Entre Lune et Étoile
Disclaimer… Tout ça est à elle…. Et moi je joue avec…
Merci Camille, merci Alana, merci Nana…. Elles savent pourquoi…
Merci Dina d'avoir tout relu avec moi plus tard
33 – Tentations et loyautés
« Tête de dragon », murmura Harry.
« Si vous le dîtes », répondit gracieusement la Grosse Dame avec un sourire qu'il ne lui rendit pas.
Harry pénétra presque avec hésitation dans la salle commune des Gryffondors où la plupart des élèves étaient à cette heure plongés dans leurs devoirs. Seuls Fred, George et Lee semblaient occuper à des activités ouvertement extra-scolaires et Percy était en train de leur demander de «faire moins de bruit et de montrer l'exemple aux plus jeunes ». Deux requêtes qui semblaient mettre les trois fauteurs de trouble en joie plutôt qu'autre chose. Harry essaya de profiter de ce moment pour rejoindre discrètement son dortoir - mais c'était sans compter sur Ron et ses autres nouveaux amis !
« Harry, enfin ! » - s'écria le jeune Weasley qui avait l'air peu concentré sur ce qu'il était en train de faire.
« On se demandait où tu étais passé ! » - renchérit presque immédiatement Hermione levant le nez d'un livre qui devait peser plusieurs kilos.
« T'en fais une tête ! », remarqua à son tour Parvati qui taillait sa plume avec des petits gestes précis.
Lavande pouffa alors – Harry se demandait souvent pourquoi elle riait… Dean, Seamus et Neville se contentèrent juste de lui jeter un regard curieux. Il essaya de leur sourire en allant vers eux. Il ne voulait pas que d'autres sachent qu'il avait disparu plusieurs heures. Il n'avait aucune envie de partager les idées qui tourbillonnaient dans sa tête.
« Je vous manquais tant que ça ! » - commença-t-il, avec un entrain plutôt forcé.
Il arriverait peut-être à ne pas leur raconter… Il n'avait pas besoin de partager ce qu'il venait de vivre. Non. Il avait besoin de temps, de calme….et de réfléchir. Mais le regard de Ron lui apprit aussitôt qu'il ne se laisserait pas berné aussi facilement.
« J'étais… j'étais à l'entraînement de Quidditch…avec mon frère…et puis aussi après avec le professeur Quirrell » finit-il par expliquer du ton le plus léger qu'il put.
« Le professeur Quirrell ? »
Le ton plus méprisant que surpris de Hermione l'agaça. Il savait qu'il y était pour quelque chose. Il n'avait eu de cesse de critiquer les cours de défense contre les forces du mal depuis le début de l'année. Et s'il y avait une chose sur laquelle Hermione semblait lui faire une confiance aveugle, c'était bien évaluer les professeurs de Poudlard ! Mais lui-même se demandait ce soir si tout ce qu'il avait tenu pour vrai depuis des mois était encore vrai…
« Oui… heu… il m'a montré des strangulots… on va travailler dessus la prochaine fois… il venait de les recevoir… » Sa voix devait vraiment paraître bizarre – à moins que ce soit ses propos – aucun de ses amis ne trouva quelque chose à lui répondre. Tous le fixaient étrangement. Il haussa les épaules pour cacher sa nervosité. « Plus gentil que je ne l'imaginais… en tête à tête… Bon, je suis un peu fatigué… le Quidditch… tout ça …je vais me reposer avant le dîner » - dit-il rapidement, en s'éloignant de nouveau.
« Et tes devoirs ? » - lança la pragmatique Hermione.
« T'inquiète pas », répondit-il un peu sèchement en s'enfuyant dans l'escalier qui menait aux dortoirs des garçons.
A peine arrivé dans sa chambre, il claqua la porte derrière lui, retira ses chaussures et se jeta sur son lit. Il prit tout de suite soin de fermer les rideaux autour de lui. Si Ron montait, il hésiterait peut-être à le déranger. Pour la première fois depuis la rentrée, il regretta sa chambre personnelle dans l'aile des professeurs – mais Cyrus aurait été là et Cyrus aurait été peut-être encore pire que Ron ! Rien, non rien, ne l'aurait empêché de savoir ce qu'il avait envie de savoir…. Il soupira. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti si bizarre, si perdu… et si excité aussi.
