Chapitre 3: Pierre qui gronde
Le service des urgences de Sainte-Mangouste était un endroit comme Harry n'en avait jamais vu. Quand ils entrèrent, portant Hermione à trois, ils se crurent débarqués dans un monde de folie ou dans un film moldu vu en accéléré. Des Sorciers vêtus de blouses blanches faisaient léviter d'autres Sorciers, blessés ou malades, et les envoyaient d'un coup de baguette voler vers les divers services. Harry manqua se faire renverser par une vieille Sorcière, apparemment très malade, qui volait allongée sur le dos, les pieds les premiers. Malgré son état, elle continuait de serrer son sac à main contre son corps de toutes ses maigres forces. Elle croisa un petit garçon noir, endormi ou évanoui, qui lévitait à toute vitesse vers le service de réanimation, ses parents courant derrière lui et se cognant à tout le monde. À chaque instant, des Médicomages, reconnaissables à leurs robes blanches, transplanaient, apparaissaient, repartaient, amenant des malades ou criant au passage des ordres aux pauvres infirmiers qui avaient bien du mal à suivre le rythme.
Lorsque Harry et Ron se présentèrent au comptoir avec Hermione dans les bras, l'infirmière qui était derrière se pencha avec effarement:
- Eh bien, qu'est-ce que vous lui avez fait à votre copine?
Harry fut révolté par la question idiote de cette femme, apparemment stupide.
- Ça n'est pas notre "copine" mais notre amie, d'une, dit-il avec véhémence. Et de deux, on ne lui a rien fait, on tente justement de lui sauver la vie.
- D'accord, d'accord, mon petit monsieur! Alors, voyons, où vais-je la mettre… Mel! cria-t-elle.
Le dénommé Mel accourut. C'était un jeune homme dont la peau noire contrastait curieusement avec la blouse blanche. Dès qu'il vit Hermione, son visage s'assombrit.
- Oh, dit-il, elle est salement amochée.
Il examina un instant le bras d'Hermione.
- Qu'est-ce qui lui a fait ça? demanda-t-il sans lever les yeux de la blessure.
- Une lame de hachoir, dit Harry, qui espérait qu'on ne lui en demanderait pas trop sur les circonstances.
Il avait vaguement conscience que traverser seul un carrelage ensorcelé n'était pas un exploit qu'on approuverait chez un garçon de quinze ans, même si c'était pour sauver son amie des Mangemorts.
- Une lame ensorcelée? questionna Mel en relevant la tête.
- Oui, dit Harry.
Les yeux de l'infirmier semblèrent fouiller le garçon à la recherche d'une réponse, mais il n'en demanda pas plus. Il fit un mouvement rapide de sa baguette et Hermione repartit en flottant. Elle tourna à un angle et ses amis la perdirent de vue.
À ce moment, un Médicomage transplana juste devant Ron. Sans même remarquer qu'il lui marchait sur les pieds, il se précipita vers le comptoir et marmonna trois mots à l'infirmière écervelée. Celle-ci appela cinq noms et cinq infirmiers arrivèrent précipitamment pour transplaner à la suite du Médicomage.
Au milieu de toute cette cohue, Harry ne savait trop quoi faire. Il s'inquiétait pur Hermione mais plus encore pour Sirius. Wakewage lui tapota le bras.
- Il faudrait y aller…
Il chercha ce qui pourrait le retenir, croisa le regard de l'infirmière.
- Vous feriez mieux de partir, dit celle-ci de sa voix flûtée. Vous ne pouvez plus rien pour votre amie. Revenez prendre de ses nouvelles demain. Et puis, on va avoir besoin de place ici. Il y a eu un attentat. Les blessés ne vont pas tarder à affluer.
En effet, au moment où les trois jeunes Sorciers quittaient le service, les premiers infirmiers vêtus de blanc transplanaient déjà, transportant un, voir deux blessés, pour repartir immédiatement.
Les trois adolescents se retrouvèrent dehors dans un calme impressionnant, après la cohue de l'intérieur. Ils étaient dans le parc de Sainte-Mangouste. C'était le petit matin, et les oiseaux chantaient joyeusement. En lui-même, Harry songea que ce tableau de verdure paisible n'était qu'un masque sur la face noire du monde. Les oiseaux ne pouvaient pas chanter dans la réalité où Sirius était prisonnier de Voldemort. Ça n'était pas réel.
Mais Ron coupa court à ses sombres pensées:
- Harry, qu'est-ce qu'on fait?
- On retourne à Durmstrang, dit-il fermement. Tout de suite.
Wakewage opina, mais Ron n'était pas heureux de cette décision.
- Pourquoi est-ce qu'on ne va pas chercher de l'aide? Mon père travaille au Ministère, il pourrait…
- Ron! s'écria Harry. Pense un peu à ce que tu propose. Sirius est recherché par le Ministère de la Magie! Ils seraient heureux de le savoir entre les mains de Voldemort!
Ron tressaillit à la violence du nom, mais il resta sur ses positions.
- Mais Papa a accepté l'innocence de Sirius, lui! Et il y a Dumbledore.
- Non! trancha Harry. Le temps qu'on les retrouve, qu'on leur explique, qu'on les décide, et Sirius sera mort – ou pire…
Il prit la main de Ron et celle de Morgane Wakewage.
- On y va! ordonna-t-il.
Et le monde disparut autour d'eux.
Il fut remplacé par les murs gris de Durmstrang. Ils étaient à présent dans une salle éclairée par de grandes fenêtres à meneaux. Sur les murs, des tableaux de Sorciers célèbres dominaient les trois arrivants. Un feu violet dansait dans un âtre géant.
- Nous sommes dans l'aile du château où vivent les Mangemorts, chuchota Wakewage. Soyez prudents.
