Slash !

Par Maria Ferrari

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Quand Harry rencontre… Drago ! (qui a dit "Sally" ? Qu'il ou elle se dénonce !)

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—Chapitre 5 – Drago et Harry ?—

La journée était belle en ce matin d'été. Drago avait décidé de se promener un peu, afin de se changer les idées. Il avait besoin de faire le point sur sa vie, sur sa relation avec Gregory en premier lieu ; il se sentait bien avec lui, aimé et en sécurité. Que pouvait-il demander de plus ? Sans compter que Gregory parlait très peu et était capable de l'écouter pendant des heures ; Drago appréciait. Il n'avait aucune raison de se séparer de lui, il n'en avait d'ailleurs aucunement l'envie.

Il y avait quand même un bémol au tableau : il fallait éviter que cela se sache. Car, outre que son homosexualité déplairait probablement – hélas – au plus grand monde, cette relation n'était pas très photogénique ; bref elle pouvait nuire à sa carrière. D'un autre côté, Gregory était solide, c'était un bon soutien et un excellent parachute, ce qui était toujours le bienvenu dans ses projets.

Drago se sermonna : il devenait aussi calculateur que son père ; non que ce soit une mauvaise chose, cela avait son utilité, mais il ne fallait pas qu'il prenne de mauvaises décisions dans sa vie privée sous prétexte de garantir sa future carrière. En d'autres termes, il ne fallait surtout pas qu'il agisse comme son père, il devait faire passer son bonheur avant le reste. Drago aspirait au bonheur, même si ce n'était pas une ambition digne d'un Serpentard ; une personne issue de cette maison se doit d'avoir des aspirations d'une teneur plus élevée qu'être heureux.

Cependant, il en avait besoin.

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Lucius avait été agréablement surpris de voir son fils montrer enfin l'ambition propre aux Serpentard. Pour une fois, il avait daigné lui donner un peu plus d'attention que d'habitude. Ils avaient parlé de lui, de ses études supérieures et de sa future carrière durant une bonne heure.

Parlant de son père, il avait dû mal voir ce matin ; il n'avait pas pu voir Arthur Weasley l'embrasser sur la bouche sur le perron du manoir. Il venait de se réveiller, il avait encore les yeux bouffis ; lorsqu'il avait sorti le nez par la fenêtre, il avait été ébloui par le soleil ; il avait sûrement mal vu.

Oui, c'était la seule explication.

Et puis, peut-être a-t-il été influencé par la scène de la veille. Il avait vu Weasley partir en faisant au revoir de la main à son père, ce qui ne voulait rien dire ; Son père était en quête d'une image neuve et propre ; il l'avait même vu promener la Granger et le fils Weasley dans le manoir, c'était dire !

Il avait précipité Greg dans sa chambre et avait fermé à double tour avant qu'ils ne s'aperçoivent de sa présence. Il les avait supportés au lycée – défavorisé, ridiculisé, humilié pendant les sept années… alors que la logique élémentaire commandait l'inverse ! –, s'ils venaient à présent le tourmenter chez lui, rien n'allait plus ! Que son père veuille redorer son image, soit. Mais il y avait des limites tout de même !

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Il sortit du manoir, vêtu d'habits chics et légers, le menton levé, un léger sourire bienveillant ancré sur son visage. Il croisa quelques personnes dont la veuve Johnson. Brave dame. Quand il était petit, il lui faisait un sourire, elle lui donnait un bonbon ; c'était un excellent rapport récompense/effort, pensa Drago, amusé.

Si tout pouvait être aussi simple !

Il lui offrit un sourire – même s'il n'avait plus droit aux friandises depuis longtemps –, un mouvement de la tête, un « bonjour Madame Johnson, comment allez-vous ? Et votre dernier arrière-petit-fils, il pousse bien ? », discuta un peu avec elle et poursuivit son chemin. Son père pouvait être fier de lui, il commençait à maîtriser parfaitement le langage de l'homme politique. Il fallait cependant préciser qu'avec la veuve Johnson, ce n'était pas compliqué : il la connaissait depuis des années et l'aimait beaucoup. Elle était toujours gentille avec lui, ça n'était – hélas ! – pas le cas de tout le monde.

