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Bonjour-bonjour... Je sais : vous êtes tous prêts à m'assassiner parce que j'ai encore rendu mon chapitre en retard. J'en suis réellement navrée. J'ai eu beaucoup de travail, et mes propres fics n'avançaient que trop mal... J'espère que vous n'avez pas trop torturé ces pauvres Julie et Fianna par ma faute. Mais vous savez... hé, ça n'est pas moi qui reçoit les reviews... Ce chapitre est l'avant-dernier. Ce qui veut dire que vous aurez l'épilogue d'ici très peu de temps : ne le manquez pas. Et si vous lisez un peu l'Anglais, courez compulser l'intégrale de nos talentueux auteurs, qui le valent bien. Jusque-là... merci d'avoir suivi et reviewé cette histoire.
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Chapitre Troisième : la Décision
J'errai sans hâte parmi les terres de la cité, sous les mallornes immenses, au travers des clairières, par-delà les allées, évitant les autres avec soin pour me réfugier dans la solitude. Les heures passèrent, et les ombres, une fois de plus, m'enveloppèrent comme le soir tombait. J'étais lasse et emplie d'une sensation de vide je rebroussai chemin vers mes appartements et y trouvai de la nourriture qui y avait été laissée à mon intention – je ne pus y toucher. Je n'avais toujours pas pris de décision.
Pendant presque une autre heure, je demeurai là, assise dans l'obscurité grandissante, en proie aux souvenirs qui mes submergeaient et à mes émotions, qui s'entre-déchiraient. Je fixais le lit où il m'avait merveilleusement, passionnément aimée, et je réalisai à quel point il m'était cher. Mais il m'était impossible d'oublier le visage des Elfes que j'avais soignés, abattue par le souvenir de leur besoin désespéré. Il y avait aussi la douleur humaine au-delà, partout dans les villes qui jalonnaient le pays. Les gens qui souffraient. Les enfants en train de mourir. Ceux que je pouvais sauver. J'étais jeune – j'avais encore des années pour accomplir pareille tâche. Mon esprit s'emplit du visage creusé par la douleur des parents auxquels on arrachait leurs enfants malades. J'avais le pouvoir de leur venir en aide. Pouvais-je refuser de l'utiliser ? N'était-il donc pas en ma responsabilité d'user de mon don ainsi qu'il en avait été décidé ?
C'est avec le cœur lourd que je songeais à cela. Je me levai pour allumer une lanterne, mais la lumière ne fit rien pour dissiper les ombres qui s'étaient refermées sur moi. J'aurais tant désiré un conseil, être guidée dans cette décision pénible – mais j'étais seule. Et je serais toujours seule.
Cette pensée me fit monter les larmes aux yeux, qui inondèrent bientôt mes joues. Je pleurai doucement à l'idée de ma vie sans lui. Pour quelle raison les Valar m'avaient-ils infligé ce choix ? Etait-ce donc leur propre décision ? S'ils avaient guidé mes pas jusqu'à présent, pourquoi m'abandonner maintenant ?
Pendant un moment, je soupesai l'idée que chacun des pas que j'avais faits jusqu'à présent avaient été guidés. J'avais été conduite à voyager jusqu'à la Cité Blanche. J'avais été amenée à soigner Haldir. Galadriel avait affirmé que j'avais été amenée à le soigner d'abord, le premier des Elfes. Cela avait-il un sens ? Sans nul doute, puisque quelque chose de capital avait eu lieu, qui nous avaient fait échanger une part de notre âme. A l'évidence, les Valar étaient liés à cela ! Nous avions été menés l'un vers l'autre dans un certain but, et de quelque but que cela se pût être, il ne pouvait sûrement devoir briser nos deux cœurs.
C'est alors que mes pleurs cessèrent brusquement. Quelquefois, j'avais eu le sentiment d'être jetée au milieu de torrents sur lesquels je ne pouvais avoir de contrôle, mais de chacune de nos décisions découlait la suivante. Il aurait pu choisir de ne pas se rendre à Minas Tirith. Il aurait pu choisir de ne pas me laisser le soigner, tout comme j'aurais pu refuser de le faire. J'aurais pu refuser de répondre à l'appel de Galadriel, qui me mandait en Lothlórien. Nous en étions là à présent, à cause de nos choix précédents, dont chacun nous liait au passé et à un futur encore indéterminé.
Et c'est alors que, lentement, je commençai à comprendre que les Valar n'avaient jamais voulu me voir comme le sauveur du monde. J'avais fait usage de mon don, et j'avais fait de mon mieux et à présent, ils m'offraient ma récompense : l'opportunité de connaître le bonheur, à nouveau. Galadriel m'avait assurée que mes sentiments me serviraient bien, si je les libérait. Et mes sentiments m'avaient assuré une chose. J'aimais Haldir. Je le désirais. J'avais besoin de lui. Et je savais que pour lui, il en allait de même.
La sérénité m'emplit soudain, tandis que j'arrangeais mon raisonnement, éprouvant sa logique dans le but de considérer ma décision, jusqu'à ce qu'elle m'apparaisse parfaite, juste et naturelle. J'avais vécu jusqu'alors mes capacités de guérisseuse comme une ligne de conduite, que je maintenais en parcourant la rivière de mon existence, gardée par elle de la noyade qui me menaçait, à tout instant, par mon chagrin. Les Valar m'avaient prise en pitié : ils avaient amplifié mon don, en compensation de ma perte, pour me donner un but que je poursuivrais en attendant qu'Haldir intervienne dans ma vie.
Il était ma vie. La nouvelle : ma récompense, un Elfe dont la force était sa loyauté, la détermination, et farouche, profond amour pour son peuple. Un Elfe qui mettait le devoir au-dessus de ses propres besoins, qui avait combattu avec courage au Gouffre de Helm, risquant sa vie jusqu'à manquer la perdre. Un Elfe qui s'était résolu à accepter n'importe lequel des choix que je viendrais à faire, bien que cela l'affectât tout autant que moi.
Et soudain, je sus que je ne pouvais plus le laisser attendre un moment de plus. Car ce don n'était pas seulement le mien, il était à lui, aussi, autant qu'à moi ! Il était le nôtre !