Ils se dirigèrent vers la porte, mais soudain ils entendirent des voix de l'autre côté. Wakewage s'immobilisa, la main levée.
- Elle est apparue dans la salle d'armes, dit une voix rocailleuse en anglais. Le Seigneur y est allé.
- Va-t-il réussir à l'ouvrir? demanda une deuxième voix, celle d'une femme.
- Il ne nous appartient pas d'en débattre, s'écria une troisième personne. Le Maître est le Sorcier le plus puissant qui ait jamais existé. Ses pouvoirs n'ont pas de limite, vous le savez.
- Oui, reprit la femme. Néanmoins… Vous savez ce qu'on murmure?
- Silence! intima la troisième personne. Nous ne devons même pas l'évoquer. Cela regarde le Seigneur des Ténèbres et lui seul!
- On dit qu'il pourrait être vaincu de nouveau.
- Elle a raison, Lucas, intervint le premier homme. Nous étions tous présents à son retour. Nous avons tous vu le jeune Potter s'échapper et…
- Vous savez ce qu'on dit, renchérit la Mangemorte. Que notre Maître ne pourrait pas tuer Harry Potter.
- Taisez-vous, fous que vous êtes! s'écria le dénommé Lucas. Voulez-vous nous faire tuer?
Mais il était évident qu'il avait envie de dire ce qu'il savait, car quand il reprit la parole ce fut dans un murmure tout juste audible pour Harry et ses compagnons, à travers la porte.
- J'ai surtout entendu une rumeur bien étrange, souffla-t-il. On dit que tous les efforts de notre maître pour abattre la défense dont jouit Harry Potter seraient vains. Et que, au contraire…
Harry se colla un peu plus contre la porte. Il aurait donné n'importe quoi pour entendre la suite.
- Oui? fit la Mangemorte.
- … c'est cela même qui tuera le Maître.
Les deux autres s'exclamèrent, terrifiés.
- Comment? Mais… c'est impossible!
- Le Seigneur des Ténèbres a utilisé le sang de Potter pour revivre. L'enfant ne peut plus lui résister, à présent!
- Je ne sais rien de plus! Maintenant, ne parlons plus de ça. Pour l'heure, notre Maître est en vie et plus puissant que jamais. Et n'oubliez pas, mes amis… L'heure de la Revanche est proche, très proche!
Et les trois Mangemorts poussèrent la porte.
- Ouf, soupira Ron.
Il s'extirpa de l'armoire derrière laquelle Wakewage les avait précipités juste avant que les Mangemorts ne les aperçoivent.
- Merci, dit Harry à la fille. Nous te devons la vie.
- C'est normal, sourit Morgane Wakewage. On a un accord. Je dois vous guider tant qu'on est dans mon territoire. Je considère que ça inclut aussi la sécurité.
C'était louche. Il y avait quelque chose de louche dans cette réponse. Harry afficha un air soupçonneux.
- Un accord, tu dis? Qu'est-ce que tu attends en échange de tes services?
Quand elle rougit, il sut qu'il avait touché le point faible.
- Eh bien, marmonna-t-elle, je ne sais pas comment vous allez le prendre.
- Prendre quoi? fit Harry de plus en plus soupçonneux.
- Prendre ce que j'ai à te demander.
Une sonnette d'alarme se déclencha dans sa tête. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir lui demander? Il ne possédait rien qui puisse lui être utile, à part… À cette pensée, son cœur se serra. Et si Morgane Wakewage marchandait son aide contre l'Éclair de Feu, ou la cape d'invisibilité? Aurait-il la force de refuser en sachant Sirius en danger de mort?
- Voilà, expliqua la Sorcière. Je ne veux plus étudier ici. Durmstrang est devenue trop dangereuse. On m'y connaît comme réfractaire à la magie noire. Alors j'avais pensé aller à Poudlard, et je… j'aimerais que vous interveniez en ma faveur auprès du professeur Dumbledore.
La surprise de Harry n'eut d'égale que celle de Ron. Morgane Wakewage, à Poudlard? Parmi tout ce qu'il avait imaginé, rien ne s'approchait un tant soit peu de ça.
- Mais tu… tu crois vraiment que c'est une bonne idée? s'inquiéta Ron. Nous, enfin les gens de notre école n'aiment pas beaucoup ceux de Durmstrang, tu sais.
Elle sembla chercher une réponse, ne la trouva pas et, sur un signe d'invitation, elle repartit. Les garçons se mirent en marche à sa suite.
À présent qu'ils pénétraient dans la partie habitée du château, le risque d'être découverts augmentait à chaque instant. Plus d'une fois, ils durent se jeter derrière un meuble, une porte, ou même une cheminée, à l'approche d'un Mangemort. Ceux-ci étaient aussi nombreux dans le bâtiment qu'une colonie de cafards. Harry eût l'impression que leur nombre avait triplé depuis le retour de Voldemort. Il voyait notamment de tout jeunes gens, fiers de leur capes de Mangemorts fraîchement acquises. Comment Wakewage arrivait-elle à leur faire traverser tout ce monde sans être repérés, cela tenait du miracle pour lui.
Ils découvrirent dans certaines salles d'autres sortes d'alliés de Voldemort. Certaines des créatures que le Mage Noir avait rallié à lui défiaient les limites de l'imagination. Des monstres de quatre mètres de haut, aux grandes ailes noueuses et aux dents démesurées. De petits êtres, à la peau épaisse, aux dents et aux griffes acérées. Des femmes pourvues d'ailes, de becs et de serres, que Harry identifia comme des harpies. Et, plus terrifiant encore, des choses d'ombres et de fumée, impalpables et difficiles à discerner à l'œil nu, car leurs bords étaient en constante mouvance. Ces créatures semblaient à mi-chemin de la réalité. Harry ignorait les enjeux entre Voldemort et les alliés qu'il avait invoqué, mais il percevait vaguement que le Mage Noir avait éveillé d'anciennes ombres enfouies dont la force le dépassaient. Comment parvenait-il à dominer ces créatures, le garçon ne pouvait le concevoir. Mais il se promit d'en parler à Dumbledore. La connaissance de l'armée de Voldemort pouvait être capitale dans les combats à venir.
