.¤LA COMPLAINTE DES EDELWEISS¤.
CHAPITRE XI :L'amulette.
Quand elle se réveilla, Hermione fut surprise de constater qu'elle se trouvait dans son lit. Elle ne se rappelait pas s'être levé jusqu'à sa chambre. Le dernier souvenir qu'elle gardait de la nuit précédente était la sensation du corps chaud de Draco contre le sien. Ses joues s'empourprèrent à cette seule évocation. Un sourire béat se dessina sur son visage. Pour la première fois depuis longtemps, Hermione avait pu dormir paisiblement. Ni rêve, ni cauchemar n'étaient venu la perturber. Devait elle ce miracle à la seule présence de Draco près d'elle ? La jeune fille s'en voulait un peu de penser à lui de cette manière, mais c'était pour elle réconfortant. Après avoir lézardé quelques instants dans son grand lit, Hermione se leva heureuse et gambada dans la salle commune. Personne. Elle inspecta la pièce encore une fois mais ce fut pour constater qu'il n'y avait personne d'autre qu'elle dans cet endroit. Le jeune Malfoy était sûrement déjà descendu dans le grand hall pour prendre son petit déjeuner. Peut être valait il mieux pour eux qu'ils ne se rencontrent pas ce matin. Après tout qu'aurait elle bien pu lui dire ? Qui sait même si Draco, saoul comme il l'était, se souvenait de la nuit précédente ? Hermione aurait sûrement préféré ce scénario, elle aurait été gênée de reparler de tout çà avec lui.
« -Tu cherches peut être quelqu'un ? »
Hermione tourna son visage vers le portrait qui marquait l'entrée de sa chambre. La petite Léonie l'observait avec attention.
« -Bonjour Léonie, répondit Hermione un sourire tendre sur les lèvres. »
« -Tu donne l'impression de chercher quelque chose, reprit le portrait, je me trompe ? »
« -Non…je vérifiais seulement s'il y avait quelqu'un d'autre que moi ici, se défendit elle gentiment. »
« -Tu me rassure, ajouta Léonie, j'ai cru un instant que tu voulais voir le fils Malfoy. »
Hermione baissa le regard, le visage rouge de confusion.
« -Pourquoi voudrais je le voir ? tenta t-elle de dire. »
« -Je ne sais pas, répondit la petite fille, mais tu as sûrement une idée sur la question. »
« -Aucune. »
Hermione se pressa pour regagner sa chambre mais la voix de Léonie l'en empêcha.
« -Tu ferais mieux de l'éviter, conseilla t-elle. »
« -Que dis tu ? demanda Hermione intriguée. Je ne vois pas où tu veux en venir »
« -Je vous ai vu Malfoy et toi, hier soir, reprit le jeune portrait. Tu ne devrais pas te laisser prendre au piège par cette enflure. »
« -Léonie ! la réprimanda vivement Hermione. »
« -Cà ne te plaît pas quand je parle de lui comme çà, lui répondit elle, pourtant çà lui convient tout à fait. »
« -Ce n'est pas çà, se défendit Hermione, je n'en ai rien à faire, tu peux l'appeler comme bon te semble, mais ne te mêle pas de mes affaires. »
« -Ma très chère maîtresse ne se rend pas compte qu'elle joue à un jeu dangereux, je voulais juste la préserver, ajouta Léonie d'une voix plus calme. »
« -C'est gentil de te part, mais je ne crois pas que je cours le moindre danger. Malfoy est peut être une ''enflure'' comme tu aimes à le dire, mais il ne me fera jamais de mal. »
Hermione lui adressa un sourire réconfortant mais la petite Léonie ne semblait pas satisfaite de l'assurance de la jeune fille.
« -Tu te trompes, Hermione, je sais fort bien comment sont les Malfoy, reprit le portrait. »
Hermione la regarda étonnée.
