Chapitre 6: Les bêtes l'ont mangé
- Les enfants! Venez mettre la table, ils vont arriver!
Des avalanches de pas claquèrent dans les escaliers, faisant trembler la maison sur ses fondations. Quatre têtes rousses et une brune débarquèrent dans la cuisine.
Les jumeaux agitèrent leurs baguettes pour faire sortir la table dans le jardin, puis ils déplièrent les rallonges. Harry et Ron étendirent la nappe, tandis que Ginny arrivait avec une pile d'assiettes immense. Soudain, elle trébucha, les assiettes volèrent, mais elles s'immobilisèrent dans les airs, figées par un sort de Georges.
- Whaoh! T'as des réflexes! s'extasia Harry, pendant qu'une Ginny rouge pivoine époussetait sa robe et commençait à décrocher les assiettes suspendues.
- Merci, marmonna-t-elle.
Assise sur une chaise dans la cuisine, Hermione observait toute cette agitation. Elle aurait donné très cher pour pouvoir se joindre à ses amis, rire avec eux. Mais un fossé les séparait à présent. Elle avait le cur serré.
Mrs Weasley s'activait devant ses fourneaux, à grands coups de baguette. Les aliments s'envolaient, se découpaient en rondelles et s'étalaient au fond des plats, ou bien se tranchaient et se mettaient à rôtir. Des odeurs délicieuses commençaient déjà à emplir la pièce. Hermione ferma les yeux. Pour un peu, elle se serait crue de retour chez ses parents.
La maison sentait bon aussi quand Hermione était rentrée. Sa mère faisait cuire un poulet, et l'odeur de graisse frite et d'herbes aromatiques réveillait l'estomac. Le Magicobus avait déposé Hermione au coin de la rue. Elle ouvrit doucement la porte, sans sonner. Elle n'avait pas l'intention de faire la surprise à ses parents, mais elle n'avait pas non plus le courage de sonner.
Tous ses bagages étaient restés chez Viktor. Son argent et les cadeaux achetés pour sa famille aussi. Elle rentrait, une semaine en avance, habillée de vêtements prêtés par l'hôpital, les mains vides – la main vide. Elle avait peur, peur de la réaction de ses parents.
Elle prit une grande inspiration. Elle n'était pas à Gryffondor pour rien. Elle allait faire montre de son courage.
Elle appela ses parents pour se signaler, puis pénétra dans la cuisine.
Ils se levèrent de table, surpris. Elle s'avança pour les embrasser, hésita, se reprit.
- Bonjour Papa, bonjour Maman! dit-elle aussi joyeusement qu'elle pût.
- Hermione bafouilla son père. Tu ne devais pas rentrer la semaine prochaine?
- Il y a eu quelques petits incidents, éluda-t-elle. je suis revenue plus tôt.
- Ah! bien fit son père. Et tu es venue par balai?
Elle sourit. C'était bien son père, toujours le même. Elle s'était inquiétée pour rien; rien n'avait changé.
- Non, expliqua-t-elle. On n'a pas le droit de voyager en balai tant qu'on a pas passé notre ASPIC. Même après, c'est très fermement règlementé pour éviter que des Moldus ne se posent des questions. Je suis revenue en Magicobus.
- Ah d'accord.
Un silence s'installa à table. Hermione fit de même et commença à manger, comme si de rien n'était. Elle était affamée.
- Tiens, Hermione, proposa Mrs Weasley, tu veux m'aider à tourner la sauce? Il faut l'empêcher d'attacher.
Elle se leva, prit la cuillère de bois des mains de la mère de Ron. Il lui fallut plusieurs minutes pour habituer sa main gauche au mouvement circulaire requis, mais ce ne fut pas le plus compliqué. En revanche, ce qui la gênait plus était son incapacité à empêcher la casserole de bouger sur le feu. Au début, cela l'irrita tellement que des larmes de rage lui montèrent aux yeux. Elle tenta de bloquer la poignée contre le mur, mais ça ne fut pas très convaincant. Alors, combattant son dégoût, elle se força à utiliser son bras droit. Ça n'était pas très pratique, et la position était plutôt inconfortable, mais au moins elle réussit à immobiliser la poignée dans son coude, sans pour autant se brûler.
Du coin de l'il, elle vit la satisfaction de Mrs Weasley. Ainsi, c'était ça, hein? Elle était sensée se prouver que son handicap ne la rendait pas incapable de tout faire. Eh bien c'était raté. Oui, Hermione était consciente qu'il lui restait une main, deux pieds et une tête. Mais elle était aussi consciente que l'autre main manquait cruellement, et ça, quelles que soient les leçons de la vie ou des adultes, jamais on ne lui ferait gober que c'était réparable.
- Mais utilise ton couteau! Qu'est-ce qui t'arrive?
"Il m'arrive que je n'ai plus qu'une seule main, Maman." Mais ça, sa mère ne pouvait pas le savoir. Elle avait si mal, si mal d'être maladroite avec sa main gauche. Elle aurait voulu que ça paraisse naturel, mais ses parents commençaient déjà à se douter de quelque chose. Et ça ne faisait que dix minutes qu'elle était rentrée.
- Hermione, dit son père, pourquoi tu nous caches ta main? Tu as fait un tatouage, c'est ça?
- Quoi? se récria-t-elle. Tu es sûr que tu parles de ta fille, là? Si je m'étais fait tatouer, je ne le cacherais pas comme ça, Papa.
- Montre-nous ta main, alors.