Ce n'est qu'en formulant cette pensée que Harry prit réellement conscience de ses implications: le Mage Noir constituait une armée! Pendant que le Ministère de la Magie faisait de minables efforts pour contrer les raids de Mangemorts, Voldemort préparait une guerre! Il n'avait vraiment pas perdu son temps…
L'enfilade de salles semblait ne devoir jamais cesser. Les trois compagnons faisaient de nombreux détours pour éviter les repaires des créatures, ce qui n'empêchait pas Harry d'apercevoir bon nombre d'entre elles. Derrière lui, Ron était d'une blancheur lunaire. De toute évidence, il se battait vaillamment contre une furieuse envie de prendre ses jambes à son cou.
Wakewage stoppa si brutalement que Harry se cogna dans son dos. Ils étaient dans un couloir désespérément nu et des personnes s'approchaient. La Sorcière chercha tout autour d'elle une cachette. Il n'y en avait pas. Ils allaient être découverts. Elle prit les mains de Harry et Ron et transplana juste au moment où les Mangemorts arrivaient.
Ils réapparurent dans un tout petit espace. Harry fut projeté contre Ron, et tous deux s'apprêtèrent à râler, mais Wakewage leur imposa le silence.
- Où est-ce qu'on est? chuchota Ron.
- Dans un cagibi, expliqua Wakewage.
- Et maintenant?
- Taisez-vous!
Elle écouta longuement à la porte, mais aucun bruit ne se fit entendre. Elle s'autorisa alors à entrouvrir tout doucement celle-ci pour jeter un coup d'œil au-dehors.
Personne. Elle l'ouvrit plus grand et sortit du cagibi. Harry et Ron la suivirent, dépliant leurs membres douloureux.
Ils étaient dans une grande salle dont les murs étaient couverts d'épée, de lances, de hampes, de casques à plumes, de masses d'armes, de morgenstern et autres poignards ciselés. Ici et là, des armures en pied rappelaient à Harry celles qui peuplaient les couloirs de Poudlard. Des étendards multicolores pendaient à intervalles réguliers. Ils étaient dans la salle d'armes.
- Ne faites pas le moindre bruit, chuchota Wakewage si bas qu'ils lurent sur ses lèvres plus qu'ils n'entendirent. Il y a sûrement des gardes derrière cette porte.
- Par où on sort? fit Ron sur le même ton.
- On ne sort pas. On cherche quelque chose. Des inscriptions sur un mur. Sûrement des runes.
- Pourquoi?
La seule réponse fut:
- Pour sortir d'ici vivants.
Ils s'attelèrent à chercher sur tous les murs, et ce fut Harry qui trouva. Il appela silencieusement Wakewage et elle accourut, bizarrement surexcitée. Ce qu'avait découvert Harry ressemblait à s'y méprendre au mur, sauf que sous un certain angle on apercevait des marques dans la pierre. Ils s'aperçurent bien vite qu'il s'agissait de runes. Wakewage commença à les déchiffrer.
- Excuse-moi, murmura Harry, mais est-ce que c'est vraiment le moment?
- Je t'assure que ça l'est, fit la fille.
Et elle éclata d'un rire silencieux. Les deux garçons étaient stupéfaits: Wakewage était véritablement en train de danser sur place!
- Bon, dit-elle en se calmant un peu. Maintenant, reste à trouver le mot de passe.
- Tu pourrais nous expliquer? fit Harry.
Mais elle ne l'écoutait déjà plus. Elle se mit à lire les runes à voix basse, dans une langue qui donna la chaire de poule à Harry. À peine eût-elle fini que les inscriptions s'allumèrent d'une lueur argentée. Un fin trait d'argent ondula sur la pierre et la parcourut dans sa hauteur, dessinant une porte aux bords lumineux qui pulsaient doucement.
- Ouvre-toi, dit Wakewage.
Bien sûr, rien ne se produisit. Elle prononça divers mots dans d'autres langues. Après une vingtaine d'essais, elle s'arrêta, à cours d'inspiration.
- Quelle poisse, soupira-t-elle. Bon, aidez-moi vous deux! s'écria-t-elle à l'égard des garçons.
Harry se creusa l'esprit. Il, connaissait divers types de mots de passe: le bureau de Dumbledore ne s'ouvrait qu'avec des noms de pâtisseries, la salle commune des Gryffondors avec des mots du genre de "guirlande" ou "faribole", la salle de bain des préfets de Poudlard exigeait le mot "fraîcheur des pins". Mais il se doutait que ces mots-là ne fonctionneraient pas ici. Il connaissait en outre un des mots de passe des Serpentards, "Sang-Pur". Cela paraissait déjà plus vraisemblable dans Durmstrang, et il l'essaya, mais rien ne se produisit. Wakewage le regarda de travers.
- Edro! chuchota-t-elle à la porte. Öffnet! Open! Laisse place! Nous n'avons d'autres ambitions que le bonheur de tous! Läss uns nur vorbei! Râh, paiouka! March ottouka! Mellon!
La porte se fendit par le milieu et les deux battants s'écartèrent doucement.
- Mellon? s'exclama la Sorcière, stupéfaite. Mais j'ai dit ça pour rigoler!
Et sans plus attendre, elle s'engouffra dans le passage sombre et humide.
