LA COMPLAINTE DES EDELWEISS

CHAPITRE XIII :

Là où tout a commencé.

            C'était un 11 Février. La porte grinça quand il entra dans la pièce. L'infirmière qui se tenait près du lit, lui adressa un regard comme pour le saluer. Il fit à peine attention à cette marque de respect et traversa d'un trait la grande chambre. Sous le baldaquin de bois noir, une jeune femme était allongée. Son visage avait une teinte pâle, presque maladive, seules ses boucles ambrées gardaient leur éclat habituel.

« -Comment te sens tu, Zinnia ? demanda t-il tout en la parcourant du regard. »

« -Bien…souffla t-elle difficilement, je vais bien, ne t'inquiète pas pour moi, Tom. »

« -Je ne m'inquiètes pas, répliqua t-il d'une voix calme, je sais que tout se passera bien. C'est un très beau jour pour mettre un enfant au monde. »

Il caressa, avec le dos de sa main, le front humide de la jeune femme et repartit aussitôt. Un petit sourire de satisfaction se dessinait déjà sur son visage.

            Assis dans le creux de son fauteuil, Tom attendait. Impatient, il comptait les heures qui s'égrenaient lentement, tapotant ses doigts sur le cuire de l'accoudoir. De la pièce où il se trouvait, on pouvait entendre des cris étouffés, les cris d'une femme qui essayait de cacher sa souffrance. Le temps passant, leur intensité semblait redoubler, pourtant il restait calme, serein. Ces cris là ne le feraient jamais tressaillir, il en attendait de plus aigus, ceux d'un nourrisson venant à la vie. Quand ils retentirent, il sentit son cœur se serrer. Il fallait qu'il voie de ses propres yeux, qu'il constate par lui-même à quel point tout ceci était réel. D'un bon, il se dirigea, vers cette chambre où ne résonnait plus que la voix de l'enfant. Il n'eut pas longtemps à attendre avant que l'infirmière n'en sorte, le poupon entre les mains. Tom attendit un instant, puis saisit vigoureusement la petite poupée qu'on lui présentait.

« -C'est une fille, intervînt la vieille femme. »

« -Je sais, répondit il avec assurance. »

Ses yeux ombreux demeuraient fixés sur la petite figure. Que pouvait il ressentir à cet instant où il croisait pour la première fois le regard de sa fille, un regard qu'il connaissait déjà fort bien. Il la serra encore un peu plus fort contre lui convaincu que, de cette manière, personne ne pourrait la lui prendre. Elle lui appartenait à jamais. Il tenait entre ses bras le premier de ses biens.

« -Monsieur, votre femme…reprit l'infirmière à qui il tournait le dos. »

« -Et bien qu'y a t-il ? »

« -Votre femme est au plus mal, ajouta t-elle d'un air soucieux, elle a perdu beaucoup trop de sang, le docteur pense… »

« -Epargnez moi les détails, dit il prestement, occupez vous d'elle, occupez vous bien d'elle. Je m'occuperai de ma fille, de mon Edelweiss. »

Sur ses mots, il s'éloigna vers ses appartements, laissant derrière lui la vieille femme qui continuait à l'observer d'une mine dubitative.

            Combien de temps s'était écoulé ? Combien de jours était elle resté allongée dans ce grand lit aux tentures sombres ? Elle n'en savait rien. Elle ressentait encore une douleur lancinante dans le bas du ventre, mais ce n'était pas çà qui l'avait réveillé. C'était des cris, des cris perçants qui l'avaient tirée de son sommeil. Ce pouvait il qu'on laisse son enfant pleurer ainsi sans intervenir ? Elle se leva difficilement puis réajusta sa robe de coton blanc. Les pieds nus, elle se mit à déambuler jusqu'à l'endroit d'où semblait provenir les cris de son bébé. Elle entrouvrit la porte et s'avança dans la salle. Ce qu'elle y vit la tétanisa. Tom tenait d'une main, leur petite fille, de l'autre, un poinçon d'argent couvert de sang. Ce sang s'était répandu sur le sol en petites gouttelettes écarlates, il couvrait complètement la poitrine du bébé. Zinnia en fut effrayé.