Parce que l'entrevue avec Quirrell ne s'était pas du tout déroulée comme il s'y était attendu… Non…
Le professeur les avait emmenés dans son bureau – l'ancien bureau de Remus…- et les avait fait asseoir sans un autre commentaire. Harry avait noté les nombreuses cages et les nombreux vivariums qui encombraient la pièce. Des serpents, des mygales, des rats… et d'autres créatures magiques qu'il n'avait pas eu le temps de reconnaître. Drago, qui était déjà plutôt pâle de complexion, était livide, et il avait espéré qu'il l'était moins. Quand Quirrell s'était finalement assis en face d'eux, il avait quand même ressenti une pointe d'angoisse…
« Bien messieurs… alors… que faisiez vous là ? »
Le double silence qui avait répondu à ces paroles n'avait pas semblé le surprendre. Il avait même semblé amusé. Et Harry s'était senti confusément intrigué. Où était le professeur, timide et distant, qu'il croyait connaître ?
« Vous savez bien que vous n'aviez rien à y faire… n'est-ce pas ? » - avait-il encore demandé après un court silence.
Les deux garçons avaient acquiescé sans ouvrir la bouche. Il n'était pas question pour l'un comme pour l'autre de faire le premier pas. Quirrell les avait observés sans rien dire. Sans colère non plus, presque plutôt avec contentement avait un moment pensé Harry avant de repousser cette idée comme idiote.
« Bien… je vois que vous n'avez pas très envie de vous confier à moi… pourtant… Pourtant vous n'allez rien gagner si je vous amène à vos directeurs respectifs… perdre des points, perdre du temps en retenue… pfff… pour quoi ? Pour vous être mesurés l'un à l'autre ? »
Les deux garçons avaient relevé la tête et s'étaient visiblement, et à grand peine, retenus d'échanger un regard. Harry ne pouvait pas croire qu'un professeur de Poudlard remette ainsi en cause les règles…
« Je ne suis pas… il se trouve que…je pense, à l'inverse de beaucoup de mes collègues, que la confrontation n'a rien de non-pédagogique… Vous avez certainement beaucoup plus appris aujourd'hui sur vous-même et sur l'autre que dans bien des cours dispensés dans cette école… et puis, deux jeunes coqs comme vous… deux fruits de longues lignées magiques, entraînés depuis leur plus jeune âge… est-ce autre chose que normal ? »
Il changea de place sur son siège à la fin de cette phrase. Les enfants retinrent leur souffle. Harry se demanda si Quirrell se moquait d'eux : Severus aurait pu tenir un discours comme celui-là pour les ridiculiser par la suite Mais Quirrell ? Quirrell ? Harry ne le connaissait pas comme quelqu'un de sarcastique. Pouvait-il être sincère ?
« Je ne dirais pas cela à n'importe qui… notez le bien ! J'aurais votre ami Goyle qui est bien moins habile ou votre amie Granger qui n'a pas d'entraînement magique… » Ses yeux moins timides qu'à l'accoutumée s'étaient tournés tour à tour vers Drago puis vers Harry et avaient soutenu leurs regards surpris. « …je serais plus sévère… Je n'aurais pas le choix… Mais vous… hein… de vrais petits sorciers… qui savent bien ce qu'ils risquent, n'est-ce pas ? »
Harry se demanda un instant ce que Malefoy pouvait penser de ces paroles. « De vrais petits sorciers ? » Mais le professeur reprenait d'un ton tranquille mais assuré qui ressemblait peu à celui qu'il avait pendant ses cours.
« J'avais déjà remarqué ça en classe et j'en ai eu la confirmation aujourd'hui… Bon sang ne saurait mentir, n'est ce pas ? Ne faîtes donc pas cette tête Potter-Lupin, vous savez que vous venez d'une grande famille de sorcier… et votre père adoptif n'a pas ménagé ses efforts pour développer ces qualités en vous ! Et vous Malefoy, vous n'êtes pas surpris, n'est-ce pas… votre père ne vous a jamais caché ses ambitions pour vous… et vous avez accepté cela depuis longtemps, n'est ce pas ? »
Les deux garçons restaient prudemment silencieux mais ils s'étaient considérablement détendus comparé au moment où ils étaient entrés dans le bureau de Quirrell. Ses paroles étaient bien plus compréhensives et bienveillantes que tout ce qu'ils avaient pu espérer. Le professeur se leva et contourna son bureau pour venir se placer entre les deux garçons.