Elle était acculée. Et puis peut-être était-ce mieux ainsi. Il valait mieux qu'ils soient au courant tout de suite, sinon elle reculerait toujours plus le moment de leur avouer.
Elle sortit doucement sa main de sa poche. Sous le coude, l'affreux moignon rougeâtre l'élançait. Sa vue était suffisamment parlante, mais Hermione se sentit obligée d'expliquer, rien que pour faire taire l'affreux silence:
- J'ai perdu ma main, dit-elle.
À sa grande horreur, elle vit alors un sourire s'étirer sur le lèvres de son père.
- Mais dit-elle, au bord des larmes.
À présent, sa mère souriait aussi, un sourire jaune, mais sourire quand même.
- C'est c'est un blague, n'est-ce pas? demanda son père.
Horrifiée.
- C'est un truc de magie, affirma-t-il.
Il essayait de se convaincre lui-même. Et il y arrivait plutôt bien.
- C'est un truc que tu as appris dans ton école. De la magie! déclara sa mère.
Du soulagement. Il y avait du soulagement dans sa voix. Ils s'étaient persuadés de ce qu'ils voulaient croire. Tellement minable. Tentative désespérée de croire ce qu'ils voulaient croire, juste parce que la vérité était trop dure. Hermione n'aurait jamais cru ça de ses parents. Désillusion.
- Papa! gémit-elle. Maman!
Leur confiance factice se fractura aussitôt. Ils avaient peur. Elle aussi avait peur. Peur de voir ses parents pleurer. C'est si terrible pour un petit enfant de découvrir que son papa a peur. Hermione était une petite fille, une toute petite fille qui s'était fait mal et qui aurait aimé que son papa la réconforte. Mais il avait encore plus peur qu'elle. Et elle, elle devait refouler la terreur de l'enfant en elle. Elle devait se montrer adulte. Devant ses parents. Si dur
- Hermione, s'inquiéta sa mère. C'est bien une farce, n'est-ce pas?
Jamais elle n'avait eu plus de mal à lui dire non.
- Ils arrivent! Ils arrivent! cria Ginny, excitée comme une puce.
- Ça va, Gin', on a vu, dit Ron.
Hermione n'avait pas vu, elle. Elle rejoignit les autres sur la terrasse.
Le soleil était éclatant. Des vagues de chaleur troublaient l'horizon. Tout là-bas, au bout du chemin de terre qui coupait les champs de blé, un nuage de poussière trahissait l'arrivée d'un véhicule.
Il fut bientôt assez proche pour être reconnu: il s'agissait d'un minibus. Il était assez particulier: de couleur jaune vif, il était couvert de dessins colorés, en partie masqués par une épaisse pellicule de boue et de poussière.
Le minibus effectua un demi-tour au frein à main et son arrière vint se positionner juste devant l'entrée de la maison. Par les vitres, Hermione put voir qu'il était plein de gamins hilares.
La porte arrière à double battants s'ouvrit d'un coup. Un homme d'une quarantaine d'années en sauta, claironna un "Bonjour tout le monde!" avant d'aider les enfants à descendre.
- Harry, Hermione, dit Molly. Voici Joseph, le frère d'Arthur, sa femme Martha et leurs enfants.
- Bonjour Molly! s'exclama une petite femme toute menue en embrassant la mère de Ron. Puis elle serra les mains de Harry et d'Hermione: Enchantée, enchantée. Oh! tu es Harry Potter, n'est-ce pas? Arthur m'a parlé de toi. Et toi, tu es Hermione, l'amie de Ron? Très bien très bien.
Elle faisait de grands gestes pour accompagner ses propos. Elle semblait du genre à occuper tout l'espace de sa présence.
- Bonjour, salua Joseph.
C'était un grand homme aux cheveux auburn déjà grisonnants, avec des lunettes dorées et un ventre replet. Autant sa femme était volubile, autant lui paraissait calme et posé. Il serra les mains de Harry et d'Hermione sans aucun commentaire.
Cinq enfants avaient sauté du minibus, tous aussi roux les uns que les autres, et faisaient des baisers à tout le monde à tour de rôle. Mrs Weasley fit les présentations, et il apparut à Hermione qu'elle avait déjà aperçu l'aîné, Bastien, à Poudlard. Malgré sa tignasse auburn, elle n'avait jamais cherché à savoir s'il avait un lien avec Ron. Il était âgé de douze ans, et sa petite sur, Rachel, entrait à Poudlard à la rentrée. Hermione remarqua que là aussi, il y avait une majorité de garçons. Peut-être que ça expliquat la réputation de la famille d'être extrêment nombreuse? Puisque le nom de famille était transmis par les hommes.
- Entrez, entrez! convia Mrs Weasley. Suzan et Jonas ne vont pas tarder.
"Entrer" était une manière de parler, puisqu'ils s'installèrent sur la terrasse. Hermione comprenait mieux le pourquoi des quatre rallonges successives qu'avait dû subir la table, à coups de baguettes magiques: rien qu'à deux familles, les Weasley comptaient déjà seize membres, plus Harry et Hermione, et tous les invités n'étaient pas arrivés.
Ils firent tourner les gâteaux apéritifs, ouvrirent des bouteilles, et bientôt l'ambiance était chaleureuse sous le brillant soleil d'été. Les enfants, incapables de tenir en place, couraient d'une chaise à l'autre. Bientôt, une partie de chat fut organisée à travers la maison et les prés. Les petits supplièrent leurs grands cousins de venir jouer, et Ron fut bien obligé de se lever. Il lança un regard suppliant à Harry et Hermione:
- Aidez-moi, vous!
