Je sais que j'ai été un peu longue pour ce chapitre, mais ne vous impatientez pas, ça risque d'être souvent le cas !
Comme j'ai complètement oublié de le faire dans le précédent chapitre, je précise ici, pour ceux qui n'avaient pas compris, que cette fic intervient après l'anime et les deux films. Il se peut aussi que je glisse quelques références au manga par-ci, par-là, alors il vaut mieux connaître à peu près toute l'histoire.
Je veux aussi m'excuser pour ceux qui ont essayé de m'envoyer des reviews et n'y sont pas arrivés : j'avais oublié d'accepter les reviews anonymes ! Mais c'est réparé maintenant... je crois. ^__^ ;
Merci à Karotte, Shinji et Oyne pour leurs reviews, ça fait très plaisir de savoir que quelqu'un lit ce qu'on écrit !
Disclaimer : Sakura et Cie ne sont pas à moi, mais à Clamp (je crois...), et je ne fais aucun argent sur cette fic.
Et maintenant, place à l'histoire !
Chapitre 2 : Un gardien et des démons.
Sakura se réveilla en sursaut pour admirer en gros plan le visage de Kéro :
-Sakura ! Tu es incorrigible. Ca fait un quart d'heure que je t'appelle !
Comme la scène lui était déjà vaguement familière, les couvertures volèrent et ne manquèrent pas de retomber sur la pauvre peluche ailée.
-Oh non ! Pourquoi est-ce que cet imbécile de réveil ne sert jamais à rien ? se lamenta Sakura. Je vais encore être en retard !
-Si tu n'avais pas le sommeil aussi lourd, ça n'arriverait pas, ronchonna Kéro en se tirant de ce mauvais pas.
-Mais que veux-tu que j'y fasse ? Je suis en pleine croissance, moi ! réussit-elle à articuler tout en enfilant son uniforme.
Elle se débattait avec sa veste quand la voix de son père retentit dans l'escalier :
-Sakura ! Le petit déjeuner est prêt !
-J'arrive ! Merci, Kéro, ajouta-t-elle en empoignant la brosse à cheveux qu'il lui tendait.
Le temps de se donner quelques coups de peigne et elle dévalait les marches.
-Bonjour, Sakura !
-Bonjour, papa ! Et bonjour, maman, ajouta-t-elle pour la photo posée sur la table de la cuisine. Thomas est déjà parti ?
-Oui, répondit son père. Ses cours commencent cet après-midi, mais il est allé au restaurant avec Mathieu. Tu devrais te dépêcher, ma chérie !
-Oui !
Quand Sakura put enfin souffler, elle était déjà en route pour le collège. Prenant enfin le temps de réfléchir, elle sentit le rouge lui monter aux joues. Lionel ! Elle était tellement pressée ce matin-là qu'elle avait oublié la grande nouvelle.
Alors qu'elle prenait un virage en se demandant quelle attitude prendre, elle faillit rentrer dans un passant. Déviant sa route en catastrophe, elle trébucha et serait tombée si un bras ne l'avait pas brusquement retenue par la taille.
-Sakura ! Est-ce que ça va ?
-Oui, merci ! Je suis désolée, s'excusa-t-elle, gênée, avant de réaliser que le passant en question l'avait appelée par son nom.
-C'est rien. Mais tu m'as une sacrée peur, tu sais, dit encore l'inconnu avant qu'elle ne se retourne.
Sakura sentit ses joues chauffer.
-Lionel !
L'objet de ses pensées la regardait en souriant, son sac à la main. Son sourire augmenta encore en voyant son trouble.
-Je crois qu'on devrait y aller. On va être en retard.
-Oh ! Tu sais, pour moi, ça n'a rien d'exceptionnel, parvint-elle à articuler pendant qu'ils se remettaient en route. Mais toi, ce n'est pas ton genre.
-Je viens d'emménager, expliqua-t-il. Je n'ai pas encore tout rangé.
-Ah !
Il y eut quelques instants de silence, puis Sakura se tourna vers lui en souriant.
-Qu'y a-t-il ? demanda Lionel.
-Je suis heureuse que tu sois revenu, avoua-t-elle.