Je me levai d'un bond, virevoltant dans la pièce avec une légèreté teintée de vertige, emplie d'une joie enfantine que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps. En tournoyant, j'abandonnai la douleur, le chagrin, et les ombres se levèrent et s'enfuirent, et je ris de mon inconscience. Je finis par en avoir la tête qui tournait. Je m'immobilisai, les mains pressées contre mon visage, pleine d'une gratitude silencieuse. Où es-tu ? demandai- je, et je fermai les yeux pour le trouver. Peine perdue : il ne me laissa pas l'atteindre. Mais peu m'importait : j'allais à sa rencontre.
Je me lançai par les allées, admirant d'un œil nouveau les merveilles qu'avaient fabriqué les artisans des Elfes, laissant glisser ma main le long des moulures tandis que je m'envolais. Bien qu'il m'interdît ses pensées, je sentais que sa présence finirait par me conduire jusqu'à lui – et c'est ce qui arriva. Cela ne me prit pas même dix minutes pour le rejoindre. Je le trouvai en compagnie de ses frères, dans une petite alcôve blottie entre les racines cambrées des arbres. Il se tenait, plus effondré qu'assis, sur un petit banc bas, sculpté dans le même bois que l'arbre, adossé à une racine il avait un genou relevé sous lui qu'il entourait de son bras, au bout duquel pendant négligemment un verre de vin vide. Il avait le visage sombre et l'air las, empreint d'une sorte de résignation fragile. Je regrettait aussitôt les longues heures que je l'avais forcé à passer en m'attendant.
Peut-être était-ce à cause du vin, à moins qu'il ne fût perdu dans ses pensées, mais il ne parut pas avoir conscience de mon arrivée imminente, ni s'apercevoir de ma présence. Ce ne fut pas le cas de ses frères. Je les vis me jeter un coup d'œil, puis le regarder rapidement, lui, l'inquiétude clairement inscrite dans leurs yeux d'un bleu de glace.
Je m'éclaircis la gorge. Haldir sursauta, puis releva la tête, et se mit sur pied d'un bond en s'efforçant de dissimuler la surprise qui animait ses traits. Nos yeux se rencontrèrent. Ses frères se retirèrent sans un bruit, mais je savais qu'ils n'étaient pas allés bien loin, craignant qu'il pût avoir besoin d'eux.
Pendant quelques secondes qui mirent mon cœur à l'épreuve, le silence pesa entre nous d'un air menaçant. Il se tenait devant moi de toute sa hauteur, immobile et solide, essayant toujours de m'empêcher de l'atteindre en pensée, tandis qu'il attendait que je parle la première. Son regard distant m'interdisait de pénétrer son esprit, mais il lui était impossible de me cacher l'intensité des émotions brutes qu'il retenait fermement. Lui, en revanche, ne lisait rien en moi. Craignait-il de s'y risquer ? Est-ce que quelque chose avait changé ? Stupidement, je me trouvai assaillie par un dernier lambeau de doute, et au lieu de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur, je lui posai une dernière question.
« M'aimez-vous ? » lui demandai-je, timidement.
« Vous aimer ? » Il paraissait avoir le souffle coupé, et à ma propre stupéfaction, sa voix tremblait. « Keara, mais bien sûr que je vous aime. N'ai-je donc pas été assez clair sur ce sujet ? » Il fit un pas un avant. « Je suis à vos pieds, » souffla-t-il.
Je ne pus m'empêcher de réagir comme une idiote : immédiatement, les larmes se mirent à rouler à flots sur mes joues, sans que je puisse les arrêter – et, ayant tout du mâle typique, il les pensa causées par le chagrin.
« Alors, je vous ai perdue, » dit-il, le visage de marbre. Et il baissa la tête.
Mes pleurs redoublèrent, et je mis à rire, tout en songeant qu'il devait me prendre pour une folle. Je sentis sa confusion, le vis tressaillir sous les coups de l'indécision.
« Vous vous jouez de moi, » dit-il en fronçant les sourcils. « Quelle est votre décision, Keara ? » Il se rapprocha de moi et me saisit le menton pour étudier mes larmes.
« C'est vous que j'ai choisi, » balbutiai-je entre deux sanglots. « Je vous choisis, vous. Et je pleure parce que je suis heureuse, espèce de grand idiot ! »
Je le vis frémir, et sentis son profond et touchant soulagement, son extrême tension fondre d'un coup – et il me jeta un regard noir. « Et bien, cela vous a prit un certain temps pour vous décider, » fit-il d'un ton grincheux. Toute amorce de réponse que j'aurais pu tenter se trouva brutalement coupée lorsqu'il s'approcha brusquement et m'étreignit avec un farouche célérité.
Il prit mon visage entre ses mains et m'embrassa, un baiser profond, brutal et dominateur qui me révéla tout ce que j'avais besoin de savoir sur ses sentiments. Il me serra ensuite fermement contre lui, ses mains se mêlant à mes cheveux tandis qu'il me murmurait des mots doux en elfique, des mots dont je savais qu'il me faudrait très bientôt les apprendre, si je voulais les retourner.
« Keara, » souffla-t-il contre ma tempe, la voix altérée par le désir. « Je vous veux maintenant. Je veux que vous vous liiez à moi. Vous le savez. Mais je sens que vous avez quelque chose d'autre en esprit. Qu'est-ce ? »
Je lui caressai les cheveux, désireuse de le voir comprendre et accepter ce que je m'apprêtais à lui dire. « Je vous aime, » déclarai-je, « mais je ne peux me lier à vous tout de suite. M'accorderez-vous une semaine ? Il y en a d'autres, qui attendent toujours que je prenne soin d'eux. Attendrez-vous encore une semaine ? »
Il prit une profonde inspiration, baissant ses longs cils sombres comme pour mieux mesurer ma requête. « Une semaine ? Soit. Mais pas davantage. Je ne saurais patienter au-delà j'ai déjà trop attendu. »
Et c'est ainsi qu'il se trouva à me suivre durant toute cette semaine, veillant à me faire tenir parole et m'épiant comme un faucon. Il était là à mon réveil, hantant mes pas jusqu'au lieu où je commençais ma journée, et il était là lorsque j'avais terminé, pour m'escorter jusqu'à ma chambre. Entre ces deux temps, il planait au-dessus de mes pensées comme un fredonnement sourd et continu, une présence quasi-palpable qui ne me quittait pas durant tout mon travail. A chaque instant je pouvais le percevoir, m'étudiant pour savoir si j'avais besoin de lui. Mais désormais, la faiblesse ne reparaissait plus, et je demeurai forte pour traverser sans heurt la semaine entière.