Harry rigola; mais à ce moment-là, le petit Corentin surgit à toute vitesse et le toucha en criant "chat!". Harry bondit comme un ressort et se jeta dans la poursuite.
Hermione resta assise. Elle avait perdu l'équilibre nécessaire à la course. Et puis de toute façon, elle n'avait pas envie de jouer.
- Alors, dit Martha, soudain sérieuse. Quelles nouvelles, Arthur?
Tout le monde se tut aussitôt. Les adultes échangèrent des regards graves.
- Les nouvelles de la situation politique? insista Martha. Que fait notre Ministère?
- Fudge aligne fausse excuse sur fausse excuse pour refuser de donner une réponse, déclara Mr Wealsey.
- Encore? s'indigna Martha? Après tout ce qui s'est passé!
Hemrione lisait régulièrement la Gazette du Sorcier. Elle n'ignorait pas que Voldemort avait provoqué cinq attaques depuis le début de l'été. Trois étaient dirigées contre le Ministère, et deux autres contre des personnalités, des Sorciers influents, et leurs familles. Au total, on déplorait trente et un morts et une disparition.
- Il pratique la politique de l'autruche, encore et toujours. Il pense que s'il refuse l'évidence, rien n'arrivera.
"Étrange, songea Hermione. Exactement comme mes parents."
Les journées s'étaient écoulées, sinitres. Les parents d'Hermione la regardaient comme une chose inquiétante, prête à exploser. Elle avait tenté de les rassurer, mais rien à faire. Ils étaient horrifiés par la perte de sa main.
Petit à petit, s'était dessinée une autre appréhension. Hermione n'avait pas su la discerner tout de suite, jusqu'à cette discussion fatidique, le 31 juillet, au petit déjeuner. Elle était en train de faire ses devoirs d'Histoire de la Magie tout en dégustant son chocolat au lait. Son père arriva à table, suivi de près de sa mère. Elle devait au moins reconnaître qu'ils n'étaient pas passés par quatre chemins:
- Hermione, dit son père. On doit te parler.
Elle sût immédiatement que la tempête approchait.
- Oui? fit-elle.
- On voudrait savoir à quel lycée tu veux t'inscrire l'annnée prochaine.
Elle les regarda avec des yeux ronds. Quoi? Elle s'était attendue à pas mal de choses, mais ça?
- Pourquoi ça? exigea-t-elle, glaciale.
- Eh bien, les inscriptions sont déjà faites, et si on veut que tu sois dans une bonne école il va falloir se ba
- POURQUOI? tonna-t-elle.
- C'est évident, Hermione soupira sa mère comme elle aurait raisonné un enfant de cinq ans. Tu dois aller dans un bon lycée et tu n'es inscrite nulle part. J'ai quelques brochures
- JE SUIS INSCRITE À POUDLARD DEPUIS MA NAISSANCE, tonna-t-elle, ET J'Y RETOURNE CETTE ANNÉE.
À voir leurs têtes, elle comprit qu'ils s'y attendaient depuis le début. Ils avaient juste voulu la tester.
- Hermione dit son père, sois raisonnable. Tu ne peux pas retourner à Poudlard. Plus maintenant.
Ça y est, elle était en larmes. Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de s'émouvoir?
- Mais comment vous pouvez me faire ça? gémit-elle. Ça ne vous suffit pas, ce qui m'arrive? Vous devez encore m'accâbler?
- Hermione, Hermione, il ne s'agit pas de t'accâbler, voyons! Nous ne voulons que ton bien, tu le sais. Et pour ton propre bien, nous pensons que tu ne dois plus retourner à Poudlard. C'est trop dangereux.
- DANGEREUX? hurla-t-elle, au bord de l'hystérie. MAIS QUEL RAPPORT? QUEL RAPPORT ENTRE POUDLARD ET MON ACCIDENT?
Ses parents furent étonnés.
- Eh bien, expliqua son père, tu nous a bien dit que c'était un sort qui t'avait coupé la
- Pas un sort, un hachoir ensorcelé.
- Oui, fit-il en balayant la réponse d'un geste de la main. De la magie, quoi.
Impossible de répondre à ça. Elle était atterée. Comment? Ses propres parents étaient-ils si peu conscients de la réalité du monde magique? Du monde où elle vivait! Ils étaient à cent mille lieues de saisir ce qui composait son univers depuis quatre années. Était-ce possible? Et pourtant, elle leur en avait raconté, des histoires! Elle leur en avait écrit, des lettres! Au début, ils étaient toujours étonnés de voir surgir un hibou postal, émerveillés de ses anecdotes: ce qu'on lui enseignait à Poudlard, comment marchaient les baguettes magiques, le portail enchanté du quai 9 3/4, la Poudre de Cheminette, les balais volants Et puis ils s'étaient habitués. Ils avaient continué à écouter ses histoires, mais avec un peu moins d'intêret, un peu moins d'émerveillement. Quand Hermione leur racontait les sortilèges qu'elle savait utiliser, ils souriaient poliment, comme si tout cela n'était qu'une bonne blague. Alors elle avait peu à peu cessé de raconter.
