LA COMPLAINTE DES EDELWEISS
CHAPITRE X :Discours de Maraudeurs.
Assis tous trois sur le carrelage froid, Harry et ses deux amis s'étaient réfugiés dans les toilettes de Mimi Geignarde. A l'abri des regards indiscrets, ils avaient trouvé enfin le temps pour se réunir dans cet endroit. Leur but : consulter la carte des maraudeurs dans l'espoir d'obtenir plus d'information sur Ysella Edelweiss. Quand Ron avait eu cette idée, Harry s'était tout de suite enthousiasmé mais maintenant, à bien y repenser, il se demandait s'il ne fondait pas trop d'espoir dans les renseignements qu'il lui serait donné. Après tout, il n'avait jamais vraiment ''communiqué '' avec les inventeurs de cette carte. C'est à Rogue qu'il devait cet exploit, depuis lors il n'avait jamais réessayé. C'était déjà un miracle qu'on lui ait laissé l'usage de ce parchemin. Sirius avait convenu qu'il pourrait, à l'occasion, être utile à Harry de vérifier qui se trouvait dans Poudlard. Le jeune homme s'en était réjoui pour des raisons bien différentes. Pourtant, au fond de lui, ce n'était pas cela qui le préoccupait. Il se souvenait encore des paroles d'Hermione. Elles tournoyaient sans cesse dans sa tête. Son amie avait peut être eu raison ce jour là quand elle lui avait reproché son égoïsme. Pourquoi voulait il plus d'information sur cette fille ? Et quelles réponses cherchait il ? Le faisait il pour de bonnes raisons ? Harry, plus que n'importe qui, était, à présent, conscient que cette quête était totalement absurde en soit. A une époque où son propre monde était tiraillé, où son esprit même souffrait de cette situation, il s'épuisait à brasser les eaux troubles d'un passé qui ne lui appartenait pas. Au fond de lui, pourtant, une voix lui répétait inexorablement de continuer. Son père approuverait sûrement sa démarche. N'était ce pas une manière de redonner vie à une personne que tout le monde semblait vouloir oublier ? L'injustice se logeait dans cette tentative de nier la mémoire d'Yselle. Douloureuse ou non, on ne pouvait pas tirer un trait sur l'existence de quelqu'un. Ses parents, bien que morts, reprenaient vie à chaque fois qu'Harry avait une pensée pour eux, il voulait qu'il en soit de même pour elle, pour cette jeune fille qui semblait, naguère, avoir été tant aimée.
« -Bon, c'est à toi, Harry, intervînt vivement Ron. Vas-y fait quelque chose. »
« -Baisse d'un ton, murmura Hermione à l'encontre du rouquin. Je ne voudrais pas que ''qui tu sais '' vienne à nous pleurnicher dans les oreilles. »
« -Elle a l'habitude de nous voir ici, répliqua le jeune homme. Avec tous les sales coups qu'on a préparé entre ces murs, notre présence ne doit plus l'étonner. Je suis sûre qu'elle est même ravie de nous voir, n'est ce pas Harry ? dit il avec un regard équivoque. »
Harry lui renvoya un sourire un peu gêné. Il savait très bien, maintenant, que Mimi Geignarde avait un petit faible pour lui. Depuis sa seconde année, elle ne tarissait plus d'éloge à son sujet, harcelant à ce sujet toute personne qu'elle rencontrait. Harry n'avait jamais aimé se faire remarquer, aujourd'hui encore il préférait rester discret autant que possible.
« -Parle pour toi, Ron Weasley, moi, je n'ai jamais fait le moindre sale coup, protesta Hermione. »
« -A d'autre, ''Miss Perfection'', rétorqua Ron. Bon, Harry, il faut que tu te dépêches, je te rappelle que nous avons un entraînement juste après. »
« -Bien chef, à vos ordres chef. »
Harry sortit de sa poche le précieux parchemin.
