Chapitre 5: Ce qu'il en reste

Ron était assis dans l'encadrure de sa fenêtre, un pied pendant à l'extérieur. La nuit était chaude et plutôt claire. En d'autres circonstances, peut-être en aurait-il admiré la beauté. Pour l'heure, il avait d'autres préoccupations.

Il ne l'avait pas fait. Harry était allé jusqu'au bout; lui n'avait pas pu. Il avait craqué au milieu du récit, au moment de se remémorer Voldemort. Il n'avait pas pu. La terreur était trop grande, insurmontable. Il avait eu l'impression que s'il ouvrait la bouche pour raconter la trahison de Wakewage et la vue de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, il allait ou bien vomir ou bien fondre en larmes. Il ne voulait faire ni l'un ni l'autre devant son père. Surtout pas devant son père. Et Harry qui continuait comme si de rien n'était. Il aurait tout donné pour être comme lui en cet instant, pour prouver qu'il était digne de son amitié. Qu'il était digne d'être un Gryffondor. Pour prouver qu'il était courageux.

Mais il ne l'était pas, courageux. Du moins, il avait eu le sentiment de ne l'avoir jamais été. Toujours derrière Harry, toujours le dernier de la bande. Hermione avait l'intelligence, Harry le courage. Et lui, qu'avait-il? Il était au plus un ami fidèle, toujours prêt à donner un coup de main quand c'était dans la mesure de ses capacités. Il aurait dû être à Poufsouffle. Cette pensée le dégoûta plus que tout. Ça faisait mal. Mal de penser sque ses amis n'avaient pas besoin de lui. Qu'avait-il jamais fait d'utile pour aider Harry? En première année, il s'était fait assomer surle jeu d'échecs géant pour permettre aux deux autres de gagner. Peut-être son seul acte de bravoure, mais qui l'avait empêché d'être présent pour soutenir Harry face à Quirell. En seconde année, il avait suivi Harry dans la forêt interdite, et était resté paralysé de terreur du début à la fin. Cette fichue peur des araignées Harry n'avait-il peur de rien, lui? Comment trouvait-il toujours la force de continuer et de s'en sortir vivant? Et en sauvant ses amis en passant!

Et ensuite, dans la caverne menant à la chambre des Secrets, qu'avait-il fait? Il avait dégagé les rochers qui s'étaient éboulés, pendant que Harry sauvait sa sur. Quelle honte! Comme il avait eu honte de ne pas avoir été là pour sauver Ginny, sa propre sur! Il avait beau se dire que l'éboulement l'avait bloqué et que si Harry l'avait attendu ils seraient arrivés trop tard, cela ne l'empêchait pas d'être mortifié chaque fois qu'il y repensait. Et Lockhart! Ça n'était même pas Ron qui l'avait stoppé, mais sa baguette, sa stupide baguette déglinguée. Pourquoi sa propre baguette était-elle plus utile que lui?

Et en troisième année, où il n'avait réussi qu'à faire la tête à Hermione les trois quarts de l'année à cause de son chat! S'il avait su! S'il avait su quelle créature répugnante dormait dans son lit sous l'aspect d'un rat! Et s'il ne s'était pas cassé la cheville, il aurait été capable de retenir Pettigrow le rat dans le parc, alors que Lupin semait la panique en devenant subitement loup-garou.

Et à présent à présent il sentait la main de la terreur qui lui étreignait le cur au souvenir des dernières heures. Il avait été tellement couard! La seule vue du Seigneur des Ténèbres l'avait plongé dans un abîme sans fond. Et Harry qui l'avait combattu! Et ça n'était pas la première fois! Trois fois il l'avait rencontré, et trois fois il était sorti en vie, et même vainqueur, dans la mesure où on pouvait vaincre Voldemort. Pourquoi, alors? Pourquoi le simple souvenir du Mage noir lui donnait-il envie de vomir? Alors que Harry pouvait en parler librement et même prononcer son nom.

- Vl Vldmo articula-t-il, et il dut se jeter à l'intérieur de la chambre avant de basculer dans le vide. À plat ventre sur le plancher, il jeta des coups d'il de tous côtés, gémissant de terreur. Chaque zone d'ombre lui paraissait dissimuler un Mangemort. Il enfouit la tête dans ses mains et se força à attendre que passe la terreur. Quand il put enfin se relever, il tremblait de tous ses membres. Mais c'était une victoire. Il avait presque dit le Nom. À présent, il allait s'entraîner sans relâche.

Les phares d'une voiture percèrent la nuit, et l'engin parfaitement Moldu se rangea au pied de la maison. Ron vit son père en sortir ainsi que Dumbledore? Qu'est-ce qu'il faisait là? Bien sûr. Il venait pour Harry. Harry qui se comportait si bizarrement. Oui, même lui il l'avait remarqué: son ami ne ressentait aucune crainte au souvenir du duel contre V le Mage Noir, alors que seulement la veille sa simple évocation le faisait frémir. Mais ce soir, au dîner, Harry n'avait cessé de fanfaronner, et avait même été désagréable avec Ginny, pourtant l'être le plus inoffensif (parfois même trop) que Ron connût. Pourquoi faisait-il ça? Pourquoi était-il soudain fier, assuré, insoucieux du mal qu'il causait? Qui avait changé Harry en en Serpentard! Oui, il s'était comporté en véritable Serpentard! Alors?

Ron n'ignorait pas que, par certains côtés, Harry avait toujours été proche des Serpentards. Notamment, il était avide de faire ses preuves, parce que personne ne l'avait jamais félicité. Personne ne lui avait fait de compliments quand il était tout petit. Ses parents n'avaient jamais été là pour ça.

Mais ce côté Serpentard, Harry l'avait toujours compensé par un courage, une vertu, une générosité de Gryffondor. Il n'était pas du genre à faire des coups bas. Il n'appuyait pas sur les plus faibles pour les enfoncer encore plus.

Mais n'était-ce pas ce qu'il venait de faire? Maltraiter Ginny c'était précisément écraser les faibles pour se mettre en valeur. C'était une manuvre sans honneur, un coup de Serpentard. Quelle fierté tirer de savoir vaincre ceux qui ne sont pas en mesure de se défendre?

Ron sourit. Incroyable que lui, le Gryffondor-et-fier-de-l'être, se mette à réfléchir en termes de Serpentard. Tout ça pour essayer de comprendre son ami étonnant.

Des cris. On criait au rez-de-chaussée. Il faillit s'y précipiter, mais des silhouettes sortirent de la maison en courant. Il aurait un meilleur point de vue en restant à la fenêtre. Il s'y rassit, se pencha au-dehors. Une personne fuyait, poursuivie par une autre. Qui était qui, il ne pouvait le discerner. Ils étaient déjà trop loin, sous le couvert des arbres. Puis il vit son père sortir sur le pas de la porte, hésiter à se lancer après les deux autres, renoncer. L'un des fuyards était donc Dumbledore. Quant à l'autre Ron savait que Harry n'était pas monté se coucher. À moins qu'il ne s'agisse de Sirius, seule personne de la maison à dormir au rez-de-chaussée. Ou, troisième possibilité, un étranger arrivé par la cheminée. Invité ou intru. Bizarrement, Ron penchait pour l'hypothèse Harry. Bizarrement.

Et puis soudain, des éclairs éclatèrent dans le petit bois. Ron sauta sur ses pieds. Ça, ça n'était vraiment pas normal! Que Harry se batte avec Dumbledore, ou que Dumbledore lance un sort à Harry, que ce soit pour le stopper, le punir, ou quoi que ce soit, rien de tout cela ne ressemblait aux deux personnes qu'il connaissait.

En bas, Arthur s'agitait aussi, en proie à une vive hésitation. Mais il ne bougea pas. Ron, lui, ne pouvait certainement pas rester sur place. Alors il se précipita hors de sa chambre pour aller interroger son père.