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Son père aurait eu une autre raison d'être content s'il faisait un peu plus attention à son fils. Il lui avait souvent reproché par le passé d'être trop "bouillant". Il est vrai que Drago avait tendance à s'échauffer pour un rien par le passé ; ce n'était plus le cas maintenant, il avait battu ses vieux démons, il savait rester calme… enfin, un peu plus qu'avant ; en tout cas, il y avait un mieux indéniable.

Il avait mûri.

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Il passa près du lac, opéra un virage à angle droit et alla se mirer à la surface de l'eau ; il faudrait qu'il retourne avec Gregory à cet endroit, il avait beaucoup aimé y nager entièrement dénudé la veille et voir le regard de Gregory briller d'une lueur jalouse en surveillant les alentours. Gregory avait toujours un peu de mal à croire en sa chance, il craignait sans arrêt qu'un garçon plus "méritant" vienne le ravir à lui. Ce n'était sans doute pas très gentil de jouer à exciter sa jalousie, toutefois, Drago trouvait ça tellement flatteur qu'il ne pouvait s'en empêcher.

Le sourire de Drago s'effaça quand il vit une autre silhouette se miroiter dans les eaux du lac juste à côté de la sienne.

Potter.

Il se releva brusquement pour faire face à celui qu'il considérait comme son ennemi juré et qu'il soupçonnait d'avoir surpris leur premier baiser à lui et Gregory, un moment intime qui n'aurait dû être qu'à eux.

« Que fais-tu là, Potter ? demanda-t-il d'un ton sec, le regard dur.

— Ce lac est à tout le monde que je sache ! »

Drago fronça le nez, méprisant.

« Tu n'habites même pas le quartier, ce qui est parfaitement normal d'ailleurs : ne réside à Meadows que les sorciers chics.

— Toujours aussi prétentieux.

— Non, juste parfaitement conscient de ma supériorité, surtout par rapport à toi. »

Harry secoua la tête et leva les yeux au ciel. Comment pouvait-il être attiré par un garçon tellement arrogant qu'il pensait ne pas faire preuve de suffisance mais de réalisme ?

« Il n'y a pas de quoi se pâmer quand personne d'autre qu'un moins que rien comme Goyle ne veut de vous ! Tu es tellement suffisant, tellement égocentrique, tellement insupportable, quelle personne un tant soit peu sensée pourrait vouloir de toi ? »

Drago serra les dents et inspira par le nez. Se contrôler. Il était important de savoir se contrôler. Il n'était plus bouillant, non, il n'était plus bouillant.

Moins qu'avant en tout cas.

« Potter, je t'interdis de dire du mal de Greg et de te mêler de ma vie privée, éclata-t-il. Gregory en vaut dix des comme toi ! Non mais, tu t'es regardé ? Avec tes lunettes de bigleux et tes cheveux toujours mal peignés. En plus, tu n'es plus rien du tout depuis que Karkaroff et Rogue ont dû débarrasser le monde de Voldemort à ta place, vu que tu n'étais absolument pas à la hauteur des espoirs que des milliers de gens avaient mis en toi ! »

Bien, il s'améliorait. Il avait dit « milliers de gens » là où il pensait « tas de crétins » ; il ne lui avait pas sauté à la gorge ; il n'avait pas saisi sa baguette magique pour lui lancer le premier sort dégradant qui lui viendrait à l'esprit ; il n'avait sorti aucune stupidité ; il lui avait jeté une réplique blessante au visage qui, a priori, ne pouvait se retourner contre lui. Ses progrès étaient incontestables.

S'il avait pu confier sa relation avec Goyle à son père, il aurait bien été lui conter mot pour mot son entrevue avec Potter, Lucius aurait sûrement été fier de lui.