« -Que fais tu, Tom…bredouilla t-elle, que fais tu à notre enfant ? »

« -Je m'assure qu'elle reste à nos côtés le plus longtemps possible, répondit il simplement tout en continuant son cérémonial. Tu devrais me remercier, ta petite fille ne te quittera jamais. »

Zinnia s'approcha un peu plus près. Quand elle fut sûre qu'il ne prêtait plus attention à sa présence, elle le bouscula violement et lui ravit des mains son enfant. Tom tomba à terre, il n'eut pas le temps de se relever. Zinnia s'était emparée de sa baguette avant de s'écrier :

« -Stupefix temporum ! »

Tom se figea. Elle en profita pour fuir rapidement. Elle savait très bien que le sortilège serait rompu dans une dizaine de minute. Dans sa chambre, elle amassa les affaires dont elle avait besoin à l'intérieur d'un petit sac de toile. Puis elle prit son enfant, murmura un charme curatif pour soigner la blessure, essuya le sang qui souillait cette petite poitrine et partit enfin.

            Zinnia arriva difficilement aux portes d'Equilhem. Le voyage avait été long et épuisant. Elle plaça autour du cou de son enfant l'amulette protectrice qu'elle lui avait confectionnée. Peut être effacerait elle le mal que son père lui avait fait. Elle déposa sa fille sur le pas de l'entrée. Un dernier regard noyé de larmes en direction de son enfant puis elle s'éloigna. La cloche retentit et une femme vint à ouvrir une des grandes portes. Elle y découvrit la petite chose qui gazouillait tendrement, elle l'emporta aussitôt sans plus de cérémonie puis referma dans un claquement lourd le battant en bois. Tapie dans une fourrée, Zinnia observait la scène. D'une main, elle étouffa le cri qui menaçait de s'échapper de sa gorge. Elle savait qu'elle ne reverrait plus jamais son enfant. Après quelques instants, elle se releva. Une douleur violente vint à nouveau déchirer son abdomen. La plaie s'était ré ouverte, du sang s'en écoulait abondement. Elle n'aurait sûrement pas dû s'épuiser comme elle l'avait fait mais pouvait elle faire autrement. Elle utilisa le porteloin qu'elle gardait dans la poche de sa pèlerine. Avec les dernières forces qui lui restaient, elle se téléporta dans l'enceinte de Poudlard. Son corps tomba lourdement contre le sol de la salle où le vieil homme se trouvait. A peine l'eut il aperçut qu'il se précipita vers elle. Il s'agenouilla et l'a pris dans ses bras.

« -Papa…souffla t-elle d'une voix saccadée, je l'ai emmenée dans un endroit sûre, là où il ne pourra pas la retrouver. Je ne pouvais pas te l'amener, ici, comprends tu ? Il l'aurait tout de suite su, il vous aurait fait du mal, je le sais. »

« -Ne parle pas, Zinnia, reste calme, je vais appeler quelqu'un pour te soigner. »

« -Oh, papa ! Je suis désolé, pleura t-elle, j'aurai du t'écouter, j'aurai du me fier à mes visions, mais je n'ai pas su résister à ce qu'il m'offrait, je pensait faire le bon choix. Peut être que c'était mon destin, que ma raison d'être était de lui donner la vie, de donner la vie à mon Ysella. Si tu la voyais, elle est si belle. Promet moi, papa, promet moi de la protéger. Elle le mérite, n'en doute jamais. Peu importe ce qu'il arrive, ai toujours confiance en elle. »

« -Ne t'inquiète pas mon ange, lui murmura t-il d'une voix calme, je serai là pour elle, je m'occuperai bien de ta petite fille. »

« -Merci…dit elle dans un dernier souffle avant de fermer ses paupières nacrées. »

Il caressa délicatement la joue de la jeune fille pour essuyer les larmes de son visage. Elle semblait paisible, presque heureuse. Dans sa main, se tenait un petit carnet de notes usé par le temps. Il l'extirpa avec précaution des petits doigts tièdes de son enfant. Sur la page de garde était écris en lettres noirs : '' Visions et Prophéties de Miss Zinnia Edelweiss Dumbledore ''.

