Chapitre 7: Quand germe l'ouragan

La fin des vacances arriva au grand galop, et avec elle la perspective de retrouver Poudlard, les amis et les ennemis. Le jour où ils se rendirent au Chemin de Traverse, Harry prit conscience avec effarement que pour la première fois de sa vie, il regrettait la fin des vacances. Dans quelques jours, il allait devoir reprendre le chemin de l'école, et se préparer à affronter les regards de ses camarades; comme en deuxième année, lorsque tout le monde le prenait pour un dangereux psychopathe. Il lui pesait de quitter la quiétude du Terrier.

Il n'avait aucune nouvelle de Sirius depuis le matin où il l'avait ramené de Durmstrang, et cela l'inquiétait. Bien sûr, son parrain était un adulte endurci, il était capable de se débrouiller tout seul. Mais Harry ne pouvait jamais taire son inquiétude tant que Sirius n'était pas en face de lui.

Il marchait dans le Chemin de Traverse, écoutant d'une oreille distraite le débat de Ron et d'Hermione sur l'aveuglement des Moldus. Ron affirmait qu'il fallait vraiment le vouloir pour ne jamais rien remarquer, tandis qu'Hermione soutenait avec vergue que le Ministère mettait tout en uvre depuis des générations pour protéger les monde des Sorciers aux yeux moldus. Ginny marchait derrière eux, hésitant à placer son avis dans la conversation.

À ce sujet-là aussi, Harry se posait des questions. Après avoir malmené et insulté Ginny quand il était possédé, il aurait dû aller s'excuser. Mais il ne l'avait pas fait, et il s'en voulait à lui-même. C'était comme si quelque chose en lui voulait lui interdire de faire trop d'efforts envers les gens. Et il savait pourquoi. Il ne voulait plus qu'un ami soit tué par sa faute. Jamais.

- Harry, att

Il se cogna violemment dans quelqu'un qui courait au milieu de la foule. Bien fait. Ça lui apprendrait à regarder où il allait. Il se releva en se massant l'épaule. Ce n'est qu'alors qu'il vit avec qui il s'était heurté.

- Qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-il froidement à Wakewage.

Elle se tenait douloureusement la mâchoire. Un bleu se formait à vue d'il sur sa joue, là où elle était rentrée dans l'épaule du garçon, et elle saignait du nez.

Il faillit lui tendre la main. Quelque chose l'en empêcha. Était-ce la haine qu'il percevait chez Hermione, qui s'était écartée d'un pas?

Wakewage se releva, ignorant la froideur des regards posés sur elle. Elle se campa devant Harry. Ses yeux lançaient des éclairs.

- Tu ne devrais pas aller par là, dit-elle.

- Ah oui? Et pourquoi ça?

Elle ne répondit pas. C'est Ron qui prit la parole:

- Hé, Wakewage, j'aimerais savoir pourquoi tu es partie de chez nous si vite. Tu aurais pu remercier!

- J'avais à faire.

Elle jeta un regard derrière son épaule, dans la direction d'où elle fuyait.

- Bonne chance.

Et elle repartit en courant. Oh, non. Elle n'allait pas éluder leurs questions comme ça à chaque fois. Harry la rattrapa par le poignet.

- On n'a pas fini! Réponds à nos questions d'abord!

Elle poussa un cri de douleur. Elle se replia autour de son bras captif. Ses épaules tremblaient.

- Harry, murmura Ginny, lâche-la.

Surpris, il obéit. À l'endroit où il l'avait serré, le poignet était rouge vif. Ses chairs étaient laminées en profondeur. La main de Harry était pleine de sang.

Wakewage s'enfuit, vacillante.

- C'est moi qui ai fait ça? ânnona-t-il.

- Je ne crois pas, dit Hermione, plus froide qu'un iceberg. Elle était déjà blessée avant que tu ne lui rentres dedans.

- Sa robe était déchirée, vous avez vu? fit remarquer Ron.

Harry hocha la tête:

- Où est-ce qu'on va, maintenant?

- Chez Ollivander, dit Hermione. J'ai besoin de faire réviser ma baguette.

- Pourquoi ça? s'étonna Ron. Elle marche très bien!

Elle est adaptée à ma main droite, expliqua-t-elle.