Mais il n'avait pas fait trois pas qu'il se heurta à quelqu'un. Il tomba à la renverse, entraînant l'autre dans sa chute.

- Aïe! protesta Ginny en se massant la nuque.

- Ginny! excuse-moi, je suis pressé.

Mais il s'immobilisa en apercevant le visage de sa sur. il était baigné de larmes.

- Ginny, petit bout, qu'est-ce qui ne va pas?

- Rien, rien, balbutia la jeune fille en s'écartant.

- Mais si, je vois bien qu'il y a un problème, insista Ron. Allez, raconte. Tu as fait un cauchemar?

Il avait dit ça au hasard, mais il fut surpris de la voir acquiescer. Elle laissa échapper un sanglot.

- C'était si effrayant que ça? fit le garçon.

- Pire que ça, hocqueta-t-elle. Il y avait Tu-Sais-Qui, et plein de Mangemorts, et puis toi et ils tu étais ligoté et ils

Il lui carressait maladroitement la main, désireux de la réconforter mais n'osant pas la serrer contre lui. Il ne s'en sentait pas le courage.

- C'était une salle gigantesque, se reprit Ginny, avec plein de Mangemorts et Tu-Sais-Qui sur son trône. Et puis il s'est avancé vers toi, et il a relevé sa capuche, et c'ét c'était Harry.

Elle fut à nouveau prise d'un sanglot, mais la crise était déjà en train de passer. Elle se redressa, s'essuya les yeux d'un revers de main. Ron lui donna un mouchoir (il se demandait bien ce qu'il faisait avec un mouchoir dans la poche) et elle se moucha bruyamment.

- Merci, dit-elle.

Elle n'était toujours pas remise.

- Ça va aller, dit maladroitement Ron. Ce n'est qu'un rêve.

- Ron, pourquoi est-ce que Harry a été si méchant avec moi? Il m'a humiliée devant tout le monde.

Et voilà. La même question que lui-même se posait depuis le début de la nuit. Pourquoi Harry était-il méchant tout à coup?

- Je ne sais pas, Gin'. Je le trouve bizarre depuis ce matin. On dirait qu'il a été ensorcelé.

Une alarme s'alluma dans sa tête. Un sort? Mais oui! Et si Harry était sous l'emprise de l'Impérium? Mais qui l'aurait ensorcelé? Voldemort? Non. S'il avait pu maîtriser la volonté de Harry, il ne se serait pas laissé battre. Qui d'autre, alors?

La réponse s'imposa avec une clarté soudaine. Morgane Wakewage. Morgane. Comment avait-il pu l'oublier? Elle seule pouvait manipuler Harry. Mais que voulait cette fille? Comme il aurait aimé comprendre! c'était terrible d'être perdu comme il l'était dans tous ces mystères. Morgane! Il se sentait l'envie de crier très fort la rage qui l'habitait à cet instant.

Mais qu'est-ce qu'il racontait? Comment Wakewage aurait-elle pu jeter un Imperium à Harry? Alors qu'il résistait à celui de Maugey Fol'il, et même à celui de Voldemort. Impossible.

Mais impossible aussi de transplaner en emmenant des personnes. Ou du moins c'est ce qu'il avait toujours cru. Alors comment Morgane l'avait-elle fait?

Un frisson secoua le garçon. Il prenait conscience de quelque chose de grave.

- Où tu vas? demanda Ginny tandis qu'il bondissait sur ses pieds.

- Wakewage, lâcha-t-il pour toute réponse.

- Attends!

Mais il avait déjà dévalé l'escalier.

Le premier étage était baigné par un rayon de lune, venu de la lucarne. Celui-ci tombait de biais sur une porte, celle de la chambre où ils avaient couché Morgane Wakewage. Elle était à bout de forces quand ils l'avaient ramenée. Depuis, elle n'avait pas émergé du lit.

Ron enfonça la porte sans douceur.

- Mor commença-t-il, mais il se tut.

La chambre était légèrement éclairée par la lueur de la lune. Il n'y avait pas âme qui vive.

Le lit où ils avaient couché la jeune fille était si parfaitement bordé qu'il semblait n'y avoir jamais eu personne dedans. Les couvertures tirées, les draps lissés, l'oreiller bien bombé. Par la fenêtre grande ouverte, le vent faisait voler les voilages comme des silhouettes fantomatiques.

Pas un mot, pas une trace du passage de Wakewage. Comme si elle n'avait jamais existé.

De dehors survenaient des grondements et des lueurs de bataille.

Ron marcha jusqu'à la fenêtre, se pencha au-dehors. Le ciel était chargé de lourds nuages noirs, illuminés en intermittence par des éclairs d'élecrticité et d'autres, de magie, en provenance du petit bois. Le garçon se pencha plus encore, tentant vainement de percer le mystère que protégeait l'obscurité. Il aurait voulu voir, il aurait tellement voulu savoir ce qui se passait! Ça n'étaient quand même pas les deux fuyards de tout à l'heure qui se battaient? Non! Jamais Dumbledore ne se serait battu contre Harry! Mais qu'est-ce qui se passait?

Il ne sut pas combien de temps cela avait duré. Probablement dix minutes, peut-être vingt. Finalement, il vit une personne revenir, qui en portait une deuxième dans les bras. Ron sortit de l'envoûtement qui l'avait fait rester immobile à sa fenêtre et courut au rez-de-chaussée, avalant les escaliers quatre à quatre. Il entendit Ginny qui arrivait à son tour, mais il ne ralentit pas l'allure.

C'était bien Dumbledore. Et là, dans ses bras, c'était Harry. Dumbledore. Harry. L'information mettait du temps à s'imprimer dans sa tête. Comment? Comment dumbledore avait-il pu combattre Harry? Comment avait-il pu le tuer? Parce qu'il était mort, mort!

Mais non, finalement. Ron se jeta sur son ami et prit sa main. Là, sous la peau, il sentait palpiter le sang. Vivant!

Mais blessé. Qu'est-ce que

- Qu'est-ce qui s'est passé?

Il avait crié. Il s'en rendit compte trop tard. La gêne le saisit tandis qu'il reculait, honteux.

Son père était là, et Ginny essouflée. Sa mère venait d'arriver, en chemise de nuit, un bonnet sur la tête. Et Dumbledore était en train de déposer Harry dans un fauteuil. La tête du garçon roula sur son épaule. Évanoui. Il était évanoui.

- Il n'est qu'évanoui, dit Dumbledore.

Évanoui. Oui. bien. Ron était prêt à croire n'importe qui lui affirmerait que son ami allait bien, qu'il allait s'en tirer.

- Voudriez-vous nous expliquer, Albus? demanda poliment Arthur.

Dumbledore scruta Molly, puis Ron, puis Ginny, comme pour décider s'ils étaient capables de comprendre. Et la réponse devait être oui, puisqu'il commença:

- Harry n'a rien. Je me suis efforcé de ne pas lui faire de mal. Tout au plus sa fierté a-t-elle dû prendre un coup, mais les circonstances étaient un peu particulières. Voilà ce qui s'est passé: il m'a provoqué en duel.

La mère de Ron poussa un petit cri. Lui était atteré: ses pires suppositions se révélaient exactes.

- Enfin, se reprit Dumbledore, pas vraiment provoqué: il m'a carrément attaqué par surprise; mais il ne m'a pas eu: je m'y attendais.

Et il se lança dans un récit abrégé du combat. Ron n'en revenait pas: Comment Harry, son ami, un garçon de quinze ans qui suivait des études de magie normales, comment aurait-il pu faire ça? Changer sa baguette en épée, requérir la puissance de l'orage, créer des boules de feu? Et invoquer une Antique Chimère! Une Chimère! C'était incroyable, inconcevable, inimaginable. Ça ne pouvait être vrai. C'était un rêve. Il allait se réveiller.

