Entre Lune et Étoile
Disclaimer – le même que le chapitre précédent…
37 - Long, difficile et hasardeux
Les conversations s'arrêtèrent net quand ils pénétrèrent tous les trois dans le bureau de Remus. Dumbledore était assis, avec une certaine nonchalance – il était un peu chez lui ici –, sur une chaise devant le bureau. Il discutait avec Minerva qui se tenait aussi raide qu'à son habitude sur un fauteuil bas à sa droite. Severus les écoutait, debout, appuyé sur la bibliothèque qui couvrait le mur gauche. Son air sombre s'assombrit encore quand il les vit entrer.
« Toute la petite famille ! », grinça-t-il.
Remus pressa doucement l'épaule d'Harry qu'il poussait devant lui, comme pour lui demander de ne pas répondre, et plongea résolument son regard dans celui du maître des potions. Cyrus, qui était rentré derrière eux, était venu se placer à ses côtés et observait la scène avec son apparente curiosité distante habituelle.
«TOUTE la 'petite' famille est concernée, Severus », expliqua alors Lupin avec le plus grand calme.
«Remus a raison, Severus, Harry… », commença aimablement Dumbledore.
«Harry est là parce que je lui ai dit de venir », le coupa un peu sèchement Remus.
Le président du Magengamot leva des yeux plus ennuyés que surpris vers son ancien élève. Harry savait qu'ils s'étaient déjà disputés le dimanche soir, une fois que les Aurors qui étaient venus avec lui eurent emmené Quirrell et Pettigrew. Lupin avait dit à Harry de rester dans son ancienne chambre ce soir-là – vu le nombre d'élèves blessés à l'infirmerie son absence dans la tour de Gryffondor ne serait pas très visible. «Et comme ça, je pourrai venir te voir dormir autant de fois que j'en aurais envie cette nuit… quand je n'arriverais pas à me convaincre que ce cauchemar est terminé », avait-il ajouté avec cette sincérité tranquille qui désarmait toujours autant Harry – encore que ce soir-là, il avait lui-même très envie de la sécurité de sa chambre d'enfant, de son père et de son frère près de lui.
Et, après de longues explications avec Albus et Remus, il était allé rejoindre Cyrus, qui s'était effondré tout de suite après le départ des Aurors. Il aurait pu ruminer les commentaires de son grand-père adoptif sur les moyens qu'avait utiliser Voldemort pour dominer Quirrell et convaincre Pettigrew de revenir à Poudlard. Il aurait aussi pu réfléchir aux excuses de Remus – « Vraiment, Harry, je me sens si coupable ! Je t'ai enfermé dans mon silence… » - et aux siennes – « J'ai été si vaniteux…». Harry aurait pu se demander s'il avait vraiment compris la conclusion de son père : « Nous avons sans doute tous plus grandi aujourd'hui qu'en toute une année… »
Mais tout cela avait mis en arrière plan par la violente dispute qui avait opposée les deux adultes dans le salon - une dispute trop soudaine pour que l'un des deux n'aient pris la précaution de placer un sortilège de silence.
Lupin accusait Dumbledore de faire fi de la sécurité et des sentiments de ceux qui le suivaient. Le président du Magengamot plaidait que les évènements n'étaient pas toujours entièrement prévisibles et qu'il préférait ne pas parler de sentiments alors qu'il comprenait la peur rétrospective de Remus. Le dialogue de sourds qui avait duré longtemps… jusqu'à ce que Dumbledore le close provisoirement en disant : « Je vois que vous ne m'écouterez pas ce soir, Remus… et c'est sans doute de ma faute… laissons du temps au temps… bonsoir ». Cette tentative de médiation avait été encore froidement repoussée par Lupin qui avait marmonné un «bonne nuit, Albus » marqué par d'une rancœur patente.
Le vieux sorcier devait lui aussi repenser à cet échange quand il soupira et hocha la tête, luttant visiblement contre l'envie de répliquer plus vertement. Minerva à sa droite fit une grimace furtive. L'ancien et le nouveau directeurs de Poudlard continuèrent de se dévisager avec un calme déterminé. Tout le monde dans cette pièce savait que Lupin pouvait tenir des heures cette posture. Mais Dumbledore n'était-il pas le seul qui pouvait y résister ? Harry et Cyrus échangèrent un regard un peu nerveux. Severus se racla la gorge et brisa le silence pesant qui menaçait.
« Tu pourrais peut-être t'asseoir… Remus », proposa-t-il de cette voix rare – ni grinçante, ni méprisante, ni agressive – qu'il semblait parfois capable de retrouver.
Lupin inspira profondément et acquiesça brusquement avant d'indiquer de la main un profond canapé en cuir aux deux garçons. Il s'assit entre eux, dédaignant sa place derrière son bureau. Dans cette conversation, sa légitimité était ailleurs que dans son titre de directeur. Harry rencontra les yeux d'Albus qui se posaient sur son père adoptif et y lit une certaine admiration, matinée d'agacement et de tristesse.
«Remus… je suis désolé », commença Dumbledore, d'une voix sincère.
