Entre Lune et Étoile

Disclaimer : Les 5 tomes, les 5 tomes, les 5 tomes
La version initiale avait bénéficié des critiques de Nana, des remarques de Camille et des questionnements d'Alana, ce texte - Trois relectures, quel luxe déjà ! La version révisée en novembre 2010 profite aussi de la disponibilité de Dina.

31 - Commencements

Enfin.
Enfin, je suis à Poudlard.
Là où tout a commencé, là où tout finira.

J'y veillerais.

Je suis à Poudlard.
Ses tours, ses donjons, ses secrets…
Son air de magie blanche, ses possibilités de magie noire.

Comme avant.

N'est-ce pas un signe d'ailleurs que Dumbledore fasse garder son sanctuaire de magie blanche par une créature du mal ?

Ah, ah, ah, ah !
Même Dumbledore…

Je suis à Poudlard et je vais revivre !
Ce n'est qu'une question de temps.
Onze ans déjà que j'attends ce moment, je saurai être patient…

Je suis à Poudlard.
Et ce n'est qu'un début.

Bien sûr, ce n'est pas encore le triomphe.
Mais il viendra.

Bien sûr, mes anciens admirateurs ne le savent pas encore.
Mais ils resteront confondus de ma puissance retrouvée. !

Bien sûr, mes ennemis dorment encore en paix.
Ça ne durera pas.

Bien sûr, beaucoup ont trahi…
Ils en connaîtront le prix…

Bien sûr, ceux qui m'ont aidé ne sont que peu de chose !
Un homme-rat qui a tout perdu et un petit professeur présomptueux et peureux…
Mais il ne faut jamais négliger les petites choses !

Ne m'ont-elles pas permis de survivre pendant onze ans dans l'obscurité des forêts d'Europe ?
N'ont-elles pas donné leur vie pour moi ?

La chose qui m'a abattu n'avait-elle pas à peine un an de vie ?
La chose qui me rendra ma puissance ne tient-elle pas dans une simple poche ?

Non, commençons par les petites choses, les grandes suivront.

Je suis de retour à Poudlard.
Tout est donc possible !

oo

"Il sera à Poudlard demain soir, Cyrus", essaya Remus.

L'enfant lui tournait le dos et regardait depuis une heure par la fenêtre, quasiment depuis qu'ils étaient revenus de chez les Weasley en y laissant Harry pour qu'il prenne le Poudalrd Express avec ses amis.

"Mais ça ne sera jamais plus comme avant", répondit Cyrus sans tourner la tête. La voix était un peu chevrotante, sans doute pas de larmes mais beaucoup de tristesse.

"Non", reconnut Remus, partagé entre l'envie de consoler le plus jeune, reconnaître les besoins d'autonomie du plus grand et affronter lui même le changement. Mentir n'aiderait personne.

"C'est nul", décida Cyrus avec colère, donnant un coup de pied au mur pour bonne mesure.

Remus chercha ce qu'il pourrait dire qui changerait quoi que ce soit pour son plus jeune fils et ne trouva pas. Il savait qu'ils avaient trouvé un équilibre à trois qui était maintenant remis en cause par le départ de Harry. Lui-même ne savait pas s'il saurait vivre seul avec Cyrus, avec ce qu'il représentait. Bêtise, se gronda-t-il. Tu ne vas pas faire comme lui et chercher midi à quatorze heures. Au contraire, c'est une chance pour Harry de prendre un peu de distance, un chance pour moi et Cyrus de travailler sur la mémoire de Sirius : une chance d'aller de l'avant !

"Bien, va mettre une robe de sorcier, il va être l'heure d'aller dîner", lança-t-il donc d'une voix la plus égale possible.

"Dîner ? En bas ?", demanda Cyrus avec une pointe d'horreur dans la voix.

"C'est le programme", reconnut Remus, anticipant déjà les protestations.

"C'est nul", répéta Cyrus. "Je reste ici."

"En aucun cas", établit Remus sans élever la voix. L'enfant le regarda, visiblement testant la solidité de sa décision, et il lui sourit pour essayer de dédramatiser la situation.

"Non ?", questionna plus timidement Cyrus.

"Tu ne resteras pas là, tout seul, à pleurer sur ton sort. Tu viens dîner : tu ne t'ennuieras pas autant que si tu restes ici. On remontera après tous les deux ; je ferai un jeu avec toi", proposa Remus.

"Un jeu ?"

"Tu peux même choisir", ajouta l'adulte magnanime.

Cyrus eut l'air de se demander où était le piège, et Remus décida d'en rire ouvertement :

"Va vite te changer avant que je ne trouve un programme moins sympathique !", l'asticota-t-il.

"Une bataille explosive ?", vérifia l'enfant.

"J'ai dit que tu choisissais", répéta l'adulte. "Mais dépêche-toi !"

Quelques minutes après, ils descendaient l'escalier ensemble. Plus proche de son comportement habituel, Cyrus lui racontait maintenant les parties acharnées de cache-cache qu'ils avaient organisées au Terrier. Ginny et lui avaient gagné plusieurs fois en se cachant dans l'atelier d'Arthur.

