Le dixième anneau          

            3 – Retour au Rohan

Gimli tomba sur le sol pour l'énième fois.  Ethelyn se pencha pour s'assurer qu'il allait bien.  Le nain maugréa.  Il n'était pas bon sur les longues distances à la course, disait-il.  Mais pour les sprints, les nains sont imbattables, d'après Maître Gimli.  Ethelyn leva les yeux au ciel tandis que Gimli s'appuyait sur sa hache pour se lever.  Elle l'imita et elle l'aida à se redresser correctement. 

- Aragorn! cria-t-elle.

- Nous devons nous dépêcher, Ethelyn! répondit Legolas.  Vous nous retardez!  Le destin de Merry et de Pippin ne vous soucies pas à ce point de nous ralentir?

- Du calme Legolas! calma Aragorn.

Ethelyn fronça les sourcils.  C'était une impression ou l'elfe ne l'aimait pas?  Elle ne lui avait rien demandé, d'abord.  Gimli la remercia et il repartit à la course, laissant Ethelyn là.  Que fallait-il qu'elle fasse pour qu'ils la remarquent comme un compagnon de route?  D'accord, elle n'avait pas vécu les mêmes choses qu'eux, et elle était une femme.  Mais elle avait vu son père être décapité là, sous ses yeux.  Eux non, assurément.

- Les hommes! grogna-t-elle.

Ethelyn recommença à courir, son bâton tintant joyeusement contre le fourreau de son épée.  Elle le sortit de sa ganse et elle le pointa devant elle.  Elle remua doucement les lèvres et elle vola jusqu'à Aragorn, qui était couché à terre, l'oreille contre une pierre.  Une fois qu'elle eut mit le pied à terre, elle se laissa tomber toute entière.  Cela l'avait épuisée.  Gimli arriva enfin en maugréant.

- Trois jours et nuits que nous courrons, que pourrait donc dire une roche?

- Je l'ignore, dit Ethelyn d'une voix faible.

Elle se sentit ravigotée ; l'elfe l'avait regardée avec admiration et surprise.  Ah, ah!  En voilà une chose que ce cher Legolas ne savait pas faire!  Ethelyn était capable de magie mais elle n'était qu'à moitié magicienne.  Donc, elle ne contrôlait pas ses pouvoirs et par conséquent ils lui prenaient toute son énergie.  Mais elle prit un bout de lambas et elle se sentit aussitôt mieux.  Elle s'approcha d'Aragorn qui s'était relevé.

- Alors?

- Ils ont une journée et demi d'avance sur nous.  Nous devons nous dépêcher, nous arrivons bientôt.

Et ils repartirent à la course.  Ethelyn jura alors de ne jamais devenir rôdeur si c'était cela que ça voulait dire ; courir, courir, courir…  Ouf!  Ce n'était pas une vie, ça!

Elle courait juste devant Legolas, mais un poing de côté la surprit et la fit trébucher.  Elle tomba sur l'elfe, découragé.  Il la repoussa rapidement, comme si elle eut été une poche de patates particulièrement repoussantes.  Le sol trembla.  Ethelyn regarda au bas de la colline.  Des cavaliers approchaient.  Les yeux bien ronds, Ethelyn comprit.  Ils étaient au Rohan, sur la terre des dresseurs de chevaux.  Les cavaliers étaient ceux du roi.  Ethelyn mit son bandeau sur sa tête en vitesse.

- Pourquoi vous cachez-vous de votre peuple, Ethelyn? lui demanda Gimli.

- Je suis bannie, expliqua Ethelyn.  S'ils me voient, ils me tueront.  Et je tiens à ma vie, merci.

Aragorn se dressa de toute sa hauteur en poussant Ethelyn vers Gimli.

- Quelles nouvelles du Nord, cavaliers du Rohan? cria-t-il.

Ethelyn baissa la tête tandis que les cavaliers les entouraient.  Aragorn recula vers elle et il serra son bras.

- Tout ira bien, murmura-t-il, rien ne vous arrivera, j'en fais le serment.

- Merci…

Ethelyn leva légèrement la tête afin de voir les cavaliers.

- Qui êtes-vous et que faites-vous dans le Riddermark?  Répondez vite!

Les yeux de Ethelyn s'agrandirent de stupeur.  Cette voix…  Non…  Ce ne pouvait être lui…  Il était toujours à Edoras avec sa sœur!