« Bien… je vois que nous sommes d'accord, n'est-ce pas ? »
Malefoy opina un peu nerveusement. Harry leva simplement la tête, incapable de savoir quoi penser de ce qu'il venait d'entendre.
« Je vais donc fermer les yeux…pour cette fois…. Vous vous assurerez, Potter-Lupin, que votre frère tienne sa langue, n'est-ce pas ?... et vous allez me promettre tous les deux de ne plus perdre votre temps et votre énergie à vous mesurer l'un à l'autre…hum ? »
Les deux garçons hochèrent la tête.
« Je sais que vos pères ne sont pas dans le même camp… mais ceci ne doit pas vous affecter… Je ne vous demande pas d'être amis - à quoi servent les amis ? - mais de garder vos forces pour des combats plus importants…Ils viendront. »
Les deux garçons avaient alors échangé le premier vrai regard depuis que Quirrell était entré dans la vieille salle de classe. Un regard furtif.
« Je m'excuse Malefoy. »
« Moi aussi… Potter… »
« Si vous y tenez », avait commenté sèchement Quirrell en levant les yeux au ciel. « A quoi servent des excuses ? Vous deviez le faire, non ? Je suis sûr que vos pères attendent même ce moment… Mais Poudlard sert aussi à s'émanciper de son père… à découvrir sa propre voie… Réfléchissez-y… » Il avait fait quelques pas en parlant, vers une des cages alignés au fond de son bureau. « Allez, reprenez vos baguettes et disparaissez ! »
Recroquevillé dans son lit, en haut de la tour de Gryffondor, Harry soupira. Tout cela avait quelque chose d'irréel. Il n'avait jamais entendu parler d'un professeur qui ait couvert un duel… Et Harry pouvait jurer que ce n'était pas pour se faire bien voir de Remus … ou alors l'homme se trompait lourdement sur les attentes du professeur Lupin… Non. La seule explication logique était que Quirrell ait été sincère. Il leur avait fait une fleur à eux – Harry et Drago… - parce qu'il les pensait différents des autres… Tout ceci était déroutant.
Harrry n'avait jamais fait confiance à Quirrell auparavant. Pour être plus juste, il l'avait même plutôt méprisé… Il avait ri de son turban, de sa timidité devant les autres professeurs et même devant bien des élèves, de ses cours bien moins précis et vivants que ceux qu'il avait vu son père proposer….
Et pourtant, cette après-midi, tout lui avait semblé différent… Il lui semblait que cet homme venait de dire des choses qu'il avait parfois pensées sans trouver les mots pour les exprimer… Bien sûr, il avait encore beaucoup à apprendre mais il constatait chaque jour qu'il avait plus de facilité que beaucoup d'autres… Remus disait toujours que c'était parce que tout le monde l'avait aidé et protégé depuis sa naissance… mais peut-être qu'il y avait plus que cela ! Hermione était bonne en classe parce qu'elle travaillait trois fois plus que lui ! Et, c'était vrai que tout le monde – même lui, même son père – attendait le moment où il affronterait Drago… et il repensa à ce qu'il avait essayé dans la train… il lui avait proposé de ne pas reproduire bêtement l'affrontement de leurs aînés… Quirrell avait-il dit autre chose ?
Qu'aurait dit Remus ? Qu'il fallait respecter les règles ? Harry haussa les épaules… est-ce qu'il les respectait lui les règles quand il faisait sortir Sirius de prison ? Il y avait une limite aux règles visiblement ! « Découvrir sa propre voie »… mm… Oui, c'était ça ! Il devait trouver sa propre voie !
A ce moment de ses pensées, la porte du dortoir s'ouvrit peu délicatement.
« Hé Harry ! »
« Oui », souffla-t-il encore halluciné par les idées qui se bousculaient dans sa tête.
« Tu dors toujours ? On va rater le dîner ! »
« J'arrive ! » Il sauta immédiatement du lit pour enfiler ses chaussures. Afin d'éviter toute discussion, il lança son oreiller sur la tête de Ron et profitant de sa surprise s'engouffra dans l'escalier, en hurlant : « le dernier en bas a perdu ! »
oo
« Allons, Remus, ne faîtes pas cette tête ! »
« Professeur…je n'ai jamais réellement mis en doute votre clairvoyance mais… » soupira la directeur de Poudlard.