« -Comment çà se passe, Harry, demanda Ron, il faut que tu écrives quelque chose dessus ou bien que tu prononces un enchantement ? »
« -Je ne sais pas vraiment, répondit son ami. Rogue avait tout simplement prononcé quelques paroles en pointant sa baguette et puis aussitôt, une écriture verte ait apparu. »
« -Tu dois écrire, dit Hermione avec assurance. Ce parchemin est fais dans la même matière que le journal de Tom Jedusor. »
« -C'est pas très rassurant ce que tu nous dis là, s'inquiéta Ron. »
« -Puisque que cette carte appartenait aux maraudeurs, il n'y a pas de souci à se faire, ajouta la jeune fille. »
Elle sortit de son sac une plume et la tendit à Harry.
« -Je ne crois pas que je devrais le faire, intervînt le jeune homme. »
« -Mais Harry, c'est toi qui voulait qu'on le fasse, protesta le rouquin. »
« -Je sais Ron, mais qu'est ce que je pourrais écrire ? »
« -''Bonjour, je m'appelle Harry Potter et j'aimerai avoir des renseignement sur Ysella Edelweiss '', tu vois c'est très simple. »
« -Je ne me peux pas leur dire mon nom, répliqua aussitôt Harry, ils finiraient par me poser plein de questions à ce sujet, je n'ai pas envi de leur dire qui je suis réellement. »
« -Comme tu veux, ajouta Ron, je disais çà comme çà. »
« -Donne Harry, dit Hermione en se saisissant de la carte. Si vous continuer, on est pas près de finir. »
Hermione s'allongea sur le ventre contre le carrelage pour écrire plus facilement.
'' Bonjour, je me nomme Hermione Granger. ''
La jeune fille griffonna soigneusement ces quelques mots à la surface du parchemin. L'écriture disparut immédiatement. A la place, une calligraphie désordonnée se dessina rapidement sur la carte.
'' Messieurs Lunard, Queudver, Patmol et Lunard vous saluent Miss Granger. ''
« -Regardez, çà marche, s'écria Hermione. »
« -Continue, Hermione, lui pria Harry. »
'' J'aurais besoin de votre aide '', écrivit elle prudemment.
'' Nous t'écoutons. ''
'' Pourriez vous me donner des informations sur Ysella Edelweiss ? ''
'' Zélie ? Pourquoi voudrais tu des renseignements sur elle ? Et comment peux tu être si sûre que nous la connaissons ? ''
« -Ils n'ont pas l'air très contents, remarqua Ron. »
« -Ils se posent simplement des questions sur nos intentions, répondit Harry. »
Hermione se pencha à nouveau sur le parchemin et y inscrivit sa réponse rapidement.
''Parce que je crois savoir que vous êtes ses amis : Remus Lupin, Sirius Black, Peter Pettigrew et James Potter. ''
Les quelques mots d'Hermione disparurent rapidement mais ce ne fut pas l'écriture verte habituelle qui les remplaça. A la grande surprise d'Harry et de ses deux amis, une fumée légère s'échappa du bout de papier. Tous trois s'en éloignèrent promptement. En quelques secondes, le petit brouillard avait fait place à quatre silhouettes minuscules. Harry y reconnu très vite le visage de son pères puis ceux de ses acolytes.
« -Je suppose que c'est toi, Hermione Granger, dit la figure qui ressemblait à Sirius. »
Hermione bredouilla un oui, puis se ressaisit et ajouta :
« -…et voici mes deux meilleurs amis, Ron et Harry. »
Les quatre jeunes hommes se tournèrent dans leur direction. Harry et Ron avaient gardé leur mine ahurie, la bouche entrouverte, tous deux avaient du mal à se remettre de ce qu'il voyait devant eux.
« -Vous ne vous sentez pas bien, Messieurs, demanda d'une petite voix Peter. »
« -On dirait qu'ils ont vu un fantôme, vous ne trouvez pas ? ajouta à son tour Remus. »
« -Je dirais plutôt quatre fantômes, rectifia James un sourire aux lèvres. »
« -Nous sommes un peu étonnés de vous voir sortir comme çà d'un bout de parchemin, réussit à répondre Ron. »
« -Toi tu es un Weasley, n'est ce pas, demanda James, avec des cheveux pareils, je ne peux pas me tromper. »
Ron confirma d'un hochement de la tête.
« -Je suis le fils d'Arthur Weasley, ajouta t-il. »
« -Son fils ? Oh ! Le frère des jumeaux, Georges et Fred, s'enthousiasma Remus. Ils forment une sacrée paire à eux deux. »
Ses trois autres amis approuvèrent avec des regards malicieux. Aucun doute, ils connaissaient fort les biens les frasques des frères de Ron.