Mais elle commençait à comprendre. À comprendre le réel point de vue de ses parents. Le point de vue d'un couple qui voit grandir sa fille, et qui pense qu'elle sera une grande chercheuse, ou bien dentiste comme eux, et puis voilà qu'ils découvrent qu'elle appartient à un autre monde, un monde étranger au leur. Et ils voient leur fille leur échapper, comme un filet d'eau que tente de retenir la main d'un enfant. À chaque fois qu'elle rentre chez elle, elle est un peu plus différente, un peu plus étrangère. Et au lieu de s'intéresser au monde qui est le sien pour tenter de la retenir, ils s'en dégoûtent peu à peu, parce qu'ils ne peuvent pas passer leur vie à courir après leur fille. Ils n'en ont pas la force. Alors comme tous les parents dont les enfants prennent leur envol, ils ferment les portes de la compréhension, ils se cadenassent dans leur monde bien organisé et se persuadent que celui de leur enfant est irréel et temporaire. Mais aucun des deux univers n'est éternel. Aucun n'est le bon ou le mauvais. Ils flottent juste tous deux au milieu d'un brouillard d'intolérance et d'incompréhension. Alors il reste deux solutions aux parents: ou bien ils se battent dans le vent pour ramener leur fille à eux, ou bien par leur désintérêt ils l'incitent à partir plus tôt qu'elle n'aurait dû.
Les parents d'Hermione étaient dans un sursaut de possessivisme. Ils étaient prêts à tout pour l'arracher à son monde, devenu subitement effrayant, un monde où les petites filles pouvaient perdre la main d'un simple sortilège. Elle réalisa tout à coup que quelque chose d'autre avait très bien pu intervenir dans leur schéma: elle leur avait parlé de Voldemort, elle ne leur avait rien caché sur le sujet. Elle ne s'était pas doutée qu'ils risquaient d'être encore plus égarés que des Sorciers face à cette menace contre laquelle ils ne pouvaient rien.
Elle recula sa chaise, croisa les bras et dit:
- J'irai à Poudlard cette année.
- Oh! Voilà Suzan et Jonas, si je ne m'abuse, s'exclama Mrs Weasley.
Au milieu du petit pré, à une dizaine de mètres de la terrasse un cercle de lumière venait d'apparaître. Il se mit à tourner sur lui-même en projetant des étincelles de tous côtés, puis il s'élargit et s'agrandit pour finalement former un ovale vertical, de la taille d'une porte, suspendu dans les airs. La surface à l'intérieur se troubla, et soudain, un pied la traversa, suivi d'une jambe, d'un bras et finalement, d'un corps tout entier.
Le nouvel arrviant était une femme d'une trentaine d'années, au sourire éclatant. Elle salua joyeusement les Weasley attablés, avant de se retourner pour aider les enfants à passer. Hermione compta: une, deux, trois six, non! sept têtes rousses. Le dernier à passer fut le père, portant un huitième enfant dans ses bras. Puis il fit un mouvement de sa baguette et la porte magique se dissipa.
- Bonjour bonjour! s'esclaffa le petit homme, qu'Hermione supposa être Jonas. Ouf! On est bien arrivés. Oh! Joseph et Martha sont déjà là! Bonjour bonjour
Tout ceci en serrant les mains et en distribuant les baisers, y compris aux enfants qui revenaient un à un de leur partie de chat. Harry, Ron et Charlie arrivèrent les derniers, essouflés et fumants.
Encore une fois, Mrs Wealsey fit les présentations: Suzan, la sur d'Arthur et de Joseph, était une femme aux grands yeux bleus et au corps élancé, et qui apparemment entamait sa neuvième grossesse. Jonas, son mari, était un petit homme aux cheveux blonds très clairs, au gros nez en lame de couteau, et qui portait des favoris abondants taillés en triangles. Leurs enfants étaient roux, comme tout Weasley qui se respecte; mais autant les enfants d'Arthur avaient les cheveux orange vif, et la progéniture de Joseph des chevelures auburn, autant la descendance de Suzan était composée de têtes couleur d'ambre, à mi-chemin entre le roux de la mère et le blond du père.
Les nouveaux arrivants se mirent à table, Arthur Waesley partit chercher une nouvelle bouteille et des petits gâteaux, et la discussion reprit.
Ils n'avaient même pas eu le temps de finir de crier. Elle avait enfoui toutes ses affaires de classe dans son sac, s'était levée et était allée s'enfermer dans sa chambre.
- Hermione! cria son père en frappant à la porte.
Elle ne répondit pas.
- Ouvre cette porte immédiatement! Nous n'avons pas fini de parler.
Elle s'assit devant sa commode. Le miroir lui renvoya l'image d'un visage livide, avec des yeux rouges, des traces de larmes sur les joues et des cheveux en paillasson. Elle attrapa une brosse et se la passa rageusement dans la tignasse. Son père cognait toujours à la porte, mais elle n'en avait cure.
Après dix minutes d'efforts, son cuire chevelu était rouge vif et elle pleurait de rage, mais son casque était toujours autant en broussaille. Elle arracha les paquetsde cheveux accrochés à la brosse et recommença. Dix nouvelles minutes lui furent nécessaires pour obtenir trois masses de cheveux à peu près égales et plus ou moins démêlées. Elle les tressa, attacha un élastique solidement, hésita, en enroula un deuxième par-dessus. Puis elle regarda le résultat dans la glace.
C'était pitoyable. Sa tresse était toute gonflée, comme prête à exploser, et une auréole de cheveux électrifiés dépassait tout autour de sa tête. Mais c'était mieux que rien.
Elle attacha un troisième élastique, par sécurité, et commença à faire sa valise.
Elle avait complètement oublié. Ils avaient tous un cadeau pour Harry, et elle, elle était là, stupidement. Fichues vacances. Tout allait mal depuis leur début.
