** Chapitre 15 **
Kurt sourit et prit la main de Tornade, la pressant légèrement. C'est alors que les moteurs du jet se firent entendre. Tornade et lui échangèrent un regard, et Kurt sentit qu'ils avaient la même idée. En deux ou trois téléportations successives, ils étaient à bord du jet.
C'est alors que Kurt réalisa qu'ils avaient laissé Logan, dans une rage bestiale, seul avec les enfants...Kurt déposa Tornade à bord du jet et disparut à nouveau, en espérant qu'elle comprendrait les raisons qui l'avaient poussé à l'abandonner ainsi...
Ignorant quel accueil lui serait réservé, elle se rapprocha avec précautions.
« Bonjour Ororo. » dit le Professeur. « Tu te joins à nous ? »
Tornade sourit. Elle allait proposer à Scott de s'occuper du pilotage, mais elle fixa le fauteuil du copilote. La voix du professeur. Elle était changée.
« Professeur ? Vous allez bien ? »
« Oh oui. C'est juste un peu de fatigue… »
Elle déglutit péniblement. Autrefois, il aurait fait pivoter le fauteuil… ce qu'il fit au même instant. Elle vit son regard glacé, dénué de toute expression.
« Scott ! Le professeur ! Il n'est plus lui-même ! »
Elle se prépara mentalement à affronter deux adversaires coriaces. Elle ignorait si Cyclope était déjà sous l'influence de Charles Xavier, et ne tenait pas à être prise par surprise.
« Kurt, » marmonna t-elle, « si ton dieu existe, il a le droit de me filer un petit coup de main… »
Scott ne détachait pas ses yeux du tableau de bord, de peur que la moindre déconcentration ne le fasse à nouveau sombrer dans l'une de ces hallucinations qu'il commençait à connaître. Ce que venait de lui dire Tornade confirmait ce qu'il pensait sur l'état actuel du professeur, et il comprit qu'il devait être encore plus attentif s'il ne voulait pas être pris au piège... « Je sais, Tornade...et il essaie de m'atteindre...Tu dois m'aider à résister. Je t'en prie, occupe-toi du professeur...Il ne faut pas que je me déconcentre. Il faut que je retrouve Jean !» dit-il, sans se retourner. Il serra les dents et focalisa toute son attention sur le pilotage du jet, afin de faire abstraction de tout son environnement, de toutes ses pensées, s'efforçant ainsi d'établir des barrières infranchissables dans son esprit, comme Jean lui avait appris. Sa main droite se crispa sur le levier. Il allait devoir se battre contre le professeur, mais spirituellement. Et il savait très bien que, dans ce domaine, Charles Xavier était un expert...Les chances de Scott étaient minimes. Et pourtant, il s'engagea dans cette bataille, sans hésiter. Il devait y arriver.
« O.K. Scott, toi tu t'occupes du jet, je m'occupe de lui. »
Elle fut rassurée en entendant le son de sa propre voix. Assurée, pleine de détermination. Elle pencha légèrement la tête et ses yeux devinrent vitreux. Elle fixait le professeur du regard. Dans les yeux de Charles Xavier ne se lisait aucune émotion. Un instant, elle eut l'impression que ses yeux changeaient de couleur. Il leva la main vers elle. Elle riposta aussitôt avec un courant d'air glacial. Elle se concentrait toute entière sur son pouvoir pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus.
« Vous ne tiendrez pas longtemps, professeur. » déclara t-elle posément. « Vous êtes épuisé, et le calmant que je vous ai administré a affaibli vos pouvoirs. »
« Ne t'en fais pas pour moi, ma petite Ororo. » dit-il d'une voix suave. « J'ai encore de quoi te surprendre… »
Il braqua son regard sur elle, et elle sentit son corps se raidir.
« Euh… Scott, mauvaise nouvelle, il est en train de me paralyser… »
Elle le vit prendre une seringue, et s'assurer de son contenu. Horrifiée, elle le vit tendre la main vers Scott.
« SCOTT !!! Il essaie de t'immobiliser ! Il veut t'injecter cette saleté ! »
Elle tentait de se débattre en vain. A ses cris, le professeur se tourna vers elle. Dans ses yeux se reflétaient ses sentiments. Il posa les yeux sur la seringue, releva la tête vers Tornade, et d'un simple geste lui rendit la liberté. Elle n'osait pas le quitter des yeux, de peur de le voir chavirer à nouveau. Mais il lui sourit, et sa voix tranquille résonna dans le jet :
« Scott, tu avais raison, ma présence risque de nuire à Jean. Excuse-moi auprès d'elle. Tornade, je te confie Cyclope. »
A peine avait-il terminé sa phrase qu'il enfonçait la seringue dans son propre bras. Mais il n'eut pas le temps d'injecter le produit. La seringue venait d'éclater dans sa main sous l'effet d'un puissant rayon d'énergie de couleur rouge. Scott avait agi juste à temps. Il regarda Tornade, puis le professeur. Il n'était pas sûr d'avoir fait le bon choix...après tout, le professeur était effectivement un danger, et il venait peut-être de leur faire perdre la dernière chance qu'ils avaient de le mettre hors d'état de nuire...Scott secoua la tête pour chasser cette pensée. Il avait fait le choix que son coeur, que sa conscience lui avaient dicté. Comme Jean le lui avait conseillé. Comment pouvait-il penser qu'il s'était trompé d'avoir épargné la vie de son mentor ? Le jeune homme se tourna à nouveau vers les commandes tout en s'adressant à Tornade. « Tornade, combien de temps avant que les calmants n'agissent ? Il faut absolument le retenir... »