***
Les jours suivants passèrent comme dans un rêve. Lionel parlait peu de sa vie à Hongkong, mais il était là, et c'était tout ce qui importait à Sakura. Il se révéla aussi un peu plus bavard, mais il ne faisait jamais allusion à ce qui s'était passé entre eux avant son départ. Comprenant qu'il veuille reprendre ses marques, elle attendait, flottant sur un petit nuage. Elle avait oublié l'incident des cartes et lui ne lui posait pas de questions sur la magie.
Tiffany était heureuse parce que sa meilleure amie l'était, Yué et Kéro oubliait leurs soupçons devant le bonheur de leur maîtresse, et tout allait bien dans le meilleur des mondes...
***
Une semaine plus tard. Fin des cours.
Sakura, Tiffany et Lionel se dirigèrent vers le portail du collège.
-Sakura ?
-Oui, Tiffany ?
-Je dois rentrer avec mes gardes du corps, aujourd'hui. Je ne pourrais pas te raccompagner, dit son amie, désolée.
-Oh ! C'est pas grave. Mais qu'est-ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose à ta mère ? s'inquiéta Sakura.
-Non, non ! Elle a juste décidé de prendre un jour de congé pour souffler un peu et m'emmener faire les magasins.
-Ah ! Je suis contente pour toi. Elle est vraiment très occupée.
-Oui. Tu es sûre que ça ne te gêne pas ? insista Tiffany.
-Mais non ! Lionel et moi, on va faire un bout de chemin ensemble. Pas vrai, Lionel ?
-Bien sûr, répondit l'intéressé.
-Super ! A demain, alors, salua-t-elle, soulagée.
-Oui, à demain !
Sakura regarda son amie rejoindre la voiture aux vitres teintées qui l'attendait non loin du portail sous les regards intrigués des autres élèves, puis se tourna vers Lionel.
-Bon, on y va ?
***
Comme d'habitude, ils parlèrent de tout et de rien durant le trajet, et Sakura eut l'impression que le temps avait triché quand ils parvinrent à l'intersection où ils devaient se séparer. C'est à ce moment qu'elle eut une idée.
-Ah ! Mais j'y pense. Tu n'as toujours pas revu Kéro ! Tu pourrais venir à la maison, si tu veux. Thomas n'est pas là, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.
Lionel tressaillit et détourna les yeux. Etonnée, Sakura s'inquiéta :
-Lionel ? Ca ne va pas ?
-Si, si ! Tout va bien, répondit-il en souriant à nouveau. Mais je ne peux pas venir. Mes soeurs doivent m'appeler ce soir et il faut que je sois là pour décrocher.
-Oh, c'est dommage, dit Sakura, sincèrement navrée. Une autre fois, peut-être.
-Oui.
-Bon. Eh bien, à demain, alors ! Et salue tes soeurs pour moi !
-Je n'oublierai pas.
Ils se séparèrent et Sakura repartit en s'absorbant dans ses pensées.
***
Elle regagna sa maison et entra en chantonnant, avant de monter les escaliers, son sac à la main. S'arrêtant devant la porte de sa chambre, elle tendit l'oreille et entendit une petite musique. Ouvrant la porte à la volée, elle fit une entrée fracassante :
-Encore sur la console ? dit-elle bien fort.
Elle s'immobilisa brusquement, un pied en l'air. Le refrain provenait bien de l'écran, mais celui-ci annonçait en grosses lettres rouges : GAME OVER. La console était posée par terre, et la chambre était déserte.
-Kéro ? appela-t-elle intriguée.
Sakura fouilla la pièce du regard, s'attendant à moitié à ce qu'il sorte de derrière une pile de vêtements. Comme rien ne venait, elle se décida à poser son sac.
" C'est bizarre, se dit-elle. D'habitude, quand il sort de la chambre, il éteint la console. Peut-être qu'il était pressé... Mais pourquoi ? "
Soudain, elle eut un éclair de compréhension et se rua dans les escaliers.
" Peut-être parce qu'il m'a entendu rentrer, et qu'il voulait me faire peur ! "
-Eh bien, c'est raté, ajouta-t-elle tout haut. Allez, Kéro, sors ! Les meilleures plaisanteries sont les plus courtes !
