Entre Lune et Etoile

Disclaimer – le même que le chapitre précédent…

36- Un dimanche de Trolls

«Le moment est venu, Quirrel. Plus tôt que nous ne le pensions ! », énonça lentement la Voix, la terrible Voix.

«Maintenant ? Mais, Maître… », balbutia le professeur.

«Que veux-tu attendre, Quirrell ? Qu'il se sauve et aille raconter tout cela à son stupide père adoptif ? Que Dumbledore arrive ? Que tout soit perdu?», s'informa très douceureusement la Voix.

«Mais Maître, nous n'avons aucune chance ! Nous ne savons… »

«Nous trouverons ! Nous n'avons pas le choix… Rappelle-toi la Prophétie - je suis sûr que Dumbledore ne l'a pas oubliée, lui : c'est Potter ou moi… Lui seul pourra nous conduire à la pierre et, s'il meurt, je vivrai… S'il la trouve, je serai encore plus fort… Les risques ne sont pas insurmontables… En fait, il n'y a pas d'autre issue. »

« Mais… Maître ! », insista Quirrel avec plus de courage et de constance que Harry l'en eut spontannément gratifié. Mais Quirrel ne l'avait-il pas berné de long en large depuis le début de l'année ?

«Assez ! Je suis fatigué de tes craintes ! Réveille Queudever… C'est le, moment, je te dis ! »

Harry écoutait l'échange sans pouvoir faire un geste – Ça ne pouvait pas être vrai ! Il ne pouvait pas avoir été dupe à ce point ! Et pourtant… Quirrell l'avait eu par surprise quand il avait commencé à lui raconter, avec une certaine agressivité, qu'il avait trouvé bien les livres, mais que ça n'expliquait rien :

« Ils sont dans le bureau de mon père, Professeur, et vous le saviez, n'est-ce pas ? Alors, que dois-je comprendre maintenant ?»

Le professeur Quirrel avait à peine essayé de le convaincre que Remus voulait produire un élixir de vie, quelque chose dans le ton d'Harry lui avait sans doute fait douter qu'il y parviendrait. Profitant d'un instant où son élève avait détourné les yeux vers les cages où une multitude de rats s'énervaient les uns les autres, il l'avait paralysé, sans lui ôter sa conscience cependant. Harry entendait tout mais ne pouvait pas bouger le moindre muscle. Et ça voulait dire qu'il avait besoin de lui, disait une petite voix cynique dans sa tête… sauf que le reste d'Harry ne voyait pas à quoi il aurait pu être utile !

C'est alors que cette Voix qui s'était faite entendre ! Une voix métallique et inhumaine. Une voix qui n'avait pas de corps. Elle avait eu ce discours terrible…un discours que Harry ne pouvait arriver à attribuer qu'à une seule personne… Ça ne pouvait pas être vrai. C'était un cauchemar. Il allait se réveiller !

Sans plus s'occuper de lui, Quirrell s'était ensuite tourné vers ses rats et avait ouvert une des cages pour en sortir un petit animal. Harry s'était senti encore plus stupide. Évidemment, Queudever était un de ces innombrables rats dont Quirrell avait remplis son bureau ! Combien de fois était-il venu dans ce bureau depuis la rentrée ? Ce que ce traître avait dû rire de lui ! A peine sur le sol, l'animal s'était immobilisé, et un petit homme blond aux traits usés, moins maigre qu'un an auparavant mais toujours voûté et inquiet, avait pris sa place dans un léger petit bruit sec – comme une bouteille de champagne qu'on ouvre, avait amèrement pensé Harry. Les petits yeux nerveux de Queudver avaient balayé la pièce et s'étaient arrêtés sur Harry.

«Toujours là où il ne faut pas, toi, décidément !», s'était-il ouvertement moqué.

Harry en aurait pleuré. Ce traître avait, une fois de plus, raison. Comme deux étés auparavant, il n'aurait pas dû être là. Il sentit la colère traverser son corps pétrifié. Il avait le don pour se mettre dans des situations incroyables ! Pourquoi s'était-il cru si fort, si capable de gérer cette histoire tout seul ?

Malgré les questions d'Hermione : « Harry, je ne sais pas ce que tu ne veux pas nous dire, mais tu ne crois pas que tu cherches à en porter trop tout seul ? »

Malgré les mises en garde de Cyrus – « Tu ne vas pas laisser ce ver de terre te monter la tête, Harry ! Va voir Papa, demande lui, il te répondra, tu le sais ! - Non, ce n'est pas Sirius qui dit ça… Enfin, il est d'accord avec moi ! Harry ! Ne t'en va pas ! Ecoute-moi ! Si tu retournes le voir, je dis tout à Papa, tu entends ce que je te dis ?! »

Malgré les regards inquiets de Remus pendant toutes les vacances : «Harry… si… Je sais que tu grandis et que tu as le droit d'avoir tes secrets… mais si tu as envie d'en parler... »

Malgré l'avis de tout ceux qui l'aimaient, il avait voulu savoir seul, trouver la vérité seul, confondre seul celui qui mentait…. Quelle vanité stupide ! Oui, Harry aurait aimé… Mais il ne pouvait rien faire seul, même pas pleurer !