Une goutte salée tomba sur le papier blanc et le gondola légèrement inscrivant à jamais les larmes de Sir Albus Dumbledore dans les ramures du petit carnet de lin vert.

***************

            Discrète et réservée, elle attendait sagement la venue de ses amis. Assise sur le bord du grand banc de bois, elle observait silencieuse le chahut qui animait le Grand hall. Son regard voyageait d'une table à l'autre, d'un groupe à l'autre. Comme si de rien n'était, elle prenait connaissance des derniers potins, jaugeait l'humeur de chacun, tout en restant bien solidement fixée sur son siège. C'était sa récompense. Passer inaperçu était sa seule qualité. Ce n'est pas que personne ne la connaissait, que personne ne connaissait son nom. Non. Ses cheveux rougeoyants, son teint clair et la myriade de tâches de rousseur qui constellaient sont visages, tous ces attributs donnaient des indications très précises sur son identité. Une Weasley, c'est ce qu'elle était, peu importe qu'elle était son prénom, tout le monde savait à quelle famille elle appartenait, cela suffisait bien souvent à ses interlocuteurs pour la nommer. Six ans s'étaient écoulées depuis son entrée à Poudlard, rien, pourtant, n'avait changé. Discrète et réservée, elle le serait toujours, alors, pour ne pas en prendre ombrage, pour ne pas donner trop d'importance à sa situation, Ginny avait décidé d'en tirer le meilleur parti. Personne ne faisant attention à sa présence, elle pouvait à loisir écouter les conversations de chacun sans difficulté. Elle notait ainsi toute modification, tout ce qui pouvait paraître étrange, elle était la première à connaître les moindres secrets de Poudlard. Un changement de coiffure, une morosité soudaine, rien ne lui échappait. Ceux qu'elle côtoyait lui étaient reconnaissant d'une telle attention, cela lui valait l'affection de beaucoup. Ginny n'en demandait pas plus. Hermione s'installa rapidement près de son amie. Ron et Harry n'étaient pas encore arrivés.

Au premier coup d'œil, Ginny su que quelque chose n'allait pas chez Hermione. Il y a bien longtemps qu'elle avait remarquée un changement de comportement chez la jeune fille. Elle n'était d'ailleurs pas la seule à l'avoir constatée mais, depuis plusieurs jours, Hermione semblait plus nerveuse qu'à son habitude, aujourd'hui plus qu'un autre. La jeune fille avait une idée sur ce qui pouvait tracasser son amie. Les regards qu'Hermione lançait à la table des serpentards confirmèrent ses soupçons.

« -Sais tu ce que je viens d'apprendre ? demanda subitement Ginny. »

Hermione dont l'attention était encore attirée par Draco, sursauta légèrement quand elle entendit la voix de son amie. Elle tenta rapidement de garder un peu de contenance. Elle hocha de la tête en signe de réponse.

« -Une de mes amies est tombée amoureuse, dit elle avec un peu d'espièglerie, tu ne devineras jamais de qui. De Malfoy, tu te rends compte… »

Les joues d'Hermione s'empourprèrent à la seule évocation de ce nom, les évènements de la nuit passée lui revinrent subitement en mémoire aussi vifs que s'ils avaient eu lieu quelques minutes auparavant.