Ron bafouilla un "désolé". Lui et Harry avaient tout fait pour éviter d'évoquer la perte de la main de leur amie. Ils avaient trop peur de l'expression qu'ils voyaient apparaître sur son visage à chaque fois.

Ils tournèrent dans la ruelle peu fréquentée où Ollivander tenait son échoppe.

Et ils comprirent ce que Wakewage fuyait.

Ce qu'ils ne comprirent pas, c'est pourquoi Harry n'avait ressenti aucune douleur. En général, sa cicatrice, telle un baromètre, testait la concentration ambiante en Mangemorts.

Il y en avait plus de quarante.

- Demi-tour! s'alarma Ron.

Les quatre adolescents repartirent en courant; les Mangemorts les suivirent.

Ils déboulèrent dans l'allée principale du Chemin de Traverse, noire de monde. Hurlant et gesticulant, ils se frayèrent un passage dans la foule.

- Des Mangemorts! Des Mangemorts! avertissaient-ils, et à mesure que la nouvelle se propageait, ils sentaient la panique monter en flèche parmi les passants. Bientôt, il serait impossible de gérer la situation. L'attaque allait générer une panique qui propulserait les gens droit dans la gueule du loup.

- Arrêtez, ordonna Harry.

Ron, Hermione puis Ginny se forcèrent à stopper.

- Il ne faut surtout pas créer la panique. On va organiser une résistance.

Un coup d'il à la ruelle. Les serviteurs de Voldemort n'en étaient pas encore sortis. Ils attendaient quelque chose. Peut-être des renforts?

- Ginny, commanda Harry, débrouille-toi pour trouver ton père. Vite!

Elle acquiesça et partit à toute allure.

- Ron, Hermione, il me faut des renforts. Parcourez le Chemin de Traverse, alertez tous les adultes compétents que vous pourrez trouver. Prévenez les commerçants aussi. Si vous trouvez une boutique de matériel, demandez à ce qu'on vous prête des boucliers, des armes, tout ce qui peut nous être utile. Et que quelqu'un aille avertir le Ministère. On a besoin d'Aurors.

- Et toi, dit Hermione, qu'est-ce que tu vas faire?

- Je vais leur parler.

Il tira la table de la terrasse d'un café au milieu de la rue, et y monta. De là, il dominait la plupart des têtes. En l'absence d'attaque, le mouvement de panique s'était réfreiné, et les gens commençaient à croire à un canular.

- Écoutez-moi! cria Harry. Une quarantaine de Mangemorts sont en train de préparer leur attaque.

Il y eût des cris de terreur ou d'incrédulité, des débuts de débandade.

- Il ne faut surtout pas paniquer! Hurla Harry par-dessus le vacarme. Nous devons organiser des défenses pour les recevoir!

- Facile à dire, jeune homme, lança quelqu'un. Vous n'avez pas connu Vous-Savez-Qui, vous! Moi, je vous le dis, le mieux qu'on ait à faire, c'est de transplaner au plus loin d'ici!

- Et que faites-vous des enfants et des Moldus? Répliqua une femme. On doit les protéger.

- Pff, les Moldus! Il n'ont qu'à pas se trouver là!

Harry sentait la situation lui échapper.

- Taisez-vous! hurla-t-il. Nous allons nous unir pour contrer les Mangemorts, un point c'est tout! Ecoutez moi bien maintenant

- Et pourquoi? râla un homme. Qu'est-ce que tu en sais, toi, des Mangemorts? Tu n'étais même pas né quand ils ont régné la première fois.

Tant pis. Il n'aimait pas se faire remarquer. Mais il vient un moment où on doit employer tous les moyens qu'on a à sa disposition, aussi déplaisants soient-ils.

Il passa sa main sur son front et releva sa mèche de cheveux.

Un murmure se propagea dans la foule, tandis que tous les yeux se tournaient vers lui.

- Harry Potter. C'est Harry Potter.

- C'est vraiment lui?

- Oui, oui, c'est le garçon qui a vaincu Vous-Savez-Qui à un an.

- C'est Harry Potter!

Une vieille sorcière s'adressa au garcon:

- Mr Potter, c'est vraiment vous?

- Oui, c'est moi.

- Vous allez nous sauvez, Harry Potter?