Il ne connaissait pas grand chose à l'Invocation, cette branche de la magie à laquelle bien peu de gens avaient recours. Mais il savait que les personnes capables d'invoquer une Antique Chimère se comptaient en dizaines, probablement encore moins. Alors comment Harry aurait-il pu apprendre ça tout seul?

- Il ne l'a pas appris tout seul, bien évidemment, affirma Dumbledore comme sil avait lu les pensées de Ron. J'ai ma petite théorie là-dessus, pour ce qu'elle vaut. Voilà: Ron, quand toi et Harry vous êtes retrouvés devant Lord Voldemort, il s'est jeté sur lui à un moment, n'est-ce pas?

Ron acquiesça de la tête. En parler était trop dur. Mais il se souvenait très bien que Harry avait bondi sur Voldemort et avait fait pleuvoir ses coups de poings. Et mais oui. Juste après. C'était juste après que Harry ait touché Voldemort. Le chaos. Le bouleversement de tous les flux magiques que Ron avait ressenti à l'extérieur comme à l'intérieur de lui. Comme si on l'avait retourné comme une chaussette, puis remis en place, mais avec plein de magie nouvelle à la place de ce qu'il connaissait.

- Oui, dit Dumbledore, je vois que vous avez compris. Lorsque Harry a sauté sur Lord Volemort, il a accidentellement effleuré sa main. Or Lord Voldemort était précisément en train de capter de la force des gens qui l'entouraient, à la manière d'un vampire. Et cette magie qu'il aspirait, elle était concentrée dans les paumes de ses mains, en attente d'être répartie dans tout le corps. Mais le contact de Harry a tout changé. La magie est comme l'eau ou les élèments: elle prend le chemin le plus facile. Toute la magie que Lord Voldemort avait volé à son entourage a donc reflué, et c'est Harry qui l'a captée. Comme la source de cette magie était essentiellement les Mangemorts, il s'est retrouvé submergé de magie noire.

- Mais, professeur, demanda Ron. En quoi est-ce que ça a à voir avec ce bouleversement? Ça avait l'air bien plus important que ça. Ça a touché tout le monde, pas juste Harry et Vous-Savez-Qui.

- Mais malgré tout je pense que ces deux évènements sont liés. Je ne sais pas encore comment, mais je soupçonne que les pouvoirs de Lord Voldemort assurent la cohésion des particules de magie qui l'entourent. Partout où il se tient, il pervertit toute magie, il la rend plus facile à utiliser pour lui, mais ça n'est probablement même pas conscient. Donc, quand Harry lui a volé sa magie, un grand retournement s'est opéré dans la texture des éléments.

- Il a purifié la magie? fit Ron.

- Pas purifiée, non, dit Dumbledore, très grave tout à coup. Aucun Sorcier ne peut prétendre utiliser une magie pure. Comme les Sorciers noirs changent la magie ambiante en magie noire, les Soricers blancs la changent en magie blanche. Ou plutôt devrions-nous dire "commune", parce qu'elle n'a rien de la pureté que suggère le terme "blanche".

"Ainsi donc, pendant que Voldemort perdait sa maîtrise de l'environnement magique, Harry, lui, s'est retrouvé noyé de magie noire. Je suppose qu'une grande partie a été refoulée dans un coin de sa tête, pendant que les sorts dont il avait besoin immédiatement – l'Avada Kedavra, le transplanement – lui venaient à l'esprit aussi naturellement que s'il les avait pratiqués toute sa vie.

"Mais la transformation qu'il a subi n'était pas si parfaite. Ce n'était pas qu'une amélioration de sa maîtrise de la magie. J'imagine qu'au début, il n'a rien remarqué de changé. Puis, petit à petit, son cerveau a assimilé de plus en plus d'informations en provenance du transfert de magie. Harry s'est mis à tourner ses pensées à la manière de Lord Voldemort: colère, rébellion, haine. Ça aurait pu en rester là, et on se serait longtemps demandé pourquoi Harry était si arrogant tout à coup. Mais Arthur a eu des soupçons et est venu me chercher. Et au moment de sonder le cerveau

Dumbledore s'interrompit, fit de grands gestes des mains. C'était la première fois que Ron le voyait chercher ses mots. Mais il reprit:

- Je ne me suis pas assez méfié. J'ai voulu ausculter des informations de son cerveau dont il n'avait pas conscience, et j'ai tout libéré. Il s'est enfui, je lui ai couru après, nous avons combattu et je l'ai maîtrisé, afin de pénétrer à nouveau dans son cerveau et de mettre sous scellé toutes les perversions léguées par Voldemort. C'est cette opération qui l'a évanoui, mais il devrait se réveiller dans un moment.

Et comme il n'y avait rien à ajouter, ils restèrent tous silencieux de longues minutes durant.

- Ça me terrorise, avoua Harry à contre-cur.

Ron hocha la tête, incapable de parler. Il ressentait exactement la même chose.

Ils étaient tous deux debouts au milieu d'un couloir, à attendre que l'infirmière revienne. Harry tenait une boîte de Chocogrenouilles géante, et Ron une immense gerbe de fleurs. La porte devant eux s'ouvrit. le visage rond et rose de l'infimrière s'y encadra, avant de s'effacer pour les laisser entrer.

Hermione était là, dans un lit tou blanc parmi les lits blancs d'une grande salle de pierre froide. De longs voilages blancs flottaient doucement devant les fenêtres. Seul le claquement des pas des infirmières sur le carrelage rompait le silence pesant.

Elle ne tourna la tête vers ses visiteurs qu'à contre-cur. Visiblement, elle n'était pas heureuse de leur présence. Ron en fut encore plus terrorisé. Ça n'était pas vraiment son truc, rendre visite aux blessés, les réconforter, tout ça. Il n'était pas doué pour la compassion. Harry non plus. Mais Hermione était leur amie, alors ils s'étaient forcés à venir. Il ne pût s'empêcher de penser qu'ils n'auraient pas dû.

- Salut, dit maladroitement Harry.

- Salut, répondit Hermione en regardant ailleurs.

Un silence s'installa. Ron se cacha un peu plus derière son énorme bouquet.

- Tiens, dit Harry en tendant les Chocogrenouilles, c'est pour toi.

Elle se força à sourire. Et là, la gêne de Ron fondit comme un glaçon dans une tasse de thé. Il aimait ce sourire. Qu'est-ce qu'il lui avait manqué! Il n'avait jamais réalisé à quel point voir Hermione sourire comptait pour lui. Sans elle, il manquait un morceau de soleil sur la vie. Et même si ça n'était pas naturel, même si elle se forçait, ça n'en était que plus réconfortant: oui, c'était bien son Hermione, avec sa vaillance, sa force à sourire malgré tout. Il laissa échapper un petit rire et les deux autres le dévisagèrent, interloqués. Alors il fourra son bouquet dans les mains d'Hermione pour se donner une contenance.

Harry sourit à son tour, puis pouffa. Hermione dut bien suivre le mouvement, et ils se retrouvèrent tous les trois, hilares sans connaître le motif de leur hilarité. Simplement heureux d'être à nouveau réunis.

Hermione se calma la première.

- C'est sympa d'être venus, les gars, dit-elle.

- Tu ne nous en veux pas? demanda Harry, très sérieux tout à coup.

- Non, pourquoi je vous en voudrais? dit-elle, un peu trop vite pour être sincère.

Voyant qu'ils n'étaient pas dupes, elle ajouta:

- Bon, d'accord. je vous en ai voulu d'être là. Je ne voulais pas vous laisser entrer, mais l'infirmière m'a fait la morale.

Elle se mit à tripoter la peau de son bras d'une main. Son autre main restait fermement cachée sous les couvertures, à tel point que Ron se demanda si elle avait honte de la montrer. Se pouvait-il que les Médicomages aient mal fait leur travail? Sa nouvelle main était-elle moins belle, ou moins fonctionnelle?