« -Elle ne sera pas la première, murmura t-elle puis d'une voix plus forte elle ajouta, çà n'a rien d'étonnant, après tout, elles sont nombreuses à lui tourner autour. C'est pathétique. »

« -Rien d'étonnant ? Tu ne dirais pas çà si tu savais de qui il s'agit. »

« -Et bien, de qui s'agit il ? demanda Hermione. Je la connais ? »

« -Oui, tu la connais, répondit son amie avec un brin de malice dans le regard, tu la connais même très bien. »

Hermione aurait aimé avoir plus d'informations mais l'arrivée d'Harry et de Ron l'en empêcha. L'équipe des griffondores au complet les accompagnait : Seamus Finnigan, gardien de petite taille mais d'une vivacité étonnante, Eddy Ticked, élève de cinquième année, batteur de son état, Elisa du Maine, Lavande Brown et Dmitri Moore, tous trois poursuiveurs de talents. Tout le monde les imaginait déjà remportant le tournoi de quidditch, tout le monde mis à part les serpentards qui se seraient bien vu en grand vainqueur. L'équipe d'Harry était bien consciente des difficultés qu'ils rencontreraient au cours de leur prochain match contre les coéquipiers de Malfoy, c'est pourquoi ils n'avaient cessé de s'entraîner. Ce matin, Harry les avait réunis dans la salle commune pour revoir leur tactique de jeu. Ceci expliquait leur arrivée tardive.

« -Je ne suis pas mécontent de repartir chez moi, pour les vacances, dit le jeune Eddy les yeux creusés de fatigue, entre les entraînements et les devoirs qui s'accumulent, je ne m'y retrouve plus. J'ai vraiment besoin de me reposer un peu.»

« -On en a tous besoin, Eddy, reprit Seamus, plus qu'une semaine et c'est la quille. Dis moi tu rentres chez tes parents Dmitri ? »

« -Oui, mon père réunit ma famille au complet dans notre maison de Soukine, répondit sobrement le jeune homme au cheveux cendrés. Je suis pressé de les retrouver. »

« -Ouais, tu en donne l'air, intervînt Ron d'un ton ironique. Ginny et moi allons nous aussi revoir toute notre famille, cet hiver. Bill et Charlie reviennent à la maison pour fêter Noël avec nous. »

« -Vous en avez de la chance, ajouta Elisa, j'aimerai bien être à votre place. Cette année, mes parents ont décidé de partir en voyage sur l'île de Pâques, je suis obligé de passer mes vacances auprès de ma vieille tante, en Ecosse. Et toi Harry, tu rentres chez ton parrain, comme l'année dernière ? »

« -Non, répondit il aussitôt, Sirius m'a envoyé une lettre pour me prévenir qu'il nous rejoignait à Poudlard pour les vacances. D'après lui, Dumbledore avait besoin de lui parler. »

« -De quoi ? demanda Ron avec curiosité. »

« -Je n'en sais rien, je suppose que c'est à propos de… »

« -Chut ! Harry, le coupa Lavande rapidement, ne prononce pas le nom de Tu-sais-qui devant nous. »

« -Désolé. »

« -Vous serez sûrement les seuls à Poudlard, reprit Seamus, çà doit être bizarre de passer Noël dans une école vide. »

« -Il faut en avoir l'habitude, répondit Harry, et puis 'Mione et moi serons ensemble, çà devrait bien se passer. N'est ce pas 'Mione ? »

Hermione, l'esprit ailleurs, ne répondit pas.

« -'Mione ? »

« -Excuses moi, Harry, dit elle après être revenu à la réalité, bien sur que tout ira pour le mieux. J'aimerai bien discuter encore avec vous mais je dois voir Mc Gonagall avant le début de notre cours. »

Sur ces mots, elle s'empressa de quitter la table des griffondores et disparut après avoir franchit l'entrée du Grand hall.