- Moi non. C'est vous qui allez le faire.

Lorsque Hermione revint avec une pile de boucliers magiques serrés contre elle, l'attaque des Mangemorts n'avait toujours pas débuté. Répartis en demi-cercle dans toute la largeur de la rue, les Sorciers attendaient. Tous tenaient fermement leur baguette. Les enfants et les gens incapables de se défendre étaient au milieu, protégés par une barrière de Sorciers prêts à se battre. Harry, craignant une bataille sur plusieurs fronts, avait organisé ses défenses des deux côtés de son armée. Aux fenêtres et sur les toits, des Sorciers attendaient d'apercevoir les premiers Mangemorts.

Les boucliers furent distribués aux premières lignes. Tendus, les guerriers improvisés attendaient. À un moment, un sort d'Expelliarmus jaillit par accident et alla frapper le mur de la ruelle. Aussitôt, un Mangemort en sortit et lança un sort, qui s'écrasa sur les boucliers. Il battit en retraite.

Cet accident eût pour avantage que les gens avaient vu un de leurs ennemis. A présent, plus personne ne croyait à un canular. Mais nombreux étaient encore ceux qui se demandaient pourquoi ils accordaient leur confiance à un enfant. Harry lui-même se posait la question. Qu'est-ce qui lui prenait? Comment croyait-il s'en sortir? Aux premiers sorts échangés, il serait mis face à son incompétence. Il n'était pas fait pour commander, il n'était qu'un écolier de 15 ans.

Son soulagement fut immense lorsque Mr Weasley transplana devant lui.

- Harry! Tu n'as rien?

- Non, il ne s'est encore rien passé. Je ne comprends rien à l'attitude de Voldemort. Pourquoi il n'attaque pas?

- Peu importe, Harry! dit le père de Ron. Pour l'instant, c'est toi qu'il faut protéger. Suis-moi.

- Non!

L'homme roux le contempla, incrédule.

- Non, je ne m'enfuirai pas, déclara Harry. Tous ces gens m'ont fait confiance. Je ne vais pas les laisser se faire massacrer seuls.

- Ils ne se feront pas massacrer. J'ai alerté la Brigade d'élite des Tireurs à la Baguette. Ils sont déjà là.

- Peu importe, dit Harry, tout en ne comprenant pas pourquoi il faisait ça. Je reste.

- Harry, gronda Mr Weasley. Tout le monde se coupe en quatre pour te protéger, alors il n'est pas question que tu réduises nos efforts à néant. Viens.

- Mais pourquoi? Pourquoi est-ce que vous voulez me protéger à tout prix?

Il vit que Mr Weasley hésitait. Il semblait prêt à tout dire. C'était le moment ou jamais d'apprendre ce qu'on lui cachait depuis trop longtemps.

- Je ne bougerai pas d'ici tant que je ne saurai pas, dit-il en croisant les bras.

Mr Weasley chercha désespérément une alternative et n'en trouva pas.

- D'accord, je vais tout te dire. Mais pas ici.

C'est à ce moment précis que des Mangemorts transplanèrent de toutes parts, créant une panique générale parmi les rangs à peu près organisés que Harry avait créés. Celui-ci s'échappa de la garde de Mr Weasley pour se précipiter sur la première ligne. Les ennemis prenaient l'armée à revers, transplanant sans cesse d'un endroit à un autre.

Il y eût un concert de " plop ", comme des bulles de savon qui explosent, et une vingtaine de Sorciers en robes violettes apparurent parmi la foule. Ils commencèrent à stupéfixer toutes les personnes encagoulées, et même des gens qui n'étaient pas des Mangemorts. Ils tiraient dans le tas et feraient le tri plus tard.

Le semblant de maîtrise instauré par la Brigade des Tireurs d'élite fut bientôt dispersé, quand les serviteurs de Voldemort commencèrent à soumettre des gens à l'Impérium pour qu'ils s'attaquent entre eux. La pagaille devenait totale.

Soudain, Harry sentit sa cicatrice se réveiller comme un coup de fouet.

- Voldemort! cria-t-il. Il est ici!