« -Le dernier que j'ai croisé n'était autre que le père de Draco, poursuivit elle. »
« -Lucius…laissa échapper la préfète. »
« -Je vois que tu le connais, répondit Léonie d'un ton amer, dans ce cas là, je suppose que tu sais exactement à quel point il peut être mauvais. »
« -C'est un mangemort, intervînt Hermione dans un murmure. »
« -Oui, je sais, c'était déjà le cas quand il était préfet, ici, il y a plus de vingt ans. Enfin c'est ce que je l'ai entendu dire à ma maîtresse. »
« -Ta maîtresse ? l'interrogea la jeune fille. »
« -Oui, celle qui partageait ces appartements avec lui, répondit Léonie. C'était une griffondore comme toi, mais çà tu t'en doutes. Elle était très gentille, tu sais, et très attentionnée également, enfin je l'aimais beaucoup, elle aurait mérité d'avoir une vie merveilleuse. »
« -Que lui est il arrivé ? demanda Hermione. »
« -Elle est morte, noyée à ce qu'on m'a dit. »
La voix de Léonie n'était qu'un filet d'amertume d'où glissaient quelques mots comme des larmes sur sa joue. Hermione l'observait dans l'incrédulité.
« -Ysella…Ysella Edelweiss, bredouilla Hermione. Ysella Edelweiss était préfète, elle a vécut ici ? »
« -Tu la connais, s'étonna la petite fille, comment se fait il que tu la connaisses ? »
« -J'ai vu une photo d'elle et lu quelques archives à son sujet, résuma t-elle. »
« -Alors puisque tu la connais, tu devrais savoir qu'il vaut mieux éviter les Malfoy, lui conseilla Léonie. »
« -Je ne vois pas le rapport, s'intrigua Hermione. »
« -Tu ne sais pas que c'est à cause de lui qu'elle est morte, ajouta t-elle, à cause de Lucius Malfoy. Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose, je veux te protéger d'eux, reprit Léonie dont le timbre était saccadé par l'émotion. »
******************
Hermione chemina le plus vite qu'elle pu vers le grand hall. Il était impératif qu'elle parle à ses amis de son entretien avec Léonie. Elle se rappelait très bien des dernières paroles qu'Harry avait eu la veille. Il semblait pour lui hors de question d'évoquer à nouveau Yselle. Ne l'avait il pas traiter de ''gourgandine'' ? Hermione le savait très bien, mais elle savait également que cette réaction excessive n'était que le témoignage de la peur de son ami. La peur de savoir son père impliquer dans la mort de quelqu'un. Mais maintenant tout était différent. Léonie lui avait elle-même indiquée qui était le responsable de la disparition d'Yselle. Rien ne pouvait corroboré ses dires mais il était quand même plus raisonnable d'imputer ce fait à une personne tel que Lucius Malfoy plutôt qu'à James Potter.
« -Salut les gars, dit elle en arrivant. »
« -'Jour 'Mione, répondit Ron, encore en retard, çà devient une habitude. »
« -Cette fois-ci j'ai une bonne excuse, se défendit elle en souriant. »
« -Parce qu'avant ce n'était pas le cas ? plaisanta le rouquin. »
« -Ron, ne joue pas avec mes nerfs dés le matin, lui conseilla t-elle. »
Après avoir lancé un regard mauvais à son ami, elle se tourna aussitôt vers le jeune homme à la cicatrice.
« -Harry, l'interpella t-elle prudemment, c'est à toi que je voulais parler. »
« -Avant que tu ne commence, s'empressa t-il d'intervenir, je tiens à te faire… »
« -C'est oublié, l'interrompit elle aussitôt. Harry, est ce que tu es toujours…est ce que tu es, Hermione n'osa pas aller plus loin. »
« -Où veux tu en venir ? demanda t-il intrigué. »
« -Allé, tu peux lui dire ce que tu veux, ajouta Ron, la séance de quidditch d'hier la complètement calmé. »
« -Ron ! gronda la jeune fille. »
« -Ben quoi, c'est vrai, se défendit il. »
« -Tu peux parler librement, Hermione, ajouta derrière lui Harry un petit sourire bienveillant aux lèvres. »
« -Eh, bien, voilà, commença t-elle avec hésitation, j'ai pu avoir de nouveaux renseignements sur Yselle. Je ne sais pas s'y çà t'intéresses toujours. Enfin, je voulais que tu le saches. »
Harry la regarda silencieux. Hermione était incapable de lire les pensées de son ami à ce moment précis. Il semblait impassible, presque figé dans l'instant.