La nuit, il prenait plaisir à me tourmenter, et se jouait de moi en m'envoyant des images crues, tandis que je gisais seule dans mon lit, ne pensant qu'à lui, ne désirant que lui. Il me taquinait avec des promesses nombreuses de plaisirs innombrables, et je me restais sans répit à le maudire, le faisant rire de moi, sans jamais oser réagir de peur de qu'il pût m'envoyer faire en guise de réponse. De jour, je soignais ceux qui restaient consciente que leur nombre diminuait. Et je me rendis compte que je n'était pas attristée du fait que mon don me soit retiré bientôt. J'étais en fin en paix avec ma décision. J'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir à présent, mon heure était venue.
Mais il me fallait en soigner encore un.
Je ne puis décrire ce dernier jour, où j'eus à guérir le dernier d'entre eux : le seigneur de la Lórien lui-même. Sachant qu'il s'agissait de sa dernière chance, il vint me voir et me demander mon aide. Comme tant d'autres, il avait enduré sa part de désespoir, mais il désirait demeurer en Lórien, bien qu'il n'offrît aucune explication sur les raisons de son choix. Galadriel, de son côté, ainsi qu'il l'affirma, partirait sans lui, et bien qu'un jour il soit amené à la revoir, ce jour ne serait pas pour bientôt. Alors je fis de mon mieux pour le soulager de sa souffrance, tout en sachant qu'il serait sûrement l'un des tout derniers Elfes à partir pour Valinor.
Je découvris bientôt qu'Haldir ne m'avait pas attendue, cette fois-ci, pour m'escorter jusqu'à ma chambre. Au contraire, j'entendis son appel en esprit, un message silencieux, mais impérieux et exigeant. Venez à moi maintenant, ordonna-t-il. Aujourd'hui, vous viendrez à ma chambre. La semaine est achevée, Keara. J'attend.
Et je souris de son arrogance.
C'est comme marchant dans un rêve que je montai les escaliers et traversai les allées, le cœur battant la chamade en pansant à ce qui allait suivre. J'étais sur le point de me lier à lui. De devenir sa femme, sa compagne pour tous les temps. Je savais où se trouvaient ses appartements, mais je n'y avais jamais été auparavant. M'y rendre paraissait une marque d'intimité particulière, et pourtant il avait insisté sur ce point, car cela serait bientôt mon droit.
Lorsque j'atteins sa chambre et y pénétrai, je m'immobilisai sur le seuil, le souffle coupé. Il était allongé, nu, et prenait un bain sa beauté virile faisait une flamme pâle dans la chambre obscure. Son regard perçant me parcourut. Venez, dit-il. Rejoignez-moi.
Je n'ai nul besoin de donner tous les détails de ce qui advint ensuite. Je me souviens l'avoir lavé, glissant les mains sur l'étendue lisse et ruisselante de son corps, tandis que ses mains détournaient mon attention en me faisant parvenir un tout autre message. Au début, je ne fis que me pencher sur lui, mais après avoir éclaté de rire il me tira à lui – si bien que je finis par me retrouver à califourchon sur lui, au comble de la joie bien qu'assez timide j'avais envie de lui et cela me faisait rougir, tout comme je souriais de ses aguichages. Il ne me prit pas cependant, mais profita de la situation jusqu'à ce que nous fussions tous deux mis à rude épreuve, excités au-delà de toute endurance.
Nous nous séchâmes mutuellement, et lorsque ce fut fini il m'attira à lui, et m'interrogea. Le suivrais-je dans les terres de son peuple ? Désirais-je l'accompagner dans les Terres Immortelles ? Aussi absurde que cela puisse paraître, je n'avais guère songé à cela jusqu'à cet instant. Me lier signifiait que je pourrais venir avec lui à Valinor, cet endroit à la beauté merveilleuse, empli d'une paix éternelle, l'endroit situé par-delà la mer et qu'aucun être humain ne pouvait atteindre, ni même trouver. Je le suivrais n'importe où, assurai-je avec ferveur. Je le suivrais jusqu'au bout du monde, je le suivrais dans les flammes-même de la Montagne du Destin, si tel était son désir. Et ma réponse parut grandement le satisfaire...
Il ne mit pas de frein à ses désirs cette nuit-là, mais il me fit l'amour avec une intensité sans trêve qui paraissait n'avoir pas de limites. Il me pressa contre le lit, et ses lèvre étaient partout, son corps lisse était dur et pleie vie. Ses doigts me caressaient – ma poitrine, mes seins, mes cuisses – tandis que sa bouche couvrait la mienne, sa langue plongeant profond à ma recherche. Lorsqu'il releva la tête, les lèvres humides et entrouvertes, il avait l'air de sortir d'un rêve ancien, d'une beauté supérieure à tout ce qu'on aurait pu imaginer et il me murmura des mots doux en langue elfique. Il pencha la tête, et se mit à descendre, léchant, mordillant et m'embrassant, disant mon nom goûtant et agaçant chaque partie de mon corps tandis que je m'arquais sous l'extase.
En retour, je lui rendis ses caresses, mes mains se glissant partout où je pouvais l'atteindre, me délectant des lignes fermes de son corps, la courbe puissante des muscles sous la peau immaculée. Je le touchai plus intimement, excitée par la taille et dureté emplie de sensations, arc- boutée contre lui pendant que je cherchais à lui donner du plaisir. Ses cheveux sinuèrent sur ma peau comme il bougea pour murmurer à mon oreille. Un enfant, demanda-t-il. Désirai-je un enfant ?
