** Chapitre 4 **
Au clair de la lune… mon ami Pierrot…
Prête moi ta plume, pour écrire un mot, termina t-il en adressant un sourire à la petite fille qui était à côté de lui.
Pourquoi tu es triste ?
Parce que… La vie peut rendre les gens tristes. Mais elle t'apprend aussi le bonheur.
Il se promenait dans le couloir, elle à ses côtés. Elle avait posé sa petite main sur la sienne, et ce contact lui rappelait combien les enfants étaient fragiles.
Tu vois Jeanie, la vie te prend parfois les gens que tu aimes le plus au monde… Et elle ne te les rend pas. Et tu ne peux rien faire…
Je ne suis pas Jeanie. Elle est morte. A cause de vous.
Le Professeur tourna la tête pour découvrir Jason près de lui, qui avait posé sa main sur la sienne et la serrait à lui faire mal. Il avait un rictus sur les lèvres, moquerie suite au tour qu'il venait de jouer à Charles. Celui-ci voulut se libérer, mais l'autre le tenait fermement.
Ils vont tous mourir, tous ! Vous serez le dernier, vous les verrez souffrir…
Des images affluèrent dans l'esprit du Professeur et il vit Jean et Scott en proie à d'horribles souffrances. Puis ce fur le tour de Tornade, Kurt… Logan… Il perdit contrôle et se débattit pour chasser les images.
Il heurta violemment la fenêtre avant de tomber sur le sol. Il eut la vision de Logan frappé par derrière à l'infirmerie et sombra dans l'inconscience.
Scott approcha le petit garçon. « Qui es-tu ? » lui demanda-t-il. L'enfant ne répondit pas. Il le fixait avec un regard pénétrant. « Que fais-tu ici ? Pourquoi me poursuis-tu ? » demanda à nouveau Scott. Le garçon resta muet. Finalement, Scott se tourna et recommença à marcher. Les cris avaient cessé et les spectres avaient disparu. Il évoluait à présent dans une forêt très sombre et sans fin. Il avança ainsi pendant quelques minutes, et finit par apercevoir une ombre au loin. Il sursauta. Le petit garçon se trouvait à nouveau devant lui, immobile. Cette fois-ci, il parla : « Je suis ta mort » fit-il d'une voix sourde. Scott fronça les sourcils. Soudain, il prit conscience de la présence de quelqu'un d'autre, non loin du garçon. Il l'identifia avec surprise. C'était le Professeur Xavier.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il dut faire un effort pour se souvenir des derniers évènements. Il était tombé, s'était cogné, et…
Il réalisa qu'il n'était pas dans son bureau, et l'inquiétude le prit. Son inquiétude se mua en angoisse lorsqu'il découvrit qu'il ne ressentait aucune âme qui vive aux alentours. Il réussit à s'asseoir et regarda autour de lui. Des arbres, encore des arbres.
« Une forêt ? » dit-il à haute voix à la fois pour entendre un son, et pour se convaincre.
Non, il ne rêvait pas. D'ailleurs, le vent soulevait les feuilles au sol, et le froid ne tarda pas à le gagner. Sa robe de chambre ne le protègerait guère longtemps. Il leva les yeux pour regarder s'il faisait jour, mais les arbres étaient trop denses, il ne put décider. Les alentours étaient très sombres, et il lui semblait que les ténèbres gagnaient du terrain.
« Où suis-je ? » demanda t-il aux arbres.
Tu ne devines pas ?
Cette voix… cette maudite voix…
« Jason cela suffit maintenant ! » cria t-il.
Il se sentait démuni. Mais il devait y avoir un moyen de quitter cet endroit. Se concentrer. Tornade… réussir à la prévenir, la mettre en garde…
Peine perdue. Non seulement ses efforts étaient vains, mais la forêt semblait se repaître de son énergie et le froid l'engourdissait.
« Je vais mourir ici, et je n'aurais rien pu faire… » murmura t-il pour lui-même.
Un rire fut la seule réponse qu'il obtint.
Jason… Comment avait-il survécu ? Et pourquoi s'acharnait-il ?
Un sursaut de volonté anima le professeur qui, s'appuyant sur un arbre, tenta l'impossible : se mettre debout. Il y parvint pendant quelques secondes, avant que ses jambes ne se dérobent, et il s'effondra comme une poupée désarticulée au sol.
Tornade !
Scott !
Pardonnez-moi…
Tornade s'était arrêtée brusquement. Elle avait changé de couleur.
« Oh non… le Professeur a des ennuis. Et je crois qu'il va mourir ! » s'écria t-elle avant de se ruer vers le bureau.
Kurt crut qu'elle allait s'évanouir tant elle était devenue pâle. Il courut pour la rattraper.
A première vue, le bureau était désert. Tout était en ordre, mais une odeur d'alcool flottait dans l'air. Tornade déglutit et entra :
« Professeur ? »
Vaguement inquiète, elle s'avança dans la pièce, sans rien voir de particulier. Elle avisa brusquement le fauteuil roulant, derrière la table de travail sur laquelle traînait une bouteille de whisky à moitié pleine. Il était vide.
En quelques enjambées, elle franchit la distance qui l'en séparait et poussa un cri de désespoir.
Le professeur Charles Xavier gisait à terre, le visage ensanglanté.
A son tour, Kurt aperçut le triste spectacle. Son regard se porta ensuite sur le visage de Tornade. Il fut bouleversé de l'expression qui s'y dessinait. Il estima qu'elle était trop choquée pour agir et décida de prendre les choses en main. «Ne t'en fais pas, Tornade. Che fais m'occuper de lui...Che fais le transporter à l'infirmerie...»lui dit-il doucement tout en s'approchant de Xavier. C'est alors qu'un objet attira son attention. Près de la main du professeur se trouvait une seringue...Kurt eut aussitôt un flash, exactement comme lorsque Jean avait lu dans ses pensées. La vision qu'il eut fut celle d'une main tenant la même seringue, et la plantant avec violence dans sa nuque...Il laissa involontairement échapper un cri de terreur.
Tornade se rapprocha instinctivement de lui et l'enlaça.
« J'ai peur, Kurt, j'ai peur… Ne me laisse pas toute seule. Ils sont tous partis, tout ceux que je connaissais… Jean, Scott, le Professeur. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais je ne veux pas vous perdre, Logan et toi. Je ne veux pas. Ne me laisse pas seule… »
Elle posa son visage sur l'épaule de Kurt et ferma les yeux, pour goûter à la douceur d'une âme pure.
Etendu sur les feuilles, le Professeur Xavier grelottait de froid. Il avait d'abord espéré que ce soit l'œuvre de Tornade, mais avait vite compris que ce n'était pas le cas. Sa vue se brouillait et il ne remarqua la présence de la petite fille que lorsqu'elle fut tout près de lui.
« Va t-en » murmura t-il.
Il détourna le regard et vit alors que Scott était présent, à côté de l'enfant. Il cligna des yeux plusieurs fois. Non, il ne rêvait pas. Mais il y avait pire. Il avait cru voir Logan, juste derrière lui. L'illusion avait duré quelques secondes. Scott n'avait pas bougé.
« Scott… » gémit le Professeur en lui tendant une main.