«Je crois que nous allons éviter d'avoir de nouveau CETTE conversation», répondit Remus avec une pointe d'agressivité. «Je pense comme Severus que nous avons des choses plus pressantes à discuter.»
Le silence pesa de nouveau sur la pièce. Aucune des personnes présentes ne fit un geste. Pensaient-ils à cet affrontement de volonté auquel ils venaient d'assister ? Songeaient-ils aux choix qui devaient être faits ? Pensaient-ils à l'animosité montante de Fudge, qui soupçonnait de plus en plus qu'ils lui en avaient caché beaucoup plus qu'ils n'en avaient dit? Ce silence menaçait de durer mais, cette fois, Remus se fit violence.
« Arrêtons ça », soupira-t-il. « C'est ridicule et inutile. Nous avons gagné… n'est-ce pas, Professeur ? » Harry nota la distance prise avec cette expression – impression confirmée par le regard furtif entre Severus et de Minerva. « Nous avons gagné cette bataille… Nous avons la pierre, nous avons Peter… Maintenant… »
« Puis-je quand même dire un mot, Remus ? », l'interrompit doucement le vieux sorcier. Lupin regarda son aîné et acquiesça avec un sourire un peu forcé. « Merci. Je sais que vous ne me croirez pas si je vous dis que JAMAIS je n'ai pensé que ça se passerait comme cela. » Il fit une pause sans quitter Lupin des yeux mais celui-ci ne cilla pas. «Jamais je n'ai pensé que la pierre mettrait Harry et Cyrus en danger… JAMAIS… Je n'ai PAS charmé le miroir pour donner la pierre à un enfant, Remus, mais pour qu'elle apparaisse à ceux qui voudraient savoir où elle était sans vouloir l'utiliser… - ceci valait dans ma tête pour tous les gardiens de la pierre que nous avions sélectionnés. »
«Je n'ai jamais dit que je n'avais aucun tort… et si Harry est là aujourd'hui, c'est bien pour cela… Ce n'est pas parce que les choses sont compliquées et dangereuses qu'il faut les cacher à ceux qu'elles concernent !» - le coupa de nouveau vivement Remus. L'ancien directeur de Poudlard dut réprimer un nouveau soupir.
« Bien », intervint alors Minerva – tout le monde la regarda. Elle était connue pour sa loyauté sans borne pour Dumbledore mais aussi pour ses positions réservées dans les querelles de personnes. Il était extrêmement rare qu'elle prenne la parole dans ce type de réunion et son intervention dans un tel moment de tension prenait tout son poids. « Je pense que nous avons eu deux intéressantes autocritiques qui confirment ce que nous savons tous : nous sommes des humains et nous nous trompons parfois. Je ne dis pas qu'il ne faut pas en tirer d'enseignements», ajouta-t-elle précipitamment quand Remus ouvrit la bouche pour lui répondre. «Mais, comme vous l'avez dit, Remus, ce n'était qu'une des batailles qu'il nous reste à mener, et nous n'arriverons à rien dans la désunion et la méfiance… »
Ça ressemblait de plus en plus au ton qu'elle prenait pour sermonner ses élèves. Et, une fois encore, personne dans cette pièce l'ignorait. Albus Dumbledore eut un franc sourire. Remus réprima un petit rire – les sermons de Minerva le rajeunissait, le ramenait à l'âge d'Harry et de Cyrus… et ça lui faisait du bien ! Peut-être parce que les enjeux étaient alors tellement plus légers.
Les deux hommes levèrent quasiment en même temps les mains en signe d'excuse. Severus leva – de manière prévisible – les yeux au ciel en soupirant. Que faisait-il lui au milieu de tous ces Gryffondors qui perdaient tant d'énergie dans des batailles inutiles ? Le nouveau silence qui suivit fut néanmoins moins lourd. Lupin acquiesça avec moins de raideur quand Albus lui posa la question muette.
« Severus ? », demanda doucement Dumbledore.
Le Maître des potion décroisa ses bras, se décolla de la bibliothèque et inspira profondément avant de parler – un peu comme s'il avait été amené à faire un exposé devant une classe – avait souri intérieurement Harry. Si Parvati l'avait vu aujourd'hui, elle aurait peut-être mieux compris son affection compréhensive pour le terrible professeur.
«Eh bien… j'imagine que c'est la seule chose qui vous intéresse. Disons donc que « ça » semble rester possible. » Il les dévisagea tous un à un avant de continuer comme s'il s'attendait à qu'ils le contredisent. «J'ai essayé de recréer par des surdosages itératifs les conditions physiologiques rémanentes dans lesquelles Cyr…Cyrus » - il eut un regard nerveux vers l'enfant qui avait gardé pour l'instant un silence total – « ...est… Il semble que l'antidote marche encore… beaucoup plus lentement, mais il marche… J'ai encore quelques tests de nocivité à faire, mais ça semble fonctionner encore. J'ai même essayé de dépasser l'état actuel de Cyrus, et ça continue d'agir sur l'aspect physique au moins…. Bien sûr, je ne pourrais jamais… garantir… l'intégralité du résultat… »
«Quelle est votre opinion, Severus ? », demanda Minerva brusquement.