Je fronçai les sourcils et le fixai avec étonnement. Se penchant, il m'embrassa, l'écho de ses paroles faisant comme une caresse à mon esprit. Le choix était mien, affirma-t-il. Il avait le pouvoir de choisir le temps. Lorsque je réalisai ce que cela voulait dire, les larmes jaillirent de mes yeux. Et je lui répondis oui. Pas tout de suite, mais oui, oui, oui ! Très bientôt. Et je sentis son contentement irradier.
Je le sentis peser sur moi, éprouvant sa solidité comme il se plaça au sommet de mes cuisses. Il embrassa ma gorge, et son poids me pressa au creux du lit quand il entra en moi, profondément. Il était encore en moi lorsqu'il marqua une pause.
« Amin mela lle, » murmura-t-il. « Cela veut dire « je t'aime » en Sindarin. Dites-le, Keara. Dites-le moi dans ma langue. Amin mela lle.
Je répétai les mots si peu familiers, encore et encore dans nos deux langues – jusqu'à ce que je sache qu'il me croyait.
« Dites à présent que vous vous liez à moi, » chuchota-t-il. « Dites-le. Dites que vous êtes mienne pour toujours. »
Je lui dis tout ce qu'il voulait entendre et il fit de même avec moi. Alors, avec un cri rauque il trouva son rythme, et m'emporta sur ses mouvements doux et roulant comme des vagues, tandis que je roulais des hanches dans une attitude provocante, tentatrice et délicieuse. Il émit un nouveau grognement de plaisir en se retirant, puis entrant à nouveau, encore, et encore. Reste avec moi, dit-il. Reste avec moi, mon amour. J'étais à bout de souffle notre faim grandissait, pour devenir quelque chose qui nous dépassait tous les deux, et qui comprenait tout ce qui était bon, sacré et qui en valait la peine. Et enfin, nous nous envolâmes jusqu'à l'endroit lointain où la passion atteint son zénith, et où tout explose en un embrasement irréfléchi et délicieux de bonheur pur et absolu.
Par la suite, alors que je gisais dans ses bras, comblée, submergée par des vagues de bonheur – à la fois le mien et le sien – il se redressa sur un coude, et me regarda par en-dessus avec un petit sourire victorieux. Il avait gagné un bien beau prix, m'affirma-t-il avec une complaisance typiquement masculine. Je lui appartenais désormais, et il en était fort satisfait.
Je lui rendis son regard, étudiant la ligne incurvée de sa mâchoire, l'arc de ses sourcils sombres, ses yeux gris perçants et ses longs cheveux d'un blond d'argent. Qu'il ne se mette pas martel en tête, l'avertis-je d'un ton acerbe : je n'allais pas devenir soumise et obéissante. J'étais toujours mon propre maître. Qu'il n'aille donc pas penser pouvoir me contrôler !
Son sourire s'élargit. Cela, il le savait, ainsi qu'il m'en assura avec un plaisir évident. Il savait parfaitement être à présent lié à une créature obstinée et têtue qui allait le tenir profondément amusé, profondément excité, et très probablement profondément exaspéré pour le reste de l'éternité. Et il ne pouvait imaginer quoi que ce soit qui le satisfît davantage...
***
Les jours et les mois passèrent. Je n'y prêtai aucune attention, nullement préoccupée par le passage du temps. Nous marchions ensemble le long des allées de la cité, et mon cœur était empli de joie, mon esprit comme renouvelé. Tout le pouvoir que j'avais de guérir avait disparu mais il avait été remplacé par quelque chose que je chérissais bien davantage : notre amour grandissait et s'étendait avec chaque nouveau jour qui passait, et très souvent nous parlions de notre avenir, et des enfants que nous voulions avoir.
Tous ne partageaient pas notre joie de vivre. Galadriel approchait toujours plus du désespoir, et sa décision de quitter la Terre du Milieu ne fut pas une surprise. Lorsqu'elle partirait, Haldir et moi-même l'accompagnerions j'avais son amour, mais son attachement et sa loyauté envers sa reine demeuraient puissants.
Ce fut par un jour de la fin de l'été suivant qu'un groupe d'entre nous fit route vers les Havres Gris, un long voyage car nous le faisions à pied. Jamais je n'oublierai la tristesse des adieux de Galadriel à Celeborn, car son amour n'avait pu le résoudre à partir avec elle cette fois-ci. Combien de temps aurait-elle à attendre qu'il la suivre ? Seul le temps le dirait.
Lorsqu'enfin nous atteignîmes le port de Círdan le Constructeur de navires, nous vîmes le bateau elfique qui devait nous conduire à Valinor. Debout sur le pont, nous observâmes les rives de mon monde s'éloigner, et leur contour s'effacer peu à peu un peu de tristesse effleura mon esprit. Haldir se tenait à mes côtés, les cheveux flottant dans la brise, sa cape battant autour de nous comme les voiles qui claquaient au-dessus. En apercevant mon regard, il s'approcha pour me serrer contre lui et me détourner de la rive.
Nous voguons vers l'ouest, me dit-il, vers une terre de paix, et là-bas je porterai notre enfant. Surprise, je levai les yeux vers lui. Il m'avait dit pouvoir choisir le moment, mais jusqu'à cet instant je n'avais pas réalisé le sens de ses paroles. La nuit dernière seulement, avions-nous tous deux accepté et nous étions dits prêts. Il sourit, et posa un moment la main sur mon ventre encore plat. Déjà, dit-il, l'enfant y grandissait. Je me laissai aller contre lui, et fermai les yeux comme nous faisions voile avec le soleil couchant, vers l'ouest.
~*~
A suivre... Et oui ! Ce n'est pas fini... Surtout, ne ratez pas l'épilogue !
~*~
PS : je sais que ce chapitre a été long à venir. C'est ma faute. Je suis désolée. Cela dit, le prochain est presque fini. D'autre part, je rappelle à tous que si vous voulez connaître l'avancement des fics, il vous suffit de sélectionner, dans le menu de votre page-profil, la case qui correspond à l'histoire dont vous désirez savoir les modifications. Quoi qu'il en soit... rendez-vous pour le dernier chapitre très bientôt. Mélusine.
