Entre Lune et Étoile
Toujours aucun droit sur les personnages… si ce n'est de leur inventer de folles aventures !
Spéciale dédicace à Vert qui a trouvé, il y a trois chapitres, le meilleur des sous-titres à ce chapitre : « Maraudeur, maraudeur junior et mini-maraudeur sont dans un bateau. Maraudeur va dans son bureau….que ce passe-t-il ? »
Merci à Alana et à son enthousiasme… merci à tous ceux qui aiment et le disent ! A tous ceux qui écrivent…
26 - Tours et Détours
Harry sentit quelque chose sauter sur son lit. Instinctivement, il se pelotonna un peu plus sous ses draps. Quelque chose de froid, humide et glacé coula doucement sur sa joue et s'immisça sous les couvertures jusque dans son cou. Il se dressa d'un bond en hurlant :
« Cyrus ! »
« Ah, quand même ! Tu te réveilles ! »
Harry soupira et tendit machinalement sa main vers ses lunettes – ses nouvelles lunettes, plus légères et plus discrètes que les anciennes. « On voit enfin tes grands yeux ! », avait souri Remus quand il les avait choisies ensemble.
« Quelle heure ? », marmonna-t-il.
« Sept heures moins le quart ! »
Nouveau soupir.
« Papa ? »
Petit haussement des épaules.
« Il travaille. Je l'ai entendu partir.»
« Linky ? »
« Pas encore là. La maison est à nous ! »
Harry étouffa un petit rire tout en repoussant les couvertures. Il était inutile d'espérer que Cyrus le laisse se rendormir. Trois semaines de cohabitation lui avaient enlevé toutes illusions à ce sujet !
« Des projets ? »
« S'il fait beau, décider Papa à nous laisser voler… S'il neige….trouver quelque chose de vraiment drôle à faire ! »
Tout en s'essuyant avec une serviette, Harry jeta un regard inquisiteur à son « petit frère ». Ces trois dernières semaines lui avaient aussi appris ce que « drôle » voulait dire pour lui.
« Des idées ? »
« Franchement, Harry, il n'y a qu'une seule chose qui me vienne à l'esprit… Dans le cabinet de Rogue, il doit y avoir de quoi faire des blagues monumentales ! »
« Et moi, je te répète pour la millionième fois que JAMAIS je n'essaierai de jouer un tour à Severus! D'abord, il n'a pas le sens de l'humour… »
« Raison de plus ! »
« …et je suis sûr que Papa ne laisserait jamais passer ça », continua imperturbablement Harry.
Il était un fait que jamais Remus ne lui avait paru aussi permissif et compréhensif que depuis que Cyrus vivait avec eux. Beaucoup de limites avant très claires étaient devenues floues snas que Harry s'explique totalement pourquoi. Mais s'il en profitait pleinement, parfois avec un étrange sentiment de culpabilité comme s'il profitait d'une faiblesse de Remus, Harry estimait que des limites persistaient, même si son nouveau petit frère semblait totalement l'ignorer. A moins qu'il ne fasse semblant, comme là, quand il demandait avec l'air le plus candide du monde :
« Vraiment ? »,
« Oui, vraiment, sûrement, sérieusement… tout ce que tu voudras… », insista Harry, en enfilant un pull vert orné de l'insigne des Canons de Chudley envoyé pour Noël par Molly Weasley. Cyrus avait reçu le même en rouge – « Je ne la connais même pas ! » « C'est la maman de Fred et George ! », avait expliqué Harry. « Ah d'accord, je vois ». Remus avait levé les yeux au ciel.
Ces trois dernières semaines, Harry n'avait globalement fait que s'amuser. Avec Cyrus, ils avaient visité le château de la cave au grenier, ne laissant aucun passage, aucune pièce, échapper à leur inspection. Ils avaient disparu des journées entières dans des parties du château dans lesquelles Harry n'avait jamais mis les pieds auparavant . A sa grande surprise, Remus les avait laissé faire, surtout depuis que les étudiants étaient partis chez eux pour les vacances de Noël. « A trois conditions. Un, je veux vous voir à chaque repas. Deux, j'exige que Cyrus fasse la sieste tous les jours – S'il ne m'écoute pas, il ira la faire avec Poppy… à lui de choisir… Et, enfin, et surtout, je vous interdis de sortir de Poudlard ! Si je vous retrouve au Pré-au-lard ou ailleurs, tout s'arrête ! »
Harry savait que Cyrus était encore très faible, qu'il avait besoin de manger et de se reposer…- encore qu'il se demandait si LUI n'aurait pas dormi plus longtemps le matin sans cette maudite sieste ! Mais Poppy semblait avoir convaincu Remus qui restait absolument inflexible sur ce point. Il comprenait aussi que son père se méfie des rencontres qu'il pourrait faire au dehors. Si la moindre personne soupçonnait la réelle identité de Cyrus… Enfin, il connaissait assez Remus pour sentir quand il ne transigerait pas sur ces trois points. Fort de tout ça, il avait fait en sorte, sans avoir l'air, que Cyrus respecte ces trois règles.
Le reste du temps ils étaient libres comme l'air.
« De vrais tornades », commentait Minerva en souriant.
« Des ouragans », grinçait Rogue.