«Mon opinion ? »
«Oui. Pas votre diagnostic, votre sentiment ? », insista le professeur de métamorphose.
Le maître des potions se mordit plusieurs fois les lèvres avant de répondre d'une voix plus douce que d'habitude.
« Eh bien… malgré ce que je viens de dire, je - je… je ne crois pas… que je conseillerais à… à celui qui prendra la décision… de le faire », énonça-t-il finalement.
Minerva acquiesça comme si elle partageait cette opinion.
«C'est trop risqué à ton avis ?», demanda à brûle pourpoint Remus. «S'il te plaît, épargne-nous les surdosages itératifs – quoi que ça puisse être!», ajouta-t-il d'un ton plus léger. Albus eut un petit sourire.
Severus soutint le regard de Remus et articula du bout des lèvres.
« Oui. »
Harry sentit une boule dans sa gorge. Il ne voulait pas perde Cyrus – il avait passé les dernières nuits à se le répéter - mais… mais l'idée que quelqu'un pouvait se trouver pris au piège dans un corps qu'il n'avait pas choisi… tout de même… La petite voix flûtée de Cyrus s'éleva alors.
« C'est quoi le risque ? »
Severus le regarda, regarda Remus – qui hocha la tête en signe d'assentiment, et chercha visiblement comment formuler sa réponse.
«Je sais que le corps reprendra sa forme originelle… à quelques mois ou années près… mais comme Black avait achevée sa croissance, ça ne change pas grand-chose. Mais je ne sais rien des effets psychiques. Je ne sais rien de l'équilibre entre… entre vous deux. »
« Nous deux, Severus ? Mais nous ne sommes qu'un », répliqua tranquillement l'enfant aux yeux gris.
Un frisson imperceptible parcourut l'assemblée. Severus secoua la tête comme pour refuser cette affirmation ou la regretter. Dumbledore tourna la sienne vers la fenêtre, s'abîmant dans une profonde réflexion. Minerva se mordilla les lèvres comme pour retenir sa question. Remus chercha les mains des deux garçons, les serra dans les siennes et prit la parole :
« Cyrus t'a posé une question, Severus. »
Le haussement de sourcil du maître des potions n'avait pas besoin de sous-titre.
«Oui, Cyrus», insista Remus. «Ce corps ci s'appelle Cyrus…» L'intéressé confirma d'un signe de tête. «Ne compliquons pas les choses inutilement. Si leurs psychés sont inséparables, quel risque courent-ils ?»
Dumbledore tourna la tête vers la « famille » Lupin et ferma les yeux en signe d'assentiment. Il soutenait la question de Remus, qui le remercia d'un signe de tête. Severus les dévisagea lentement avant de répondre.
«Je ne sais pas - c'est ce que je vous dis : je n'en sais RIEN… Vous me dites que tout ira bien ? Eh bien, allons-y ! Mais ne venez pas vous plaindre, après » - gronda-t-il, venimeux pour la première fois.
Remus soupira. Cyrus leva la main comme s'il était en classe et tous les yeux convergèrent sur lui. Son père adoptif l'encouragea d'un signe de tête. L'enfant se leva alors, traversa la pièce et vint prendre la main de Severus qui réprima clairement l'envie de la lui reprendre.
« Severus, est-ce que tu me détesteras si je redeviens un adulte ? »
Le maître des potions chercha le regard de Lupin qui haussa les épaules avec philosophie.
« Severus », insista l'enfant, « est-ce que c'est ça le problème ? »
«Non», souffla Rogue d'une voix rauque – Harry pensa qu'il mentait. Le professeur secoua la tête et demanda d'une voix qui semblait plus sincère: « Mais … Enfin Cyrus, c'est vraiment ça que tu veux ? »
oo
Ils marchaient, emmitouflés dans leurs capes et leurs écharpes. La neige couvrait encore le sol même si le froid l'avait tassée. Elle crissait sous leur pied, comme du carton qui plie. Ils avaient quitté Poudlard très tôt pour ne pas croiser trop de monde. Pour une fois, c'est Cyrus qui l'avait proposé !
« Pourquoi Severus ne veut pas me pardonner ? »
« Ce n'est pas toi qu'il ne pardonne pas… »
« Je suis aussi Sirius ! »
«C'est lui qu'il ne pardonne pas», indiqua Remus.
«Ah.»
Remus sourit devant le visage concentré de Cyrus devant cette nouvelle information. Lui-même avait réfléchi longtemps à la position de son adjoint et il était relativement sûr de son jugement. Il retint également que Severus aurait peut-être également avoir le choix de Cyrus. Trop de pressions extérieures ne les mèneraient à rien.
«Ce n'est pas en fonction de Severus que tu dois prendre une décision», précisa-t-il.
«En fonction de quoi alors ? Harry veut que je reste Cyrus, Severus et Minerva aussi», énuméra l'enfant aux yeux gris. «Grand-père s'en fiche… Et toi ?»