« J'apprécie le 'réellement' à sa juste valeur », rit doucement Dumbledore.
« Ne le prenez pas mal, Professeur… » - s'excusa immédiatement Lupin.
« Professeur, Remus ? Ça fait maintenant un moment que je ne vous ai pas enseigné quoi que ce soit » - le coupa le vieil homme assez gentiment. Il avait attendu quelques secondes avant de reprendre : « Je ne vous demande pas de me faire confiance, je vous demande votre aide… C'est moi qui ai confiance en vous ! »
Les yeux bleus, étrangement jeunes dans ce visage parcheminé, étaient très sérieux derrière les lunettes en demi-lune et ne le lâchaient pas.
« Si je disais non… » - commença un peu nerveusement le directeur de Poudlard.
« Je m'inclinerais, Remus, je m'inclinerais… mais je serai dans l'embarras » - insista le directeur de la Coopération magique.
Remus eut un petit rire sans joie.
« Vous me laisseriez avec ma mauvaise conscience, c'est ça ? »
Le vieux sorcier sourit à son tour : « Je n'ai plus que cette arme face à vous, Remus… il serait temps de vous en apercevoir ! »
Le silence retomba. Lupin se tourna vers Rogue qui n'avait rien dit jusqu'à présent. Même pas un soupir. Même pas un haussement de sourcil ou un raclement de gorge. Rien. Il l'interrogea d'un signe de tête.
« Qu'est-ce que M. Le directeur voudrait savoir ? » - finit par répondre le maître de potions avec une ironie onctueuse.
« Ton avis », expliqua calmement Remus.
Le professeur de potions soupira avant de répondre.
« Mon avis… Poudlard est un des endroits les mieux protégés du monde magique… La pierre…. La pierre est exactement la chose que… que le Seigneur des Ténèbres… peut chercher aujourd'hui… mais Poudlard cache d'autres choses qui… »
« Bref tu nous donnes raison à tous les deux. Merci Severus ! » - coupa Lupin avec un agacement qui ne lui ressemblait pas vraiment. Les deux autres hommes lui lancèrent un regard intrigué.
« Remus… » - commença Dumbledore après un temps de réflexion.
L'interpellé soupira et leva les deux mains en signe d'excuses muettes.
« Remus », reprit alors, à son tour, Severus, captant à l'utilisation seule de ce mot immédiatement l'attention du jeune directeur. « Remus, je comprends que tu ais peur de mettre un peu trop de choses dans le même bateau… mais je crois que nous n'avons pas le choix. Nous ne pouvons pour l'instant faire confiance qu'à nous même - qu'à l'Ordre. Je crois aussi que tout se passe mieux que prévu avec…avec Cyrus… Tu as calmé les gens du ministère pour un moment…. Et avoir la pierre, c'est peut-être aussi le moyen de retrouver le Rat… »
La voix de Rogue avait été beaucoup moins onctueuse que bien des fois, et Lupin prit cela pour une démonstration de sincérité. Il soupira à son tour, détourna les yeux vers le grand feu qui illuminait son bureau et dit :
« Ce n'est pas pour Cyrus - ou pour Sirius - que je m'inquiétais… Attirer Voldemort, ou sa suite, à Poudlard me semble la chose la plus dangereuse que nous ayons entreprise jusqu'à présent !»
« Rien ne dit qu'il viendra », commença Dumbledore. Le regard incrédule de son ancien élève le fit sourire. « Je veux dire… je ne pense pas qu'il ait les moyens de venir en personne… Rappelez-vous les analyses de Sofia : il n'est qu'une résonance psychique… Il a besoin de beaucoup d'énergie vitale pour survivre… que d'autres l'abritent en eux ou qu'ils lui donnent son sang… Nous surveillons toutes les forêts d'Europe : au moindre signe, nous enverrons une équipe sur place. Je ne pense pas que nous aurons à l'affronter ici ! »
« Que Merlin et tous les mages vous entendent, Albus » soupira Remus. « Qu'ils vous entendent ! »
OOO
Le plafond de la Grande Salle était très nuageux ce jour là. De fait, il pleuvait depuis plusieurs jours et c'étaient peut-être pour cela que les voix des élèves reclus dans les murs du château y résonnaient avec tant de fièvre. Les Gryffondors n'étaient pas les plus calmes. Les interpellations et les blagues fusaient et les jumeaux Weasley n'y jouaient pas un petit rôle. Personne ne fit réellement attention donc quand leur plus jeune frère mit précipitamment sa main contre sa joue et poussa un petit cri. Seule Hermione, en fait, qui lui faisait face, se tourna vers lui.
