Entre Lune et Étoile
Disclaimer... pas à moi
Bon. J'aime pas le père Diggory, je reconnais. M'avait énervé dès le début du tome 4... J'espère qu'il n'a pas un fan club !
Puis fallait en finir : sont bêtes les gens du Ministère mais quand même !
La suite ? La suite s'appelle « Fantômes, ectoplasmes et autres résonances ». Si, si.
29. Rattrapages
On ne voyait qu'elles. Les étoiles paraissaient presque trop proches sur le ciel noir. S'il avait tendu la main... Il sourit. Il avait tendu la main ! Il était toujours, et contre tout, capable de ce genre de gestes... - des gestes si anciens... si confiants... datant d'avant... quand l'enfant qu'il était n'avait pas encore rencontré le loup...
Le rocher dans son dos était encore chaud du soleil qu'il avait emmagasiné toute la journée. La pierre avait été longuement polie par les embruns et le vent. Il ne sentait presque aucune aspérité sous ses doigts. Le clapotis de l'eau, seul, troublait le silence. Derrière lui, dans la grotte, les enfants dormaient. Ils avaient été ravis quand il leur avait annoncé qu'ils allaient dormir là, dans la grotte qu'ils avaient trouvé en courant sur les rochers après les crabes. Vertes ou grises, les étincelles dans leurs yeux lui avaient fait chaud au coeur.
Remus avait fait apparaître des duvets confortables et un feu capable de cuire les crabes. Il
s'était assis avec eux près du feu et les avait fait rire avec des histoires de Maraudeurs et des imitations de la vieille marchande turque qui leur avait vendu des fruits sur le bord de la route. Ils avaient regardé, tous les trois, les étoiles s'allumer une à une dans le ciel. Remus avait fait de son mieux pour les nommer toutes - l'astronomie n'avait jamais été son fort. Au moment où il ne s'y attendait plus, Cyrus avait complété les noms les noms de la Serpens Cauda d'Ophiuchus. Devant leur silence, il avait même failli s'excuser mais Remus avait fait de son mieux pour le rassurer :
"Sirius était très fort en astronomie. Meilleur que moi..."
"Mais je ne dois pas m'en servir", s'était empressé de s'excuser Cyrus.
"Tu dois éviter de faire appel à des connaissances étonnantes pour ton âge", avait corrigé doucement Remus. "Mais connaître les étoiles ne demande que de la mémoire, d'autres enfants en connaissent autant !"
"Pas moi", avait remarqué Harry avec son air sérieux.
"Ce n'est pas un concours", avait soupiré Remus, choisissant de ne pas continuer de disséquer trop les choses. "Mais il est temps de vous coucher."
Il les installa dans la caverne, côte à côte, prenant soin de mettre les lunettes de Harry à la fois à l'abri et à sa portée. Fatigués par leur journée, ils ne protestèrent pas quand il s'éloigna en leur disant de dormir. La constellation du Chien allait apparaître bientôt, et Remus voulait être seul pour affronter l'éclat du Sirius. Il ne pouvait pas dire qu'il avait choisi sa destination de vacances seulement pour cela. Mais ça avait compté.
La constellation n'était visible que l'été dans l'hémisphère nord et encore à certaines latitudes. La Turquie offrait aussi de la chaleur et du dépaysement et la promesse d'échapper relativement aux membres de la communauté magique britannique qui préféraient l'Espagne, la Grèce et le Sud de la France. Si Albus ne l'en avait pas longuement dissuadé, il serait même parti beaucoup plus loin !
Remus soupira. Ces deux dernières semaines, combien de fois n'avait- il songé à disparaître définitivement avec Harry et Cyrus. Pourquoi rentrer ? Pour Poudlard ? Poudlard avait longtemps été un objectif en soi, tant qu'il avait dû y faire ses preuves. Mais il savait qu'il avait convaincu Dumbledore. Il avait convaincu Minerva. Il avait même convaincu Severus. Alors à quoi bon ? Ceux - les Fudge et autres Malefoy - qui doutaient encore ne comptaient pas pour lui. Il pourrait partir avec les deux garçons et ne plus songer aux menaces des uns et aux manoeuvres des autres. Bien sûr, c'était s'enfuir. C'était laisser d'autres combattre à sa place. La partie raisonnable de son cerveau lui rétorquait de plus qu'on ne s'enfuit jamais assez loin, surtout quand on s'embarrasse de destins aussi compliqués que ceux d'un Harry Potter ou d'un Sirius Black. Non, certaines batailles devaient être menées jusqu'au bout. Ne l'avait-il pas appris il y a près de six ans ?