«Bien», reprit la Voix qu'Harry aurait préféré ne pas nommer. «Queudver, tu as un peu plus de nerf que Quirrell : tu vas soumettre ce jeune sot et l'emmener au troisième étage… Toi et moi, Quirrell, nous allons emmener nos petits amis là où nous avions décidé… Nous nous retrouverons là-haut. »

Avec zèle, Quirell réunit une dizaine de rats dans une seule cage et la prit dans ses bras. Qu'espérait-il en faire ? Quel rapport avec le troisième étage ? Mais avant qu'Harry y ait plus réfléchi, il vit de nouveau cet homme, qui avait trahi tous les êtres qui comptaient dans sa vie, entrer dans son champ de vision. Celui-ci le regarda sans une once de pitié, leva sa baguette et s'exclama : « Impero ! »

« Ron, il faut faire quelque chose ! », souffla Hermione avec une énergie étonnante.

« Hein quoi !? », sursauta le garçon s'extirpant de son manuel de potion.

« Harry est parti depuis deux heures, Ron ! Soi-disant pour aller voir si Cyrus va bien ! », développa Hermione.

«Et alors ? Il a été malade pendant les vacances... et c'est son frère ! »

«Tu es d'une crédulité sans borne, Ronald Weasley ! Tu n'as pas compris qu'il nous mène en bateau depuis des mois avec ces histoires de frère ? Tu veux que je te dise où il est, moi ?»

«Mademoiselle Granger et Monsieur Weasley, c'est une bibliothèque, ici!», leur rappela brutalement Madame Pince.

«Pardon, Madame », répondirent automatiquement les deux interpellés.

Certains élèves leur jetèrent des regards curieux, mais Hermione s'était levée et réunissait ses affaires.

«Ne me dis pas que tu as tout fini ! », souffla Ron avec amertume.

«Non, mais il y a plus important qu'un devoir de potion »

Le rouquin la dévisagea avec inquiétude : « Tu es malade ? Tu n'aurais pas du reprendre deux fois de la crème au chocolat, je le savais ! »

«Je vais de ce pas voir Cyrus, moi… et en avoir le cœur net ! »

«Voir Cyrus ? Mais - Mais tu ne sais même pas comment aller chez eux», objecta Ron.

«Non, mais toi, tu as passé des vacances ici, hein ? Tu sais y aller, n'est-ce pas ?»

«Heu oui… Mais enfin, on… »

«Alors, qu'est-ce que tu attends !? »

Quelques minutes plus tard, les deux amis sortaient de la bibliothèque. Ron avait laissé tomber une à une ses objections et s'était laissé convaincre qu'ils ne risquaient pas grand-chose à « aller voir ». Ils s'engouffrèrent dans l'escalier en courant et dévalèrent la première volée de marche pour tomber nez à nez avec Cyrus qui montait, beaucoup plus calmement, le même escalier.

«Ron ! Hermione ! Je vous cherchais justement ! Papa vous invite très officiellement à prendre le thé… » - commença le petit frère de Harry assez joyeusement.

«Où est Harry ? », l'interrompit brutalement Hermione.

« Harry ? J'en sais rien ! »

« Rien de rien ? », insista la jeune fille.

« Il a dit qu'il allait te voir », expliqua Ron, un peu gêné de la réaction ouvertement suspicieuse de son amie, « ça fait deux heures ! »

« Me voir ? Ah non… Je sors juste de la maison : il ne pouvait pas me rater ! » L'incertitude fit froncer les sourcils à Cyrus.

« Cyrus, je ne sais pas si tu sais… mais, depuis des semaines maintenant, il va… », commença Hermione d'une voix hésitante

«… voir Quirrell », termina Cyrus abruptement. Oui, il me l'a dit. Tu crois que…?»

Il y avait un sérieux très inhabituel dans la voix du petit frère d'Harry. Les deux Gryffondors ne purent s'empêcher de le noter. Un sérieux mêlé d'agacement, un mélange qu'ils n'associaient pas avec le lutin brun qui aimait rire - souvent aux dépends des autres.

« Et ça fait plusieurs fois qu'il nous dit qu'il va te voir et qu'il revient la tête à l'envers et… », continua la jeune fille.

Sans la laisser finir, Cyrus tapa très soudainement du poing sur la rambarde de marbre : « Ça a assez duré cette histoire ! Quel imbécile ! Allons le chercher ! »

Joignant le geste à la parole, il pivota et se mit à dévaler l'escalier. Hermione et Ron prirent à peine le temps d'échanger un regard et le suivirent.

« Tu sais, Hermione,… Harry va nous en vouloir », commença Ron après un moment de course dans les couloirs.

Sa camarade lui jeta un regard embêté : « C'est ce que j'étais en train de me dire… ».

Cyrus n'était pas assez loin d'eux pour ne pas les entendre. Il s'arrêta et leur fit face : « Ce n'est pas tant qu'il aille voir Quirrell qui est inacceptable ! C'est qu'il se mette à douter de Papa et qu'il ne lui dise pas, et que Quirrell le fasse fouiller dans ses affaires… Je l'avais prévenu que s'il retournait le voir, je dirais tout ! » - expliqua-t-il d'une voix essoufflée.

Hermione et Ron le dévisagèrent. Ils n'avaient aucune idée de ce que voulait dire Cyrus, mais ils mesurèrent l'étendue de ce que Harry leur avait caché. Comment leur ami avait-il pu être aussi secret ?

« Attends, attends, tu veux dire…? », commença Ron en secouant la tête. Il avait particulièrement du mal à croire que son ami d'enfance ait pu évoluer autant près de lui sans qu'il ne s'en rende compte.

