LA COMPLAINTE DES EDELWEISS

CHAPITRE XIV :

            Bizarre mais rare.

« -Pourquoi tu souris comme çà, Granger ? »

Draco plongea son regard dans ceux de la jeune fille pour qu'elle détourne le sien et cesse de l'observer d'un air amusé comme elle le faisait à présent. Mais elle ne fléchit pas.

« -Pour rien, dit elle, pour rien. »

« -Alors arrête, çà te donne un air stupide, répliqua t-il avec arrogance. »

« -Tu n'as rien à me dire, Malfoy ? demanda t-elle à son tour. »

« -Rien ! répondit il d'un ton sec, ses bras repliés contre son torse. J'ai autre chose à faire que perdre mon temps à discuter avec toi. »

« -T'es sûre ? »

« -Qu'est ce qu'il y a, Granger, tu t'es fracassée le crâne contre une plaque de glace ou quoi ? demanda t-il de sa voix moqueuse. »

« -Non, moi, çà va, répondit elle simplement. »

Draco s'apprêtait à quitter leur salle commune mais Hermione l'en empêcha. Elle lui tira l'avant bras et l'entraîna rapidement dans sa chambre. Le jeune homme ne pu faire volte-face, il la laissa donc faire, non sans un peu de résistance.

« -Pourquoi tu m'amènes ici ? grommela t-il. »

« -Pour te montrer mon cadeau de Noël, répondit elle simplement un sourire coquin aux lèvres. »

Hermione tendit sa main pour lui montrer sa table de chevet où reposait le fameux cadre en argent. Elle se tourna vers lui pour croiser son regard. Draco demeurait impassible.

« -Comme çà ma famille est protégée, reprit elle gaiement. Tu sais, c'est peut être le plus beau cadeau que l'on m'ait offert cette année. »

« -Il faut croire que celui qui te l'a fait à du goût, répondit Draco dont les yeux s'animèrent imperceptiblement. »

« -Pour ce genre de chose, peut être, ajouta t-elle doucement. »

Puis elle prit appuie sur le bras gauche du jeune homme, se mit sur la pointe des pieds et se hissa jusqu'à atteindre son visage. Sans savoir exactement pourquoi, Draco se pencha un peu vers elle, elle pu, de cette manière appliquer un baiser délicat contre sa joue.

« -Merci, lui souffla t-elle dans l'oreille. »

Avec grâce, Hermione reposa ses petits talons contre le sol. Elle repartit aussitôt sans avoir pris la peine de regarder une dernière fois Draco. Peut être aurait elle pu constater à quel point elle l'avait troublée.

***************

            Après son bref entretien avec Malfoy, Hermione se pressa pour rejoindre la salle commune des griffondores pour y accueillir Ron et Ginny. Sur le chemin qui la menait vers ses amis, elle ne pouvait s'empêcher de se réjouir. De se réjouir du retour des Weasley, bien sur, mais ceci n'expliquait pas la joie qu'elle ressentait en cet instant. Son cœur battait fort, son estomac se contractait à chacun de ses sourires, son visage rayonnait de façon incontrôlable. Hermione goûtait quelques minutes de bonheur seulement parce qu'elle avait eu le courage de lui dire merci. Elle passa ses doigts contre ses lèvres gonflées. Il lui semblait que l'odeur de sa peau si trouvait encore. Elle en rougit un peu plus. Quelle idée avait elle eu de l'embrasser ? Qu'importe, elle en avait sentit le besoin, un besoin semblable à un caprice d'enfant. Après tout, Hermione Granger pouvait bien faire ce que bon lui semble, tant que cela restait raisonnable. Mais était il raisonnable d'éprouver ce genre de sentiment simplement parce qu'elle lui avait donné un chaste baiser sur la joue ? Cependant Hermione ne s'en souciait pas pour le moment, elle  savourait encore un peu cet instant, un instant durant lequel tous ses ennuis sommeillaient.