Bonjour-bonjour... Je sais : vous êtes tous prêts à m'assassiner parce que j'ai encore rendu mon chapitre en retard. J'en suis réellement navrée. J'ai eu beaucoup de travail, et mes propres fics n'avançaient que trop mal... J'espère que vous n'avez pas trop torturé ces pauvres Julie et Fianna par ma faute. Mais vous savez... hé, ça n'est pas moi qui reçoit les reviews... Ce chapitre est l'avant-dernier. Ce qui veut dire que vous aurez l'épilogue d'ici très peu de temps : ne le manquez pas. Et si vous lisez un peu l'Anglais, courez compulser l'intégrale de nos talentueux auteurs, qui le valent bien. Jusque-là... merci d'avoir suivi et reviewé cette histoire.
~*~
Chapitre Troisième : la Décision
J'errai sans hâte parmi les terres de la cité, sous les mallornes immenses, au travers des clairières, par-delà les allées, évitant les autres avec soin pour me réfugier dans la solitude. Les heures passèrent, et les ombres, une fois de plus, m'enveloppèrent comme le soir tombait. J'étais lasse et emplie d'une sensation de vide je rebroussai chemin vers mes appartements et y trouvai de la nourriture qui y avait été laissée à mon intention – je ne pus y toucher. Je n'avais toujours pas pris de décision.
Pendant presque une autre heure, je demeurai là, assise dans l'obscurité grandissante, en proie aux souvenirs qui mes submergeaient et à mes émotions, qui s'entre-déchiraient. Je fixais le lit où il m'avait merveilleusement, passionnément aimée, et je réalisai à quel point il m'était cher. Mais il m'était impossible d'oublier le visage des Elfes que j'avais soignés, abattue par le souvenir de leur besoin désespéré. Il y avait aussi la douleur humaine au-delà, partout dans les villes qui jalonnaient le pays. Les gens qui souffraient. Les enfants en train de mourir. Ceux que je pouvais sauver. J'étais jeune – j'avais encore des années pour accomplir pareille tâche. Mon esprit s'emplit du visage creusé par la douleur des parents auxquels on arrachait leurs enfants malades. J'avais le pouvoir de leur venir en aide. Pouvais-je refuser de l'utiliser ? N'était-il donc pas en ma responsabilité d'user de mon don ainsi qu'il en avait été décidé ?
C'est avec le cœur lourd que je songeais à cela. Je me levai pour allumer une lanterne, mais la lumière ne fit rien pour dissiper les ombres qui s'étaient refermées sur moi. J'aurais tant désiré un conseil, être guidée dans cette décision pénible – mais j'étais seule. Et je serais toujours seule.
Cette pensée me fit monter les larmes aux yeux, qui inondèrent bientôt mes joues. Je pleurai doucement à l'idée de ma vie sans lui. Pour quelle raison les Valar m'avaient-ils infligé ce choix ? Etait-ce donc leur propre décision ? S'ils avaient guidé mes pas jusqu'à présent, pourquoi m'abandonner maintenant ?
Pendant un moment, je soupesai l'idée que chacun des pas que j'avais faits jusqu'à présent avaient été guidés. J'avais été conduite à voyager jusqu'à la Cité Blanche. J'avais été amenée à soigner Haldir. Galadriel avait affirmé que j'avais été amenée à le soigner d'abord, le premier des Elfes. Cela avait-il un sens ? Sans nul doute, puisque quelque chose de capital avait eu lieu, qui nous avaient fait échanger une part de notre âme. A l'évidence, les Valar étaient liés à cela ! Nous avions été menés l'un vers l'autre dans un certain but, et de quelque but que cela se pût être, il ne pouvait sûrement devoir briser nos deux cœurs.
C'est alors que mes pleurs cessèrent brusquement. Quelquefois, j'avais eu le sentiment d'être jetée au milieu de torrents sur lesquels je ne pouvais avoir de contrôle, mais de chacune de nos décisions découlait la suivante. Il aurait pu choisir de ne pas se rendre à Minas Tirith. Il aurait pu choisir de ne pas me laisser le soigner, tout comme j'aurais pu refuser de le faire. J'aurais pu refuser de répondre à l'appel de Galadriel, qui me mandait en Lothlórien. Nous en étions là à présent, à cause de nos choix précédents, dont chacun nous liait au passé et à un futur encore indéterminé.
Et c'est alors que, lentement, je commençai à comprendre que les Valar n'avaient jamais voulu me voir comme le sauveur du monde. J'avais fait usage de mon don, et j'avais fait de mon mieux et à présent, ils m'offraient ma récompense : l'opportunité de connaître le bonheur, à nouveau. Galadriel m'avait assurée que mes sentiments me serviraient bien, si je les libérait. Et mes sentiments m'avaient assuré une chose. J'aimais Haldir. Je le désirais. J'avais besoin de lui. Et je savais que pour lui, il en allait de même.
La sérénité m'emplit soudain, tandis que j'arrangeais mon raisonnement, éprouvant sa logique dans le but de considérer ma décision, jusqu'à ce qu'elle m'apparaisse parfaite, juste et naturelle. J'avais vécu jusqu'alors mes capacités de guérisseuse comme une ligne de conduite, que je maintenais en parcourant la rivière de mon existence, gardée par elle de la noyade qui me menaçait, à tout instant, par mon chagrin. Les Valar m'avaient prise en pitié : ils avaient amplifié mon don, en compensation de ma perte, pour me donner un but que je poursuivrais en attendant qu'Haldir intervienne dans ma vie.
Il était ma vie. La nouvelle : ma récompense, un Elfe dont la force était sa loyauté, la détermination, et farouche, profond amour pour son peuple. Un Elfe qui mettait le devoir au-dessus de ses propres besoins, qui avait combattu avec courage au Gouffre de Helm, risquant sa vie jusqu'à manquer la perdre. Un Elfe qui s'était résolu à accepter n'importe lequel des choix que je viendrais à faire, bien que cela l'affectât tout autant que moi.
Et soudain, je sus que je ne pouvais plus le laisser attendre un moment de plus. Car ce don n'était pas seulement le mien, il était à lui, aussi, autant qu'à moi ! Il était le nôtre !