Remus, imperturbable, les laissait dire. Il craignait chaque matin en ouvrant le journal d'apprendre l'évasion officielle de Sirius Black et de voir débarquer des journalistes qui viendraient lui demander s'il craignait pour la vie d'Harry et qui était son deuxième fils. Combien de temps faudrait-il aux Aurors pour venir à Poudlard et l'interroger lui ou Severus ? Quand quelqu'un remarquerait-il à quel point Cyrus ressemblait à Sirius ?
Dumbledore avait prévu de faire courir à ce moment-là une rumeur selon laquelle Cyrus était, en fait, le fils de Black et que Remus – doux rêveur patenté - avait décidé d'adopter et d'élever ensemble les fils de ses deux amis qui s'étaient entredéchirés. Lupin ne savait pas si cette histoire suffirait à éloigner des esprits aussi mal-intentionnés que celui de Narcissa Malefoy – cousine et contemporaine de Sirius. D'une manière générale, le futur ne lui avait jamais paru aussi incertain…et ses insomnies avaient rarement été aussi têtues. Alors, à quoi bon empêcher Harry et Cyrus de devenir amis et d'avoir du bon temps ? Ça lui évitait aussi – il se l'avouait parfois à lui-même - de s'impliquer trop avant dans ses relations avec Cyrus…
Très loin de ces sombres pensées, Harry regardait son « petit frère » bouder sur son lit. Ils avaient tous les deux tenu à partager la même chambre – contre l'avis de Remus qui avait cédé contre l'assurance qu'il ne devrait pas passer ses nuits à faire la police ! Et cette cohabitation était une autre chose qui plaisait énormément à Harry !
« Par contre, j'ai peut-être une idée… », glissa-t-il.
Il vit les yeux sombres de Cyrus s'allumer et se retint de sourire.
« On pourrait trouver dans le cabinet de Severus… de quoi faire avoir à Sybille de VRAIES visions… »
« Tu crois ? »
« Oui, je connais les herbes… Il n'en faut pas beaucoup pour «'emprisonner l'esprit d'un homme' » - expliqua-t-il contrefaisant l'élocution onctueuse du maître de potions.
Cyrus sauta de joie et d'excitation sur le lit.
« Et après ? »
« Il faudrait juste les mélanger au thé qu'elle boit… »
« Trop fort ! M. Harry Potter-Lupin, je vous tire mon chapeau ! »
« M. Cyrus Mélanio Lupin, je suis à votre service », répondit Harry avec une petite révérence.
OO
« Qu'est-ce que vous faîtes là ? »
Les deux jeunes garçons sursautèrent.
« Nous ? Mais, nous te cherchions Severus ! », mentit Harry sans rougir. Vraiment il devenait de plus en plus maître de lui même. Restait à y arriver devant Remus : il sentait que ce serait plus difficile…
Le regard du maître de potions ne perdit rien de sa sévérité.
« Vraiment, tous les deux ? »
« Enfin, moi… Cyrus m'accompagne… »
Ce dernier hocha la tête vigoureusement pour appuyer ses paroles.
« Hum. Vous avez bien à l'esprit, j'imagine, que j'enseigne depuis près de dix ans à des galopins qui passent leur temps à inventer les excuses les plus rocambolesques… »
Harry prit son regard le plus innocent.
« Bref, admettons. Que puis-je pour toi, Harry ? »
Cyrus ne sembla pas se formaliser d'être laissé de côté.
« J'ai raté les derniers cours de l'année… Je venais pour que tu me donnes les devoirs à faire pendant les vacances », commença Harry avec assurance. Mais ce sentiment ne dura pas. Les yeux noirs du maître de potions le fixaient avec la plus grande incrédulité.
« Je me demande bien quand tu comptes les faire, mais…je te les amènerai écrits ce soir au dîner », grogna Severus finalement.
Harry ne sut pas quoi répondre. Ce n'était pas leur plan. Ils devaient entrer dans le bureau de Rogue. Harry aurait pris son temps - le plus long possible - pour écrire ses devoirs, et posé des questions – le plus possible. Cyrus aurait alors eu le loisir, l'air de rien, d'ouvrir le troisième tiroir à droite du grand meuble noir et de prendre une poignée des herbes entreposées. « Même une pincée suffira » - avait dit Harry. Mais Severus n'entendait pas les laisser entrer…
Cyrus sentit qu'il devait l'aider.
« Et vous, monsieur ? » - Il n'arrivait pas à l'appeler autrement « je ne sais pas pourquoi, Papa », mais Remus n'avait pas insisté, clôturant le sujet d'un curieux : « Ça viendra peut-être » - «Vous faites quoi cet après-midi ? On peut pas vous aider ? »
Si Severus avait jusque-là paru suspicieux et incrédule, son visage exprima alors la plus violente surprise. Cyrus ressemblait trop physiquement à Sirius pour qu'il puisse envisager facilement des relations sereines avec lui – même s'il n'avait pas besoin d'être convaincu qu'il devait donner le change. Il était bien placé pour savoir que la potion d'amnésie gardait ses effets pendant plusieurs mois et que donc Cyrus n'avait pour l'instant – à peine trois semaines après l'avoir ingérée - aucun accès aux souvenirs à proprement dits de Sirius. Il savait lire et écrire parce que Sirius l'avait appris. Il savait, pour les mêmes raisons, voler sur un balai – encore que Remus lui interdisait encore de quitter le sol sans lui, mais il ne savait pas QUI était Sirius Black ni quelle relation il avait entretenue avec les autres. Severus hésita. Il tenait peut-être l'occasion de montrer à Lupin qu'il n'était pas aussi borné qu'il le prétendait. Ce Cyrus-là serait peut-être différent… Il n'y avait pas Potter à côté pour le pousser aux pires âneries… Non, Harry était différent de son père naturel…
« Je suis désolé mais je ne dois pas faire de potions aujourd'hui… Juste des copies à corriger… Mais si je dois préparer quelque chose dans les jours qui viennent, je vous le dirais… si ça vous amuse… »
Harry n'eut aucun mal à prendre un air satisfait. Même s'ils n'avaient pas les herbes, ils avaient réussi à faire baisser sa garde au redoutable maître de potions. Et Harry savait que derrière la glace, le réel Severus gardait jalousement des trésors de chaleur humaine et de dévouement. Cyrus lui sourit, de ce sourire éblouissant qui avait accroché à ses basques tous les regards des jeunes filles de Poudlard, ce sourire que Severus avait tant détesté… Pourtant, il se força à lui rendre, un peu maladroitement.
