Slash !
Par Maria Ferrari
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Et si on démarrait les choses sérieuses à présent ? ^_~
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—Chapitre 1 – Lucius et Arthur—
Tout avait commencé quatre mois auparavant.
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Assis dans un profond fauteuil en cuir, les jambes posées sur le bureau, Lucius Malefoy songeait à écrire un livre qu'il intitulerait sans doute "Comment s'occuper quand on a été Mangemort, que Voldemort n'est plus là, qu'on est exclu du gouvernement et qu'on s'ennuie ferme ?" et se disait qu'il lui faudrait trouver un titre moins long et plus vendeur.
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Il avait été volontairement écarté du projet de réécriture de la constitution sorcière (il avait pourtant d'excellentes idées sur le sujet) ; les autres gouverneurs – les vieillards incontinents comme il se plaisait à les appeler – avaient allégué que l'opinion publique ne l'aimait pas et qu'il faudrait commencer par redorer son image avant de songer à réintégrer pleinement sa fonction.
Lucius s'était mordu discrètement la lèvre inférieure et avait acquiescé ; il avait assuré qu'il comprenait parfaitement cette décision, qu'elle était justifiée – bien qu'il eut bénéficié d'un non-lieu tout à fait mérité –, il se devait de démontrer que la justice avait eu raison de proclamer son innocence et le ferait.
Le porte-parole des autres gouverneurs s'était alors confondu en excuses au nom de tous et l'avait félicité pour la compréhension dont il faisait preuve ; en vérité, il n'en pensait pas un mot et ils étaient tous ravis de se débarrasser du "petit jeune" qui faisait tâche dans leur assemblée de vieux croulants.
Après tout, bon débarras. La compagnie de ces types qui avaient des problèmes d'érection et glosaient sur la longueur des robes des secrétaires ne l'avait jamais porté aux nues. Quant à la nouvelle constitution, s'ils voulaient faire fi de ses propositions et se passer de son concours, grand bien leur fasse, ce n'est pas lui que ça gênerait le plus et ceux qui se félicitaient qu'il n'y participe pas pour cause d'inimitié réciproque pourrait bien s'en mordre les doigts en constatant qu'il ne fallait pas avoir le nez très fin pour flairer qu'une constitution écrite par une assemblée dont la moyenne d'âge était d'environ quatre-vingt-dix-huit ans ne pouvait qu'avoir au moins cinquante ans de retard et que, par conséquent, toute jeunesse était la bienvenue, même si celle-ci avait passé la quarantaine et était portée par un Serpentard détesté de beaucoup et suspecté – à raison, mais il avait toujours nié et les tribunaux l'avait disculpé – d'avoir été Mangemort.
Non, il ne serait pas le plus gros perdant dans cette affaire ; néanmoins, il devait reconnaître que depuis qu'on l'avait privé de sa principale occupation, il ne savait plus quoi faire de ses journées. Il venait tout de même à son bureau au ministère et furetait de ci de là en quête d'une activité qui n'irait pas à l'encontre de la décision des gouverneurs. Jusqu'ici sa quête s'était révélée vaine, d'où ses pieds posés sur le bureau et son projet d'écriture.
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Une idée naquit alors que les propos de cet imbécile de Camus Finnigin, le porte-parole des gouverneurs, lui revenaient à l'esprit. Il avait parlé de redorer son image. Cela valait le coup de s'y pencher car ça l'occuperait et pourrait toujours s'avérer utile.
Il se mit donc à réfléchir aux moyens à sa disposition pour parvenir à cette fin. Qui lui fournirait le passeport pour une image reluisante ? Car la question était bien qui et non comment ; la réponse à la question comment coulait de source.
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Pouvoir, sexe et argent étaient étroitement liés. Lucius avait compris cela très jeune. D'ailleurs, tous les Serpentard dignes de ce nom se devaient de le savoir.
L'argent est le pouvoir.
Le sexe est le pouvoir.
Lucius s'était beaucoup servi de ces données dans sa vie ; pots-de-vin et offrandes de son corps avaient émaillé son parcours. Il estimait que le plus court chemin vers le pouvoir était celui qui empruntait ces voies.