Pas de réponse. Elle s'arrêta en bas de l'escalier, indécise. Où avait-il pu se cacher ?
" Il n'aurait quand même pas refait le coup du frigo ? " s'interrogea-t-elle, incrédule.
En désespoir de cause, elle se dirigea quand même vers la cuisine et se planta devant l'objet en question. Elle inspira un grand coup et saisit la poignée à deux mains avant de tirer d'un coup sec.
-Trouvé ! cria-t-elle.
Les restes de poulet et les crèmes au chocolat restèrent froids à son apparition. Pas de petit lion jaune en vue. Elle ferma les yeux dans un effort désespéré pour garder son calme.
-Kéro, je ne joue plus ! s'exclama-t-elle de manière à ce qu'on l'entende dans toute la maison. Arrête ça tout de suite et sors !
Toujours rien. Sakura commença franchement à s'inquiéter. Elle songea un instant à appeler Tiffany avant de se rappeler que son amie ne pourrait rien pour elle ce soir. Lionel, alors ?
" Et si ce n'était vraiment qu'une blague ? Il risquerait de ne pas pouvoir parler à sa famille parce que j'ai peur de mon ombre ! Non, je vais le chercher moi-même. Il ne peut pas être loin après tout " ajouta-t-elle pour se rassurer.
-Quand même, Kéro ! A quoi, tu joues ? dit-elle encore dans un dernier espoir de bonne volonté de sa part.
Comme il n'y avait toujours pas d'une réponse, ou même d'un gloussement, elle mit son projet à éxecution. Commençant par sa chambre, elle passa la maison au peigne fin. Elle n'aurait jamais cru qu'il y avait autant d'endroits dans ces pièces, qu'elle connaissait si bien, où quelque chose ou quelqu'un de la taille d'une petite peluche pouvait se cacher.
Elle était sur le point de craquer et d'appeler Lionel à la rescousse quand elle parvint à la salle de séjour. Et elle s'écroulait sur le canapé pour souffler un peu quand elle vit enfin la chose.
Effrontément posée sur la table basse, elle faisait à peu près 10 cm de haut, et était hideuse. Ce n'était pas vivant, Sakura s'en rendit vite compte, mais ce n'était pas évident au premier coup d'œil, et elle passa quelques temps à réprimer les battements de son cœur.
L'objet représentait une créature quadrupède, assise sur son postérieur à la manière de n'importe quel chien. Sauf que c'était bien plus laid qu'un chien. La peau, rouge sombre, était couverte de petites excroissances, comme celle des crapauds : des verrues. Les pattes étaient munies de griffes acérées, faites pour déchirer la chair, et la queue qui s'enroulait autour d'elles, en plus d'être fourchue, était tellement tordue qu'on n'aurait dit que l'os en avait été brisé en une dizaine d'endroits. Une paire d'ailes de chauve-souris d'un noir profond, fixée derrière les épaules, était à moitié déployée. Il n'y avait pas de cou. La tête, de forme reptilienne, était surmontée de deux petites cornes, et la bouche, démesurée et retroussée dans un rictus d'amusement malsain, laissait entrevoir des crocs impressionnants. Mais les oreilles, au contraire, étaient minuscules, tout comme les yeux, qui, tout en accuentant la cruauté de l'expression, semblaient prêts à s'agiter dès que la créature prendrait vie, pour ne rien manquer de ce qui se passait autour d'elle.
A ce moment précis, ces yeux fixaient Sakura, ce qui la mettait horriblement mal à l'aise. Elle ferma les yeux aussi fort qu'elle le pouvait, espérant, sans trop y croire, qu'elle était juste très fatiguée, et que ça disparaîtrait dès qu'elle regarderait de nouveau la table. Raté.
L'horrible statuette était toujours là, mais bizarrement, elle semblait regarder ailleurs. Un peu plus sûre d'elle, Sakura se demanda que faire, et l'idée la plus sensée qui lui vint fut de se précipiter sur le téléphone et d'appeler Lionel, famille ou pas.