« Bon, b'en tant pis ! Tu viens, Harry ? »
« Merci Severus, à tout à l'heure », commenta ce dernier avant de suivre Cyrus.
« A tout à l'heure, les enfants » répondit machinalement le professeur Rogue. Quand ils eurent disparu, il s'interrogea de longues minutes sur ce qui venait de se passer. Il finit par hausser les épaules et entrer dans son bureau.
OOO
« C'était un bon plan, Cyrus ! »
« Un bon plan est un plan qui marche, Harry ! »
« Ça te va bien ! C'est toi qui voulait entrer dans le cabinet de Severus ! Tu voulais faire ça comment ? »
« Sais pas. »
Les deux garçons, emmitouflés dans leur cape d'hiver, revenaient d'avoir aider Hagrid à nourrir des véracrasses que le professeur Gobe-Planche utilisait pour ses cours de soins aux créatures magiques – « C'est toujours mieux que de tourner en rond », avait dit Harry. « Tu parles » avait répondu sombrement Cyrus. Après sa sieste, le ciel s'était suffisamment couvert pour qu'il ne soit pas du tout question de voler. Il ne décolérait pas
« On n'y arrivera jamais », se désola le jeune garçon avec son inimitable penchant pour l'exagération. « A moins qu'il ne nous invite à faire des potions - si je fais semblant de m'intéresser et que TU prends les herbes – franchement il te soupçonnera moins que moi… je ne sais pas pourquoi… je le sens… »
Moi, je sais pourquoi , songea Harry, mais il aurait avalé sa langue plutôt que de lui dire. Pour autant qu'il ait pu en juger, avoir Cyrus comme frère était moins compliqué que d'avoir Sirius comme parrain : il était son égal, ne lui parlait pas de ses parents et ne créait pas toutes ses tensions étranges et ces non-dits avec les autres adultes qui l'entouraient.
« Ça peut prendre des jours », commenta-t-il, à haute voix, légèrement désabusé.
« Te voilà bien pressé tout d'un coup ? »
« B'en… dans deux jours, c'est la pleine lune… Trois jours plus tard, les étudiants reviennent… Je suppose que papa va vouloir que je reprenne des cours… qu'il va nous laisser moins libres… Le contraire m'étonnerait vraiment... Et puis…encore que… »
« Ah, Harry, je déteste quand tu ne finis pas tes phrases ! »
« Bon, bon… J'ai pensé :un bon moment pour le faire, ce serait dans quatre jours ; au thé qu'organise papa avec tous les professeurs avant la rentrée… même grand-père Albus vient parfois… une sorte de tradition… Comme Sybille ne boit jamais que dans SA théière… »
« Waow... T'es génial ! »
« Ouais… Mais faut trouver un moyen avant… et puis faut pas qu'il se doute… »
« Rogue ? »
« Non imbécile, Papa ! Va nous assassiner sinon ! »
Cyrus lui lança un regard plein de surprise et de doute. Il n'avait pas encore expérimenté une vraie colère de Remus et semblait avoir même du mal à seulement l'envisager. Harry, lui, sentait confusément que ce plan flirtait avec les limites de ce qu'il pouvait tolérer. Sauf s'il ne pouvait pas les soupçonner. Il soupira.
« De toutes façons, on n'a pas les plantes. »
« Quand c'est la pleine lune, t'as dit ? »
« Après demain… pourquoi ? »
« Faut trouver le moyen d'entrer cette nuit-là ! »
« Cyrus ! », protesta Harry, à qui on avait répété depuis son arrivée à Poudlard que jamais il ne devait sortir de sa chambre une nuit de pleine lune.
« Allez, Harry, un peu d'audace que diable ! »
OOOO
Il faisait clair.
Trop clair.
Comme en plein jour.
La lune pleine se reflétait sur la neige et éblouissait les yeux des promeneurs nocturnes.
Leurs ombres étaient immenses sur les murs du château.
Harry ne pouvait pas croire qu'il était là à errer dans les couloirs… juste pour faire plaisir à Cyrus !
Si quelqu'un les surprenait….
Il avala sa salive.
Tant pis… on verrait bien… Remus avait plutôt eu l'air indulgent ces temps-ci…
Tu te mens à toi-même… Tu sais bien qu'il se fâchera.
Il soupira.