Harry quêta l'explication de Ron, vit qu'il n'y comprenait rien non plus et s'engagea à la suite de Wakewage.
Ils parvinrent dans une salle plutôt petite en comparaison de tout ce qu'ils avaient visité jusque là. Les murs nus étaient lumineusement dorés et une brume légère flottait au-dessus d'eux, dissimulant le plafond. La pièce était parfaitement ronde. Le seul meuble était un piédestal en son centre. Et sur le piédestal, brillant d'un feu magique, il y avait un énorme joyau.
Morgane Wakewage s'approcha lentement. Comme dans un rêve, Harry vit ses cheveux s'animer, se mettre à voleter autour de sa tête. Ses bras s'écartèrent légèrement de son corps, et des étincelles crépitèrent sous ses pieds, puis sur tout son corps. Bientôt, elle fut transformée en une statue ignée. Elle tendit la main, en une seconde qui dura l'éternité, et elle saisit le joyau.
Alors les deux garçons furent pris dans une tornade de magie brute. Des langues de lumière ondulaient, des marées d'arc-en-ciel dérivaient du centre vers l'extérieur de la pièce, des troubles optiques dansaient au coin de ses yeux sur fond de feu d'artifice. Au centre de tout cela se dressait Morgane Wakewage, et le joyau dans sa main. Celui-ci brillait si intensément qu'il était impossible de la fixer.
Une éternité s'écoula. Puis une autre.
Et Morgane enfouit le joyau dans sa poche. Alors, tout s'éteignit.
Harry cligna plusieurs fois des paupières pour chasser les rémanences qui occultaient sa vue, sans succès. Tout était noir autour de lui, mais des bombes atomiques s'obstinaient à exploser dans ses pupilles, encore et encore. À ses grognements, il sut que Ron était comme lui. Puis cela se calma et Harry retrouva la vue. Ils étaient dans l'obscurité. Il mit un temps à comprendre qu'ils étaient der retour dans le cagibi.
- Wakewage, dit-il, tu pourrais nous expliquer ce qu'on vient de voir?
Au temps qu'elle mit à répondre, Harry devina qu'elle était embarrassée.
- Eh bien… hésita-t-elle. D'accord, je vais tout vous expliquer.
Elle alluma sa baguette. Son visage, éclairé du dessous, avait quelque chose d'inquiétant.
- Ceci, dit-elle en sortant le joyau de sa poche, est une pierre d'Orian. C'est un secret caché dans Durmstrang depuis des siècles. Elle apparaît de temps à autres et toujours à dessein, mais nul ne peut prétendre connaître tous ses pouvoirs.
La pierre dans sa main était presque une sphère, taillée irrégulièrement et non polie. Maintenant qu'elle avait été arrachée à son piédestal, elle ne luisait plus que faiblement. Mais des pulsations l'animaient toujours, et elle répandait une aura irisée. Elle faisait la taille d'un poing, était de couleur sombre et sans cesse en mouvement, comme remplie de fumée.
- Ce que l'on sait, poursuivit Morgane Wakewage, c'est que la pierre sert à des personnes qui entreprennent une quête et sont prêts à tout pour la mener à terme. La quête en elle-même importe peu, ce qui compte c'est que la pierre donne à son propriétaire un pouvoir à la mesure de ce qu'il a entrepris.
Harry commençait à comprendre. Ce joyau avait le pouvoir de l'aider à sauver Sirius. Mais il connaissait suffisamment bien le monde de la magie pour avoir des doutes sur tout objet magique apparemment providentiel.
- Et c'est tout? demanda Harry. Il n'y a aucune conséquence, aucun engagement? Pourquoi la pierre aide-t-elle n'importe qui?
Mais Wakewage ne répondit pas, car juste à ce moment-là, ils entendirent des voix de l'autre côté de la porte. Plusieurs personnes approchaient, et l'une au moins des voix qu'ils pouvaient entendre n'était pas humaine.
Alors que les serviteurs de Voldemort passaient juste au-dehors du cagibi, Harry ressentit une vague de froid l'envahir depuis les extrémités et remonter jusqu'à son cœur. Une terreur sombre s'empara de lui, oppressant sa tête et ses poumons. Du fond de sa mémoire, il sentit remonter de vieux cauchemars à moitié refoulés.
"-Lily! Prends Harry et vas-t-en! C'est lui! Vas-t-en! Cours! Je vais le retenir!
Un hurlement.… un rire suraigu, sinistre.…"
Il s'agrippa de toutes ses forces aux arrêtes du mur. Il ne voulait pas. Pas s'évanouir. Pas maintenant.
Il s'éveilla plus engourdi que jamais. Le sol de pierre était glacé sous sa joue, il avait mal partout à mesure que les sensations revenaient dans ses membres maltraités. Sa cicatrice le lançait par intermittence, et il avait envie de vomir.
- Harry, murmura Ron en l'aidant à se relever, ça va?
- Hmm, grogna l'intéressé, peu désireux de s'étendre sur le sujet.
Il guettait la réaction de Wakewage, souhaitant savoir si elle allait se moquer de sa faiblesse, compatir ou le regarder comme une bête bizarre.
Morgane était recroquevillée dans un angle en position fœtale et gémissait, les mains sur le visage.
- Elle a poussé des petits cris au moment le pire, expliqua Ron. Des paroles sans aucun sens. J'ai dû mettre ma main sur sa bouche.
Harry hocha la tête. Il n'était pas vraiment en position de s'inquiéter d'autrui. L'envie de vomir s'était muée en un goût amer dans sa bouche, accompagné d'un mal de tête à faire tomber à la renverse. Il prit soudain conscience qu'il était affamé.
Wakewage se redressa d'un coup. Dans la pénombre du cagibi, ses yeux avaient un éclat inquiétant. Son visage était hagard, elle transpirait.