Il chercha désespéremment Mr Weasley, finit par le retrouver, aux prises avec un Mangemort. Mais avant que Harry ait pu faire quoi que ce soit, l'homme masqué s'écroula. Le père de Ron se redressa, la baguette fumante. Harry le fixait, stupéfait.

- Ça alors vous êtes drôlement doué!

- J'ai fait pas mal de duel dans ma jeunesse, expliqua Mr Weasley. À présent, suis-moi, Harry.

- Non, attendez! Voldemort est ici!

- Quoi? Comment en es-tu sûr?

- Ma cicatrice, expliqua le garçon. Et je me demande pourquoi les Mangemorts ont-ils attendu si longtemps pour attaquer? Ils nous ont laissé le temps de nous organiser. Vous ne croyez pas que ça cache quelque chose?

- Peut-être, éluda l'homme roux, mais ce n'est pas le moment de s'en préoccuper. Tu dois te mettre à l'abri.

Mais juste à ce moment-là, les flammes de son front se multiplièrent. Elles se propagèrent dans son crâne et dans sa nuque et, de là, gagnèrent tous les membres en glissant le long de sa colonne. Ses jambes se dérobèrent et il s'effondra, ses cris se mêlant à ceux des victimes de la guerre qu'il avait déclenchée.

- Harry souffre, déclara Hermione.

Occupé à frapper sur un Mangemort désarmé, Ron ne répondit pas tout de suite.

- Quoi? demanda-t-il quand son adversaire s'effondra.

- Harry a mal, répéta son amie. Viens.

Et elle partit en courant.

- Hermione, attends!

Il voulut la suivre, mais il trébucha sur un corps sans vie et il s'étala de tout son long. Un pavé lui entama le menton.

- Aïe! râla-t-il en se relevant.

Puis il jeta un regard vers la personne sur qui il avait trébuché. C'était un petit garçon, un peu plus jeune que son cousin Corentin.

- Enervatum, dit-il en faisant le geste approprié de sa baguette. Allez, va retrouver tes parents.

Le garçon ne bougea pas.

- Enervatum, répéta Ron, sentant la panique le gagner. Sanabilis, Enervatum, je ne sais pas, moi!

L'enfant était immobile. Il ne respirait pas. Ron le fit basculer sur le côté. Son crâne était défoncé, ses vêtements poissseux de sang.

Réfrénant la nausée qui l'envahissait, il détourna les yeux et s'enfuit au plus vite. Il n'avait vraiment pas mérité ça. Le gamin non plus, d'ailleurs. Aucune des personnes présentes, même la plus détestable, ne méritait de recevoir la mort. Cette mort que Voldemort et ses esclaves distribuaient comme des bonbons.

Ron avait toujours pensé qu'il était plutôt résistant. Il se demandait ce que ça lui ferait d'avoir un mort sous les yeux. De causer une mort. Il était à Gryffondor, après tout. Il était censé être courageux.

Maintenant, il savait que c'était impossible à imaginer. Et sans rapport avec quelque forme de courage que ce soit. Rien ne se mesurait au dégoût ressenti face à la vraie mort. Pas la mort dans les romans policiers. La vraie, sans échappatoire.

Ça lui donnait envie de vomir à nouveau.

Et où était Hermione?

L'épicentre de la bataille s'était beaucoup déplacé. Au début, Ron et Hermione se trouvaient dans une zone très agitée, sur le front arrière, opposé à celui de Harry. Comme ils l'avaient prévu, les Mangemorts avaient surgi sur les deux lignes à la fois. Mais à présent, Hermione courait dans des rues désertes. Seuls les morts, les blessés et les stupéfixés les occupaient encore. Elle faillit s'arrêter à plusieurs reprises, mais elle se rappela son objectif: Harry. Cependant, elle prodigua des Sanabilis à tous les blessés graves qu'elle croisa, et quelques Enervata. Les gens se relevaient, hagards, et cherchaient la bataille des yeux. la plupart aidaient leurs voisins blessés.