« Arrête de souffler comme un bœuf ! »
Harry leva les yeux au ciel. Il se demanda – pas pour la première fois – si Sirius avait été aussi drôle et exaspérant – à la fois ! - que Cyrus. Il sentait que leurs caractères étaient proches et près tout, ils étaient la même personne. Sirius avait dit que Cyrus serait pire que lui et quand Harry s'en était ouvert à Remus, ce dernier avait expliqué : « Il pense qu'il sera moins raisonnable que lui aujourd'hui, après neuf années de réclusion… C'est à voir, Harry, tu sais… c'est à voir… Cyrus n'a pas non plus les mêmes raisons de provoquer tous les adultes autour de lui. ».
D'autant que Harry puisse en juger, Cyrus n'avait peur d'aucun adulte - à part peut-être Poppy. Remus trouvait généralement – quand il s'en inquiétait !- les mots pour le calmer… mais il était bien le seul ! Ils arrivèrent enfin aux cachots. Harry avait rarement trouvé le château aussi grand. Cyrus allait poser sa main sur la poignée de la porte quand il l'arrêta.
« S'il y a une chose que je sais c'est qu'aucun professeur sain d'esprit dans cette école ne laisse une porte ouverte… »
« Rogue est dingue ! »
« Surtout la porte du cabinet de Severus ! »
« Donc ? », répondit son « petit frère » avec un peu d'impatience.
« Donc ? Soyons prudents ! »
Avant que Cyrus n'ait eu le temps de répliquer, Harry sortit un petit tablier frappé du blason de Poudlard de sa poche. Le tissu blanc était très sale.
« On dirait le tablier de Linky ! »
« Gagné ! »
Il s'en couvrit la main pour toucher la poignée qui trembla un instant puis s'ouvrit.
Cyrus allait se précipiter mais encore une fois, Harry le retint. Il jeta le tablier par l'ouverture. Le tissu blanc tâché, rempli de l'empreinte magique de Linky voltigea. Il changea plusieurs fois de couleurs comme s'il était soumis à différents sortilèges avant de s'écraser au sol où il se consuma.
« Tu… tu crois qu'on peut y aller maintenant ? »
Harry hésitait. Il avait utilisé un leurre comme il avait entendu Remus le conseiller aux aspirants Aurors. Mais les élèves ensuite avaient leur baguette pour les défendre. Cyrus et lui n'avaient que leur volonté. La porte grinça et s'ouvrit plus largement comme pour les inviter à y entrer.
« Tu sais quoi, Cyrus ? Tu vas m'attendre là… Je prends les plantes, tu fais le guet ».
Cyrus sembla sur le point de répliquer mais finalement il se contenta d'opiner – un peu nerveusement, constata Harry avec une certaine satisfaction. La confiance en lui de son frère adoptif finissait pas lui donner des complexes.
Le leurre semblait avoir suffi. Harry ne fit qu'entrer et sortir du cabinet. Il prit soin de ramasser les cendres sur le seuil.
« Partons vite ! »
Cyrus, une nouvelle fois, se contenta d'acquiescer. Ils retournèrent sans mots dire jusque dans le Hall d'entrée. Harry tremblait à chaque instant de voir apparaître Rusard ou Miss Teigne ou un des fantômes. Mais rien ne les arrêta. C'était presque TROP facile ! Ils pénétrèrent sur la pointe des pieds dans l'entrée principale de l'école. Harry priait silencieusement pour qu'aucun portrait ou aucune armure ne se réveille ou remarque leur présence. Il se demanda comment Fred, George et Lee avaient le courage de se promener autant. Peut-être parce qu'ils n'en savait pas autant que lui sur les protections et les détecteurs magiques de traces qui sillonnaient le château ! Heureux, les ignorants !
Ils traversèrent le Hall pour s'approcher du passage qui conduisait à l'aile des professeurs. Après, on est presque sauvés, ne pouvait s'empêcher de se féliciter Harry. Il murmura son mot de passe « Dominem domus », et la muraille laissa apparaître le corridor qui menait à l'escalier et… Minerva McGonagall !
« Harry ! Cyrus ! Mais… qu'est-ce que vous faîtes là ? »
Pas toi, Minerva !, se retint de protester Harry. Minerva était ce qu'ils pouvaient rencontrer de pire en cet instant ! Bien sûr, elle avait toujours été d'une extrême indulgence avec lui, généreuse pour Noël et son anniversaire, mais il savait aussi qu'elle était d'une loyauté tout aussi intransigeante envers Remus. Et elle s'inquièterait VRAIMENT pour eux… Elle les dénoncerait « pour leur bien »… Il ne sut que fermer les yeux et murmurer : « Minerva… »
Il entendit la voix suraiguë de Cyrus plaider pourtant calmement leur cause :
« Bonsoir Minerva… On rentrait… On n'a pas trouvé. »
« Pas trouvé quoi Cyrus ? » Sa voix n'avait rien de bienveillant, nota Harry.
« B'en… Papa ! »
« Vous voulez dire… » - Minerva semblait interloquée.
« Harry m'a dit qu'il ne l'avait jamais vu… Moi non plus… mais à nous deux, hein, Minerva, on ne risquait rien… il ne nous aurait jamais attaqué…non ? »
La voix de Cyrus semblait SI innocente, SI sincère… Harry se prit même à se demander pourquoi ils n'étaient pas, d'ailleurs, sortis pour cela… pour voir leur père quand il était un loup… Après tout, ça avait plus de sens que d'être allé voler trois feuilles à Severus pour provoquer un délire chez Sybille ! Visiblement Minerva pensa comme lui. Ses yeux s'embuèrent de larmes qu'elle refoula obstinément.