"Et personne ne vous y a trouvé s?", interrogea Remus quand il eut surmonté sa surprise. Il savait ce que contenait l'atelier d'Arthur. L'idée de Ginny et Cyrus fourrageant dans des stocks d'objets moldus inconnus ou pire modifiés magiquement n'était pas réellement rassurante.

"Ben , non, Ginny avait raison : personne n'est allé voir", expliqua Cyrus avec satisfaction.

"Et pourquoi ?", questionna encore Remus.

"Je ne sais pas", répondit Cyrus avec l'hésitation qui marquait le mensonge.

"Ne serait-ce pas parce qu'il est formellement interdit aux enfants d'entrer dans cet atelier ?" insinua Remus sans réellement afficher sa réprobation.

"Je ne sais pas", répéta Cyrus en baissant les yeux.

"Je ne te crois pas", répondit platement Remus, maintenant à distance sa colère naissante. Il n'avait jamais eu beaucoup de patience pour le mensonge, mais il tenait à laisser une chance à Cyrus.

"On a rien touché", tenta l'enfant, indiquant qu'il avait conscience de la nature du problème. Peut-être que Ginny l'avait prévenu, imagina Remus, mais il restait à éviter la répétition du risque.

"Si jamais une autre fois vous touchiez quelque chose, ou si jamais Molly et Arthur vous prenaient là où vous n'avez aucun droit d'aller, vous passeriez beaucoup de temps sans vous revoir, Ginny et toi", menaça Remus sans élever la voix.

L'amitié entre "les deux petits derniers" comme les appelait Molly n'avait cessé de croître durant l'été. Celle-ci avait déjà proposé à Remus de prendre régulièrement Cyrus chez elle pour qu'ils jouent ensemble et se sentent moi seul après le départ des "grands". Et la perspective était la seule chose qui avait amené un sourire sur le visage de Cyrus quand il était allé le chercher.

"On ne le refera pas", promit Cyrus comme Remus le regardait avec insistance, il ajouta : "Juré, Papa, juré !"

"Je m'en souviendrai", indiqua l'adulte avant de lever la tête pour observer la moitié de son équipe qui se pressait déjà autour de la table dressée comme pour Noël au milieu de la grande salle et non sur l'estrade. "Ah, vous êtes presque déjà tous là !"

«Harry est resté chez les Weasley ?», constata simplement le maître des potions en se retournant pour les saluer.

"Il prend le Poudlard express demain avec eux", confirma Remus.

"Il doit être très excité", jugea Flitwick.

"Comme il se doit !", admit le directeur de Poudlard, avec un sourire.

"Pourtant il sait plus que d'autres à quoi s'attendre", remarqua Pomona.

"Je ne crois pas que ça enlève beaucoup à son excitation", estima Remus, avec un coup d'oeil pour Cyrus qui lui parut de nouveau fermé et lointain. La diversion risquait de faire long feu si la conversation restait bloquée sur Harry !

"En tout cas, en voilà un qui ne fera pas exploser vos chaudrons, professeur Rogue", renchérit la professeur de botanique avec un petit rire.

"Il lui reste énormément de choses à apprendre", intervint Remus. "Il connaît effectivement beaucoup de théories pour son âge, mais il n'a pas tant de pratique que ça en dehors des potions !"

"Comment Remus, vous n'avez pas passé le mois d'août à lui apprendre comment lancer des sorts à ses petits camarades et enchanter les craies des professeurs ?", s'étonna Flitwick avec bonhomie.

"Vous avez bonne mémoire, Filius", jugea Remus avec un nouveau coup d'oeil pour Cyrus pour voir si Sirius lui donnait les sous-titres manquants.

"Enchanter des craies pour faire quoi ?", questionna l'enfant avec intérêt.

"Chanter des chansons à boire", répondit Minerva l'air partagée entre la réprobation et la nostalgie.

"Un joli résultat pour quatre première année, dont ton Papa et James Potter", indiqua le professeur de Sortilèges.

Remus craignit un instant que Cyrus ne demande si Sirius y avait participé, mais l'enfant dut décider de lui même que ça ne pouvait être que ça. A moins que Sirius n'ait apporté la réponse mais Remus avait l'impression que ce n'était pas le cas.

"Papa a dit à Harry qu'il ne devait jamais attaquer quelqu'un", commenta l'enfant, indiquant plutôt un Cyrus totalement aux commandes.

"Vous lui avez bien appris des sorts", constata Minerva sans réelle réprobation.

"Des choses basiques", répondit Remus, gêné par le regard d'obsidienne de Severus. "Lumos, Leviosa...- rien que vous n'aurez pas revu les trois premières semaines."

"Même pas un jambencoton ?", s'étonna ouvertement Pomona.

"Hem, il est possible qu'il en ait entendu parler", s'empourpra Remus.

"D'où l'interdiction d'attaquer les autres", souligna Flitwick - il y avait de l'approbation dans sa voix.