Elle ne savait pas si elle reviendrait chez elle avant la rentrée. Sûrement pas. Si c'était pour que ses parents la séquestrent
Est-ce qu'ils oseraient l'empêcher de retourner à Poudlard par la force? Elle ne voyait pas comment. Ils étaient ses parents, qui l'avaient élevée dans des règles. Ils lui avaient enseigné la croyance en la liberté, le respect d'autrui, des valeurs qui étaient ancrées en elle. Alors croire ses parents capables de lui imposer ce qu'elle refusait, non. Pas par la force, en tout cas.
Et pourtant et pourtant ils avaient bien tenté de la retenir.
Oui, mais ça n'était pas pareil. Ils avaient voulu lui interdire de fuguer. N'importe quel parent le ferait.
Mais était-ce vraiment une fugue? Lui avaient-ils laissé un autre choix?
"Arrête, se dit Hermione. Ce qui est fait est fait."
Si seulement elle avait pu s'empêcher de penser
- Oui, j'ai entendu ça aussi, dit Suzan. C'était dans la Gazette du Sorcier d'hier matin. Quelqu'un a déposé un ultimatum au Ministère de la Magie espagnol. Bien sûr, tout le monde sait qu'il s'agit de Vous-Savez-Qui.
- Quoi? s'étonna Ron. Qu'est-ce qu'Il va faire en Espagne?
Tous les regards se tournèrent vers lui, et le rouge lui monta aux oreilles.
- Avant sa chute, expliqua gentiment Jonas, Tu-Sais-Qui était déja bien implanté dans plusieurs pays d'Europe. L'Angleterre, mais aussi l'Espagne, la France, la Bulgarie Il n'a pas encore retouvé tout son pouvoir, mais Il ne perd pas de temps.
- Et Fudge qui continue à fermer les yeux Un miracle que l'opinion publique ne l'ait pas encore désavoué. Forcément, la presse est de son côté.
C'était Suzan qui venait de parler.
- Oh, il commence à y avoir des remous, annonça Martha. À mon travail, plus personne ne doute de Son retour. La révolte gronde
- Mais c'est justement cela qu'il faut éviter! déclara Suzan. Si le peuple et le gouvernement s'opposent, c'est le meilleur moyen de créer le chaos dont a besoin Vous-Savez-Qui pour s'installer!
- Je dirais même plus qu'Il est à l'origine de ce chaos, dit gravement Arthur Weasley. Les journaliste ne sont pas fous, ils savent aussi bien que quiconque qui est à l'origine de ces attentats. Si les journaux n'en parlent pas, ce n'est pas par la faute du gouvernement. Fudge ne contrôle plus rien de ce côté-là. Non, c'est bien Vous-Savez-Qui qui a mis la main sur le système médiatique. Il contrôle tout ce qui paraît dans les journaux.
- Mais pourquoi les empêche-t-Il d'annoncer Son retour? s'étonna Martha.
- Parce qu'Il veut que les gens perdent confiance en leur gouvernement, soupira Arthur. Il a bien d'autres moyens de faire savoir qu'Il est à nouveau en vie. Mais tant que les journaux mentent et que le ministre ment, Vous-Savez-Qui sème le doute et la méfiance. Un jour viendra où plus personne ne voudra croire ce qui sera écrit dans la Gazette, et ce jour ne verra plus aucun obstacle à Son avènement.
Pendant un moment, on n'entendit plus une voix. Impressionés, même les enfants se taisaient. Chacun méditait ces sombres paroles.
- Il y a une chose que je ne comprends pas, dit Martha en regardant son assiette. Comment peut-Il être de retour? Arthur, Molly, vous êtes assez proches de Dumbledore. Vous devez en savoir plus que nous, non?
La foudre s'abattant sur l'assemblée n'aurait pas fait plus d'effet. Mr et Mrs Weasley échangèrent un regard éloquent, tandis que Bill, les jumeaux, Ginny, Ron et Hermione s'entre-regardaient. Harry s'attardait dans la contemplation de son plat de pommes-de-terre. Un relent de panique flottait dans les airs.
Harry fit sursauter tout le monde en se levant brusquement.
- Je vais aux toilettes, annonça-t-il à l'adresse de Mrs Weasley. Excusez-moi.
Et il pénétra à grands pas dans la maison.
- Je m'en vais, je n'ai plus faim, dit Ron en se levant à son tour. Tu viens? fit-il à l'adresse d'Hermione.
Ils retrouvèrent Harry dans la chambre de Ron.
- Je suis désolé, dit-il.
- Ça va? s'inquiéta son ami.
- Ouais, je vais bien. Je n'avais simplement pas envie d'entendre ça.
- Je comprends, dit Ron.
L'ambiance qui s'instaura était plutôt glaciale. Harry et Hermione étaient perdus dans leurs sombres pensées, et Ron se trouvait au supplice entre ses deux amis, aussi bavards que des tombeaux.
Hermione s'immobilisa soudain en s'apercevant qu'elle était en train de tripoter nerveusement son moignon. Elle haïssait ce tic qu'elle avait pris malgré elle. Harry était assis sur le lit, les mains sur les genoux, les yeux dans le vague. Ron dansait d'un pied sur l'autre, mal-à-l'aise.
- Allez! supplia-t-il. Aidez-moi! Dites quelque chose.
- Je ne savais pas que Voldemort était présent en Espagne, fit Harry d'une voix sinistre. Ni en France, ni en
Hermione serra les dents en entendant le nom. Elle haïssait ça aussi. Un jour, elle ferait payer à Voldemort la perte de sa main.