- L'infirmière m'a dit que vous aviez l'air de très gentils garçons, racontait Hermione, avec vos bonbons et vos fleurs. Que si je refusais de vous voir je risquais de me froisser avec d'excellents amis. Que j'allais bien devoir me décider un jour à me montrer aux gens. Que je ne pourrais pas toujours rester enfermée, à cacher ça.

Il y avait des larmes dans sa voix et dans ses yeux. Pris d'un doute affreux, Ron voulut rabattre la couverture, mais elle l'en empêcha.

- Hermione, montre-nous ta main, s'il-te-plaît, fit Harry d'une voix inquiète.

Elle sortit lentement le bras droit de sous les draps et le dressa juste devant les yeux de ses deux amis. Le bras s'arrêtait net sur un moignon rougeâtre, juste en dessous du coude.

Et maintenant, dit-elle dans un sanglot, dites-moi comment je me suis fait ça, s'il-vous-plaît.

Aucune émotion ne vient trahir son visage pendant qu'ils lui racontaient l'aventure à Durmstrang. Elle avait cessé de pleurer aussi vite qu'elle avait cessé de rire. Mais quand ils eurent fini leur récit (très abrégé en ce qui concernait la partie avec Voldemort), Ron s'aperçut que son amie fulminait.

-Qu'est-ce qu'il y a, Hermione ? s'inquiéta Harry qui avait remarqué aussi.

-Morgane ! s'écria Hermione. Morgane Shrakow ! Elle s'est bien fichue de tout le monde. Qu'est-ce qu'elle vous a raconté exactement sur ma capture par les Mangemorts ?

Ils lui rapportèrent les paroles de Morgane du mieux qu'ils purent : comment elle avait fréquemment rendu visite à Viktor et Hermione pour échapper à son père, comment elle s'était cachée à l'arrivée des Mangemorts, comment Viktor avait trahi en abandonnant Hermione, comment Olaf avait été tué en voulant se venger de son frère.

Hermione voulut se lever, mais elle était encore trop faible. Elle serra son poing unique à en avoir la marque des ongles dans la peau.

-C'est n'importe quoi, déclara-t-elle. Je ne sais pas à quel jeu joue Morgane, mais elle ne vous a raconté que des mensonges.

Elle s'interrompit, serra convulsivement son bras amputé de la main gauche.

-En vérité, je n'ai vu Morgane Shrakow qu'une fois dans ma vie. Elle était avec son père et son frère à une réception donnée pour Mr et Mrs Krum. Nous avons un peu discuté, mais Viktor m'avait prévenu de me méfier d'elle, que son père était Mangemort et qu'elle même était une fille étrange.

- Comment est-ce que Krum savait, pour son père ? intervint Harry. Ne me dis pas que lui-même

Elle eut un sourire sans joie.

- Non, non, rien de tel. Viktor a des convictions, il est fermement opposé à la dictature de Vous-Savez-Qui. Mais les Mangemorts sont beaucoup plus présents en Bulgarie qu'en Angleterre, et leurs identités sont un secret de polichinelle. Donc, pendant le dîner, elle a tenté de faire ma connaissance je n'ai pas été très engageante, mais elle a insisté, me harcelant sans cesse de questions. Et j'ai fini par comprendre pourquoi elle s'intéressait tant à moi : elle voulait tout savoir sur toi, Harry.

- Quoi ! Mais qu'est-ce que ça peut bien lui faire, qui je suis ? Elle vit à l'autre bout de l'Europe!

- On verra ça après, dit Ron. Finis ton histoire, Hermione.

- Quand j'ai compris à quoi rimaient ses questions, je l'ai envoyée promener et elle a bien dû abandonner. Je ne l'ai plus revue. Par contre je suis prête à jurer que son père faisait partie des Mangemorts qui m'ont enlevée.

- Comment ça s'est passé ? questionna Harry, soudain très intéressé.

Ron remarqua qu'il s'était penché sur Hermione, avide d'en savoir plus.

- Cela faisait deux semaines que j'étais chez Viktor Un jour, quelqu'un a frappé à la porte et il est allé ouvrir. De là où j'étais, j'ai entendu crier " Stupéfix ! ". Je n'ai même pas réfléchi, j'ai bondi pour me cacher mais je n'avais pas fait trois pas qu'ils m'ont rattrapée, et j'ai subitement été ligoté par un sortilège du Saucisson. Un des hommes m'a pris sur son épaule et ils ont transplané. Nous sommes réapparus devant Vous-Savez-Qui.

Elle dût visiblement rassembler tout son courage pour continuer malgré les tremblements de sa voix.

- Le premier Mangemort de la bande s'est prosterné devant V Vous-Savez-Qui. Il lui a dit qu'il amenait l'amie d'Harry Potter. Que j'allais lui permettre de t'attirer dans un piège, Harry.

- Ca y est ! s'écria Harry si fort qu'un infirmier lui ordonna de faire silence. C'est sûr, maintenant. Voldemort a envoyé Wakewage me chercher pour m'attirer dans son piège. Elle est à son service depuis le début ! Elle s'est bien moquée de nous !

- Non, non, attends, s'écria Ron à son tour. Il y a une autre possibilité.

Harry le regarda bizarrement, mais le laissa poursuivre :

- Wakewage a très bien pu venir te chercher de sa propre initiative.

- Mais elle savait que j'allais tomber dans son piège ! Elle a dit que Si Sniffle allait y tomber à ma place !

- Laisse-moi finir. Son père, là, Shrakow. Pourquoi ça ne serait pas lui le serviteur de Tu-Sais-Qui qui devait t'appâter ?

Harry prit une minute pour réfléchir à cette possibilité, avant de demander :

- Mais comment tu expliques pour Wakewage ?

- Je ne sais pas Elle sait peut-être des choses que nous ignorons.

- Attendez intervint Hermione. Si Wakewage était de notre côté, pourquoi vous aurait-elle raconté des mensonges à mon sujet ?

- Parce qu'elle savait qu'on ne la croirait pas si elle disait la vérité ? proposa Ron.

- Mieux ! fit Hermione. Il ne faut pas oublier qu'elle a affaibli Vous-Savez-Qui pour permettre à Harry de le combattre.

- Mais justement, on en est pas sûrs ! protesta ce dernier.

- Ca me paraît évident. Elle a fait semblant de lui prêter allégeance, puis elle a utilisé son pouvoir sur la Pierre d'Orian pour abattre Vous-Savez-Qui. A mon avis, Wakewage uvre contre lui.

- Donc elle est dans notre camp ? fit Ron.

Il ne savait pas si cette idée le réjouissait ou l'inquiétait.

- Non, je ne pense pas non plus, répondit Hermione. J'ai bien l'impression qu'elle n'uvre que pour elle-même.

A ce moment là, Harry se frappa le front. Le geste fit sursauter Ron et Hermione, qui ne s'y attendaient pas.

- Hé, fit Harry. On a complètement oublié un truc.

- Quoi ? demandèrent les deux autres en même temps.

- Wakewage a gardé la Pierre d'Orian.

- Bon, conclut Harry au moment de s'en aller. On reste en contact, Hermione. On t'enverra des hiboux toutes les semaines. Quant à nous, on va aller s'occuper de miss Wakewage – ou Shrakow.

Mais au lieu de se lever, Ron s'attarda auprès de son amie.

- Hermione Je dois te demander une chose qui va te faire mal. Tu m'excuses ?

- Vas-y, répondit-elle.

Elle savait déjà quelle question il allait poser, apparemment. Ron, lui, n'en était plus très sûr.

- Voilà, commença-t-il. Avant de partir, je voudrais comprendre pourquoi ta main n'a pas été soignée. Ils ne peuvent pas la faire repousser ?

A sa grande frayeur, elle avait de nouveau les yeux pleins de larmes. Elle les essuya rageusement.

- Excuse-moi, dit-elle. Je n'arrive pas à les retenir.

Elle renifla. Ron et Harry retenaient leur souffle.