Je me levai d'un bond, virevoltant dans la pièce avec une légèreté teintée de vertige, emplie d'une joie enfantine que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps. En tournoyant, j'abandonnai la douleur, le chagrin, et les ombres se levèrent et s'enfuirent, et je ris de mon inconscience. Je finis par en avoir la tête qui tournait. Je m'immobilisai, les mains pressées contre mon visage, pleine d'une gratitude silencieuse. Où es-tu ? demandai- je, et je fermai les yeux pour le trouver. Peine perdue : il ne me laissa pas l'atteindre. Mais peu m'importait : j'allais à sa rencontre.
Je me lançai par les allées, admirant d'un œil nouveau les merveilles qu'avaient fabriqué les artisans des Elfes, laissant glisser ma main le long des moulures tandis que je m'envolais. Bien qu'il m'interdît ses pensées, je sentais que sa présence finirait par me conduire jusqu'à lui – et c'est ce qui arriva. Cela ne me prit pas même dix minutes pour le rejoindre. Je le trouvai en compagnie de ses frères, dans une petite alcôve blottie entre les racines cambrées des arbres. Il se tenait, plus effondré qu'assis, sur un petit banc bas, sculpté dans le même bois que l'arbre, adossé à une racine il avait un genou relevé sous lui qu'il entourait de son bras, au bout duquel pendant négligemment un verre de vin vide. Il avait le visage sombre et l'air las, empreint d'une sorte de résignation fragile. Je regrettait aussitôt les longues heures que je l'avais forcé à passer en m'attendant.
Peut-être était-ce à cause du vin, à moins qu'il ne fût perdu dans ses pensées, mais il ne parut pas avoir conscience de mon arrivée imminente, ni s'apercevoir de ma présence. Ce ne fut pas le cas de ses frères. Je les vis me jeter un coup d'œil, puis le regarder rapidement, lui, l'inquiétude clairement inscrite dans leurs yeux d'un bleu de glace.
Je m'éclaircis la gorge. Haldir sursauta, puis releva la tête, et se mit sur pied d'un bond en s'efforçant de dissimuler la surprise qui animait ses traits. Nos yeux se rencontrèrent. Ses frères se retirèrent sans un bruit, mais je savais qu'ils n'étaient pas allés bien loin, craignant qu'il pût avoir besoin d'eux.
Pendant quelques secondes qui mirent mon cœur à l'épreuve, le silence pesa entre nous d'un air menaçant. Il se tenait devant moi de toute sa hauteur, immobile et solide, essayant toujours de m'empêcher de l'atteindre en pensée, tandis qu'il attendait que je parle la première. Son regard distant m'interdisait de pénétrer son esprit, mais il lui était impossible de me cacher l'intensité des émotions brutes qu'il retenait fermement. Lui, en revanche, ne lisait rien en moi. Craignait-il de s'y risquer ? Est-ce que quelque chose avait changé ? Stupidement, je me trouvai assaillie par un dernier lambeau de doute, et au lieu de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur, je lui posai une dernière question.
« M'aimez-vous ? » lui demandai-je, timidement.
« Vous aimer ? » Il paraissait avoir le souffle coupé, et à ma propre stupéfaction, sa voix tremblait. « Keara, mais bien sûr que je vous aime. N'ai-je donc pas été assez clair sur ce sujet ? » Il fit un pas un avant. « Je suis à vos pieds, » souffla-t-il.
Je ne pus m'empêcher de réagir comme une idiote : immédiatement, les larmes se mirent à rouler à flots sur mes joues, sans que je puisse les arrêter – et, ayant tout du mâle typique, il les pensa causées par le chagrin.
« Alors, je vous ai perdue, » dit-il, le visage de marbre. Et il baissa la tête.
Mes pleurs redoublèrent, et je mis à rire, tout en songeant qu'il devait me prendre pour une folle. Je sentis sa confusion, le vis tressaillir sous les coups de l'indécision.
« Vous vous jouez de moi, » dit-il en fronçant les sourcils. « Quelle est votre décision, Keara ? » Il se rapprocha de moi et me saisit le menton pour étudier mes larmes.
« C'est vous que j'ai choisi, » balbutiai-je entre deux sanglots. « Je vous choisis, vous. Et je pleure parce que je suis heureuse, espèce de grand idiot ! »
Je le vis frémir, et sentis son profond et touchant soulagement, son extrême tension fondre d'un coup – et il me jeta un regard noir. « Et bien, cela vous a prit un certain temps pour vous décider, » fit-il d'un ton grincheux. Toute amorce de réponse que j'aurais pu tenter se trouva brutalement coupée lorsqu'il s'approcha brusquement et m'étreignit avec un farouche célérité.
Il prit mon visage entre ses mains et m'embrassa, un baiser profond, brutal et dominateur qui me révéla tout ce que j'avais besoin de savoir sur ses sentiments. Il me serra ensuite fermement contre lui, ses mains se mêlant à mes cheveux tandis qu'il me murmurait des mots doux en elfique, des mots dont je savais qu'il me faudrait très bientôt les apprendre, si je voulais les retourner.
« Keara, » souffla-t-il contre ma tempe, la voix altérée par le désir. « Je vous veux maintenant. Je veux que vous vous liiez à moi. Vous le savez. Mais je sens que vous avez quelque chose d'autre en esprit. Qu'est-ce ? »
Je lui caressai les cheveux, désireuse de le voir comprendre et accepter ce que je m'apprêtais à lui dire. « Je vous aime, » déclarai-je, « mais je ne peux me lier à vous tout de suite. M'accorderez-vous une semaine ? Il y en a d'autres, qui attendent toujours que je prenne soin d'eux. Attendrez-vous encore une semaine ? »
Il prit une profonde inspiration, baissant ses longs cils sombres comme pour mieux mesurer ma requête. « Une semaine ? Soit. Mais pas davantage. Je ne saurais patienter au-delà j'ai déjà trop attendu. »
Et c'est ainsi qu'il se trouva à me suivre durant toute cette semaine, veillant à me faire tenir parole et m'épiant comme un faucon. Il était là à mon réveil, hantant mes pas jusqu'au lieu où je commençais ma journée, et il était là lorsque j'avais terminé, pour m'escorter jusqu'à ma chambre. Entre ces deux temps, il planait au-dessus de mes pensées comme un fredonnement sourd et continu, une présence quasi-palpable qui ne me quittait pas durant tout mon travail. A chaque instant je pouvais le percevoir, m'étudiant pour savoir si j'avais besoin de lui. Mais désormais, la faiblesse ne reparaissait plus, et je demeurai forte pour traverser sans heurt la semaine entière.
