Chapitre 6

N/A: Avant-dernier chapitre...

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Pansy se tenait agrippée contre la balustrade du balcon qui débouchait de sa chambre. La pluie avait cessée depuis peu et avait fait place à un vent froid et déchirant. Elle sentait le froid fouetter sa peau de pêche, mais elle préférait rester à l'extérieur. Si elle rentrait, elle se sentirait étouffer et elle ne supporterais pas de se voir à nouveau à travers cette fichue glace. Ici au moins il y avait de l'air qu'elle pouvait respirer et elle ne sentait pas à tout moment le risque de s'effondrer, ses jambes ne pouvant plus la supporter.

Elle fixait un point au loin, quelque part perdu au milieu de la mer qui s'étendait devant elle. Elle ne pouvait pas détacher ses yeux des cet espace infini bleu, ayant trop peur de basculer dans la réalité. Si seulement Draco avait été là, il aurait pu l'enlacer de ses bras et la réconforter, simplement par son souffle dans son cou. Mais elle devait affronter la réalité en face, jamais plus Draco ne serait là pour elle.

Les circonstances avaient voulu que ce soit lui qui s'éloigne la première fois et maintenant c'était elle qui devait le tenir éloigné si elle ne voulait pas le faire souffrir. Mais l'épargnerait-elle vraiment si elle agissait ainsi? Lorsqu'elle avait été séparé de lui, elle aurait encore préféré mourir que de continuer à vivre sans lui. Mais si elle ne le faisait pas, Leïla s'occuperait de lui. Ce serait encore pire.

Comment était-il possible qu'une fille de dix-sept ans ait à faire face à de tels tracas, sans personne pour se confier? Si elle avait écouté son coeur, elle serait déjà partit de ce manoir de malheur pour aller rejoindre son amour, mais elle savait très bien que cela n'aboutirait à nul autre que d'empirer la colère de sa demie-s?ur et de mettre Draco encore plus en danger. Et elle l'aimait tant qu'elle n'avait pas la force de le faire. Elle lui devait tant...elle ne voulait pas être la cause de sa perte. Il l'avait aimé comme jamais personne ne l'avait aimé. Il l'avait consolé comme personne n'avait osé le faire, il l'avait compris comme personne n'aurait pu.

Une larme amère descendit le long de sa joue et tomba dans le vide pour aller se perdre parmi les gouttes de pluie qui s'étaient déposées sur le sol. Qu'avait-elle bien pu faire pour que sa vie devienne à un tel point un enfer? Pendant un instant, elle avait cru qu'enfin elle prendrait un tournant différent et qu'elle pourrait enfin être heureuse. Mais les rêves avaient rapidement laisser place à la sombre réalité depuis que Leïla la hantait. Maintenant il n'était plus question d'avenir, car elle n'avait plus de destin, plus de futur. Son avenir se résumait à Draco et désormais il n'y avait plus de Draco. Plus de Draco, plus d'espoir, plus de lendemain.

De fines gouttes recommencèrent à tomber des nuages et Pansy décida de regagner ses appartements, même si sa tête était en désaccord avec cette idée. Elle se laissa choir sur son lit, essayant de vider sa tête de tout ce qui pouvait l'assaillir. Mais comment réussir à se sortir de la tête l'homme qui a donné un sens à votre vie, sachant que jamais vous n'aurez l'occasion de replonger vos yeux dans les siens, histoire de se perdre un instant dans un monde imaginaire. Elle n'arrivait pas.

Elle éclata alors en sanglot, laissant déverser toute sa rage contre Leïla. Un coup de tonnerre la fit alors sursauter et elle releva la tête, pour constater avec indifférence que la petite pluie s'était transformé en un orage effrayant. Quelque chose d'autre avait attiré son attention. Quelque chose d'inhumain, quelque chose diabolique. Comme une comptine. Cette même comptine qui l'avait réveillé quelques nuits au par avant.

Elle se força à se lever et péniblement avança jusqu'à la porte vitré en chancelant. Elle prit la peine de se placer de façon à ne pas être vu mais pouvoir prendre note de ce qui se passait.

Leïla se tenait assise à califourchon dans l'herbe, sous la pluie, trempée. Le tout lui conférait un air encore moins humain qu'à la normal. Elle était de dos à Pansy qui ne pouvait pas voir son visage, que ses longs cheveux noirs, ce qui fut une chance pour elle. Elle chantonnait et tournait les pages d'un livre. Pas la peine pour Pansy de vérifier de quel genre d'ouvrage il s'agissait. Mais la mélodie était enfantine et dégageait une sorte d'énergie effrayante. Elle entrouvrit la vitre pour essayer d'entendre la chanson au milieu du vent qui soufflait.

" Je...fais...du...mal,

ne...jamais...arrêter,

Je...suis...désolée,

Je...veux...les...tuer,

Ne...peux...m'empêcher,

Les...faire...souffrir,..."

Pansy referma la porte en prenant soin de rester discrète. Le vent effaçait certaines syllabes, mais elle n'avait pas besoin de s'appeler Trelawney pour deviner quelles elles étaient et les intentions de celle qui les prononçait.

