Désolée du retard ! Vraiment désolée, surtout avec les mauvaises nouvelles qui viennent avec ce chapitre… Comme je l'avais annoncé, ce chapitre est le dernier avant un bon petit moment, puisque cette fic va être laissée en suspens pour une période indéterminée. De plus, pour les lecteurs de " Changer le passé ", qui doivent sérieusement s'interroger sur mes délais, je viens de publier une note dans ma bio qu'il serait bon d'aller voir…
Sur ce, j'arrête de vous mettre de mauvaise humeur, et je vous laisse lire le nouveau chapitre.
Chapitre 12 : Le monde de la Terre : Le duel.
Tahra se tourna vers Tiganh.
-Acceptes-tu de tester la bonne foi de nos hôtes comme le serment sur le cœur du combattant t'y autorise, Tiganh ?
Totalement pris de court, le jeune guerrier dévisagea la Conseillère qui attendait patiemment sa réponse, puis Stéphanie, qui arborait un air victorieux, et termina un jetant un regard mauvais à Elena, qui paraissait suspendue à ses lèvres.
-Oui, soupira-t-il, j'accepte.
Il eut le temps de voir Elena retourner son regard suffisant à Stéphanie, manifestement certaine qu'elle ne ferait pas le poids, avant qu'un mouvement de foule ne la cache à sa vue. D'un même mouvement, les Forestiers s'écartaient afin de laisser le passage jusqu'à la piste de danse désertée. Le regard sombre, maudissant cette fille qui lui courait après depuis qu'il était en âge de porter les armes, il gagna à grands pas l'aire de combat où son adversaire le rejoignit.
-Epées ? proposa-t-il.
-Ca me va, acquiesça-t-elle.
La foule s'agita une nouvelle fois pendant qu'on leur apportait deux épées. Tiganh accepta la sienne, qu'on avait été cherché en hâte chez lui, puis fronça les sourcils en voyant l'arme que Stéphanie s'apprêtait à empoigner.
-Stéphanie, tu n'as pas d'épée qui t'appartienne ?
-Non, pourquoi ?
Tiganh appela un homme et échangea son arme avec une autre.
-La mienne a été créée spécialement pour moi, expliqua-t-il, tu aurais été désavantagée.
Un instant déstabilisée, Stéphanie acquiesça et sourit. Jetant un coup d'œil dans la foule, Tiganh comprit que sa concession n'était pas au goût de tout le monde en voyant Elena grimacer. Depuis le tout début de l'apprentissage de Tiganh, il était vite devenu évident qu'il était indubitablement un combattant très doué, et pas conséquent, il avait vite gagné le respect des adolescents de son âge, — voire plus dans certains cas pas vraiment plaisants — et jusqu'à présent, il avait remporté chacun de ses duels. Mais le fait était qu'aujourd'hui, il n'avait pas envie de gagner. A contrecœur, il se mit pourtant en position.
Tahra donna le signal.
Stéphanie s'élança et exécuta une feinte, qu'elle enchaîna aussitôt dans une parfaite fluidité avec un coup de taille. Tiganh para de justesse, puis riposta en repoussant la lame et en tentant un coup d'estoc qu'elle évita d'un bond sur le côté. Reprenant son équilibre, elle repassa à l'attaque, mais son adversaire l'attendait de pied ferme. Les échanges de feintes et de parades continuèrent, chacun testant la défense de l'autre, évaluant ses capacités.
Ce fut Tiganh qui coupa court à cette phase d'estimation mutuelle. Rompant le contact sans prévenir, il détendit soudain les jambes et s'éleva en un saut périlleux avant au-dessus de la tête de Stéphanie, jusqu'à atterrir derrière elle. D'un mouvement vif, sa lame fendit l'air alors même qu'il se retournait, mais tinta en rencontrant l'acier d'une autre épée. Un bref instant, leurs regards se croisèrent, et un sourire jumeau naquit sur leurs lèvres quand ils comprirent qu'ils avaient en face d'eux un adversaire à leur mesure.
A partir de cet instant, le combat s'accéléra, semblant se muer en une sorte de danse où chaque mouvement s'enchaînait parfaitement avec le suivant. Le temps ne semblait plus d'aucune importance, figé comme tous les yeux se trouvaient hypnotisés par les successions d'attaques et de parades, de feintes et d'esquives.
[-Lionel, réussit à murmurer Sakura. C'est...