« Je ne sais pas ce que Quirrell cherche, mais c'est trop louche ! Il a mis les pires idées dans la tête de Harry et, même s'il n'est pas entièrement convaincu, il est quand même troublé… J'ai mis toutes les vacances à comprendre ce qu'il avait ! », reprit le jeune garçon en secouant de nouveau la tête.

La partie la plus flegmatique du cerveau d'Hermione nota de nouveau que Cyrus avait une voix différente de d'habitude, moins goguenarde – mais c'était peut-être la colère -, plus… plus, plus grave… moins enfantine. Mais cette colère et les questions soulevées ne correspondaient pas tellement à l'image légère et inconséquente qu'elle s'était faite du petit frère d'Harry. C'était comme si la relation s'était inversée et que Cyrus entendait protéger Harry de ses propres bêtises au point d'être prêt à le dénoncer.

« Allons-y », accepta-t-elle néanmoins, avec un soupir, « nous verrons bien ! » Ron acquiesca avec l'air de se poser les mêmes questions qu'elle.

Le trio arriva rapidement ensuite dans le couloir où était le bureau de Quirrell. En ce dimanche après-midi, il n'y avait personne à l'horizon. Cyrus s'arrêta et leur fit un petit signe interrogateur.

« C'est peut-être moins curieux si j'y vais seule », décida Hermione. « Je peux toujours prétendre que je veux des renseignements sur le dernier cours… »

Acceptant le plan, Cyrus et Ron hochèrent la tête et se reculèrent derrière une colonne. La jeune fille s'avança vers la porte, toussota et frappa deux coups légers. Rien ne lui répondit. Elle attendit un peu et frappa de nouveau et attendit. Aucun résultat. Elle sortit sa baguette pour murmurer un Alohomora, et la porte s'ouvrit. Hermione la poussa légèrement et appela à voix haute : «Professeur ? Professeur Quirrell, vous êtes là ? »

« Il ne doit pas être loin », commenta Cyrus, sortant de son recoin en tournant la tête de tous les côtés, « pour laisser sa porte sans protection… Un simple alohomora ? Il rigole !»

« Il n'a peut-être rien à cacher », grommela Ron.

«Harry te dirait qu'aucun professeur sain d'esprit ne laisse jamais une porte ouverte ou tout comme», répondit Cyrus, les sourcils toujours froncés. « Tu veux bien faire le guet, Ron ? »

Sans attendre la réponse, il s'engouffra dans la pièce, Hermione sur les talons. Ils échangèrent un regard d'impuissance. Aucun des deux n'était jamais entré dans ce bureau, et ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils cherchaient.

« C'est bizarre, non… toutes ces cages vides ? », remarqua Hermione après un énième regard circulaire.

Cyrus haussa les épaules et continua d'avancer vers le bureau. Des piles de parchemins, des livres ouverts… une bouteille d'encre ouverte… Non, le maître des lieux n'était pas loin, jugea-t-il, ou il était parti précipitamment… Il avança encore et entendit rouler quelque chose devant son pied. Il se baissa par réflexe et distingua une fine baguette de bois qui avait roulé sous le bureau. Il tendit la main.

« Cyrus… on ne devrait pas être là… Ne restons pas là… », appelait Hermione qui battait en retraite vers la porte.

Le garçon se releva et lui montra d'un air sombre la baguette magique qu'il venait de trouver sous le bureau. « Bois de houx… Je parierai qu'elle contient une plume de phénix… C'est la baguette d'Harry, Hermione - j'étais là, le jour où il l'a achetée ! »

Sa voix était blanche. Hermione se sentit elle aussi pâlir.

« Tu crois que… »

« Harry ne laisserait jamais sa baguette… »

Hermione acquiesça. Dans le monde magique, ne pas avoir de baguette, c'était être sans défense.

« Mais où…? », commença-t-elle, incapable de terminer son idée.

«Vous avez vu passer Quirrell au troisième étage, hein ? Harry m'a dit ça», répondit Cyrus, en faisant rouler la baguette dans sa main droite comme si elle allait lui révéler ainsi ce qui était arrivé à son propriétaire. De nouveau, Hermione ne put qu'opiner de la tête. Les mots lui manquaient. «Allons-y », conclut sans joie le jeune garçon de dix ans.

C'était comme s'il avait subitement grandi, songea Hermione. Pas que son corps ait changé ou ses cheveux soient mieux coiffés. Mais son regard était plus sombre et grave, et le geste avec lequel il empocha la baguette de son frère trahissait plus de pratique qu'Hermione n'avait encore rêvé atteindre.

Quelques dizaines de minutes plus tard, loin des bureaux des professeurs ou du troisième étage, le chaos menaçait Poudlard. Les rats étaient devenus des trolls, de puissants trolls armés de gourdins, la démarche pesante et le caractère obtus aggravé par des mois de captivité. Ils ravageaient sur leur passage les peintures et les tentures, ils renversaient les armures, ils assommaient les élèves et terrassaient les elfes. Ils n'étaient que dix mais faisaient plus de carnage qu'une meute de loups affamés.