- Le Médicomage a dit qu'il ne pouvait rien faire. Que faire repousser un membre, normalement, c'est possible, encore que ça soit un acte de magie qui demande beaucoup de,puissance.

Elle avait à nouveau caché son moignon sous les couvertures, et le manipulait nerveusement de sa main gauche.

- Mais il a dit que sur moi, ça ne marchait pas. Que l'objet ensorcelé qui m'avait blessé était plein de mauvais sorts. De la magie noire. Pour empêcher toute guérison.

Elle pleurait à nouveau, et Ron sentait qu'il aurait dû la réconforter. Faire quelque chose. La prendre dans ses bras, par exemple. Il ne savait pas s'il en aurait le courage.

Oh, et puis zut après tout. Il se rapprocha d'elle, l'entoura de ses bras. Elle se serra aussitôt contre lui. C'était étrange. Il était heureux, et en même temps complètement terrorisé.

Ca ne dura que le temps d'un rêve, puis elle se sépara de lui, et il ne resta plus que la gêne. Mais il fit comme si elle n'existait pas, et elle fut bien obligée de s'en aller Il espérait juste que Harry ne lui ferait aucune remarque. Et puis, encore zut après tout ! Il avait bien le droit de réconforter son amie en détresse. Surtout qu'il l'y avait mise, avec sa question stupide. Il n'aurait pas pu se retenir ? Demander directement à l'infirmière, plutôt que raviver la douleur d'Hermione ? Quel idiot il faisait !

- Tu restes ici combien de temps ? demanda Harry à Hermione.

- J'ai encore un jour de convalescence, répondit-elle. Ca ne sert à rien, c'est complètement cicatrisé, mais ils devaient me garder en observation. Au début, le Médicomage voulait me garder toute une semaine, mais j'ai fait du tapage. Déjà qu'ils ne peuvent pas me soigner, alors si en plus je devais stagner ici un jour de plus

- Et après ? continua Harry. Tu rentres chez toi ?

- Oui (une ombre passa sur le visage d'Hermione). Je vais aller annoncer ça à mes parents

Harry et Ron se retirèrent sur un "à bientôt!". Dans le hall d'entrée, ils retrouvèrent Mr Weasley, qui avait jugé préférable de ne pas interférer dans leurs retrouvailles avec Hermione. Ils montèrent dans la petite voiture du frère du père de Ron, et ils rentrèrent au Terrier dans un silence quasi-total.

La disparition de Wakewage effrayait Ron. Bien sûr, il savait qu'elle pouvait transplaner. Néanmoins, il lui arrivait parfois de douter de la réalité de ses souvenirs de ce qu'il appelait " cette nuit là ". N'avait-il pas tout inventé?

Après la visite à Hermione, les vacances avaient repris leur cours, un peu trop rapide à son goût. " Cette nuit là " était celle du 20 au 21 juillet, et puis tout à coup, on était le 25, et Charlie rentrait de Roumanie. Et puis on était le 30 juillet, puis le 31, et il fallait préparer une fête en l'honneur des 15 ans de Harry.

Les deux garçons se levèrent très tôt ce matin là, c'est à dire à dix heures. Harry était tout excité, il avait l'habitude de recevoir ses cadeaux par hibou postal dès la première heure. Mais il ne s'était pas réveillé à minuit, et par conséquent les deux garçons furent tirés de leur sommeil bienheureux par les claquements, grattements et caquètements furieux des trois hiboux qui se bousculaient sur le rebord étroit de la fenêtre.

Il y avait bien sûr un hibou de Poudlard, qui convoyait non seulement la lettre d'inscription de Harry, mais aussi celles de Ron, Ginny, Fred, George et

- Hermione ? Ca alors, Dumbledore a fait une erreur ! Moi qui croyais qu'il savait toujours où étaient tous ses élèves

Ron prit la lettre que lui tendait son ami avec un hochement de tête, trop occupé à bailler comme un crocodile pour dire merci.

Harry décrocha la lettre de la patte du deuxième hibou, qui s'envola aussitôt, non sans que Ron, un peu mieux réveillé, n'ait le temps de remarquer son étonnant plumage blanc. Il ne connaissait qu'une chouette comme ça et il s'agissait d'Hedwige, mais celle-là était plus volumineuse, comme gonflée de chaud duvet. Cela lui rappela sa couette et il faillit s'y replonger, mais l'exclamation de Harry l'en distraya.

- Oh ! Devine d'où Hagrid m'écrit !

- Euh fit Ron, très occupé à tenter de faire passer sa tête dans la jambe de son pantalon.

- Raté ! Il est en Russie avec Mme Maxime.

- En Russie ? marmonna Ron en cherchant partout son tee-shirt, avant de réaliser qu'il l'avait autour du cou.

- Hé ! râla Harry. Tu m'écoutes, oui ? C'est bien ce qu'on pensait : Hagrid et Mme Maxime sont partis chercher les derniers géants. Ils les ont trouvés dispersés dans les montagnes de l'Oural. Il n'en reste qu'une centaine. Apparemment, ils sont en pleine négociation pour les rallier à Dumbledore.

Ron s'affala sur son lit, enfin habillé correctement (presque correctement : ses chaussettes étaient dépareillées et son tee-shirt à l'envers). Il commençait à avoir les idées un peu plus claires.

Ainsi, Hagrid et Mme Maxime étaient partis négocier avec les géants ? Il se demanda s'il les reverrait un jour. Les géants avaient une réputation de féroces tueurs, qui ne faisaient aucune nuance entre un buf et un Sorcier. Mais après tout, ne disait-on pas que les géant s'étaient jadis ralliés à Vous-Savez-Qui parce que celui-ci leur offrait plus de massacres ? C'est donc qu'ils avaient du libre-arbitre.

- Whaôh ! s'exclama Harry en ouvrant un petit paquet en papier journal. Regarde le cadeau de Sirius !

C'était une montre au bracelet en cuir violet. Le cadran était orné de douze petits symboles, les aiguilles étaient au nombre de sept et semblaient toutes avoir un usage précis, mais Ron n'y connaissait pas grand chose. En revanche, il reconnaissait très bien cette couleur violette tirant sur le gris du bracelet.

- Ca alors ! C'est de la peau de Grapcorn !

- Ah ouais ? fit Harry. Et c'est quoi?

- Le Grapcorn ? C'est une bestiole de montagne. Elle a la peau la plus résistante au monde, encore plus que celle des dragons, et ça peut repousser à peu près n'importe quel sortilège ! Mais c'est bizarre, quel intérêt à faire un bracelet de montre indestructible ?

- Je ne sais pas, peut-être que ça permet à la montre de servir plus longtemps ?

Puis il se plongea dans la lecture de la lettre de son parrain. Ron attendit patiemment des nouvelles, mais Harry replia la lettre avec une étrange expression sur le visage et ne dit rien.

- Fais voir le cadeau d'Hagrid ! demanda Ron pour s'occuper, puisque son ami n'avait pas l'air prêt à descendre déjeuner.

Il prit la lettre sur un signe de tête de Harry. Elle contenait une petite boîte de bois toute simple, remplie de poussière et de graviers de couleur grise.

- Oui ? rigola Ron. Hagrid t'a offert de la terre de Russie, ou quoi ?

- Il a écrit ce que c'était dans la lettre, expliqua distraitement Harry. Lis la, si tu veux.

Mais qu'est ce qu'il avait ?

La lettre était rédigée à l'encre sépia, dans l'écriture brouillonne de Hagrid :

" Cher Harry,

Voici ton cadeau. J'avais pensé t'offrir un Focifère (on en trouve de très beaux spécimens ici) mais Olympe m'a rappelé que la législation obligeait à leur faire subir un sortilège de mutisme, ce qui est beaucoup moins amusant. "

"Eh bien, se dit Ron, ça ne s'arrange pas chez Hagrid. Un Focifère ! Pourquoi pas un Manticore pendant qu'il y est ?"