«Oh moi… » Le regard sombre de Cyrus ne le lâcha pas. «Bien sûr moi», admit Lupin plus de sérieux. «Moi ? J'aime Cyrus… et j'aime Sirius - un peu différemment sans doute… Moi, je m'accommoderai des deux ! »
«Pfff. »
«Ok. Tu veux que je choisisse pour toi ? », proposa Remus ouvertement moqueur.
«Non !»
«Il me semblait aussi. »
«Mais tu ferais quoi ? », insista Cyrus.
Remus se moqua de nouveau : « Je réfléchirais !»
«A quoi ?», insista Cyrus, imperméable au ton.
«A ce que je veux vraiment… et à ce que je peux faire…», répondit Lupin plus sérieusement. Il avait senti l'appel dans la voix enfantine ; ce n'était pas encore Sirius qu'il avait en face de lui - un Sirius avec lequel il aurait pu badiner sans fin, mais un jeune garçon de presque dix ans avec devant lui une décision qui engageait sa vie même.
«Mais Severus dit que c'est possible», souligna Cyrus.
«Doit-on faire tout ce qui est possible ?», questionna Remus très gentiment. Il fallait que ce soit sa décision, qu'il est regardé certaines choses en face, qu'il n'y ait pas de regret.
«C'est ça, fais-moi une leçon de morale, c'est le moment !», s'agaça l'enfant.
«Hum. Si les questions morales t'ennuient, ça va pas être facile de décider quoi que ce soit ! », estima patiemment Remus.
Les yeux sombres se levèrent vers lui et s'assombrirent encore.
« Ok », soupira l'enfant après un instant de réflexion.
« Quoi, Ok ? »
« Eh bien, vas-y : comment poserais-tu la question ? », répondit Cyrus, prenant par avance un air d'un martyr.
Remus avala plusieurs fois sa salive avant de répondre. Savait-il vraiment ce qu'il voulait dire ? Tellement de choses… Qu'il attendait ce moment là depuis près de deux ans… Qu'il avait hâte d'avoir Sirius en face de lui… Qu'il aimait profondément Cyrus aussi… Qu'il aurait aimé élargir encore le champ des possibles et les avoir tous les deux à ses côtés… Qu'il avait peur aussi des conséquences de tout cela, des comptes qui leur seraient demandés… Il commença prudemment : «D'abord, je veux dire que les deux solutions sont possibles et légitimes.»
Cyrus leva les yeux au ciel, mais le regard glacial de Remus le refroidit instantanément. «Je suis désolé, je t'écoute», commença-t-il avant d'ajouter sur un ton d'excuse : « Papa… »
Je ne peux pas me défiler, réalisa Remus. Encore moins que je ne le pensais.
«Tu peux rester Cyrus… mon fils, le petit frère d'Harry… et moi, je ne vois aucune raison de te dire de ne pas le faire, si tu en as envie… Tu grandiras à côté de nous… ou plutôt, vous grandirez à côté de moi», s'essaya Lupin - et la possibilité lui parut moins folle qu'il ne l'aurait pensée quelques heures plus tôt. «J'essaierai de te protéger… de MIEUX te protéger», rajouta-t-il avec une émotion qui le submergea.
Cyrus lui prit la main, avec une infinie gentillesse et pas moins de confiance et d'affection, pour demander avec une espèce de curiosité : «Mais ?»
«On verra les 'mais' plus tard si tu veux bien», souffla Remus en lui rendant la pression de sa main et en lui proposant un sourire complice. L'enfant les accepta d'un geste de la tête. Lupin inspira pour se donner la force de continuer à être celui qui faisait naître la décision : «Tu peux choisir d'être un adulte - d'être responsable de toi… seul…, ça ne veut pas dire que je ne serai pas là, mais ce sera différent… bien sûr… Tu auras beaucoup de responsabilités… - être le dernier Black est une énorme responsabilité, que tu le veuilles ou non : du pouvoir donc de la responsabilité. Mais c'est aussi retrouver des choses auxquelles tu tiens… ta liberté, par exemple… »
« Et Harry ? »
La question surprit d'abord Remus - n'était-ce pas d'abord pour eux-mêmes que Cyrus et Sirius devaient décider ? - puis il entendit l'inquiétude de l'enfant comme de l'adulte.
« Harry - Harry devra apprendre à avoir un parrain », proposa-t-il.
« Non », affirma farouchement Cyrus.
« Non quoi ? », sursauta presque Remus.
« Je ne veux pas être son parrain ! Je veux rester son frère », affirma Cyrus avec conviction. «On a besoin d'un parrain quand on n'a pas de parents - et j'ai pas su faire ça… Je vais pas commencer maintenant qu'il A un père ! »
Lupin sentit sa bouche devenir sèche et l'émotion le submerger. Il acquiesça lentement, incapable de répondre. C'était quelque chose qu'il avait besoin d'entendre, se rendit-il compte. Quelque chose qui venait enfin lever l'amertume qu'il avait ressentie quand il avait revu Sirius furtivement chez Dumbledore à son arrivée du Brésil. Ils ne s'affronteraient plus pour Harry, plus jamais... quelque soit la décision de Cyrus aujourd'hui.
«Bon après, il y a les 'mais' », avança Cyrus, plongé dans ses propres raisonnements.
