Chapitre Deux : L'incroyable Mr Sanderson
Le personnel de l'orphelinat Saint Andrew avait remarqué que le comportement du jeune Tom Jedusor avait énormément changé depuis quelques semaines, depuis la visite de cet homme qui avait prétendu venir du pays de Galle et être un parent éloigné du garçon pour être exact. Tout le monde savait que l'entrevue entre Tom et cet homme s'était mal passée mais nul ne savait pourquoi, le jeune homme refusant de répondre à quiconque le questionnait sur ce qui s'était passé dans le dortoir. Une seule chose était sûre, cette visite avait été très traumatisante pour Tom car le discret et très effacé Tom Jedusor avait disparu au profit d'un garçon sarcastique et hautain, son habituel air triste avait laissé place à un sourire inquiétant et des yeux pétillants, ce qui le rendait assez effrayant et, paradoxalement, très séduisant : « la beauté du diable » comme avait dit le père Lester. Mais ce qui étonnait le plus le personnel et les pensionnaires de l'orphelinat c'était le goût pour la vengeance que Tom semblait maintenant cultiver. Certes, il laissait toujours Gary se battre pour lui mais il ne se gênait plus pour se faire justice lui-même lorsqu'il en avait l'occasion. Ainsi, George, un garçon de trois ans son aîné qui l'avait frappé au ventre au détours d'un couloir, avait fait une spectaculaire chute dans l'escalier menant au réfectoire, Tom ayant « malencontreusement » laissé traîner son pied alors qu'il gravissait la dernière marche. Ces représailles derrières le dos lui avaient rapporté un long sermon de la part du père supérieur et les surnoms de « fourbe », « sournois » et « lâche » auprès des autres enfants. Fourbe et sournois, Tom acceptait ces qualificatifs sans aucune gêne, pour lui, un fourbe était bien plus noble qu'une brute car il avait le brillant de l'intellect, quand l'autre n'avait que le mérite des muscles l'adjectif lâche, en revanche, le faisait ricaner : comment fallait-il se défendre pour apparaître brave ? Lui qui était maladif et osseux, devait-il se ruer et attaquer à coups de poings les garçons trapus et forts qui formaient le groupe de ses tortionnaires ? Il n'y aurait gagné que de nombreux séjours à l'infirmerie et le surnom de « fou » et Tom tenait à ce qu'une chose soit clair, il n'était absolument pas fou.
Le lendemain de la visite de son père, Tom avait demandé au père supérieur de lui raconter l'histoire de sa mère. L'ecclésiastique avait tout d'abord refusé mais devant l'insistance du garçon, il avait finalement consenti à lui révéler que sa mère s'appelait Lyra Jedusor, qu'elle était une vagabonde qui mendiait pour survivre et qu'elle était morte au domicile d'un médecin de Londres juste après avoir baptisé son fils nouveau né Tom Elvis. Ainsi son père avait abandonné sa mère alors qu'elle était enceinte. Cet homme est absolument dégoûtant, pensa Tom avec colère, pour lui, être capable d'assumer ses erreurs était un signe de puissance, son père lui apparut alors comme quelqu'un d'abject, tout simplement. Comment sa mère avait-elle pu aimer un tel homme ? Sans doute était-elle faible, elle aussi, une femme faible comme Gary, peut-être ne l'avait-elle pas aimé, peut-être avait-elle cédé à ses avances par peur. Non, ce n'était pas cela, autrement il ne s'appellerait certainement pas Tom. Tom, un prénom qui avait maintenant un goût amer lorsqu'il le prononçait.
Le 18 août, alors que Tom était plongé dans la lecture d'Oliver Twist, un garçon qui dormait dans le même dortoir vint le trouver en disant que le père supérieur voulait le voir.
Dans le bureau du père supérieur, une austère pièce blanche meublée d'une commode en chêne et d'un bureau grossièrement taillé, le responsable de l'orphelinat discutait avec un homme jeune, vêtu d'une veste grise en velours, d'une chemise à col haut et d'un canotier marron, la voix du visiteur était douce et le père souriait en l'écoutant.
Lorsque Tom signala sa présence en toussant légèrement, le jeune homme posa sur lui un regard plein de bonté.