Il se rappelait encore l'expression sereine de Dumbledore quelques années auparavant :
« Alors ! Vous êtes à nouveau là ! Le conseil d'administration vous a suspendu, mais vous estimez que vous avez le droit de revenir à Poudlard !
— Voyez-vous, Lucius, les onze autres membres du conseil d'administration m'ont écrit aujourd'hui. J'ai eu l'impression d'être pris dans une véritable tempête de hiboux. Ils avaient entendu dire que la fille d'Arthur Weasley était morte et ils voulaient que je revienne immédiatement. Ils semblaient croire qu'après tout, j'étais l'homme qu'il fallait pour occuper ce poste. Ils m'ont également raconté des histoires très étranges. Plusieurs d'entre eux affirment que vous avez menacé de jeter la malédiction sur leur famille s'ils refusaient d'approuver ma suspension. »
Voilà une malédiction qui a bon dos. Pourquoi n'avaient-ils pas porté plainte contre lui s'ils pouvaient tous témoigner qu'il les avait menacés ? Surtout que l'idée de l'évincer ne datait pas d'hier, alors pourquoi ne pas avoir sauté à pieds joints sur une occasion aussi belle ? Tout simplement car la vérité était toute autre : certains étaient d'accord par avance – Dumbledore n'était pas des plus appréciés dans le conseil, ses idées sur l'éducation étaient loin de faire l'unanimité, Lucius, quant à lui, se fichait bien de ça, tout ce qui lui importait, c'était que ce ne soit plus un Gryffondor qui occupe ce poste, une question de principe voilà tout… et puis la bonne humeur du directeur lui avait toujours porté sur le système –, d'autres avaient reçu de l'argent, et les deux restants – qui s'estimaient incorruptibles – avaient eu droit à une prestation de haute qualité de la part de Lucius : une fellation chacun. S'il ne l'avait fait, il ne se serait jamais cru capable de réveiller des verges que seul le Godwinner (un aphrodisiaque très puissant de confection sorcière dont l'ingrédient principal est le sang de satyre) semblait être habituellement en mesure de faire dresser. L'un des deux n'avait pas lâché la signature de la suspension de Dumbledore avant d'avoir véritablement "consommé", il avait donc martelé mollement le postérieur de Lucius pendant au moins vingt bonnes secondes, Lucius s'était d'ailleurs félicité de cette courte prestation, il se serait sans doute endormi si le vieux débris avait été capable d'une performance d'une durée normale. D'une manière générale, Lucius se serait bien passé de faire ce genre de choses avec des gens ayant dépassés depuis longtemps la date limite de consommation, mais qui veut la fin…
Ce n'était pas la première fois qu'il agissait ainsi : il s'était offert à Voldemort avant son "accident" (afin de bénéficier d'un traitement de faveur) et après, à son retour (pour se faire pardonner). De ça aussi, il s'en serait aisément passé.
N'oublions pas trois hommes du jury de son procès de mille neuf cent quatre vingt un avec lesquels il s'était arrangé pour faire pencher la balance de la justice en sa faveur. Il avait renouvelé cette opération peu de temps auparavant pour obtenir un nouvel acquittement ; cette fois, deux des trois femmes du jury, quatre hommes et le juge, il avait sorti le grand jeu (les preuves n'était pas accablantes, mais peu s'en fallait).
Il fallait ajouter bien sûr les innombrables hommes et femmes qui avaient émaillé sa carrière et sa vie sentimentale mouvementées. Il y avait bien longtemps qu'il ne comptait plus celles et ceux qui lui passaient dessus ou dessous. Tout comme il ne comptait plus les dessous de table, les dîners romantiques, les vacances gratuites, les petits cadeaux en tout genre… et de temps en temps, les gâteries sous les bureaux.
La plus marquante restait celle qu'il avait faite à celui qui aurait dû être à l'origine de sa première promotion au ministère et qui était décédé d'un infarctus pendant que Lucius était affairé du côté de son bas-ventre. Il aurait pu le prévenir qu'il était fragile du cœur ! Après quelques secondes de panique, Lucius avait fui par peur du scandale et le mort avait été retrouvé deux heures plus tard par un de ses collègues, la braguette ouverte, le pénis fièrement dressé. Pouvait-il souhaiter mort plus glorieuse ? Bien des hommes rêveraient qu'on puisse dire après leur mort que leur cercueil a été difficile à fermer à cause d'un problème d'érection.