La nuit, il prenait plaisir à me tourmenter, et se jouait de moi en m'envoyant des images crues, tandis que je gisais seule dans mon lit, ne pensant qu'à lui, ne désirant que lui. Il me taquinait avec des promesses nombreuses de plaisirs innombrables, et je me restais sans répit à le maudire, le faisant rire de moi, sans jamais oser réagir de peur de qu'il pût m'envoyer faire en guise de réponse. De jour, je soignais ceux qui restaient consciente que leur nombre diminuait. Et je me rendis compte que je n'était pas attristée du fait que mon don me soit retiré bientôt. J'étais en fin en paix avec ma décision. J'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir à présent, mon heure était venue.
Mais il me fallait en soigner encore un.
Je ne puis décrire ce dernier jour, où j'eus à guérir le dernier d'entre eux : le seigneur de la Lórien lui-même. Sachant qu'il s'agissait de sa dernière chance, il vint me voir et me demander mon aide. Comme tant d'autres, il avait enduré sa part de désespoir, mais il désirait demeurer en Lórien, bien qu'il n'offrît aucune explication sur les raisons de son choix. Galadriel, de son côté, ainsi qu'il l'affirma, partirait sans lui, et bien qu'un jour il soit amené à la revoir, ce jour ne serait pas pour bientôt. Alors je fis de mon mieux pour le soulager de sa souffrance, tout en sachant qu'il serait sûrement l'un des tout derniers Elfes à partir pour Valinor.
Je découvris bientôt qu'Haldir ne m'avait pas attendue, cette fois-ci, pour m'escorter jusqu'à ma chambre. Au contraire, j'entendis son appel en esprit, un message silencieux, mais impérieux et exigeant. Venez à moi maintenant, ordonna-t-il. Aujourd'hui, vous viendrez à ma chambre. La semaine est achevée, Keara. J'attend.
Et je souris de son arrogance.
C'est comme marchant dans un rêve que je montai les escaliers et traversai les allées, le cœur battant la chamade en pansant à ce qui allait suivre. J'étais sur le point de me lier à lui. De devenir sa femme, sa compagne pour tous les temps. Je savais où se trouvaient ses appartements, mais je n'y avais jamais été auparavant. M'y rendre paraissait une marque d'intimité particulière, et pourtant il avait insisté sur ce point, car cela serait bientôt mon droit.
Lorsque j'atteins sa chambre et y pénétrai, je m'immobilisai sur le seuil, le souffle coupé. Il était allongé, nu, et prenait un bain sa beauté virile faisait une flamme pâle dans la chambre obscure. Son regard perçant me parcourut. Venez, dit-il. Rejoignez-moi.
Je n'ai nul besoin de donner tous les détails de ce qui advint ensuite. Je me souviens l'avoir lavé, glissant les mains sur l'étendue lisse et ruisselante de son corps, tandis que ses mains détournaient mon attention en me faisant parvenir un tout autre message. Au début, je ne fis que me pencher sur lui, mais après avoir éclaté de rire il me tira à lui – si bien que je finis par me retrouver à califourchon sur lui, au comble de la joie bien qu'assez timide j'avais envie de lui et cela me faisait rougir, tout comme je souriais de ses aguichages. Il ne me prit pas cependant, mais profita de la situation jusqu'à ce que nous fussions tous deux mis à rude épreuve, excités au-delà de toute endurance.
Nous nous séchâmes mutuellement, et lorsque ce fut fini il m'attira à lui, et m'interrogea. Le suivrais-je dans les terres de son peuple ? Désirais-je l'accompagner dans les Terres Immortelles ? Aussi absurde que cela puisse paraître, je n'avais guère songé à cela jusqu'à cet instant. Me lier signifiait que je pourrais venir avec lui à Valinor, cet endroit à la beauté merveilleuse, empli d'une paix éternelle, l'endroit situé par-delà la mer et qu'aucun être humain ne pouvait atteindre, ni même trouver. Je le suivrais n'importe où, assurai-je avec ferveur. Je le suivrais jusqu'au bout du monde, je le suivrais dans les flammes-même de la Montagne du Destin, si tel était son désir. Et ma réponse parut grandement le satisfaire...
Il ne mit pas de frein à ses désirs cette nuit-là, mais il me fit l'amour avec une intensité sans trêve qui paraissait n'avoir pas de limites. Il me pressa contre le lit, et ses lèvre étaient partout, son corps lisse était dur et pleie vie. Ses doigts me caressaient – ma poitrine, mes seins, mes cuisses – tandis que sa bouche couvrait la mienne, sa langue plongeant profond à ma recherche. Lorsqu'il releva la tête, les lèvres humides et entrouvertes, il avait l'air de sortir d'un rêve ancien, d'une beauté supérieure à tout ce qu'on aurait pu imaginer et il me murmura des mots doux en langue elfique. Il pencha la tête, et se mit à descendre, léchant, mordillant et m'embrassant, disant mon nom goûtant et agaçant chaque partie de mon corps tandis que je m'arquais sous l'extase.
En retour, je lui rendis ses caresses, mes mains se glissant partout où je pouvais l'atteindre, me délectant des lignes fermes de son corps, la courbe puissante des muscles sous la peau immaculée. Je le touchai plus intimement, excitée par la taille et dureté emplie de sensations, arc- boutée contre lui pendant que je cherchais à lui donner du plaisir. Ses cheveux sinuèrent sur ma peau comme il bougea pour murmurer à mon oreille. Un enfant, demanda-t-il. Désirai-je un enfant ?