_ Ah Tom, s'écria le père supérieur d'une voix riante, je te présente Mr Sanderson. Il est professeur au collège Atfell dans le Yorkshire où ton oncle, qui est malheureusement trop malade pour s'occuper de toi, t'a inscris.
Tom regarda les deux hommes avec des yeux ronds, il avait une famille qui pensait à lui ? La seule famille qu'il se connaissait jusqu'à présent était cet homme brutal et odieux qui était venu le frapper il y a quelques semaines.
_ Comment se nomme mon oncle ? Fut tout ce que Tom parvint à dire.
_ Alfred, Alfred Jedusor, il vit près du collège et c'est là que tu habiteras jusqu'à la rentrée, dit la voix harmonieuse de Mr Sanderson.
Tom poussa un cri de joie assourdissant, c'était comme s'il se réveillait après un long cauchemar. Il y avait bien quelque part, quelqu'un qui pensait à lui et qui se souciait de ce qu'il devenait même s'il ne l'avait jamais vu. Quelqu'un que son existence même remplissait de joie. Toute la colère qu'il avait accumulée sembla disparaître d'un seul coup. Non, il n'y avait pas de jeu du sort, tout le monde bénéficiait un jour d'une main tendue qui l'aidait à se relever. Ce n'était pas que dans les livres. Tom ne sortit de ses pensées euphoriques que lorsqu'il s'aperçu que Mr Sanderson, le visage rayonnant, lui tendait une lettre.
Tom déchira l'enveloppe prestement et se mit à lire.
Cher Mr Tom Elvis Jedusor,
Vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Atfell. Veuillez prendre note que la rentrée aura lieu le 1er Septembre. Afin d'effectuer votre année scolaire dans les meilleures conditions possibles, vous êtes priez d'acquérir les fournitures et manuels indiqués en dessous de cette présente lettre. Les uniformes vous seront fournis par le Collège le jour de la rentrée et leur entretient relèvera de votre responsabilité.
Avec l'assurance de nos sentiments les meilleurs.
Sire Edward Wallace, directeur adjoint de Atfell.
Tom ne mit pas longtemps à réunir ses maigres affaires mais il tint absolument à saluer tous les enfants de son dortoir et accorda une accolade particulièrement chaleureuse à Gary. Ce matin, il se sentait en paix avec la terre entière, et lorsqu'il sortit de l'orphelinat en compagnie du blond et souriant Mr Sanderson, il n'avait jamais eu le cœur aussi léger. Cela ne dura pas.
A peine avaient ils tourné au coin de la rue que Me Sanderson sortit une autre enveloppe de la poche de son pantalon et la tendit à Tom.
_ Voilà ta vraie lettre, mon garçon.
Tom la saisit en fronçant les sourcils. Cette lettre là était très étrange, l'enveloppe était en parchemin jaunie et elle était cachetée avec un écusson de cire représentant un P entouré d'un aigle, d'un lion, d'un serpent et d'un blaireau.
Tom ouvrit l'enveloppe, à l'intérieur se trouvait une lettre écrite à l'encre verte sur un parchemin semblable à celui de l'enveloppe.
Cher Mr Jedusor,
Vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège de sorcellerie Poudlard. Veuillez prendre note que la rentrée aura lieu le 1er Septembre et que le Poudlard Express partira du quai 9 ¾ de la gare de King's Cross à 11 heures précises. Pour le bon déroulement de votre année, veuillez acquérir les fournitures et les manuels indiqués sous cette lettre.
En vous souhaitant une agréable fin de vacance, je vous prie d'agréer, Mr Jedusor, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Albus Dumbledore, directeur adjoint.
Tom plissa les yeux et relu encore deux ou trois fois la lettre. Finalement il regarda Mr Sanderson qui l'observait avec un sourire en coin.
_ Vous vous moquez de moi, dit simplement Tom en lui tendant la lettre. Sa voix n'était pas dure mais emplit d'une profonde déception. Sanderson ne répondit pas, il continuait à regarder Tom en souriant.
_ Il n'y a pas d'oncle, pas de Atfell, tout ceci n'est qu'une vaste supercherie ! C'est le père Lester qui vous a demandé de me jouer ce tour ?