« Je n'ai jamais demandé à ce qu'on me confie un tel fardeau ! Pourquoi aurait-ce plus été mon rôle que celui d'un autre ? » répondait Potter. Son visage avait pris une teinte pourpre qui ravissait Drago.

« Parce que tu es celui que le destin a désigné, Potter. Tu n'as pas été à la mesure des espoirs que des tas de gens avaient mis en toi. Ne t'inquiète pas, personne ne t'en veut, c'est juste que tout le monde sait à présent que tu n'es qu'un bon à rien, qu'on ne peut pas compter sur toi.

— Tu racontes n'importe quoi ! Est-ce que ça t'arrive de réfléchir quand tu parles ?

— ça m'arrive certainement plus qu'à toi ! »

Ils se toisèrent en silence durant quelques instants.

« Bien, l'entrevue est terminée, veuillez disposer Monsieur Potter », commanda finalement Drago de son air le plus hautain.

Harry se sentit soudainement très excité ; force lui était de constater que Drago le regardant de haut avec le menton levé ne le laissait pas indifférent. En outre, c'était incroyable la ressemblance qu'il pouvait avoir avec son père dans ces moments-là, ce qui ne faisait rien pour calmer son excitation ; le côté "Lucius" de Drago était extrêmement désirable, même si c'était bien Drago qu'il aimait, d'ailleurs, le regard méprisant de Lucius ne lui avait jamais inspiré le moindre désir, au contraire. Il était désarmant de constater que ce qui rebutait chez l'un pouvait tant attirer chez l'autre.

Harry passa prestement sa main derrière la nuque de Drago et l'embrassa sauvagement. Drago repoussa Harry d'un geste vif et la figure grimaçante. Ceci lui déplaisait profondément, et ce qui lui déplaisait le plus c'est que sa réaction avait plus tenu du réflexe que du dégoût car le problème était que le baiser d'Harry ne lui avait pas déplu en soi et qu'il lui rappelait fortement la façon dont sa relation avec Gregory avait débuté.

Surtout qu'étrangement, Harry et Greg avaient un peu le même goût.

Drago partit sans dire un mot, effrayé de la pensée qui l'avait effleurée. Harry le regarda s'éloigner sans faire un geste. Drago ne l'avait pas insulté, il n'avait même pas protesté et était parti manifestement troublé : c'était un excellent début.

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Drago rentra chez lui, bouleversé. Il le fut d'autant plus quand il entra dans le bureau de son père (dans le but de lui parler, il ne savait pas de quoi, il ne pouvait décemment pas parler de ce sujet précis, mais il fallait qu'il lui parle) et qu'il le trouva assis sur les genoux de Weasley. Il ressortit précipitamment, son père – qui avait eu le temps de l'apercevoir – le rejoignit peu de temps après.

« Que t'ai-je dit à propos de cette pièce ?

— Que je devais frapper et attendre qu'on me donne l'autorisation d'entrer. C'est ce que je fais habituellement, mais là, je n'étais pas dans mon assiette », s'empressa de répondre Drago. « Arthur Weasley, j'avais bien vu ce matin », ajouta-t-il, se parlant à lui-même, tâchant de réaliser ce que signifiait ce qu'il avait vu.

Son père n'avait pas l'air de vouloir le sermonner ; c'était donc qu'il était gêné, qu'il aurait préféré que Drago ne voie pas ça.

Certes, il n'ignorait pas que son père préférait garder ses relations "de travail" secrètes. Certes, son père détestant les Weasley et ayant communiqué ce trait de caractère à son fils, il préférerait que celui-ci ne constate pas qu'il était à ce point prêt à tout que ça ne le gênait pas de coucher avec quelqu'un qui le répugnait à ce point, un rouquin en plus ! Cependant, la gêne de son père paraissait d'une autre nature. En temps habituel, il lui aurait dit d'aller voir plus loin, que tout ceci ne le regardait pas, et que, si jamais il recommençait à entrer dans son bureau sans se faire annoncer, il lui en cuirait ; au lieu de ça, il bredouilla une explication, assura que c'était pour le bien de son image, etc. Or, son père ne prenait jamais soin de lui expliquer ses actes, sauf quand il estimait que cela pourrait lui servir plus tard. Drago estima donc qu'il lui cachait quelque chose de beaucoup plus important. Par pitié, il ne comptait pas entretenir une relation durable avec Weasley tout de même ?