« -Alors, repris Sirius, pourquoi poses tu des questions sur notre Yselle ? »
Hermione sentit le regard perçant du jeune homme se diriger vers elle, mais il lui en fallait plus pour la décontenancer. Elle plongea ses grands yeux dans ceux de Black qui détourna aussitôt son visage. Il n'était pas dit qu'un cinquième année fasse autorité sur une septième année, qui plus est quand celle-ci n'était autre que la préfète en chef.
« -Je parie que Zélie est l'un de vos profs, intervînt Peter. »
« -Tu as sûrement raison, repris Remus, je suis convaincue qu'elle doit vous en faire baver, maniaque comme elle est, elle doit être un vrai supplice pour ses élèves. »
« -Alors vous voulez des infos compromettante sur elle ? demanda James. Si c'est çà, ne comptez pas sur nous, ce n'est as le genre de la maison. »
« -On serait pas capable de dire la moindre méchanceté sur notre Yselle, ajouta Peter, même s'il y aurait beaucoup à dire. »
« -Non, ce n'est pas çà du tout, répondit vivement Hermione. »
« -Alors c'est quoi ? demanda à son tour Sirius. »
La jeune fille regarda ses deux amis, elle ne savait que répondre. Ni Harry, ni Ron n'étaient en mesure d'intervenir à sa place, alors elle se lança avec un brin d'hésitation.
« -C'est-à-dire…balbutia t-elle. Si je veux des renseignements sur Yselle, c'est parce que…parce que c'est ma mère. »
Elle avait avancé cela dans un élan, sans bien mesurer la porter de ses paroles. Mis à part Harry et Ron qui restaient tétanisés de surprise, Hermione était bien consciente qu'elle avait causé un véritable choc dans l'esprit des quatre maraudeurs qui se tenaient face à elle.
« -Sa fille ? Tu parles d'une nouvelle, lança Peter. »
« -Alors, elle a une fille, intervînt Remus rêveur, c'est vrai que tu lui ressembles quand on y regarde de près, je suis sûre que vous avez le même regard. »
« -Et lequel d'entre nous a-t-elle épousé ? demanda Sirius qui avait enfin retrouvé le sourire. »
« -Aucun, répliqua James avec un peu plus d'amertume. Tu oublies que cette demoiselle nous a dit qu'elle s'appelait Granger, hors aucun de nous quatre ne porte ce nom. »
« -C'est juste, reprit Sirius. Ton père est un sacré chanceux, Hermione. »
Hermione, mal à l'aise, le gratifia d'un petit sourire.
« -Elle avait pourtant promis d'épouser l'un de nous, s'insurgea gentiment Peter. »
« -Il faut croire qu'elle ait trouvée mieux que nous. »
La voix de James Potter avait quelque chose de mélancolique, ceci n'échappa pas à Harry qui les écoutait silencieux.
« -Si c'est ta mère, reprit Sirius avec plus de courtoisie, pourquoi viens tu nous poser des questions sur elle ? »
« -C'est vrai, tu devrais l'interroger directement, ajouta Peter. »
La jeune fille ne répondit pas immédiatement, elle attendait que l'un de ses amis interviennent à sa place. Mais Harry semblait incapable de formuler la moindre phrase et elle se doutait que Ron n'en était pas plus en mesure.
« -Ma mère…commença t-elle, mes parents…, mes parents ont disparus, quand je n'était qu'un bébé. Ils sont morts dans un accident, se pressa t-elle de préciser. »
Un lourd silence s'installa aussitôt. Annoncer la mort d'un ami, n'avait rien de réjouissant, encore moins pour ceux qui l'apprenaient.