C'est avec cette résolution en tête qu'il regarda - presque sereinement - Sirius, l'étoile la plus brillante de la constellation du Chien, apparaître au dessus de l'horizon. Instantanément, lui revint en mémoire été durant lequel Sirius leur avait appris à reconnaître l'étoile dont il portait le nom. «La seule chose dont je sois redevable à mon honorable mère», ne manquait-il jamais de rappeler à chaque fois que l'un d'entre eux s'étonnait de la précisions de ses connaissances astronomiques. Pauvre Sirius... si honteux de sa riche, célèbre et puissante famille... Presque autant que moi de ma lycanthropie, reconnut Remus. Sauf que nous l'en plaignions moins... Mais, dans cet instant parfait - la mer, les étoiles, le rocher poli - il n'y avait pas vraiment de place pour le regret.
Un bruit léger, dans son dos, le tira pourtant de sa rêverie. Il sentit ses muscles se tendre, ses mains regretter que sa baguette soit rangée dans la grotte avant de se rappeler que seuls un des deux garçons pouvait venir de cet endroit. Lequel des deux ? Sans trop savoir d'où lui venait une telle certitude, il murmura : « Cyrus ? »
« Oui...oui Papa, c'est moi », reconnut une toute petite voix.
Lupin y entendit la crainte d'être renvoyé ou grondé et il en eut un peu honte. Qu'il était loin d'être un père acceptable pour Cyrus ! Même si ces deux semaines leur avait offert l'occasion de faire ensemble des choses qu'ils n'auraient jamais pu faire à Pourdlard : grimper des montagnes pour voir le lever du soleil, expliquer le fondements magiques des mythes moldus dans les temples en ruine, courir à en perdre haleine, dormir dans les endroits les plus sauvages, pêcher leur repas ou faire des orgies de gâteaux... S'il avait été tout entier avec eux - sans retenue, ni arrière pensée -, il n'avait pas pris le temps d'être avec lui. Il le savait.
Il tendit de nouveau la main dans le noir... certaines étoiles étaient plus faciles à attraper.
« Viens... »
L'enfant ne se le fit pas dire deux fois. En trois mouvements souples, il fut contre lui, s'infiltrant dans le duvet ouvert de Remus. Il le serra dans ses bras. Ce n'était qu'un enfant. Un trop jeune enfant, pensa-t-il pour la millionième fois. Trop d'innocence dans une histoire où nous sommes tous coupables.
« Je croyais que tu dormais », dit-il doucement. Ce n'était pas un reproche mais une constatation.
« Je... j'attendais que Harry dorme », expliqua la toute petite voix.
« Cyrus., je... Tu peux venir me parler quand tu en as envie - Harry comprendrait! », affirma vivement l'adulte.
« Tu crois ? »
Remus nota que l'enfant ne le croyait pas.
« J'en suis sûr... Et s'il ne comprenait pas, je lui ferais comprendre! », insista-t-il.
« Ah », commenta simplement l'enfant.
Le silence qui suivit ne fut pas lourd. Chacun sembla méditer les paroles de l'autre. Cyrus reprit la parole d'une voix plus assurée :
« C'est Sirius... »
« Oui. La troisième étoile en partant du bas : la plus brillante », confirma Lupin.
« Oh... c'est vrai ? Je ne savais pas... » Sentit-il la surprise de Remus ? Il expliqua tout de suite : « Je parlais de l'autre Sirius... » Et, du doigt, il montra sa tête. Lupin ne sut rien faire d'autre qu'acquiescer en silence. « Il... Il m'a demandé... de trouver un moment... pour... pour qu'il te parle. »
Lupin sentit l'enfant frissonner malgré le duvet. Il resserra son étreinte et lui murmura:
« Tu n'es pas obligé, Cyrus.. »
« Si...Si... C'est important... pour toi... je crois.»
Immédiatement, ses yeux se figèrent et sa voix devint plus grave - comme si Sirius n'avait attendu que cet instant depuis des heures. Ce fut au tour de Remus de frissonner.