« Je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps. Je vais dans ma chambre, fit Drago.

— Très bien.

— Voilà.

— Bon, je vais y aller aussi.

— A tout à l'heure.

— Nous nous voyons au déjeuner.

— Oui, bien sûr.

— à moins que j'aille au restaurant.

— Si c'est le cas, nous nous verrons au dîner ?

— Oui, à moins que j'aille au théâtre, je dînerai donc en ville.

— Tu veux aller voir quoi ?

— "Quiproquo dans l'obscurité", c'est mon assistante qui me l'a conseillé, elle m'a dit que ça me détendrait.

— Il paraît que c'est très drôle. J'aimerais bien aller le voir.

— Tu veux que je t'emmène ?

— Oui, cela me plairait.

— Il faudra demander aussi à ta mère ; nous pourrions faire une sortie en famille.

— Oui, c'est une bonne idée ; si je la vois, je lui en parlerai.

— Bien, on se voit ce soir alors.

— Oui. »

Ils restèrent tous les deux face à face pendant une longue minute.

« J'y vais », conclut Drago avant de partir.

Quand il jeta un coup d'œil en arrière, il vit que son père avait déjà réintégré son bureau.

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Cette conversation était sans aucun doute la plus étrange qu'il ait eue avec lui ; c'était aussi celle où il avait placé le plus de mots.

Une sortie en famille ?

Une sortie en famille désintéressée ?

Ça lui venait comme ça, là, d'un coup, dix-sept ans après la naissance de son fils ? Les seules sorties en famille dont il se souvenait avaient toujours constitué pour son père un moyen de se faire bien voir, et non de faire plaisir à sa femme et à son fils et de passer du temps avec eux.

La fréquentation de Weasley avait manifestement des effets bizarres sur lui.

~oOo~

Faire preuve d'audace, c'était sa seule stratégie ; il n'avait jamais été très inventif au point de vue stratégique, de fait, c'était plutôt Hermione qui se chargeait de cela au cœur des hostilités et il se voyait mal demander à son amie la meilleure méthode pour séduire un Drago Malefoy. De toute manière, son plan, bien que maigre, avait plutôt bien fonctionné près du lac ; il n'y avait pas de raison que cela ne continue pas. Harry actionna donc le lourd heurtoir du manoir Malefoy ; la porte massive s'ouvrit pour laisser place à un elfe de maison bien familier du Survivant.

« Dobby ? » s'exclama Harry, fortement étonné. En voilà bien un qu'il ne croyait pas retrouver là ! Sans doute tout comme Ron ne croyait pas y trouver son père… pas plus qu'il ne croyait s'y trouver lui-même trainé par Hermione. Vu ainsi la présence de Dobby n'était pas si surprenante.

« Oh, quel plaisir pour Dobby de voir Harry Potter !

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Maître Malefoy a repris Dobby à son service. Mais que Harry Potter ne s'inquiète pas, Maître Malefoy n'a plus du tout le même comportement qu'avant. En plus, Dobby touche un salaire, Dobby a même droit à des primes parfois.

— Comment as-tu pu t'abaisser à te remettre au service de cet homme ? » demanda Harry. Il leva aussitôt les yeux au ciel en songeant que c'était probablement la remarque la plus stupide de sa vie : les elfes de maison adorent s'abaisser. Il regretta cette pensée peu charitable, surtout envers Dobby qui semblait si différent des autres ; il y avait sûrement une bonne raison à son retour parmi cette famille qu'il détestait tant.