De toute façon, se dit Tom, j'aurai dû m'en douter, on ne fait pas sortir une famille et un avenir d'un coup de baguette magique la magie ça n'existe pas. Soudain, Tom écarquilla les yeux, à trois pas de lui, Mr Sanderson flottait à quelques centimètres au dessus du sol, il souriait largement et tenait dans sa main droite une baguette de bois. Tom ferma les yeux et secoua la tête, mais lorsqu'il rouvrit les yeux Mr Sanderson était toujours en suspension dans l'air. Trop éberlué pour parler, Tom se contenta de regarder l'homme blond se poser lentement au sol en riant. Tom relut la lettre à toute vitesse et leva les yeux vers Mr Sanderson qui avait déjà rangé sa baguette. Son regard brillait.
_ Alors c'est vrai, dit-il, et Mr Sandersen comprit que le jeune garçon n'attendait pas de réponse il saisit la main de l'enfant et ils se mirent à marcher promptement.
Tom n'était jamais allé aussi loin dans Londres, à l'orphelinat, les sorties étaient rares et se bornaient le plus souvent à se rendre jusqu'à l'église du quartier pour assister à une messe. La foule fut donc une chose nouvelle et effrayante pour lui, jamais il n'avait été ainsi bousculé par tant de corps en mouvement et il fut persuadé que sans la poigne ferme et rassurante de Mr Sanderson, il se serait bien vite noyé dans cette marée humaine. Mais Tom ne porta pas longtemps attention à tous ces gens qui tourbillonnaient autours de lui, aux tissus élégants que portaient les femmes, à la démarche sévère d'hommes au visage gris et fermé il était retourné dans ses pensées Mr Sanderson était certes un sorcier, mais qu'est ce qu'il lui prouvait que lui aussi en était un, jamais il n'avait enflammé ceux qui le martyrisaient et lorsqu'il s'amusait avec le chapeau du père Lester ou avec la casquette de Gary, jamais il n'en avait fait sortir un lapin blanc ou une colombe. Peut-être Mr Sanderson s'était-il trompé, on l'avait pris pour quelqu'un d'autre, un autre Tom Jedusor, et que se passerait-il lorsqu'il s'en apercevrait ? Tom fut terrifié à l'idée de devoir revenir auprès du père Lester alors que l'espace de quelques instants, il avait vu un avenir plein de promesses se dessiner devant lui. La rue où il marchait maintenant était peu fréquentée, Tom s'arrêta soudain et Sanderson se retourna en fronçant les sourcils.
_ Allons mon garçon, nous avons de nombreuses choses à faire aujourd'hui, ne perdons pas de temps.
_ Comment savez-vous que je suis un sorcier ? Demanda Tom d'une voix inquiète.
Le visage de Mr Sanderson se radoucit, il plia les genoux pour se mettre au niveau de Tom et lui expliqua qu'à Poudlard, une plume magique inscrivait sur un parchemin le nom de chaque sorcier qui naissait en Irlande et en Grande-Bretagne. Il dit ensuite au jeune garçon qu'il répondrait à toutes ses questions une fois qu'ils seraient arrivés dans leur monde. Tom ne comprit pas très bien ce que voulait dire Mr Sanderson en parlant de « leur monde » mais il s'abstint de poser d'autres questions et suivit l'homme sans mot dire.
Ils marchèrent encore pendant près d'une demi-heure, Tom regardait en écarquillant les yeux les élégantes automobiles qui roulaient dans les avenues et les produits bigarrés entreposés sur les étales des marchands.
Finalement, Mr Sanderson s'arrêta devant un pub sombre et minuscule qui bordait une avenue passagère. Tom eut la certitude que si Mr Sanderson ne le lui avait pas montré, il ne l'aurait même pas aperçu.
_ Qu'est ce que c'est ?
_ Le Chaudron Baveur, c'est un peu notre porte d'entrée vers notre monde, dit l'homme blond avec un sourire.
Mr Sanderson ouvrit la porte du pub et y entra avec Tom, toujours accroché à sa main.
Alors que de l'extérieur, le Chaudron Baveur paraissait petit et misérable, une fois entré, Tom s'aperçut qu'il s'agissait d'une vaste pièce éclairée par un feu d'enfer qui ronflait dans la cheminée et de petites lampes rondes accrochées au plafond. Les personnes attablées étaient accoutrées d'une façon étrange : ils portaient de longues robes qui leur tombaient jusqu'aux pieds et portaient des capes et des chapeaux de diverses formes. Dans un coin sombre, Tom remarqua deux figures inquiétantes qui le regardaient d'un air avide.