« Qu'est-ce qui t'arrives, une dent ? »
« Non… » - répondit sombrement Ron - « un truc dans ce que je mangeais » et il sortit avec précaution un petit objet dur et fin - une sorte de rouleau – de sa bouche. « Qu'est-ce que c'est que ce truc », grommela-t-il.
« Fais voir ! », commanda Hermione. Ron fit le geste de lui tendre l'objet mais s'arrêta, les sourcils froncés.
« Attends un peu… on dirait… oui regarde, là… si je tire…»
Joignant le geste à la parole, Ron déroula le morceau de parchemin très fin qui constituait le petit rouleau.
« Ça alors ! » - commenta Hermione. « Y'a quelque chose dessus ? »
« Oui… Ipse de stellis tuis est…On dirait du latin ! Qu'est ce que ça faisait dans ma tourte ? »
Harry, qui suivait de loin l'inévitable affrontement verbal entre les jumeaux et Percy, tourna alors la tête.
« Qu'est-ce qu'est en latin ? »
« Un truc dans la tourte de Ron », expliqua Hermione.
« Dans ta tourte ? Fais voir ! »
« On dirait du latin », répéta Ron en lui tendant le petit parchemin.
Harry le lissa et commença à lire.
« C'est du latin… et…c'est pour moi. »
« POUR TOI ? », répétèrent incrédules Ron et Hermione.
« Oui… c'est… » Il leva la tête et vérifia que personne ne les écoutait. « C'est de Cyrus. »
« Vous vous écrivez en latin ? » - commenta stupéfait Ron.
« Comment tu sais que c'est de lui ? C'est pas signé ! » - enquêta Hermione les sourcils froncés.
« De stellis tuis… de ton étoile… étoile, c'est son… surnom… Sa mère l'appelait comme ça… » Non, ce n'est pas vraiment un mensonge, se rassura in petto Harry.
« Oh », commenta sobrement Hermione, visiblement impressionnée.
Harry se dit une nouvelle fois que tout ce qui touchait Cyrus semblait toujours impressionner Hermione… comme ça avait impressionné Ginny chez les Weasley… Cyrus avait décidément une drôle de capacité à attirer la sympathie des filles…
« Et puis c'est bourré de fautes… mais c'est mieux que d'habitude… » - expliqua-t-il encore, pas mécontent de souligner que Cyrus avait encore des progrès à faire.
« Et ça dit quoi ? » - s'inquiéta Ron, un peu vexé de perdre si vite son mystérieux message.
« Oh, c'est une mauvaise idée… » Deux regards indignés lui répondirent. « Ne vous énervez pas ! », sourit Harry « Je voulais dire… il me propose qu'on se retrouve ce soir - il y a apparemment une grande réunion des profs ce soir -… Il veut qu'on se retrouve au troisième étage. »
« Mais le troisième étage… » - commença Hermione
« Oui, je sais, est interdit… » - répondit Harry en secouant la tête. « C'est ce que je disais… c'est une mauvaise idée… »
Les trois enfants se turent un moment.
« Mais pourquoi », reprit soudain Hermione.
« Il dit qu'il m'expliquera… » - répondit Harry en haussant les épaules.
«Ça peut pas être de quelqu'un d'autre… de Malefoy par exemple… pour te créer des ennuis ?», s'inquiéta le jeune Weasley.
« Je doute que quiconque sache son surnom brésilien, Ron. »
« Mais pourquoi ne pas te le dire… simplement », insista Hermione.
Harry haussa les épaules.
« Je suppose qu'il a trouvé ça plus drôle… le latin, le message… la tourte… » Il ajouta avec un grand sourire « Cyrus est quasiment prêt à n'importe quoi du moment qu'il trouve ça drôle ! »
Ron hocha la tête – c'était aussi ce qu'il pensait du petit frère d'Harry. Hermione resta songeuse.
« Et… tu vas y aller ?», demanda finalement le plus jeune des frères Weasley.
