUT SIMPLEMENT HEUREUX DE ME RETROUVER ENFIN AVEC VOUS? TOI! OUI, RON! TOUT LE TEMPS TOI!

Ron, apeuré par les cris d'Harry recula et s'affala sur une chaise.

Il le regardait les yeux agrandis de surprise et de tristesse.

-Désolé, si MOI, Ron, te gâche la vie Harry. Désolé si MOI Ronald Weasley, faisant parti d'une famille pauvre et sans célébrité gâche le moral au célèbre Harry Potter!

-Ahh, cela faisait longtemps! Ma célébrité! Tu es encore jaloux de moi, Ron?!

-Pas du to..

-Non, parce que si c'est le cas, tu peux la prendre ma célébrité et tuer tous les gens qui t'approcheront et qui te sont cher! Parce que moi, tu vois, j'en ai assez de perdre tous les gens que j'aime à cause de ma célébrité.

Ron leva des yeux emplis de tristesse sur son meilleur ami.

-Je suis vraiment désolé Harry, si tu...

-Désolé pour quoi, tu peux me le dire?

-Pourquoi? Parce que je ne savais pas que tu ressentais cela comme ça! Je ne savais pas que tu t'en voulais autant pour la mort de.. Enfin, bon, que tu craignais que tous ceux qui t'approchent se fasse tuer, Harry. Ce n'est pas de ta faute si ils sont morts. Leur moment était venu, voilà tout. Il ne faut pas t'en vouloir.

Il s'approcha d'Harry et le tint par les épaules ce qui lui procura une agréable sensation dans tous ses membres.

-Si, c'est de ma faute, répétait Harry obstinément. Si je n'était pas aller habiter chez eux, Voldemort(il ne prêta pas attention au tressaillement de Ron) n'aurait pas envoyé les mangemorts me chercher et ils seraient encore vivants. Et maintenant j'ai peur de vous perdre toi et Hermione, ainsi que Sirius.

Ron se rapprocha encore un peu plus d'Harry. Celui-ci, perdu dans ses pensées ne le remarqua pas.

-Arrête de te morfondre, Harry. Tu sais très bien qu'on sera toujours avec toi quelque soit le danger parce qu'on t'aime. Et ce n'est pas parce que Voldemort te recherche qu'on va te laisser tomber, tu sais. Tu ne seras jamais seul.

Harry releva la tête et ses yeux allèrent se planter dans ceux de Ron.

Il se passait quelque chose de particulier entre les deux jeunes hommes.

L'air était chargé d'électricité. Leur bouches se rapprochèrent et se frôlèrent quand la voix d'Hermione retentit dans la pièce.

-Harry, c'est toi? J'ai entendu quelqu'un crier et j'ai eu pe..

Elle s'interrompit quand elle vit Ron qui était là en compagnie d'Harry.

Quand ils avaient entendu leur amie, les garçons s'étaient éloignés l'un de l'autre précipitamment.

-Oh, Ron! Tu vas mieux?

-Ouais. Bon moi je vais me coucher, dit-il ensuite en fixant Harry intensément.

Celui-ci encore tout troublé par ce qu'il avait failli faire quelques secondes plus tôt, ne répondit pas.

-Bonne nuit Ron, lança Hermione.

Elle attendit que celui-ci ait monté les escaliers puis s'élança vers Harry afin de le prendre dans ses bras. Ce dernier se laissa faire sans bouger.

Hermione le lâcha et s'adressa à lui visiblement contrarié.

-Qu'est-ce que tu as? Ron t'a...

-Non, coupa-t-il brusquement. C'est que je suis simplement très fatigué.

-Oh, d'accord. Et puis désolée de ne pas t'avoir attendue tout à l'heure mais Mme Weasley a préféré te laisser seul pour que tu puisse épancher ta douleur tranquillement.

Il comprenait maintenant pourquoi personne n'était resté dans la pièce.

-Oh, ce n'est pas grave, mentit-il. J'aimerais bien aller me coucher si ça ne te dérange pas.

-Non pas du tout. Après les épreuves que tu viens d'affronter, une bonne nuit de repos te remettra d'aplomb.

Il n'était pas sur de ça mais ne se sentait pas le courage de lui répondre.

Ils montèrent les escaliers en silence. Quand ils arrivèrent devant la porte de la chambre d'Harry, Hermione se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa.

-Je t'aime, Harry.

Harry hésita avant de répondre.

-Merci, mione. Tu es gentille.

Puis il ouvrit la porte et s'engouffra dans l'obscurité de la chambre sans un regard pour la jeune fille.

Hermione n'avait pas bougé et était véritablement anxieuse.

Merci, mione. Tu es gentille. Mais il la prenait pour qui à la fin? Une simple copine?

Il ne lui avait pas dit qu'il l'aimait lui aussi. Mais pourquoi?

Bon d'accord, il avait reçu un choc horrible ce soir, mais elle sentait qu'il n'y avait pas que ça.

Ron devait y être pour quelque chose.

Enfin bon, elle se faisait peut être des idées, c'était tout.

Une bonne nuit de repos et demain elle aurait les idées plus claires.

Pendant qu'Hermione s'apprêtait à aller se coucher, Harry , qui était dans son lit, se tournait dans tous les sens.

Il n'arrivait toujours pas à croire ce qu'il avait failli faire avec Ron. Mais que lui avait-il pris, bon sang!

Il ne l'aimait pas, enfin pas comme ça. Pas comme un homme aime une femme mais comme un ami aime un ami.

Il commençait à s'endormir en pensant à Hermione.

Il avait été odieux avec elle, il faudrait qu'il aille s'excuser auprès d'elle le lendemain.

Non, tu ne dois pas le faire. Elle le mérite bien, cette petite sang-de-bourbe.

Harry ne perçut pas cette dernière phrase prononcée à l'intérieur de sa tête.

Il dormait profondément, la couverture se soulevant au rythme de sa lente respiration.

La voix, elle, éclata d'un rire monstrueux.