« C'est-à-dire, Maître Malefoy traite beaucoup mieux Dobby. En plus, Monsieur Drago a grandi, il est beaucoup plus supportable. Ce qui est dommage, c'est que Monsieur Drago ne donne plus son repas à Dobby comme il le faisait avant quand il n'aimait pas ça. Dobby aimait beaucoup quand Monsieur Drago n'aimait pas son repas. »

Harry s'autorisa une moue amusée devant ce détail de l'enfance du Serpentard avant de repartir à l'assaut.

« Tu ne te plaisais pas à Poudlard ? Malefoy t'a menacé de quelque maléfice si tu ne revenais pas ?

— Oh ! Non ! Non, non, non. Dobby est revenu de son plein gré. Et ce n'est pas que Dobby n'aime pas Poudlard. Dobby s'est excusé auprès du Professeur Dumbledore. Le Professeur Dumbledore a dit à Dobby que Maître Malefoy faisait ça pour "redorer son blason", mais l'important, c'est que Maître Malefoy soit gentil avec Dobby.

— Parce qu'ils n'étaient pas gentils avec toi à Poudlard peut-être ? remarqua Harry sur un ton de reproche.

— Si, mais Maître Malefoy a proposé un salaire très élevé à Dobby !

— Tiens, tu n'as plus le complexe de gagner "trop" d'argent ?

— Non, Dobby a compris que Dobby a droit à un salaire décent », s'exclama l'elfe avant de rougir. Il baissa les yeux et tourna son pied droit sur lui-même tout en émettant un petit rire étrange et joyeux. « Dobby ne va pas mentir plus longtemps à Harry Potter, si Dobby a accepté de revenir, c'est pour Lizzie.

— Qui ça ?

— Maître Malefoy a un autre elfe de maison, en fait, c'est une elfe. Dobby s'est toujours bien entendu avec Lizzie.

— Je vois », fit Harry, comprenant soudainement ; en fait, la raison qui avait fait revenir Dobby au service des Malefoy était de la même nature que celle qui l'avait poussé à venir frapper à la porte du manoir.

« Lizzie touche un salaire elle aussi. Moins élevé que Dobby car ça faisait trop bizarre à Lizzie de toucher tant d'argent, continua l'elfe. »

Harry hocha la tête et décida qu'il était temps de cesser de parler des amours de Dobby pour tenter de commencer les siens.

« Dis-moi Dobby, est-ce que Drago est là ?

— Dobby pense que oui. Dobby ne l'a pas vu sortir. Harry Potter veut que Dobby aille chercher Monsieur Drago ?

— En fait, j'aimerais mieux aller le voir.

— Dobby ne sait pas s'il peut laisser entrer Harry Potter. Maître Malefoy n'aimait pas beaucoup Harry Potter à une époque.

— "Maître Malefoy" laisse entrer Hermione Granger, Ron et Arthur Weasley chez lui à présent. En conséquence, je ne pense pas que ma présence le dérangera beaucoup, je me demande même s'il ne trouverait pas le moyen d'en tirer un bénéfice.

— Dans ce cas, que Harry Potter entre, s'exclama l'elfe d'un ton ravi. Dobby va installer Harry Potter dans le salon. Harry Potter est un invité de marque.

— S'il te plait, contente-toi d'aller chercher Drago, je reste dans le hall.

— Très bien, il en sera fait comme Harry Potter le désire. »

Harry regarda Dobby s'éloigner en faisant des petits sautillements joyeux ; Harry ignorait si sa relation avec Lizzie s'était concrétisée – et il n'était pas convaincu de vouloir le savoir –, mais ce qui était sûr, c'est que Dobby était plus épanoui qu'avant.

Dobby revint quelques instants plus tard du même pas sautillant, Drago le suivait, la mine renfrognée.

« Laisse-nous Dobby », ordonna ce dernier. L'intéressé ne parut pas s'offusquer du ton sec du cadet des Malefoy.

« Bien Monsieur Drago, au revoir Harry Potter. »

Puis, il partit toujours des mêmes sautillements joyeux, ce qui fit lever les yeux de son jeune maître au ciel.