«Les 'mais' », se secoua Remus. « Bien sûr… J'ai déjà souligné la responsabilité… mais on ne passe pas autant de temps à Azkaban sans l'apprendre. Si tu - si tu choisis de prendre ton temps pour redevenir un adulte… »
« Jolie formule », sourit Cyrus - un sourire lumineux et joueur, un sourire d'enfant .
« Merci. Si tu fais ce choix, tu en fais d'autres : tu fais celui de rester un enfant… c'est-à-dire d'accepter que d'autres, que moi en l'occurrence, décident certaines choses pour toi… »
« Ça, c'est une autre jolie formule pour dire que je peux me prendre des fessée quand je te pousse à bout », estima en riant Cyrus.
Remus sourit moins nerveusement qu'on aurait pu s'y attendre. Ces contradictions-là, lui les avait pleinement acceptées maintenant. Presque à son insu.
«Aussi… Encore que vous vous faîtes assez grands pour que j'espère ne plus avoir besoin de… » Il chercha le mot, « de vous faire peur… Mais surtout, c'est continuer… de cacher une partie de qui tu es», termina-t-il plus sérieusement.
Le visage de Cyrus s'assombrit brusquement.
« Tu penses que je ne devrais pas. »
Remus eut envie de le prendre dans ses bras, de le rassurer physiquement. Mais la décision demandait encore une fois certaines réalisations, certains renoncements. De ma part comme de la sienne, songea-t-il.
« Je vais peut-être te surprendre mais je ne pense pas que ce soit une question de devoir», se risqua-t-il, lentement, pesant ses mots. «Je crois plutôt que ça ne va pas être possible… que ça va être trop dur pour toi… maintenant que vos deux psychés ont fusionné… Tu te vois en classe apprendre à faire des choses que tu SAIS faire ? Tu te vois encore me demander l'autorisation pour tout ? Regarde comme tu as réagi quand Harry était en danger : ce n'est pas une réaction d'enfant…ni même d'adolescent… Ce n'est pas de l'inconscience ou de l'excitation comme Ron ou Hermione… Encore que… enfin…. C'est toi, adulte… », conclut-il avec un léger sourire. « Je ne sais pas si je suis très clair… »
« Pas très… », soupira Cyrus. « Mais je crois que je sens ce que tu veux dire… » Ils échangèrent un long regard où l'adulte crut voir la décision scellée. « Mais je suis bien avec toi ! », explosa soudain, contre toutes attentes, Cyrus. «Je n'ai jamais eu de parent qui... qui m'aimait comme toi… Je n'ai jamais eu de frère comme Harry… J'ai perdu huit ans de ma vie à Azkaban ! Je PEUX laisser l'enfant en moi tout redécouvrir… Je serai sage… Je t'obé… »
Une sorte de désespoir le faisait trembler. Les larmes venaient, et tout l'adulte en lui ne pouvait visiblement pas contenir la violence des émotions de l'enfant. Remus le prit cette fois dans ses bras, le coeur un peu battant, ayant l'impression terrible d'être la cause de tant de désespoir.
« Là, là…Calme-toi, calme-toi», lui souffla-t-il à l'oreille, suivant son instinct de père bien plus que celui d'ami. « Bien sûr que tu as droit d'être un enfant si tu en as envie ! Je ne te pousserai pas loin de moi…sans que tu y sois prêt, Cyrus… Tu peux rester ma 'petite étoile' et mon lutin autant de temps que tu voudras… »
Entre ses bras, l'enfant ne se calma pas, et Remus s'en voulut d'avoir dit si clairement ce qu'il pensait. Il ne savait peu de choses finalement des sentiments de Cyrus comme de Sirius… Et la vérité, même si elle le tentait terriblement, lui, allait certainement être douloureuse. La bataille serait juridique et politique, et nul ne savait comment ils s'en sortiraient, quel serait le prix que Fudge exigerait… Vouloir toute la vérité était peut-être trop… trop demander à la société magique, trop demander à Harry et Cyrus…
Il l'embrassa doucement, plus tendre avec lui que bien des fois. « Écoute, Cyrus, écoute-moi… il n'y a pas encore d'urgence : d'après Severus, on a encore plusieurs mois devant nous… Dumbledore est en train de négocier avec Fudge que la réhabilitation de Sirius soit faite par contumace - sans que tu te présentes… Tu n'es pas obligé de prendre une décision aujourd'hui… mais… tu dois y réfléchir… Nous devons y réfléchir… » Il grimaça, hésita, mais ne vit pas comment retenir la vérité : «Après, il sera trop tard. »
ooo
Cyrus se glissa à leur table sans qu'ils ne l'aient vu venir.