« -Pauvre Hermione, se lamenta Lavande, c'est son premier Noël sans ses parents. »

« -Je l'avais presque oublié, souffla Ron. »

« -C'est parce qu'elle fait comme si de rien n'était, ajouta Harry avec sérieux. »

« -Tu crois que çà l'affecte plus qu'elle ne semble le montrer ? reprit Ron inquiet. »

« -Sûrement, répondit Ginny le regard fixé sur l'encadrement des grandes portes. »

***************

            Hermione avait eu du mal à porter ses livres depuis la bibliothèque jusqu'à sa chambre. Evidement si elle n'avait pas été si préoccupée, elle aurait pu user d'un charme pour alléger le poids de ses ouvrages mais cette idée ne lui était pas venue à l'esprit. Draco la rejoignit quelques minutes plus tard dans leur salle commune. Elle lui avait proposé, ce matin, de se retrouver ici, après les cours, pour commencer leurs recherches sur leur devoir de prophétie. Le jeune homme n'avait émis aucune protestation, Hermione en fut très étonnée, peut être pas autant que quand il s'était presque excusé de sa conduite passé. Presque. A demi mot, d'un regard, il lui avait fait comprendre qu'il s'en voulait un peu, cela suffisait à la jeune fille. Elle ne lui en demandait pas plus. Elle lui était déjà reconnaissante d'avoir fait le premier pas et d'avoir ainsi éclaircit une situation qui risquait de s'envenimer au fur et à mesure. Sans qu'elle ne sache réellement pourquoi, elle n'arrivait pas à lui en vouloir, au fond d'elle-même, elle se sentait une part de responsabilité dans cette histoire.

« -Qu'est ce que tu lis ? demanda t-il de sa voix traînante tout en se penchant derrière elle pour jeter un coup d'œil au dessus de son épaule. »

Hermione fut heureuse de constater qu'il agissait avec elle comme à son habitude. Elle s'écarta légèrement pour lui faire entrevoir la couverture du livre qu'elle était entrain d'étudier : ''Institutions dans le monde sorciers''.

« -Je fais des recherches sur les orphelinats, répondit elle sans aucune appréhension. J'aimerai trouver des informations sur un établissement baptisé Equilhem. »

« -Ce n'est pas dans ce genre de livre que tu trouveras des renseignements sur Equilhem, lui dit il un petit sourire aux lèvres. »

« -Comment peux tu être si sûre de toi ? lui demanda t-elle tandis qu'il prenait place à côté d'elle. »

« -Disons que cet endroit est lié d'une certaine manière à l'histoire de ma famille, reprit il mystérieusement. »

« -Oh ! Arrête, Malfoy, grogna t-elle, tu ne peux pas dire les choses simplement sans jouer avec ma patience. Alors tu me dis pourquoi tu connais Equilhem. »

« -Toujours aussi empressée, se moqua t-il, c'est si facile de te piéger. Je te dirais tout ce que tu veux savoir à une condition… »

Hermione fronça ses sourcils.

« -…dis moi pourquoi tu veux des renseignements sur cet orphelinat. »

« -Cà n'a rien d'un secret, répondit elle simplement. En fouillant un peu chez mes parents j'ai trouvé, au fond d'une valisette, un petit bracelet en or. Le nom de cet orphelinat y était gravé. Je suis sûre qu'il appartenait à ma vraie mère. Il ne peut pas en être autrement. J'ai cherché à savoir s'il existait un établissement moldu portant ce nom, mais je n'ai rien trouvé. J'ai donc commencé à chercher dans le monde sorcier. Cà te va comme explication ? »

« -Bien, je ne t'en demandais pas plus, ajouta t-il nonchalamment. Equilhem appartient à ma famille. »

« -Qu'est ce que tu racontes ? s'étonna t-elle. »

« -Depuis plus d'un siècle, les Malfoy finance cet établissement. C'est pour cette raison que tu n'aurais rien trouvé dans ce livre. C'est un établissement privé. »

« -Un orphelinat privé ? Mais comment ma mère a pu se retrouver dans un tel endroit ? pensa t-elle à voix haute. »

« -Peut être que ce bracelet ne lui appartenait pas, elle l'a sûrement trouvé quelque part, lui dit il. »

« -Pourquoi dis tu çà ? demanda t-elle. »

« -Equilhem n'accueille que les orphelins issu de très vieilles familles de sorciers, répondit il d'un ton péremptoire, il n'y a qu'eux qui savent où il se situe. Je ne vois pas comment ta mère y aurait été admise. »

« -Cà te dérange tant que çà d'imaginer que ma mère puisse être une sorcière de souche ?! reprit Hermione d'un air sévère. »

« -Je n'en ai rien à faire, ajouta t-il en approchant son visage du sien comme pour la défier. C'est juste que çà me parait bizarre que ta mère vienne de notre orphelinat. »

Hermione se tourna aussitôt vers la petite mallette bleue qui reposait sur le bureau. Elle retira un petit objet brillant de l'intérieur et le présenta au jeune homme.