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            La nuit dernière, Hermione l'avait partagée avec ses amis, chez les griffondores. C'était une façon pour eux de célébrer leur retrouvaille. La dégustation de biscuits à la marmelade, confectionnés par Mrs Weasley, avait été un bon prétexte pour se réunir dans leur salle commune. Un thé bergamote-cerise en guise de boisson, ils avaient à tour de rôle parlé de leurs vacances de Noël. Ron s'était bien amusé à leur raconter comment Percy avait présenté Pénélope, sa fiancée, à ses parents lors du réveillon. Le petit groupe y compris Harry en avait bien ri. Hermione fut ravie de constater que son ami avait retrouvé sa bonne humeur. Depuis que son parrain était parti, pourtant, il avait paru préoccupé. Peut être que la jeune fille aurait du s'abstenir de lui préciser que Sirius lui avait paru soucieux. Le mal était fait et il lui serait impossible de revenir en arrière. Elle pouvait comprendre que ce départ soudain, qui ressemblait bien plus à une fuite, puisse paraître étrange, mais Sirius avait toujours eu un comportement à double tranchant, son humeur vacillant d'un moment à l'autre, la prison pensait Hermione, la prison y était sûrement pour beaucoup. Elle s'étonnait parfois de le voir sourire quand elle repensait à ce qu'il avait vécu. Comment en était il encore capable ? La force d'esprit dont il faisait preuve le plus souvent, c'est ce qui rendait Hermione très admirative face son nouveau tuteur, qu'importent ses accès de colère, son côté impulsif. Elle ne lui était que trop redevable d'avoir pris soin d'elle et de l'avoir intégrée à la famille, qu'il formait déjà avec Harry, sans aucune réserve. Evidement, tout comme son ami, elle s'était posée des questions sur ce départ précipité, ce visage noyé dans une expression indescriptible. Harry et elle en avaient même discuté longuement mais, bien sur, ils n'avaient pas pu en déterminer la raison. Hermione en était restée là et avait mis sa curiosité de côté, elle savait qu'il en était autrement pour Harry. Le jeune homme n'avait pourtant rien laissé paraître mais Hermione était convaincue qu'il ne cessait de repenser à son parrain, apeuré qu'il était de déceler dans ce comportement étrange, le retour possible de Voldemort. La mort planait autour de lui encore et toujours, cette situation l'effrayait, non pas parce qu'il craignait pour sa vie, mais parce qu'il craignait dans souffrir à nouveau. Hermione s'endormit sur cette pensée, le visage préoccupé d'Harry en mémoire.

***************

« -Te voilà ma petite fille. »

« -Qui êtes vous ? demanda t-elle d'une voix apeurée. »

L'homme sortit de l'ombre, grand, impressionnant, vêtu d'une longue capeline qui lui cachait le visage. Elle se mit à trembler.

« -Tu ne te rappelles pas de moi, mon enfant ? As-tu oublié mon visage ? demanda l'homme en s'approchant d'elle. »

Il tira sur sa capuche et découvrit son visage. Elle n'y vit que son regard, sombre et pénétrant, deux ronds noirs qui la fixaient sans jamais se détourner.

« -Moi, reprit il, je me souviens de toi, ma petite fille, c'est ton regard, tes yeux qui sont à moi, qui m'ont appris qui tu étais. »

Sa voix sifflait comme les cordes d'un alto que l'on pince.  Elle résonnait prenant une teinte aussi sombre que la nuit qui les entourait.

« -Tu es venu me rejoindre, gentille fillette, ajouta t-il. »

Il lui tendit une main blanche comme la craie, son poignet droit se découvrit et elle pu voir, de cette façon, une marque se dessiner à la surface de sa peau.

« -Viens, viens te dis je, siffla t-il à nouveau. Tu es à moi, mon enfant, à moi, aujourd'hui et pour toujours. »

« -Non, parvint elle à dire dans un murmure. Non ! Je ne vous appartiens pas. »

Elle avait protestée de toutes ses forces, mais ses paroles semblaient se perdre dans sa gorge. Son rire moqueur vint à lui glacer le sang.

« -N'en soit pas si sûre, dit il tout en pointant son doigt vers sa poitrine. »

Aussitôt, elle ressentit une douleur aigue lui perforer sa peau, s'incruster dans sa chaire. Elle rapporta sa main là où s'infiltrait le mal puis la retira pour y voir le sang qui la recouvrait, du sang noire répandu sur sa poitrine, imbibant sa chemise blanche, un sang qui tombait en gouttes épaisses sur le sol humide. Elle en eu peur et la souffrance redoubla. L'homme s'approcha de nouveau, tendant maintenant ses deux bras vers elle.

