A/N : Pour ceux qui voulaient une suite à la petite histoire de McGonagall qui chasse une souris… héhéhé… Remerciez Lunard ! C'est le loup qui a eu cette merveilleuse idée de suite logique ! MERCI, LUNARD !!
Alors… bonne lecture ! ^-^
Rats !
Le couvre-feu était passé depuis un long moment. Au château de Poudlard, seuls les gens et les créatures ayant une activité nocturne parcouraient les couloirs vides. Les fantômes glissaient au travers des portes, des murs et des escaliers dans un souffle silencieux quelques professeurs grognons faisaient des rondes en essayant d'éviter Rusard les elfes de maison galopaient sans bruit de tous les côtés et, comme toutes les nuits, un peuple furtif sortait des cachots pour envahir la totalité du château.
Comme dans toutes les immenses bâtisses un peu âgées, Poudlard abritait des centaines de rats. Une population grouillante qui passait pourtant inaperçue, dispersée dans les innombrables parties du château, ne sortant que la nuit, se cachant dans les moindres recoins.
Il était pourtant possible de voir, ce soir-là, dans une des parties les moins fréquentées du château, un de ces rongeurs habituellement discrets zigzaguer imprudemment dans un couloir.
Peter se concentrait comme il pouvait, mais malgré tous ses efforts, il avait un mal de chien à se dépêtrer. Quatre était à son sens un nombre excessif, en particulier quand il s'agissait du nombre de membres à coordonner pour se déplacer. Sous sa forme de rat, il titubait dans un couloir, avançant une patte après l'autre, pas très sûr de lui, ni même de l'endroit où il était.
Une des premières choses que les Maraudeurs avaient remarquées après l'euphorie d'avoir réussi cette transformation extrêmement difficile d'Animagus, c'était sans doute qu'ils n'étaient pas habitués à leurs nouvelles formes. Aucun d'entre eux n'avaient appris à marcher à quatre pattes, ce qui était bien compréhensible.
Sirius avait immédiatement préconisé une sortie dans la Forêt Interdite pour remédier à ce problème par un entraînement intensif. C'était très bien pour un jeune cerf et un chien gros comme un ours… mais Peter avait décliné l'invitation, estimant que, pour un petit rongeur, le château était déjà une escapade bien assez éprouvante, sans parler de la Forêt !
Il s'était lamentablement trompé. Poudlard était semé d'embûches et bien différent vu du ras du sol… Il était probablement perdu, et bien perdu…
Tout était différent, du point de vue d'un rat. Pas seulement que le moindre escalier prenait des allures d'Everest, ou qu'il manquait souvent de trébucher sur sa longue queue dont il ne savait pas trop quoi faire. Mais tous ses sens prenaient une dimension différente désormais.
Non seulement il ne voyait plus distinctement les couleurs, mais sa vue n'avait plus autant d'importance. Peut-être était-ce aussi que les odeurs et les bruits avaient une telle place dans ce qu'il percevait. Sans compter à quel point ses longues moustaches étaient sensibles au moindre contact…
Cela n'allait pas si mal que ça, après tout. Moins il pensait à ce qu'il faisait avec ses pattes, plus les automatismes venaient. Il arrivait désormais à se déplacer presque sans interruption, mais il ne reconnaissait toujours pas les couloirs.
Il s'intéressait aussi aux odeurs qui lui parvenaient. Il pensait bien avoir senti quelque chose qui ressemblait aux cuisines, mais de manière volatile et lointaine.
D'ailleurs, en parlant d'odeur, il venait d'en capter une prononcée, toute proche, assez répugnante, en fait. Comme il s'arrêtait pour mieux aspirer l'air et réfléchir à quoi pouvait appartenir le fumet, il vit sa réponse apparaître au détour d'un couloir tout proche.
Le chat n'avait pas fait de bruit sur les coussinets de velours de ses pattes, mais, s'il devait en juger par ses oreilles dressées et son regard fixé droit sur lui, il avait bien entendu Peter. L'horrible bête, ce monstrueux chat qui faisait cinq fois la taille de Peter et puait comme un fauve, avait déjà eu une nuit fructueuse, à en juger par la malheureuse souris qui pendait de sa gueule. Cependant, le pauvre Animagus avait le sentiment qu'il ne s'en tiendrait pas là s'il en avait l'occasion.
Avec un couinement aigu, il tourna et partit dans l'autre sens de toute la vitesse de ses petites pattes inexpérimentées. Le chat ne faisait pas beaucoup de bruit derrière lui, à part le crissement de ses griffes dans les virages, et le souffle chaud que Peter sentait parfois sur sa queue.
Il pensa mourir cent fois lors de cette course folle, lorsque les énormes mâchoires claquaient tout près de lui. Ce fut pire encore lorsqu'il atteignit un couloir donnant sur un escalier descendant, exactement le genre d'obstacles qu'il avait évité toute la soirée. Les marches venaient à sa rencontre à toute allure, il croyait à chaque instant perdre l'équilibre et dévaler l'escalier avant de se briser la nuque. Mais non. Il s'écroulait à chaque fois lourdement sur une nouvelle marche, et le chat bondissait gracieusement derrière lui.
Il s'arrêta soudain brusquement, croyant avoir vu quelque chose… là, sur sa droite ! Il venait de descendre deux marches en trop. Le chat, emporté par son élan, surpris par ce brusque arrêt, le dépassa et parvint au pied de l'escalier avec un feulement de rage.