Les professeurs, éparpillés entre leurs bureaux, leurs appartements et leurs visites au Pré-au-lard, venaient seulement d'arriver à se réunir dans le grand hall. Un groupe d'élèves apeurés s'étaient regroupés autour d'eux. Rogue tentait de les diviser en trois équipes : « Professeur McGonagall, essayez de rassembler le maximum d'élèves dans la Grande salle, moi et… »

Remus arriva à cet instant précis, le visage tendu, et Severus remercia silencieusement Merlin de lui retirer le choix d'un chef pour une équipe de combattants de trolls. Brûlotpot ? Trop vieux ! Sinistra ? Trop dans la lune! Chourave ? Trop gentille ! Flitwick ?... Flitwick…

Les autres professeurs semblèrent tout aussi heureux de le voir. Ils tournèrent immédiatement leurs questions – «Comment des trolls peuvent être entrés à Poudlard ? » «Qu'allons nous faire ? » – leurs espoirs et leurs craintes vers lui. Et Severus n'arriva même pas à leur en vouloir. C'était la fonction qui faisait cela, songea-t-il. La fonction et la confiance de Dumbledore, rajouta-t-il quand Remus réussit à obtenir le silence en levant simplement les mains :

«Je ne sais pas… ni d'où ils sortent, ni ce qu'ils veulent… Une équipe avec moi ; nous allons au deuxième étage. Professeur Rogue, je vous laisse le premier… Professeur McGonagall, je pense qu'il faut en effet réunir les élèves à un seul endroit et organiser une défense. Faîtes-vous aider par Poppy et les préfets - nous allons vous les envoyer… Nous nous occuperons des blessés plus tard… Il faut d'abord arrêter ces monstres !»

Au moment de se séparer de l'autre équipe, il glissa à Severus :

« Je ne sais pas où sont les garçons. J'avais envoyé Cyrus à la recherche d'Harry et ses amis pour le thé… » Ça semblait vraiment dérisoire, à ce moment-là, le thé…

Le maître des potions opina : « Si je les vois, je te préviens. » Ils allaient se séparer quand une idée s'imposa dans l'esprit de Severus. « Et, où est notre grand spécialiste des trolls ? »

Remus tiqua à son tour et gronda : « Tu crois ? » Rogue haussa les épaules sans pour autant revenir sur son affirmation. « Plus tard », conclut rageusement Lupin, et ils se séparèrent sans un regard de plus.

Quand les clameurs et les fracas des trolls auraient pu leur parvenir, Cyrus, Ron et Hermione étaient déjà bien avancés dans leur exploration du troisième étage. Ils avaient déjà profité de la harpe perpétuelle placée par Quirrell pour se glisser sous la trappe que gardait l'énorme molosse à trois têtes, étonnement endormi par la musique.

« Ah, c'est donc ici que se cachait Touffu », avait commenté Cyrus avec flegme.

« Ne me dis pas que cette horreur à un nom ! », avait blêmi Ron.

« Chut, tu vas vexer Hagrid », s'était moqué le petit frère d'Harry avant de se glisser le premier dans la trappe ouverte.

Sous la trappe, une longue chute les attendait, amortie par une sorte de plante qu'ils eurent d'abord du mal à reconnaître – avant qu'elle n'essaye de les étouffer.

« Je sais ! C'est un filet du Diable », finit par affirmer Hermione en arrachant une parie des tentacules qui l'enserraient.

« Voilà qui est rassurant », avait commenté Ron qui se débattait lui aussi contre la monstrueuse étreinte.

« Et intéressant ! », avait ajouté Cyrus en sortant la baguette d'Harry de sa poche pour en faire jaillir une grande torche de feu. La plante avait battu retraite, devant les deux Gryffondors éberlués.

« Où t'as appris ça ? », avait murmuré Ron.

« Un vieux souvenir », avait lâché Cyrus en haussant les épaules.

Ron et Hermione n'avaient pas eu le temps de creuser. La pièce suivante était trop étonnante pour cela : très haute ; très claire, bien qu'elle n'eût pas de fenêtre ; peuplée de clés voletant tels des Vifs d'or dans tous les sens. Cyrus essaya le premier la porte qui se révéla fermée et récalcitrante aux différents sorts qu'il essayait - non verbalement, nota Hermione.

« Elle doit être fermée à clé - avec un sort empêchant de faire autre chose que d'utiliser une clé », il annonça à haute voix.

« Les clés, ce n'est pas ce qui nous manque ! », s'exclama Ron en levant la tête vers le nuage de clés ailées.

« Oui mais, laquelle ? », soupira Hermione.

« Une vieille clé un peu tordue », répondit Cyrus qui observait la serrure.

Après un instant de réflexion, il avait de nouveau extrait la baguette d'Harry de ses robes. En un murmure, les yeux fermés, il fit apparaître à sa place une petite flûte à bec. Puis il se mit à en jouer. Les clés se mirent à voler de plus en plus vite, dans tous les sens, de plus en plus près de leurs têtes. Toutes sauf une, qui faisait des cercles moins rapides, comme si elle était irrésistiblement attirée par la musique, songea Hermione.

Alors qu'il reprenait son souffle, Cyrus lâcha : « C'est elle, attrapez-là ! »

Quand il se remit à jouer la clé se rapprocha encore de lui, et Ron se jeta sur elle. Le jeune Gryffondor eut d'abord bien du mal à la tenir mais la clé finit par se calmer.

«Bravo, Cyrus ! », s'exclama alors Hermione avec enthousiasme. «Ouvrons la porte ! »

« Hum », grommela alors le petit frère d'Harry avec cette nouvelle voix plus grave qu'il semblait avoir adoptée. «Je suis en train de vous faire faire la pire idiotie qu'on puisse imaginer, moi ! Qu'est-ce qu'on va faire face à Quirrell, nous trois…? »

«Mais Cyrus, t'as l'air de te débrouiller comme un chef», applaudit Ron avec conviction.