"Ainsi que le rappel qu'il ne doit pas abuser des passages et de sa connaissance du château pour échapper au règlement", ajouta Remus - Minerva et Severus avaient été là à cette discussion.

"Pauvre Harry", décida alors Cyrus en secouant la tête avec sincérité et prenant tous les autres par surprise.

Quand le rire des adultes se fut calmé. Severus se tourna vers lui :

"Et notre jeune monsieur Lupin, comment envisage-t-il cette nouvelle année scolaire ?"

Cyrus ouvrit des yeux tellement surpris que Remus se sentit obligé de le représenter :

"Je crois que le professeur Rogue voudrait savoir si tu comptes continuer à apprendre à faire des potions, Cyrus", expliqua-t-il.

"Ce n'est pas prévu ?", s'étonna l'enfant avec une sincérité qui paraissait impossible à feindre.

"Je crois que ça répond à votre question, professeur Rogue", sourit Remus.

"Il aurait été dommage de s'interrompre maintenant", commenta le maître des potions. "Pas après des débuts relativement prometteurs..."

Personne, enfant ou adulte, ne jugea bon de commenter sur ce que tous savaient un compliment rare.

ooo

«Ce soir je serai à Poudlard !»

Harry ne pouvait plus dormir depuis longtemps. Il avait déjà vu l'aube et l'aurore se succéder par la petite fenêtre de la chambre de son ami Ron.

«Ce soir, je saurai dans quelle maison je serai. Je participerai au festin jusqu'à la fin… Je ne serai plus spectateur… Ce soir… »

Comment Ron faisait-il pour dormir?

Il sentait son cœur battre la chamade d'excitation.

Dans quelques heures ils allaient prendre le Poudlard Express… puis ils prendraient les calèches tirées par les Sombrals - Harry ne les avait jamais vus, mais Hagrid les lui avait décrits et fait sentir… Ils traverseraient le lac en barque, écouteraient le discours de Minerva, la chanson du Choixpeau, le discours de Remus, se régaleraient du menu de fête de la rentrée… Rien que de penser à tout cela, il n'en pouvait plus d'attendre !

Plus encore, ce soir, il saurait sa maison pour les sept années à venir. Serait-il à Gryffondor ?
Quand il avait exprimé tout haut cette question qui le hantait tout bas depuis des semaines, son père avait souri…mais n'avait rien dit ! Harry l'avait alors franchement détesté ! Il convenait, ce matin, qu'il n'aurait pas pu faire autrement… Remus ne mentait pas, jamais - en tout cas, il ne lui avait jamais menti.

Pourrait-il être ailleurs qu'à Gryffondor ?
Ses parents, son parrain, son père adoptif avaient-ils été autre chose que des Gryffondors ?
Cyrus, lui, avait affirmé que s'il était ailleurs, il mourrait de honte et ne serait plus son frère !
« Typique ! » - songea Harry avec un petit sourire affectueux.

Il laissa ses pensées vagabonder un instant vers celui que depuis huit mois, il avait appris à considérer comme son petit frère – et pendant ces deux semaines parmi la fratrie Weasley, ils avaient pu vérifier que leurs relations n'avaient rien de bien différent. Ils pouvaient se disputer, ils pouvaient se jalouser, se provoquer et même se battre, ils se retrouvaient automatiquement unis dans l'adversité…Ils se comprenaient souvent sans parler…

Harry savait que les probabilités étaient fortes qu'un jour prochain, il perde ce petit frère… et il préférait ne pas y penser. Il savait qu'il lui manquerait. Quoi qu'ait pu dire Cyrus le jour où il s'était enfui dans le chemin des Embrumes, Harry ne souhaitait pas particulièrement le retour de son parrain – même s'il devait reconnaître que ce serait lui rendre justice. Leur brève rencontre chez Dumbledore lui avait laissé un goût amer. C'était peut-être de sa faute – pourquoi avait-il été si agressif avec lui ? Il savait qu'il ne lui avait pas laissé la chance de le connaître. Mais il n'arrivait pas à savoir ce qu'un parrain lui apporterait.

Cyrus serait-il toujours dans son esprit ? C'est ce que prétendait Remus. Harry soupira, réalisant que ses questions étaient un peu vaines : nul ne savait si on retrouverait Peter Pettigrew… Ça ne servait pas à grand-chose de s'inquiéter comme cela - C'était encore ce que disait Remus.
« Quoi qu'il arrive Cyrus restera toujours l'un de mes plus beaux souvenirs », décida-t-il, essayant de clore le sujet définitivement.

Était-il si vieux qu'il avait déjà des souvenirs ? Quand Remus – revenant de Bulgarie avec la visible et ferme intention de ne rien dire de ce qu'il y avait fait ! « Typique ça aussi », estima Harry avec moins d'affection – était venu chercher Cyrus hier soir et lui amener son uniforme, il avait eu un petit pincement au cœur. C'était plus que la fin de deux semaines de vacances chez les Weasley, c'était la fin de son enfance.
Indubitablement.