« -Tu vois que je ne mens pas, Malfoy, reprit elle tandis qu'il inspectait le bracelet minuscule. Si tu regardes bien à l'intérieur, tu y liras le nom de l'orphelinat et le nom de ma mère à l'époque. »

« -Edina Adélaïde, murmura t-il faiblement. C'est le prénom de ta mère ? »

« -Celui qu'elle portait quand elle a été adoptée, mais je sais qu'on l'appelait autrement durant sa scolarité à Poudlard. Je n'ai trouvé aucun élève de ce nom dans les registres de l'école. »

« -Il faut que je demande à Rogue, ajouta t-il rapidement. »

« -Rogue ? Pourquoi lui ? demanda t-elle les yeux écarquillés de surprise. »

« -Il était lui aussi à Equilhem, répondit il sobrement, il a du connaître ta mère. »

« -Elle n'y ai pas resté très longtemps, reprit elle, elle a été adoptée quand elle avait à peine cinq ans. »

« -Quand est-elle née ? »

Draco semblait profondément intéressé par cette histoire, Hermione n'arrivait pas à déterminer le pourquoi de cet engouement soudain.

« -Je n'en sais rien, répondit elle. »

« -Passe moi la photo de ta mère. »

« -Pourquoi faire ? demanda t-elle soupçonneuse. »

« -Donne la moi et je te dirai quel âge elle avait sur cette photo, reprit il vivement. Mais peut être que çà ne t'intéresses pas ? »

« -Non, ce n'est pas çà, s'empressa t-elle de dire. Mais je ne vois pas pourquoi tu voudrais m'aider, de ta part çà parait…étrange. »

« -Tu ne crois pas en ma bonté naturelle ? demanda t-il faussement surpris. »

« -Ta bonté ? répéta t-elle incrédule. »

« -Bon laisse tomber. Disons que je suis curieux, ajouta t-il d'un ton léger. »

« -… »

« -Tu ne vas remettre pas remettre ma curiosité en doute ? l'interrogea t-il d'un air un peu contrarié. »

La déception qu'elle lisait dans ses yeux la culpabilisa un peu. Peut être était elle trop méfiante à son égard. Elle qui s'en orgueillait de sa gentillesse légendaire, n'était pas capable, en cet instant, de lui accorder le bénéfice du doute.

« -Tiens, dit elle en lui tendant sa photo. »

Draco l'examina un peu, la retournant pour lire la note qui l'accompagnait. 1970.

« -Je savais bien qu'il y avait une date, constata t-il satisfait. »

Il tapota sa baguette sur le bord du papier glacé.

« -Tempura Reval arum ! »

Au même moment apparu à la surface de la photo, juste sous le visage d'Edina, le chiffre 6. Hermione fut heureuse de constater que le charme de Draco avait fonctionné.

« -Merci, s'empressa t-elle de lui dire un large sourire de gratitude sur les lèvres. »

Draco n'ajouta rien mais sembla apprécier la joie qui se dégageait de son visage. Le sien reprit pourtant bien vite son expression habituelle.

« -C'est bien ce que je pensais, elle a le même âge que Rogue, avec un peu de chance ils étaient tous les deux à serpentard, commenta t-il les yeux débordants de malice. Tu te rends compte, Granger, que tu es presque récupérable. »

« -Très drôle, répondit elle un peu fâché par sa remarque. »

Draco avait commencé à dégager les livres qui couvraient leur bureau commun. La couverture de l'un d'eux attira son attention.