Hermione avait une autre inquiétude: si elle retrouvait Harry, ce serait très bien, mais que faire alors? Elle n'était tout simplement pas en état de se battre. Sa main gauche avait gagné un peu d'habileté, mais pas assez pour réaliser ne serait-ce qu'on Sanabilis de bon niveau. Et elle n'avait presque pas pu s'entraîner pendant les vacances, parce que les bâtiments du Service des Usages Abusifs de la Magie avaient été reconstruits. Un jour, Ron avait utilisé un sortilège d'Arrosoir contre Harry, et quelques minutes plus tard un hibou lui avait lancé une lettre à la figure, menaçant de le renvoyer de Poudlard à la prochaine incartade. Les Sorciers du Service des Usages Abusifs étaient très mécontents de n'avoir pu empêcher tous les abus des collégiens pendant trois semaines entières, et ils se rattrapaient promptement.

Dans la rue qui s'écartait du Chemin de Traverse, à droite, cinq Mangemort encerclaient un groupe de résistants. Les Sorciers tombaient les uns après les autres. Dans le Chemin de Traverse, tout gauche, la Brigade d'élite des Tireurs à la baguette avait fort à faire pour protéger les civils. Les Mangemorts y étaient deux fois plus nombreux. Où aller? Qui aider? harry était la prorité, mais Hermione sentait qu'elle n'avait pas le droit d'abandonner des personnes en danger. D'un autre côté, elle était quasiment impuissante avec sa baguette mal maîtrisée.

- À l'aide! appela quelqu'un.

Elle se précipita au secours des cinq Sorciers encerclés. Un Stupéfix. Un ennemi en moins. Un Avada Kedavra. Un ami en moins.

Elle reçut un Impedimenta de plein fouet. Ça faisait mal. Le monde autour d'elle s'accéléra sans prévenir. Elle vit un Mangemort s'approcher d'elle en riant, lui prendre sa baguette. Elle serra très fort les doigts, mais sa baguette lui avait déjà glissé des doigts plus vite qu'une anguille, et ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume.

Dans un ricanement qui, en accéléré, lui parut suraigu, le Mangemort lui donna une monumentale baffe qui la projeta à terre. Tout allait trop vite, les gens défilaient autour d'elle comme des ombres.

- Finite Incatatus.

La formule avait été si rapide qu'elle la devina plus qu'elle ne l'entendit. Et soudain, le monde redevint normal et elle s'effondra, soulagée. C'était épuisant.

- Ça va, Hermione? s'enquit Mr Weasley en l'aidant à se relever.

- Oui, non, bafouilla-t-elle. Ma baguette, il a pris ma baguette!

Mais le Mangemort était déjà évanoui. Elle s'agenouilla près de lui, fouilla dans ses poches. Elle était là, sa baguette. Intacte. Soulagée, elle la serra très fort.

- Tu as eu beaucoup de chance, dit Mr Weasley.

Oui, beaucoup. Mais qu'avait-elle à faire, déjà? Tout lui paraissait si confus.

- Harry!

- Quoi, Harry? s'inquiéta le père de Ron.

- Il n'est pas avec vous? Il souffre!

- Ah! s'écria-t-il, soulagé. Oui, je sais. Ne t'inquiètes pas, je l'ai renvoyé à la maison. Par Cheminette. Molly s'occupe de lui.

Oui, bien sûr. Il n'était plus en danger. Se pouvait-il que? Non, peu probable. Voldemort n'était pas au Terrier. Il était ici, puisque Harry avait senti sa présence.

Elle sût où on avait besoin d'elle.

Elle se remit à courir.

Les créatures descendirent en cercles de plus serrés, jusqu'à se poser autour de Rogue, sur un cercle d'une vingtaine de mètres de diamètre dont il était le centre. Les êtres avaient des formes plus ou moins humaines, aux muscles proéminents, à la peau noire comme l'anthracite, et d'immenses ailes sortaient de leurs omoplates. Leurs têtes chauves avaient des figures d'épouvante, aux nez acérés comme des bec d'aigles.

- Écoutez-moi! lança Rogue.

Les créatures se rapprochèrent imperceptiblement.

- Je recherche les âmes mortes de ce monde! En êtes-vous?

Un être se détacha du groupe, sûrement le chef. Son regard était noir comme le charbon, mais Rogue le lui renvoya comme un miroir. Il était depuis longtemps passé maître dans l'art du regard dominateur et écrasant.

Le monstre grogna du fond de la gorge. Rogue répéta:

- Êtes-vous les âmes mortes de ce monde? Parlez!