-Il est vraiment bon, ce type ! Jusqu'à maintenant, j'étais le seul que Stéphanie n'avait pas réussi à vaincre.]
Trop captivés par le combat, ils ne poursuivirent pas la conversation. Stéphanie se tendit pour un coup d'estoc que Tiganh évita en se jetant au sol, se relevant d'une roulade. Il n'était pas tout à fait debout qu'elle était déjà devant lui, amorçant un large mouvement de bras pour l'atteindre du tranchant de la lame. Voyant une ouverture dans sa défense, Tiganh plongea. Elle se décala de côté au dernier moment, l'épée entailla superficiellement sa hanche.
Sakura étouffa un cri en voyant le premier sang couler et l'assistance retint sa respiration, mais Tiganh, emporté par son élan, était déséquilibré et un coup de genou dans le ventre le sonna assez pour qu'il lâche son épée et roule un peu plus loin. Il ne lui fallut qu'une seconde pour reprendre ses esprits et tenter de se redresser, mais ce fut suffisant pour que Stéphanie fasse glisser son arme au loin d'un coup de pied et pointe le bout de sa lame sur sa gorge.
Il y eut un instant de silence, puis Tiganh se laissa retomber en arrière en fermant les yeux, cherchant son souffle. Stéphanie baissa son épée et la rendit à son propriétaire sans un mot, mais ses yeux brillaient quand elle rejoignit Sakura et Tiffany.
-On va chercher l'elfe, on va chercher l'elfe !
-Kéro !
-Eh, la peluche, mets-la en sourdine, tu veux ? Tu me donnes la migraine !
-On n'a rien oublié ?
-Tiffany, tu as déjà vérifié cinq fois !
-Mieux vaut être prudentes ! Alors, vêtements de rechange, affaires de toilette, trousse de premiers soins... Au fait, Stéphanie, il faudrait changer ton bandage.
-Déjà ? Ce n'est qu'une minuscule entaille !
Tiganh eut un large sourire en entendant l'agitation dans la hutte des jeunes filles.
-Eh bien, on ne s'ennuie pas, ici ! s'exclama-t-il en passant la tête à l'intérieur.
-Bonjour Tiganh !
Le jeune homme les salua d'un signe de tête.
-Mathieu et Thomas nous attendent. Tout le village s'est réuni pour nous voir partir !
-Ouah ! Tant que ça ? s'exclama Sakura, renonçant momentanément à convaincre Kéro que vérifier aussi les provisions n'était pas nécessaire.
En plus de ce qu'ils avaient emmené eux-mêmes dans ce monde, les villageois les avaient largement fournis en fruits, viandes séchées et autres galettes de céréales made by les Habitants des Plaines. Après un quart d'heure d'intense activité, pendant lequel la minuscule entaille de Stéphanie fut soignée, les provisions rangées loin du double regard larmoyant de Kéro et Ehan, les bagages une septième fois vérifiés et un énième conflit Kéro-Stéphanien évité de justesse, la petite troupe put enfin songer à emprunter les nombreux passages de la Cité des Arbres pour arriver au sol où ils furent accueillis par l'impatience de Thomas et l'habituel enjouement de Mathieu.
Pendant qu'ils présentaient tous au Conseil leurs remerciements pour leur généreuse hospitalité, Tiganh prit à part le Conseiller qui lui avait donné la veille la permission d'accompagner ses nouveaux amis.
-Pardonnez-moi, Conseiller, mais... J'aimerais savoir ce que vous vouliez dire quand vous m'avez avoué que vous vous attendiez à ma demande.
Le Conseiller sourit, d'un de ces sourires tolérants qu'ont les anciens pour les jeunes gens autour d'eux.
-Tiganh, tu étais avec nous lorsque nous avons raconté aux Elus la venue du Visionnaire dans notre monde, tu as entendu parler de cet enfant dont il avait prédit la venue.
Le jeune garçon hocha la tête sans voir où il voulait en venir.
-Il se trouve que cet enfant était ton ancêtre.
Tiganh ouvrit la bouche sous le choc.
-Vous pensez que c'est moi qui doit jouer un rôle important dans l'avenir de notre monde ? souffla-t-il, incrédule.
-Mon garçon, nous ignorions de qui il s'agissait, car ta famille est très étendue, mais ton rapprochement avec les Elus nous a convaincus que tu étais bien celui-là.