" Mais si c'était une farce de Kéro ? se demanda-t-elle quand même, alors qu'elle était prête à se lever. Ce serait vraiment de très mauvais goût, mais avec lui, on ne sait jamais. Je vais peut-être aller jeter un coup d'œil... Oui, c'est ça ! se dit-elle avec force. Je vais aller regarder ça de plus près. Si Kéro voulait me faire peur, comme ça, il comprendra que ça ne marche pas et il se montrera ! "
Elle prit donc son courage à deux mains, se leva lentement et entreprit de faire le tour de la petite table, surveillant l'objet d'un regard suspicieux ( et malgré tout, un rien effrayé ) et écoutant les bruits de la maison pour entendre l'apparition de son ami. Elle revint à son point de départ bredouille. Et, puiqu'il fallait bien faire quelque chose, elle s'approcha et regarda la statuette dans les yeux.
Un éclair. Sakura fit un pas en arrière, surprise. Elle était presque sûre d'avoir vu quelque chose passer dans les yeux de la créature. Tremblante, mais déterminée, elle avança encore, se baissa et planta de nouveau son regard dans celui de la chose.
Elle resta plusieurs minutes dans cette position, comme hypnotisée. Et, lorsqu'elle se redressa, elle tituba tant bien que mal jusqu'au divan où elle se laissa tomber pour fondre en larmes.
***
Mathieu poussa la porte du restaurant et traversa la terrasse pour gagner la rue où Thomas l'attendait déjà.
-Il n'y avait pas beaucoup de monde, aujourd'hui.
-Ce n'est pas pour ça que le patron nous a laissé ralentir la cadence, répondit son ami en se mettant en marche.
-C'est sur qu'il n'est pas tendre, répliqua Mathieu en riant.
Continuant de bavarder, ils prirent le chemin de la maison des Gauthier. Thomas avait un projet à finir, et Mathieu avait proposé de l'aider. Ils devaient donc travailler ensemble ce soir-là.
Ouvrant la porte, Thomas lança l'habituel : " Je suis rentré ! " pour prévenir sa sœur qui devait déjà être là. Comme il n'entendait pas de réponse, il appela encore :
-Sakura ?
Il tendit l'oreille tout en enlevant son manteau, et entendit quelque chose dans le salon.
-Sakura, dit-il en approchant de la porte, Mathieu est là. Tu ne viens pas... Sakura !
Au cri de son ami, Mathieu, qui s'était attardé dans l'entrée, accourut. Sakura était recroquevillée sur le divan, la tête entre les mains, les épaules secouées de sanglots incontrôlables. Mais son regard, comme aimanté, glissa aussitôt sur la table basse qui lui faisait face.
Thomas se retourna en entendant un bruit de plumes dans son dos, au moment où une brise se levait en plein milieu de la pièce pour lui ébouriffer les cheveux. Comme il ne l'avait pas vu depuis assez longtemps, il lui fallut quelques instants pour reconnaître celui qui se tenait en face de lui.
-Yué ? s'exclama-t-il, surpris.
Le gardien lunaire, le regard lançant des éclairs, ne fit pas attention à lui et tendit la main vers la petite table.
-Qu'est-ce que cette objet fait là ? demanda-t-il d'un voix glaciale.
Thomas baissa les yeux, et eut un mouvement de recul devant la créature qui le dévisageait.
-C'est laid, se contenta-t-il de dire.
-Et ça pue la magie noire à plein nez, renchérit Yué d'un air sinistre.
-C'était comme ça quand je suis arrivée, renifla Sakura d'une petite voix, tentant de se calmer un peu.
-Tu veux dire que tu ne sais pas qui a mis ça là ? demanda son gardien en la regardant intensément.
Sakura ne répondit pas, les yeux dans le vague.
-C'est très important, Sakura, insista-t-il. Est-ce que Kérobéros l'a examiné ? Où est-il ?
A ces mots, Sakura ne parvint plus à se contrôler et se remit à sangloter de plus belle.
-Sakura ! s'exclama Thomas en la prenant dans ses bras. Je crois qu'il vaudrait mieux attendre qu'elle se calme pour lui poser des questions, ajouta-t-il pour Yué. Je vais l'emmener dans sa chambre.