« Que fais-tu là, Potter ? questionna-t-il sèchement dès que Dobby fut hors d'ouïe et de vue.

— Je suis juste venu voir ce que tu pensais de moi aujourd'hui, vu ce qui s'est passé hier.

— Je pense que tu es toujours le même crétin.

— Et sur un autre plan que l'intellect ?

— Que veux-tu me faire dire ?

— Je veux juste savoir ce que tu as pensé de notre baiser.

— La question n'est pas de savoir ce que j'en ai pensé, mais pourquoi tu l'as fait. Tu as envie de moi ? Tu es jaloux de Gregory ? Moi qui avais cru comprendre – selon tes propres dires – que personne de censé ne pouvait vouloir de moi.

— Je n'ai jamais dit que j'étais quelqu'un de censé, fit doucement Harry.

— Si tu l'avais prétendu, je me serais inscrit en faux », répliqua Drago, amusé.

Ils se tinrent silencieux, l'un en face de l'autre durant quelques secondes, puis, d'un accord tacite, s'embrassèrent.

~oOo~

« Je n'aurais jamais dû faire ça ! »

Drago se leva de son lit et se jeta sur ses habits. Comment avait-il pu se conduire comme un tel crétin ? Ce n'était pas digne de lui, il n'était pas comme son père à considérer cela comme un jeu ou un moyen de parvenir à ses fins ou les deux, il était quelqu'un de sérieux en amour, de loyal même ! Et voilà qu'il faisait comme si toutes ces choses n'avaient aucune espèce d'importance.

« Pourquoi ? demanda candidement Harry, allongé, nu et impudique, sur les couvertures.

— J'ai trompé Gregory !

— Et alors ?

— Tu ne comprends rien ! Je l'aime !

— Et moi, tu ne m'aimes pas ?

— Non, je ne crois pas. Enfin, je ne sais pas. Je ne sais plus rien. »

Qu'est-ce qu'il lui avait pris de coucher avec Harry ? Non, pas Harry, Potter, il avait couché avec Potter. Il n'aimait pas Potter ; peut-être aimait-il Harry en revanche.

« Je n'aurais jamais cru que tu pouvais te mettre dans des états pareils juste pour avoir trompé quelqu'un. Je croyais que les Malefoy se fichaient bien du mal qu'ils pouvaient faire aux autres, que ça ne les gênait pas de mentir, trahir et tromper. »

Drago lui jeta un regard mauvais.

« Tu ne m'aimes pas ; pourquoi t'aimerais-je ? La question est réglée. » Le ton était froid, la grimace méprisante, ses yeux se perdirent soudainement quand il reprit conscience du véritable fond du problème. « Merlin, ça ne change rien au fait que j'ai trompé Gregory !

— Pourquoi prétends-tu que je ne t'aime pas ?

— Tu es venu ici uniquement pour me faire du mal, pour briser mon couple avec Gregory. En plus, tu viens de te vendre, tu penses du mal des Malefoy, donc de moi.

— Je t'aime ; quand je t'ai vu avec Goyle dans la salle d'astronomie, j'en ai été malade pendant une semaine. »

Drago regarda Harry, le regard soudainement tendre. Lunatique, qu'est-ce qu'il pouvait être lunatique ! Il se pencha sur lui et lui vola ses lèvres.

« Je crois qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que je me mette à t'aimer, mais il y a Gregory et je n'ai aucune envie de le perdre. En même temps, j'ai envie d'essayer de t'aimer. Je… j'aime être aimé, peut-être parce que j'ai manqué un peu d'amour durant mon enfance. Ni ma mère, ni mon père n'ont besoin d'amour ; je me demande bien où j'ai pu attraper ce virus. »

Drago se releva et commença à enfiler ses vêtements. Il réfléchissait à présent. Existait-il moyen de garder les deux ? Ne risquait-il pas au contraire de tout perdre ? Ne vaudrait-il pas mieux taire ce qui s'était passé à Gregory ? Non, il ne le pouvait pas. S'il faisait ça, il devait soit continuer en secret sa relation avec Harry avec tous les risques que ça comportait et le fait que sa conscience (car il en avait une, il venait tout juste de s'en rendre compte) allait le gêner, soit il disait à Harry qu'il fallait oublier ce qui s'était passé et ne pas espérer plus ; mais Harry, déçu et vindicatif, ne risquait-il pas d'aller tout dire à Gregory ?