«Je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme là ! Il doit y en avoir d'autres obstacles, et des plus coriaces que ça ! Rem - Papa - me l'a dit quand Rusard... - vous vous souvenez ?» Ron et Hermione opinèrent avec empathie - ils n'avaient pas oublié le sacrifice de Cyrus. Ce soir-là aussi, il avait eu l'air plus vieux et plus sage qu'eux. «Je ne suis qu'un enfant !», ajouta Cyrus avec une colère mêlée de frustration. Les deux Gryffondors n'eurent pas le temps de l'interroger sur le sens profond de cette constatation. «Non, il faut de l'aide… Un de vous d'eux doit aller chercher Rem... - Papa.»

Ses deux compagnons échangèrent un regard. Aucun des deux ne voulait retourner. Même si l'objection de Cyrus semblait valide, l'excitation de l'aventure se mêlait maintenant à leur inquiétude pour Harry et aucun n'avait envie de faire demi-tour. Quels que soient les risques ! Comprenant leur indécision, Cyrus demanda d'un air innocent :

«Qui court le plus vite ?»

«Moi», répondit Ron avec une certaine assurance alors qu'Hermione hochait la tête avec résignation.

«Alors cours, Ron ! Trouve mon père», répliqua Cyrus en se tournant déjà vers la porte. «Dis-lui que c'est moi qui t'envoie. Tiens, avec ça, il ne devrait pas en douter», ajouta-t-il tirant de sa chemise une médaille dorée, ornée de minuscules rubis qui semblaient dessiner une constellation. Quand il l'eut entre les mains, Ron lut "Cyrus Mélanio Lupin" gravé au dos de la médaille. « C'est ma médaille brésilienne», commenta Cyrus, avec une patience affectée. «Elle me vient de ma mère. Dis à Remus que Quirrell a Harry… Dis-lui que je ne tiendrais pas longtemps - mais ça, il le sait. » Il avait presque murmuré les derniers mots.

Le jeune Weasley hocha la tête, ouvrit la bouche comme pour protester mais Cyrus s'était retourné comme pour dire que le temps des explications était passé. Ron hocha la tête et quitta la pièce sans rien rajouter. Hermione s'étonna de l'autorité qui émanait de Cyrus. Qui aurait cru qu'il avait un an de moins qu'eux ? Qui aurait reconnu le lutin facétieux qui s'attirait les remontrances de Rusard dans les couloirs de Poudlard ?

«Cyrus, où as-tu appris à te servir d'une baguette comme ça ? Même Harry…», osa-t-elle demander.

«Hermione, tu vas entrer la première », l'interrompit Cyrus sans lui répondre. «Tu connais le sortilège de Stupefixion ? »

«Heu… dans les livres… »

« Ça va être le moment de t'en rappeler. Tire sur tout ce qui bouge - je suis derrière toi, je te couvre. »

Hermione s'étonna une nouvelle fois de son assurance et de son savoir-faire. C'était comme s'il avait DÉJÀ fait ça. Elle ne comprenait pas comment elle lui faisait une telle confiance, comment il se révélait tout d'un coup capable de réaliser tous ces charmes et ses sortilèges. Tout ça n'avait aucun sens. Elle obéit néanmoins, inspira et ouvrit la porte, sa baguette pointée en avant, prête à mettre toute son énergie dans un sort qu'elle n'avait jamais jeté. Mais rien ne bougeait dans la salle suivante qui abritait un gigantesque échiquier.

« Oh… c'est Ron qui aurait dû rester ! Je suis nulle aux échecs ! », s'exclama la jeune fille.

« Ça, c'est du Minerva tout craché », grommela Cyrus en observant les pièces. « Va falloir jouer serré ! »

Ron courrait. Il n'avait que ça à faire. Il avait vite compris que quelque chose se passait dans Poudlard. Il avait croisé un troll au bout du premier corridor qu'il avait emprunté ! Les cris, les fracas et le bruit caractéristique des sortilèges que lançaient les professeurs avaient fini de lui faire comprendre que l'heure était grave. Où trouver Remus ? Là où il y avait le plus de bruits, décida-t-il.

Mais le premier groupe de professeurs sur lequel il tomba était dirigé par Severus Rogue, en nage, les cheveux en bataille, bien loin de l'image compassée qu'il aimait afficher. Pourtant, même dans cet état peu reluisant, il parût aussi terrible que d'habitude à Ron quand il rugit :

«M. Weasley ! Qu'est-ce que vous faites là !? Où est Harry ? Où est Cyrus ? »

Ron n'avait pas pu s'empêcher de sursauter devant la violence de cette apostrophe. Il commença par bafouiller mais la voix de Cyrus répéta dans sa tête : « Je ne vais pas tenir très longtemps ». Il n'avait pas le temps d'avoir peur de Rogue !

«Je dois trouver le professeur Lupin. Vite !», avait-il répondu avec une assurance toute nouvelle. Comme le maître des potions lui lançait un regard où la colère le disputait à l'indignation, il avait néanmoins expliqué: «Quirrell a enlevé Harry… Il l'a emmené au troisième étage… Cyrus et Hermione…. »

Il n'arriva pas à finir sa phrase, Rogue l'avait empoigné par ses robes et, le soulevant à moitié du sol, l'entraînait vers le directeur de Poudlard.