Comme le gardien ailé acquiesçait en silence, il souleva sa sœur et l'emporta au le premier étage. Il venait de remonter la couverture au-dessus d'elle quand Yué reparut à la porte et se retransforma.
-On a fouillé toutes les pièces, dit Mathieu d'un air inquiet. Il n'y a pas trace de Kéro.
-Mais où peut bien être cette satanée peluche, marmonna Thomas pour lui-même en refermant la porte derrière lui.
-Il faudrait peut-être appeler Lionel.
Thomas grimaça. Il savait que le gamin était revenu, mais il ne l'avait pas revu jusqu'à maintenant, et à son sens, c'était très bien comme ça. Mais il devait bien reconnaître que ce coup-ci, il pouvait se révéler utile. C'était visiblement une affaire de magie, et il en connaissait trop peu sur le sujet pour se passer d'une aide quelconque.
Il marmonna un assentiment, et son ami fila vers le téléphone.
-La ligne était occupée, dit-il en revenant quelques instants plus tard. Tiffany est aussi injoignable, mais j'ai pu laisser un message.
Thomas soupira en jetant un coup d'œil par l'entrebâillement de la porte.
-Bon. Il n'y a plus qu'à attendre, alors.
***
Tiffany n'arriva qu'une bonne heure plus tard, les faisant sursauter en sonnant à la porte. La nuit était tombée, Sakura s'était endormie, épuisée d'avoir tant pleuré, et Thomas, qui veillait sur elle, commençait à piquer du nez. Aussi, ce fut Mathieu qui ouvrit la porte.
-Je suis venue aussi vite que j'ai pu, dit-elle, très inquiète. Vous savez ce qui s'est passé ?
-Toujours pas, répondit-il en l'emmenant au salon pour lui offrir du thé. Sakura n'a pas dit un mot, et j'ai eu beau examiner la statuette sous tous les angles, je n'ai rien trouvé, termina-t-il avec un geste d'incompréhension.
-Oh ! fit Tiffany en aperçevant l'objet en question. Tu avais dit que c'était laid, mais à ce point-là !
-On ne sait même pas ce que ça représente, au juste.
Il lui tendit une tasse de liquide brûlant.
-Merci. En tout cas, dit-elle d'un air pensif en soufflant sur son thé pour le refroidir, ça correspond tout à fait à ma vision d'un démon. Tu sais, les serviteurs de Satan.
-Oui, c'est vrai. Mais ça ne nous avance pas à grand-chose, conclut-il d'un air perplexe.
Il gardèrent le silence pendant que Tiffany finissait sa tasse.
-Tu crois que je peux aller voir Sakura, maintenant ? demanda-t-elle en la reposant.
-Il n'a rien qui t'en empêche.
Elle quitta le salon et monta l'escalier sur la pointe des pieds. Elle s'approchait de la chambre de son amie quand Thomas sortit.
-Rien de nouveau, se contenta-t-il de dire en la voyant.
Tiffany hocha la tête et passa derrière lui. Prenant une chaise, elle s'assit près de Sakura, qui dormait à poings fermés, et attendit, les yeux fixées sur son visage. Elle commençait à penser qu'elle devrait téléphoner à sa mère pour l'avertir qu'elle dormirait ici, quand Sakura ouvrit les yeux et se tourna vers elle.
-Tiffany ?
-Enfin, tu te réveilles, Sakura ! Nous étions inquiets, sourit-elle.
Sakura se contenta de murmurer un " désolé " d'une voix absente, les yeux dans le vide. Intriguée, Tiffany se leva :
-Je vais prévenir ton frère et Mathieu.
Comme aucune réaction ne venait, elle sortit et revint quelques minutes plus tard avec eux.
-Quelque chose ne va pas, Sakura ? demanda Mathieu en s'agenouillant près du lit.
Elle le regarda un instant sans paraître le reconnaître, puis elle s'assit et murmura :
-Kéro...
-Il est arrivé quelque chose à la peluche ? intervint Thomas.
Sakura inspira un grand coup pour retenir les larmes qui lui restaient et se leva.
-Est-ce que la statuette est toujours là ? demanda-t-elle d'une voix hésitante.