« Mes petits… Bien sûr, je comprends ! Mais… je ne sais pas… Je ne peux pas vous le montrer sans son accord. C'est quelque chose de douloureux pour lui - je suis sûre que vous le savez… J'espère que vous n'êtes pas debout depuis trop longtemps ! Et Remus qui veut tant que tu te reposes, Cyrus ! Enfin… Heureusement que vous n'êtes pas tombés sur Monsieur Rusard - je n'aurais rien pu faire pour vous… Allez, venez maintenant. »
Elle les fit passer devant elle, referma le passage et remonta avec eux le passage qui conduisait aux appartements des professeurs. Harry repassait ses paroles dans sa tête : était-ce possible? Allait-elle simplement les reconduire à leur chambre ? Ils ne pouvaient pas avoir autant de chance !
Pourtant c'est bien ce qui se passa. Minerva les raccompagna jusqu'à leur lit. Elle leur fit promettre de ne pas rechercher Remus la nuit – ce qu'ils firent sans aucune difficulté - et les enjoignit de se rendormir bien vite. Harry osa pourtant poser la question qui lui brûlait les lèvres alors qu'elle allait quitter leur chambre
« Tu… tu vas lui dire ? »
Minerva soupira.
« Je pense qu'il a suffisamment de soucis comme ça… et je comprends votre curiosité… Mais c'est à lui d'y répondre, pas à moi… Enfin… Pour te répondre clairement, Harry… non »
« Merci Minerva », conclut doucement Cyrus.
Elle soupira encore avant d'ordonner :
« Allez, ça suffit… Dormez maintenant ! »
« Oui, Minerva », lui répondirent-ils en cœur.
Quand la porte de l'appartement se fut refermée sur elle, Harry ne put s'empêcher de clamer :
« Cyrus Lupin, tu es TROP fort ! »
OOOOOO
La réception avait commencé. Harry et Cyrus accélérèrent et entrèrent en courant dans le salon. Ils pilèrent net sur le bas de la porte lorsque tous les regards se tournèrent vers eux.
« Pardon, on est en retard », commença Harry un peu nerveusement, cherchant son père des yeux pour mesurer comment il prenait la chose. Ils avaient dû attendre dans les cuisines le dernier moment pour glisser les herbes dans le thé de Sybille Trelawney.
Mais Dumbledore venait déjà vers eux entraînant Fudge avec lui.
« Harry, Cyrus ! Bonjour ! Alors ces vacances ? Il paraît que ça se passe bien ! »
« Oui très bien... très bien, grand-père », répondit Harry un peu gêné de cette attention au moment où il aurait tant aimé passer inaperçu.
« Alors voilà, votre deuxième fils, Lupin… celui que vous ne devriez pas avoir », commenta à son tour Fudge en dévisageant Cyrus – qui ne baissa à aucun moment les yeux.
A peine plus pâle qu'en temps normal, Remus vient se placer derrière eux et posa ses mains sur leurs épaules. Harry était désolé que leur retard ait autant attiré l'attention sur eux de cette manière. Il savait que les loups-garous n'étaient pas censé avoir d'enfant, et Remus avait brisé deux fois cette règle : d'abord en l'adoptant et ensuite en revendiquant la paternité de Cyrus. Dans le dernier cas, Dumbledore avait dit que cette démarche paraîtrait trop dangereuse pour que sa sincérité soit mise en doute. Harry ne savait pas vraiment ce que le Ministre pouvait reprocher à son père mais, se sentant confusément coupable de cette situation, il évita de le regarder.
« Oui, M. le Ministre, voici Cyrus, l'enfant que les lois britanniques m'interdisent… Mais les lois brésiliennes ne sont pas aussi… - Comment dire ?…'étroitement strictes' me parait un bon compromis entre mon opinion et la vôtre, M. le Ministre », répondit Lupin d'une voix trop calme et trop polie pour ne pas signifier autre chose. Et toutes les personnes présentes dans le Grand salon en furent convaincues.
« Ils…il ne connaissent rien aux loups-garous, là-bas », répondit Fudge, acerbe.
« Sans doute… à la différence de nos autorités qui énoncent des lois si… comment dire encore une fois ?… Que pensez-vous de ' si adaptées à la réalité ', M. le ministre ?»
Le plus grand silence régnait maintenant dans le Grand salon de Poudlard. Harry vit Minerva mordiller sa lèvre. Severus observait de loin l'échange – le visage impassible. Quirrell, qui s'appuyait encore sur une canne, avait l'air sidéré. A son habitude, songea un peu méchamment Harry. Mme Pomfrey et Sybil Trelawney avaient posé leurs assiettes de gâteau sur leurs genoux et attendaient dans la plus parfaite immobilité. Flitwick avait légèrement secoué la tête sans qu'Harry puisse en déterminer ce qu'il pensait réellement. Hagrid se racla la gorge, signe de nervosité. Les autres professeurs essayaient de ne pas avoir l'air de dévisager leur directeur. « Lupin est quand même culotté de s'opposer aussi frontalement à Fudge ! », se lisait sur leurs visages. Seul, Dumbledore semblait ouvertement s'amuser. Après tout, Remus était SON candidat, et il était content de le voir tenir tête à quelqu'un comme Fudge ! Même si le moment était délicat, il avait confiance en Lupin.