« - Je t'écoute. »
La voix d'Harry résonna d'un ton étonnement calme. Son amie acquiesça d'un geste de la tête et commença son récit. Elle leur rapporta en détails ce que Léonie lui avait révélé, en omettant tout de même de mentionner son histoire avec Draco. Il ne servait à rien de perturber l'équilibre de ses amis avec des choses qui n'en valaient pas la peine.
« -Il faut que je lui parle, conclut vivement Harry. Il faut éclaircir cette histoire. »
« -Vous pourriez m'accompagnez en fin de journée, proposa la jeune fille. »
« -Non, maintenant, rétorqua son ami. »
« -Tu oublies que tu a promis d'aider Lupin, ce matin, à préparer son cours, intervînt Ron. »
« -Ce n'est pas grave, je pourrais toujours lui dire que j'ai eu un empêchement, répondit il. »
« -Mais Harry…, tenta de protester Hermione. »
« -N'essaye pas de me faire changer d'avis, reprit il a l'encontre de son amie, c'est décidé. Et puis tu sais bien, 'Mione, que je saurais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit tant que je n'aurais pas trouvé des réponses à mes questions. D'accord ? »
Hermione hocha la tête mais le cœur n'y était pas. Ron et Harry la traînèrent jusqu'à ses quartiers. Quand Lord Théodore les laissa entrer, on entendit des murmures d'émerveillement. Ron observait les yeux admiratifs la salle qui se présentait à lui. Il tournait, virevoltait pour inspecter chaque parcelle du lieu.
«- Dis moi, Hermione, ta chambre est-elle aussi spacieuse que cet endroit ? demanda t-il. »
« -A peu près, répondit elle vaguement. »
« -Waouh, quelle chance ! s'esclaffa le rouquin. Si j'avais su que les préfets étaient si bien traités, j'aurai fait un effort pour avoir de meilleurs résultats scolaires. »
Hermione s'apprêtait à lui lancer une réplique sarcastique mais Harry fut plus rapide à ce jeu là.
« -Laisse tomber Ron, tu sais très bien que tu n'aurais jamais été capable de battre notre chère 'Mione, même avec toute la volonté du monde. Et puis çà t'a évité de te retrouver en tête à tête avec Malfoy durant une année entière. »
« -C'est sûre, répondit le rouquin en haussant les épaules. »
« -Qui sont ces jeunes hommes qui t'accompagnent, Hermione ? demanda Léonie de sa petite voix fébrile. »
« -Léonie, commença la jeune fille d'un ton cérémonieux, je te présente mes meilleurs amis Harry et Ron. Les garçons, je vous présente Léonie. »
« -Enchanté, répondit le portrait en esquissant une gracieuse révérence. »
« -Nous de même, répondit aussitôt Harry en se courbant légèrement à son tour. »
« -Léonie, l'interpella Hermione, si je les ai ramené c'est pour que tu leur parle. »
« -Moi ? s'étonna la petite fille, de quoi devrais je leur parler ? »
« -D'Yselle… »
Le portrait la regarda d'un air interrogateur.
« -…Harry est le fils de James Potter, se pressa de préciser Hermione. On a appris récemment qu'Yselle était l'une de ses amies. »
« -Tu es donc '' l'enfant qui a vécut '', j'aurai dû te reconnaître tout de suite, répliqua Léonie tout en inspectant Harry d'une manière bienveillante. Tu es le portrait craché de ton père. »
« -Mon père venait souvent ici ? demanda Harry avec intérêt. »
« -Très souvent, répondit elle, il venait pour voir Yselle. Il lui arrivait, quelques fois, d'être accompagné de l'un de ses trois amis, Comment s'appelaient ils déjà ? Je ne m'en souviens plus. Mais la plupart du temps, reprit elle, il était seul. C'était pour elle qu'il était là, pour cette si douce Yselle. »
« -Mon père l'aimait donc, demanda Harry. »
« -Oui, il n'y aucun doute là-dessus, il la chérissait plus que tout, répondit elle le rouge au joue, mais comment aurait il pu en être autrement ? Elle était si belle, belle comme une fée. '' Ma petite fée '', c'est ainsi qu'il l'appelait. Quelle chance elle avait d'être aimé de cette façon ! »
Les yeux de Léonie exprimaient une étrange douceur nostalgique, sa voix avait cessé de raisonner dans la salle quand une autre voix vînt couper l'atmosphère légère qui régnait dans ce lieu.