- Il est parti… marmonna-t-elle, avant de se ressaisir.
Et sans laisser aux garçons le temps de l'interroger, elle poussa doucement la porte pour jeter un œil au-dehors.
La voie était désert.
- Parfait, dit-elle. Et elle sortit à pas de loup.
Par les grandes fenêtres à meneaux, Harry voyait le soleil haut dans le ciel. Il devait être aux alentours de dix heures, c'est-à-dire neuf heures en Angleterre. Il n'avait rien mangé depuis la veille au soir, et encore, le repas chez les Dursley avait consisté en une assiette de salade nature, avec deux cerises en c$dessert. Il s'était couché sans remanger, parce que ses sombres pensées lui coupaient l'appétit. Mais à présent, la nuit blanche plus le passage du Détraqueur l'avaient abattu, et il n'aurai pas rechigné devant une plaquette de chocolat, plus un petit déjeuner conséquent, comme seule Mrs Weasley savait si bien les préparer. Sa tête douloureuse lui semblait peser très, très lourd sur son vente désespérément creux. Quant à Ron, il était d'une pâleur fantomatique sous ses taches de rousseur. Lui aussi devait souffrir de l'absence de petit-déjeuner.
Mais soudain les pensées de Harry prirent une toute autre voie, car ils venaient d'arriver devant une imposante porte d'ébène massif, ornée de gueules de loup d'argent. Et il sut avec certitude que de l'autre côté se tenait Voldemort.
Deux trolls petits et trapus, armés jusqu'aux dents et vêtus de cuirasses, gardaient la porte. Ils étaient plus petits que celui que Ron, Hermione et Harry avaient affronté en première année, mais ils avaient l'air au moins aussi féroces. Le jeune Sorcier voulut arrêter Wakewage, mais elle avait déjà pénétré dans le champ de vision des gardes… La terreur figea Harry…
Les trolls saisirent leurs hallebardes et les pointèrent sur Morgane…
Ron poussa un petit cri d'effroi...
Morgane Wakewage s'avança et dit aux trolls:
- Laissez-moi passer. J'amène un précieux présent au Maître.
Et comme pour mieux appuyer ses paroles, elle se tourna à moitié pour désigner Harry et Ron.
Dès qu'ils pénétrèrent dans l'antre de Voldemort, ils furent saisis par la terreur sans nom qu'inspirait la seule présence du Mage Noir. Il était au bout d'une salle sombre et immense, assis sur un trône d'ébène en forme de serre d'aigle. Son corps disparaissait au milieu de multiples couches de velours noir et ses yeux rouges brillaient d'une lueur maléfique. À ses pieds était lové le serpent Nagini.
Harry et Ron furent poussés sans ménagement et jetés au bas du trône. Ron tremblait de tous ses membres, et Harry était tellement terrassé par les élans de haine et de souffrance qu'il aurait été bien incapable de se relever. Pourtant, il dressa la tête et toisa Voldemort droit dans les yeux. Celui-ci éclata d'un rire diabolique.
- Eh bien, on dirait que voici notre jeune fugueuse! Et que m'apporte-t-elle? Ça alors! Harry Potter en personne. Accompagné de son fidèle ami, Ron Weasley. Voilà bien une surprise!
Harry suffoquait de haine. Il ne savait plus qui il brûlait le plus d'assassiner, Voldemort pour tous ses crimes, Morgane Wakewage pour son innommable traîtrise, ou… lui, pour son aveuglement. Comment avait-il pu être aussi stupide? Existait-il une seule personne au monde, Sorciers et Moldus confondus, qui ait été plus habile à se jeter dans la gueule du loup? Comment avait-il pu accorder sa confiance à Morgane? Comment, comment, COMMENT AVAIT-IL PU LUI FAIRE CONFIANCE? Il n'avait même pas eu besoin de tous les stratagèmes déployés par Croupton l'année précédente cette fois. il avait suffi qu'une inconnue débarque chez lui en lui disant qu'Hermione était en danger pour qu'il coure tout droit à Voldemort. Plus de Portoloin, plus de Coupe de Feu, rien de tout cela. Juste une fille de Mangemort à qui il avait fait confiance. Mais COMMENT? n'avait-il donc rien appris de sa dernière aventure, la nuit funeste de la Troisième Tâche? Était-il complètement et irrémédiablement stupide?
- Approche, Morgane Shrakow, murmura Voldemort. Ton père m'a dit des choses étranges à ton sujet. Que tu étais une rebelle, une fugueuse. Que tu te refusais à son enseignement.
C'était pourtant tellement évident. Elle avait dit que son père était un Mangemort. Qu'elle avait étudié la Magie Noire à Durmstrang. Elle avait su que Sirius était tombé dans un piège. Et ce joyau, cette Pierre d'Orian. Si elle avait si bien éludé les questions à ce sujet, n'était-ce pas qu'il y avait du louche là-dessous? Ce joyau était-il vraiment leur meilleure arme contre le Mage Noir? N'était-il pas plutôt son serment d'allégeance à Voldemort? Un présent pour les accompagner, lui et Ron?
- Mais voilà que tu m'offres ce que mon cœur désirait le plus au monde… Qu'est-ce que ceci? Pour qui es-tu, Morgane Shrakow?
- Je suis née pour vous servir, mon Maître, répondit Wakewage. C'est mon unique but et mon unique souhait. Ordonnez, et j'obéirai.
Elle n'avait fait que jouer la comédie, depuis le début. Elle lui avait embrouillé l'esprit, elle avait amadoué Ron avec ses larmes et sa peur, et tout cela n'était qu'un masque! Du théâtre! Et ils s'étaient laissés prendre au piège comme de vulgaires souris!