Les Focifères étaient des oiseaux au plumage criard, dont le chant rendait fou.

" Et puis j'ai pensé qu'Hedwidge serait jalouse. Alors voilà mon cadeau : c'est une idée d'Olympe. C'est un artefact de géant, ils appellent ça du Grsobskcqvoksgrosstak – en anglais, cela doit donner " Poudre d'hominisme ". Vu par un géant, cela signifie que cette poudre leur permet d'adopter une taille humaine quelques heures. J'ignore si cela te donnera la taille d'un lutin, mais si c'est le cas ça devrait être amusant, tu ne penses pas ?

Hagrid "

- De la poudre d'hominisme, hein ? dit pensivement Ron en considérant la petite boîte. Si ça fonctionne, ça doit permettre de faire pas mal de bêtises

- Comme tu dis ! rigola Harry, soudain revenu à la réalité. Cette année, Hermione va encore avoir de quoi se faire du souci !

Ils pouffèrent tous deux. Oui, Hermione leur avait toujours fait la morale quand ils transgressaient le règlement, et ça allait probablement continuer.

Ils engloutirent un petit déjeuner considérable, chacun rivalisant avec l'autre au niveau de l'appétit. Puis les jumeaux les rejoignirent et participèrent au festin, jusqu'à ce que leur mère soit obligée de chasser tout le monde à coup d'étincelles afin qu'il leur reste une toute petite faim pour le déjeuner. Il était 11h30.

- Quelle décadence, marmonna Molly en ouvrant un livre de cuisine.

Pendant ce temps-là, les quatre garçons se réunissaient autour de la table, débarrassée magiquement, pour lire leurs lettres d'inscription à Poudlard.

C'était toujours la même bonne vieille lettre, depuis maintenant cinq ans que Ron faisait sa rentrée à Poudlard :

" Cher Mr Wealsey,

Vous voudrez bien prendre note que la nouvelle année scolaire commencera le 3 septembre. Le Poudlard Express partira de la gare de King's Cross, quai n°9 3/4 , à 11 heures précises.

Vous trouverez ci-jointe la liste des livres que vous devrez vous procurer en vue de cette année scolaire.

Avec mes meilleurs sentiments,

Pr. Minerva McGonagall, directrice adjointe

Livres et manuels :

Le livre des Sorts et Enchantements (niveau 5), par Miranda Fauconnette

Manuel du Cours avancé de Métamorphose, par Emeric G. Changé

Cent sorts de protection contre la Magie Noire, par Ernest Delamotte

Duel : de l'Octasy au Ryutsuko, par Fulbert Froid'kanar

L'Art Antique, par Cyrus Ezetrel

- C'est quoi ce délire ? s'exclama Fred, mécontent.

Il se pencha sur la lettre de Ron :

- Toi aussi tu dois acheter un livre de Duel ! Mais qu'est-ce qui leur prend ? On ne va quand même pas avoir une matière en plus, cette année ?

- Peut-être que c'est pour les cours de Défense contre les Forces du Mal ? proposa Ron.

- Non, dit George, on a aussi un livre de Défense contre les Forces du Mal à acheter. Celui-là est en plus. Il ne cadre avec aucune autre matière.

- Alors c'est qu'on va avoir des cours de Duel, je pense, dit Harry en haussant les épaules.

- Quoi ? Des cours en plus ? râla Ron. Comme si on travaillait déjà pas assez !

- C'est n'importe quoi, je trouve ! grogna Fred. Des cours de Duel On a jamais vu ça à Poudlard !

- Je ne suis pas d'accord avec toi, Fred, intervint Molly. Ca peut être très intéressant. De plus, dans le contexte actuel, Dumbledore a raison de vous entraîner un maximum à combattre. Et troisièmement, si, il y a déjà eu des cours de Duel à Poudlard. Durant toute ma scolarité, j'ai eu un vieux Duelliste comme prof. C'était un homme extrêmement puissant qui avait travaillé dur au service de la communauté toute sa jeunesse et qui le faisait encore dans ses vieux jours en formant de jeunes élèves. Mais il a dû prendre sa retraite quand j'ai passé mon ASPIC et je crois bien que Dumbledore n'a jamais réussi à lui trouver de remplaçant. Les bons Duellistes sont très rares, mais pour la plupart vraiment puissant.

- Ca a l'air intéressant, je trouve ! déclara Georges.

Ron ne partageait pas tout à fait son avis. Pour lui, les cours était bien assez dur comme ça. Si seulement le Duel avait pu remplacer la Divination ! Il y serait allé avec joie.

- Moi, je ne trouve pas, insista Fred, buté. Si on nous forme à nous battre, c'est comme si on nous enrôlait de force dans une armée. Je ne veux pas de ça.

- Pas d'accord, dit George. Nous devons bien apprendre à nous défendre. C'est l'époque qui veut ça. Si Tu-Sais-Qui n'était pas revenu, alors oui, ça serait de l'enrôlement. Mais là, c'est pour notre propre bien et pour celui des personnes qui nous entourent que nous devons apprendre à parer à toute éventualité.

- Eh, les gars, calmez-vous, intervint Ron en les voyant prêts à s'irriter. On est même pas sûrs qu'il y ait réellement un cours de Duel. C'est peut-être juste une option ?

- Ils ne nous feraient pas acheter le livre, dit Fred. Ca ne me plaît pas. Et ça, là, c'est quoi ? L'Art Antique ? Vous connaissez ce bouquin ?

- Je ne sais pas du tout, dit Georges, et les deux autres firent signe qu'eux non plus.

- Fais voir, demanda leur mère. L'Art Antique de Cyrus Etrezel ? Ca me dit vaguement quelque chose. On demandera à votre père.

Mais ils furent interrompus à ce moment de la conversation, car dans une grande explosion de cendre et de suie, Hermione venait d'apparaître dans la cheminée.

Elle avança, gênée par les cinq regards effarés qui pesaient sur elle. Ron remarqua une grosse valise noire à ses pieds.

- Bonjour Mrs Weasley, dit-elle en s'époussetant. Est-ce que je ne vous dérange pas ?

- Pas du tout, Hermione, entre donc.

Elle sortit de la cheminée, tirant sa valise. Elle portait de habits moldus et ses cheveux étaient tirés en arrière et tressés.

- Tu t'installes ici ? demanda Ron, puis il regretta d'avoir abordé si brusquement le sujet qui, visiblement, embarrassait Hermione.

- Eh bien bafouilla-t-elle. Justement, Mrs Weasley, je voudrais vous demander si je ne vous dérange pas. Je vous aiderait à faire la cuisine et le ménage, si vous voulez.

- Je suis très heureuse de t'accueillir, Hermione, assura la mère de Ron. Mais dis-moi, pourquoi une décision si précipitée ? Quand Arthur te l'as proposé, tu as dit que tu préférais passer l'été chez toi, si je ne me trompe ?

- Justement, j'ai changé d'avis. Enfin, non, mais ça ne s'est pas très bien passé chez mes parents et j'ai préféré partir Enfin, juste pour la fin des vacances!

Ca alors! Hermione qui faisait une fugue! Ron n'en revenait pas. Et lui qui croyait qu'elle avait une relation idéale avec ses parents, comme la petite fille modèle qu'elle semblait être quand on ne la connaissait pas bien

- Il n'y a pas de problème, Hermione, dit gentiment Mrs Weasley. Du moment que tes parents savent où tu es

- Oui oui, je leur ai dit.

Comme il l'avait vu faire à Ste-Mangouste, elle manipulait nerveusement son moignon de la main gauche. Ce tic nerveux donna la chair de poule à Ron.