« -Un scélérat…murmura méchamment le second portrait. »
« -Te voilà Herbert, plaisanta Léonie, tu t'es enfin réveillé. »
« - Ce Potter n'était pas mieux qu'un scélérat, reprit il l'œil mauvais, il ne pouvait s'éprendre que d'une péronelle comme Yselle. Ne me regarde pas comme çà, Léonie, tu sais très bien que ton Yselle n'était rien d'autre. Elle faisait des yeux doux à tout le monde, en commençant par mon cher maître, elle lui tournait autour sans aucune retenue. »
« -Tu racontes n'importe quoi, s'insurgea Léonie qui semblait déjà hors d'elle, c'est ce vaurien de Lucius qui agissait comme un vautour. Il la voulait pour lui toute seule. Il ne supportait pas qu'un autre s'en approche, surtout pas James Potter. Il en était fou de jalousie. C'est pour cette raison q'il a tout fait pour que James la rejette. Je suis sûre qu'il ne voulait pas faire de mal à Yselle, il en était incapable. Je ne sais pas ce que Lucius lui à raconter pour le mettre dans cet état, mais tout ce qu'il a pu lui dire n'était que des mensonges, rien d'autre ne peut sortir de la bouche d'un Malfoy. »
« -Lui faire du mal ? releva Harry la mine soucieuse. »
« -Tu ne leur à pas encore parler de cette bien fâcheuse histoire ? Tu ne leur as pas encore raconté, chipie de Léonie, comment James était furieux ce jour là… »
« -Tais toi, Herbert, s'écria t-elle. »
« -Tu ne leur as pas dit comment il s'est jeté sur sa '' petite fée '', les yeux exorbités de colère, psalmodiant et jurant comme une bête furieuse… »
« -Cà ne s'est pas passé comme çà…tenta t-elle de riposter d'une voix tremblante. »
« -…comment il l'a frappé si fort qu'il y avait du sang répandu sur tout le tapis, reprit le vieux portrait d'un ton sinistre, c'était à peine un mois avant qu'elle ne se jette dans le lac. »
« -Non, non, se lamenta Léonie qui avait placé ses mains sur ses oreilles pour ne plus entendre les diffamations de cet imbécile d'Herbert. »
Harry se leva d'un bon, le visage blême et quitta précipitamment la salle.
« -Où vas-tu Harry ? demanda avec angoisse Hermione. »
Son ami ne prit pas la peine de lui répondre, il sortit rapidement et disparut aussitôt.
« -Laisse le, Hermione, s'interposa Ron. Tu vois bien qu'il n'est pas en état de nous écouter. »
« -C'est moi qui croyait, cette fois ci, que çà lui ferait du bien de savoir tout çà, ajouta amèrement la jeune fille. »
« -Tu ne pouvais pas savoir, reprit son ami. »
« -C'est de ma faute, pleura Léonie, ce n'est que de ma faute, maîtresse. Je ne voulais pas que vous l'appreniez de cette manière. »
« -Ne t'inquiète pas, Léonie, ce n'est pas grave, la rassura Hermione. Tout s'arrangera le moment venu. »
« -Il faut que j'y aille aussi, 'Mione, intervînt Ron, j'ai un cours dans quelques minutes. »
« -Bien, vas-y, Ron, le salua t-elle. Passe une bonne journée. »
Ron s'apprêtait à quitter la salle à son tour, quand il tomba nez à nez avec Draco Malfoy. Il lui adressa un regard noir puis se faufila à l'extérieure. Hermione n'eut pas le temps de faire attention au nouveau venu, elle sentit subitement ses jambes se dérober, un instant, avant qu'elle ne se reprenne. Draco la regarda intrigué.