Mais c'était aussi le début… le début de la vraie vie, se promit Harry.
Quand ce réveil allait-il donc sonner ?

+++
King's Cross n'était pas une petite gare.
Non.

C'était un des plus grands endroits moldus que Harry ait eu l'occasion de fréquenter… avec l'aéroport d'Heathrow se souvint-il brusquement. Mais le bâtiment moderne n'avait pas la majesté de King's Cross. Cette gare, avec ces colonnes victoriennes et ses verrières ouvragées, était un digne point d'entrée pour Poudlard.

Mais la tribu Weasley et lui n'avaient pas beaucoup d'intérêt pour l'architecture en cet instant. Ils couraient à en perdre l'haleine dans la gare, poussant devant eux de lourds chariots de bagages et bousculant les moldus qui se trouvaient sur leur passage. Ils étaient en retard.
« Comme d'habitude ! », avait philosophé Fred.
« Bien sûr! Et toujours à cause des mêmes », avait grincé Percy.
Molly ne cessait de leur demander de se taire.

Harry n'avait qu'un petit sac à dos. « Non, Harry, non. Tu ne vas pas TOUT trimballer chez les Weasley et tout ramener ici, enfin ! Prend ta baguette… un ou deux livres – pour ce que tu vas les ouvrir! – et ça suffira ! », avait insisté Remus avant leur séjour au Terrier. Il regardait donc avec une certaine ironie les Weasley essayer de maintenir leurs chargements hétéroclites sur les chariots moldus – mais après tout, Ron avait refusé qu'il l'aide à pousser le sien ! C'est peut-être pour ça, parce qu'il avait l'esprit libre, qu'il surprit la conversation d'une famille à sa gauche.

« Mais si Papa, c'est LE bon jour, LA bonne gare… C'est juste qu'on ne regarde pas bien ! », disait une fille avec une voix qui se voulait raisonnable.

« Hermione, ça fait une heure qu'on cherche ! Dans cinq minutes, ce soi-disant train sera parti. Il n'y a pas de voie 9 3/4 », répondit un homme avec une pointe de tristesse.

« Papa, tu disais la même chose, et on a fini par TROUVER le Chemin de Traverse ! »

9 ¾ ? Traverse ? Pas beaucoup de doutes à avoir ! - songea Harry. Il se retourna vers la famille. Un couple encore jeune et une fille de son âge poussaient, sans but, un chariot qui semblait bien contenir tout le matériel recommandé pour une première année à Poudlard. Harry se décida :

« Excusez-moi, je peux peut-être vous aider », commença-t-il timidement.

Le trio le regarda avec une certaine stupeur, accentuant ainsi son hésitation.

« Nous aider ? », s'enquit finalement la mère. « Nous aider à quoi, mon garçon ? »

« A…à trouver la voie 9 ¾», expliqua toujours timidement Harry.

Qu'est-ce qui lui avait pris de s'occuper de gens qu'ils ne connaissaient pas, cinq minutes avant le départ du train ! Instinctivement, il tourna la tête pour se rendre compte que les Weasley avaient presque disparu dans la foule.

« Tu sais où c'est ? », s'enquit la fille châtain avec des yeux noisette pleins d'espoir.

« Oui. »

« Harry ! Harry ! Mais que fais-tu mon petit ! Tu vas rater le train ! Que dirait ton père ! »

Tout le monde se retourna vers la voix : Molly revenait en courant vers eux.

« Madame Weasley, cette fille cherche la voie 9 3/4 », expliqua précipitamment Harry.

«Oh, tu rentres à Poudlard, toi aussi ?», interrogea Molly avec gentillesse. «Bien ! Vite, Vite ! C'est par là : Entre la voie 9 et la voie 10.»

Madame Weasley les mena tambour battant devant le pilier qui menait à la voie du Poudlard Express. Fred et George étaient déjà passés. Percy râlait qu'on avait rarement vu un nouveau préfet en retard. Ron levait les yeux au ciel tout en changeant de fois pour la quinzième fois son balai de place – Les premières années pouvaient emmener leur propre balai après un test qui aurait lieu quinze jours après la rentrée. C'était une des réformes qu'avait introduit Remus en devenant directeur. Les jumeaux se plaignaient qu'elle était arrivée une année trop tard !

« Vous êtes des Moldus, n'est-ce pas ? », demanda Molly aux parents d'Hermione pendant que ses deux derniers fils entraient sur le quai invisible.

« Des quoi ? », s'enquit le père avec une pointe d'inquiétude.

« Des gens sans pouvoirs magiques », traduisit Harry presque malgré lui.

« Heu, oui, seule Hermione… », admit la mère un peu livide.