- Nous sommes à la poursuite d'Uruk-Hai qui ont enlevé nos amis.  Je me nomme Aragorn, fils d'Aratorn.

- Je vous donnerais mon nom que lorsque vous m'aurez donné le votre, dresseur de chevaux, dit Gimli.

Le cavalier descendit de sa monture et les autres Rohirrims relevèrent leurs lances.

- Je suis Eomer, fils d'Eomund…

- Eomer!

Ethelyn avait crié.  Comme elle était heureuse!  Elle se jeta dans ses bras.  Son meilleur ami.

- Ethelyn?  Tu es vivante?

Eomer prit le visage de la jeune femme entre ses mains et il scruta son visage.

- Oui, c'est bien toi!  Tu n'es pas morte?

- Qui a dit ça?

- Langue de serpent.

- Je vois, dit Ethelyn en baissant les yeux. 

- Et vous êtes? continua Eomer en regardant Legolas et Gimli.

- Legolas.

- Gimli.

- En ce qui concerne les Orcs, nous les avons massacrés durant la nuit, dit Eomer en regardant les cavaliers de la Marche.

Massacrés?  Et Merry?  Et Pippin?  Ethelyn porta sa main à sa bouche.  Ils étaient morts aussi?  Non…  Pas eux aussi!

- Il n'y avait pas des hobbits? demanda Gimli avec espoir.

- Des hobbits?

- Ce sont des Semis-Hommes.  Des enfants à vos yeux, expliqua Aragorn.  Deux blonds.

- Nous n'avons rien vu de cela.  Si cela vous intéresse, nous avons brûlé les Orcs tués, là bas.

Eomer siffla et on apporta deux chevaux sans cavaliers.  Il tendit les rênes à Aragorn.

- Puissent ces cheveux vous faire meilleure fortune qu'à leurs anciens maîtres, dit avec regret Eomer.  Et je crois que tu resteras avec eux, Ethelyn?

- Oui.  Mais que faites-vous là?

- Nous avons étés bannis, étant fidèles au roi et non à Grima Langue de Serpent.  Nous allons tenter de maîtriser les paysans qui s'attaquent aux nôtres.

- Bonne chance, leur souhaita Ethelyn.

Eomer remonta sur son cheval et lui et les cavaliers partirent au galop.  Aragorn prit sa main.

- Allons-y!

Gimli – avec réticence, il faut l'avouer car il ne voulait pas monter sur un cheval et en emprunter un – et Legolas, qui avait demandé à ce que l'on retire les rênes, montèrent sur Arod, le plus petit des deux chevaux tandis qu'Ethelyn montait avec Aragorn sur Hasufel.  Ethelyn enroula ses bras autour du buste de l'homme, la tête appuyé contre son dos, les yeux clos.  Elle aurait bien voulu rester avec Eomer, mais elle savait que sa place était avec le reste de la compagnie de l'anneau.  Ce qu'il en restait du moins. 

Ils tirèrent sur les rênes et ils partirent au galop pour arriver devant l'amas de corps d'Orcs mutilés et brûlés.  L'endroit sentait la chair et le sang.  Ethelyn sauta à terre, tout comme Aragorn, mais elle garda les rênes de Hasufel en main.  Gimli et Legolas fouillèrent les Orcs brûlés.  Pas de hobbits.  Il n'y avait que leurs ceintures et leurs épées.  Mais pas la moindre trace de corps.  Ils avaient étés entièrement brûlés.  BRÛLÉS!  Était-ce là une fin digne que de mourir brûlés comme des Orcs?  Avec des Orcs?

Les larmes piquèrent les yeux de Ethelyn tandis qu'Aragorn frappait un casque d'Orc, hurlant, et il s'effondra à terre.  Ethelyn regarda Gimli faire l'éloge de Pippin et Merry et Legolas pencher la tête en signe de deuil.  Était-ce cela son destin?  Toutes les personnes qu'elle rencontrerait mourraient?   C'était ça, sa vie?  Elle ne valait pas mieux que les Orcs.  Que tous les Orcs réunis !

Ethelyn se laissa tomber à terre, impuissante.  Mais la voix d'Aragorn lui redonna espoir. 