Pour ceux qui se demanderaient ce que devenait Narcissa pendant ce temps-là, sachez qu'en bonne Malefoy qu'elle était (même par alliance), elle faisait la même chose que son mari ! Il existait certaines affinités bien au-delà de l'amour.
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La question était donc de savoir à qui il allait offrir son corps ou son argent. Qui serait la personne idéale pour prouver qu'il était réellement innocent ?
Dumbledore ? Sensible ni à l'argent, ni au sexe, il en était désespérant.
Potter ? Ses parents – son père en fait – lui avait légué un pécule qui n'avait aucune commune mesure avec la fortune des Malefoy mais qui était suffisant pour le considérer comme riche. Quant au sexe, c'était un adolescent, sûr qu'il serait intéressé, mais Lucius ne pensait pas qu'il serait attiré par lui. Au besoin, il enverrait son fils. Quoique, celui-ci paraissait s'être entiché de quelqu'un depuis quelques temps, Lucius ne savait pas qui c'était, il ne savait même pas s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Il avait d'ailleurs prévu de mener une enquête là-dessus. A dire vrai, il se fichait bien de qui son fils fréquentait (il pouvait même être avec une Sang-de-Bourbe que cela ne le dérangeait pas, bien au contraire dans les circonstances actuelles), ce qui l'inquiétait, c'était qu'il puisse être amoureux. Cela, c'était dangereux.
Qui restait-il ?
Weasley ! Pauvre comme il était, l'argent devait forcément l'intéresser. Du moins, ce serait le cas pour n'importe qui de normal se trouvant dans sa situation.
Lucius fit tomber ses jambes du bureau pour y poser ses coudes, son menton prit place dans le creux de ses paumes. Il se prit à songer à la réaction probable du Weasel face à une arrivée d'argent inopinée de la part de son pire ennemi. Le connaissant, ça ne marcherait pas et ne ferait qu'empirer les choses. Et puis, il fallait le tenir fermement, ce n'était pas une signature qu'il cherchait à obtenir comme par le passé, mais une image solide et durable, donc… Non, il le dégoûtait totalement ! Et c'était réciproque en sus. Rouquin, pauvre, un nombre infini d'enfants sur les bras (Lucius supputait qu'il en faisait un à chaque fois qu'il faisait l'amour, ce qui revenait à dire que le chiffre de sept – ou huit ? – n'était guère glorieux).
Tiens, mais oui, faisait-il souvent l'amour ? Lucius ne parierait pas une mornille de son immense fortune là-dessus.
Il eut une petite moue appréciative : après tout, il avait passé outre de plus gros dégoûts que celui de faire la chose avec un rouquin miséreux. Va pour le Weasel ! En plus, cela l'occuperait : cela promettait d'être une partie serrée, un défi à sa hauteur. Bref, cela pourrait être très distrayant.
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« Arthur, auriez-vous quelques minutes à me consacrer ? »
Le ton était aimable, un sourire bien dosé agrémentait ses lèvres, Weasley lui jeta un regard méfiant.
« A quel sujet ?
— Je vous le dirai dès que nous serons confortablement installés dans mon bureau. » Lucius prenait garde à se montrer neutre dans l'amabilité, il ne fallait pas mettre le Weasel sur ses gardes en adoptant trop vite un ton chaleureux.
Que pouvait bien lui vouloir Malefoy ? Le narguer une nouvelle fois après avoir été injustement acquitté ? Agacé mais poussé par la curiosité, Arthur accepta l'invitation.
~oOo~
« Je vous offre un petit quelque chose ?
— Pas d'alcool.
— Thé ? Café ?
— Non, non. Vous vouliez me parler de quelque chose, Lucius, alors faites-le », pressa Arthur.
Lucius prit l'air gêné.
« C'est un peu difficile d'aborder ce genre de sujet… Vous travaillez beaucoup Arthur, lui fit-il remarquer en ménageant ses effets.
— Il faut bien. Cela compense le fait que certains ne fassent rien !
— Dois-je me sentir visé ? » demanda Lucius, un sourire mi-amical, mi-peiné aux lèvres.