« -Tu es à moi aujourd'hui et pour toujours. »

Effrayée, elle recula, un pas en arrière, puis un autre. Elle finit par se retourner pour courir, fuir aussi vite qu'elle le pouvait. Hors de la forêt, dans la plaine blanchie par la neige, elle cavalait à grandes enjambées. Une pierre coincée dans la terre la fit trébucher. Elle tomba lourdement contre le sol enneigé, ses genoux meurtris par la chute. Elle n'eut pas le temps de prendre en compte ses nouvelles blessures, elle craignait trop qu'il ne la rattrape. Une étendue lumineuse brillait au loin, elle s'en rapprocha. C'était le lac, celui de Poudlard que la lune illuminait. Elle plongea ses pieds dans l'eau glacée, puis ses mains. Elle voulait à tout pris se laver du sang qui la souillait. Elle avança au fur et à mesure dans le lac. Sans qu'elle ne s'en aperçoive, elle fut complètement immergée par l'eau. Elle avait perdu pied, elle paniquait et bientôt l'air lui manqua. Quand elle voulut ressortir sa tête de l'eau, elle ne pu le faire. Une glace épaisse recouvrait le lac, empêchant la jeune fille de remonter à la surface. Elle tapait, tapait, ses petits poings martelant la glace. Mais rien, aucun effet. L'air, plus d'air…

Un cri.

Draco se réveilla en sursaut. Encore ces cris. Il se leva bien vite, accouru devant la porte de sa chambre. Elle était là, elle pleurait dans son sommeil.

« -Ouvre, ouvre, maudit tableau, grommela t-il à Léonie. »

« -Pourquoi faire, petit serpent, répliqua t-elle méchamment, laisse la, elle rêve, seulement. »

« -'' Edina '',  cria t-il quand il se rappela du mot de passe, '' Edina '', répéta t-il. Maintenant que je l'ai prononcé ce foutu mot de passe, ouvre ! »

Léonie ne pu faire autrement que de lui obéir. La porte grinça. Le jeune homme fut libre d'entrer dans cette chambre où la voix d'Hermione ne s'exprimait plus que par de petits gémissements.

«-Réveille toi, Granger, lui dit il en la secouant vigoureusement, réveille toi. »

Dans un bond soudain, la jeune fille se leva.

« -Je suis morte ! cria t-elle. Je suis morte ! »

« -Mais non, qu'est ce que tu racontes encore, répondit il vivement. »

Il parlait pour la rassurer, d'un ton dur peut être, mais seulement pour son bien. Quand elle eut, en partie, retrouver ses esprits, elle se jeta instinctivement dans ses bras pour trouver du réconfort. Elle tremblait, il pouvait le sentir. Ses mains s'agrippaient à la chemise de Malfoy de façon désespérée. Il eut du mal à la calmer. Il l'aida à se rallonger sur son lit.

« -J'ai peur, j'ai peur, murmura t-elle. »

Hermione était recroquevillé comme un petit chat apeuré. Le regard perdu. Son corps tremblait encore.  Draco n'eut pas le courage de la laisser, pourtant, dieu sait, qu'il aurait aimé retrouver son lit pour se reposer à nouveau. Il s'approcha d'elle. Elle lui saisit aussitôt son poignet. Ce geste le fit presque sursauter.

« -Ne me laisse pas seule, le supplia t-elle d'une voix mal assurée. »

Il la regarda encore, plongeant son regard dans ses petits yeux rougis par les larmes.

« -Fais moi de la place, alors, lui dit il sobrement. J'ai besoin d'espace pour dormir. »

Hermione se déplaça légèrement pour qu'il puisse s'allonger à côté d'elle. Quand il fut installé près d'elle, elle se rapprocha un peu pour ne pas perdre ce contact rassurant. Draco ne fit aucun commentaire, il la laissa faire avec une passivité incroyable.

