LA COMPLAINTE DES EDELWEISS

Chapitre VII : Prophétie et autres soucis.

Hermione traversa à petits pas rapides le grand hall de Poudlard. Ron et Harry étaient déjà attablés. Ils profitaient du petit déjeuner pour mettre en place leur nouvelle technique de jeu pour les matchs de quidditch à venir. Une fois qu'elle eut repéré leurs éclats de voix dans le tumulte du réfectoire, Hermione s'approcha d'eux et s'installa à côté de ses amis.

« -Hé, Hermione, t'en as mis du temps pour arrivé, dit Ron, t'as eu une panne d'oreiller ? »

« -C'est à peu près çà, bredouilla t-elle. »

« -Tu as l'air de ne pas avoir beaucoup dormi cette nuit 'Mione, reprit Harry d'une voix soucieuse. »

« -C'est à peu près çà, répéta t-elle. »

Les deux jeunes hommes échangèrent un regard inquiet.

« -J'espère que ce n'est pas cette pourriture de Malfoy qui a essayé… commença à grogner le grand roux. »

« -Essayer quoi, questionna Hermione. »

Elle s'était tournée vers son ami et tentait de décrypter la lueur étrange qui dansait dans ses yeux. Ron semblait gêné. Son visage prit une teinte rouge signe de son embarras.

« -Oh ! Tu m'as comprise, je le sais, tonna t-il pour essayer de dissimuler son trouble. Tu sais très bien où je veux en venir. Malfoy est un garçon, toi tu es une fille, enfin tu vois ce que je veux dire. »

« -Je ne préférais pas, Ronald Weasley, çà ne ferai que confirmer les dires de certains, à savoir que tu es un idiot complet, lança Hermione en guise de réponse. »

« -Tu sais ce qu'il te dit l' « idiot complet », grogna le rouquin. »

« Oh ! C'est bon. Je crois que çà suffira. »

Harry s'était interposé entre ses deux amis qui se lançaient encore des regards orageux.

« -Comment peux tu croire que Draco et moi, on… Hermione n'osa pas continuer. »

« -Je m'inquiétait juste pour toi Hermione, çà ne me plait pas vraiment de te savoir toute seule avec ce…ce furet, cracha Ron. »

« -Tu as entendu Hermione, il s'inquiétait pour toi, reprit Harry dans l'espoir de calmer la situation. »

« -C'est gentil de ta part Ron, mais tu ne devrait pas te faire autant de souci, dit Hermione d'une voix plus douce. Plus loin je serais de Malfoy mieux je me porterais et je crois qu'il en est de même pour ce furet comme tu le dis si bien. »

« -C'est vrai, avoua Ron, tu as sûrement raison. Ce pouilleux de « sang pure » ne voudra jamais d'une fille comme toi. »

Hermione resta interloquée. Comment çà, Malfoy ne voudrait jamais d'elle ? Etait-elle si indésirable que cela ? Elle savait bien où voulait en venir Ron, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être offensée par de telles paroles. Harry remarqua aussitôt l'effet qu'avaient eu sur la jeune fille les paroles maladroites de son ami qui semblait ne s'être rendu compte de rien.

« -N'en rajoute pas non plus Ron, déclara Harry en lui lançant un regard plein de sous entendus. »

« -Excuse moi 'Mione. »

« -Oublions çà, d'accord ? conclut elle. »

« -Alors comment trouves tu ta chambre ? demanda Harry. »

« -Magnifique, bien que je n'ai pas eu encore le temps d'en profiter. C'est si spacieux ! s'enthousiasma Hermione. »

« -Si tu le dis, repris Ron entre deux gorgée de jus de potiron. »

« -Et quand pourra t-on visite cet endroit si exceptionnel, demanda Harry. »

« -C'est vrai, ajouta Ron à son tour, il faudra que tu penses à nous inviter. »

Hermione les observa perplexe.

« -Vous n'y pensez pas, c'est formellement interdit par le règlement, personne d'autre que les préfets en chef ne peuvent entrer dans ces appartements, répondit elle sérieusement. »

« -Oh, arrête avec ce règlement débile, on est tes amis après tout, protesta Ron. »

« -Tu ne peux pas comprendre, mon très cher Ron, je suis la garante du respect du code de l'école, Dumbledore, ainsi que les autres professeurs m'ont donné toute leur confiance en me gratifiant de cette fonction, déclara t-elle d'un ton grave. Je me dois de donner l'exemple. »

« -S'ils souhaitaient vraiment donner l'exemple ils n'auraient jamais nommer Malfoy, conclut Ron. »

Harry approuva la remarque de son ami d'un hochement de tête. Hermione ne se sentait pas capable de protester. Elle était piégée.