Il n'avait aucune envie de faire de la peine à son ami, pas plus qu'il ne voulait lui cacher des choses importantes et il refusait aussi que leur histoire se termine ; c'était sans issue. A tout prendre, mieux valait tout lui avouer, il aurait ainsi au moins le mérite d'avoir été honnête.

« Il faut que je parle à Gregory. Je vais lui envoyer un courrier, lui dire de venir immédiatement. Habille-toi Harry. »

~oOo~

Drago était assis dans un fauteuil, Harry était debout et faisait semblant de regarder les portraits, Gregory était assis dans le canapé.

« Alors, c'est fini ? » demanda-t-il, visiblement effondré. Ça y est, quelqu'un de plus méritant le lui avait pris ; il fallait que ça arrive un jour.

« Je n'ai pas envie que ce soit fini.

— Je croyais que tu étais avec Potter maintenant ? fit Goyle qui ne comprenait plus.

— Je ne suis pas avec lui. Pas vraiment. On a juste couché ensemble pour le moment. Tu m'en veux d'avoir fait ça ?

— Non ! Non, non, je ne t'en veux pas !

— Vraiment pas ?

— Absolument pas », fit-il en se levant. Il se rapprocha de Drago. Au bord du fauteuil, il posa un genou à terre, mimant l'attitude d'un chevalier sans s'en rendre compte. Il plongea son regard dans celui de son amant. « Je n'ai pas envie de te partager avec quelqu'un d'autre, mais s'il faut le faire pour ne pas te perdre alors je le ferai.

— Vrai ?

— Oui, je veux te garder, je t'aime. »

Drago eut l'impression que son cœur manquait plusieurs battements et ses yeux s'inondaient, c'était incroyable ce que Gregory pouvait tenir à lui. Il se tourna vers Harry, un sourire aux lèvres, le cœur étouffé d'amour ; tout s'arrangeait !

Ça ne paraissait pas être le point de vue d'Harry. Le partager ? Le partager avec Goyle ? Cette idée lui déplaisait, en même temps, il n'y avait qu'à regarder les deux amants pour comprendre que s'il n'acceptait pas de partager, il pourrait faire une croix sur Drago ; s'il l'obligeait à choisir, le choix se porterait fatalement sur Goyle, celui qui était depuis quelques mois avec lui, celui qui lui avait prouvé qu'il tenait à lui, celui qui venait de lui faire allégeance, celui qui ne lui avait pas imposé de choisir. Cela faisait un an que l'envie d'être sien obsédait Harry, allait-il laisser le refus de le partager lui faire obstacle ?

« Moi aussi je t'aime Drago, dit Harry à haute voix.

— Ecoutez, je ne veux pas vous imposer que nous formions un couple à trois, mais si aucun de vous ne veut me perdre, si je suis incapable de choisir et que vous acceptez tous les deux de me partager, alors, il n'y a pas d'autre choix. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment un couple à trois, c'est deux couples avec une personne commune dans les deux : moi. Ça vous convient à tous les deux ? demanda-t-il en se tournant vers Harry. ça te convient Gregory ? Jamais je n'ai voulu te faire de la peine. Dis-le-moi si ça ne te convient pas. »

Gregory sentit qu'il avait une chance de garder Drago pour lui seul, qu'il suffisait qu'il dise que ça serait difficile, qu'il rétracte sa parole de tout à l'heure, que Drago ne lui en voudrait pas, que si on lui imposait un choix, il le choisirait lui. Il ne saisit pas cette chance, conscient que Drago ressentait quelque chose pour Harry et voulant avant tout son bonheur. Et puis, il aurait été prêt à s'effacer au profit d'Harry, qu'il le partage était un moindre mal.