« -Je suis désolé, bredouilla James. »
« -Nous le sommes tous, rectifia Remus. »
Après un premier contact difficile, les quatre maraudeurs se firent un devoir de conter en détail tout ce qu'ils avaient bien pu partager, jusqu'à maintenant, avec Yselle. Hermione les avaient écouté avec admiration, fascinée par ces récits qui n'en finissaient plus. Elle avait imaginé, durant ce moment privilégié, que c'était le portrait de sa propre mère qu'on brossait. Cette idée l'avait ravie. Elle sentait se diffuser en elle une douceur légère et bienfaisante. Harry avait lui aussi apprécié cet instant mais ses raisons étaient bien différentes. C'est l'image de son père, de ce jeune homme d'à peine 16ans, qui le fascinait. C'est pour lui et à cause de lui qu'il n'avait prononcé aucun mot durant cette discussion. Il ne voulait pas briser la magie du moment. Pour la première fois de sa vie, Harry avait entendu la voix de son père et, à travers elle, il avait capté des souvenirs qu'il désirait tant connaître. Pourtant, à bien y repenser, quelque chose le dérangeait. Plus Harry s'y attardait et plus cette sensation désagréable grandissait. Les paroles élogieuses, les yeux flamboyants, la nostalgie douceâtre, tout ce qu'il avait noté dans l'expression des quatre jeunes hommes ne s'adressait qu'à une même personne. Il n'y avait qu'elle qui semblait capter leur attention et Harry constata avec dépit qu'il ne s'agissait pas de sa mère. Ce n'était pas pour elle que le visage de son père rayonnait, pas pour elle non plus que son regard pétillait. Il ne faisait plus aucun doute que James Potter avait profondément aimé Ysella Edelweiss. Mais son père, avait il ressenti de pareils sentiments pour Lily Evans ? Harry en doutait. Il commençait à remettre en cause ce qui avait été, jusqu'à maintenant, pour lui, une évidence.
« -Pourquoi leur as-tu dis que t'étais la fille d'Yselle, demanda Ron tandis qu'ils cheminaient tous trois dans les couloirs. »
Hermione baissa la tête puis le regarda avec assurance.
«-Que voulais tu que je leur réponde ? Je te rappelle qu'aucun de vous deux n'ait intervenu pour m'aider, protesta t-elle. »
« -Excuse nous Hermione, intervînt Harry avec plus de délicatesse que son ami. On était un peu sous le choc. »
« - C'est le moins qu'on puisse dire, ajouta Ron. Tu dois être bien content d'avoir vu ton père, Harry. »
Son ami hocha brièvement la tête
« -Mm, fut son unique réponse. »
« -J'aurais cru que tu saurais plus enthousiaste, Harry, déclara Hermione avec un peu d'inquiétude. »
« -Pourquoi devrais je l'être ? demanda t-il d'un ton grave. »
« -Et bien tu as vu ton père, enfin son image, intervînt Ron, et puis les maraudeurs t'ont donné pas mal d'informations sur Yselle, n'est ce pas ce que tu voulais ? »
« -Ron a raison, à ta place je serais très contente, rajouta Hermione. »
« -Mais tu n'es pas à ma place, répondit Harry vivement. »
Ses deux amis s'étaient arrêtés, silencieux face à la soudaine agressivité du jeune homme.
« -Pourquoi devrais je me réjouir de ce que j'ai entendue ? reprit il d'un même ton. Cette Yselle…cette Yselle, n'est qu'une…qu'une gourgandine. »
« -Harry ! protesta Hermione. »
« -Tu ne peux parler d'elle comme çà, ajouta Ron consterné. »
« -Pourquoi ne pourrais je pas dire la vérité ? reprit il. Elle les a tous séduit, tous les quatre. Mon père s'est laissé piégé par elle, ajouta t-il hors d'haleine. »
« -On ne sait rien de tout çà, Harry, intervînt la jeune fille. Aucun de nous ne sait ce qu'il s'est passé par la suite. Pourquoi voudrais tu qu'Yselle soit coupable dans cette histoire ? Après tout, c'est elle qui est morte dans ce lac. Sa disparition a sûrement causé beaucoup de peine à ton père et ses amis mais ce doit être la seule chose dont on puisse la blâmer. »
« -Tu ne la connais pas plus que moi, alors arrête d'imaginer ce qu'elle a bien pu faire ou non, rétorqua Harry. »
Sur ces derniers mots, Harry partit précipitamment en direction du terrain de quidditch, laissant derrière lui ses deux amis toujours choqués par son comportement inattendu.