- Là…  Un hobbit était couché…  Et l'autre là…

Ethelyn releva la tête.  Aragorn tâtait le sol.  Les pas des hobbits les menaient à l'orée de la forêt de Fangorn.  Ethelyn avait entendu parler de cette forêt.  À part l'orée, qui semblait quelque plus invitante que le reste de la forêt, le bois était sombre.

- Quelle malédiction les a menés là? demanda Legolas.

- La survie.  Ils seraient morts s'ils étaient restés là, murmura Ethelyn, toujours à genoux dans l'herbe brûlée.  J'aurais fait de même.  Vous aussi, n'est-ce pas, Legolas?

- Je me serais battu.

- Mais voyons!  Ils ne vous auraient pas différencié des Orcs, mon pauvre elfe!  Ils vous auraient tués comme les Orcs.  Parfois la fuite est une bonne chose.  On en revient parfois plus fort.

- Je ne vous crois pas placée pour me dire ce genre de commentaires, demoiselle.

La tension montait, Ethelyn le sentait.  L'elfe était prétentieux.   Très même, songea Ethelyn en pinçant ses lèvres.  Aragorn décida d'intervenir.

- Nous allons y entrer, décida-t-il.  Nous allons sûrement pouvoir les rejoindre.

- Je l'espère, dit Gimli. 

Il mit sa hache sur son épaule et tous entrèrent à la queue leu-leu.

Cela faisait à présent près d'une heure ou plus qu'ils marchaient, Ethelyn n'en savait rien, lorsque Aragorn décida de faire leur premier arrêt depuis leur entrée dans la forêt afin qu'ils reposent leurs jambes de leur course matinale.  Les chevaux peinaient à travers les ronces épineuses et les grosses racines qui sortaient de la terre sèche.  Ethelyn avait beau tirer sur les rênes de Hasufel, il ne voualit rien savoir.  Ethelyn caressait son museau en chantonnant légèrement et cela marchait, heureusement.  Mais cela la ralentissait aussi.  Arod ne faisait guère mieux.  Malgré les mots elfiques de Legolas, le cheval ne bougeait pas.  Il dut donc suivre l'exemple d'Ethelyn.

C'est avec délice qu'Ethelyn s'assit sur une grosse pierre couverte de mousse.  La roche était taillée sur les côtés, douce et non tranchante.  Il y avait des peintures sur ces coupures.  Non…  C'était du sang.

- Un Orc est mort ici.  Et depuis peu, dit Legolas en s'approchant et en observant le sang noir et gluant.

L'Orc avait-il eu le temps de tuer Merry et Pippin?  Impossible.  Les corps n'avaient pas étés retrouvés.

- Ils ne sont pas morts, Ethelyn, dit Aragorn.  Je pense même qu'ils sont bien en vie.

- C'est ce que je souhaite de tout cœur, murmura Ethelyn.

- Nous allons repartir, déclara Legolas.  Ils ne sont peut-être plus bien loin.

Ravigotée, Ethelyn prit les rênes de Hasufel et elle le tira vers l'avant.  Un souffle rauque vint soudain arrêter la petite compagnie.  Et ce n'était pas le souffle des chevaux.  Elle tira fermement sur les rênes du cheval afin qu'il reste près d'elle.  Legolas lui tendit les rênes d'Arod, qu'Ethelyn noua ensemble afin de les enrouler autour du tronc de l'arbre le plus proche.  Elle caressa leur museau.

- Tout va bien, chut…  souffla-t-elle.

Aragorn sortit son épée de son fourreau.

- Ne lui laissons pas le temps de parler.  Il nous jetterait un mauvais sort.

Ethelyn fit de même tandis que Legolas bandait son arc et que Gimli se tenait prêt à lancer sa hache.  Une éblouissante lumière apparut devant eux.  Ethelyn protégea ses yeux de la si soudaine clarté.  Elle s'était habituée à la noirceur de la vieille forêt, comme l'avait fait remarqué Legolas un peu plus tôt.  La forêt de Fangorn devait être l'une des plus vieilles forêts de la terre du milieu.

- Maintenant!

Legolas fit partir sa flèche, qui se consuma.  Gimli essaya de frapper la lumière de sa hache, mais elle lui fut arrachée des mains et revola plusieurs mètres plus loin.  Aragorn lâcha son épée dont le manche était devenu rouge vif.  Voyant qu'elle ne pourrait pas se servir de son épée, qui lui brûlait la main, Ethelyn sortit sa baguette et elle la pointa vers la lumière.