«Je ne sais pas, Ron, je ne sais pas… Si je n'y vais pas et qu'il m'attend des heures, il va se faire prendre… Faut que je trouve un moyen de lui parler avant ce soir… mais ça va être difficile» Harry, qui avait dressé la tête en leur parlant, grimaça. Hermione et Ron suivirent son regard : Lupin et Cyrus quittaient la salle ensemble en grande conversation. « C'est l'après-midi où il travaille avec Papa… »
oooo
Les élèves quittaient l'un après l'autre la salle commune des Gryffondors avec des grands bâillements ou en fermant un peu brutalement leurs livres de classe. Il se faisait tard. Percy allait partir à son tour quand il aperçut Ron, Hermione et Harry, a priori plongés chacun dans la lecture d'énormes volumes empruntés à la bibliothèque. Il s'approcha d'eux doucement.
« Ron, je suis content de voir que tu tires partie de la bibliothèque. Maman serait fière de toi, je te félicite. Mais il est tard, tu sais : tu dois ménager tes forces ! »
Il fallut toute la volonté de Ron pour ne pas éclater de rire. « Ménager mes forces » ? Qui parle encore comme cela ? Il leva plutôt des yeux innocents vers son grand frère et répondit : « Juste ce chapitre, Perce… ensuite je vais dormir ! Promis ! » L'aîné sourit et leur souhaita bonne nuit avant de quitter la salle.
Harry cligna de l'œil. « Hé, Ron, t'as fait des progrès ! »
« Faut bien avec un frère Préfet ! »
Hermione eut un sourire complice. « A quelle heure partons nous ? »
« Hermione… » - soupira Harry agacé.
Depuis des heures, il essayait de décider ses amis à ne pas l'accompagner au troisième étage. Ron ne voulait pas en entendre parler. « Je sais que tu sors souvent… des fois je me suis réveillé et tu n'étais pas là…J'aurais jamais cru que tu me cacherais des choses comme ça… » Quant à Hermione, d'habitude plutôt respectueuse du règlement, elle avait argué qu'à trois, ils pourraient monter la garde plus efficacement. Harry avait essayé de les décourager en parlant des différents systèmes de contrôle du château qu'il connaissait. Peine perdue. Ça avait au contraire fini d'exciter la curiosité de la plus sage de ses condisciples. Il se demandait si la perspective de rencontrer Cyrus jouait dans cette excitation mais il n'aurait jamais osé poser une telle question…
« Essaye un peu d'y aller sans nous », gronda immédiatement Ron.
« Pour une fois je suis entièrement d'accord avec lui », affirma Hermione avec conviction.
Harry leva les yeux au ciel : « Si on se fait prendre… »
« Fred et George disent que ça fait partie de la vie », répliqua Ron.
« A nous d'être prudent », ajouta doucement Hermione, et Harry sentit que sa résolution était prise. Il soupira encore.
Quel dommage qu'il n'ait pas cette cape dont Remus lui avait parlé bien des fois… La fameuse cape d'invisibilité des Potter…celle qui avait sauvé la mise bien des fois aux Maraudeurs… Remus pensait – et visiblement il le regrettait – qu'elle avait été détruite dans l'incendie de Godric's Hollow, la demeure des Potter… la fameuse nuit où ses parents étaient morts…
« On peut partir maintenant si vous voulez… » - finit-il par dire lorsque Isaliacca quitta, la dernière, la salle des Gryffondors.
Les trois jeunes élèves sortirent doucement à leur tour mais par l'autre porte. « Il n'est pas un peu tard ? », grogna la grosse Dame, mais aucun des trois amis ne lui répondit. Leurs cœurs battaient à tout rompre. Chacun de leur pas semblait faire un bruit épouvantable et leur respiration leur paraissait haletante. Harry était le plus calme mais ses mains étaient moites. Même s'il avait entrepris plusieurs sorties depuis la rentrée, notamment pour trouver un sort susceptible de lui assurer la victoire sur Drago en cas de besoin, il ne s'était jamais senti tranquille. Et la présence de ses deux amis renforçait son sentiment de culpabilité.
« A moi de trouver ma propre voie », se murmura-t-il comme à chaque fois maintenant que l'image du mécontentement de son père s'affirmait dans son esprit.
Ils arrivèrent néanmoins sans encombres en bas de la tour de Gryffondor.