« -Qu'est ce qui t'arrive ? demanda t-il de sa voix traînante. »
« -Je ne me sent pas bien, répondit elle, visiblement fatiguée. »
Elle prit place sur le grand canapé de velours. Les coudes sur les genoux, les mains cachant ses yeux, elle ne donnait pas l'impression d'être en forme. Draco s'approcha d'elle d'un air nonchalant, puis s'accroupi face à la jeune fille.
« -Tu t'es disputé avec Potter ? demanda t-il sarcastiquement, je l'ai vu sortir en furie de cette pièce. Tu sais que c'est formellement interdit de ramener des étrangers entre ces murs. Tu violes le règlement, Granger, je pourrais très bien en informer Dumbledore. Il ne sera pas très content. Fais comme moi, je n'ai jamais ramené une fille jusqu'ici, pourtant ce n'est pas les occasions qui manquent mais je sais me débrouiller autrement. »
Hermione ne semblait pas réagir aux paroles de Draco.
« -Tu ne vas pas encore pleurer ? demanda t-il tandis qu'il tirait les mains de la jeune fille hors de son visage. »
Il croisa alors le regard d'Hermione, un regard perdu, vide de la moindre expression.
« -Je suis si fatiguée, Draco, répéta t-elle d'une voix éteinte avant de s'effondrer contre le jeune homme. »
Draco la rattrapa aussitôt dans ses bras et regarda le visage d'Hermione qui semblait inerte.
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Harry avait marché d'un pas rapide, oubliant où il se dirigeait, oubliant même ce qu'il faisait. Bouleversé par ce qu'il avait entendu, il ne parvenait pas à se ressaisir et à adopter une conduite plus posée. C'est pour cette raison qu'il avait quitté promptement ses amis. Le scénario d'hier ne faisait que se répéter, peut être que son intuition vis-à-vis d'Yselle était fondée. Il s'en était pourtant voulut de l'avoir comparée à un '' gourgandine ''. Ce n'était certainement pas ce qu'elle était bien que les paroles du vieux tableau tendaient à prouver le contraire. Comment déceler la part du vrai et du faux ? Harry aurait tout simplement voulut être sûre que son père était l'homme qu'il avait imaginé, toutes ces années où allongé sur son lit, il s'évadait à travers les portraits de lui et de ses parents, à travers ses images qui respiraient le bonheur. Avaient ils vraiment été heureux ? Harry avait supporté toute sa douloureuse enfance en se raccrochant à cette idée. Maintenant, il n'était plus trop sûre, le bonheur ne se trouvait peut être que dans le seul fait de l'imaginer.
« -Harry, s'écria une voix. Fais attention où tu vas ! »
Le jeune homme leva ses yeux qu'il avait gardé fixé au sol durant tout son chemin.
« -Remus…balbutia t-il, je suis…euh…désolé… »
« -Bien, je suis heureux de te l'entendre dire. Te rappelles tu que nous avions rendez vous en début de matinée ? reprit le professeur. »
« -Excusez moi, j'avais…quelque chose à faire, se justifia péniblement le jeune homme. »
« -Assez important pour ne pas me prévenir ? demanda gentiment Lupin. »
« -C'est que… »
Harry ne savait quoi dire. Son regard perdu indiquait parfaitement l'état dans le quel il se trouvait.
« -Qu'est ce qui ne va pas Harry ? Quelque chose semble te préoccuper, je me trompe ? reprit Remus. »
Le jeune homme hocha de la tête.
« -C'est à propos…commença t-il avec hésitation, d'Yselle, je veux dire d'Ysella Edelweiss. »
« -Je vois, répondit son interlocuteur. Allons dans mon bureau, nous serons plus à notre aise pour en discuter. »
Tous deux entrèrent dans l'endroit indiqué par Remus. Ils prirent place à une table ronde placée devant une large fenêtre. Le lieu était baigné par la lumière du soleil, elle faisait briller le service de porcelaine qui avait été dressé et mettait en évidence les couleurs tendres du bouquet qui l'accompagnait. Quelques pétales de fleurs étaient répandus sur la nappe blanche finement brodée.