« Salut vous trois ! »
Harry leva la tête le premier. Il nota les regards convergents des élèves dans la bibliothèque. La version officielle – Harry, Cyrus et Hermione avaient surpris le professeur Quirrell quand il perdait la tête et lâchait ses trolls sur Poudlard – n'avait pas satisfait tout le monde. Les rumeurs les plus étranges couraient – Cyrus était le fils de Black, n'est-ce pas ? Il avait voulu s'essayer à la magie noire avec Quirrell, et Harry et ses amis l'avaient découvert et… Harry et Cyrus avaient aidé Quirrell à lâcher les trolls – ils étaient soumis par Imperium - mais tout cela, Lupin le cachait…
Il y en avait d'autres, moins délirantes, mais aucune ne s'approchait de près ou de loin de la vérité, et Harry se demandait comment les gens allaient les regarder quand ils apprendraient que Cyrus était Sirius Black, que Quirrell voulait la pierre philosophale pour Voldemort et qu'il s'était fait aidé d'un Animagus qui était aussi celui qui avait trahi ses parents… Non, la vérité était trop compliquée pour que les gens la croient !
Hermione et Ron sourirent avec un peu de curiosité à son petit frère. Eux non plus ne savait toujours pas tout – Remus leur avait demandé de se taire et ils avaient accepté. « Je vous promets par contre que vous saurez avant tout le monde… Si quelqu'un mérite des explications, c'est bien vous deux ! »
« Papa voudrait que vous veniez prendre le thé… tous les trois… si vous avez fini, bien sûr ! », expliqua Cyrus avec un sourire un peu forcé selon Harry.
« On finira plus tard ! », assura Ron trop content de refermer son Traité d'Astronomie élémentaire.
« Je te conseille de lui présenter ça autrement », se moqua légèrement Cyrus. Harry et Hermione sourirent.
Ron rougit furtivement. Il avait toujours du mal à situer ses relations avec Lupin, entre le père d'Harry qu'il connaissait depuis presque toujours, le relativement distant directeur de Poudlard et le sorcier expérimenté, mêlé à des histoires confuses mais passionnantes – comme celle qu'ils venaient juste de vivre. Qui les invitait aujourd'hui ? Il acquiesça un peu nerveusement et suivi les trois autres hors de la bibliothèque.
« Entrez, entrez ! », les accueillit Remus en leur ouvrant grande la porte quelques minutes plus tard. « Heureusement que vous venez parce que Linky a déjà couvert la table de sandwiches et de gâteaux ! »
Ils s'avancèrent doucement vers la table du salon. Hermione ne pouvait pas s'empêcher d'observer cette maison où elle venait pour la seconde fois seulement. Elle ne connaissait pas d'autres maisons de sorciers. Elle enviait le bureau en alcôve et tous les livres mystérieux et les instruments magiques étranges qu'il abritait. Elle aurait aimé avoir grandi à côté d'eux. C'était sans doute ce qui expliquait la si grande facilité d'Harry à intégrer l'enseignement magique qu'on leur dispensait. Était-ce aussi l'explication des incroyables pouvoirs de Cyrus ? Elle chassa vite cette question lancinante de sa tête parce qu'elle y avait déjà passé beaucoup de temps sans avoir même approché un semblant d'explication logique.
Elle aimait aussi les grandes fenêtres donnant sur le parc, les fauteuils en cuir du salon, la grande cheminée médiévale encombrée de cadres de toutes tailles et de photos d'Harry, Cyrus et Lupin. Ils avaient encore changé depuis la dernière fois qu'ils étaient venus. Comme il suivait son regard, Harry lui commenta d'abord légèrement :
« Papa aime bien changer les photos. Ça, c'est l'été dernier en Turquie : on a campé au bord de la mer… Ça, c'est James et Lily - mes parents…mes premiers parents - le jour de la remise des diplômes à Poudlard… James, Remus – Papa - et …Sirius, mon parrain… James et Sirius jouaient dans l'équipe de Quidditch », indiqua-t-il il en montrant une autre photo. « Ça, c'est - c'est Laelia et Cyrus… »
« C'est ta mère, Cyrus ? », demanda la jeune fille en se retournant. Elle ne manqua pas le regard furtif de l'enfant vers Lupin.
« Oui » confirma-t-il par répondre un peu sombrement. Remus a peut-être raison, il y avait trop de mensonges dans la vie de Cyrus, songea-t-il. Mais la vie de Sirius était elle plus claire ?
« Elle est très belle ! », estima Hermione. Puis réalisant ce qu'elle venait de dire. « Oh pardon, je… »
« Tu as raison Hermione » intervint Remus avec un sourire indéfinissable. « Elle EST très belle sur cette photo… » Cyrus et Harry échangèrent un regard qui n'échappa pas à le jeune fille même si elle ne sut pas l'interpréter. « Mais asseyez-vous, asseyez-vous ! »
Les quatre enfants obéirent et, immédiatement, Linky apparut dans un petit pop, une théière presque aussi grande qu'elle à la main. Hermione sursauta un peu nerveusement.
« Tu te rappelles de Linky n'est-ce pas, Hermione ? », s'empressa de dire Harry.
« Linky s'est toujours occupée de maître Harry puis de maître Cyrus », commenta l'elfe avec une fierté évidente. « Linky est une bonne elfe de maison comme sa mère et sa grand-mère avant elle ! »
Remus lui sourit en lui tendant sa tasse qu'elle remplit aussitôt.