« Maintenant », chuchota Harry « On risque deux choses : Rusard - surtout maintenant, je pense, dans le Grand Hall… puis les fantômes, dans les étages… On va traverser le Grand Hall jusqu'à un passage qui est derrière le portrait de la sorcière Calypso… Il nous mènera au troisième étage par un escalier dérobé… » Les deux autres acquiescèrent en silence. « Si le mot de passe n'a pas changé », ajouta Harry après un moment de réflexion.
Hermione lui lança un regard inquiet.
« Sinon ? »
« Le grand escalier… mais nous serons plus visibles… Ah…si vous avez des questions, c'est maintenant. Le passage est horriblement sonore… »
Ses deux compagnons hochèrent la tête. Ils n'avaient pas de question. Subrepticement, ils se glissèrent le long du mur. Hermione mordit ses lèvres pour ne pas crier lorsqu'une des armures se mit au garde-à-vous sur leur passage. Ron et Harry, livides, accélérèrent le pas en l'entrainant.
Devant le tableau de Calypso, Harry sortit sa baguette et murmura : «Vanitas necat». Un léger clic annonça que le cadre du tableau s'était décollé du mur. Ils pénétrèrent l'un après l'autre dans le passage, Harry ferma la marche. « Si vous deviez revenir… sans moi… c'est le même mot de passe : vanitas necat », murmura-t-il en fermant le passage derrière eux.
« Vanitas necat…d'accord. Ça veut dire quoi ? », demanda Hermione luttant visiblement contre sa nervosité.
« La vanité tue ».
Aucun d'eux n'eut envie d'ajouter un mot.
Ils commencèrent doucement à monter les marches du passage dérobé. Il y avait beaucoup de poussière et Ron dut par deux fois étouffer un éternuement. Ils arrivèrent enfin au troisième étage. Harry prononça de nouveau la formule pour les faire sortir sur le pallier interdit. Hermione ne put s'empêcher de frissonner.
« Il n'est pas là », commença Ron, presque avec soulagement.
Harry lui fit signe de se taire et avança jusqu'à une tenture qui couvrait le mur du pallier.
« Cyrus ? »
« Pourquoi t'es pas venu seul ? », répondit cette petite voix aiguë qu'il connaissait bien.
« T'avais qu'à trouver un moyen plus sûr de m'envoyer ton invitation », répondit Harry moqueur. « Ron a failli l'avaler ! »
Sortant de la tenture, Cyrus planta ses yeux gris sur le jeune Weasley.
« Zut… Désolé...! T'aurais pu venir plus tôt, Harry ! On n'aura jamais le temps… »
« Tu sais, j'aurais pu ne pas venir ! Je suis pas censé me promener après le couvre-feu - toi non plus d'ailleurs ! », commenta un peu sèchement Harry.
« Oh ça va, hein… T'as pas besoin de jouer au grand frère tout le temps ! »
Ils s'affrontèrent du regard.
« Bon, tu voulais me dire quoi ? », reprit Harry plus gentiment. Ils n'avaient vraiment pas le temps de se disputer maintenant.
« T'expliquer… pour la pierre… »
« Quelle pierre ? », questionna Ron.
« Je sais pas si c'est une bonne idée », grimaça Cyrus en désignant les deux compagnons d'Harry du menton.
Harry comprit qu'il avait peur - sans doute un peu tard !- de trahir des informations confidentielles.
« Tu sais, Cyrus, si je n'avais pas confiance en eux, ils ne seraient pas là ! » Quelque part dans son cerveau, la phrase dédaigneuse de Quirrell s'interféra « A quoi servent des amis ? »… A des moments comme ça, décida Harry, surpris de ne pas y avoir penser plus tôt. Mais il reprit : « Comme tu l'as dit, on n'a pas beaucoup de temps… alors ? »
« Eh bien…. La Grande Expérience qui condamne le troisième étage depuis dix jours… c'est… c'est pas une expérience… c'est un secret…», abdiqua Cyrus, s'animant plus il en disait. « Grand-père a apporté la pierre philosophale à Poudlard… Il parait que Voldemort la veut pour renaître… elle est cachée ici, quelque part au troisième étage... »
Hermione ouvrit la bouche mais ne dit pas un mot. Ron regarda Cyrus avec incrédulité.