- Oui, marmotta Ron.
Ça n'était pas le genre de sujet de conversation qu'il avait espéré.
La situation aurait pu en rester là longtemps, si un oiseau ne les avait pas distraits en toquant à la fenêtre.
Ron ouvrit et réceptionna une hirondelle.
- Ça alors une hirondelle postale! Je n'en avais jamais vu d'aussi près!
Elle portait un petit paquet, de deux ou trois centimètres de côté, mais c'était presque ausssi gros qu'elle et elle était visiblement exténuée. Ron la porta près de la cage de Coquecigrue et elle se rua sur la coupelle d'eau avec un piaillement reconnaissant. Ce n'est qu'une fois sa soif étanchée qu'elle autorisa le jeune Sorcier à détacher le paquet qu'elle transportait.
Il ouvrit l'emballage en papier kratf, mais à peine l'avait-il ôté que le paquet explosa dans ses mains. Il se retouva couvert de vêtements, sous-vêtements et robes de Sorcier noires, plutôt féminines. Un enveloppe voleta doucement pour venir se poser sur la pile d'habits.
Hermione rosit jusqu'à la racine des cheveux. C'étaient ses affaires! Il y avait là tous ses vêtements, les cadeaux qu'elle avait achetés en Bulgarie, sa baguette magique, son journal intime Elle se précipita pour tout ramasser. Elle était morte de honte. Ron était en train de se débattre avec une petite culotte qui lui était tombée sur la tête. Mortifiée, elle la lui ôta et la fourra dans la pile d'affaires diverses.
- C'est à toi, ces machins-là? râla Ron tandis qu'elle faisait glisser le tout en un tas indistinct, dans un coin de la chambre.
- Oui, marmonna-t-elle.
Il ramassa la lettre.
- Hé! Ça vient de Krum!
- Évidemment, ça vient de Krum! Donne-moi ça!
Il lui tendit la lettre à contre-cur et elle sortit dans le couloir la lire. Elle entendait Ron pester contre "ce fichu Krum" mais elle s'en fichait.
Sa main tremblait lorsqu'elle déplia la lettre en se servant de ses dents pour la tenir. Elle reconnaissait parfaitement l'écriture brouillonne et les fautes de grammaire. Ça venait de Viktor.
"Hermione,
Je ne sais pas si tu recevra cette lettre, et je ne sais pas si tu voudra la lire. Je sais de source (à peu près) sûre que tu es en vit, et que tu n'es plus prisonnier de Tu-Sais-Qui. Mais je ne sais pas dans quelle étas tu es, ni si Il t'a faite du mal. Ce que je veux te dire, c'est que je suis complètement très désolé de ce qui s'est arrivé. J'espère que tu me croira si je te dis que je n'y suis pour rien, que je n'ai rien pusse faire. Je n'ai aucun moyen de le te prouver. Mais je t'aime, et je espère que tu voudras me bien pardonner.
Je te renvois toutes tes affaires, j'espère quelle ne t'ont pas trop manqué. Je ne ai su que hier que tu avais pu t'échapper. L'hirondelle est un cadeau, j'espère quelle te plaira. Elle n'a pas encore de nom, à toi de choisir.
Je t'embrasse mille fois,
Viktor."
Durant un long moment, Hermione ne bougea pas. Assise dans le couloir, la main sur les yeux, elle hésitait entre le rire et les larmes. Elle ne savait pas que penser. Elle ne savait même pas si elle était heureuse qu'il lui ait écrit. Elle aurait aimé que elle ne savait même pas quoi. Rester là et ne plus penser à rien, peut-être. Jusqu'à ce que passent les mois et les saisons, et que sa douleur s'estompe, comme le paysage derrière une vitre embuée. Jusqu'à ce qu'elle oublie ce que c'était de penser. Jusqu'à ce que le monde arrête de tourner.
Mais il y avait les amis à rassurer, les sourires à distribuer. Il y avait Pattenrond à nourir, l'hirondelle à baptiser. Il y avait une vie à reprendre. Une guerre à déclarer.
Elle se leva sans bruit et rejoignit ses amis.
Ils la scrutèrent anxieusement quand elle rentra dans la chambre. Elle sourit. Soulagés, ils sourirent en retour. C'était bon. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas souri tous les trois
- Ils en sont au dessert en bas, annonça Ron. Pas de regrets?
- Non, pas de regrets, dit Hermione. On mangera les restes.
Harry n'ajouta rien. Son regard était éloquent: il ne voulait pas entendre parler de Voldemort. Pourtant, il faudrait bien qu'il s'en préoccupe un jour. Hermione, du moins, avait bien l'intention de s'en préoccuper.
- Oh! s'exclama-t-elle. Je viens de me rappeler quelque chose et
Elle fouilla dans les affaires expédiées par Viktor. C'était là, trois petites boîtes en bois sculpté, d'une valeur inestimable. Intactes.
- Tenez, dit-elle. J'ai acheté ça en Bulgarie. Faites-y attention, c'est extrêmement précieux.
Harry et Ron ouvrirent leurs boîtes. Elles contenaient chacune une petite fiole de cristal, savamment ouvragée, remplie d'un liquide couleur d'or chaud.
- C'est superbe murmura Harry en plaçant la fiole devant les rayons du soleil pour voir au travers. Ça sert à quoi?
- C'est du sang de Re'em, annonça Hermione.
Comme elle s'y attendait, ni l'un ni l'autre ne savaient de quoi il s'agissait.
- De Rem? s'étonna Ron. C'est quoi cette bête-là?