Fudge, de fait, jeta un regard mi-embarrassé, mi-furieux autour de lui. Il ne pouvait pas attaquer le directeur de Poudlard chez lui, devant son principal soutien… Il ne pouvait surtout pas l'attaquer sur sa qualité de loup-garou sans avoir l'air de se contredire lui-même, puisque Albus lui avait extorqué sa nomination un an auparavant au mépris de toutes les lois britanniques !
« Seul Lupin vous protégera de Malefoy », avait alors argumenté le vieux directeur. Peut-être, mais il ne le protégeait pas de moments désagréables comme celui-là ! Les loups-garous étaient des créatures des ténèbres, après tout, et je l'ai peut-être trop facilement oublié il y a un an, regretta Fudge.
« Mais c'est l'application qui fait la loi. Vous n'allez pas vous poser en victime, Lupin, non ? », essaya le Ministre sur un ton faussement amical.
« En victime ?… Voilà, une notion intéressante, M. le Ministre… Je remercie, M. Le Ministre, j'y réfléchirais », répondit Remus toujours d'une voix dangereusement égale.
Dumbledore intervint.
«Bien ! Je pense que cette affaire est réglée de toutes façons. N'est-ce pas Remus ? Les médicomages de Ste-Mangouste ont confirmé que Cyrus ne souffrait d'aucune forme de lycanthropie… Comme les autorités brésiliennes avaient déjà déterminé la filiation, le Ministère n'est pas en cause. Alors, souhaitons la bienvenue à Cyrus sur le territoire britannique, n'est-ce pas Cornélius?»
« Bien sûr, bien sûr… Parles-tu anglais mon garçon ? »
Instinctivement, Cyrus s'était caché derrière les robes de Remus et il chercha la confirmation de son regard de répondre de sa petite voix qui paraissait encore plus jeune que son corps.
« Bien sûr… M. le Ministre ».
Harry se mordit les joues pour ne pas éclater de rire devant la mine déconfite de Cornelius Fudge. Il vit plusieurs autres professeurs cacher rapidement un sourire entendu.
« Bien sûr », commenta Fudge pour cacher son malaise. « Eh bien, Lupin, nous pouvons peut-être passer à l'ordre du jour ? »
« Bien sûr, M. le ministre », répéta calmement le directeur de Poudlard sans que personne ne puisse dire s'il le faisait consciemment ou pas. Si on lui avait demandé, Harry aurait dit que oui. «Cette rentrée du deuxième semestre s'annonce sous les meilleurs auspices. En effet, notre équipe sera complète puisque le professeur Quirrell, ici présent, se sent de nouveau capable d'assurer ses cours… »
Quelques sourires polis de bienvenus fleurirent l'assistance. Quirrell lui essaya de prendre un air sûr de lui que Harry trouva d'abord pitoyable. Arrête, se sermonna-t-il, ce n'est quand même pas sa faute, si Papa t'a trouvé… c'est peut-être un bon professeur. Après tout, il avait plutôt du respect pour l'ensemble des professeurs de Poudlard. Il n'arriva pas pourtant vraiment à s'en convaincre. A côté de lui, Cyrus observait assez ouvertement les elfes qui amenaient de nouvelles théières et de nouveaux sandwichs pour les convives. Harry distingua nettement la théière rose de Sybil sur un des plateaux. Il eut soudain peur que quelqu'un d'autre ne se serve de cette théière ! Ce plan était stupide… et vraiment ce n'était pas le jour : avec Fudge qui n'attendait qu'un faux-pas de Remus pour fondre sur eux ! Il jeta un regard nerveux à Cyrus qui ne semblait pas du tout partager son inquiétude ! Mais Lupin continuait, imperturbable :
« Ceci va me donner plus de temps pour préparer les élèves de septième année aux ASPIC et pour continuer notre grand projet de coopération magique, M. le ministre, avec les écoles magiques de Beaux-Bâtons et de Durmstrand… Je dois d'ailleurs leur rendre visite la semaine prochaine, mais nous en parlerons avec le professeur Dumbledore après cette collation si vous pouvez rester. »
Et pour s'occuper de Cyrus et pour retrouver Peter, compléta pour lui-même Harry. Il se demanda ce que penserait a posteriori le Ministre quand il se souviendrait d'avoir rencontré Sirius Black dans la personne d'un enfant de neuf ans… Pour la première fois, il sentit à quel point le projet de réhabilitation de son parrain était compliqué non seulement d'un point de vue pratique mais aussi d'un point de vue politique.