« -Bien, je capitule, admit elle, vous avez de la chance que je sois trop fatiguer pour vous résister. »

« -Tu as entendu, Harry, il faut qu'on en profite, c'est pas souvent que notre 'Mione est aussi coopérative, plaisanta le rouquin. »

« - Et puis, Léonie m'a racontée que c'était déjà arrivé à de nombreuses reprises par le passé,  ajouta t-elle. »

« -Qui c'est cette « Léonie » ? demanda Harry. »

« -C'est le tableau des griffondores qui garde l'entrée de ma chambre, répondit elle. »

« -Le tableau des griffondores, s'étonna Ron. »

« -Ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je veux parler, Ron, reprit Hermione d'un air interdit. »

« -Pourquoi je devrais ? »

« -Si tu avais lu l' « Histoire de Poudlard », tu saurais que la chambre des préfets en chef est toujours ornée par deux portraits qui sont censés représentée la maison des préfets nommés pour l'année. Quand c'est un griffondore, on place le portrait de « Léonie, la chipie », pour un poutsouffle, c'est le portrait de l' « Abbé Baudouin », pour un serdaigle, celui de « Philippine l'ancienne » et enfin « Herbert, le bouffon vert » pour un serpentard. »

« -« Herbert, le bouffon vert », s'esclaffèrent d'un même éclat ses deux amis. »

« -Oui, c'est çà, autant vous dire qu'il est à la hauteur de sa réputation, ajouta Hermione. »

« -On ne pouvait rêver meilleure représentant pour ces foutus serpentards, ironisa Ron. »

Les trois compères furent pris au même instant d'un fou rire incontrôlable qui résonna bientôt au-delà de leur propre table. L'ensemble du Hall les observait d'un œil interrogateur. Parmi ses centaines de regards, il en est un qui ce faisait plus insistant. Draco, du fond de la salle, tenait ses yeux rivés sur le spectacle qu'offraient Harry et ses amis. « Ce qu'ils peuvent être agaçants, pensa t-il. »

Hermione, accompagné des ses deux acolytes, cheminait dans les couloirs de Poudlard. Les élèves s'entassaient dans les corridors, chacun attendant de pouvoir entrer dans leur classe respective. Ils se faufilaient difficilement à travers cette foule compacte. Harry et ses amis avançaient les uns derrière les autres comme une longue chenille s'égrenant le long du chemin. Le jeune Potter se tenait à l'arrière, il observait Hermione qui marchait devant lui. Il n'y avait pas que la fatigue qui minait ses traits, elle paraissait soucieuse. Qu'est ce qui pouvait bien la préoccuper ainsi ? Harry lui saisit le bras d'un coup, ce qui les fit stopper tous les deux. Ils laissèrent Ron continuer son chemin seul sans que ce dernier ne s'en aperçoive. Hermione se retourna instantanément vers son ami, elle le regarda interloquée.

« -Qu'y  a-t-il Harry ? demanda t-elle. »

« -Tu as encore fais des cauchemars cette nuit, n'est ce pas, lança t-il d'un air sérieux. »

Elle secoua la tête et ajouta aussitôt : 

« -Tu ne devrais pas t'inquiéter pour si peu, Harry. La rentrée, mes nouvelles responsabilités en tant que préfet, tout cela m'a un peu rendu nerveuse ces derniers temps. Je crois que c'est pour cette raison que j'ai fais des cauchemars cette nuit. J'appréhende un peu l'année à venir. Comprends tu ? »

« -Tu me le dirais si quelques chose n'allait pas, j'ai raison, Hermione ? demanda t-il d'un voix toujours grave. »

Il plongea alors ses grands yeux verts dans ceux de son amie. Il espérait pouvoir sonder son esprit et la faire céder. Un couloir rempli de monde n'était pas le lieu idéal pour cela, mais, à ce moment, Hermione et lui avaient oublié où ils se trouvaient. Et elle crut, en cet instant, être capable de tout lui avouer, de lui parler ce qui réellement occupait ses pensées de manière permanente, mais elle ne s'en sentit pas la force. Elle se ressaisit et lui jeta un sourire dissimulateur.