- Pas Rem, Re'em, soupira-t-elle. Il s'agit d'un animal d'Afrique, un genre de taureau à la peau d'or. Son sang procure une force surnaturelle.
- Waôh, murmura Harry, toujours en contemplant sa fiole. Ça a dû coûter très cher, non?
- Pas tellement, justement. Je suis tombée sur un vendeur qui avait des dettes envers Viktor, et pour les payer il a proposé de me faire un grand rabais. À mon avis, le vendeur s'est fait avoir. C'est tellement rare, le sang de Re'em
- Ah, fit Ron, mécontent. Donc c'est Krum qui t'a offert ces fioles.
- Une partie, oui, dit-elle, sur la défensive. Ça pose un problème?
- Est-ce qu'il savait que c'était destiné à nous?
- Non, mais il s'en fiche. Il m'a juste rendu service. C'est moi qui les aie payées.
- Ron, c'est pas grave, dit Harry.
Mais ça ne calma aucunement le garçon:
- Si c'est grave! Je n'ai pas envie d'accepter des cadeaux payés par n'importe qui!
- Ron! fulmina Hermione. N'importe qui, comme tu dis, c'est mon petit ami, je te signale!
- Ah oui? Alors c'est ça qu'il te dit dans sa lettre? Qu'il t'aime, qu'il te fait plein de bisoux partout et que
- Si tu as l'intention de devenir vulgaire je te conseille de t'arrêter là!
Mais elle se tut, parce que Harry avait éclaté de rire. Il les regarda, hébété.
- Ah, haleta-t-il. Ça faisait si longtemps
Et il repartit dans un éclat.
Ron et Hermione sourirent, gênés. Oui, ça faisait si longtemps. Les chamailleries avec Ron lui avaient manqué. Elle n'était plus la même personne depuis la Bulgarie. Alors pour une fois, elle retrouvait la bonne vieille amitié avec Harry et Ron, pleine d'humeurs et de désaccords. Comme si rien ne s'était passé.
La maison retentit longtemps de leurs éclats.
- Le jeune Potter est encore bien sensible, dit Jonas. Es-tu sûr que ça marchera, Arthur?
- Oui, répondit gravement celui-ci. Je le crois.
- Il est encore jeune, appuya Molly Weasley. Mais j'ai toute confiance en lui. Il a une grande force. Lui-même n'en mesure pas l'ampleur.
- Et vous avez vu son aura? demanda Joseph. Resplendissante.
- Je ne suis pas aussi douée que toi pour déchiffrer les auras, répondit Suzan. Mais la sienne m'a effectivement fait cligner des yeux.
- Mais jusqu'où ira-t-il? s'inquiéta Martha. Vous avez vu comme la simple évocation de Vous-Savez-Qui le fait fuir?Il le craint, il en souffre. Peut-être n'aurais-je pas dû poser ma question si crûment.
- Non, tu as bien fait, la rassura Joseph. Nous devions de toute façon tester sa réaction à ce souvenir. Je te suis reconnaissant de t'en être chargée.
Les autres approuvèrent.
- Oh, sourit Martha, ça n'était pas si difficile. Je suppose qu'il va me détester, maintenant.
- Je ne pense pas, dit Molly. Je le connais bien, ce garçon. Il va plutôt se reprocher sa lâcheté à lui-même.
- Mais comment pourrait-il nous être utile? réinsista Suzan. Il a tellemnt peur de Son nom
- Mais il est le seul avec Dumbledore à le prononcer, ne l'oublie pas, dit Arthur. Je ne suis pas sûr que Harry ait peur de Vous-Savez-Qui. Ce dont il a peur, c'est de lui-même. D'être à nouveau confronté à une situation où la moindre de ses erreurs serait fatale à un de ses proches.
- Je suis du même avis que Arthur, confirma Molly. Vous ne connaissez pas Harry aussi bien que nous. Pour moi, nous pouvons faire reposer nos espoirs sur lui. Il ne nous décevra pas.
- Et Dumbledore est du même avis, ajouta le père de Ron.
- Bien dit Suzan. De toute façon, nous n'avons pas le choix. C'est déjà sur Harry Potter que reposent tous nos espoirs. Et ce, depuis quinze ans
- Nous avertirons donc nos membres que le plan se poursuit, annonça Jonas. Quelle est la prochaine étape?
- Elle concerne Bill, dit Molly. Tu y es préparé, Bill?
Le jeune homme, qui était jusque là resté silencieux, prit la parole:
- Oui, Maman. Je suis prêt.
Un cri aigu, à glacer le sang, retentit. Severus Rogue leva les yeux. Là-haut, dans ce qui ressemblait à un front orageux, une ombre en forme de V se déplaçait à grande vitesse puis une autre, et encore une autre au total, cinq créatures en file indienne. Elles disparurent derrière un nuage, pour réapparaître bientôt à gauche de Rogue. Elles se déplaçaient terriblement vite. De temps à autres, le chef de la meute lançait son appel sinistre. On aurait dit le hurlement d'une femme torturée.
Les cinq choses volantes enchaînèrent impeccablement une vrille, deux loopings et une descente en piqué, sans jamais briser leur alignement. Enfin, elles rasèrentle sol dans un hurlement, et Rogue réalisa qu'elles se précipitaient vers lui.
Il se jeta à terre à l'ultime seconde. Le déplacement d'air causé par leur passage souleva la poussière, l'aveuglant. Il ne pouvait plus bouger. Ces choses le terrifaient. Que faisaient-elles là? Ça n'était pas prévu.