« -Moi qui imaginait qu'après notre entrevue, il serait moins préoccupé par cette histoire, déclara Ron. Il faut croire que je me suis complètement trompé. »
« -On ne pouvait prévoir sa réaction, répondit Hermione. Harry est sûrement plus perturbé que ce qu'on pouvait imaginer. »
« -J'espère qu'il sera un peu plus calme durant notre entraînement, ajouta Ron. Je ne voudrais pas qu'il effraye nos nouvelles recrues. »
« -Toujours aussi pragmatique, à ce que je constate, dit elle à l'encontre du rouquin. »
« -Toujours, même en période de crise, ajouta t-il avec un sourire malicieux aux lèvres. Bon, il faut que j'aille vérifier si notre terreur ne s'en est pas prise à son équipe. »
Le jeune homme embrassa rapidement la joue de son amie avant de se précipiter à l'extérieure de l'école. Hermione le regarda partir le cœur lourd. Le bonheur qui s'était immiscé, un instant, en elle, avait déjà disparu, écrasé par la déception et l'amertume.
Elle ne parvenait pas à dormir. Après s'être retournée, à plusieurs reprises, dans son lit sans être capable de trouver le sommeil. Son esprit était trop préoccupé pour pouvoir se reposer. Assise à même le sol, sur l'épais tapis rouge de la salle commune des préfets, Hermione se perdait dans ses pensées. Le lieu rayonnait des crépitements des flammes qui se balançaient dans la grande cheminée. Tout semblait calme, aucun bruit ne venait perturber la tranquillité de cette nuit. Seule la voix de Chet Baker résonnait dans ce grand silence. Fragile et écorchée, elle convenait tout à fait à l'humeur mélancolique de la jeune fille. Se sachant seule, elle s'était permise de faire tourner l'un de ces disques qui appartenait auparavant à la collection de ses parents. Elle écoutait la musique, les genoux repliés contre sa poitrine et le regard absent fixé sur les lueurs du feu. La joie qu'elle avait ressentit durant cette journée, s'était changée en une profonde tristesse. Les paroles d'Harry avaient été un choc. Il avait raison, elle n'était pas à la place de son ami, plus encore, cette histoire ne la concernait en rien. Yselle n'était pas sa mère. Elle ne saurait peut être jamais d'où elle venait, qui étaient en réalité ces parents, comment elle avait été conçu, si elle avait été désiré ou non et, surtout, pourquoi l'avait on abandonnée. Toutes les interrogations qu'elle n'avait cessé d'avoir sur sa propre histoire ne trouveraient peut être jamais de réponse. Elle l'avait plus ou moins envisagé depuis le début, mais elle croyait sa volonté capable d'accomplir des miracles. La réalité était moins réjouissante, qu'elle le veuille ou non, Hermione se retrouvait seule, aussi seule qu'elle l'était en cet instant. Son esprit s'attarda alors sur son voisin de chambre : Draco Malfoy. Elle ne l'avait guère vu depuis qu'elle lui avait malencontreusement tout avouer sur sa mère. Elle se demandait toujours comment elle en était arrivée là. Peut être avait elle eu simplement besoin de parler à quelqu'un, besoin de se débarrasser d'un si lourd secret. Ce n'était sûrement pas très malin de sa part, elle s'en était voulue dès le lendemain. Pourtant Draco ne lui avait fait aucune réflexion particulière à ce sujet, bien au contraire, il avait même semblé plus aimable qu'à son habitude. Ne l'avait il pas écouté silencieusement quand elle lui avait raconté son histoire ? Le comportement de Malfoy avait quelque chose d'étrange mais comment pouvait il en être autrement. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais partagée quoique ce soit avec le jeune homme, en une nuit tout cela avait été bousculé. En y repensant, elle en éprouvait une certaine forme de contentement. Draco Malfoy n'était peut être pas aussi mauvais qu'il le laissait penser. Le jeune homme et elle partageait peut être plus de points communs qu'ils ne voulaient bien l'avouer. Il y avait parfois dans les yeux de Malfoy, une forme de mélancolie qui était familière à la jeune fille. Une mélancolie qu'elle retrouvait à chaque fois qu'elle croisait son propre regard dans le reflet d'un miroir. De la même manière, tous deux avaient toujours fait en sorte de cacher cet état, chacun à sa manière. Draco était un être profondément enclin à ce genre de sentiment, Hermione le pensait, et c'est ce qui, pour elle, créait un lien entre eux, un lien que personne ne serait en mesure de comprendre. Mais quelle était la source de cette tristesse ? Hermione avait bien une idée sur la question, mais à quoi bon s'avancer sur un sujet qu'elle ne maîtrisait pas. Pour autant cela n'empêchait pas la jeune fille d'éprouver une certaine crainte quand elle se retrouvait face à lui. Son comportement était trop imprévisible même pour un esprit aussi perspicace que le sien. Ainsi captée par ses pensées, Hermione n'avait pas entendu le grincement de la porte d'entrée.