« -J'ai rêvé d'un homme que je ne connaît pas et d'un mal que je n'ai jamais ressenti, murmura t-elle l'esprit encore plongé dans ses pensées. Pourtant c'était moi, cette personne qu'il appelait '' ma petite fille ''. Il a prononcé un nom mais je ne me souviens plus lequel. »

« -Ce n'est rien, Granger, répliqua Draco qui avait déjà fermé ses yeux, ce n'est rien d'autre qu'un rêve. Dors, maintenant, dors. »

***************

            Draco n'avait rien dit. Il n'avait prononcé aucune parole. Comme si la nuit dernière n'avait été qu'un long et interminable rêve. Le silence était peut être préférable. Que se passait il avec elle ? Un baiser, puis cette nuit. Hermione avait eu de bonnes raisons de se comporter ainsi. Elle avait eu peur. Si peur qu'elle n'avait pu le cacher même à, lui, son pire ennemi. Etait il réellement son ennemi ? Non. Plus d'insulte entre eux, quelques chamailleries ordinaires mais rien d'autre. Si, quelque chose d'autre. Son cœur, celui d'Hermione, il battait fort. Fort quand il était près d'elle, fort quand ses yeux de diamantine se posaient sur elle, fort quand il la touchait, la frôlait. Elle qui pouvait avoir une telle maîtrise d'elle-même, en temps normal, s'emballait comme une petite fille qu'elle n'était plus. Peut être n'avait il rien remarqué. Sûrement. Ne lui avait il pas dit, un jour, qu'elle était bizarre ? Elle l'était. Tout le monde était d'accord à ce propos. Il ne pouvait mettre ce comportement étrange que sur le compte de sa seule bizarrerie. Oui, il n'y a qu'une fille comme elle qui pouvait l'inviter sans gêne comme elle l'avait fais cette nuit là. Une bizarrerie, rien de plus. Elle ne devait pas s'en soucier. Son esprit ne lui en laisserait d'ailleurs pas la possibilité, parce qu'elle avait peur, encore et toujours peur. Mais elle tiendrait, elle ne laisserait rien transparaître. Tout ce qui l'effrayait, elle saurait le maintenir caché en elle, l'enfouir pour le bien de chacun.

***************

« -Miss Granger, Mr Malfoy… »

Miss Sullivan s'approcha de leur table, après s'être attardée longuement sur le groupe que formaient Parvati et Lavande.

« -…avez-vous choisit la prophétie que vous allez étudier ? leur demanda t-elle. »

« -Oui, répondit Hermione, nous l'avons trouvée dans le carnet prophétique de Prediger Edelweiss. »

« -Le 13ième prédicateur, s'étonna le professeur avant de se tourner vers Draco et de lui dire un sourire aux lèvres. C'est très aimable de la part de votre père de vous laisser disposer de sa collection. »

« -Que voulez vous mon père ne peut rien me refuser, lui répondit il avec un regard équivoque. »

« -Tant que cela n'est pas réciproque, reprit elle, je suppose que c'est tout à vôtre bénéfice. »

« -Voudriez vous savoir quelle prophétie exactement nous avons choisit ? intervînt Hermione qui s'était sentie étrangement écartée de la conversation. »

« -Non, Miss Granger, répondit son professeur de sa douce voix habituelle, je préfères garder la surprise. Je suis sûre que vous ne manquerez pas de m'étonner. »

Draco l'assura d'un hochement de tête et d'un petit sourire en coin. Hermione trouva le comportement du jeune homme, à l'égard de Miss Sullivan, bien curieux. Une fois le cours terminé, la salle de classe se désemplit rapidement. Quand elle fut entièrement vide, un oiseau vînt à toquer à l'aide de son bec contre l'une des vitres des grandes baies. La jeune femme s'empressa de lui ouvrir. L'animal salua sa maîtresse avant de se poser sur son épaule. C'était une corneille, oiseau d'un noir de geai, au plumage brillant et au regard vif.

« -Turtledove, Turtledove, mon amour de Turtledove, alors, que penses tu de ce Malfoy ? demanda t-elle d'un ton enchanteur à l'oiseau qui enserrait son épaule. »

Aussitôt, une douce mélodie s'échappa du bec de l'animal, une mélodie qui disait :

« -L'enfant blond aux yeux d'argent

L'enfant du premier partisan

Il s'endort savant

Et se réveillera ignorant

Parce qu'il croit savoir

Savoir est un pouvoir

Mais ne sait pas le pire

Mais ne sait ce qui est à venir. »

Miss Sullivan caressa la petite tête de son oiseau et lui offrit un morceau de biscuit que l'animal picora aussitôt.