Arthur fronça les sourcils, Malefoy avait décidément une attitude bizarre. Quoiqu'il en soit, les regard et sourire doux qu'il arborait changeaient agréablement du faciès supérieur qu'il lui réservait habituellement et même si cela ne manquait pas d'éveiller ses soupçons, Arthur trouvait cela reposant.
« A vous de voir, répondit-il sobrement.
— Je suis exclu provisoirement du gouvernement – et accessoirement du conseil d'administration de Poudlard, mais les membres formant les deux assemblées étant les mêmes, cela coule de source –, cela dit, je conserve quand même une certaine influence. J'avais pensé leur proposer de vous augmenter, ou au moins de vous payer vos heures supplémentaires. »
Arthur Weasley se leva brusquement, il avait eu raison de soupçonner que l'attitude par trop gentille de Malefoy cachait quelque dessein peu avouable.
« J'ignore ce que vous tramez, Malefoy, mais n'essayez pas de m'acheter, déclama-t-il fièrement.
— Je n'essaye pas de vous acheter, rétorqua Lucius calmement. Mon exclusion m'a offert beaucoup de temps libre. J'ai donc eu tout loisir pour réfléchir. J'ai notamment observé le travail de chacun au ministère, le nombre d'heures effectuées, la qualité et la difficulté des travaux. J'ai aussi consulté les bulletins de salaires puisque j'y ai accès. Il m'est apparu clairement à ces examens que certains fonctionnaires – dont vous faites partie – sont sous-payés par rapport au travail qu'ils fournissent. J'ai donc préparé une note à ce sujet, je vais la transmettre à mes collègues actifs », Lucius retint un sourire sarcastique à l'idée qu'on puisse considérer les gouverneurs comme des gens actifs, « avec la liste des salariés dont la rémunération est à revoir, ainsi que le nombre d'heures de travail. A charge pour eux de réserver le sort qu'ils veulent à cette liste, mais je crois que – pour une fois – ces bons messieurs seront tout à fait d'accord avec moi.
— N'essayez pas de m'embobiner.
— Je ne cherche pas à vous embobiner – comme vous dites –, je vous dis juste ce que je vais faire : vous allez être mieux payé en travaillant moins… du moins, si les gouverneurs acceptent. Soyez rassuré, je ne vous demande rien en échange, pas même de m'en être reconnaissant. J'ai juste décidé de penser un peu moins à ma petite personne et un peu plus aux autres, et j'ai notamment pensé à vous – sans doute parce que je vous ai souvent injustement traité dans le passé –, ainsi qu'à votre famille à laquelle vous consacrez bien peu de temps. »
La voix de Lucius respirait la sincérité, mais il valait mieux ne pas s'y fier ; Lucius était un artiste du paraître, et faire croire en sa sincérité quand il mentait effrontément était une pratique courante pour lui. De toute façon, même en admettant qu'il n'ait pas été au courant de ce talent naturel des Malefoy, Arthur aurait tout de même eu du mal à croire aux propos de Lucius, il voulait bien croire que les gens changeaient, mais à ce point et si rapidement, il ne fallait pas se moquer du monde.
« En quoi le bien-être de ma famille vous importe ?
— En rien. »
Lucius regarda ailleurs, il semblait las de la présence de son invité et signifiait ainsi qu'il avait dit ce qu'il avait à dire et qu'il était donc temps que cet entretien se termine. Arthur l'interpréta ainsi, ce que Lucius souhaitait car il sentait que ce mépris subtil le rendrait plus crédible.
« Je vous remercie de cette délicate attention, mais j'aime autant vous prévenir qu'il ne faudra rien attendre de moi en retour.
— Je n'attends rien de vous », répéta Lucius.
Arthur se leva de nouveau. Il se dirigea vers la sortie après avoir salué son hôte d'un signe de tête poli.
« C'était quand la dernière fois que vous avez fait l'amour ? » demanda Lucius d'un ton délibérément neutre. Il n'avait pas quitté sa chaise et regardait en face de lui les étagères chargées de livres reliés de cuir.
Arthur s'arrêta net devant la porte, pris au dépourvu.
« Pardon ? » fit-il en se tournant à demi.
