Chapitre 8 : Un nouvel élève à Poudlard
Ils venaient de sortir d'un cours de botanique, et Harry avait eu bien du mal à laver toute la terre qu'il avait sur les mains. Cette fois, il avait fallu apprendre à débarrasser les Choux-rieurs (sortes de plantes en forme de choux qui gloussaient dès qu'on tentait de les arroser) des Pyrales arc-en-ciel qui venaient manger leurs feuilles. Ces larves non plus n'étaient pas communes : lorsqu'elles se sentaient en danger, elles explosaient en répandant toutes sortes de couleurs fluos sur leur agresseur. La tache encore rose vif que portait Neville en plein milieu du visage n'y était pas étrangère.
Pas mal de filles s'étaient plaintes des salissures que portaient désormais leurs robes, mais cela énervait Harry plus qu'autre chose. Depuis quelques jours déjà, il était d'humeur massacrante. Il mangeait peu et bâclait son travail, ou s'endormait dessus. Les cernes qu'il avait sous les yeux n'étaient qu'à peine cachées par ses lunettes.
Distrait, il percuta au moins trois personnes avant d'arriver devant la porte de sa salle.
" Eh, mon vieux, qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui ? " lui demanda Ron en le poussant de justesse sur la droite pour éviter une nouvelle collision.
Hermione lui jeta un regard inquiet et s'approcha de lui.
" Ecoute, Harry, on sait que tu ne vas pas bien en ce moment et on est conscients que le cours que l'on s'apprête à avoir n'a rien pour te remonter le moral, mais je t'en prie, essaie un peu de positiver ! "
Le garçon à lunettes lui jeta un regard noir.
" Positiver ?! c'est tout ce que tu trouves à dire ?!! je suis en retenue tous les soirs avec ce vieux crapaud d'Ombrage qui me mutile les mains, Rogue me file toutes les punitions qui peuvent lui passer par la tête dès que l'envie lui prend - c'est à dire tout le temps - , je suis privé de Quidditch à vie, je fais des cauchemars toutes les nuits, mon parrain crève d'ennui à rester cloîtré dans l'espèce de tombeau qui lui sert de maison et je ne peux même plus lui parler à cause d'Ombrage ! "
Au même moment, la classe des Serpentard passa dans le couloir et Malefoy donna un coup de pied dans le sac de Harry, ce qui le déséquilibra et manqua de le faire tomber, sous les rires bruyants de Crabbe et Goyle.
" Ah ouais " maugréa Harry. " J'avais oublié d'ajouter à ma liste ce crétin de Malefoy ! "
Ron et Hermione se regardèrent d'un air accablé, ne sachant plus quoi dire pour remonter le moral de leur ami. A ce même moment, le professeur Ombrage vint leur ouvrir la porte de la salle de l'intérieur. Tous les élèves s'y engouffrèrent - non pas par enthousiasme ! - mais pour obtenir les places les plus éloignées possible du bureau du professeur. Lorsque tout le monde fut entré, Ombrage plissa ses longues lèvres en un sourire satisfait, et lâcha son " Hum, Hum ! " habituel.
Tous les élèves à présent assis levèrent les yeux vers l'estrade. Des murmures parcoururent soudain la foule d'élèves. Harry regarda avec stupéfaction le jeune homme qui se tenait à côté du professeur. Il semblait avoir le même âge qu'eux, bien qu'un peu plus grand. Les gloussements parmi les rangs des filles en disaient long sur le physique du nouveau venu. Ses cheveux bruns mi-longs lui tombaient sur les yeux avec une sorte de grâce désinvolte, et ses yeux d'un bleu intense parcouraient l'ensemble de la classe.
" Je vous présente Gary Anders. " commença Ombrage avec une voix mielleuse. " Il est nouvel élève dans cette classe, et je vous demande de l'accueillir avec sympathie. " Un coup d'il jeté à Parvati Patil et Lavande Brown qui chuchotaient en rougissant la fit bientôt ajouter : " A ce que je vois, il n'aura aucun mal à s'intégrer. "
Elle retroussa les manches de sa robe rose et indiqua une table vide au jeune homme, qui s'y assit avec un sourire poli. Malgré tous les yeux qui étaient tournés vers lui, il ne jeta aucun regard à personne.
" Hum, Hum !!! " fit à nouveau Ombrage en jetant un regard courroucé à Neville, qui se penchait tellement sur son pupitre pour voir le nouveau qu'il manqua de tomber.