« - Tu m'attendais peut être ? »
Hermione releva sa tête. Draco se tenait à quelques mètres d'elle, les bras appuyés contre le dossier du grand canapé de velours. Il l'observait attentivement attendant d'elle une réponse mais Hermione détourna son regard pour se replonger dans la contemplation des flammes qui dansaient devant elle. Draco s'affala alors dans le fauteuil qui se trouvait près de la jeune fille.
« -Tu ne veux pas répondre, Granger ? demanda t-il d'une voix amusée. »
Hermione ne bougea pas. Elle demeurait recroquevillée sur son tapis, les bras enlaçant ses jambes. « Peut être aurait il mieux fallut que je reste seule, pensa t-elle. » Ne pas lui parler était la meilleure façon, selon elle, pour qu'il se lasse et la laisse tranquille le plus rapidement possible. Elle n'était pas en mesure, d'ailleurs, d'engager la moindre conversation avec le jeune homme. Draco continua à l'observer, il n'y avait plus qu'elle et lui dans cette pièce. Un e mélodie étrange berçait encore le lieu, elle était accompagnée par les crépitements de la cheminée. Il n'y avait aucun autre bruit à présent. Le visage d'Hermione se noyait dans la lueur des flammes. Elle donnait à sa peau une teinte chaude et crémeuse. Tout semblait d'or autour d'elle. Sa chevelure, tout comme l'iris de ses yeux, brillait tel du cuivre poli. L'image de cette jeune fille, plongée dans cette atmosphère si particulière, avait quelque chose d'irréelle.
« - Est-ce que c'est vraiment toi, Granger ? La voix de Draco avait pris une teinte mystérieuse. »
(Silence)
« -Non, çà ne doit pas être toi, du ne doit pas être réelle, reprit il dans un spleen saccadé. Tu es trop jolie pour être la vraie Granger. Si je commence à voir ton image même quand je suis éveillé, c'est que çà devient grave pour moi. »
« -Tu as bu ? grogna t-elle subitement. »
« -Tu as retrouvé la parole ? reprit il d'un ton plus taquin. »
« -Tu es complètement saoul. »
« -Tu as peut être raison. Il y avait une fête, ce soir, chez les serpentards. Bien sur tu n'étais pas au courant puisque tu n'étais pas invitée. Alors, c'est moi que tu attendais douce petite Granger ? »
Hermione détourna son regard.
« -Je n'ai pas envi de parler, Malfoy, alors laisse moi tranquille. »
Draco voulut se rapprocher de la jeune fille, il glissa de son fauteuil et atterrit lourdement sur le sol.
« -Tu as raison, j'ai du boire un peu trop, plaisanta t-il. Je suis même complètement rond. »
Son rire raisonna dans la salle. Il y avait quelque chose de faux dans sa manière de s'esclaffer. Son regard avait perdu son arrogance naturelle. Hermione le remarqua aussitôt qu'elle replongea ses yeux dans les siens.
« -Arrête de me regarder comme çà, dit elle d'une petite voix. »
« -Tu es si belle, lui souffla t-il en gardant son regard fixé sur elle. »
« -Ne te moque pas de moi, Malfoy, protesta t-elle, je ne suis pas d'humeur à écouter tes plaisanteries. »
« -Je ne me moque pas de toi, répliqua t-il. Pourquoi le ferais je ? Tu ne vois pas que je suis trop saoul pour jouer à ce jeu là. »
Il se rapprocha d'elle et tendit sa main pour caresser sa joue. Hermione recula légèrement pour éviter son contact.