Le deuxième groupe de professeurs venait juste d'abattre un troll qui gisait maintenant de tout son long au beau milieu du pallier du deuxième étage.

«Plus que deux », se félicitait Flitwick qui faisait apparaître des cordes et les enroulaient autour de la monstrueuse créature.

Remus, livide, acquiesça d'un geste brusque. Ses sens en alerte entendirent Rogue et Ron arriver avant qu'ils ne soient dans son champ de vision. Il tourna instinctivement la tête vers le groupe qui arrivait.

« Ron ! »

«Rem… », commença le jeune garçon, réellement soulagé d'avoir trouver le père d'Harry et Cyrus. « Heu, professeur », se reprit-il. Lupin eut un geste agacé – ce n'était pas le moment d'être formel ! «Harry… Harry…Quirrell l'a enlevé… On a trouvé sa baguette - celle d'Harry… dans son bureau - le bureau de Quirrell… Cyrus l'a - la baguette… il cherche Harry avec Hermione…au troisième étage… j'ai sa médaille», continua l'enfant avec difficulté. L'urgence s'embrouillait ses explications. « Hé ! Attendez-moi ! »

« On refait pareil ? »

Hermione acquiesça. Ils se tenaient devant une nouvelle porte, et nul ne savait ce qui se cachait derrière.

Il lui suffisait de repenser une seconde à la partie d'échecs pour avoir des frissons. Ils avaient dû prendre la place de pièces – Hermione fut un fou, Cyrus la reine. La partie avait semblé durer une éternité à la jeune fille qui savait à peine comme les pièces se déplaçaient. Cyrus avait sombré dans une concentration intense, donnant ses indications d'une voix grave et sèche, sans jamais sembler entendre ses timides interrogations – « Tu sais jouer ? » « Tu es sûr qu'on ne devrait pas attendre ton père ? », « Si on est pris… qu'est-ce… tu crois qu'il va nous arriver ? » Non, pas une seule réponse. La partie avait été en effet serrée. Ils s'étaient retrouvés à quatre pièces contre cinq. Cyrus avait réussi à acculer le roi blanc entre une diagonale tenue par Hermione-Le Fou et deux lignes tenues par Cyrus-la Dame. Ça s'était joué à un coup. De justesse. Le Roi blanc avait déposé sa couronne au pied de Cyrus.

Ils avaient ensuite résolu l'énigme de Rogue et trouvé la potion, parmi les sept flacons, qui permettait d'arriver jusque là. Pour la première fois, Hermione s'était sentie vraiment utile car le raisonnement logique avait semblé désarçonner Cyrus plus que les monstres à trois têtes, les clés volantes, les plantes étouffantes et les échecs sorciers… C'était elle qui avait démonté l'énigme et désigné le bon flacon. L'enfant l'avait dévisagé un instant de ses grands yeux gris avant d'en boire le contenu avec décision.

Après toutes ces épreuves, ils n'allaient pas renoncer ! Hermione voyait bien que Cyrus avait l'air fatigué. Ses yeux étaient fiévreux, sa respiration rapide et son front luisait de sueur. Elle repoussa une nouvelle fois les questions lancinantes qui la taraudaient. L'important était de sauver Harry et la pierre… Il serait toujours temps de demander comment le pas-si-petit-frère d'Harry pouvait se transformer en quelque instant en sorcier chevronné…

Elle mit une main un peu moite sur la poignée de la porte et l'ouvrit doucement. Elle distingua, cette fois, trois silhouettes de dos regardant un miroir. Harry était au centre, à sa droite se tenait Quirrell et à sa gauche un homme blond qui se tourna le premier et leva immédiatement sa baguette.

« A terre ! », hurla Cyrus en la poussant au sol avec violence surprenante et en jetant immédiatement un sort vers l'homme qui s'était tourné : «Impedita ! »

Hermione roula sur elle-même jusqu'à une colonne qui lui offrit un léger abri. Harry et Quirrell s'étaient tournés eux aussi.

«Non !», avait hurlé Harry d'une voix désespérée en les reconnaissant. «Partez !» Dans un bouquet d'éclairs lumineux, Cyrus vint la rejoindre, haletant.

«Pas le temps de les laisser se ressaisir », gronda-t-il. « Bouge pas, je vais les attaquer de côté… ».

« Qu'est-ce que c'est que ça !? », tonna une voix incroyablement métallique qui ne semblait venir d'aucun corps.

« Une élève… et le fils de Lupin », répondit Quirrell, visiblement nerveux. Instinctivement, il avait agrippé Harry qui de fait avait cherché à s'enfuir une fois que l'Imperium de Peter avait été détourné de lui par la bataille.

« Le fils de qui ? », murmura l'homme blond, qui tournait lentement sur lui-même sa baguette à la main, prêt à riposter.

« Je t'avais dit Queudever que Lupin avait adopté le fils de Black », balbutia le professeur.

« Alors Peter, on a vu un fantôme ? », clama Cyrus en sortant brusquement de derrière une gargouille et avant de crier : « Tarantulla ! »

Queudever mit une seconde de trop à réagir à un sort pourtant bénin. La voix de Cyrus l'avait visiblement glacé. « Ce n'est pas possible » se lisait sur son visage blafard. Malheureusement le sortilège ne l'atteint qu'au bras et les tremblements qu'il lui infligea ne durèrent qu'un instant, constata Hermione avec rage.