" Ouvrez vos livres à la page 248, et lisez le chapitre en entier. Et en silence ! "
Un " Oui, professeur Ombrage " unanime et peu enthousiaste résonna dans la classe. Harry ne cessait de jeter des regards à Ron et à Hermione, qui apparemment semblaient aussi intrigués que lui. Cet adolescent rappelait vaguement quelqu'un à Harry, mais il n'aurait su dire qui
Cinq minutes plus tard, Harry s'aperçut qu'il lisait la même phrase en boucle depuis un bon moment. Il poussa un soupir et jeta un autre coup d'il au nouveau. Ce dernier semblait lire attentivement la page qu'il avait sous les yeux, sans pour autant avoir l'air de s'y intéresser le moins du monde. Hermione, quant à elle, avait déjà fini sa lecture. En fait, elle ne l'avait même pas commencée : elle avait lu le livre dans son intégralité avant même la rentrée des classes. L'heure semblait s'écouler avec une lenteur insupportable, mais pour une fois, Harry ne s'attira pas les foudres d'Ombrage. Il était trop préoccupé par ce " Gary Anders "
Quand la sonnerie retentit enfin, tous les élèves se précipitèrent au-dehors pour assaillir le nouvel élève de questions. Le jeune homme répondait comme il pouvait en souriant, tout en suivant la cohue d'élèves vers la Grande Salle où le repas allait être servi. Ron s'approcha de Harry et lui glissa à l'oreille : " Tu le connais ? "
Harry hocha la tête négativement, mais continua de fixer le mystérieux adolescent. A ce même moment, ce dernier tourna la tête et leurs regards se croisèrent. Harry connaissait ce regard. Il l'avait déjà vu, mais où ?
Hermione baissait volontairement la tête vers les livres qu'elle portait dans les bras, mais ne manquait pas de lancer régulièrement des regards furtifs au nouveau venu.
Il était vraiment rare qu'un élève arrive ainsi en cours d'année. Même si Harry ne connaissait pas entièrement tous les gens de sa classe, il aurait aimé en savoir plus sur ce garçon-là. Il s'apprêta à se frayer un chemin vers lui, quand ils croisèrent soudain la route du professeur Rogue. Comme à son habitude, ce dernier affichait un air hautain, portant ses documents sous le bras et faisant bien attention à n'accorder aucun regard aux élèves.
Pourtant, cette fois, ses yeux furent attirés par le bleu profond de ceux du nouvel étudiant. A l'instant où leurs regards se croisèrent, les documents s'échappèrent des mains de Rogue et se répandirent sur le sol.
Les élèves le regardèrent, intrigués. Si le visage de Rogue n'avait pas eu cette expression d'effroi, certains n'auraient pas hésité à pouffer de rire. Mais le professeur resta ainsi figé l'espace d'une seconde, et plus personne n'osa dire un mot. Comme si le temps s'était arrêté Il n'arrivait pas à détacher ses yeux de lui.
LUI ! comment ? non, ce n'était pas possible ce visage d'ange avait toujours été associé pour lui à l'image d'un démon. Mais c'était impossible, ça ne pouvait pas être lui. Il l'avait encore vu récemment : presque la quarantaine, maigre, cloîtré chez lui pour ne pas se faire reconnaître à l'extérieur Mais cet adolescent était vraiment le portrait craché de cet homme à 16 ans. Cela faisait peut-être de nombreuses années, mais ses souvenirs si douloureux étaient restés intacts.
Tout à coup, il sembla reprendre conscience de sa situation.
Troublé, Rogue frémit imperceptiblement et se pencha, ramassant ses affaires à la va-vite. Pendant ce temps, le petit groupe d'élèves l'avait dépassé, et le nouvel étudiant se tourna vers Harry. Le sourire qu'il lui lança était assuré, malicieux. Et cette fois, Harry n'eut plus aucun doute, aussi absurde que cela puisse paraître.
Sirius !
* * * * * * *
Notes : héhé, j'ai rallongé cette scène où Rogue reconnaît Sirius. Je voulais que ça ait vraiment l'impression de le choquer et de figer le temps, j'espère que j'ai bien réussi ^_^ d'ailleurs, comme j'ai déjà vu la remarque sur un site, il est étrange qu'on nous rabâche toujours que c'est James, le grand ennemi de Rogue. J'ai pourtant eu l'impression que la haine était encore plus forte entre Sirius et Severus. Après tout, c'est Sirius qui avait voulu faire tuer Rogue, et dans le tome 3, il avait à peine l'air de regretter son geste. Toujours dans le tome 3, à voir comment Rogue s'empresse d'ordonner que le Détraqueur donne son baiser à Sirius (torture + mort !), et comment il enrage lorsque Sirius s'échappe, on voit là un intense règlement de compte de l'époque où ils étaient adolescents. Vouloir tuer quelqu'un à ce point, jubiler pour le voir se faire torturer par l'absorption de son bonheur et de son âme par un Détraqueur, surtout après 12 ans d'enfermement à Azkaban, je pense que c'est vraiment excessif si la cause en est de simples querelles adolescentes (surtout si c'est sensé être James le grand ennemi !) Ok, Sirius avait fait une sale blague de gamin qui s'était avérée dangereuse, mais c'est James qui a sauvé Rogue. En vouloir autant à quelqu'un 12 ans après, moi je trouve que ce cher Severus est quand même un peu psychopathe sur les bords ^^''