« -Tes joues sont aussi rouge que des pivoines, ajouta t-il d'un ton espiègle. »
« -C'est le feu qui les fait rougir, se défendit elle. »
« -Es tu sûre de toi ? demanda t-il. Alors, je suppose que si je me rapproche de toi, cela ne te gênera pas le moins du monde ? »
Tout en lui parlant, il se déplaça contre la jeune fille et tendit à nouveaux ses bras comme pour l'enlacer. Hermione voulut s'en écarter mais elle ne fut pas assez rapide. Elle se retrouva bien vite encerclée par le jeune homme.
« -Pourquoi tremble tu, jolie petite fée ? As-tu peur de moi ? demanda t-il en approchant ses lèvres de son oreille. Tu ne devrais pas, je ne serais jamais capable de te faire le moindre mal. »
« -Draco…, parvînt elle à murmurer tandis que le jeune homme embrassait sa joue. »
« -Je voulais juste savoir à quel point tes joues étaient chaudes. »
Le jeune homme appuya son corps contre celui d'Hermione et ils tombèrent tous deux sur l'épais tapis écarlate. Il posa sa tête contre la poitrine de la jeune fille.
« -J'entends les battements de ton cœur, murmura t-il, c'est une mélodie si agréable. »
Hermione, elle aussi, entendait son cœur résonner dans sa poitrine. Elle en était effrayée. Effrayée de constater à quel point, elle était incapable de contrôler le trouble que le jeune homme éveillait en elle. Tout lui échappait à ce moment précis où elle sentait le souffle chaud de Draco contre son sein.
« -Tu es si douce Hermione, reprit il d'une voix à peine audible, comment ne pourrais je pas t'aimer ? »
Le cœur de la jeune fille s'emballa de nouveau. Elle sentit un torrent d'émotions déferler dans son esprit. Son cœur se serrait comme pris dans un étau inconnu. Elle en éprouvait presque de la douleur. Son corps trembla encore, non plus de crainte mais saisit par un sentiment qu'elle ne parvenait pas à déterminer. Un long silence s'installa avant qu'Hermione ne se décide à parler, à casser la magie de l'instant.
« -Draco, souffla t-elle, Draco. »
Le jeune homme ne répondit pas. Elle souleva son visage pour constater qu'il s'était endormit. Il se reposait contre elle, comme un enfant contre le sein de sa mère. Son visage rayonnait d'une douceur qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir chez lui. Elle n'osa le réveiller et resta ainsi allonger sous le poids de son corps. Dans un geste qu'elle n'aurait pu elle-même expliquer, elle tendit ses bras pour les enlacer autour de son cou. Elle voulait sentir un peu plus la chaleur du jeune homme contre elle. Une larme coula le long de sa joue. Cela faisait tellement longtemps que quelqu'un ne lui avait dit qu'il l'aimait. Qu'importe qui était cette personne, elle sentit son cœur se réchauffer simplement à cette idée. Hermione ferma ses yeux pour apprécier ce moment unique. Le sommeil eut très vite raison d'elle et elle s'endormit tout comme Draco l'avait fait quelques minutes auparavant.
A/n : Voilà la fin de mon 10ième chapitre. J'ai eu beaucoup de mal à le boucler. Cà a été très fastidieux. J'avoue que j'ai des difficultés à écrire. Je ne sais pas comment çà se passe pour les autres auteurs de fic, mais quand j'écris je ne le fais jamais d'une seule traite. Cà serait merveilleux si j'en était capable (je pourrais sûrement livrer plus fréquemment mes chapitres). Pourvoir formuler automatiquement toutes les idées qui nous viennent à l'esprit de manière compréhensible, voilà mon rêve. Peut être que çà viendra un jour, pour le moment je me contente de mes petites capacités. On rêve tous d'être des Hugo ou des Dumas mais ses rarement le cas. Alors pardonnez moi d'avance si vous constater que mon style est un peu lourd ou si mon histoire tourne un peu en rond. La seule chose que je demande à ceux qui s'attardent à lire ma fic, c'est, à l'occasion, de m'envoyer leur avis, bon ou mauvais, qu'importe. C'est pour moi, la meilleure façon, de me situer par rapport à ceux qui me lisent (je les remercie, d'ailleurs, pour çà). J'arrête mon blabla. Je tiens à remercier Emma qui m'a envoyée son commentaire sur ma fic, et qui m'a donné des conseils très intéressants. Merci