-Elle n'a pas bougé, répondit Tiffany.
Sakura acquiesca et se dirigea vers le salon. Les autres se consultèrent du regard et la suivirent. Lorsqu'ils entrèrent, elle avait pris la statuette et la regardait dans les yeux comme si elle attendait quelque chose. Puis, elle la reposa en soupirant.
-Il n'y a plus rien.
-Sakura, commença Mathieu en posant une main sur son épaule, excuse-moi, mais... où est Kéroberos ?
-Je ne sais pas, répondit-elle doucement en s'asseyant.
-Il est sorti ? insista-t-il.
Sakura prit sur elle et dit enfin :
-Il a été enlevé.
Il y eut un grand silence, puis Yué apparut dans un bruissement de plumes.
-Enlevé ? s'exclama-t-il d'un ton incrédule. Un gardien du sceau sacré ? Explique-toi, Sakura. Tu as vu ce qui s'est passé ?
-C'est la statuette qui me l'a montré, répondit-elle d'un ton las.
-La statuette ? Que veux-tu dire ?
-Je l'ai regardé dans les yeux, et ça a été comme un film qui se déroulait dans mon esprit. Asseyez-vous, ajouta-t-elle, ça risque d'être long.
Elle attendit qu'ils s'exécutent, et commença son récit d'une voix qu'elle s'efforçait de rendre ferme.
-D'abord, tout était noir. Et puis, petit à petit, j'ai vu par les yeux de Kéro et entendu par ses oreilles ce qui se passait. Il était en train de jouer sur la console quand il a relevé brutalement la tête...
***
Kéro était sûr d'avoir senti une aura magique inconnue. Profitant de son moment d'inattention, une armée de gobelins envahit l'écran et le mit K.O., mais, contrairement à son habitude, il n'y fit pas attention. Là, ça revenait. Et encore, deux d'un coup cette fois. Si ces petits rigolos voulaient le narguer, ils étaient tombés sur la mauvaise personne, décida-t-il en voletant jusque dans le couloir.
Il se laissa flotter jusqu'au rez-de-chaussée, et approcha du salon où il avait localisé les premières présences. Mais, au moment où il passait le museau par l'entrebâillement de la porte, il en répera un groupe assez important - une dizaine environ - dans le jardin, tout en réalisant que la pièce était vide. Faisant un effort surhumain pour se contenir devant l'agacement qu'éveillait en lui cette intrusion, il tira à lui une fenêtre que Dominique avait laissé ouverte ce matin-là et jeta un coup d'œil au-dehors. Il ne voyait rien d'anormal, mais les auras étaient plus fortes que jamais, aussi il se décida à se propulser sur la terrasse et à reprendre sa forme originelle dans un grondement menaçant.
Comme il l'avait soupçonné, les intrus s'étaient cachés derrière les volets de la fenêtre ou les massifs de fleurs, et s'étaient empressés de se rassembler autour de lui pour l'encercler - par le haut aussi, bien sûr.
***
-Mais qu'est-ce que c'était ? demanda Tiffany. Les auras, je veux dire ?
-Ca, répondit simplement Sakura en désignant la statuette. Ou du moins, ajouta-t-elle en se rendant compte qu'elle n'était pas très claire, ce qui lui a servi de modèle. Et c'est aussi mauvais que ça en a l'air...
***
-Qui êtes-vous ? hurla Kéro, maintenant furieux, car ils sentaient bien que la magie que dégageait ces êtres n'était pas destinée à faire pousser des pâquerettes. Que faites-vous là ?
Les créatures le regardaient toutes, mais il n'y en eut pas une pour montrer qu'elle avait compris. Par contre, elles commencèrent à se rapprocher légèrement. Kéro se ramassait sur lui-même pour leur démontrer qu'il avait horreur de l'impolitesse, quand quelqu'un lui répondit enfin :
-Ne leur tiens pas grief si ils ne comprennent pas ce que tu dis, gardien. Eux-mêmes n'ont pas été conçus pour bavarder.