« -Tout va bien, je te l'assure, répondit elle, je te répète qu'il ne faut pas que tu t'inquiètes pour moi, pense plutôt à être à l'heure pour ton premier cour de la journée. »

Sans attendre une réponse de sa part, elle poursuivit son chemin. Il resta là, à la regarder s'éloigner lentement dans la foule. Harry pensait avoir de bonnes raisons de s'inquiéter. Tout avait commencé après la mort des parents d'Hermione. Comme chacun, il voulait être à ses côtés dans ces moments difficiles, pensant être, plus qu'un autre, capable de la comprendre. Ce n'est pas la tristesse accrue de son amie qui l'avait alarmé mais l'absence de ce chagrin chez elle. Harry ne savait pas qu'Hermione pouvait être si forte et cacher ainsi son malheur, pourtant c'est ce qu'elle fit. Le temps passant, il oublia presque qu'elle avait perdu ses parents. Elle et lui réunis au côté de Sirius avaient des faux airs de famille. L'image le réjouissait et faisait volé en éclat toutes ses inquiétudes accumulées. Pourtant un soir, un cri déchira cette tranquillité. Il se rappelle avoir accouru à la chambre d'Hermione où son parrain l'avait précédé. Sirius s'était approché d'elle pour tenter de la calmer. Accolée contre son épaule, elle semblait complètement perdue. Elle lançait des regards hagards à travers la salle en bredouillant des mots incompréhensibles : « Il fait froid, disait elle, il fait si froid, venez me chercher. » Sirius la berça silencieusement et Harry les observait sans se sentir capable d'intervenir. Au bout de quelques minutes, Hermione reprit ses esprits et s'endormit. Le lendemain, elle ne pu expliquer ce qui avait troublé son sommeil. Sirius pensait quant à lui que la mort de ses parents devait encore la perturber. Harry, s'en savoir pourquoi, ne pouvait s'en tenir à cette explication. Cette scène se reproduisit à plusieurs reprises durant leur séjour mais jamais elle ne leur raconta ce qu'elle voyait dans ses rêves de si terrifiant.

Ils parvinrent bien vite de l'autre côté du bâtiment, à l'entrée de l'aile droite. Sur le côté s'élevait la porte en bois qui donnait accès à leur nouveau cours de « Prophétie ». Quelques élèves de septième année attendaient déjà de pouvoir y pénétrer. Pour chacun d'eux, cette discipline était une première, ils n'avaient, jusqu'à maintenant, jamais eu l'occasion de l'étudier. Les trois compères ne semblaient pas réjouis d'y assister. Hermione laissa échapper un souffle d'impatience.

« -Ne me dis pas, Hermione, que tu es pressée d'entrée en cours, demanda Ron. »

« -Cà serait plutôt le contraire, répondit elle. »

« -Alors pourquoi as-tu choisis cette discipline, reprit le rouquin, je croyais que c'était optionnel. »

« -Pas pour moi, ajouta t-elle, tous les préfets sont obligés d'y assister. »

« -Tu veux dire que Malfoy sera là ? conclut Ron avec amertume. »

« -Tu as tout compris, mon petit Ron, railla t-elle. »

« -Je ne sais pas vraiment si j'ai fais un si bon choix que çà maintenant, ajouta t-il. »

« -Mais qu'est ce qui t'a poussé à prendre « Histoire et science des prophétie dans le monde des sorciers », demanda Harry à son tour. »

« Eh, bien, c'est à cause de Fred et George. Ils me l'ont instamment recommandé, expliqua t-il. »

« -Je pensais que tu préférais ne pas suivre leur conseil, en général, intervînt Harry. »

« -Oui, mais dans ce cas là c'est différent, se défendit Ron. Mes frères m'ont raconté qu'ils s'en sont toujours voulus de ne pas avoir choisi cette matière quand ils étaient en dernière année. »

« -Tes frères sont ils vraiment intéressés par ce genre de « débilités » prémonitoires, questionna Hermione d'un air sceptique. »

« -Bien sur que non, pouffa t-il de rire, ce qui les intéressait c'était le professeur. Ethan Becker qui avait assisté aux cours à l'époque, n'avait pas cessé de vanter la beauté de son professeur. Fred et George n'y tenant plus ont voulus vérifier par eux-mêmes les dires de leur ami. Parait-il qu'ils n'ont pas été déçus. »

Hermione le regardait dans la consternation tandis qu'Harry riait généreusement.