« ça me convient. »

Le soulagement et la reconnaissance inondèrent Harry. Il était lui aussi conscient que s'il avait répondu autre chose, Drago se serait rangé à son avis et aurait laissé tomber son nouvel amant. Le sentiment de reconnaissance fut vite oublié, il se renfrogna : déjà du favoritisme ! Il allait devoir s'arranger pour inverser la tendance ou pour, au moins, être sur un pied d'égalité face à Goyle.

~oOo~

Le soir venu, Lucius entra dans le salon pour trouver Drago sur les genoux de Gregory et Harry assis sur l'accoudoir du fauteuil à côté d'eux ; Harry caressait manifestement le derrière de Drago.

Dès qu'il vit son père, Drago eut le réflexe de sauter sur le sol, réflexe tardif car il avait suffit d'un coup d'œil à Lucius pour jauger la situation. Stoïque, il regarda son fils, puis Gregory, puis Harry et revint poser ses yeux clairs sur Drago. Pour montrer sa surprise à être témoin d'une telle scène, il haussa des sourcils interrogateurs. Sobre.

« Je suis avec eux, ils m'aiment et je les aime, expliqua Drago d'une traite à la question muette de son père.

— Oh ! » Le point d'exclamation se fit à peine sentir, la bouche de Lucius s'était arrondie dans un "o" minuscule, il la referma et hocha brièvement la tête. « Très bien… quant à moi, j'aime Arthur Weasley et il me le rend bien », rétorqua-t-il avant de s'éloigner en saisissant à la volée cette occasion inespérée d'avouer une vérité indicible en toutes autres circonstances, sans compter que cette réplique possédait l'avantage de lui laisser le dernier mot et de clouer le bec à trois ados qui se croyaient sûrement intéressants avec leur amour qu'ils croyaient hors normes.

Les trois amoureux ne pipèrent mot, trop estomaqués pour prononcer la moindre parole.

« Cupidon agit d'étrange façon ces temps-ci ; sans doute fait-il la tournée des bars avant de faire celle des cœurs », déclara Lucius, philosophe, avant de sortir.

-

« Il était sérieux ? demanda Goyle. Je veux dire : pour Arthur Weasley ?

— Mais non, c'était de l'ironie ! assura Harry en secouant la tête devant la bêtise incommensurable de Goyle.

— Non Harry, mon père ne dirait jamais une chose pareille, même pour faire de l'ironie.

— Tu veux dire qu'il était sérieux ? Il aime Arthur Weasley ?

— Non, non non non, c'était de l'ironie, sûr ! » s'exclama alors Drago en contredisant ses propres paroles, peu enclin à accepter la vérité que son père venait de lui envoyer en travers de la figure bien que cette vérité expliquerait beaucoup de choses. « Vous voyez mon père avec Weasley ! Ils ne vont pas du tout ensemble, et ils se détestent ! ajouta-t-il un peu trop précipitamment, se forçant à rire.

— Si je n'en avais pas été témoin, je n'aurais jamais pensé que tu pouvais être avec Goyle.

— Et moi, je te rappelle que vous vous détestiez il n'y a encore pas si longtemps, toi et Harry. »

Drago se prit la tête dans les mains pour mieux se lamenter sur son sort.

———

Hé oui, j'ai casé Dobby dans ce chapitre, même lui a droit au bonheur… malgré le coup des casseroles ! ^_~ (private joke avec Prune)

Quelle décadence tout de même ! Les Malefoy sont censés être maîtres de leurs sentiments, et voilà que Lulu tombe amoureux d'Arthur, et que Drago s'amourache de Gregory et d'Harry. Bref, ça s'empire de génération en génération.

Bon, là, il commence à être temps de mettre le point final à cette fic, j'ai déjà écrit suffisamment de conneries comme ça (surtout dans ce chapitre, je crois d'ailleurs que c'est le pire de tous)…

… en route pour l'épilogue !