« Doucement, doucement… » - interrompit Harry. « La pierre philosophale ?… Tu veux dire le truc d'immortalité du Français - comment s'appelle-t-il déjà ? »
« Nicolas Flamel », souffla une voix féminine près de lui.
« Hermione ? », releva Harry surpris.
« Je suis allée en vacances en France l'été dernier… avant de recevoir ma lettre mais en visitant Paris, on nous a parlé de lui… Même les Moldus savent qu'il avait inventé la pierre philosophale… » - expliqua-t-elle en rougissant un peu. Ron fronça les sourcils. Visiblement tout cela était nouveau pour lui.
« Et alors ? », demanda Harry en se retournant vers Cyrus. Expérience ou secret, qu'est-ce que ça changeait ?
« Alors… alors, je voulais te le dire », répondit le petit frère presque boudeur devant le peu d'enthousiasme d'Harry. «J'ai entendu Papa et Minerva parler du dispositif de protection… - des trucs déments ! - Je voulais aller voir un peu… avec toi ! »
« T'es malade, Cyrus ! On n'arriverait jamais à passer même le premier obstacle… », estima Harry avec sincérité.
« On peut voir… »
« Cyrus, imagine ce que dirait Pap… » - commença Harry d'un voix qu'il voulait raisonnable et apaisante.
« Attention », dit soudain Ron en les poussant derrière la tenture. « Quelqu'un ! »
Les quatre enfants se firent les plus petits possibles dans le renfoncement derrière le rideau. Ils entendaient des pas d'adulte qui montaient calmement, sans se cacher, l'escalier principal. Ils entendaient le frottement de ses robes sur la pierre – c'était donc un professeur, seuls les professeurs portaient des robes longues qui pouvaient faire un bruit pareil. Quand l'homme arriva sur le pallier et prit le corridor de gauche, ils entrevirent son visage fatigué sous son turban safran.
« Quirrell », articula Hermione en regardant instinctivement Harry qui haussa les épaules.
« Qu'est-ce qu'il fait là ? », grommela Cyrus. « Quand je… j'ai entendu Papa et Minerva, ils n'ont jamais parlé de lui comme un des gardiens de la pierre ! »
Harry songea un instant que Cyrus s'ennuyait trop pour sa propre sécurité, mais une autre idée beaucoup plus inquiétante s'imposa à lui :
« Cyrus, iI faut que tu partes ! Tout de suite ! Si Quirrell est là, quelle qu'en soit la raison, c'est que la réunion est terminée. Même s'il reste parler avec Severus ou Minerva, Papa ne va pas tarder… Il va te massacrer si tu n'es pas à la maison ! »
Cyrus déglutit avec peine.
« Tu crois ? »
« File Cyrus ! »
« Trop tard », annonça sombrement Ron.
Les trois autres tendirent l'oreille. Des pas lointains leur parvenaient. Harry lui jeta un regard interrogateur. A travers la tenture, Ron désigna doucement une ombre qui venait vers eux. Une ombre minuscule par rapport à celle du sorcier adulte qui venait de passer devant eux sans les remarquer. Une ombre aux oreilles pointues et à la longue queue. Une ombre qui miaula dès qu'elle perçut leur odeur. Miss Teigne.
Alors là, jugea Harry, on est fichus !. Il allait proposer aux autres de se rendre avec les honneurs quand il sentit la main impérieuse de son frère sur son bras. Il lui jeta un regard interrogateur.
« Je vais y aller », annonça celui-ci un peu nerveusement mais avec détermination. Harry écarquilla les yeux et ouvrit la bouche pour dire à son frère qu'il ne se rendait pas compte de ce qui l'attendait. Mais Cyrus l'interrompit immédiatement. « Ça sert à rien d'être deux - ou quatre - à être... punis. A plus tard ! » - murmura-t-il encore.
Harry nota alors combien son regard était fixe et sombre, et il soupçonna que c'était un conseil de Sirius. De fait, c'était une décision bien trop raisonnable pour qu'elle soit venue seule à son écervelé de petit frère ! Avant qu'il n'ait eu le temps de trouver une réponse adaptée, Cyrus se glissa hors de leur cachette et attrapa dans ses bras la chatte qui miaula de plus belle. Les pas au loin accélérèrent.
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Au menu du prochain chapitre… Remus/Cyrus/Sirius et les conséquences de la nuit, un voyage en Irlande… Ça s'appelle "Les fils et le fil"…