« Bonsoir, Lunard... Surtout, ne dis rien! Ne pose pas de question! Nous n'avons pas le temps ! Je viens juste de dire quelque chose que tu DOIS savoir... Ensuite, je vais laisser Cyrus tranquille... Je ne peux pas rester longtemps, je l'épuiserais... comme l'autre jour... - et je n'ai rien à y gagner... C'est un bon gamin, Remus, juste un peu perdu... Mais, heureusement, tu es là, Lunard...- C'est ce que je suis venu te dire : tu ne dois pas douter... J'ai découvert quelque chose. : même si tu ne retrouves pas Peter... je ne disparaîtrais pas... Cyrus aura toujours accès, toute sa vie, à mon expérience... moins directement peut- être, mais je serai toujours là... Et cette deuxième vie que tu m'as offerte, Lunard, c'est une chance incroyable...Cyrus a une chance incroyable de t'avoir, toi, comme père... et d'avoir Harry comme frère... Je...je n'ai pas le temps de te dire tout ce que je voudrais... Il va bientôt s'évanouir... Il faut quand même que tu saches aussi que si je reprends possession de mon corps... tout ce que tu auras appris à Cyrus sera en moi... pour toujours ! »
Remus sentit le corps de l'enfant brusquement se tendre puis se relâcher. Sa tête roula sur sa poitrine. Affolé, il sortit précipitamment du duvet. Il revint avec de l'eau et sa baguette.
« Enervatum ! »
Son coeur battait à tout rompre. Il avait, dans la petite Fiat qu'ils avaient louée à leur arrivée, des potions que Severus lui avait données pour une pareille occasion. Mais la voiture était à plusieurs heures de marche. Trop loin pour en faire venir quoique ce soit par simple attraction. Heureusement, l'enfant réagit au sortilège et ouvrit doucement les yeux. Ses immenses prunelles, encore plus sombres que la nuit. Il regarda autour de lui avec curiosité, avant de s'arrêter sur le visage de Remus penché sur lui.
« Il est parti ? »
Lupin ne sut d'abord quoi répondre.
« C'est... c'est à toi de me le dire ! »
« Je crois», répondit gravement l'enfant. « Il a eu le temps de tout te dire ? »
« Je pense que oui... l'essentiel en tout cas », le rassura Remus s'efforçant de cacher les tremblements de sa voix.
« Ah... Tant mieux ! Je suis si fatigué... »
« C'est normal, Cyrus... c'est un effort énorme... Bois un peu. On va aller dormir hein ? Ça ira mieux demain.», répondit en vrac Remus.
Il sentait sa gorge le brûler. Cet enfant s'était volontairement mis en danger pour Sirius... pour une voix dans sa tête... pour quelque chose qui devait l'intéresser lui - son père adoptif... Il le prit dans ses bras et le ramena vers la grotte. Le duvet de Cyrus était coincé entre Harry et la paroi. Il tira doucement pour le dégager et le réinstaller au milieu. Il déposa Cyrus dedans et le referma.
« Je vais chercher le mien... je serai à côté de toi comme ça... Ça va aller ? »
L'enfant hocha à peine la tête. Il dormait déjà profondément lorsque Remus revint.
« Dors... dors... mon petit », souffla Lupin la gorge serrée en s'allongeant contre lui.
Toi, comme père. Il se força à fermer les yeux. Une chance incroyable. Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues sans qu'il ne tente rien pour les arrêter. Tout ce que tu auras appris à Cyrus sera en moi. Elles semblaient venir fondre l'énorme pierre qui s'était installer sur sa poitrine depuis près de six mois. Pour toujours...
+++
« On va où déjà ? »
« Ce n'est plus très loin, d'après la carte... après le prochain village... ça s'appelle Nature Hotel ».
Remus conduisait d'un main. De l'autre, il tenait une carte routière turque sur laquelle il essayait de se repérer. Comment font donc les moldus pour se retrouver sur ces petits dessins! , pestait-il intérieurement. Mais conduire le rajeunissait. Ça avait été une idée de Sirius d'apprendre, il s'en souvenait... Et ça avait impressionné les garçons... « Pourquoi tu conduis jamais à Londres ? », avait demandé Harry. « C'est pas aussi drôle », avait-il répondu d'un ton léger. Ça avait fait rire Cyrus.
« Nature Hotel ? Pas très turc comme nom », commenta Harry d'un ton autrement plus maussade.
« Non. pas très... C'est censé être un lieu naturiste : où les gens vivent nus... Certains moldus aiment bien... mais les Moldus turcs... ne s'approchent pas... S'ils s'approchent, de toutes façons, ils voient ce qu'ils veulent voir... »
Remus avait l'impression de s'enliser dans ses explications comme dans l'itinéraire.