Ron, Fred, Georges et Charlie avaient été chargés d'occuper Harry pendant que le reste de la famille s'attelait à préparer la fête. Ils se réunirent dans le petit pré entouré d'arbres qui leur servait depuis toujours de terrain de Quidditch. L'herbe était un peu carbonisée depuis le duel de Harry contre Dumbledore, mais les arbres masquaient toujours aussi bien à la vue d'éventuels promeneurs moldus. Les cinq garçons décollèrent dans des bruissements de brindilles, et se retrouvèrent bientôt en cercle à deux mètres du sol. En principe, le coup d'envoi se faisait plus haut que ça, mais la hauteur des arbres limitait la liberté.

Ils avaient ensorcelé le Souaffle pour qu'il se mette en jeu tout seul, et cinq joueurs surexcités se précipitèrent sur la balle rouge qui montait en chandelle. Comme ils n'étaient pas une équipe entière, et que de toute façon le terrain n'était pas assez grand, ils avaient un peu modifié les règles. Harry restait attrapeur, Fred et George Batteurs, Ron Gardien et Charlie Arbitre, mais tous assumaient en même temps le poste de Poursuiveur. C'était plus compliqué, surtout pour Ron qui devait parfois quitter ses buts pour prendre le Souaffle et marquer contre lui-même, puisqu'il n'y avait pas de camp adverse. Alors, chaque fois qu'il parvenait à avoir le Souaffle, les quatre autres se jetaient sur lui pour tenir lieu de gardiens, si bien qu'il ne mit que deux buts. De toute façon, il n'était pas très doué au poste de Poursuiveur.

Les points étant comptés individuellement, Charlie remporta la partie avec 130 points, suivi de George avec 90 points, Fred 80 points, Harry avec 50 points et Ron, bon dernier avec ses 20 points. Le Vif-d'or ne s'était pas manifesté, ou bien Harry, trop concentré sur le Souaffle, ne l'avait pas vu. En tout cas, Ginny vint les chercher au treizième but de Charlie, et ils durent rappeler toutes les balles, grâce à un Finite Incantatem. La petite balle dorée retomba à terre dans un sifflement, les ailes coupées, et cette vision serra le cur de Ron. Il avait conscience que c'était stupide, mais pour lui, le Vif-d'or symbolisait quelque chose comme la liberté, la joie. Le voir tomber était triste, c'était comme voir se fermer une porte d'avenir, dont on sait qu'on ne pourra plus jamais la rouvrir. Heureusement, il savait très bien que la Vif-dor revolerait dès qu'on le sortirait à nouveau de sa caisse.

Quand ils pénétrèrent dans la maison, tout était recouvert de papiers brillants, de guirlandes, de fontaines à étincelles, de lampions colorés. Mr Weasley avait convié toutes les fées de la région, grâce à un sortilège d'Appel très simple, et les petites créatures aux ailes semblables à des vitraux colorés voletaient de toutes parts. Sur la table, couverte de pétards mouillés du Dc Flibuste qui explosaient par intermittence, des plats copieux fumaient, décorés avec faste.

Harry entra à son tour et s'arrêta, interdit, sur le pas de la porte. A la tête qu'il faisait, Ron comprit soudain ce que signifiait n'avoir jamais fêté son anniversaire. Lui, il connaissait très bien cette décoration. C'était celle des fêtes chez les Sorciers, pleine d'étincelles et de lampions. Il dut lutter avec force contre la vague de mélancolie qui tentait de le submerger : oui, il connaissait ces fêtes.

Cela faisait quatre ans qu'il n'en avait pas eu. Bien sûr, ses parents lui avaient toujours envoyé des cadeaux, et ses amis, dès qu'ils avaient pu (sous la torture) lui faire cracher le morceau, s'étaient empressés de lui faire un gâteau à la date tant attendue, et tant redoutée. Mais à Poudlard, où il n'y avait pas d'intimité, ça n'avait rien de semblable. Il se rappelait

Ses anniversaires n'avaient pas toujours été heureux. A quatre ans, son père venait de perdre son travail et ils avaient dû faire une fête avec un minimum d'argent. Les sortilèges de décoration étaient malgré tout très réussis, mais ils n'étaient pas faits pour tenir longtemps, et il se rappelait son chagrin quand les guirlandes, feux d'artifices miniatures et pluies de paillettes enchantées s'étaient doucement éteints, plongeant la pièce dans une pénombre sinistre après le doux enchantement. A sept ans, il était cloué au lit par une pneumonie et n'avait même pas eu la force de découvrir la clé de ses paquets enchantés. Et à onze ans, quelle déception lorsque Errol s'était perdu en route pour Poudlard! Il n'avait pas encore avoué la date de sa naissance à ses amis, et pour la premire fois de sa vie il avait dû passer un anniversaire seul, sans cadeaux ni bougies, comme un adulte. A cette époque, il s'était dit : " Tu es grand à présent, tu es au collège, tu ne voudrais quand même pas qu'on t'offre des cadeaux comme à six ans ? " Oui mais voilà, il aurait bien voulu malgré tout.

Les souvenirs heureux, il n'en manquait pas non plus. Pour son huitième anniversaire, il avait eu un animal familier, enfin (tous ses frères avaient déjà le leur) : un Boursouf, une bestiole ronde couverte de poils couleur crème, dont la langue rose démesurée se promenait dans toute la maison, à la recherche de nourriture. Ron adorait son Boursouf, qu'il avait appelé Longuelangue (ce nom devait être repris plus tard par ses deux frères pour baptiser les pralines de leur invention). Mais la bête avait mal fini quand Fred, souhaitant s'entraîner au Quidditch et ne trouvant plus ses balles, ou peut-être juste pour embêter son petit frère, s'était servi du Boursouf comme Cognard. La petite bête ne voyait aucun mal à être utilisée comme ballon, mais la batte de Fred était un petit peu trop dure pour sa tête, qui n'avait pas résisté aux chocs à répétition.

Tels étaient les souvenirs qui se bousculaient dans sa tête, à la vue de la pièce décorée pour la fête.

Harry s'approcha lentement de la table, incrédule. Il y avait un gros poulet fumant parcouru de flammèches bleues, oranges et violettes. Les légumes dansaient la java dans leur sauce, et parfois certains sautaient hors du plat, faisaient un saut périlleux et retombaient dans un éclaboussement.

Tout le monde s'attabla et le repas fut joyeux. Charlie amusa l'assemblée avec des anecdotes de son boulot en Roumanie, et même Hermione se dérida. Au moment du dessert, un gros gâteau lévita jusqu'à la table. Pour la première fois de sa vie, Harry souffla ses bougies. Il ne semblait toujours pas y croire. Un sourire ébahi s'attardait sur ses lèvres, il avait les yeux brillants et ses mouvements étaient désordonnés.

Mais la vraie surprise, ce fut lorsque les Weasley exhibèrent leurs cadeaux : il y en avait plein. Chacun offrit son paquet coloré. Harry, rouge tomate, bredouillait :

- Mais c'est trop je ne peux pas

- Ne te soucie de rien, Harry, dit gentiment Molly. Aujourd'hui c'est ta journée.

Le cadeau des parents Weasley était un jeu de cartes enchantées. Ron savait que cela n'avait pas coûté cher à son père : il l'avait réquisitionné chez un Sorcier. Les cartes étaient illicites parce que d'origine moldue, mais Arthur avait régularisé leur situation avant de les offrir à Harry; évidemment, Molly n'en savait rien.

Ginny offrit à Harry une espèce de loupe tarabiscotée, découverte on ne sait où, et dont elle paraissait particulièrement fière : en tout cas, elle avait les oreilles toutes roses. Quant à Harry, il fut bien embarrassé en déballant la loupe. Mais Charlie vint à la rescousse de sa petite sur en s'écriant :

- Oh ! c'est un Sortilographe, pas vrai ?

- Ca sert à quoi ? s'enquit poliment Harry.

- C'est un objet très utile ! fit Mr Weasley. Il permet de voir les sortilèges qui ont été utilisés à l'endroit où l'on regarde, avec une image plus ou moins nette selon que le sortilège est plus ou moins vieux et puissant. Où est-ce que tu as dégotté ça, Ginny ?