- Ereimul!  Siarapsid! hurla-t-elle, tenant la baguette à deux mains.

Elle fermit les yeux, laissant toute sa volonté aller au bout de ce « bout de bois ».  Une boule de feu en sortit et alla percuter la lumière.

- Hum…  Intéressant, dit une voix alors qu'Ethelyn tentait de soutenir le sort.

Mais la voix balaya la boule de feu qu'Ethelyn avait fait apparaître.  La jeune femme tomba à genoux.  Legolas la soutint alors qu'elle laissait tomber son bâton en bois de rose.  Ethelyn regarda le sol.

- Je n'y crois pas…  Gandalf! dit Aragorn.

- Je suis revenu vers vous, en ce moment décisif.

- Gandalf!  C'est vous?

- Gandalf?  Oui…  C'est ainsi que l'on me nommait.  De Gandalf le Gris, je suis devenu, Gandalf le Blanc.  Mithrandir.  Le cavalier blanc.  Et qui est cette demoiselle?

- C'est Ethelyn, dit Gimli en reprenant sa hache.  Elle s'en joint à nous.  C'est la Dame Galadriel qui nous l'a présenté.  C'est une Rohirrim.

- C'est vrai? Demanda Gandalf en s'adressant à elle.

Ethelyn leva péniblement la tête.  Elle était épuisée.  Elle avait dépensé son énergie pour rien.  Gandalf plaça son visage vis-à-vis le sien.  Il avait un visage sage.  Mithrandir, le cavalier blanc.  Celui qui sauverait Théoden.  Et...  Théodred? 

Oh…  Théodred!  Ethelyn baissa la tête à nouveau.

- Ne vous en faites pas.  Les jeunes hobbits sont entre bonnes mains.

- Cela nous rassure, dit Legolas.

- Nous devons nous rendre à Edoras.  C'est là que Sarouman mobilise ses forces.

Tous acquiescèrent et ils sortirent à l'orée de la forêt.  Ethelyn était montée sur Hasufel, qui était traîné par Aragorn, épuisée.  Une fois sortis, Mithrandir siffla et un magnifique cheval apparut.  C'était un Mearas.  Ethelyn l'avait déjà vu dans l'une des prairies du palais.  Il était vraiment beau.  Elle eut envie de le caresser.  Son poil ressemblait à l'argent.

- C'est Gripoil, dit Gandalf.  N'est-il pas magnifique?

- Oui.

Une fois que Gandalf eut monté sur Grispoil avec Gimli, Legolas sur Arod et Aragorn devant elle sur Hasufel, ils partirent au galop.  Ethelyn s'assoupit, appuyé contre Aragorn.

- Dormez, mon enfant, murmura Mithrandir.  Une grande épreuve vous attend.

Dans son sommeil, l'ombre d'un sourire apparût sur les lèvres d'Ethelyn.  Edoras approchait…

Note : Je sais et je m'en suis rendue compte après avoir écrit ce chapitre que Arod et Hasufel, les chevaux, s'étaient enfuis avant d'entrer dans la forêt.  Mais bon, j'aime ma version.  Au fait, je me fie bien plus au film qu'au livre.  Dans le livre, je vais chercher des noms, des endroits sur la carte pour bien être sûre.  Mais je n'ai pas le film sous la main *pleure bruyamment* et j'y vais surtout par ma grande mémoire qui se rappelle ce qu'elle veut se rappeler… 

Réponses aux reviews :

Eryna Khan : C'est vrai que Tolkien n'a pas mit de femmes vraiment importantes dans son roman – sexiste!!! – mais bon, c'était lui qui décidait.  J'ai lu ta fic sur Gilraen et Arathorn II et j'ai beaucoup aimé. 

MPHDP : lol!  Merci!

Nekomiyu : Merci!  La suite t'a plue?

Titre et extrait :

Chapitre 4 – Edoras

Il n'y eut bientôt plus de bruit, expté le bruit de craquement que produisait le feu.  Ethelyn se leva.  Elle ne voulait plus dormir.  Elle commença à s'éloigner.

- Et où allez-vous ainsi, Ethelyn ? lui demanda Legolas, assit sur une pierre plate.

C'était son tout de garde.

- Je me rends à Edoras, dit Ethelyn, défiant du regard l'elfe.

- Nous nous y rendons tous.

- Mais pas pour les mêmes raisons.