« -A mon avis, tu t'es encore fais avoir, Ron, tenta t-il de dire entre deux gloussements. »

« -Harry a raison, repris Hermione, leur professeur doit être aussi laide que cette illuminée de Trealwney. Tu vas être aux anges de passer toute cette année entre Malfoy et cette réplique fidèle de ton professeur préférée, dit elle avec ironie. »

« -Ne vous moquez pas de moi vous deux, protesta Ron, je suis convaincu que mes frères ne m'ont pas menti cette fois-ci. Vous diriez la même chose si vous aviez vu leur visage quand il parlait d'elle. Ils ressemblaient à deux dadais. »

« -En tout cas tout cette histoire est vraiment ridicule, conclut Hermione dépitée par le comportement immature de son ami, s'inscrire à un cours uniquement pour une question d'attirance physique, c'est pathétique, Ron, c'est vraiment pathétique. »

« -C'est bon, Hermione, bougonna le jeune homme, je suis sûre qu'Harry en aurait fait de même. »

Harry aurait aimé le contredire mais son ami ne lui en avait pas laissé le temps.

« -D'ailleurs, dis moi Harry, pourquoi as-tu choisis cette matière ? demanda Ron dans l'espoir de détourner l'attention qui pesait soudainement sur lui. »

« -Hermione a insisté pour que je l'accompagne, je dirais même qu'elle m'a littéralement supplié, a-t-il répondu d'une voix amusée. »

« -C'est normal après tout, je ne voulais pas subir cette épreuve toute seule, tenta t-elle de se justifier. »

« -Tu n'aurais pas été toute seule, regarde qui vient d'arrivée, ajouta Harry en hochant le tête pour désigner les deux jeunes filles qui se tenaient à quelques mètres d'eux. »

« -Lavande Brown et Parvati Patil, il ne manquait plus qu'elles, se désespéra Hermione. »

« -Il fallait s'en douter, commenta le rouquin. Elles ont toujours rêvée de devenir des  pros de la divination, la maîtrise des prophéties c'est le chemin obligé pour elles. »

« -Ne t'en fait pas, Hermione, à nous trois nous serons capable de supporter cette douloureuse épreuve, dit Harry avec un zeste de malice. »

La jeune femme esquissa un sourire mais le cœur n'y était pas.

« -Allez, Hermione, cesse de faire cette tête, poursuivit Ron. »

Ses deux amis la saisirent par les épaules et l'entraînèrent à l'intérieur de la salle de cours, imitant ainsi le reste de la classe. Les trois compères furent forcés de constater que cette pièce ne ressemblait en rien à celle de Trealwney. Hermione en fut soulagée. L'espace était rond et large. De grandes baies vitrées laissaient passer les rayons du soleil qui inondaient de leur éclat cette pièce. Le long des parois s'étendaient des bibliothèques basses remplis de livre de couleurs et de formes variées. Au dessus de ces meubles étaient disposés une multitude de bibelots, pour la plupart en verre. Leur transparence était accentuée par la lumière du jour qui les transperçait de part en part, étalant ainsi leurs couleurs à la surface du bois. Au centre de la salle, des tables et des chaises avaient été installés. Ils faisaient face à l'estrade qui avait été agrémentée d'un large bureau d'acajou et, chose plus étonnante, d'un chèvrefeuille. L'arbre se tenait sur le côté, ses branches s'étalaient contre la voûte du plafond. Pareil à une ombrelle, son ombre venait s'étendre sur une partie de la tribune. Les fleurs, qui le parsemaient, exhalaient un agréable parfum. La pièce en était tout embaumée. Hermione trouva ce détail curieux mais elle ne pu qu'apprécier l'effet que cela avait sur l'ambiance de la salle. Elle prit place derrière Ron et Harry et attendit sans rien dire leur professeur. La porte s'entrouvrit quelques secondes plus tard, une jeune femme apparue alors. Petite et menue, elle parut, un court instant, irréelle. Elle était vêtue d'une robe de sorcier bleu gris s'ouvrant largement sur un ensemble d'une couleur identique. Elle portait un petit gilet, une longue jupe et un chemisier d'un rose poudré. Le tout épousait à merveille sa gracieuse silhouette. En la regardant avec attention, il était facile de constater à quel point la jeune femme était jeune. Sa coiffure ne parvenait pas à vieillir son apparence. Hermione crut même, un instant, que son professeur n'était guère plus âgée qu'eux. Des boucles couleurs miel, d'immenses yeux caramel, la jeune femme, par sa beauté étrange, ne pouvait que captiver l'attention de ces élèves. Ron, passé l'étonnement, se retourna vers Hermione d'un air triomphant.