« -'' Histoire des Edelweiss '' ? Comment as-tu fait pour te procurer ce livre, demanda t-il très intéressé. »

« -Il était dans la bibliothèque de Miss Sullivan, répondit elle sans trop y prêter attention. Elle m'a permis de lui emprunter. »

En regardant de plus près, Draco constata qu'un marque-page mauve coupait le volume en deux. Une odeur délicate de lys blanc s'en dégageait, un parfum pareil à celui de la jeune fille. Hermione avait, selon toute vraisemblance, bien avancé dans sa lecture.

« -Je vois, dit il sobrement tout en laissant transparaître dans son regard une certaine réflexion intérieure. »

Cette attitude, peu commune chez Malfoy, troubla grandement Hermione. Silencieuse elle l'observait fixement. Elle aurait continué à l'examiner s'il ne s'était pas subitement retourner vers elle pour plonger son regard dans le sien. Hermione détourna rapidement la tête, un peu gênée. Draco s'aperçut de son trouble et en parut satisfait.

« -Tu t'intéresse également aux Edelweiss, reprit elle d'une voix plus sûre. »

« -Pas moi mais mon père, répondit il. Il possède la plus grande collection d'ouvrages sur cette famille, sans parler d'une chose encore plus précieuse… »

« -Laquelle ? demanda t-elle captivée. »

« -…l'ensemble des carnets de prophéties de tous les Edelweiss, un vrai trésor, ajouta t-il fier de lui. »

« -Tous les Edelweiss, dis tu ? »

« -Enfin presque, mise à part ceux des deux dernières de la lignée, précisa t-il. »

« -Zinnia et Yselle, souffla t-elle à demi mot. »

« -Je vois que tu as bien appris ta leçon, se moqua t-il gentiment. »

« -Mais comment ton père les a t-il obtenu ? Il n'est pourtant pas lié à cette famille, dit elle avec un brin de soupçon dans la voix. »

« -C'est là que tu te trompes, chère Granger, mon père est bien plus proche des Edelweiss que tu ne semble le croire, répondit il d'un air assuré. C'est en héritage qu'il a reçu ces documents uniques. »

« -En héritage ? s'étonna t-elle, et qui aurait pu les lui léguer ? Zinnia, Yselle ? J'ai du mal à croire que se soient elles. »

Pour seule réponse, il lui sourit d'un sourire qui voulait dire de chercher ailleurs la solution à cette énigme.

« -Je viens d'avoir une idée, reprit il subitement. »

Hermione le regarda d'un air interrogateur.

« -Pour notre devoir, précisa t-il. Nous allons étudier la prophétie d'un Edelweiss. Mon père nous en enverra une par courrier. Il suffit que je le lui demande. »

« -C'est de la triche, s'offusqua t-elle. »

« -Pas du tout, protesta t-il. Mon père ne fera qu'envoyer un livre de prophétie, il ne tiendra qu'à nous d'y dénicher quelque chose d'intéressant. Allé, Granger, je suis sûre que tu te feras une joie de consulter un bouquin si rare. »

La jeune fille fit une petite moue de contestation mais finit par approuver ce projet. Malfoy la connaissait bien mieux qu'elle ne l'imaginait.

***************

        