À peine s'était-il relevé que les créatures firent un nouveau passage. La première le heurta au moment où il se jetait à terre et passa à travers lui sans aucun choc. Il se retourna juste à temps pour la voir disparaître dans les cieux avec un hurlement de dépit.
Il reprit sa marche. Ce n'est que quelques heures après que les monstres volants refirent leur apparition. Ils étaient une trentaine, à présent. Il se coucha de nouveau dans la boue, mais les créatures passaient en rase-motte et le traversaient sans qu'il ne ressente quoi que ce soit. Finalement, il se força à poursuivre son chemin, ignorant les cris qui résonnaient à ses oreilles et les ombres qui lui passaient au travers.
C'était éprouvant.
Il s'écroula au bout d'une demi-heure, parmi les cris de gloire de ses tourmenteurs.
Marcher.
Il ne faisait que ça depuis combien de temps, au juste? Comment savoir, dans ce monde délirant sans soleil ni nuit? Et aucun signe qu'il approchait de son but. Pouvait-il vraiment continuer? Combien d'heures, combien de jours pouvait-il encore tenir avant de s'effondrer à nouveau? Et même s'il attégnait jamais son but, ne serait-il pas déjà trop tard? Il avait l'impression d'être là depuis des années.
Et si
Dans un premier temps, l'idée lui parut si extravagante qu'il la rejeta. Mais comme il n'y avait rien d'autre, il s'y pencha de nouveau.
Pourquoi pas, après tout? Il n'avait aucune idée de ce qu'il cherchait. Pourquoi pas cette forme-là plutôt qu'une autre?
Il se mit debout et appela les créatures.
– fin du chapitre 6 –
Oui, oui, ouiiiiiiiiiiiiiiiiii! J'ai bouclé ce foutu chapitre! plus qu'un! plus qu'un! plus qu'un et je vous servirai d'un coup les onze chapitres suivants sur un plateau d'argent! youpiiiii!
Voulez-vous savoir comment on fait pour transcrire 32 pages de manuscrit sur ordi? Eh bien voilà: on va sur fanfiction.net ou sur twwo, on prend une fic bien connue comme les portes', le Sorcier d'Eksal' ou Equilibre', et on lit la page de reviews. Voilà. Après, on déconnecte internet d'un geste rageur (si il est 11h du soir, ça aide, parce qu'à cette heure là on est fatigué alors on voit plus les choses en noir), on monte dans sa chambre, on allume l'ordinateur, on ouvre le cahier à la page "chapitre 6" et on commence à écrire. Et on ne s'arrête plus avant d'avoir bouclé les 32 pages. Enfin, si, on pionce un brin quand même, mais dès le petit matin on s'y remet. Et à 11h (du mat') tadadadam! on peut enfin se lâcher dans la chronique de Ona-Chan, avant de filer sur internet pour publier! yahouh!
Eh, franchement, merci, merci, merci, ô reviewers! Sans vous, je ne sais pas si j'aurais le courage de me battre contre tous les obstacles ordinateuresques qui n'ont qu'un seul but: retarder au maximum ma publication. Mille mercis!!!
Pour parler de ce chapitre, et bien que ça n'ait aucun intérêt pour le lecteur moyen qui lit ceci devant son écran en attendant un hypothétique chapitre 7 (en cours de transcription!), je vais vous faire la petite hisoire: il a été écrit en février 2003, pendant un chouette voyage scolaire en Sicile. On s'en rend pas tellement compte en le lisant, non?! En tout cas, j'ai écrit tout ceci dans le car et dans l'avion, et je ne vous parle même pas de l'écriture! Un vrai sismographe!
À propos des parents d'Hemrione d'après les fics que j'ai lu, de nombreux fans considèrent sa famille comme plutôt sympa, ouverte et tout j'ai voulu me démarquer un peu, poser le problème des relations parents moldus/ enfants sorciers. C'est vrai, imaginez! Vous êtes à Poudlard, vos parents n'ont aucune idée de la magie vous leur racontez des trucs, mais vous ne pouvez rien leur prouver, parce que pendant les vacances où vous rentrez chez vous, la magie est interdite! En clair, à moins qu'ils n'aient une sacrée sagesse, ils sont en mesure de se demander: est-ce que tout ça n'est pas un immense canular? Vous rajoutez Voldemort par-dessus, et vous avez des parents complètement égarés devant l'univers de leurs enfants. C'est ce que je voulais démontrer avec les Grangers, et j'avoue ne pas les avoir vraiment gâtés. Il n'y a pas que Harry pour avoir des problèmes avec sa famille!
Encore une chose: le titre est tiré d'un poème de Baudelaire, que j'avais dans mon descriptif de Bac (oui, j'ai honte! mais j'aime beaucoup Bobo!). Ça donne ça:
"Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose!
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.
– Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon c les bêtes l'ont mangé.
Mon cur est un palais flêtri par la cohue;
On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux!
– Un parfum nage autour de votre gorge nue!
ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux!
Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,
Calcine ces lambeaux qu'ont épargné les bêtes!"
Voilà. Ça s'appelle Causerie, 55e poème des Fleurs du Mal, et certaines personnes (qui ont le même descriptif de Bac que moi) vont me tuer en lisant cela! En tout cas, j'aime beaucoup la détresse, l'ironie désespérée de ce poème. Ça correspond bien à l'état d'esprit d'Hermione, la pauvre!
Bon, je m'attelle au chapitre 7! Son titre: "Quand germe l'ouragan"!
Ona