Je fronçai les sourcils et le fixai avec étonnement. Se penchant, il m'embrassa, l'écho de ses paroles faisant comme une caresse à mon esprit. Le choix était mien, affirma-t-il. Il avait le pouvoir de choisir le temps. Lorsque je réalisai ce que cela voulait dire, les larmes jaillirent de mes yeux. Et je lui répondis oui. Pas tout de suite, mais oui, oui, oui ! Très bientôt. Et je sentis son contentement irradier.
Je le sentis peser sur moi, éprouvant sa solidité comme il se plaça au sommet de mes cuisses. Il embrassa ma gorge, et son poids me pressa au creux du lit quand il entra en moi, profondément. Il était encore en moi lorsqu'il marqua une pause.
« Amin mela lle, » murmura-t-il. « Cela veut dire « je t'aime » en Sindarin. Dites-le, Keara. Dites-le moi dans ma langue. Amin mela lle.
Je répétai les mots si peu familiers, encore et encore dans nos deux langues – jusqu'à ce que je sache qu'il me croyait.
« Dites à présent que vous vous liez à moi, » chuchota-t-il. « Dites-le. Dites que vous êtes mienne pour toujours. »
Je lui dis tout ce qu'il voulait entendre et il fit de même avec moi. Alors, avec un cri rauque il trouva son rythme, et m'emporta sur ses mouvements doux et roulant comme des vagues, tandis que je roulais des hanches dans une attitude provocante, tentatrice et délicieuse. Il émit un nouveau grognement de plaisir en se retirant, puis entrant à nouveau, encore, et encore. Reste avec moi, dit-il. Reste avec moi, mon amour. J'étais à bout de souffle notre faim grandissait, pour devenir quelque chose qui nous dépassait tous les deux, et qui comprenait tout ce qui était bon, sacré et qui en valait la peine. Et enfin, nous nous envolâmes jusqu'à l'endroit lointain où la passion atteint son zénith, et où tout explose en un embrasement irréfléchi et délicieux de bonheur pur et absolu.
Par la suite, alors que je gisais dans ses bras, comblée, submergée par des vagues de bonheur – à la fois le mien et le sien – il se redressa sur un coude, et me regarda par en-dessus avec un petit sourire victorieux. Il avait gagné un bien beau prix, m'affirma-t-il avec une complaisance typiquement masculine. Je lui appartenais désormais, et il en était fort satisfait.
Je lui rendis son regard, étudiant la ligne incurvée de sa mâchoire, l'arc de ses sourcils sombres, ses yeux gris perçants et ses longs cheveux d'un blond d'argent. Qu'il ne se mette pas martel en tête, l'avertis-je d'un ton acerbe : je n'allais pas devenir soumise et obéissante. J'étais toujours mon propre maître. Qu'il n'aille donc pas penser pouvoir me contrôler !
Son sourire s'élargit. Cela, il le savait, ainsi qu'il m'en assura avec un plaisir évident. Il savait parfaitement être à présent lié à une créature obstinée et têtue qui allait le tenir profondément amusé, profondément excité, et très probablement profondément exaspéré pour le reste de l'éternité. Et il ne pouvait imaginer quoi que ce soit qui le satisfît davantage...
***
Les jours et les mois passèrent. Je n'y prêtai aucune attention, nullement préoccupée par le passage du temps. Nous marchions ensemble le long des allées de la cité, et mon cœur était empli de joie, mon esprit comme renouvelé. Tout le pouvoir que j'avais de guérir avait disparu mais il avait été remplacé par quelque chose que je chérissais bien davantage : notre amour grandissait et s'étendait avec chaque nouveau jour qui passait, et très souvent nous parlions de notre avenir, et des enfants que nous voulions avoir.
Tous ne partageaient pas notre joie de vivre. Galadriel approchait toujours plus du désespoir, et sa décision de quitter la Terre du Milieu ne fut pas une surprise. Lorsqu'elle partirait, Haldir et moi-même l'accompagnerions j'avais son amour, mais son attachement et sa loyauté envers sa reine demeuraient puissants.
Ce fut par un jour de la fin de l'été suivant qu'un groupe d'entre nous fit route vers les Havres Gris, un long voyage car nous le faisions à pied. Jamais je n'oublierai la tristesse des adieux de Galadriel à Celeborn, car son amour n'avait pu le résoudre à partir avec elle cette fois-ci. Combien de temps aurait-elle à attendre qu'il la suivre ? Seul le temps le dirait.
Lorsqu'enfin nous atteignîmes le port de Círdan le Constructeur de navires, nous vîmes le bateau elfique qui devait nous conduire à Valinor. Debout sur le pont, nous observâmes les rives de mon monde s'éloigner, et leur contour s'effacer peu à peu un peu de tristesse effleura mon esprit. Haldir se tenait à mes côtés, les cheveux flottant dans la brise, sa cape battant autour de nous comme les voiles qui claquaient au-dessus. En apercevant mon regard, il s'approcha pour me serrer contre lui et me détourner de la rive.
Nous voguons vers l'ouest, me dit-il, vers une terre de paix, et là-bas je porterai notre enfant. Surprise, je levai les yeux vers lui. Il m'avait dit pouvoir choisir le moment, mais jusqu'à cet instant je n'avais pas réalisé le sens de ses paroles. La nuit dernière seulement, avions-nous tous deux accepté et nous étions dits prêts. Il sourit, et posa un moment la main sur mon ventre encore plat. Déjà, dit-il, l'enfant y grandissait. Je me laissai aller contre lui, et fermai les yeux comme nous faisions voile avec le soleil couchant, vers l'ouest.
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A suivre... Et oui ! Ce n'est pas fini... Surtout, ne ratez pas l'épilogue !
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PS : je sais que ce chapitre a été long à venir. C'est ma faute. Je suis désolée. Cela dit, le prochain est presque fini. D'autre part, je rappelle à tous que si vous voulez connaître l'avancement des fics, il vous suffit de sélectionner, dans le menu de votre page-profil, la case qui correspond à l'histoire dont vous désirez savoir les modifications. Quoi qu'il en soit... rendez-vous pour le dernier chapitre très bientôt. Mélusine.