- Bien, bien, jubilait le Mage Noir. On dirait donc que les leçons de ton père ont porté plus qu'il ne le croyait... Voilà qui le surprendra. Mais dis-moi, Morgane, pourquoi donc as-tu agis si secrètement? Pourquoi as-tu donné une image si fausse de toi-même à tous les Mangemorts qui t'ont rencontré? Es-tu vraiment ce que tu prétends être ou bien n'est-ce qu'un autre de tes visages?
Un instant, elle sembla déstabilisée. Mais la seconde d'après, elle reprenait:
- Pourquoi vous aurais-je apporté ces deux-là si j'agissais en traître? Potter est le dernier espoir des amoureux des Moldus, des Sang-de-Bourbe, des amis de Dumbledore. Maintenant qu'il est à vous, il n'y a plus d'espoir pour l'autre camp. Potter n'est-il pas une preuve suffisante de ma sincérité?
Elle était une menteuse, une traîtresse et il n'avait rien vu. Elle l'avait mené dans tout Durmstrang comme un trophée qu'on exhibe, et personne ne les avait arrêtés, et lui avait gentiment continué à la suivre, aussi méfiant qu'un Niffleur face à un gros tas d'or.
- Hum, tu es sûre de toi. C'est une bonne qualité, ou un gros défaut. Et si je te disais que cela ne suffit pas à me prouver que je peux t'accorder ma confiance?
- Alors je vous offrirais ceci.
Elle exhiba le joyau.
Il y eût des "Oh" et des "Ah" parmi les serviteurs du Sorcier Noir, puis un silence respectueux s'abattit sur l'assemblée. Tous les regards étaient tournés vers la pierre qui brillait dans la main levée de la jeune fille.
Harry s'arracha à ses sinistres pensées ce n'est qu'alors qu'il aperçut Sirius, affalé dans l'ombre du trône, évanoui… ou mort.
Voldemort s'était redressé dans sa serre d'ébène. Ses yeux rouges exprimaient une excitation comme Harry n'en avait jamais vu dans les yeux du Mage Noir, pas même lorsqu'il avait failli lui voler la Pierre philosophale en première année.
- Ainsi, c'est donc vrai… murmura-t-il.
Wakewage ouvrit les mains, comme pour lui offrir le joyau. Il claqua des doigts, et la pierre s'envola pour venir flotter devant lui.
- On disait la Salle Cachée d'Orian réapparue…J'étais moi-même en train de travailler à un contre-charme pour en forcer l'entrée… et voilà que c'est toi qui découvres la Pierre. Je m'avoue surpris. Tu seras une bonne Mangemorte, Morgane Shrakow.
- Ce sera un honneur immense que de vous servir, Maître, dit-elle en s'agenouillant avec soumission.
Là-bas, dans son coin, Sirius remua. il était donc en vie…
- La Pierre d'Orian jubilait Voldemort. La dernière des Pierres d'Orian. Voilà un objet dont la puissance n'a d'égale que la valeur… puissance décuplée par les pouvoirs du Sorcier qui la manipule. La Pierre d'Orian…
Soudain, sa voix changea: d'aiguë et sardonique, elle devint grave et caverneuse. Il déclama:
- Pierre d'Orian, entends mon souhait! Je suis le Seigneur Ténébreux et je t'ordonne d'obéir à ma voix! Que dès à présent, Moldus et Sang-de-Bourbe connaissent mon nom et sentent mon ombre! Que mon pouvoir renverse ses limites et devienne plus puissant que les fondements de la Terre! Que tous respectent ma voix et tremblent à mon approche! Que les ultimes îlots de résistance soient balayés comme la tempête emporte les feuilles mortes! Pierre d'Orian, exauce mon souhait!
Harry ne sentait plus rien. La douleur terrassante n'atteignait plus ses pensées. Il voguait loin, très loin de cet océan de terreur et de souffrance. Il voyait Hermione, son moignon sanglant juste en dessous du coude, ses cheveux blonds en broussaille. Il voyait Ron agenouillé aux pieds du Seigneur des Ténèbres. Il voyait le fantôme de Cédric Diggory: "Harry, ramène mon corps à mes parents, s'il-te-plaît". Il voyait Cho Chang ravagée par les larmes, Mr et Mrs Diggory au-delà de toute souffrance, la Grande Salle de Poudlard endeuillée, et Dumbledore "Souvenez-vous de Cédric Diggory". Il voyait Sirius, traqué par le Ministère, sale et amaigri. Il voyait ses parents. Il les voyait comme dans ses cauchemars de Détraqueur, hurlant, tentant de résister, tombant comme deux figurines de papier balayées par le vent. Il voyait Voldemort plus puissant que jamais. Il voyait sa mort. Et Voldemort qui riait, riait de ce rire sinistre au milieu d'un tourbillon de lumière noire comme les ténèbres, qui remontait sur lui, en lui…
La puissance de la haine et de la destruction.
Plus complète, plus facile, plus forte que l'amour.
Le pouvoir à l'état brut qui emplissait les veines du Sorcier et jaillissait par sa bouche et ses yeux…
Alors tout s'effondra.
Obscurité. Chaos. Bouleversement des fondations du Monde.
Un séisme de la Magie, en somme.
Tout tremble. Mouvance, écho, rémanence.
Rien, plus rien.
Voldemort tomba à bas de son trône. La Pierre lui échappa et roula aux pieds de Wakewage, qui la ramassa et la cacha au creux de sa poche.
Le temps était figé. Les Mangemorts immobiles, indécis. Harry, sonné, s'attendant au pire à chaque instant, se releva lentement. C'est alors qu'il découvrit un mur magique, du même type que celui formé par les deux baguettes et le chant du phénix, le soir de la troisième tâche. Translucide, lumineusement doré, il encerclait le trône de Voldemort, enfermant d'un côté Harry, Ron, Wakewage, Sirius et le Sorcier Noir, de l'autre la troupe de Mangemorts. Il n'avait même pas eu le temps de s'interroger sur cette barrière providentielle qu'il fut envahi d'une certitude.