Elle rougit encore plus et haussa les épaules. Les autres comprirent qu'il ne valait mieux pas trop insister. Pour changer de sujet, Harry ouvrit le paquet suivant et tomba sur le cadeau de Ron. Celui-ci avait longtemps cherché ce qu'il allait offrir à on amie : il voulait quelque chose de valeur parce qu'il considérait toujours en vigueur sa dette envers Harry, depuis l'épisode des Multiplettes et l'or des Farfadets. Il avait donc réuni tout son argent de poche pour acheter un balai miniature enchanté, qui voletait à cinquante centimètres de la table et faisait des démonstrations de figures à la demande du Sorcier.

Le cadeau fit apparemment plaisir à Harry : son visage s'illumina et d'après le regard qu'il lança à Ron, celui-ci fut conforté dans son sentiment : la dette était largement payée.

Les jumeaux avaient fait paquet commun : une pleine boîte de bonbons ensorcelés par leurs soins :

- A tester sur Dudley, déclara George.

- Ou sur Drago Malefoy, précisa Fred.

Mais le cadeau qui surprit tout le monde et fit le plus plaisir à Harry fut celui de Charlie. Il se présentait sous la forme d'une petite boîte d'environ dix centimètres de côté. Quand Harry finit par comprendre comment venir à bout des nuds ensorcelés (ils se reformaient au fur et à mesure qu'il les dénouait, et toujours plus serrés) la boîte s'ouvrit en fleur d'un seul coup. Sur un lit de coton s'étalait un objet conique couleur d'or pur, percé d'un trou dans son bout le plus large.

- C'est une dent de dragon, expliqua Charlie. De Cornelongue.

La dent était longue, fine, vaguement courbée. Le trou percé à sa base permettait de passer un cordon.

Harry la manipula, la fit peser dans sa main. La dent renvoyait des éclats d'or de tous côtés.

- C'est magnifique murmura-t-il.

- Nous avons un Cornelongue prépubère à la réserve de dragons. Il perd toutes ses dents de lait, et il en a soixante-dix-sept. Elles sont en or pur, alors on en revend la plupart, mais celle-là j'ai demandé à la garder pour mon usage personnel. On dit que les dents de Cornelongue offrent bonheur et longévité à qui en garde une autour du cou en permanence.

- Il y a des symboles gravés dessus ! s'exclama Harry, penché sur la dent.

- Ce ne sont pas vraiment des symboles, expliqua le grand frère de Ron. Plutôt des gravures qui se font naturellement. On ignore ce qu'elles signifient, mais certains scientifiques pensent qu'elles racontent la vie du dragon. Encore faudrait-il savoir les déchiffrer

- C'est fascinant ! s'écria Molly. Tu ne nous a jamais parlé de ça, Charlie !

- Parce que je n'en ai jamais eu l'occasion, c'est une découverte récente. Nous n'avons de Cornelongue dans notre réserve que depuis cinq ans, et c'est la première fois qu'un d'eux perd ses dents. Et vous savez, quand les dents sont sur le dragon, rares sont ceux qui osent aller les étudier de près

Les jumeaux pouffèrent, bientôt imités par tout le monde.

- J'ai apporté autre chose, annonça Charlie quand le calme fut revenu. Mais il n'est pas encore prêt. Je vous en dirai plus dans quelques jours

Et comme il avait éveillé l'intérêt général, il enchaîna sur un autre sujet. Pendant longtemps, il parla à son auditoire fasciné de dragons, Boutefeu, Cornelongue, Opalil, Suédois et autre Magyar à pointes. Il les amusa grâce à maintes anecdotes, plus ou moins dangereuses sur le moment, mais qui avec le recul devenaient comiques. Il leur parla des recherches que menaient la trentaine de Sorciers dont il faisait partie, des croisements inter-espèces qu'ils tentaient d'opérer, des études de comportements et de pouvoirs magiques. Il les fascina tellement que l'après-midi était déjà bien avancée lorsqu'ils quittèrent la table. Ron avait la tête pleine d'écailles, de cornes, de dents et de flammes.


Ce soir-là, lorsque Harry et lui se confièrent, celui-ci lui confia :

- Je n'ai jamais vécu d'aussi belle journée. C'était magnifique. Je n'imaginais même pas tout ce que Charlie nous a raconté. Ces recherches sur les dragons, je trouve ça incroyable. Ca me rabiboche avec eux !

Ron sourit. Oui, lui aussi avait découvert une face nouvelle de Charlie. Malgré un brin de ressentiment à la pensée qu'il ne connaissait pas tout de son propre frère, il aimait ce qu'il avait découvert. C'est la tête encore pleine d'étincelles qu'il s'endormit.

– fin du chapitre 5 –

Attendez là, attendez (frénésie) mooooooooooooooooooooooooooooooooooon diiiieu !!!!!!! double excitation, triple, quadruple ! c la folie !!!!! je suis chez mon amie Amarante, on a tapé mon chap 5 jusqu'à 2h du matin, et là il est 11h03 et, et, et,et et, et, et eeeeeeeeeeeeeeeeeeeet !!!! on est leeeeeeee

21 JUIN 2003 !!!!!!!!!!!! ET ON A LES TOME 5 ENTRE LES MAINS ! LE TOME 5 ! LE TOME 5 ! LE TOME 5 !!!!!!!!

ouh ouh

ouh il fautque je me détende

ouh

ça fait bizarre

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

le premier chapitre s'appelle s'appele : " Dudley demented " ! deviendrait-il fou ? en tout cas nous, nous le sommes déjà ! et le nombre de pages ! 766 !

et le résumé (attention, si vous ne voulez pas savoir l'histoire..) :

"Harry Potter is due to start his fifth year at Hogwats school of Witchcraft and Wizardry. He is desperate to get back to school and find out why his friends Ron and Hermione have been so secretive all summer. However, what Harry is about to discover in his new year at Hogwarts will turn his world upside down"

Alors, vous bavez???

Oooooooooooooooooooooooooooooh ! c la fête ! c la folie ! c trop bien ! c, c, c,. aaarh !

La couverture est magnifique ! Il y a une plume dorée sur la tranche, elle est lumineuse et tout et au dos, il y a cinq personnages dorés, comme des statues, dont un centaure, un elfe de maison, un farfadet et deux Sorciers (un homme et une femme : seraient-ce Lily et James ? Gryffondor et Rowena Serdaigle ?) les Sorciers envoient de la flotte de leurs baguettes, et le centaure dresse un arc qui crache de l'eau aussi. Yahouh !

Voilà j'avais des choses à vous dire sur le chap 5 , mais là je suis trop à fond dans le nouvel harry Potter, je ne sais plus quoi ! donc tant pis, je vous en parlerai plus tard

Mais c la fête !!!!!!!!!!

Youpi !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ouf

Ouf

Ça va, là, je me calme

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaarhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!

Ona

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Trois heures plus tard: ouf, détente. Le tome 5 est sorti. Ouais. Ouf. Je veux le lire! Calme.

Je suis super heureuse, non seulement pcq le tome 5 s'est enfin dévoilé, mais aussi pcq j'ai fini de transcrire deux chapitres d'un coup, grâce à l'aide inestimable d'Amarante (que je vais aller racketter pour l'obliger à me donner son tome 5! ^_^). La tension retombe un peu, Harry profite enfin de ses vacances (pas Hermione) et on en apprend plus sur Ron, qui a toujours été trsè discret, caché derrière son ami. Enfin, là, je fais la promo de mon chapitre, ms vous l'avez déjà lu donc c idio et inutile. Je me tais!

Si, une chose importante à dire: devinez qui revient au chapitre 6? bingo! Le petit Sévy, Rogue en personne! Je ne vous en dis pas plus, vous allez voir par vous-même.

Ja, mata ne!*

Ona

*à plus, en japonais **

**ouah, je me la pète!