« -Pas pour le moment, mais çà ne serait tarder. »

***************

            Quand il entra, elle était là, au centre de la pièce. Ses petits pieds martelaient l'épais tapis de velours dans une cadence régulière. Ils suivaient le rythme de la mélodie qui avait inondée le lieu. Ne résonnait plus que le vieux disque de jazz et la voix frêle d'Hermione qui essayait de se caler sur les paroles de la chanson. Les yeux fermés, elle tournait, dansait, les bras dans les air comme s'ils se reposaient sur les épaules d'un partenaire imaginaire. Sa tête se balançait de droite à gauche et son corps ondulait d'une manière égale. La lumière de la cheminée s'accrochait  aux boucles de cheveux, tout comme elle le faisait le soir où il était rentré à moitié ivre. Tout semblait pareil à cette nuit. Tout, jusqu'à cette chemise de nuit blanche qui lui allait si bien. Le contre jour laissait entrevoir la fine silhouette de la jeune fille à travers le linge de coton qui valsait au grée de ses mouvements. Tout semblait pareil, si ce n'est qu'aujourd'hui, elle souriait. Sans faire de bruit il s'avança, retira ses chaussures une à une et vînt près d'elle. Il glissa doucement mais sûrement une main autour de sa taille et l'autre dans la sienne. Hermione ouvrit immédiatement ses paupières et son sourire se fana dans la surprise.

« -Malfoy, que fais tu ? »

« -Je n'allais pas te laisser danser toute seule comme une idiote, lui répondit il d'un air narquois. »

Hermione plongea son regard dans le sien. L'œil du jeune homme brillait d'un éclat bien mystérieux.

« -…çà t'arrive souvent de danser comme çà ? lui demanda t-il d'un ton moqueur. »

Il la tira un peu plus contre lui.

« -…rêverais tu du prince charmant, Granger, lui susurra t-il à l'oreille. »

Hermione s'écarta légèrement de son contact sans se défaire totalement de la prise qu'il exerçait sur elle. Elle le regarda à nouveau puis sourit à son tour. Elle referma alors ses yeux et chantonna à nouveau à tus tête sous le regard surpris de Malfoy.

« -Tu es bizarre, Granger, vraiment bizarre. »

Il se pencha vers elle, un peu plus à chaque fois. Au moment où elle entrouvrit ses lèvres, il les captura pour lui donner un tendre baiser. Hermione ne fit rien. Elle ne recula pas, ne protesta pas. Elle attendait.

« -C'est vrai que tu es bizarre, lui souffla t-il à nouveau, mais j'aime çà. »

Hermione rouvrit ses yeux pour constater que l'expression du jeune homme avait changé. Il souriait toujours mais plus avec suffisance, non, son sourire était doux, presque aimant. Elle en paru désarmée mais ne se laissa pas amadouée.

« -N'avais tu pas un entraînement ce soir ? lui demanda t-elle comme si de rien n'était. »

« -Je suis heureux de constater que tu t'es bien renseignée sur mon emploi du temps. »

« -Je voulais juste m'assurer que tu ne me dérangerais pas, répliqua t-elle. »

« -Cà aurait été bête si je t'avais surpris entrain de danser, n'est ce pas ? se moqua t-il. Imagine. Granger qui croit danser avec des fantômes, çà en ferait rire plus d'un. »

« -Tes amis je suppose ? Je suis sûre qu'ils riraient autant s'ils te voyaient danser avec moi en ce moment, tu ne crois pas ? répliqua t-elle sarcastique. »

« -S'il n'y avait que la danse…ajouta t-il d'une voix chaude. »

Quand elle plongea ses grands yeux dans les siens, elle su que ce qu'elle avait désirée, au fond d'elle, se produisait à cet instant. Il caressa du plat de sa main le doux visage de la jeune fille avant de saisir son menton et de le tirer vers lui. Il l'embrassa à nouveau. Ses lèvres brûlantes touchèrent les siennes avec fougue. Hermione en fut surprise. Elle entrouvrit sa bouche légèrement. Draco en profita pour y glisser sa langue, sans qu'elle ne proteste. Elle aimait çà. Mais qu'aimait elle au juste, ce baiser ou bien celui qui le lui donnait ? L'un n'allait pas sans l'autre pensa t-elle. Ils se détachèrent l'un de l'autre, un bref moment, Hermione en profita pour faire un bond en arrière. Un large sourire au visage, elle lui dit :