Le jeune homme resta encore quelques instants sans rien dire, se contentant de fixer le vieil homme.
-Allons, va, tu as encore de nombreux adieux à faire, le poussa le Conseiller.
Tiganh acquiesça et se retourna, songeur, puis arrêta son geste.
-Conseiller ?
-Oui ?
-Merci.
Seul un sourire lui répondit.
Non loin de là, Stéphanie fouillait la foule du regard. Le remarquant, Tiffany s'approcha :
-Tu cherches quelqu'un ?
A cet instant, elle sourit.
-Non, je l'ai trouvé.
Sakura suivit la direction de son regard et aperçut Elena, appuyée d'un air renfrogné contre un arbre à l'écart. Sentant le poids de leurs regards, elle leva les yeux et lança à Stéphanie une oeillade furieuse. Qui fut interrompu par le sujet même de sa mauvaise humeur, qui se planta devant elle. Si aucune des trois filles n'entendit ce que Tiganh lui dit, elles imaginèrent parfaitement de quoi il retournait en apercevant le visage défait de la jeune fille quand il s'éloigna d'elle.
Finalement, tout fut prêt et les derniers saluts furent échangés. Enfin, ils prirent la route, se retournant de temps en temps pour faire quelques signes de la main à ceux qu'ils laissaient derrière eux. Quelques guerriers les escortèrent depuis le haut des arbres jusqu'aux frontières du territoire des Forestiers. Mais quand la rivière fut en vue en début d'après-midi, ils étaient seuls.
Le cours d'eau faisait facilement dix mètres de largeur, et si ses eaux paraissaient paisibles, les pétales des arbres fruitiers en fleurs qui tombaient à leur surface se trouvaient très vite emportées hors de vue. Traverser à la nage semblait donc hautement déconseillé, et légèrement suicidaire.
-Bon alors ? lâcha Thomas. On fait quoi ?
-On peut utiliser la magie, suggéra Sakura.
-C'est peut-être pas très prudent d'en abuser, Sakura, fit remarquer Kéro. Après tout, on a aucun moyen de savoir si ta magie peut être détectée par le Golem, ou les démons s'il y en a dans le coin.
-Mais je l'ai utilisée hier et avant-hier, et ça n'a posé aucun problème !
-Kérobéros a raison, Sakura, intervint Mathieu. Si le Golem est aussi puissant que le livre de ce devin le laisse entendre, il pourra sans doute sentir ta magie dès que tu te trouveras dans un certain rayon de proximité, et nous nous sommes approchés du Temple, d'après la carte.
Il fit un courte pause, puis se pencha vers Thomas pour lui souffler à mi-voix :
-Même si ce n'est pas moi qui formule les phrases, j'ai encore du mal à croire que je parles de magie comme si de rien n'était.
-Je te comprends, répondit son ami en hochant la tête d'un air compatissant.
-Alors, j'aurais pas dû sortir mes Cartes ! réalisa Sakura. Il sait peut-être déjà qu'on est là !
-Panique pas, Sakura, dit Kéro. On a tous eu largement la tête à autre chose ces derniers temps, et de toute façon, tu l'as fait et, tu l'as dit toi-même, il ne s'est rien passé, alors...
-Ca ne nous dit pas comment on va traverser, intervint Stéphanie.
-Les Gens de la Plaine ont établi un bac un peu plus bas sur la rivière, dit Tiganh. On peut y être peu après la tombée de la nuit.
Ils repartirent donc vers le sud, longeant la lisière de la forêt d'un côté, la rivière de l'autre. Stéphanie et Tiffany parlaient chiffons, Kéro et Ehan allaient et venaient autour du groupe, se perchant de temps à autre sur les épaules de leurs porteuses favorites, et Thomas et Mathieu s'étaient replongés dans leur conversation sur les cours auxquels ils assistaient tous deux à l'université.
Tiganh en profita pour s'approcher de Sakura, qui avait encore une fois les yeux dans le vague, semblant perdue dans son monde intérieur.
-Sakura ?
La jeune fille sursauta et se tourna vers lui.
-Oh ! Tiganh.
-Je t'ai fait peur, désolé, s'excusa-t-il.
-Non, ce n'est pas grave, le rassura-t-elle d'un sourire. Tu voulais me parler ?
-Oui.
Il se porta à sa hauteur et marcha à son côté.
-Hier, tu m'as dit que tu m'expliquerais à propos de tes... " absences ". Tu te souviens ?