« -Sirius m'a tout raconté, je sais ce qui c'est passé avant votre départ pour Poudlard, déclara le professeur. »
« -Oh. »
« -Il m'a dit que tu avais posé des questions à son sujet, reprit Remus. Il m'a également dit que tu avais emporté une de ses photos avec toi. »
Harry sortit de dessous sa robe l'image glacée.
« -Je ne sais pas pourquoi, dit il d'une voix monotone tout en restant fixé sur ce qu'il tenait entre ses amis, mais quand je la regarde ainsi, j'oublie toutes les mauvaises pensées qui me venaient à l'esprit à son sujet. »
« -Les mauvaises pensées ? s'étonna Remus. Quelles mauvaises pensées ? »
« -Quand je pense à elle, quand j'essaye de l'imaginer, j'aimerai être sûre qu'elle n'est pas aussi exceptionnelle que ce qu'on m'a dit. Hier, Hermione, Ron et moi avons consultez la carte des maraudeurs. Quand nous l'avons questionnées à son sujet, j'ai compris alors que mon père n'avait pas aimé ma mère. »
« -Comment peux tu en venir à une telle conclusion ? demanda le professeur avec calme. »
« -Comment aurait il pu aimé deux femmes ? »
« -Il ne les a pas aimé en même temps. Il a fallut du temps à ton père pour se remettre de la disparition d'Yselle, répondit il simplement. Ce n'est qu'au bout de trois ans qu'il a pu refaire sa vie. »
« -Trois ans, si peu ? se plaignit Harry. Alors, il ne l'aimait pas réellement, pas autant que se qu'on m'a raconté. Il ne lui a pas fallut plus d'années pour oublier qu'il avait aimé. Nos sentiments seraient ils si sensible à l'usure du temps ? »
« -Je suis convaincu que ton père n'a jamais cessé d'aimer Yselle, à sa manière. Il est resté attaché à son image jusqu'à la fin de sa vie. Il s'y est rattaché comme on se rattache à un souvenir heureux. Il savait qu'elle ne saurait plus rien d'autre. A quoi bon alors se morfondre ? Yselle n'était plus là mais lui vivait encore. Cà n'a pas été facile pour lui. Cette période a été très douloureuse pour lui. Mais heureusement, il a rencontré la bonne personne. »
« -Qui çà ? »
« -Ta mère, Harry, répondit tendrement Remus. Lily, c'est elle qui lui a permis de reprendre goût à la vie. Sans elle, peut être n'aurait il jamais connu le vrai bonheur. »
« -C'est bien beau tout çà, gronda vivement Harry, mais çà n'explique pas tout. »
« -A ce que je comprends, il y a quelque chose d'autre qui te préoccupe, conclut l'homme plus âgé. Je t'en pris pose moi ta question. »
Harry le regarda un peu gêné de s'être exprimé si durement puis il entreprit de lui répondre.
« -Eh, bien, dit il d'une voix moins sûre, j'aurai aimé savoir si mon père…si mon père était quelqu'un de bien. »
« -Tu en douterais ? demanda Remus incrédule. »
« -N'a t-il jamais été violent ? tenta t-il de préciser. N'a t-il jamais fait du mal à quelqu'un ? »
« -A qui penses tu exactement ? »
« -A elle, répondit le jeune homme en présentant la photo qu'il tenait toujours en main. »
Remus regarda l'image qui s'animait devant lui. Yselle tourna son visage pour lui sourire joyeusement.
« -Zélie, murmura t-il tendrement. Bien, Harry, reprit il d'un voix claire, ce que je vais te raconter est un peu long, alors écoute moi avec attention. Mais, avant de commencer, promets moi une chose. »
« -Laquelle ? »
« -Promet moi de garder pour toi tout ce que je m'apprête à te dire, n'en parle à personne. »
« -Promis. »
« -Bien, dit Remus avant de commencer son récit. »
Flash Back :
Un couloir de Poudlard, il y a une vingtaine d'année…
« -Je ne te crois pas, Malfoy, s'écria James Potter. »
Une foule d'élèves s'étaient groupés autour d'eux et écoutaient circonspects les deux jeunes hommes se tenir tête violement.