« Et on est obligé d'y aller ? »
C'était Cyrus, ça. Il ne leur avait dit que la veille au soir où ils allaient passer leur dernière semaine de vacances communes et depuis ils n'avaient cessé de récriminer. Il avait maintenu le mystère un peu par jeu - il pensait qu'il aurait aimer ça à leur âge - mais aussi parce que lui même n'était pas si pressé de retrouver la civilisation. C'était un tribut versé à l'Ordre du phénix : Il serait joignable la troisième semaine. « Mais en attendant », avait-il insisté, devant le regard soucieux d'Albus et celui réprobateur de Severus, « pour moi, le monde magique peut s'écrouler, les moldus faire sauter la planète... je suis injoignable! » Bien sûr, si Albus l'avait vraiment voulu, il aurait trouver le moyen de le localiser. Mais il avait clairement établi qu'il voulait être tranquille et il s'en félicitait. Il comprenait Cyrus et Harry. Après deux semaines de camping sauvage, un hôtel serait plus formel... même un hôtel de sorciers... Peut-être surtout un hôtel de sorciers ! - songea pour la énième fois Remus. Le monde magique est trop petit pour qu'on ne tombe pas sur quelqu'un qui reconnaîtra Harry Potter ou le directeur de Poudlard ! Il toucha par dérision le petit disque bleu et blanc, sensé éloigner le mauvais oeil qui pendait au rétroviseur - Un vrai ! Pas une de ces répliques moldues en plastique qu'on trouvait dans les bazars. Avec un peu de chance !
Remus se retourna légèrement pour répondre :
« Cyrus, Grand-père Albus et Severus ont besoin de pouvoir me joindre », expliqua-t-il patiemment pour la milliardième fois. « On se lèvera tôt le matin... on ira à la pêche... se promener... quand il fera trop chaud pour être dehors, je travaillerai... et puis il y a une piscine et un mini stade de Quidditch et ... »
« C'est vrai ? », hurlèrent en même temps les deux garçons.
« J'aurais dû le dire plus tôt visiblement », sourit Remus.
+++
« Je suis Remus Lupin »
« Ah, professeur Lupin ! », s'exclama un homme corpulent, vêtu à l'oriental avec un faste digne des milles et une nuits, en se levant du sofa où il se reposait. « Bienvenue dans mon hôtel ! Je suis Metine Bey, votre hôte ! Et, ce sont vos fils ? »
« Oui, le plus grand est Harry et le second est Cyrus »
« Deux garçons ? Bien, bien ! Ils vont se plaire ici ! Et ce sont vos bagages ? »
D'un claquement de doigt, Metine Bey fit apparaître un tapis volant aux dessins compliqués. « Un de ceux que vous interdisez en Grande Bretagne », souligna- t-il. « Vous allez voir comme c'est pratique ».
Il chargea sans efforts les bagages sur le tapis et les invita à le suivre. Le tapis allait à leur vitesse, s'arrêtant en même temps qu'eux à chaque fois qu'ils écoutaient les explications de Metine Bey quant aux décorations magiques qui ornaient les murs, les fontaines parfumées qui trônaient sur chacune des terrasses qui composaient le complexe hôtelier, les volières pleines d'oiseaux multicolores... et les milles et unes merveilles qui faisaient l'orgueil de Metine Bey. Chaque terrasse abritaient des bungalows occupés par les clients de l'hôtel qui les saluaient d'un signe de tête.
« Des sorciers allemands, hollandais, une famille française... On vient de partout chez Metine Bey! », commentait l'homme avec une fierté non dissimulée.
« Et le tapis, on peut monter dessus ?», l'interrompit Cyrus qui n'avait pas quitté leur porte bagage des yeux depuis le début de la visite.
« Cyrus... », soupira Remus.
« Mais si... bien sûr... les enfants sont tous les mêmes :»
L'hôtelier avait à peine fini de prononcer ces mots que Cyrus avait déjà escalader la pile de bagages. Harry leva des yeux pleins d'espoir vers son père qui haussa les épaules avec philosophie. Ça ne le dérangeait vraiment pas de voir Harry rester très enfant par certains côtés. Il espérait seulement que la vie les préserverait encore un peu ! Quand tous les deux furent installés, Metine Bey reprit sa visite guidée.
« Je vous ai installés sur la prochaine terrasse... Vous aurez une belle vue sur la mer ! Ah, voici le bungalow d'une autre famille anglaise ! Vous les connaissez peut-être : les Diggory.»