«Nous serions perdus sans toi, Linky », commenta-t-il. L'elfe rosit. « Je peux te demander nous laisser nous servir tous seuls de cette théière ?», ajouta-t-il très gentiment.
L'elfe fronça un sourcil mais se rendit à l'ordre avec un infime soupir de regret : «Linky fait toujours ce qu'on lui demande… mais elle peut revenir.»
« Je le sais, Linky… je t'appellerai si nous avons besoin de quoi que ce soit », promit Lupin.
«Maître Harry, Linky a fait votre gâteau préféré », insista l'elfe, semblant chercher une raison de rester s'occuper de ses maîtres favoris.
« J'ai vu, merci Linky », répondit Harry avec un sourire.
L'elfe sembla quémander à la table une raison de rester encore puis elle opta pour une révérence et disparut dans un claquement de doigt.
« Les elfes ne sont pas des 'créatures' magiques… n'est-ce pas professeur ? Je veux dire… elles parlent, elles pensent… ce ne sont pas des… hypogriffes par exemple », s'enquit Hermione après une seconde de réflexion.
« Non, ce ne sont pas des créatures. Mais ce ne sont pas non plus des humains… Enfin, ils ne sont pas considérés comme ayant les droits des humains - comme nombre d'autres créatures magiques, les géants, les gobelins », commença Remus d'une voix presque professorale.
« Et les loups-garous », ajouta Cyrus avec une pointe de défi dans la voix. Harry rit doucement.
«Et les loups-garous », convint Remus d'une voix égale, «mais ce sont de très vieux statuts… Ils n'ont pas été remis en cause depuis des siècles… les elfes servent les sorciers qui les protègent… »
« Vous voulez dire, professeur, qu'ils n'ont pas de droits, de vacances, d'argent…de maison ? », s'inquiéta Hermione.
« Non, Hermione, non. Ils n'ont rien de tout ça. Les enfants des elfes appartiennent à leur maître qui peut en faire ce que bon lui semble. Seul leur maître peut leur donner la liberté, des vêtements, mais cette liberté est considérée par les elfes comme une punition ultime… ils n'ont plus de protecteurs, ils n'ont plus rien… »
« Mais, c'est horrible », s'écria la jeune fille, « Ce sont des esclaves ! »
Ron leva les yeux au ciel : «Remus vient de te le dire : les elfes ne souhaitent pas la liberté, Hermione ! »
«Je ne sais pas », intervint Cyrus étonnamment sérieux. « C'est plutôt qu'ils ne l'envisagent pas. »
«Oui », renchérit Harry « Ça fait trop longtemps qu'ils vivent comme cela, des générations… Je pense qu'ils sont heureux de servir, de se sentir utiles, mais ils pourraient le faire en étant plus libres. »
Hermione se tourna instinctivement vers l'adulte à cette table qui les regardait tous avec un certain amusement débattre du statut des elfes.
« Professeur, est-ce que… »
« Hermione, s'il te plaît, arrête de m'appeler professeur. Cet après-midi dans ce salon, j'essaie d'être autre chose que le directeur de Poudlard. Ce n'est pas le professeur Lupin qui vous a invités, mais le père de Harry et Cyrus…Ron m'appelle par mon prénom et il a raison. »
La jeune fille eut un sourire timide et acquiesça.
« Mais sinon, je partage l'opinion de mes fils », répondit-il enfin avec un sourire. « Le statut des elfes est un des nombreux archaïsmes du monde magique… et je soutiendrais quiconque chercherait à faire évoluer cela. Mais j'ai peur que la communauté magique soit très peu prête à une telle remise en cause… » Cette idée sembla l'assombrir un instant mais il reprit très vite, comme si tout cela était lié : « Ce qui m'amène à vous parler de pourquoi je vous ai demandé de venir cet après midi… à part goûter ces délicieux gâteaux préparés par Linky… »
Cyrus s'enfonça brusquement dans son fauteuil et son pied se mit à se balancer avec une certaine nervosité. Il cogna la table, la porcelaine chinoise, seul héritage de valeur que Lupin tenait de ses parents, protesta en tintant. Par réflexe, l'enfant s'empressa de murmurer une excuse. Mais le regard tout aussi automatique de Lupin sur lui n'indiqua aucun agacement. Harry soupira persuadé qu'il vivait la fin de quelque chose…. Hermione et Ron échangèrent un nouveau regard tendu mais légèrement excité – ils avaient bien compris tous les deux que les secrets d'Harry avaient des ramifications plus profondes. Allaient-ils les découvrir maintenant ?
« Bon… je voulais vous prévenir que demain dans la Gazette, on va parler de ce qui s'est passé à Poudlard - enfin, me direz-vous… Mais voilà… Nous avons dû négocier avec Fudge comment tout cela serait présenté», indiqua Remus avec un peu de nervosité - y avait-il pire juges que les amis d'Harry ? Le regard curieux d'Hermione devant sa formulation indiquait bien qu'il ne devait pas espérer s'en sortir sans se mouiller. « Nous désigne principalement le professeur Dumbledore et moi-même », expliqua-t-il, « Demain, donc, la presse annoncera la... qualification des crimes de Caecilius Quirrell et de Pe…et Peter Pettigrew… Ils seront publiquement accusés d'avoir introduit des trolls à Poudlard afin de prendre le contrôle de l'école et exiger une rançon… c'est la thèse officielle, pas de pierre, pas de Voldemort», termina-t-il un peu amèrement.