_ Ce sont des harpies, le prévint Mr Sanderson, ne t'approche surtout pas d'elles.
Tom acquiesça en frissonnant et suivit Mr Sanderson qui se dirigeait vers le bar où un jeune homme aux cheveux bruns et à la mine burinée servait une boisson verte à une vieille femme coiffée d'un chapeau rond orné d'une longue plume de paon.
_ Professeur Sanderson ! Comment allez vous ? Demanda le serveur dès qu'il aperçut le sorcier blond.
_ Bien, Mr Woodcraft, je vous remercie.
_ Et qui est ce charmant jeune homme qui vous accompagne ? Demanda Mr Woodcraft en souriant à Tom.
_ C'est Tom Jedusor, il entre à Poudlard cette année, dit Mr Sanderson en posant une main sur l'épaule de Tom.
_ Bon…Bonjour, parvint à balbutier le jeune garçon d'une voix faible en regardant le serveur.
_ Vous auriez un salon où nous pourrions discuter tranquillement ?
Mr Woodcraft hocha la tête et leur fit signe de le suivre. Il les mena dans un couloir mal éclairé où il ouvrit une porte et leur fit signe d'entrer.
Tom pénétra alors dans la plus extraordinaire salle qui lui avait été donné de voir jusqu'à présent : le salon était entièrement jaune et rouge, les murs étaient couverts de tableaux où les personnages et les animaux peints bougeaient dans leur cadre ou discutaient entre eux. Les fauteuils, disposés en demi cercle face à la cheminée, étaient sculptés avec soin et les coussins qui étaient posés dessus paraissaient d'un moelleux incomparable.
Perdu dans sa contemplation, Tom entendit à peine Mr Sanderson commander deux bouteilles de jus de citrouille et deux « plats du jour ». Le jeune garçon ne sorti de ses rêveries que lorsque son bienfaiteur, s'asseyant dans un fauteuil, l'invita à en faire autant. Quelques minutes après que Tom se soit installé, Mr Woddcraft entra de nouveau, il portait un plateau de bois sur lequel était posé deux bouteilles contenant un liquide orange et pétillant, deux gobelet en étain et deux assiettes contenant quelque chose qui ressemblait à du ragoût de mouton, sauf que le mouton avait rarement une couleur rouge vif.
Mr Woodcraft posa le plateau sur la table située au milieu du demi-cercle de fauteuil et sorti en silence après leur avoir souhaité un bon appétit.
Une myriade de questions se bousculaient dans la tête de Tom mais celui-ci était trop excité pour parvenir à former une phrase intelligible.
_ Tu n'es pas trop déçu, Tom ? Lui demanda Mr Sanderson d'une voix douce.
Tom ouvrit les yeux comme des soucoupes : il ne s'attendait absolument pas à cette question, l'homme du se rendre compte de son air effaré car il ajouta :
_ Pour l'histoire de ton oncle… Je suis désolé de t'avoir fait de fausses joies.
Tom éclata de rire. Dès qu'il avait vu Mr Sanderson flotter en l'air, il s'était douté que cette histoire d'oncle d'Amérique était une invention pour lui permettre de quitter l'orphelinat. S'il avait bien accepté cette idée, il se souvint cependant à quel point il avait été heureux d'apprendre qu'il avait quelque part un parent qui pensait à lui.
_ Bah, la magie existe peut-être, mais pas les miracles, dit-il en haussant les épaules.
Mr Sanderson se pencha vers Tom en saisissant une bouteille.
_ Cela ne te gêne pas que je boive au goulot ? Demanda-t-il à voix basse. Certains disent que c'est l'une de mes déplorables manières mais moi je trouve que c'est meilleur comme cela.
Tom sourit et Mr Sanderson s'enfonça dans son fauteuil et commença à boire à la bouteille.
_ Tu peux faire pareil, dit-il à Tom.