L'estomac de Remus sursauta - autant pour les porte-bonheur ! Mais Harry avait tendu l'oreille:
« Diggory ? Comme dans Cédric Diggory ? », questionna-t-il la mine ravie.
« Cédric, dis-tu ? », réfléchit l'hôtelier, « Oui, je crois que c'est le nom du garçon... mais les voilà, ils doivent revenir de la plage ! »
(version2)
Cédric, une serviette sur l'épaule, marchait en tête. Amos Diggory venait dernière et conversait avec une petite sorcière qui avait l'air d'être restée trop longtemps au soleil, - sans doute sa femme, Remus ne l'avait jamais rencontrée. Cédric s'arrêta brusquement en reconnaissant le petit groupe qui accompagnait Metine Bey. Les deux garçons lui firent des grands signes.
« Professeur ? », salua Cédric visiblement surpris.
« Bonjour Cédric... tu passes de bonnes vacances ? », répondit Lupin aussi chaleureusement que possible. S'en est définitivement fini de notre tranquillité, songeait-il amèrement. Amos Diggory était un politique, un homme de réseaux et d'influence ; c'était un peu comme partir en vacances avec le Ministère et toutes ses intrigues ! D'ailleurs, il arrivait déjà sur eux à grandes enjambées
"Ça alors ! Le directeur de Poudlard en personne ! Et toi qui te plaignait, Sonia, qu'il n'y ait personne à fréquenter dans cet hôtel ! », s'exclama Diggory en se tournant vers sa femme qui les rejoignait plus lentement avec un sourire timide qui ressemblait trait pour trait à celui de son fils. « Bienvenu professeur ! »
« Merci », répondit poliment Remus mais il eut l'impression que Harry et Cyrus doutaient tous les deux de sa sincérité à la manière dont le premier remontait ses lunettes et le second penchait la tête sur le côté en le regardant.
« Vous vous connaissez ? Très bien, très bien ! », se félicita Metine Bey.
« Oui, c'est le directeur de l'école de mon fils - une excellente école pour des élèves hors du commun », expliqua Amos en posant fièrement sa main sur l'épaule de Cédric qui sembla vouloir disparaître sous terre.
« Papa », protesta-t-il doucement
« Quoi ? Ai-je tort, professeur ? » s'enquit encore Amos.
« Non, bien sûr, M. Diggory », acquiesça Remus clairement amusé, « Cédric compte parmi nos meilleurs élèves. »
« Tu vois! Je suis vraiment content de vous rencontrer professeur ! Cédric parle beaucoup de vous et de vos... « fils »... Alors qui avons nous là..? Ce grand garçon à lunette... c'est Harry Potter, n'est-ce pas ? »
Harry ne sut rien faire d'autre que se figer - et il eut l'impression que le monde entier autour de lui faisait de même. « Harry Potter ». Metine Bey le contemplait avec surprise. Cédric avait l'air encore plus gêné. Une lueur de colère s'était allumée dans les yeux de Remus. Cyrus l'observait avec cette curiosité franche qui le caractérisait. Lui sentit une boule venir lui bloquer la gorge. C'était comme être brutalement quelqu'un d'autre. Il savait qui était Harry Potter-Lupin - Remus devait souvent lui rappeler d'utiliser son nom complet. « Tu ne peux pas nier ton héritage, Harry. Les gens ne comprendraient pas et toi, tu aurais tort ». Mais qui était « Harry Potter » ? Qu'est-ce que les gens attendaient de lui ? Il se sentait démuni.
Heureusement son père venait déjà à sa rescousse.
« Voici en effet mes deux fils, Harry et Cyrus », expliqua-t-il un peu sèchement. « Maintenant, si vous le permettez, nous allons aller nous installer... nous nous reverrons sûrement » Le ton de sa voix indiquait qu'il n'y tenait pas particulièrement et Amos Diggory se rembrunit. «Bonne après-midi. Cédric, Mme Diggory, Monsieur », finit-il en se tournant vers Metine Bey. Celui-ci se secoua et leur indiqua d'un geste ample la direction à suivre. Quand ils s'éloignèrent, Harry vit clairement Cédric lui lancer un regard d'excuse. Il se força à lui sourire. Cédric n'y était pour rien.
+++
Quand ils entrèrent ce soir là dans le restaurant de l'hôtel, Amos Diggory fondit sur eux avant même qu'ils n'aient eu le temps de s'installer.
« Je viens m'excuser, professeur Lupin. Je n'ai pas réféchi... Je comprends que vous cherchiez à préserver votre tranquillité... Ce sont les vacances après tout ! Cédric était furieux contre moi... Pour nous faire pardonner, acceptez de dîner avec nous..? Entre compatriotes!»