« Oh… Alors vous ne pourrez pas aller plus loin, j'en ai peur », les coupa Molly visiblement désolée. « Enfin aujourd'hui, je n'ai pas le temps de vous faire passer… Ils vont rater le train ! Une autre fois, je vous promets ! Harry aide Hermione ! Passez une bonne rentrée et écrivez-nous vite ! Filez, filez ! Vite, le train va partir! »

Harry empoigna le chariot d'Hermione d'une main et la manche de la jeune fille de l'autre et lui dit: « Cours, ne pense à rien, cours ! Et si tu as peur, ferme les yeux ! »

La mère d'Hermione fit bien un geste pour arrêter sa fille au moment où ils touchèrent le mur, mais ses cris disparurent en même temps que retentit le sifflet du Poudlard Express qui appelait les retardataires.

oooo

Dans le train, ils eurent du mal à trouver des places libres. Percy les quitta le premier en rejoignant le compartiment réservé pour le wagon des préfets.

« Ils devraient garder cette bonne habitude toute l'année », commenta George en reprenant son avancée dans le train bondé. « Laisser les préfets entre eux, et nous épargner leur mauvaise influence ! »

« Tout à fait, George ! Tu devrais en parler à ton père », proposa Fred à Harry qui le suivait.

« Je suis sûr qu'il apprécierait l'idée à sa juste valeur», faillit-il répondre avec sincérité, mais finalement il se contenta de sourire.

« Fred, George, enfin ! Venez ! Je vous ai gardé des places ! » - claironna soudain Lee toutes ses dreadlocks en bataille du bout d'un couloir. « Oh, bonjour, Harry, bonjour Ron ! Le grand jour, hein ! Je suis bête, je n'ai pas pensé à vous en garder à vous aussi ! »

« C'est pas grave, Lee », le rassura Harry « On va bien se débrouiller, hein, Ron ? »

« Laissez vos malles ici ! Ils les prendront de toutes les façons et vous serez plus légers pour trouver des places », leur offrit Lee.

Ron et Hermione le remercièrent. Il leur fallut encore traverser trois wagons pour trouver un compartiment libre. Tout le long de leur progression, des élèves saluèrent Harry - certains joyeusement, d'autres plus timidement, certains encore presque à contrecoeur. Dans les deux premiers cas, Harry présentait Ron - dont l'appartenance à la famille Weasley ne faisait doute pour personne, et Hermione - dont il avait fini par apprendre le nom.

« Eh bien, tu en connais du monde ! », remarqua la jeune fille au dixième arrêt.

Harry rosit avant de reconnaître :
« Disons que c'est eux qui me connaissent ! Tu finiras bien par le savoir, je ... mon père est le directeur de Poudlard ... »

« Tu es le fils du professeur Lupin ? », enquêta Hermione, sidérée.

« Oui », répondit Harry un peu gêné. Il n'avait pas l'habitude que les autres élèves ne le savent pas. Il n'aimait pas non plus le regard franchement ironique de Ron. « Enfin… c'est mon père adoptif », précisa-t-il, s'en voulant immédiatement d'ouvrir la porte à d'autres questions personnelles – trop personnelles.

« Tu as grandi à Poudlard ? » La jeune fille visiblement étudiait toutes les implications de l'information.

« Heu oui…au début, il était professeur », expliqua Harry sans trop savoir pourquoi il lui racontait tout cela. Mais comme tout le monde ou presque le savait, pourquoi ne pas donner sa propre version à cette fille arrivant droit de chez les Moldus ? « Professeur de défense contre les forces du mal. »

«Vraiment ? C'est une matière qui a l'air fascinante ! Et il est directeur depuis quand ? J'ai dû le lire mais j'ai oublié...»

«Deux ans », répondit Harry - moins chaleureusement peut-être. Il avait hâte qu'ils trouvent un autre sujet de conversation que son enfance ou les fonctions de son père !

«Alors, tu dois déjà tout savoir…tout connaître…les professeurs…les cours… » - commenta Hermione fascinée. « Pourquoi n'es-tu qu'en première année ?»

« C'est vrai ça, Harry ! Toi qui parles couramment latin ! Sans parler de tes autres talents !», intervint Ron, visiblement mort de rire. Harry lui lança un regard noir avant de répondre un peu plus sèchement encore :

« Je n'ai pas réellement suivi les cours, Hermione, j'étais trop jeune », essaya-t-il d'expliquer. Il savait bien, lui, tout ce qui lui restait à apprendre et à maîtriser pour être un sorcier accompli - quelle que soit sa réputation ! Mais visiblement, Hermione était trop excitée pour se rendre compte qu'elle l'agaçait

« Quand même, il paraît que c'est la deuxième plus grande bibliothèque magique d'Angleterre... après celle de Londres...et que... », continua sans désemparer la jeune fille

Harry et Ron échangèrent un regard sombre quand ils se laissèrent tomber sur les sièges libres qu'ils venaient de repérer - cette fille était un véritable moulin à paroles! Harry regretta presque de l'avoir tant présentée. Tout le monde allait croire qu'ils étaient amis! Il se consola en pensant qu'elle irait certainement à Poufsouffle, - ce qui, pensait-il, ne pouvait absolument pas lui arriver ! Serdaigle ? Peut-être… Après tout, il y avait des amis… Serpentard ? Il priait que non, même si ça ferait sûrement plaisir à Severus ! Mais Poufsouffle ? Il n'était pas assez discipliné, il en était sûr !