Elle devait aider Cyrus ! Elle le devait ! Désespérée, elle regarda autour d'elle et avisa un grand vase dans un angle de la pièce derrière Quirrell. Elle le fixa, leva sa baguette comme le professeur Fliwick le leur avait appris et le fit s'élever dans les airs pour l'amener au-dessus du professeur de défense contre les forces du mal, qui avait perdu beaucoup de sa superbe depuis que les sortilèges volaient dans la pièce. Elle relâcha sa tension mentale, et le vase tomba sur la tête de Quirrell qui couina un son désarticulé en tombant au sol. Harry profita de cet instant pour rouler derrière le miroir, puis jusqu'à Hermione. La Voix hurla : «Bande d'incapables ! Queudever, nous devons partir ! Maintenant !»

Le temps d'un regard avait suffi. Remus et Severus s'étaient élancés dans un même mouvement. Le premier se retourna juste pour crier à Flitwick : «Continuez ! Et appelez Dumbledore ! »

Ron les suivit de son mieux jusqu'à l'entrée du labyrinthe où l'équipe de Poudlard avait caché la pierre philosophale. Il ne put s'empêcher de penser que ces deux hommes – qu'il considérait comme si différent l'un de l'autre - partageait une foulée olympique et des réflexes incroyables…

A leur suite, il repassa devant le molosse et se laissa glisser dans la trappe. Rogue repoussa de nouveau la plante avec du feu et Remus conjura la clé avec une flûte – « C'est exactement ce que Cyrus a fait » avait commenté Ron avec une fascination palpable pour la famille Lupin. Devant le regard inquisitorial de Severus, Remus avait lâché : «C'est un truc de maraudeur… une idée de James, en fait ! » Ron avait senti que le maître des potions ne trouvait pas cela aussi malin que le directeur de Poudlard, mais il n'aurait pas su dire pourquoi…

Quand ils étaient entrés dans la salle de l'échiquier, Remus et Severus s'étaient donné la main et avaient récité ensemble une longue incantation qui ne ressemblait à aucune langue que Ron avait jamais entendue. Les pièces s'étaient alors immédiatement alignées, dans le sens de la longueur, pour faire une double haie d'honneur au directeur de Poudlard et son adjoint. Ron les avait suivis sans retard, peu certain que cet état pacifique allait durer. Il se demanda un instant comment Hermione et Cyrus avaient passé cet obstacle – question qu'il se répéta dans la pièce suivante. Rogue avait pris la bonne potion avec décision, sans un seul regard pour sa petite mise en scène, et ils avaient traversé sans attendre le feu violet qui les séparait encore de la salle où se trouvait la pierre. Mais comment Hermione et Cyrus, eux, avaient-il su ? Il n'eut pas le loisir de le demander à Remus. Dès la porte passée, ils purent entendre que la bataille faisait rage. Lupin s'était alors tourné vers Ron.

« Il est absolument hors de question que tu nous suives là-dedans tant que je ne te dirai pas de venir, c'est entendu !? » Les yeux flamboyants du directeur de Poudlard auraient suffi à arrêter Voldemort lui-même, avait songé le jeune Weasley qui avait acquiescé sans un mot.

Les deux professeurs avaient échangé un nouveau regard. « J'y vais », avait dit Rogue avec décision, et Lupin avait juste hoché la tête, se préparant à couvrir son adjoint quand la porte s'ouvrirait. Ils s'étaient jetés l'un après l'autre dans la pièce, hurlant des sorts et des contre-sorts. La bataille avait paru violente mais courte. Un grand cri avait retenti et un grand souffle avait traversé le château. Ron n'avait jamais eu si froid de sa vie. Il sut plus tard qu'à ce moment, Voldemort avait abandonné les deux hommes qui l'avaient aidé et choisi de continuer à errer dans les limbes du monde magique. Un calme étrange s'était ensuite installé dans la pièce, et Ron avait osé braver les interdits du père de Harry et directeur de Poudlard et glisser sa tête dans l'embrasure de la porte.

A genoux devant le miroir, Quirrell et Pettigrew faisaient face au professeur Rogue qui les menaçait de sa baguette. Dans le coin gauche derrière le miroir, Cyrus se levait péniblement, soutenu par Harry et Hermione. Au milieu de la pièce, Lupin grondait :

« Où est la pierre ? OU EST LA PIERRE ? »

« C'est, c'est moi qu'il l'ait », annonça Harry, d'une toute petite voix. Il sortit une pierre écarlate de ses robes. « Elle est venue dans ma poche quand j'ai regardé le mi… »

« Je vais le tuer », gronda brusquement Remus sans un geste pour la pierre tendue vers lui. Ron vit Cyrus et Harry échanger un regard très inquiet. « Entends-moi bien, Severus, je vais tuer Dumbledore ! Il le savait, hein ? Il savait que Voldemort viendrait et que seul Harry pourrait sauver la pierre ! Et il a prétendu le contraire ! »

« Les raisonnements d'Albus ne sont pas toujours envisageables », commenta Rogue très calmement.

« C'est la dernière fois, tu m'entends ! "Je n'ai plus que cette arme contre vous, Remus !"… Quel vieux sorcier ! Il m'a encore manipulé, mais c'est la dernière fois ! »

« J'entends, Lupin, j'entends », répondit toujours aussi calmement le maître des potions.