« -C'est encore un de tes mensonges, poursuivit James. Je n'ai jamais vu un tel signe sur elle. »
« -Bien sur que non, ajouta Lucius avec une assurance outrancière, pour cela il aurait fallut qu'elle retire son amulette. N'as-tu pas remarqué qu'elle ne quitte jamais le médaillon qu'elle porte autour de son cou. Je suis sûre qu'elle le garde même quand elle est au lit avec toi, je me trompe ? demanda t-il un sourire malfaisant aux lèvres. »
« -Ce n'est pas ton affaire, rugit le griffondore. »
« -Moi je l'ai vu cette marque, s'enorgueillit son adversaire, sur son sein droit, précisa t-il en pointant son doigt sur sa poitrine. Elle me l'a gentiment montré, ce dessin inscrit sur sa si délicate peau. »
En un coup, Malfoy se retrouva à terre, le visage tuméfié. James n'avait pu se retenir. Il lui lança un dernier regard noir et partit à pas rapide.
« -Vas-y, lui cria Malfoy tandis que la silhouette de Potter s'éloignait. Va vérifier, demande lui de l'enlever sa médaille. Peut être sera t-elle assez aimable pour le faire. Il suffit juste de savoir y faire avec elle. »
***************
« -Etoile des neiges, prononça t-il en grinçant des dents. »
La porte s'entrouvrit et les deux jeunes hommes entrèrent promptement. Yselle se leva aussitôt de son fauteuil pour les accueillir.
« -James, Sirius, que faites vous là, demanda t-elle, vous n'aviez pas un entraînement cet après midi ? »
« -Enlève ton amulette, Yselle, lui ordonna t-il durement. »
Elle le regarda étonnée.
« -Pourquoi devrais je le faire ? Je ne l'enlève jamais, ajouta t-elle vexée par la brutalité de son fiancé. »
« -Ne me ment pas, reprit il d'un ton égale. »
Yselle était de plus en plus troublée par l'expression qui se dessinait sur le visage de James. Elle se tourna vers Sirius dans l'espoir de trouver une réponse, mais le jeune homme lui renvoya un regard tout aussi furieux.
« -Pourquoi te mentirais je ? se défendit elle. »
« -N'est ce pas ce que tu as déjà fais ? reprit il à son tour. »
« -Jamais ! protesta t-elle violement. »
« -Enlève le alors, exigea t-il le sang bouillant, si tu n'as rien à te reprocher. »
« -Non ! »
James s'approcha aussitôt de la jeune fille et saisit le médaillon qu'il arracha avant de le jeter contre le plancher. Yselle plaça instinctivement une main contre sa poitrine mais il saisit son poignet pour l'écarter de son sein. Il tira vivement sur le tissu immaculé de sa chemise. Quelques boutons sautèrent avant que sa blouse ne s'entrouvre pour laisser apparaître, à la surface da sa peau, une marque noire. Il l'observa dans l'effroi, ne pouvant se résoudre à ce qu'il voyait.
« -Pourquoi me l'as-tu caché ? demanda t-il. Pourquoi m'as-tu caché que tu étais la fille de Voldemort ? »
Yselle détourna son visage. Il la saisit par les épaules et la secoua pour essayer d'obtenir une réponse.
« -Répond moi, exigea le jeune homme hors de lui, répond moi ! »
Mais elle demeurait muette. Il la regarda, alors, furieux et, dans un geste désespéré, la gifla. Yselle tomba à terre. Elle se redressa aussitôt, essuya sa joue rougie, puis recouvrit sa poitrine avec les pans de sa chemise. Elle gardait sa main serrée contre son sein droit. James restait immobile à l'observer. Il réalisait peu à peu la portée de son geste.