Comme elle se trouvait naïve d'avoir cru que seulement en éloignant Draco, elle réussirait à le sauver et arrêter la folie destructive de Leïla. Cette fille était une diablesse et sa seule envie était de faire souffrir, sa seule valeur le mal.

Pansy n'arrivait pas à se sortir les mots prononcer par Leïla de la tête. Comme s'ils s'étaient gravés là pour lui faire comprendre quelque chose qu'elle n'arrivait pas à saisir. Elle fut alors prit d'une peur incontrôlable, ne sachant pas si Leïla en était la cause, si Draco l'était ou si c'était quelque chose d'autre.

Silencieusement, elle s'aventura hors de sa chambre et fut surprise par le silence qui régnait dans le manoir. Évidemment sa mère n'était pas là et Leïla était dehors, mais malgré cela, il aurait dû y avoir une sorte de bourdonnement rappelant la présence des domestiques.

Elle fit quelques pas dans le couloirs et entra dans la première pièce qui se présenta à elle. Cette dernière était vide, alors elle ne s'attarda pas, et passa à la suivante. Elle fit ce petit manège pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle arrive à la chambre de bébé du manoir. Celle-ci avait été autrefois construite pour Sylvia qui avait attendu un enfant, mais elle l'avait par la suite perdue. Ça avait été un choc terrible pour la nourrice, et depuis ce drame, personne n'avait plus jamais pénétré dans cette pièce. On construisit une nouvelle chambre lorsque Pansy vint au monde, laissant Sylvia dans son deuil.

Pansy poussa tout de même la porte et découvrit avec horreur ce qui se cachait derrière. La pièce en tant que tel était d'apparence plutôt confortable et chaleureuse. Elle était bleu poudre coupé au centre par une petite bande rose bonbon. Le manque de clarté rendait la pièce beaucoup plus obscur. Il y avait un peu partout de petits meubles pour bébé et tout ce qu'on pouvait espérer retrouver dans une chambre pour nouveau-né. Dans le coin gauche il y avait un petit berceau blanc et à côté une berceuse. Seulement, la berceuse était dorénavant habitée.

Sur la chaise reposait une femme qui tenait dans ses bras un petit bébé ensanglanté. Les sang qui recouvrait l'enfant provenait en fait d'une entaille poignardé dans le ventre de la femme. Mais si on regardait mieux, on pouvait voir que ce n'était pas vraiment un enfant que la femme tenait dans ses bras, mais plutôt une poupée. Et la femme n'était nul autre que Sylvia.

Pansy ne put retenir son haut-le-coeur et se laissa glisser le long du mûr. Elle ferma les yeux d'horreur. Elle ne voulait plus voir le visage de Sylvia, déformé par la douleur. La douleur de la blessure ou du souvenir? Leïla était à la base de tout ça. Elle était au courant pour l'enfant perdu et s'en était servi pour achever sa nourrice.

Pansy sentait la haine monter en elle. Leïla ne s'arrêterait donc jamais? Une rage s'empara alors d'elle et elle se releva d'un pas décidé. Elle affronterait le mal par le mal. Elle ne prit pas le temps de passer par les cuisines pour voir le massacre que Leïla avait pu commettre. Elle passa plutôt par la salle à manger où elle saisit un couteau tranchant. Un de ces couteaux dont on se sert pour trancher les viandes coriaces.

Elle sortit par la porte de devant et s'avança silencieusement jusqu'à Leïla qui ne l'avait pas vu venir. Elle s'immobilisa à quelques pas de sa demie-s?ur qui lui tournait toujours le dos, assise dans l'herbe mouillée.

Pansy bien que trempée bouillait à l'intérieur. Jamais plus cette peste n'aurait l'occasion de lui faire mal. Elle ne pourrait plus la briser, elle ne toucherait plus jamais à un seul cheveux des personnes qu'elle aimait. Elle irait brûler en enfer!

Pendant ce temps Leïla continuait de chanter sa comptine dont Pansy comprenait de mieux en mieux le mots, malgré la pluie qui continuait de la fouetter.

" Je fais du mal,

Je ne pourrai jamais arrêter,...

S'en fut trop. Pansy leva le poignard au dessus de sa tête et au moment où la lame commençait à s'enfoncer dans la chair de Leïla elle entendit les deux seconds vers:

"Je suis désolée,

Je ne veux pas les tuer,"

Leïla poussa un cri qui déchira la tempête, mais ne se retourna pas, laissant seul ses longs cheveux noirs comme vue à Pansy. Celle-ci se dépêcha de retirer le couteau, mais il était trop tard, la blessure saignait abondamment et le couteau s'était enfoncé creux dans les entrailles. Elle restait pétrifié face au dos de cette demie-s?ur qui continuait de chanter, au milieux de ses gémissements. Les mots se faisaient de plus en plus difficile à saisir car Leïla souffrait visiblement.

"Mais je ne peux m'empêcher,

De les faire souffrir,"

Leïla poussa un cri étouffé après le dernier mot et reprit son souffle difficilement. Elle recommença péniblement à chantonner sa comptine, alors que Pansy affolée se jetait près d'elle et la prit dans ses bras. Elle la retourna au moment même où elle terminait sa comptine:

"Car tel est la destinée,

D'une enfant née pour tuer,

Même si elle ne voulait qu'être aimée."