D'une manière ou d'une autre, Voldemort venait de recevoir un choc magique d'une puissance suffisante à le mettre à terre. D'où venait ce choc, Harry l'ignorait, mais il savait une chose: si quelqu'un devait un jour réussir à se battre en duel contre Voldemort, il n'aurait pas de meilleures chances que lui-même en ce moment. Cela lui suffit. Il savait qu'il n'avait aucun espoir de survivre, mais dans ce cas il serait mort en combattant.
En ce moment, la Magie, ayant fini de recompter ses membres et de reprendre ses esprits, réintégra sa place dans la grande Machine Céleste. Au même instant, chacun retrouva ses esprits et se remit à la tâche. Les Mangemorts se précipitèrent contre le mur magique, sans résultat. Ron releva la tête, pour apercevoir Voldemort à quelques pas, et rampa en arrière, s'éloignant le plus possible. Le Mage Noir sembla se réveiller d'une longue léthargie. Il contempla ses mains, interdit. Puis il chercha sa baguette.
Harry ne lui en laissa pas le temps.
- Expelliarmus! hurla-t-il.
Le Sorcier fut projeté en arrière et sa baguette atterrit dans la main de Harry, qui la serra convulsivement.
- Qu'as-tu fait? marmonna Voldemort.
Sa voix n'avait plus ce pouvoir de terreur. Elle était juste insupportablement aiguë.
- Moi? dit Harry. Rien. Pas pour l'instant. mais je vais vous tuer.
Il ne comprenait pas ce qui lui donnait cette assurance, ni pourquoi il acceptait tout à coup ce combat qu'il avait toujours refusé. Il ne comprenait rien, mais il pouvait peut-être tuer le Seigneur noir dans ce moment de faiblesse, alors il n'allait pas hésiter à essayer. Quelqu'en soit le prix.
- Shrakow, qu'as-tu fait? hurla Voldemort, et la panique dans sa voix était la chose la plus agréable que Harry ait jamais entendu.
- La Pierre n'obéit qu'à celui qui l'a trouvée, marmonna Wakewage.
Elle était affalée au pied du mur, épuisée ou terrifiée, Harry n'aurait su le dire.
- Quiconque l'utilise contre le gré de son maître est frappé en retour d'un coup aussi violent que le souhait a été puissant, compléta-t-elle d'une voix pâteuse.
Les yeux de Voldemort trahissaient sa panique. Mais il se ressaisit bien vite, trop vite:
- Ainsi vous avez réussi à m'affaiblir, jeunes impertinents. Mais même ainsi et sans baguette, je reste dix fois plus puissant que vous trois réunis!
Harry pouvait sentir le flux de magie qui revenait dans les veines de Voldemort à mesure qu'il parlait. Alors, sans lui laisser le temps de reprendre des forces, il s'écria:
- Spero patronum!
Il avait utilisé ce sort par pur réflexe, parce qu'il ne connaissait rien d'autre qu'Expelliarmus qui puisse servir dans un duel, et surtout contre le plus puissant des mages noirs. Contre toute attente, le cerf argenté qui galopa hors de sa baguette terrifia Voldemort: celui-ci se recroquevilla comme une huître dans sa coquille. Harry se remémora les paroles de Wakewage: "Il puise dans la magie des autres: c'est un vampire, un peu comme un Détraqueur."
Il enchaîna aussitôt par un autre Expelliarmus, mais son adversaire l'évita. Puis il lança un "Stupéfix!" que Voldemort absorba dans sa main ouverte, comme un éclair absorbé par un paratonnerre. C'était effrayant. Le Sorcier n'avait plus de baguette, ni l'intégrale de ses pouvoirs, et pourtant il parvint à décocher un sort à Harry. Rien n'aurait pu avertir celui-ci. soudain, il sentit ses entrailles se contracter, ses cheveux se hérisser, et un haut-le-cœur lui fit vomir toute la bile de son estomac vide. Immédiatement après, une langue de feu lui brûla le visage et le torse; il se jeta au sol en hurlant de douleur. Il relança un Expelliarmus et Voldemort heurta violemment les serres pointues du trône.
Et soudain, alors que rien n'aurait pu l'avertir, il fut attaqué dans le dos. L'espace d'une seconde, il pensa que Wakewage le trahissait de nouveau, mais il comprit son erreur en voyant les anneaux de Nagini s'enrouler autour de sa poitrine, immobilisant ses bras et étouffant ses poumons. Harry refoula un mouvement de panique. Il y avait forcément un moyen de se débarrasser de Nagini. Il dit:
- Pourquoi m'attaques-tu, Nagini?
Un long sifflement sortit de sa bouche.
- Le Maître me l'a ordonné, petit humain, siffla le serpent.
- Pourquoi est-il ton maître? Je croyais les serpents fiers et libres.
- Le Maître domine tous les serpents. Il nous parle, nous ne pouvons désobéir à sa voix.
Une idée se fraya un passage dans la tête de Harry:
- Mais moi aussi je vous parle, Nagini. Alors tu me dois obéissance.
- Je n'obéis qu'au Maître, fut la réponse du serpent.
Et il serra encore plus fort. Harry gémit de douleur.
- Ron! appela-t-il
Depuis le début du duel, Ron était resté prostré, perturbé par les bouleversements dans la magie, ou vaincu par sa peur. D'entendre son nom ralluma la vie dans ses yeux: Il se releva, vacilla un moment, puis se jeta sur Nagini avec un grand cri suraigu. Tout comme Harry, il ne connaissait qu'un sort de duel, Expelliarmus, mais cela suffit à faire voler le serpent à trois mètres de là.