Des affaires traînaient dans le compartiment. Deux personnes au moins devaient être parties faire un tour. Il espéra que c'étaient aussi des premières années. Il savait combien les rencontres faites dans ce train étaient décisives. N'était-ce pas dans le train que s'étaient rencontrés les quatre maraudeurs ! Il se rendit compte qu'il n'avait jamais demandé à Remus quand Lily était entrée dans leur groupe. Il se promit de le faire à la première occasion.

«Hermione», interrompit Harry le plus gentiment possible – elle devait en être à la moitié de sa récitation de La Véritable Histoire de Pouldard, livre que lui-même avait déjà lu plusieurs fois. Il fallait faire quelque chose ! «Ça fait longtemps que tu sais que tu as des pouvoirs magiques ?»

Même si la réponse était prévisible, elle serait au moins personnelle ! De fait, la jeune fille se lança dans une longue narration de tous les évènements magiques qui avaient marqué son enfance. Ron fut vraiment intéressé par les réactions et les explications curieuses que les Moldus avaient trouvé pour justifier, selon leur logique, les gestes magiques d'Hermione. Harry avait assez vécu chez des Moldus pour compatir à l'intolérance de ses professeurs.

Le trajet se déroulait donc presque agréablement quand ils entendirent des exclamations venant du couloir. Elles interrompirent Hermione au beau milieu d'une longue tirade sur les mérites comparés de l'herboristerie et de l'herbologie – tirade qui avait fait lever les yeux au ciel à Ron et froncer les sourcils de Harry qui n'arrivait pas à formuler ses objections avec précision. Son ami fut le premier à la porte et à commenter avant que les autres n'aient le temps de passer la tête au-dessus de son épaule : « Malefoy… qui d'autres ? »

Le fils de Lucius Malefoy paradait en effet au milieu du couloir. Il tenait en lévitation, la tête en bas, un gros crapaud vert qui coassait de peur. A ses côtés, deux garçons costauds ricanaient à ses paroles :

«Eh bien, Longdubat, c'est tout ce que tu sais faire ? C'est pas comme ça que tu vas sauver ton crapaud, tu sais ! 'Ton seul vrai ami !' Remarque que tu as raison, tu lui ressembles un peu !»

«Trevor ! Trevor ! N'aies pas peur ! », balbutiait un garçon brun un peu pâle. « Allez Malefoy, rends-le moi, je ferai ce que tu voudras ! »

«Tout ce que je voudrais ? », répéta le jeune blond avec un petit sourire ironique et déjà satisfait.

«Sans doute », répondit Longdubat avec résignation.

Harry et Ron échangèrent un regard, hésitants encore à s'emmêler. Ce n'était quand même pas une très bonne idée de se faire remarquer dès le train ! Mais Hermione prit la décision pour eux.

« Mais pour qui te prends-tu, toi, pour malmener cette pauvre bête! Rend-lui tout de suite son crapaud ! »

Elle s'était glissée en parlant sous le bras de Ron et se tenait les poings sur les hanches face à Drago. Celui-ci fut un peu surpris, il faillit perdre le contrôle de son sort de lévitation - un sort simple mais quand même difficile pour un garçon si jeune, Harry le savait. C'était le premier sort que Remus avait accepté de lui apprendre quand il avait eu sa baguette, et il lui avait fallu toute l'après-midi pour y arriver ! Il n'était pas sûr qu'il aurait réussi à le maintenir aussi longtemps !

« Hermione », soupira Ron en secouant la tête

« Gryffondor…finalement », répondit Harry.

«Quoi ?», voulut savoir son ami qui ne souhaitait pas moins ardemment que Harry être réparti dans la maison rouge et or.

« Le véritable Gryffondor agit d'abord et pense après », cita Harry en sortant sa baguette de son sac et en la coinçant dans la poche arrière de son jean.

Il n'allait pas agresser Drago, le premier, mais il serait prêt à répliquer. Il entendait encore les paroles de son père hier soir : «Harry, je ne m'attends ni à ce que tu ne sois jamais puni, ni que tu ne fasses jamais de bêtise… je ne trouverai même pas ça souhaitable… Mais, s'il te plaît, évite Malefoy, hein ? Je ne sais pas si vous pourrez vous entendre, mais évite de te battre avec lui dès la première semaine, d'accord ? » Harry soupira. Ça allait être difficile à tenir comme promesse ! Surtout que Remus avait encore ajouté avec un petit sourire ironique : « Je suis à peu près sûr que son père a été encore moins respectueux que moi de la restriction de l'usage de la magie… tu n'aurais pas le dessus, de toutes façons ! » Hum… On verrait bien !

Ron n'avait pas besoin de lire dans ses pensées pour estimer qu'affronter Drago était une entreprise à haut risque. Il regarda Harry avec inquiétude, avant de l'imiter - il n'allait certainement pas être en reste !