-Ah oui ! Comme je te l'ai dit, c'est assez compliqué. En fait, c'est lié à Lionel.
-Le garçon que le Maître des Démons avait enlevé ?
-Oui. Lionel est... un très bon ami, dit-elle avec une nuance de profonde tristesse dans la voix. C'est en grande partie grâce à son aide que j'ai pu acquérir mes pouvoirs. Et depuis qu'il a été enlevé, on a développé une sorte de télépathie.
-Vraiment ? s'exclama Tiganh, sa curiosité piquée au vif. Comment ça se fait ?
-Je ne peux pas t'expliquer tous les détails, je ne suis pas sure d'avoir compris moi-même, sourit-elle d'un air penaud.
Il sourit à son tour et reprit.
-Alors tu peux lui demander où il se trouve, non ?
-Non, Lionel ne perçoit pas ce qui se passe autour de son corps, seulement ce qui arrive près du mien.
-Ah ?
Les sourcils de Tiganh montèrent en flèche.
-C'est vraiment bizarre.
Il eut un moment de silence.
-D'après ce que j'ai compris, vous êtes donc tous là pour aider ce Lionel ? Vous êtes tous ses amis ?
D'un mouvement circulaire, il engloba toute la petite troupe qui continuait de progresser entre les rochers entassés près de la rive.
-Oh non ! Pas tous ! Thomas, par exemple, ne l'aime pas du tout, mais c'est mon frère et il n'a pas voulu me laisser partir sans lui, alors...
-C'est ton frère ? Je ne savais pas. Et les autres ?
-Mathieu est le meilleur ami de Thomas, et c'est aussi mon Gardien lunaire, comme tu as pu le voir.
Devant son air interrogateur, elle ajouta :
-Une créature magique créée pour garder les Cartes dont je tiens mes pouvoirs, tout comme Kéro.
-Ah, ok.
-Tiffany est ma meilleure amie, et elle sait depuis le tout début pour mes pouvoirs magiques, et Stéphanie est également une bonne amie, en plus d'être la cousine de Lionel.
-Et ex-fiancée !
Sans prévenir, Stéphanie surgit derrière eux et entra dans la conversation.
-Ex-fiancée ? répéta Tiganh, incrédule. Tu n'es pas un peu jeune ? Il a quel âge, ce Lionel ?
-Le même que nous ! Mais on se connaît depuis qu'on est enfants !
-Oh... Et pourquoi " ex " ? Il t'a été infidèle ?
-On peut dire ça comme ça.
Et Stéphanie coula un regard du côté de Sakura, qui devint aussitôt rouge pivoine. Tiganh les regarda alternativement, un sourire amusé se formant sur ses lèvres à mesure qu'il comprenait l'embrouille.
-En fait, reprit Stéphanie, j'étais folle amoureuse de Lionel et je lui avais fait jurer qu'on se marierait s'il ne tombait pas amoureux d'une autre fille.
[-Je revois encore la scène, soupira l'intéressé. Elle était à deux doigts de me sauter dessus...]
-Malheureusement, je n'ai pas pu lutter, on dirait, conclut-elle avec un haussement d'épaules philosophique.
-Oh... Et maintenant ?
-Bah, j'ai appris à vivre avec.
-Alors tu es libre de toutes contraintes ? demanda malicieusement le jeune homme.
-Quoi ? s'exclama Stéphanie. C'est quoi ce sourire en coin ? Attends un peu, toi !
Tiganh tenta tant bien que mal de se protéger de ses attaques, mais c'était difficile vu qu'il ne cessait de la taquiner en riant.
-Ils ont l'air de bien s'entendre, dit Tiffany en souriant.
-...
Ils atteignirent le bac alors que les premières étoiles s'allumaient dans le ciel. De l'autre côté de la rivière, une assez grande maison avait été construite près du débarcadère. Tiganh s'approcha de l'assemblage de bois qui soutenait le filin traversant le cours d'eau et sembla chercher quelque chose. Un instant après, il tirait sur une cordelette usée par le temps. Un signal quelconque dut se déclencher à l'intérieur de l'habitation, car la porte s'ouvrit et une silhouette trapue en sortit.
-C'est le passeur, expliqua Tiganh. Il va nous rejoindre.
En effet, l'homme s'approcha de la plate-forme de bois qui flottait près de la berge, monta dessus et le manoeuvra vers eux.