Pansy regarda le visage de Leïla. Soudainement, il n'avait plus cette expression de dégoût, de mal, de ténèbres, de vengeance, d'haine. C'était un visage pâle et jeune. Un visage ruisselant de larmes. Au milieux, les deux grands yeux de Leïla la regardait avec une lueur infinie de tristesse, de douleur, de souffrance. Pansy n'avait jamais vu autant de désespoir dans des yeux, pas même dans les siens.

À ce moment Leïla poussa un dernier petit gémissement et se yeux roulèrent dans leur orbite, montrant que s'en était maintenant finie sur terre pour elle. Pansy se mit à pleurer comme une enfant, regrettant ce qu'elle venait de faire. Elle avait tué Leïla se laissant guidé par la rage.

Cet enfant n'avait pas voulu être ce qu'elle était. Elle avait tué un être innocent.

Elle entendit des pas approché et se retourna pour voir Drago qui approchait. Lorsque celui-ci l'aperçut penché au-dessus du corps transpercé qu'elle tenait, pleurant à chaude larmes, il se précipita et la serra contre lui. Elle se blottit dans ses bras, continuant de pleurer à chaude larmes, alors que la tempête n'avait pas cessé.

-Draco va t'en!- parvint-elle difficilement à dire au milieu de ses pleurs, alors qu'elle avait toujours la tête nichée au milieu de son épaule.

-Quoi? -lui chuchota-t-il à l'oreille, plutôt comme un réconfort plutôt que comme une question.

-Ne me pose pas de questions, tu dois partir d'ici et me jurer de ne plus jamais revenir. -continua-t-elle toujours en pleurant. Elle s'était un peu dégagé en le poussant tendrement.

-Pansy, nous nous sauverons, nous irons nous cacher, mais ne me demande pas te t'abandonner. Leïla est morte, elle ne nous causera plus de problème...-

-Ne rend pas les choses plus compliqués qu'elles le sont déjà. Tout ce que je te demande c'est de partir et ne jamais essayer de me revoir, et j'en ferai de...-mais sa voix se brisa et elle baissa les yeux pour cacher ses larmes.

-Je t'aime Pansy, tu ne peux pas m'éloigner de toi. Je commence à peine à t'aimer et tu veux que je t'abandonne à nouveau. Je te promets une vie heureuse non pas parfaite, mais heureuse, et tu la refuses. Je ne peux pas te laisser, tu es ma seule raison de rester en vie...-dit-il essayant de refouler les larmes qui lui brûlaient les yeux.

-Je t'en supplie Draco! Moi aussi je t'aime plus qu'il n'est permis d'aimer. Mais je fais ça pour nous. Si tu m'aimes vraiment tu dois partir et me promettre de ne jamais revenir! -dit-elle alors qu'il essuyait les larmes qui s'échappaient de ses yeux.

Il la regarda alors avec plus de tendresse qu'il ne l'avait jamais fait et se pencha pour déposer sur ses lèvres un ultime baiser. Lorsqu'ils se séparèrent, meurtrie par la douleur qui leur déchirait le coeur, Pansy détacha le pendentif autour de son cou et lui remit dans sa paume.

-Comme ça, tu ne m'oublieras pas. Refais-toi une vie Draco, fait le pour moi. Mais peut importe l'endroit où tu seras, je penserai à toi et tu sauras que je suis entrain de penser à la vie qu'on aurait pu avoir et regretter les bons moments. Je t'aime Draco. -dit-elle dans un sanglot.

Il replaça un mèche de ses cheveux bruns mouillés.

-Je t'aime aussi Pansy. -dit-il alors qu'une larme perdue glissait le long de sa joue.

-Maintenant part, et ne te retournes pas...-finit-elle en étouffant un nouveau sanglot.

Il effleura une dernière fois ses lèvres, serra le pendentif dans sa main et se partit sans se retourner comme elle le lui avait demander. Il ne le faisait que pour elle, car s'il s'était écouté, il serait retourné la prendre dans ses bras, plutôt que de l'abandonnée désespérée au milieu de ce manoir vide, avec une morte pour seule compagnie.

Elle le regarda s'évanouir dans le brouillard, en même temps que son coeur, qu'il, sans l'ignorer totalement, amenait avec lui.

Ses jambes ne purent pas la soutenir plus longtemps et elle s'effondra dans la verdure détrempée, alors que le ciel continuait de se déchirer au-dessus d'elle. Elle l'avait fait partir et maintenant elle le regrettait. Son coeur lui disait de le retenir, mais la raison lui disait de le laisser partir. Cette fois, ce fut la raison qui avait pris le dessus. Elle se pencha et pris la tête immobile de Leïla entre ses mains et la berça en déposant un petit baiser sur son front. Elle la détestait. Elle la détestait à mourir car c'était à cause d'elle si elle l'avait fait partir, mais en-même temps elle ne pouvait lui en vouloir...