Remus hésita un instant puis décida d'aller à l'encontre de son instinct qui lui criait de fuir. Diggory travaillait au Ministère, il côtoyait des gens influents. Il y avait peu de chance que leur rencontre reste secrète. Autant qu'Amos ne puisse pas faire étalage de leur mauvaise volonté!
« Pourquoi pas... qu'en dîtes vous les enfants ? »
Harry comme Cyrus entendirent que ce n'étaient pas une question mais une mise en garde. Ils devaient accepter. Amos Diggory se félicita bruyamment de leur accord et les conduisit vers sa table. Sonia Diggory et Cédric se levèrent pour les accueillir avec un sourire gêné qui semblait implorer leur pardon. Les trois garçons se regroupèrent à une extrémité de la table, Remus fit le lien entre les deux pôles en s'asseyant à côté de Cyrus - qui soupira légèrement. Mme Diggory s'enquit de leurs vacances. Cyrus expliqua immédiatement, à grands renforts de gestes, combien il avait adoré le camping sauvage. Lupin pouvait dire combien les Diggory étaient surpris et il s'en félicita. Ça ne le dérangeait pas du tout de passer pour un original - un doux rêveur. D'une certaine manière, cette image le protégeait, pensait-il.
La dîner se déroula ensuite sans heurts. Diggory faisait visiblement attention à ne pas froisser Lupin d'une manière ou d'une autre - par exemple en attaquant Dumbledore. Remus le vit clairement se retenir de critiquer nommément le directeur de la Coopération magique. Ils parlèrent de Poudlard et des options que Cédric devrait choisir à la rentrée. Diggory ne put s'empêcher de regretter que le professeur Lupin n'assure les cours de défense contre les forces du mal que pour les trois dernières années. Remus fit semblant de ne pas entendre la critique contre Quirrell - qu'il partageait pourtant pleinement. Sonia Diggory prit soudain l'initiative de demander si Harry entrait cette année à Poudlard.
« Eh bien, nous allons voir s'il reçoit sa lettre », répondit pour lui Remus en souriant.
« Allons, professeur, ne me dites pas que le directeur ne sait pas QUI entrera à Poudlard cette année ! »
« Eh bien, M. Diggory », expliqua Lupin, « Je n'en aurais la certitude que quand je signerai les lettres d'admission. »
« Vraiment ? Mais comment cela se passe-t-il exactement ? », s'intéressa Mme Diggory.
« Ah ça », répondit malicieusement Remus. « C'est un des mystères de Poudlard... et ça doit rester ainsi ! Pour être tout à fait franc, ce sont ces mystères qui font que je suis si heureux d'être à Poudlard ! ». Et voilà, allez répéter ça à vos amis !
« A propos de mystères », rebondit Amos Diggory avec une curieuse agitation. « Que pensez-vous de cette histoire d'animaux magiques rapportée par la Gazette des sorciers ? »
« D'animaux magiques ? », questionna Remus calmement malgré le rythme plus rapide que venait de prendre son coeur. Son instinct lui disait qu'on sortait maintenant du cadre de la conversation mondaine.
« Oui, ces animaux magiques qui seraient apparus à Azkaban », expliqua Sonia Diggory nourrissant son inquiétude.
Azkaban. Harry, Cyrus et Cédric avaient cessé brusquement de parler. La forteresse était un lieu dont on ne parlait pas légèrement. Remus en profita :
« Comme Cyrus vous l'a raconté, nous avons vécu en sauvages. Racontez moi ça ! » commença-t-il d'un ton badin. Mais avant que l'un des deux Diggory n'ait pu le faire, il ajouta, se tournant vers ses fils: « Finissez donc vos assiettes, vous deux ! »
Harry comprit le message - Remus voulait qu'ils sortent de table -, mais Cyrus, moins entraîné que Harry à cet exercice, demanda d'une voix plaintive: « Même les légumes ? »
« Oui même les légumes, Cyrus. Allez ! Difficile retour à la civilisation », commenta-t-il pour Sonia Diggory qui l'observait. Elle lui sourit et allait visiblement ajouter quelque chose quand son mari, visiblement peu désireux de lâcher ce sujet, reprit :
« Eh bien, Skeeter insinue depuis un mois que des choses se passent à Azkaban et que le Ministère les cache... »
« Skeeter ? » Le ton de Lupin était clair. Quel crédit pouvait-on accorder à le venimeuse Rita Skeeter ?