-Forestiers ? demanda-t-il dès qu'il arriva à portée de voix.
-Moi oui, répondit Tiganh, mais mes compagnons... en fait, c'est assez compliqué.
-Ca va, du moment que vous pouvez payer.
Tiganh sortit de son sac une petite pierre ronde de couleur verte et la déposa dans la main tendue du passeur.
-Eh, mais c'est des émeraudes ! s'exclama Stéphanie.
-Ben oui, qu'est-ce que ça a de surprenant ? Vous n'avez pas ça, chez vous ? lui demanda Tiganh.
-Si, mais c'est vachement rare !
-Ah bon ? Mais alors avec quoi vous payez ce que vous achetez ?
-Les premiers hommes pratiquaient le troc, et puis on est passés à l'or, l'argent, le bronze..., énuméra Mathieu. Depuis ça a un peu évolué.
-L'or ? Mais ça n'a presque pas de valeur, ce truc !
-Hein ? s'exclamèrent Stéphanie et Sakura en cœur.
-Dites, les jeunes, vous montez ou pas ? On va pas y passer la nuit, fit remarquer le passeur sans chercher à comprendre leur conversation.
-Oh oui, pardon.
Ils montèrent tous dans le bac et s'installèrent près des rambardes, laissant l'homme les amener de l'autre côté. Ils profitèrent du temps de la traversée pour continuer leur conversation :
-Ici, expliqua Tiganh, c'est assez fréquent de trouver de l'or dans des rochers ou dans des cours d'eau, alors une pépite de la grosseur de mon pouce suffit à peine à acheter un pain.
-Quoi ? s'écria Stéphanie. Mais chez nous, avec ça, on peut... en fait, je sais même pas ce qu'on peut en faire, c'est trop rare !
-C't'un peu normal aussi, on est dans le monde de la Terre, après tout, revendiqua Kéro, et tout ça, ça vient de la roche.
-Voilà, les interrompit le passeur en abordant l'autre côté de la rivière.
-Il est un peu tard pour continuer, fit remarquer Tiganh. On devrait rester ici. La maison du passeur sert aussi d'auberge pour les voyageurs, ajouta-t-il à leurs regards interrogateurs.
-Ce serait pas de refus, répondit Stéphanie avec enthousiasme. J'ai vraiment pas envie de coucher encore à la belle étoile !
-Faudra pourtant t'y remettre la chipie, parce que je pense pas qu'il y en ait d'autre dans la région.
-Ferme-la, la peluche !
Tiganh attendit l'assentiment de Sakura, qui s'efforçait de retenir un soupir, pour donner deux autres émeraudes et une pierre qui ressemblait à s'y méprendre à du quartz au passeur, lequel leur fit signe de le suivre.
Ils passèrent donc la nuit dans la vaste maison du bac, dont les six chambres vides se trouvèrent facilement remplies. Une longue journée de marche les avait tous épuisés, et il ne leur fallut que quelques minutes pour s'endormir. Le passeur et sa femme prirent le temps d'éteindre la lumière du bac comme tous les soirs, signalant que les passages étaient finis jusqu'au matin, puis ils allèrent également se coucher.
Aussi, lorsque, une heure plus tard, une ombre se faufila presque sans un bruit à travers les herbes hautes, le grondement sourd du chien du passeur fut la seule réaction à sa présence. Le loup leva son museau à l'air de la nuit, puis, rassuré quant à un hypothétique danger, il se releva tout à fait et fixa le molosse dans les yeux. Le grognement mourut et le silence s'installa sur le mystérieux mode de communication des deux canidés.
Puis, sans plus prêter attention à son cousin éloigné, le loup jeta un nouveau coup d'œil à la maison, s'approcha du porche pour flairer le pas de la porte, et enfin, tourna le dos, repartant vers l'ouest. Le chien ne réagit pas de toute la manoeuvre, se contentant de le suivre du regard. Or, s'il fallait un bien grand événement pour pousser un loup aussi loin de sa forêt, il fallait encore beaucoup plus pour qu'un chien tolère la présence d'un loup.
[-Oui, il est arrivé...]
Ignorant de tout, une petite boule de poils dorés ronflait comme un bienheureux sur l'oreiller d'une jeune fille...
Je ne sais pas si j'ai le droit de demander des reviews, du coup… -_-
A dans Dieu sait quand, en tout cas…