Lucius ne quitta pas les étagères du regard, il savait qu'Arthur n'avait pu s'empêcher de suspendre son geste et de se tourner vers lui. Il visualisait parfaitement ses yeux écarquillés et sa bouche entrouverte.
« La dernière fois que vous avez fait l'amour, c'était quand ?
— Mais, mais, mais, mais ça ne vous regarde absolument pas.
— Plus d'un mois ? » Il tourna la tête doucement, le regardant enfin, les sourcils interrogateurs. Il fut satisfait de constater qu'Arthur avait pile l'expression qu'il lui avait attribué.
« ça ne vous regarde pas !
— Deux mois ? Trois mois ?
— Allez-vous vous taire ? » Arthur avait totalement tourné le dos à la porte et à son projet de remettre le nez dans ses classements fastidieux.
« Je demande, c'est tout. Pardonnez mon indiscrétion. Les accrocs au travail m'ont toujours peiné. Soit leurs femmes vont voir ailleurs…
— Vous osez prétendre que ma femme me trompe ? »
Il était offusqué et la colère montait. Tout cela était tellement prévisible…
« Je suis convaincu que votre épouse est une sainte. Laissez-moi terminer : soit elles vont voir ailleurs, soit, lorsqu'elles sont mères au foyer comme la vôtre, elles s'habituent à être toujours seules et finissent par ne plus aimer voir leurs maris revenir à la maison et piétiner leurs platebandes. Cela fait combien d'années que vous êtes mariés ? »
Arthur était pris de court, il répondit mécaniquement.
« Cela fera bientôt vingt-six ans.
— Je parie qu'une routine s'est installée. Enfin ! Sans doute en êtes-vous autant satisfaits l'un que l'autre.
— Vous ne pourriez pas cesser de vous mêler des affaires des autres de temps en temps ?
— C'est sans doute déjà fichu, poursuivit Lucius. Arthur, je ne connais pas grand-chose à l'amour, je sais toutefois que si on ne l'entretient pas, il baisse d'intensité. Une fois éteint, il est impossible de le rallumer. »
De colère, Arthur Weasley partit en claquant la porte.
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Lucius n'était pas sûr d'avoir adopté la bonne stratégie, mais c'était tout ce qu'il avait trouvé. Elle s'avéra finalement bonne : Arthur revint moins d'une heure après.
« Comment l'avez-vous appris ?
— Quoi donc ? demanda innocemment Lucius.
— Comment savez-vous que mon couple bat de l'aile ?
— Je l'ignorais », répondit sincèrement Lucius. Il ne pensait pas avoir frappé si juste. « J'avais quelques doutes à ce sujet et je vous en ai fait part. Dites-moi, c'est sérieux ? demanda-t-il, plein d'empathie.
— On ne peut plus sérieux. On sauve les apparences pour les enfants, c'est tout », raconta Arthur, se demandant ce qu'il lui prenait de dire une chose aussi intime à Lucius Malefoy. Il était tout tourneboulé.
Lucius se leva, vint se mettre aux côtés d'Arthur pour lui poser une main rassurante sur l'épaule. Tout cela marchait mieux qu'il ne l'avait imaginé. Il se passait tout de même quelque chose qui ne lui plaisait guère : Arthur était tellement bouleversé que cela le gagnait.
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Lucius devint le confident d'Arthur, sans doute parce que cela avait son lot d'avantages, après tout, Arthur ne pouvait se permettre de se confier à qui que ce soit dans son entourage alors que Lucius était idéal dans ce rôle car si jamais il lui prenait l'envie de raconter ce qu'il lui confiait autour de lui, la parole d'un Malefoy ne valant pas grand-chose, elle serait systématiquement remise en doute… surtout sur un tel sujet !
Ce qui était plus surprenant, c'est qu'Arthur aimait se confier à Lucius, il ne le faisait pas seulement car c'était la seule personne qu'il avait trouvée pour soulager son cœur, mais parce que, contre toute attente, il trouvait sa présence réconfortante.
Cela avait duré quatre mois. Lucius avait à chaque fois le regard plus doux et la main plus… caressante. Puis, il lui avait proposé de venir à son manoir, histoire de visiter. Arthur ne s'était pas fait prier. Il avait pris son après-midi et avait suivi Lucius. La bâtisse était vraiment magnifique, cela changeait du "terrier", il avait cependant beaucoup trop d'affection pour son propre foyer pour en préférer un autre.