Peter escalada comme il put les deux gigantesques marches, essayant de ne pas penser au chat qui remontait déjà. Le trou qu'il avait vu dans le mur était tout petit, sûrement un trou de souris, mais il n'hésita pas à s'y glisser en rampant. Il était temps. Le chat essaya de l'arrêter en posant la patte sur sa queue, mais trop tard. Il était à l'abri dans sa nouvelle cachette.
Il n'en menait pas large : son cœur battait tellement fort qu'il en avait mal, et il tremblait de toutes ses pattes.
Tout cela n'avait pas d'importance, cependant, puisqu'un autre occupant était déjà là. Un autre rat, un énorme rat sauvage, celui-là, le regardait avec de petits yeux méchants et offusqués, sifflant de rage.
Un concert de couinements s'éleva de l'orifice dans le mur, et, quelques secondes après, le chat vit fuser devant lui deux rats se poursuivant l'un l'autre. Il n'eut qu'une seconde d'hésitation avant de partir à leur poursuite.
Il ne fallut pas longtemps avant que le rat sauvage ne se rende compte qu'il était poursuivi à son tour, et devint proie plutôt que prédateur. Ce qui soulageait grandement Peter, étant donné que désormais, le chat pouvait choisir de se repaître de l'autre rat.
Soudain, le rat de Poudlard se mit à galoper avec attention, comme s'il savait où aller et Pettigrew, prudent, le suivit. Si le rat avait survécu jusqu'ici à cette ignoble bête, alors il devait connaître tous les coins sûrs du château pour un rat pourchass !
Et effectivement, pas moins de deux couloirs plus loin, ils se réfugièrent tous les deux sous une immense armoire, toutes considérations territoriales oubliées tandis qu'ils reprenaient leur souffle.
Le chat, frustré de ne pouvoir passer sous l'armoire également, glissa la patte dans l'interstice et chercha à tâtons ses proies qui étaient bien au delà de sa portée.
Néanmoins, Peter recula prudemment jusqu'au mur… pour se trouver à côté d'un nouveau trou de souris ! Une échappatoire possible ! Du moins, si celui-ci était moins occupé que le précédent. Il jeta un coup d'œil à son compagnon de chasse qui, plus calme, faisait une toilette consciencieuse pour mieux narguer le chat sifflant de rage tout près d'eux.
Précautionneusement, il mit le nez dans l'ouverture pratiquée entre les deux briques et renifla avec attention, mais il ne semblait y avoir personne, là-dedans. Et pour cause… il s'agissait des toilettes de Mimi Geignarde !
Ayant échappé à tout danger immédiat, Peter s'accorda un moment pour réfléchir. C'en était assez de cette balade, il avait bien vu qu'il savait se servir de toutes ses pattes si besoin ! Il ne voulait pas continuer son exploration plus loin… Et rentrer au dortoir serait bien plus facile sous sa forme plus la volumineuse… plus voyante, certes, mais tellement plus pratique pour se déplacer dans le labyrinthe de Poudlard !
Sa décision prise, il observa les alentours, mais puisque la mystérieuse Mimi semblait très occupée à sangloter dans ses toilettes favorites, il se transforma en toute tranquillité, et sans témoin.
Maintenant il pouvait rejoindre son lit sans craindre de se faire assassiner par un chat à chaque détour de couloir.
Ou du moins, c'était ce qu'il croyait. Car à la première croisée des chemins qu'il rencontra sur son chemin, un rat familier passa devant lui, et le chat qui lui courait après entra en collision violente avec la jambe de Peter.
Ce n'aurait pas été si terrible si le matou en question, qui ne l'avait pas vu, n'avait pas paniqué en s'accrochant de toutes ses griffes à sa jambe. Hurlant de douleur, le pauvre garçon agita férocement le pied pour se débarrasser du chat, mais il ne réussit qu'à perdre l'équilibre et à s'étaler de tout son long.
Hérissé, le chat s'éloigna d'un bond, et ce ne fut qu'à ce moment-là que Peter le reconnut. Comment avait-il pu être assez bête pour ne pas reconnaître le professeur McGonagall ?
D'ailleurs, l'irritable professeur de Métamorphoses réapparut à la place du chat, bien que le feulement de rage soit toujours audible.
- PETTIGREW ! Mais que… que… que diable faites-vous l ?
Peter recula sous la violence de la colère. McGonagall s'était mise à bégayer plutôt qu'à hurler, et il ne put qu'entendre quelques mots comme « couvre-feu » et « détention » avant de trouver une inspiration.
- Ne m'en veuillez pas, Professeur ! J'ai… j'ai perdu mon rat, et… j'ai peur qu'il n'arrive pas à revenir. Vous voyez, je viens de l'avoir…
Pour le coup, Minerva s'arrêta de fulminer et pâlit si vite que Peter crut qu'elle allait s'évanouir.
- Le rat que vous pourchassiez, continua-t-il en essayant de prendre l'air inquiet, ce n'était pas lui, n'est-ce pas ? Vous n'auriez pas vu un autre rat ?
- Euh… euh… non. Allez vous coucher, Pettigrew, et vous chercherez votre petit animal demain, d'accord ? C'est que… le couvre-feu est pass !
- Oui… désolé, Professeur.
C'était sans doute une preuve évidente du trouble de l'enseignante qu'elle l'envoya se coucher sans autre réprimande. Dès qu'il fut certain qu'elle ne pouvait plus le voir, Peter s'accorda un sourire triomphal.
Ce soir, il allait avoir des choses à raconter à ses amis.