Tom et Mr Sanderson se mirent ensuite à discuter joyeusement tout en mangeant et buvant, le jeune homme le renseigna sur le monde des sorciers, sur Poudlard, sur le quidditch, un sport qui se jouait à l'aide de balais volants et dont Mr Sanderson semblait féru. Il lui apprit aussi qu'il était professeur de potions à Poudlard et Tom fut ravi de savoir qu'il allait donc le revoir par la suite. Il trouvait en effet que Mr Sanderson était quelqu'un d'extraordinaire.
Cependant, Mr Sanderson sembla perdre un peu de sa bonne humeur lorsque Tom lui posa des questions sur sa mère.
_ Elle s'appelait Lyra Shadow, je ne l'ai pas beaucoup côtoyée, j'étais en cinquième année lorsqu'elle à quitter Poudlard. Elle était à Serpentard, il aurait été étonnant qu'il en fût autrement d'ailleurs.
_ Pourquoi ?
_ Les Shadow ont toujours eu un certain penchant pour la magie noire, ils étaient si doués en magie traditionnelle que j'imagine qu'elle les lassait bien vite. Mais passons… Ta mère s'était passionnée pour l'étude des moldus. Elle est partie les étudier d'un peu plus près en s'installant dans une petite ville, Little Angleton, je crois et on a plus jamais entendu parlé d'elle jusqu'à ta naissance.
Tom se rembrunit, il ne connaissait que trop bien la partie manquante de l'histoire de sa mère. Dans cette ville, elle avait rencontré Tom Jedusor et avait aimé ce stupide et brutal moldu, il l'avait engrossée puis abandonnée et il était né et avait grandit au milieu d'autres moldus tout aussi stupides et brutaux. Soudain, une pensée lui traversa l'esprit : il avait une famille, les Shadow.
_ Hélas non, Tom, lui dit Mr Sanderson, Elvis Shadow, ton grand-père, est mort un peu avant la disparition de sa fille, tu es le dernier membre de cette famille.
De nouveau, Tom sentit le désespoir fondre sur lui, alors qu'il venait de découvrir son monde, il découvrait aussi qu'ici, encore, il était un orphelin. Tout cela à cause de ces stupides moldus !
Mr Sanderson du remarquer que Tom ruminait de sombres pensées car il lui demanda si tout allait bien.
_ Oui, ça va, répondit-il, je me demandais juste où j'allais passer le reste de mes vacances vu que je n'ai nulle part où aller.
Le jeune homme lui dit qu'il serait confié à un couple de sorcier qui ne pouvait pas avoir d'enfant et qui s'occupait déjà d'un autre orphelin.
Tom et Mr Sanderson finirent leur jus de citrouille en silence puis le professeur se leva en déclarant qu'il était l'heure d'aller courir les magasins. Une vague de panique traversa Tom, il n'avait pas d'argent, il n'avait jamais eu d'argent, tout ce qu'il possédait c'était quelques frusques et de vieux bouquins qu'on lui avait donnés à l'orphelinat.
_ Je ne vais jamais pouvoir payer tous ce qu'il y a marqué sur la liste, dit-il d'un air misérable.
_ Eh bien nous allons passer prendre un peu d'argent à la banque, dit Mr Sanderson d'une voix pleine d'entrain.
Tom le regarda comme s'il se moquait de lui, mais Mr Sanderson ne s'en préoccupait pas, il semblait chercher quelque chose dans la poche de sa veste. Au bout d'une vingtaine de secondes il en sortit une petite clef en or.
_ C'est la clé de ton coffre, expliqua-t-il, le père supérieur Tanner l'avait conservée précieusement, c'est une chance car autrement nous aurions dû prouver ton identité aux gobelins et ils n'aiment pas discuter.
Tom continuait de le regarder d'un air dubitatif. Mr Sanderson sortit quelques pièces en bronze et quelques autres en argent de la poche de son pantalon et les posa sur le plateau.
_ Eh bien, allons y, mon garçon, dit-il en donnant une tape amicale sur le crâne de Tom.
Ils sortirent du Chaudron Baveur par la porte au fond du couloir et firent face à un mur de briques. Mr Sanderson tapota quelques briques avec sa baguette de bois et aussitôt les briques se mirent à bouger afin de créer un passage suffisamment large pour eux deux. Tom ouvrit largement la bouche, devant lui serpentait une rue plus étonnante encore que toutes celles qu'il avait parcourut ce matin avec Mr Sanderson, devant lui s'étendait le Chemin de Traverse.