Fudge accueillit relativement positivement la présentation de Remus et assura qu'il soutenait le retour du Tournoi, qualifié de belle tradition. Il s'approcha ensuite de Quirrell pour lui être présenté. Les elfes sur un signal de Lupin profitèrent de ce moment pour faire circuler les plateaux de sandwichs et pour remplir les tasses de thé. Harry vit avec un certain soulagement, Sybil se lever pour aller chercher elle-même sa théière rose. Il craint un instant qu'elle n'en propose à Poppy – une des rares personnes avec Rogue et Chourave qui, pensait-il, pourraient reconnaître à la simple odeur du breuvage la présence des herbes. Celle-ci l'accompagna en effet presque jusqu'au buffet mais s'arrêta pour discuter avec Dumbledore qui l'avait interpellé. Harry aurait voulu tout arrêter. Encore une fois, il regarda Cyrus pour constater que celui-ci ne semblait partager en rien son désarroi – une curiosité tranquille animait ses grands yeux sombres. Minerva vint alors vers eux et les enjoignit de manger et de boire. Elle les conduisit pour ce faire vers le buffet et commença à remplir leurs assiettes de sandwichs. De cet endroit, Harry ne pouvait plus voir Sybil et sa théière. Et il ne savait pas s'il devait remercier ou maudire le ciel pour cela ! Le professeur de Métamorphose se méprit sur les raisons de sa tension :
« Ne vous inquiétez pas pour Fudge », murmura Minerva « Vous n'êtes qu'un prétexte… il aurait trouvé autre chose… même si vous aviez été à l'heure… »
Harry opina de la tête avec un petit sourire crispé. Cyrus, lui, leva des yeux étonnés de son assiette de sandwichs : « Il n'aime pas Papa ? » Sa voix aiguë perça au travers des conversations mondaines qui parurent se suspendre un instant avant de reprendre de plus belles. Fudge n'avait pas tourné la tête, mais Harry était presque sûr de l'avoir vu se raidir. Quelques secondes plus tard, pourtant, cet incident glissa des mémoires, balayé par les impressions fortes qu'allaient laisser dans tous les esprits les prédictions de Sybil Trelawney :
Son châle venait de tomber au sol dans le même mouvement de bras qui venait de faire rouler au sol sa tasse et sa soucoupe. Ses bras tremblaient et les bracelets qui les couvraient tintibulaient comme des clochettes. Ses yeux s'étaient révulsés, ses joues étaient livides. Quand elle commença à parler, sa voix avait perdu son timbre et ses impulsions… elle était devenue métallique et impersonnelle :
« Les bois… les bois de l'Est… quand le Rat aura retrouvé, dans les fourrées, son maître… quand la peur et l'ambition s'allieront… pour le pire… alors les trolls reviendront parmi nous… et seul l'enfant aux plusieurs vies saura… »
Elle s'effondra alors et ses dernières paroles furent perdues pour l'assemblée.
Un silence incroyable s'abattit alors sur le Grand Salon. Tout se figea pendant quelques secondes. Mais Poppy se précipita vers Sybil et essaya de la réanimer. Hagrid s'approcha et lui proposa de la porter jusqu'à l'infirmerie, mais Mme Pomfrey préféra conjurer un brancard. Remus et Dumbledore d'un même élan s'approchèrent du petit groupe et les accompagnèrent dans le couloir. La plupart des autres professeurs les suivirent, échangeant des regards intrigués et des commentaires murmurés. Cyrus et Harry n'avaient pas bougé. Ils étaient livides, mais peu de gens avaient gardé leurs couleurs. Harry avait attendu une prédiction drôle et non quelque chose qui évoquait tant de choses de leur quotidien. Et, même si Cyrus ne disposait pas de toutes les informations d'Harry, il avait compris que cette prophétie avait des accents de réalité. Harry vit alors avec horreur Rogue, qui était resté dans la pièce, se pencher pour ramasser la tasse qui avait roulé. Mais une fois de plus la chance leur sourit, un elfe se précipita avec des petits couinements plaintifs et s'empara de l'objet avant le maître de potions. Remus rentra sur ces entrefaites et, avec un sourire un peu forcé, se dirigea vers le Ministre qui semblait pétrifié.
« Comme vous le voyez, nos professeurs sont dans leur plus grande forme… »
« Lupin », aboya le petit homme rond, « ça lui prend souvent ? »
« Eh bien le professeur Dumbledore me disait justement que c'était la deuxième fois qu'il la voyait dans cet état », commenta Remus d'un ton neutre.
« Ah ? »
« Oui. Voulez-vous aller dans mon bureau ? »
« Je vais surtout partir d'ici », commença le Ministre visiblement ébranlé. « Des forêts de l'Est… un rat…des trolls… Il ne manquait plus que ça ! »
Remus se tût prudemment. Il n'allait partager ses propres inquiétudes avec un ministre qui hésitait chaque jour à lui couper la tête.
« Des réunions importantes…- Vous comprenez? Dumbledore est là de toute façons… Les mystères et les enquêtes, c'est son rayon, après tout… Bonne rentrée, Lupin. Professeur Rogue…»
En parlant, Fudge s'était approché de la cheminée et il était clair qu'il allait partir sur le champ.
« Au revoir M. le ministre ! », le saluèrent calmement, chacun à leur tout, Remus et Severus – chacun évitant le regard de l'autre dans une stratégie pour rester respectueux.
Quand Fudge eut disparu dans les flammes de la cheminée, Remus se tourna vers les deux garçons :
« Ça va ? »
Tous deux hochèrent prudemment la tête, encore choqués par les effets de leur blague. Ils ne savaient pas non plus comment Remus interprétait cet évènement. Mais celui-ci choisit, pour leur plus grand soulagement, de hausser les épaules :
« Les fins de vacances, décidément, ça ne nous réussit pas cette année ! »
Remus les envoya ensuite à l'appartement en expliquant qu'il devait régler les suites de cet incident et parler de son voyage avec Albus er Severus, mais qu'il les rejoindrait pour dîner. Harry se sentait un peu coupable de ces complications, et Cyrus eut bien du mal à l'amener à jouer avec lui, au point que Remus les trouva tous les deux dans un livre et sur leurs lits respectifs. Il fut autant surpris quand Cyrus lui sauta le premier dans les bras en lui disant qu'il avait trop tardé à rentrer. Il se méprit donc totalement sur les raisons de l'inquiétude de son fils aîné.