« Je vous accorde qu'elle invente beaucoup... Mais il n'y a jamais de fumée sans feu », répondit Diggory avec assurance. « Si on lit entre les lignes, on comprend qu'elle pense que certains prisonniers auraient été remplacés par des animaux... »
« Des animaux ! ?», s'exclama Cyrus, se levant de sa chaise d'excitation. « Quels animaux?»
Harry et Remus échangèrent un regard furtif. Le ton et l'intérêt étaient crédibles, mais si la mémoire de Sirius se réveillait brutalement... au rappel d'événements trop forts émotionnellement, nul ne savait ce qui se passerait ! Lupin le rassit donc de force.
« Jeune homme, tes légumes t'attendent ! », commenta-t-il très sérieusement comme si c'était ce qui arrivait le plus haut sur son agenda à ce moment-là. Mais c'était tout autant un moyen d'éloigner Cyrus de cette conversation et de gagner du temps face aux Diggory. Ce qui allait venir était trop clair. Pas de fumée sans feu.. « Tu veux que je te les réchauffe ? », proposa-t-il plus doucement, au jeune garçon qui semblait en effet prendre sa réaction très au sérieux .
Comme Cyrus acquiesçait, il s'exécuta. Un père modèle, n'est-ce pas Sonia ? se moqua-t-il intérieurement. Quelle comédie ! Les Diggory attendirent patiemment. Ils étaient des parents eux- aussi, ils connaissaient ces moments-là...
« Vous disiez ? », s'enquit aimablement Remus en se retournant quelques secondes plus tard vers eux.
« Je vous parlais de ces rumeurs sur Azkaban », commença Diggory.
« Ah oui... », commenta prudemment Remus. « Des animaux, disiez-vous ? »
« Oui des animaux ! Ils auraient retrouvé des animaux en lieu et place de certains prisonniers. »
« On ne sait pas combien », ajouta nerveusement Sonia Diggory. « Imaginez un peu, avec tous ces malades qui y sont détenus ! Imaginez que ce soient... »
« Les Lestrange », proposa Remus dont le coeur accélérait dangereusement.
« Oui... ou cet horrible Sirius Black ! », renchérit Mme Diggory en frissonnant.
Harry lâcha bruyamment sa fourchette à la mention du nom de son parrain. Il rougit aussitôt, furieux d'embarrasser son père à un moment aussi crucial. Mais Remus sut tourner l'incident à son avantage. Devant les Diggory médusés, il se leva d'un bond pour aller prendre son fils par les épaules :
«Ne t'inquiète pas Harry ! Ce ne sont que des rumeurs...Je suis sûr que Black est bien gardé!», affirma-t-il d'un ton rassurant.
Harry lui lança un regard éperdu avant de comprendre qu'il jouait la comédie. Il opina lentement de la tête cachant son visage contre son père.
« Vous avez assez mangé », ajouta doucement Lupin. « Pourquoi n'allez vous pas voir ce qu'il y a dans cette salle de jeux que nous avons vu à l'entrée du restaurant ? »
Cyrus sauta de sa chaise immédiatement - peut-être pour échapper aux légumes. Remus se tourna vers Cédric : « Je peux te les confier ? »
Le jeune Serdaigle acquiesça gravement, se levant à son tour. Une fois de plus, il lança un regard d'excuse à Harry qui ne sut que lui sourire en réponse. Remus se pencha de nouveau vers lui et lui murmura :
« Pardon... je n'ai pas eu d'autre idée... »
Harry lui sourit bravement et s'éloigna avec les deux autres garçons. Lupin se retourna, le regard sévère, vers les Diggory qui préparaient déjà leurs excuses.
++++
Remus regardait sur la terrasse de leur bungalow le soleil se lever. Encore une nuit blanche. Il n'avait pas réussi à dormir. Pas même une minute. L'inquiétude qui l'étreignait l'interdisait totalement. Pouvons-nous encore fuir ? - se demanda-t-il avec angoisse. Non. Ce serait un aveu... à moins de faire croire que Sirius nous a enlevé ou supprimé... trop tard... trop compliqué à monter seul ici... Il soupira. Il n'arrivait pas à décider quoique ce soit. A croire que sa petite comédie devant les Diggory hier soir l'avait vidé de toute substance.