         Les vacances de Noël arrivèrent bien vite. Sirius Black se présenta à Poudlard la veille du réveillon. Harry constata que son parrain avait retrouvé sa gaieté habituelle. Il avait craint tout d'abord que, malgré le temps passant, Sirius ne soit encore gêné de le voir. Mais il n'en était rien. L'homme les étreignit, Hermione et lui, avec beaucoup d'enthousiasme. Ces enfants lui avaient manqué. Harry ne su, au début, comment se conduire avec son parrain. Il était convaincu que Lupin lui avait fait part de leur entretien. Sans qu'il ne sache pourquoi, cela le mettait mal à l'aise vis-à-vis de son tuteur. Mais rapidement tout revint à la normal entres les deux hommes. Le repas de réveillon fut joyeux. Les professeurs, Dumbledore, Sirius, Hermione et Harry, tout le monde semblait apprécier ce moment passé ensemble, tout le monde, mis à part Rogue qui s'esquiva au cour de la soirée pour le plus grand bonheur de Sirius. Ses vacances rendaient Hermione heureuse. Elle avait retrouvé, dans ces moments passés avec Harry et son parrain, l'atmosphère de son été à Brighton. Son bonheur était du également, en grande partie, aux cadeaux qu'elle avait reçu le jour de Noël. Harry et elle s'étaient installés pour l'occasion dans les appartements des préfets en chef. Ils avaient, la veille, partagé la chambre de la jeune fille et discuté, une tasse de chocolat chaud à la main, jusqu'au milieux de la nuit. Au petit matin, Hermione s'était réveillée, la mine réjouie. Elle avait laissé son ami profiter encore un peu de son sommeil et s'était précipitée dans la salle commune pour découvrir une myriade de cadeaux sous le sapin constellé de guirlandes. Après avoir déballé la plupart d'entre eux, elle se pressa d'ouvrir le dernier paquet qui lui restait. Le papier glacé enlevé, Hermione découvrit une boîte d'un vert profond. A l'intérieur, sous le fin papier de soie, se trouvait un magnifique cadre photo. Elle l'extirpa de son emballage pour le regarder à la lumière du soleil. L'argent du cadre brillait de mille reflets bleutés. Le dessus était surmonté d'un couple de petites fées aux ailes de papillon. En caressant leurs têtes minuscules, Hermione activa une douce musique. Elle approcha son oreille pour écouter plus distinctement cette mélodie que semblait s'échapper de ces deux petites figurines. C'était un présent précieux qu'elle venait de recevoir, pourtant aucune carte ne l'accompagnait. Hermione avait cependant une petite idée sur l'identité de l'expéditeur. Elle en rougit presque. Fouillant dans sa mallette bleue, elle y retira sa précieuse photo et la plaça dans le cadre. Les dimensions correspondaient parfaitement. Quand Harry se réveilla à son tour, il fut un peu déçu de constater qu'Hermione avait déjà fait un carnage dans les paquets cadeaux. Heureusement, elle se rattrapa par la suite et accepta de l'accompagner, Sirius et lui, au terrain de quidditch. Un carnet de notes à la main, elle se chargeait d'inscrire les performances de son ami comme il le lui avait demandé, tandis que Sirius le dirigeait. Tout se passait le mieux du monde…

« -Tu n'as pas vu Sirius, demanda Harry à Hermione quand il la croisa dans le couloir. Je le cherche, il m'avait promis de m'entraîner avant la nuit tombée. Je l'attendais sur le terrain mais il n'est pas venu. »

« -Et, bien, je l'ai vu partir précipitamment de la tour sud en début d'après midi, répondit elle avec un peu d'hésitation. Je voulais le saluer mais il avait l'air préoccupé, je n'ai pas insisté. »

« -Préoccupé ? Mais pour quelle raison serait il préoccupé. Il allait bien encore ce matin. »

« -Je n'en sais rien, Harry, reprit la jeune fille. Va le voir, il doit sûrement être dans sa chambre. »

Harry se précipita  en direction des appartements de son parrain. Hermione le suivait de près.

« -Que fais tu Sirius ? demanda le jeune homme quand il aperçut son tuteur empaqueter ses affaires. Je t'attendais. »

« -Je dois partir, dit Black les traits du visage crispés. »

« -Maintenant ? s'étonna Harry. Mais pourquoi ?»

« -J'ai…j'ai des choses à faire, répondit son tuteur en laissant transparaître dans son regard une profonde contrariété. »

« -Il y a bien une raison pour que tu partes comme çà, ajouta le jeune homme, dis moi ce qu'il y a … »

« -Laisse, Harry, intervint Hermione en tirant sur le bras de son ami. Si Sirius te dit qu'il doit partir, c'est qu'il doit le faire, il n'y a pas à discuter. »

A suivre…