« -Que penses tu faire avec moi, Malfoy ? »

Le jeune homme lui renvoya un sourire équivoque. Elle recula, pas après pas, en direction de sa chambre mais elle ne fut pas assez rapide à ce jeu là. Draco la rattrapa promptement en agrippant ses deux bras. Elle en sursauta.

« -Tu pensais m'échapper si facilement, Granger ? demanda t-il un éclair malicieux dans le bleu de ses yeux. »

Il l'attira vers lui vivement. Elle reposa ses mains contre son coffre, reprit son sourire angélique avant de glisser ses bras autour de son cou, se lever sur la pointe des pieds pour mieux l'embrasser, à son tour.

« -Je voulais juste voir ta réaction, lui répondit elle. »

« -Curieuse, Granger ? Si tu le veux je peux te montrer d'autres choses, ajouta t-il tout en laissant sa main ramper sur la cuisse de la jeune fille. »

Elle arrêta sa progression d'un geste délicat de la main mais il n'en retira pas pour autant la sienne qui continuait à caresser le grain de sa peau. Quand elle comprit qu'elle ne pouvait plus rien faire contre lui, plus rien pour lui résister, elle se blottit un peu plus dans ses bras. Il la souleva alors et elle enserra ses jambes autour de sa taille. Ses lèvres continuèrent à voyager d'une parcelle de peau à l'autre tandis qu'il la déposait contre le tapis de velours sur lequel elle vînt à s'étendre, son corps à lui contre le sien. Tout son être brûlait, de la pointe de ses doigts jusqu'à ses petons rosées qui se courbaient à chaque fois qu'il s'appuyait contre elle : ses mains, ses lèvres, ses jambes, son bassin…Aucun de ses mouvements, de ses gestes ne lui échappaient. Elle sentait toute chose avec une acuité accentuée, comme si son corps se réveillait, plus sensible aux caresses du jeune homme, à ses baisers. Son coeur s'emballait, martelant sa poitrine dans laquelle son cœur semblait s'étouffer. Mais, à ce moment précis, la douleur n'était plus que plaisir et le ravissement n'était plus que douleur. L'exaltation qui l'envahissait finit par se refléter dans son sourire tandis que Draco embrassait fougueusement l'un de ses seins. Un gémissement s'échappa de ses lèvres, puis un autre et un autre. Il en fut ravit. Il s'arrêta un instant pour croiser son regard.

« -Es tu sûre de le vouloir ? lui demanda t-il avec sérieux. Je peux encore m'arrêter si tu le veux, enfin je peux essayer. »

Elle lui renvoya un sourire tendre en guise de réponse avant de caresser sa joue pour l'attirer contre elle, au plus près d'elle et saisir ses lèvres gonflées par les baisers. Il releva progressivement sa nuisette jusqu'à découvrir son ventre crémeux qu'il embrassa aussitôt. Il promena l'une de ses mains le long de sa jambe avant de la laisser errer entres ses cuisses. Elle se courba aussitôt à son contact et se resserra un peu plus contre sa prise. Hermione se sentit perdre pied, elle saisit le poignet de Draco pour qu'il accentue sa pression. Il obtempéra aussitôt avant de se dégager doucement.

« - Je ne te ferais pas de mal, lui souffla t-il quand il approcha ses lèvres de son oreille. »

« -Je le sait, répondit elle haletante avant qu'il ne vienne se glisser en elle. »

Dans la nuit qui entourait Poudlard ne résonnait plus que leurs deux voix, leur deux voix essoufflées et la complainte du vent qui venait se fracasser sur les fenêtres de la salle qui les abritaient. Hermione finit par s'endormir dans les bras chauds de son amant, un sourire réjoui aux lèvres.

« Ah ! Les plus doux plaisir de ce monde souvent font les meilleurs amours. »

Alfred de Musset

A suivre…