« Il ne faut pas inquiéter le bon peuple ! », maugréa Cyrus les yeux rivés sur la théière.
Ron avait blêmi en entendant le nom du Seigneur des Ténèbres. Hermione hocha simplement la tête. Harry écrasait méthodiquement les restes de gâteau dans son assiette. Tous deux évitaient de regarder les deux autres.
« Comme… comme Peter était officiellement mort, il est normal que l'enquête ait cherché à élucider ce qu'il s'était passé il y a onze ans… et il sera donc accusé d'avoir trahi James et Lily Potter… » C'était beaucoup plus difficile qu'il l'avait imaginé d'expliquer tout cela aux amis d'Harry, pensa Remus dans le silence qui suivit ses paroles. Il ne voulait pas les charger de poids qu'ils n'avaient pas à porter, mais il ne voulait pas encore ajouter une nouvelle couche de mensonge à toutes celles qu'ils avaient habilement empilées. Ces mensonges avaient failli coûter la vie des deux êtres auxquels il tenait peut-être le plus au monde. Il fallait sortir de cet enfer. Remettre un peu de lumière et de transparence dans ces trahisons, ces demi-vérités et ces compromis !
« C'est lui qui avait dit à Voldemort où il se cachait », crut bon d'ajouter Harry.
« Re- Remus ? », s'enquit doucement Ron, « est-ce que ça veut dire que cet homme blond,… c'était - c'était Croûtard ? »
« Oui, Ron », confirma sombrement Lupin, le cœur serré. Oui, la trahison de Peter était encore une plaie ouverte. Il se demanda pour la millionième fois s'il serait capable d'assister au procès sans fondre en larmes sur leur innocence perdue.
« Et alors… ce Sirius - ce Sirius Black… celui qui a été accusé à tort et qui est en prison ? », questionna le benjamin des Weasley. Hermione hocha la tête comme pour se joindre à la question.
Harry se racla la gorge pour évacuer un peu de la gêne qui l'assaillait. Il venait de comprendre que ces deux amis avaient parlé ensemble de ce qui s'était passé et partager leurs informations….sans lui. C'était sans doute normal. Avait-il été plus franc avec eux ? C'était certainement le prix à payer, mais il était amer. Comme un écho à ses pensées, Cyrus se remit à balancer la jambe nerveusement au plus grand risque de la porcelaine chinoise. Remus eut un petit sourire crispé quand il répondit :
« Eh bien, les charges vont être levées contre lui et… son nom va être réhabilité… »
« Il va pouvoir sortir de prison ? », s'enquit Hermione dans un souffle.
Remus inspira, hésita puis opta pour une certaine vérité. Les amis d'Harry méritaient une certaine vérité.
« Sans doute », lâcha-t-il. Il hésitait encore à leur dire qu'il le savait dehors depuis près de deux ans quand il sentit les regards inquisiteurs de ses «fils». Il ne leur donnait pas vraiment une leçon de courage, il le savait mais… il le faisait pour Sirius… pour qu'il garde l'intégralité de son choix.
Hermione se retourna vers la cheminée pour continuer son enquête :
« Sirius… c'est donc lui ? Celui qui est sur la photo… » Elle rosit, tourna son regard vers Cyrus, ouvrit la bouche puis décida de se taire.
Remus prit un air de fausse complicité pour répondre :
« Hermione… j'aimerais autant que tu poses cette question ici, devant moi, devant Cyrus… et non à Harry plus tard… »
Les joues de la jeune fille tournèrent au fuschia. Tous les regards étaient maintenant braqués sur elle.
« Il - il te ressemble beaucoup. On dit que… enfin, tu sais… Et puis, il y a… tout ce que tu savais faire… l'autre fois, d'un coup… » Sa voix s'étrangla, elle baissa la tête un instant mais quand elle la releva, sa détermination se lisait dans ses yeux. « Qui es-tu, Cyrus ? »
L'interpelé regarda d'abord Harry qui déglutit, incapable de savoir ce qu'il aurait voulu entendre – il voulait que Cyrus reste Cyrus, mais il voulait aussi la vérité pour ses amis. Cyrus regarda ensuite Ron qui le dévisageait la bouche ouverte par toutes les questions muettes qui traversaient son cerveau. Il regarda enfin Remus qui, lui, ferma les yeux comme pour lui répéter que son choix serait le sien. Il inspira à son tour profondément et répondit d'une voix légèrement plus grave que sa voix habituelle :
« Je suis… Cyrus Lupin mais… mais je suis aussi… en quelque sorte… l'héritier de Sirius Black ».
ooooo
Bref c'est une première étape…
Ensuite je mijote un peu de tribunal et de Fudge, un soupçon de Skeeter et une nouvelle nuit de pleine lune…on va voir quel goût ça aura… ça pourrait s'appeler « l'exposé des motifs »…
Version revue en mai 2013.