Pendant ce temps, l'héritier Malefoy avait repris le contrôle du crapaud et toisait la jeune fille.
« Oh Longdubat, voilà du secours pour toi ! Qui avons-nous là ? »

« Je...je m'appelle Hermione - Hermione Granger... »

« Granger ? Un nom moldu, ça !»

Ses deux compagnons approuvèrent son jugement d'un signe de tête.

« Et alors ? », questionna Hermione - sincèrement étonnée.

«Alors, les Moldus n'ont rien à faire à Poudlard qu'ils aient - ou non - des pouvoirs magiques », cracha Drago avec mépris. Il avait lâché des yeux sa proie animale pour les fixer sur sa proie humaine et le crapaud perdit dangereusement de l'altitude.

«Trevor», couina Longdubat, ramenant l'attention du jeune Malefoy sur sa première victime qu'il remonta à hauteur sa tête. Harry vit des rides de concentration se former autour de ses yeux, il ne tiendrait pas encore très longtemps.

«Et pourquoi ? », demandait Hermione qui avait relevé la tête d'un air de défi.

Harry l'admira de ne pas céder. De plus en plus d'élèves, en majorité des Serpentards, nota-t-il, sortaient des compartiments pour assister à l'affrontement. « Bien sûr, elle ne sait pas dans quel guêpier, elle est allé se fourrer», soupira-t-il. «Et nous avec elle ! Le premier jour…Papa va m'assassiner !»

«Ce ne sont que des sang-de-bourbe !», répondit crânement Drago.

Ça n'expliquait, rien bien sûr, mais une partie des Serpentards présents rirent. Et, pour la première fois, Hermione se rendit compte des forces en présence et se mordilla un peu nerveusement les lèvres. Harry décida qu'ils avaient assez attendu. Ils ne pouvaient simplement pas laisser faire cela ! Remus comprendrait… peut-être…

« Ça va, Drago, prends donc une victime à ta mesure ! », lança-t-il en s'avançant, le coeur un peu battant.

Les yeux du jeune Malefoy se tournèrent rapidement vers lui avant de revenir au crapaud - qui avait de nouveau baissé d'altitude, nota distraitement Harry.

«Tiens, mais c'est Potter ! Evidemment! J'aurai du y penser ! Voilà, un sauveteur pour vous deux! Les pauvres petits orphelins et les Moldus, voilà ces amis !»

Harry sourit au «Potter». Il avait compris cet été avec les Diggory – et les explications de texte de son père – qu'il ne pourrait jamais totalement y échapper. Il l'avait accepté. Tant pis si le nom de ses parents – qu'il aurait voulu sacré - était devenu une image qui le desservait peut-être ! Tant pis si Drago se sentait plus fort en tournant en dérision le moment le plus tragique de son passé. Tant pis si ce nom créait des attentes qu'il n'était pas sûr de pouvoir remplir. Tant pis. «C'est à toi de faire ce que tu veux de ton nom», avait répété Remus. «Si tu y arrives, les autres te respecteront» D'ailleurs, le murmure qui suivit les paroles de Malefoy parmi les étudiants présents dans le couloir confirma que son image avait plusieurs facettes. «Potter ?», questionnaient les plus jeunes. «Potter-Lupin», expliquaient les plus âgés qui pensaient que l'affrontement allait être d'autant plus intéressant !

«Rend-lui son crapaud, Drago», demanda calmement Harry.

Nombre d'élèves songèrent qu'il prenait, sans s'en rendre compte peut-être, un ton étrangement proche de celui du directeur de Poudlard. Mais la majorité se divisait entre ceux qui pariaient que le petit Malefoy devait bien avoir suivi un entraînement de duel et ceux qui estimaient que la Défense étant sa matière favorite, Lupin ne pouvait pas avoir laissé son fils adoptif sans bases en la matière.

«Sinon, tu vas le dire à ton papa, Potter ?», ricana Malefoy soutenu par un chœur de Serpentards à qui ça ne faisait pas de peine de voir Harry enfin dans l'arène et non plus dans les gradins. Ce dernier inspira profondément, essayant d'imaginer ce que ferait son père à sa place.

«Je n'ai pas besoin de mon père, Drago, et toi ?», lança-t-il, faisant de son mieux pour rester calme. Il sentit Ron bouger dans son dos. T'en mêle pas Ron, je les connais mieux que toi, ces Serpentards, laisse-moi essayer ! - pria-t-il silencieusement.

«Moi, non plus, Potter, moi, non plus », bougonna Malefoy.

«Alors, pourquoi répliquer leurs querelles ?» Drago lui lança un regard vide. « Ni toi, ni moi, ne savons où nous serons ce soir…Pourquoi perdre des points bêtement ?»

Ce n'est pas vraiment chevaleresque, mais c'est lucide, non ? - pensa Harry. Il put lire la compréhension venir sur le visage de Malefoy.

«Tu crois que tu iras à Serpentard ? Ah, ah, ah… Serpentard ne voudra pas de toi ! », estima Drago.