« -Je…tenta t-il de dire pour justifier son acte. »
« -Va t-en, cria t-elle, sors d'ici. Sortez d'ici tous les deux. »
Les deux jeunes hommes s'exécutèrent laissant la jeune fille, bouleversée, seule.
***************
Quand Remus entra, il trouva Yselle étendue sur le sol, le tapis imbibé par son sang. Il s'approcha d'elle précipitamment pour la prendre dans ses bras. Elle tenait encore son poing, contre sa poitrine. Remus l'écarta légèrement pour voir à son tour la marque indiquée par Lucius. Le liquide rouge semblait s'en écouler. Le jeune homme tenta d'arrêter l'épanchement en pressant sa main contre la plaie qui meurtrissait sa peau blanchâtre.
« -Mon médaillon, demanda t-elle faiblement, j'en ai besoin. »
« -Ne t'inquiète pas, je l'ai ramassé en entrant, lui dit il d'une voix tremblante. »
« -Je suis si fatiguée, Remus, murmura t-elle d'une petite voix éteinte. »
« -Je t'emmène tout de suite à l'infirmerie, répondit il aussitôt. »
Il souleva le corps de la jeune fille qui venait de s'évanouir.
Fin du Flash Back :
« -La fille de Voldemort, souffla Harry encore sous le choc. »
« -Oui, Harry, lui confirma son professeur. C'est pour cette raison que je ne veux pas que tu en parles. Yselle en a toujours souffert. Quand le bruit s'est propagé dans toute l'école, elle a très vite été mise à l'écart par la plupart de ses amis. Personne n'osait approcher la fille de Voldemort. »
« -Et mon père, comment a t-il agit par la suite ? questionna le jeune homme. »
« -Ton père était partagé entre la culpabilité et la colère. Il s'en voulait d'avoir été si brusque avec elle mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir trahi par Yselle. Pas parce qu'elle lui avait caché son ascendance, il aurait fini par comprendre les raisons de son silence, mais parce qu'il ne pouvait s'expliquer comment Lucius connaissait le signe que portait Yselle quand imaginant qu'elle s'était laissé séduire par lui. Cette idée lui était insupportable. »
« -Ses doutes étaient ils fondés ? intervînt Harry. »
« -Non, bien sur que non, répondit avec assurance Remus. En laissant apparaître la marque qu'elle portrait, Yselle rouvrait la plaie qu'elle avait crée. Je ne vois pas pourquoi, elle se serait risqué à l'enlever pour le bon plaisir de Malfoy. Je suppose qu'il a pris connaissance de cette empreinte par le biais de celui-la même qui l'avait apposé. »
« -Voldemort, souffla le jeune Potter. »
« -Oui c'est cela, Harry, reprit Lupin. Malfoy était sûrement en relation avec lui bien avant la fin de sa septième année. Lucius était un émissaire parfait pour un Voldemort qui aurait tant aimé attirer sa fille dans son camp. »
« -Cà pourrait expliquer pourquoi elle s'est noyée ? demanda Harry. »
« -Pour cette raison ou une autre, je ne sais pas exactement, lui dit Remus. Il n'y a qu'elle qui aurait été en mesure de te répondre. Certaines choses échappent à notre propre logique surtout quand nous n'avons pas toutes les clefs en main. Mais tu ne devrais pas t'inquiéter de tout çà. Le passé est le passé, Harry, tu ne le changeras pas en t'y replongeant. Suit bien mon conseil, je ne le fais pas en vain. »
***************
Dans le silence de la nuit, on pouvait entendre des voix résonnées.
« -Ils commencent à se poser des questions à ton sujet, Yselle, intervînt l'une d'elle. Tu devrais tout leur raconter dès maintenant. Ils l'apprendront un jour ou l'autre. »
« -Je dois encore attendre, répondit la seconde personne. Ce n'est pas encore le moment propice. »
« -Et quand ce moment viendra t-il ?demanda son interlocuteur. »
« -Chaque chose en son temps, dit la seconde voix. Tout vient à l'instant souhaité. Laissons les cartes se mettre en place et le jeu se faire. »
À suivre…