« Tu connais assez Fudge pour savoir qu'il est loin d'être aussi dangereux qu'il aimerait l'être, non ? Il fera tout pour oublier ce qu'il a entendu voire que Poudlard existe - nos secrets ne sont pas menacés», essaya-t-il de le rassurer.
« Il ne fera rien contre toi ?», questionna Harry, entendant bien que le malentedu constituait la plus prudente porte de sortie possible et essayant désespérément d'oublier son sentiment de culpabilité comme son envie d'avouer ce qui se cachait derrière la vision de Sibylle. Il essaya de se dire qu'il se taisait pour Cyrus, que, seul en cause, il aurait dit la vérité, sans totalement s'en convaincre lui-même. Il savait bien combien il détestait même imaginer Remus déçu par son comportement, alors lui dire...
« Non, je crois qu'il ne fera rien, comme d'habitude, et Albus est là s'il était même tenté», lui promettait ce dernier avec ce grand sourire qui d'habitude le faisait sentir si bien. « Mais assez de choses sérieuses ou bizarres, si on faisait un jeu tous les trois en attendant le dîner ?»
Cyrus sauta littéralement de joie à sa proposition et proposa immédiatement une bataille explosive que Remus et Harry acceptèrent faute de meilleure idée l'un comme l'autre. L'adulte remarqua une nouvelle fois que l'aîné restait comme en retrait du jeu, malgré toutes les blagues et pitreries de Cyrus. Ils passèrent à table après trois victoires consécutives d'un Cyrus extatique.
« Tu as vu, Papa, comme elles ont explosé vos cartes la dernière fois ! Jusque dans ton bureau, elles ont volé», pépiait-il alors que Remus cherchait ce qui pouvait empêcher son fils aîné de sourire.
« J'ai vu, Cyrus», répondit-il donc distraitement, ignorant le regard furtivement blessé du jeune garçon, réalisant qu'il n'avait pas toute son attention. « Harry, est-ce la prophétie qui t'inquiète?»
Le silence qui lui répondit, sans compter le pâlissement subi des deux garçons, lui fit croire qu'il avait trouvé.
« Sybille a besoin d'exercer parfois sa spécialité», formula-t-il le plus précisément et le plus diplomatiquement possible. « Il ne faut pas y voir plus que.. des intuitions, parfois étonnamment précises, mais tu sais que je crois plus en la volonté des hommes que dans les prophétie, n'est-ce pas Harry ?»
Son fils acquiesça brusquement sans trop le regarder en face, et Remus se demanda comment continuer.
« Il se trouve que nous avons par ailleurs des informations étonnantes venant des montagnes albanaises et que... durant le voyage que je dois faire sur le continent, la semaine prochaine, j'irais sans doute y faire un tour...»
« A cause de la prophétie ?», questionna abruptement Cyrus absolument livide.
« Non, c'était prévu», répondit Remus un peu désarçonné par la violence de la réaction. Peut-être avait-il réellement sous-estimé l'inquiétude que les évènements du thé avait provoqué chez les deux garçons.« Je ne sais pas ce qui se trame dans les forêts albanaises mais je doute que ça résulte d'un plan supérieur arrêté de longue date par Merlin sait quelle puissance supérieure. Il s'agit de sorciers, sans doute mal intentionnés, d'hommes. Ne vous mettez pas martel en tête tous les deux !»
Harry et Cyrus se regardèrent et hochèrent la tête avec un manque de conviction qui une nouvelle fois embarrassa Remus.
« Bon, et si vous alliez vous mettre en pyjama et on faisait un autre jeu - un calme, cette fois - avant d'aller au lit ?», proposa-t-il espérant que l'inquiétude allait se dissoudre dans le retour des rituels. Ressasser les évènements et les explications n'étaient peut-être pas le meilleur moyen de passer à autre chose.
Ils firent une partie de Cluedo magique qui vit cette fois la victoire de Harry, mais essentiellement parce que Cyrus s'était à moitié endormi sur le canapé et que Remus était trop distrait pour réfléchir.
« Merci de m'avoir laissé gagner», commenta philosophiquement le vainqueur quand une animation montra le crime tel qu'il l'avait deviné.
« Tu l'as bien mérité», lui assura Remus en se levant. « Maintenant, au lit !»
« Non!», protesta Cyrus s'accrochant à un coussin.
Sans écouter ses protestations, Remus le chargea dans ses bras, et Harry suivit jusque dans la chambre.
« Tu pars lundi ?», questionna ce dernier en se glissant dans son lit alors que Remus déposait Cyrus, qui avait cessé de protester pour rire du traitement qu'il recevait, dans le sien.
« Oui, dès le matin», confirma Remus en venant maintenant embrasser Harry et lui enlever ses lunettes. « J'ai beaucoup de gens différents à aller voir, mais Linky, Severus et Minerva vont s'occuper de vous deux.»
« Reviens vite !», souffla Harry en posant sa tête sur l'oreiller.
« Promis. Et vous serez sages, le semaine prochaine, hein ?», ajouta-t-il en éteignant la lampe.
Un double « Oui, Papa» ensommeillé lui répondit, et il leur sourit dans le noir.
ooooo
Hé, vous avez vu ?… j'ai réussi à que ça ne finisse pas trop mal…
Rassurez-vous, ça ne va pas durer !
Le 27 s'appelle maintenant « La fin du spectacle »…