«Peut-être… » Harry haussa les épaules. Ses bras pendaient le long de son corps et il se tenait prêt à utiliser sa baguette. « Mais je te propose de régler ça plus tard… quand les enjeux seront...plus clairs ?»

«Sinon ? »

«Sinon, nous serons irrémédiablement ennemis…Quelles que soient nos maisons ! »

Harry ne sut jamais si Drago aurait accepté sa proposition. Marcus Flint, son badge de préfet flambant neuf étincelant surs on uniforme, perça la foule avec autorité jusqu'à eux:

«Qu'est-ce qui se passe ici !»

La surprise fut trop forte pour Drago – à moins que la fatigue n'ait fait son oeuvre. Il laissa tomber le crapaud qui rejoint en croassant d'indignation dans les bras de son petit propriétaire en larmes.

«Il m'avait pris mon crapaud ! », commença Neville.

«Pour rire », répliqua Drago avec dédain. « Les Malefoy n'ont que faire des crapauds… »

Flint se tourna vers lui - il l'avait reconnu avant qu'il ne dise qui il était – et lui marqua un petit signe de tête.

«Mais Potter…Potter-Lupin ne comprend pas la plaisanterie », continua Malefoy d'un ton plaintif.

Harry ne cilla pas quand Flint se tourna vers lui et commenta avec acidité :
«Lupin, évidemment… Toujours pas plus raisonnable à ce que je vois ! Tu n'as même pas l'excuse de ne pas connaître le règlement. Comment dit-il déjà ton père chaque année ?… 'Les duels sont formellement prohibés et seront sévèrement sanctionnés'… Un truc comme ça, non?»

Harry ne le quittait pas des yeux. Flint pouvait faire son petit numéro – rien ne serait jamais aussi acide et cinglant que les remarques de Severus !, il garderait son calme. Restait à savoir, s'il les dénoncerait…

«Mauvais début d'année, non ? Pour vous tous ! Que je ne vous y reprenne pas ! Dans vos compartiments tous ! », termina abruptement le préfet des Serpentards, accompagnant ses paroles d'un geste brusque.

Il y eut un murmure de surprise, mais les élèves obéirent. Flint n'était pas un tendre même pour ceux de sa propre maison. Harry vit Drago hésiter avant de retourner lui aussi dans un autre wagon, ses deux ombres à ses basques. Bientôt, il ne resta que Ron, Hermione, Neville et lui face à Flint dans le couloir. Ce dernier se retourna vers Harry et ajouta d'une voix basse :

«Je te devais une raclée, non ? On est quitte. »

Il partit sans attendre la réponse d'Harry qui finit par hausser les épaules.
«C'est comme il veut ! »

«Il parle de quoi ? », s'enquit Ron les sourcils froncés.

«D'un truc l'année dernière… mais il se trompe, mon père n'a pas cru que… »

«T'es vraiment Harry Potter ! » La voix de Longdubat, pleine d'excitation, les interrompit. « Ma grand-mère m'avait dit que tu serais à Poudlard… que le professeur Lupin t'avait adopté… »

Un instant, Harry eut l'image d'une vieille dame qui découpait, depuis la disparition de ses parents, les articles de journaux le concernant et les collant dans un grand album. Terrifiant !

«Mais c'est fou de te rencontrer dans le train dès le premier jour ! Et tu as sauvé Trevor ! Je m'appelle Neville Longdubat et je suis né presque le même jour que toi » Il lui tendit la main

Harry trouvait que Neville exagérait grandement ses mérites tout en le figeant dans ce personnage qu'il n'assumait toujours pas de sauveur. Il finit cependant par lui serrer la main, un sourire un peu gêné sur les lèvres, sous le regard goguenard de Ron.

«Tu sais, Neville, c'est Hermione qui… »

«Je peux voir ta cicatrice ? », supplia encore Neville, les yeux brillants d'excitation..

Harry s'exécuta avec un soupir. Est-ce que ça aurait été pareil à Beaux-Bâtons ? Sans doute, avait estimé Remus. Il croisa le regard curieux d'Hermione et décida qu'il ne pouvait décidément pas fuir – ne voulait-il pas aller à Gryffondor ?

«Eh bien, tu sais tout comme ça. Je suis Harry… Potter…Lupin» , commença-t-il un peu timidement. «Et Malefoy est un sale prétentieux! »

«…un dangereux prétentieux ! », précisa sombrement Ron.

« ... qu'il vaut mieux éviter d'affronter seul », termina Harry avec un sourire sans joie.

Hermione hocha gravement la tête.

« J'avais cru comprendre », commenta-t-elle sobrement.

Elle allait ajouter autre chose quand ses yeux s'élargir de surprise en fixant la fenêtre derrière eux. Tous se tournèrent pour suivre son regard et leurs quatre visages prirent la même expression : Poudlard, illuminé en ce début de soirée d'automne, ses hautes tours se reflétant dans le lac, se révélait brusquement à eux. Il ne pleuvait pas, nota mentalement Harry. La traversée serait calme !

« Poudlard », murmura-t-il « Enfin, nous y sommes ! »