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« Comment cela se passe avec votre femme en ce moment ?
— Nous envisageons de nous séparer… mais pas avant que Ginny ne soit majeure.
— Je comprends, vous avez raison.
— Cela ne mène à rien de continuer à vivre ensemble. J'ai l'impression que, de temps en temps, elle ne me supporte plus. C'est vrai qu'elle s'est habituée à être toute seule. Il y a quelques années, les enfants étaient plus présents, c'était différent. Mais maintenant…
— Comment allez-vous faire côté financier ?
— ça devrait aller. J'ai bien réussi à faire vivre sept enfants sur mon traitement pendant des années. Aujourd'hui, il n'y a plus que Ron et Ginny à être encore à notre charge, et ça ne devrait plus durer longtemps. En plus, Molly parle de prendre un travail.
— C'est bien ça.
— Je le crois aussi. Je me demande même si elle n'aurait pas dû en chercher un depuis longtemps. Les enfants étaient tous à Poudlard, elle aurait pu se le permettre. Ce désastre aurait peut-être été évité. Passer des années à faire le ménage, la cuisine et s'occuper des enfants, tout ça avec très peu d'argent, ensuite, ne plus avoir d'enfants à s'occuper et se retrouver seule, je crois que ça lui a fait du tort, surtout que "le terrier" est très isolé… Je n'arrive pas à croire que je parle de ça avec vous.
— Cela fait pourtant plusieurs mois que vous le faites », lui fit remarquer Lucius. Il se trouvait derrière lui et lui posa ses deux mains sur les épaules, puis, il les joignit et se pencha pour poser sa joue contre celle d'Arthur. Ce dernier aurait pu être surpris et s'écarter brusquement si Lucius n'avait pas progressé tout en douceur durant ces quatre mois, au lieu de ça, il leva naturellement le bras pour poser sa main sur la nuque de son confident.
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Depuis ces quatre derniers mois, le monde des sorciers murmurait que le comportement de Lucius Malefoy avait changé du tout au tout. On chuchotait que lui et Weasley parlaient régulièrement ensemble. Cela s'était su qu'il avait déposé une demande au gouvernement pour revoir les traitements du personnel du ministère en fonction du nombre réel d'heures travaillées et du mérite (lorsque les gouverneurs auraient enfin décidé de se pencher sur cette proposition, certains fonctionnaires auraient enfin un revenu plus décent). Il avait fait de nombreuses actions et notamment fait circuler une pétition pour l'abolition du "baiser" et l'éviction des détraqueurs "indignes d'une société moderne".
Le rayonnement de son image était redevenu quasiment au beau fixe. Son objectif était atteint. Avait-il besoin d'aller plus loin avec Weasley ? Non.
Il déposa un baiser sur la joue du rouquin. Arthur coula des yeux étonnés vers lui et eut pour réponse un regard mutin. Il tendit les lèvres vers lui, Lucius les accueillit sur les siennes. Le baiser se prolongea longtemps. Lucius se laissa doucement glisser sur les genoux d'Arthur.
Il n'avait pas besoin d'aller plus loin, il y prenait goût.
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Arthur rompit brusquement le baiser, soudainement mal à l'aise.
« Qu'y a-t-il ?
— C'est mal ce que nous faisons. Je… je suis toujours marié et… et vous êtes un homme. »
L'expression qu'arbora Lucius reflétait exactement son état d'esprit : il était profondément blessé.
« Veuillez m'excuser », fit Arthur en détournant le regard.
Lucius se leva à contrecœur pour dégager son ancien antagoniste. Il s'appuya sur la table pour le regarder se lever et partir. Trente secondes s'étaient écoulées qu'Arthur revenait pour déposer un baiser sur le front du blond et lui caresser les cheveux.
« Si on m'avait dit que je vous ferais ça », fit-il avant d'avoir un sourire à la fois triste et amusé.
Il partit de nouveau, Lucius l'accompagna le cœur léger.
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Qui a dit que Lulu était OOC dans cette fic ? Même pô vrai !
Bon, chapitre un peu cru par moment, récit des "amours" de Lulu oblige.
En route pour le chapitre 2 !