Ron sentit qu'il n'en croyait pas un mot. Même le directeur de Poudlard ne sembla pas lui-même convaincu par ce qu'il venait de dire. Une bouffée de colère le submergea, et il jeta un grand de coup de pied dans le miroir qui résonna comme un gong sous le coup. Aucun des quatre enfants ne fit un seul geste. Seul le maître des potions osa lever les yeux au ciel mais Remus ne le regardait pas. Il se tourna ensuite vers l'homme blond prostré à terre et l'apostropha :

« Et toi ! Tu n'as pas pu t'en empêcher, hein, Peter ? Ça ne suffisait pas de nous avoir trahi il y a dix ans ! Il fallait aider Voldemort, hein, il fallait revenir essayer de détruire le peu qu'il restait… Comment te justifies-tu devant toi-même, hein, comment !? » En parlant, il avait agrippé l'homme à terre par ses robes et l'avait relevé devant lui.

Ron écarquilla ses yeux. « Peter ? Voldemort ? C'est Croûtard ? » Il avait du mal à y croire.

« Remus, Remus… C'est un malentendu ! », bredouillait l'homme en larmes. « Tu sais comme je suis faible… »

« Tu es une ordure, Peter, je connais des cancrelats qui ont plus d'honneur que toi ! POURQUOI ?! JE VEUX SAVOIR POURQUOI ! »

Il le secouait en parlant puis il le colla contre le mur. Ron vit alors Rogue esquisser un geste pour intervenir. Mais un double cri s'éleva : « NON, PAPA, NON ! »

Lupin se figea.

« C'est à la justice… c'est à la justice de poser les questions », souffla Cyrus.

« Tu…tu perdrais ton âme », ajouta Harry sur un ton tout aussi éperdu.

Remus ferma les yeux et lâcha les robes de Peter qui s'effondra sur le sol en pleurnichant des remerciements et des excuses. Ron pouvait voir que Lupin tremblait. Il resta un long moment sans sembler être capable de bouger puis se tourna vers les deux garçons et les dévisagea longuement – c'était en fait la première fois qu'il osait les regarder depuis qu'il était entré dans la pièce. Il ouvrit alors doucement ses bras et, sans une hésitation, tous les deux s'y jetèrent.

« Oh… comme j'ai eu peur de vous perdre », murmura-t-il dans un souffle. « Comme je m'en veux ! »

« On… on est désolés », commença Cyrus très doucement.

« C'est de ma faute », intervint Harry plus fort, comme si ça avait été une sorte de compétition entre eux. « J'aurais jamais dû le croire… »

« J'aurais dû aller te chercher tout de suite », renchérit Cyrus.

« J'aurais dû te demander », reconnut Harry, des larmes dans la voix.

« J'aurais dû te dire… » - continua son petit frère – dont la voix semblait redevenue plus aiguë.

« Chut, chut, taisez vous, affreux monstres, taisez vous…Vous êtes là… Vous êtes vivants… On tient Peter... Chut », répondit Lupin d'une voix blanche, sans un instant desserrer son étreinte.

Ron vit Hermione essuyer une larme et il dut avaler plusieurs fois sa salive pour se retenir de devoir faire la même chose. A priori insensible à la scène, le professeur Rogue avait fait apparaître des liens qui enserraient maintenant Peter. Le professeur Quirrel était toujours prostré au sol.

« Mais… », insista Harry.

« Chut, je te dis ! Ce n'est pas le moment des excuses… pas encore….»

« Mais », essaya à son tour Cyrus.

« Toi aussi, tu t'en veux ? Et moi, alors ? Qu'est-ce que tu crois ? Qu'est-ce qui m'a pris d'embaucher cet amoureux des trolls… de me croire si malin, de ne pas vous dire ce qui se cachait ici… de…? J'ai voulu vous protéger, je vous ai jetés dans la gueule du loup ! Je n'ai rien vu venir… J'en fais un fameux père !»

« Re… Remus, c'est… c'est vraiment le fils de Sirius ?», demanda alors précipitamment Pettigrew que Rogue poussait dehors.

Lupin se retourna lentement, sans lâcher les deux garçons, et rencontra une dernière fois le regard fuyant de celui qui avait été, dans une autre vie, son ami. Il lâcha du bout des lèvres le plus glacial des « Le diable te le dira peut-être, Peter ! »

Alors là, le premier qui dit qu'il ne se passe rien….

Bon, et maintenant ? En fait, tout est possible !

On peut avoir le procès… Quand je pense que je voulais éviter ça… mais je crois qu'on ne pourra totalement s'en passer…

On va réhabiliter Sirius ? OK, d'accord, pas de problème…

Mais…

Peut-on rendre son corps à Sirius ? Depuis le temps….Va falloir demander à Rogue, ça… s'il sait…

Est-ce que Sirius veut redevenir un adulte ? Hum… je me demande… pas si sûr Et Cyrus qu'en pense-t-il ?

Est-ce que Fudge peut avaler ça ? Et c'est là que je cale le plus pour l'instant… A mon avis non… ou alors difficilement … ou alors il va vouloir se venger qu'ils l'aient tous rendu ridicule…

Et les Malefoy – et oui ! – comment vont-ils prendre tout ça….

Combien de chapitres déjà… Pfff…

Je veux votre avis…. Évidemment !

PS – La suite a quand même déjà un nom « Long, difficile et hasardeux»… ha, ha, ha…