Enfin, lors d'une de mes visites, se passa quelque chose d'étrange. Ce jour- là, nous étins dans la cuisine. La pièce était au sous-sol, très grande, avec des murs en pierre brute. La cheminée, tout au fond, réchauffait l'atmosphère. Des casseroles et des marmites étaient suspendues au plafond. Au milieu de la salle, une longue table en bois trônait, entourée de quelques chaises. Curieusement, j'aimais bien cette pièce. Là, au moins, il n'y avait pas de décoration effrayante.

Nous étions en train de prendre un thé tranquillement, ils m'avaient posé des questions sur mon pays et j'y répondais. Je me sentais relativement détendue, et j'appréciais la situation avec délice.

C'est à ce moment qu'apparut une créature impressionnante : tout petit, une grosse tête chauve et des oreilles de chauve-souris, des grands yeux injectés de sang et un gros nez charnu. Il portait un pagne très sale. Sirius sembla bondir aussitôt pour le chasser de la pièce. La créature disparut en grommelant des choses dont je ne saisis que quelques bribes : déshonneur, indigne, mère, et un mot dont je ne connaissais pas le sens : moldu....Sirius sortit lui aussi de la cuisine.

Je les suivis du regard, inquiète et effrayée aussi. Remus me regardait sans rien dire....

Sirius entra, l'air soucieux. Un moment se passa sans que rien ne vienne troubler le silence.

« Je crois qu'il faut lui dire » murmura Remus. Sirius gardait les yeux baissés et jouait machinalement avec une petite cuillère... Il bredouilla : « Je vais voir Buck ».

J'attendais, encore sous le choc de l'émotion que la créature avait provoqué. Remus m'expliqua alors que tous les deux étaient des sorciers, m'ouvrant les yeux sur certaines choses : comme la potion que Sirius lui avait donné le jour de notre rencontre, la créature qui était un elfe de maison, quelques détails sur la maison (je le soupçonnais de m'en cacher d'autres...). Au fur et à mesure qu'il parlait, les choses que je trouvais si bizarre trouvait une explication, claire à défaut d'être rationnelle, du moins avec ma logique de... moldue comme il disait que j'étais.

Je restais silencieuse. C'était beaucoup de choses nouvelles pour moi et...., et des sorciers, pour moi, c'était presque l'équivalent de magie noire...

Remus parut comprendre ce que je pensais car il m'expliqua que dans leur monde, comme chez nous, il y avait des adeptes de magie noire mais que ce n'était pas leur cas. Il avait du me dire ça pour me rassurer, mais assez curieusement, je n'étais pas très inquiète. Inconsciemment, la maison avait dû m'aider à accepter ce côté décalé de mes hôtes. En fait, une seule question me traversait l'esprit : est-ce que leurs ...euh...sentiments étaient... J'avais peur de ce que pouvait être la réponse, si tant est que cela me regardait, je savais que mes sentiments, si récents qu'ils soient, pouvaient en souffrir...

Le silence se faisait lourd...Je sentais le regard perçant de Remus sur moi. Il se servit une tasse de thé. « Tu ne dis rien ? »demanda-t-il.

Que pouvais-je dire ? « Est-ce que... ça change beaucoup de choses ? - Tu sais, répondit-il, nous ne sommes pas très différents de toi... Nous sommes mortels, et nous avons les mêmes émotions que vous... Ca ne change pas grand-chose. Mais je crois que pour lui, oui.. il ne voulait pas que tu le saches, par crainte. Je ne te l'aurais pas dit si Kreattur n'était apparu... »

Je ne réagis pas à ce qu'il venait de dire. Je ne comprenais pas : par crainte, de quoi ? Est-ce qu'il essayait de dire...je me repris. Ce qui était le plus important, à mes yeux, était le « nous ne sommes pas très différents ». J'arrivais à lui sourire. Remus en profita pour parler d'autre chose, et l'atmosphère se détendit...

Sirius finit par nous rejoindre, lassé sans doute d'être seul. Il ne fit aucune remarque, semblant même soulagé de nous voir ainsi discutant sereinement.

De nouveau, je me sentais bien. Je m'appliquais à ne pas le regarder mais je ne pouvais m'en empêcher. Il était vraiment beau. Plusieurs fois, ses yeux croisèrent les miens, me faisnt rougir à chaque fois. Remus s'en aperçut et eut un petit sourire en coin qui accentua davantage mes rougeurs. J'aurais voulu que le temps s'arrête mais dehors, la nuit commençait à poindre. Remus le vit et suggéra à Sirius de me raccompagner à la porte pendant qu'il rangeait la cuisine. Sirius sourit et se dirigea vers l'entrée. Il m'ouvrit la porte, il était très près de moi, trop près, je sentais sa chaleur me troubler. Il avait gardé la main sur le montant de la porte et me regardait. Je ne pouvais éviter son regard. « Tu reviens demain ? demanda-t-il à voix basse. Et alors que je hochais la tête, il avança à peine la sienne et m'embrassa.