Il avait tenu le coup jusqu'à dix heures du soir - heure normale pour aller coucher des enfants de dix ans. Il avait gardé une prudente réserve quant à l'histoire elle- même. Il attendait la confirmation du Ministère. Mais les Diggory avaient été trop gênés d'avoir provoquer des réactions violentes chez Harry deux fois en quelques heures pour insister vraiment.
« Il a l'air très sensible », avait dit Sonia Diggory.
« Oui. Il va devoir s'endurcir... Il a déjà fait beaucoup de progrès », avait répondu Remus, les sourcils froncés pour d'autres raisons.
Cyrus avait expliqué en se couchant qu'il avait bien compris de quoi ils avaient parlé au dîner et qu'à aucun moment IL ne lui avait parlé dans sa tête. Remus ne savait pas sur quoi mettre ce silence. Sirius lui avait parlé quelques jours plus tôt. Il n'avait pas l'air de s'effacer... Peut- être pensait-il que Cyrus réagirait mieux seul... Et a priori, il a sans doute raison, estima Lupin. Harry avait semblé plus inquiet mais il ne s'était pas réveillé cette nuit... Tant mieux, songea Remus. J'aurais pas eu grand chose de plus à lui dire !
"Albus et Severus vont nous tenir au courant. Nous savions tous que ça allait arriver un jour... Ce n'est pas le moment de se paniquer... Personne ne peut savoir ce qui s'est passé..." Il avait déjà tout dit aux deux garçons pour les endormir. Il espérait seulement que ce soit aussi simple !
Une forme encapuchonnée apparut sans bruit sur la terrasse. Un Djiin de maison. Sur ses épaules deux grands ducs étaient perchés. Ils transportaient chacun de gros rouleaux de parchemin. L'un portait les insignes de Poudlard.
« Votre courrier, Professeur. »
« Oh merci »
Les deux oiseaux se posèrent sur son bras tendu ,et la forme disparut aussi furtivement qu'elle était arrivée. Remus trouva dans le bungalow des fruits pour récompenser les deux messagers. Les mains un peu tremblantes, il déroula le premier parchemin.
« M. Le directeur.
Vous trouverez ci-joint quelques courriers que nous a adressé le ministère ainsi que la copie de ma réponse... »
Il sourit. Le style de Severus ne changeait jamais. Il prit une petite fiole et versa le contenu sur le papier révélant alors le vrai message qui lui était adressé.
« Désolé d'interrompre tes vacances... Tu as dû lire le journal Le Ministère m'a convoqué pour une expertise. Ils cherchent à comprendre s'il y a eu usage de potions. Rien de plus précis. Je viendrais t'attendre à Londres. S. »
Heureusement que les Diggory l'avaient mis au courant la veille ! Toujours paranoïaque, Severus !
Il déroula le second parchemin et ne prit pas la peine de lire le message officiel de Dumbledore. Il regarda apparaître les lettres avec fascination sous l'action de la potion. Comme Rogue, Albus avait pris soin que son deuxième message reste suffisamment évasif. Ils sont inquiets quand même, nota Remus, pour être aussi prudent !
« Cher Remus. Si vous n'avez pas lu la Gazette, sachez que nos amis ont adopté un gentil rat noir. Il a six mois et se comporte très sagement. »
Alors comme ça, c'est un rat qui avait pris la place de Sirius. Lupin apprécia l'ironie.
« J'ai commencé les préparatifs pour l'anniversaire d'Harry. Onze ans déjà! J'ai hâte de fêter cela. Vous rentrez bien la semaine prochaine, n'est-ce pas ? »
Remus nota le rendez-vous. Je ne dois pas me presser de rentrer , comprit- il aussi. Comme vous voulez !
« Je profite aussi de cette lettre pour vous transmettre les remerciements des Aurors de Sofia pour vos conseils. Ils ont la preuve qu'ils ont à faire à une résonance psychique. Le professeur Quirrell est parti les assister. Je pense que nous devrons bientôt leur rendre visite nous aussi... »
Ainsi il avait eu raison. Il n'en était pas spécialement heureux. La seule résonance psychique capable de faire de tels dégâts à laquelle il pouvait penser était celle de Voldemort. Il frissonna malgré lui. La rentrée n'allait pas être calme !
ooooo
Version corrigée en octobre 2010. Merci Dina.
Bon. J'aime pas le père Diggory, je reconnais. M'avait énervé dès le début du tome 4... J'espère qu'il n'a pas un fan club !
Puis fallait en finir : sont bêtes les gens du Ministère mais quand même !
La suite ? La suite s'appelle « Fantômes, ectoplasmes et autres résonances ». Si, si.