« -Alors, surprise, 'Mione, demanda t-il. Je t'avais bien dit qu'elle était canon. »

« -Ce qui me surprend, c'est de savoir qu'on peut faire confiance à tes frères, répondit elle, c'est bien la première fois que çà arrive. »

« -Oh, ne soit pas de mauvaise foi, repris t-il, tu vois bien que j'avais raison, y en a pas un ici qui ne soit subjugué par elle, même Malfoy la regarde avec insistance, il hocha sa tête en direction de Draco qui se tenait à l'arrière de la salle. Regarde comme il a l'air d'un idiot, ajouta t-il. »

Hermione tourna sa tête en direction du jeune homme. Ron avait raison, Malfoy ne détachait plus ses yeux perçants de la silhouette de leur professeur. Hermione ne savait pas si c'était la fascination ou la surprise qui pétrifiait le visage de Draco. Elle l'observa longuement avant que celui-ci ne détourne son attention vers elle. Surprise de croiser son regard, elle se détourna rapidement et se figea sur sa chaise. Elle pouvait encore sentir le regard appuyé de Malfoy dans son dos. Cela la mettait mal à l'aise. Il continua à la fixé jusqu'à en être lassé. Hermione s'essaya à vérifier que Draco ne la regardait plus, puis soulagée, elle se tourna vers le devant de la salle.

« -Bienvenue à vous, chers élèves, je me présente, je suis Miss Sullivan, comme vous l'aurez certainement compris, c'est moi qui vous enseignerai cette année l'Art des prophéties. Je suis heureuse de constater à quel point vous êtes nombreux à avoir choisit cette discipline. Je sais fort bien que sa maîtrise n'est pas une chose aisée, mais j'essayerai de la rendre la plus abordable possible. Certain d'entre vous se destine peut-être à une carrière divinatoire… »

Lavande et Parvati se redressèrent aussitôt pour écouter plus distinctement ce que leur professeur s'apprêtait à dire.

« -…je tiens donc à les avertir que les prophéties ne sont pas, comme on l'entend bien souvent, une extension des Arts divinatoires. Il s'agit certes d'une lecture de l'avenir, mais celle-ci est bien souvent floue, voir même incompréhensible. C'est pour cette raison que notre travail se bornera à tenter de les interpréter en nous basant sur les exemples les plus représentatifs. »

Lavande leva précipitamment la main. Miss Sullivan hocha la tête pour qu'elle puisse poser sa question.

« -Vous voulez dire que vous ne nous enseignerez pas à prophétiser, demanda t-elle d'une voix angoissée. »

« -Vous avez tout à fait compris, Miss Brown, répondit la jeune femme un petit sourire aux lèvres. « Prophétiser », comme vous le dîtes si bien, est un don. Une prédisposition que très peu de personnes possèdent dans notre monde. A dire vrai, ce serait miraculeux que l'un de vous en soit le détenteur. D'ailleurs, je ne vous le souhaite pas. Si ce don peut paraître fabuleux, le pouvoir qu'il confère n'en est pas moins terrible, ne serait-ce que par l'étendu de sa puissance. Bien des prophètes ont sombrés dans la folie. Leurs visions les ont lentement détruit et fait perdre le peu de raison qui leur restait. Finalement ce n'est pas un don mais une malédiction.»

La voix grave de Miss Sullivan avait fait tressaillir l'ensemble de la classe. Ron sentit un frisson le parcourir jusqu'en bas de son dos.

« -Mais ne vous inquiétez pas, repris t-elle d'un ton plus enjoué, comme je vous ai dit nous nous bornerons à les interpréter, pas à en faire. Ce serait déjà formidable si vous y arriviez à la fin de l'année. »

« -Et vous Miss, vous l'avez ce don, demanda Parvati avec un peu d'émotion dans la voix. »

La jeune femme la regarda dans les yeux et lui répondit :

« -Cela se pourrait bien, Miss Patil, cela se pourrait bien »