Mais pourquoi Voldemort n'avait-il pas attaqué pendant ce temps-là?
Il était debout devant son trône, les mains tournées vers le ciel, la tête baissée. La magie brute affluait dans ses paumes, ses grandes capes noires volaient en soulevant la poussière. Et soudain, Harry comprit.
Voilà pourquoi il avait gardé Sirius à proximité. Voilà pourquoi Ron était perturbé, voilà pourquoi Wakewage ne se relevait plus. Le Sorcier monstrueux suçait leurs magies comme un vampire.
Alors Harry fit quelque chose d'insensé. Il se jeta sur Voldemort, le plaqua à terre, et se mit à le bourrer de coups de poings, encore et encore. Chaque centimètre carré de sa peau en contact avec celle du Mage était parcourue de lames glacées, mais il continua. C'était une bagarre dans la cour de récré, une simple bagarre. Il pouvait gagner.
Mais au passage, sa main effleura celle du Sorcier Noir, où affluait encore la magie.
Le flux s'inversa.
Un geyser de magie brute se précipita dans le corps de Harry. Soudain, toutes ses veines furent gonflées à bloc, et cela lui fit l'effet d'un coup de gong juste au-dessus de sa tête.
La magie qu'il venait d'absorber décupla sa haine et sa violence. Sans bien comprendre ce qu'il faisait, il s'écarta de Voldemort. Et tenant bien fort sa baguette, une voix ténébreuse sortit de sa bouche et prononça:
"Avada Kedavra "
Il fut projeté à terre par la violence du sort. Celui-ci projeta Voldemort, qui se mit à hurler, hurler comme un dément. Une lumière rouge et noire s'échappa de tout son corps, ses doigts crispés griffèrent la paume de ses mains, une tornade de vent et de magie s'engouffra dans son corps avec un grondement de tonnerre.
Le phénomène dura l'éternité de quelques instants.
Le monde était à nouveau figé.
Voldemort s'effondra face contre terre.
- Maître! hurlèrent les Mangemorts impuissants.
- Harry, cria Ron. Tu l'as tué! TU L'AS TUÉ!
Mais lui savait que Voldemort n'était pas mort. "Je ne crois pas qu'il ait eu en lui quelque chose de suffisamment humain pour mourir", avait dit Hagard. Et Voldemort avait affirmé être allé plus loin que quiconque sur le chemin de l'immortalité.
Chez les Mangemorts régnait un chaos total. Ils se retrouvaient confrontés au même dilemme que treize ans auparavant: fallait-il fuir et se rallier aux amis des Moldus, ou rester fidèle à leur maître? S'il avait reperdu ses pouvoirs, allaient-ils retourner à Azkaban?
Mais Harry savait qu'il n'était pas mort. Il n'avait même pas perdu sa forme humaine.
- Ron, dit-il. Il faut partir d'ici.
L'interpellé avait une expression émerveillée. Il regardait fixement le Sorcier tombé, incrédule.
- Ron! le secoua Harry. On s'en va!
- Oui, oui, bafouilla le garçon roux. Mais Harry, comment tu veux t'en aller?
- on transplane, expliqua Harry, impatient.
- Morgane est KO.
- Je vais nous faire transplaner. Va la chercher, et n'oublie pas sa baguette. Je vais voir Sirius.
Il devenait de plus en plus urgent de fuir. Les Mangemorts reprenaient leurs esprits, s'organisaient pour faire céder le mur.
Sirius était si pâle que Harry n'aurait pas été surpris de voir au travers. Il passa un des bras de son parrain au-dessus de son épaule, le souleva avec difficulté.
Puis il rejoignit Ron, qui portait Wakewage dans ses bras. Il prit sa main, et ferma les yeux. Il chercha tout au fond de lui, dans la puissance que lui avait offerte Voldemort.
Il matérialisa le pouvoir qui lui permettrait de transplaner.
Des étincelles dorées crépitèrent sous ses pieds. Les Mangemorts abattirent le mur magique et s'engouffrèrent dans l'espace protégé en criant des sorts et des malédictions.
Il n'y avait plus que du vide là où s'étaient tenus les quatre Sorciers.
Et Nagini qui rampait vers Voldemort, effondré…
…qui releva la tête…
– fin du chapitre 3 –
Yeh ! J'ai enfin bouclé cette saleté d'étape, la transcription. Enfin, bouclé… il ne m'en reste jamais que quatre chapitre à taper… horreur…
Enfin, comme ceux d'entre vous qui lisent cette fic depuis sa parution ont du le remarquer (dans six mois, ce commentaire n'aura plus aucun intérêt) (pour autant qu'il en ait un, déjà) il y a eu pas mal de cafouillages avec cette fic ! entre le temps qu'il m'a fallu pour uploader les chap 2 et 3, et les caractères inconnus qui sont restés trois semaines sur le net… faut dire que j'ai du reprendre la correction automatique au moins trois fois, et puis c pas cool qd on tape un texte comme ça, pcq'il arrête pas de me faire chier avec les " on " au lieu de " nous ", les " je… " pas suivis de verbes, tout ça… sans parler du vocabulaire spécifique à Harry Potter ! transplaner, transplana, transplane, transplanèrent, tranplanons… à chaque fois il faut lui réexpliquer ! Moi je sais très bien ce que j'écris, je lui demande juste de corriger mes fautes de frappe ! Mais bon, ces petites machines ne sont pas encore assez évoluées pour ça…
Allez, j'arrête de vous embêter.
Le chapitre 4 arrive bientôt, promis !
Et pour information, je suis en train d'écrire le 13e ! Courage, il arrivera un jour sur ff.net !
Ona
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