La voix était humaine, mais tellement neutre qu'il était impossible de savoir si celui qui parlait était un homme ou une femme. Jetant en coup d'œil autour de lui, Kéro en localisa la provenance : un de ses agresseurs, resté à l'écart de ses congénères, portait, attaché à son cou comme un ridicule collier, un objet rond qu'il était trop loin pour identifier.
-Peut-être, alors, que vous serez plus à même de m'expliquer à quoi tout cela rime, répondit-il d'une voix glaciale, sur le même ton un peu pompeux qu'utilisait son interlocuteur.
-Je crains que non. Malheureusement pour toi, je n'ai aucun intérêt à t'expliquer, et donc aucune raison de le faire. Mais assez parlé. Il est temps pour mes démons de jouer leur rôle.
La voix se tut. Comprenant aussitôt qu'il était en danger, Kéro déploya ses ailes tout en préparant une boule de feu. Qui mourut malheureusement dans sa gorge quand il ouvrit la gueule pour rugir de douleur. Un des démons, profitant de l'aubaine qui lui avait été offerte quand les plumes avaient totalement découvert le dos, avaient fondu sur lui pour enfoncer ses griffes dans la chair et ne lâchait plus prise, labourant consciencieusement le pelage découvert.
Ses congénères préférèrent rester à distance, le temps que le fauve s'épuise en ruades inutiles pour se débarrasser de son tortionnaire. Kéro se maudit de ne pas avoir consacré plutôt son attention à un bouclier. La douleur l'empêchait de se concentrer réellement, à présent, et il ne fallait même plus y penser, alors que les autres charognards guettaient la moindre occasion, le moindre signe de fatigue de sa part.
Les griffes s'enfoncèrent encore plus profondément, et il commença à voir rouge. Oubliant le reste de la meute, il se jeta sur le dos pour écraser la créature. Grave erreur. Dans les secondes qui suivirent, trois démons se précipitèrent sur son ventre découvert, sans se soucier des puissantes pattes qui battaient l'air. Le premier s'esquiva d'une pirouette, évitant ainsi de finir en crêpe, qui aurait sûrement, de toute façon, été indigeste.
Si Kéroberos devait bien reconnaître une qualité aux serviteurs de la voix, c'est qu'ils étaient rapides. Trop pour lui.
***
Il y eut un silence autour de Sakura.
-Ils ne l'ont quand même pas... ? articula Thomas.
-Je ne crois pas, répondit sa sœur. Ils lui ont fait très mal, mais ils avaient l'air de le vouloir vivant.
-Que lui ont-ils fait après ? demanda Yué, encore plus grave, si c'était possible, qu'à son habitude.
-Je ne sais pas, avoua Sakura. Alors qu'il ne pouvait même plus bouger, le démon avec le petit objet noir s'est approché et...
-Et quoi ? insista le gardien devant son hésitation.
-La voix lui a parlé. Mais je crois que c'était à moi qu'elle s'adressait, parce que c'est sûrement elle qui a ordonné de mettre la statuette là, pour que je sache ce qui s'était passé.
-Qu'est-ce qu'elle a dit ? demanda Tiffany, le front soucieux.
***
-Ton existence perturbe l'équilibre des forces, héritière de Clow. Une simple gamine ne peut posséder un pouvoir comme le tien. Je suis celui qui ramènera l'équilibre. Tu n'es qu'un obstacle sur ma route. Rends-toi à moi, offre-moi tes pouvoirs, et je te laisserai peut-être la vie sauve. Autrement, je devrai t'écraser. Ce sera mon seul avertissement, chasseuse. Considère ce qui vient d'arriver à ton gardien comme un exemple.
Kéro ne comprenait pas un mot de ce discours obscur, mais il n'était guère en état de réfléchir. La voix se tut une fois de plus et les démons ne bougèrent pas, perchés sur son flanc ou tranquillement assis par terre. Manifestement, le fait que leur proie soit hors de combat ne faisait plus de doute pour eux. Et il dut bien admettre qu'ils avaient raison quand son esprit s'abîma dans un brouillard cotonneux, un instant avant qu'un voile noir ne recouvre ses yeux.
N'oubliez pas de me dire ce que vous en pensez ! J'attends vos reviews avec impatience ! ! ! ^______^