L'autre balança la tête de côté, comme un fauve en train d'impressioner son adversaire avant le combat. Il avançait doucement, ses muscles tendus. Rogue crispa la main sur sa baguette.

- Si ce n'est vous, où sont-elles? Pouvez-vous me les montrer?

Les créatures se balancèrent nerveusement d'un pied sur l'autre. L'autorité de Rogue leur faisait de l'effet, assurément.

Le chef fit encore quelques pas, puis il ouvrit une bouche pleine de crocs acérés, et, d'une voix caverneuse venue du fond des âges, il dit:

- Suivez-nous.

- Où m'emmenez-vous? s'enquit Rogue.

- Vous cherchez Morts? Montez.

Songeant en lui-même que la folie du monde où il évoluait l'avait gagné irrémédiablement, Rogue escalada le dos de la créature.

Il rouvrit les yeux dans un bain de lumière. Le soleil frappait les murs obliquement, baignant la pièce d'une ambiance veloutée. Les poussières voletaient, dorées.

Un visage bienveillant, à quelques centimètres de lui.

- Ça va mieux? demanda Mrs Wealsey.

- Oui

Il avait la gorge sèche.

- Ça fait combien de temps que je suis ici? demanda-t-il.

- Arthur t'a ramené il y a une heure. Tu t'es endormi sitôt ta crise terminée.

- Ah. Et puis l'impact de ces mots lui parvint au cerveau.

- Un heure! Mais Ron, Hermione et Ginny, Fred, George et tous les autres! Qu'est-ce qui s'est passé?

- Je n'ai aucune nouvelle.

Harry comprit qu'elle était terriblement inquiète. Elle rongeait son frein depuis une heure, pendant que lui dormait stupidement.

- Vous auriez quelque chose à boire, s'il vous plaît?

Il y avait une carafe d'eau sur la table de nuit. Elle lui en servit un verre.

- Merci.

Ça faisait du bien. Il en reprit. Ses mains tremblaient.

- Harry, il y a quelque chose dont je dois te parler.

- Maintenant? Mais je dois retourner à Londres! Ils ont besoin de moi!

- Pas aujourd'hui. J'ai promis à Arthur de ne pas te laisser partir.

- Quoi! s'offusqua-t-il. Mais Ron, Hermione, Ginny ils sont peut-être en danger!

- Qu'est-ce que ça changera si tu t'en mêles? Tu es encore faible.

Il sentait qu'il y avait un double-sens à cette phrase, mais il n'avait pas le courage de chercher quoi.

- Ils vont tous mourir! supplia-t-il, en désespoir de cause.

- Et si toi tu meurs, c'est nous tous qui sommes condamnés.

- Quoi! Mais pourquoi?

Il en avait marre de porter cette responsabilité sur les épaules. Sans même en connaître la raison. Mrs Wealsey le regarda, surprise.

- Parce que tu es Harry Potter! lança-t-elle, comme une évidence. Tu t'es déjà questionné sur l'importance des noms?

Il ne répondit pas, attendant qu'elle poursuive. Ce qu'elle fit:

- Tu-Sais-Qui. Son nom est capital. C'est ce qui Lui donne sa puissance. Avant de pouvoir tuer Tu-Sais-Qui, il faut d'abord être capable de le prononcer. Voldemort.

Harry sursauta.

- Vous savez le dire!

- Bien sûr, dit Molly Weasley, mais je n'aime pas ça.

- Mais les autres, ceux de mon âge même les adultes, Cornélius Fudge, tous les autres Ils n'arrivent même pas à le prononcer. Ça ne veut pas sortir.

- Les enfants ont été éduqués dans la terreur de ce nom. Même s'ils voulaient le dire, ils en seraient incapables. La plupart ne savent même pas ce qui se cache derrière "Vous-Savez-Qui". Mais les adultes comme moi, qui ont connu les débuts du Mage Noir et ont appris à Le craindre, pour eux c'est une question de courage. C'est pour ça que je le dis: avant d'être capable de battre Lord Voldemort, il faut pouvoir prononcer Son nom.

- Moi je n'en ai jamais eu peur murmura Harry pensivement. Parce que je n'ai jamais entendu ce nom avant onze ans. Mais Hermione, je veux dire tous les enfants de Moldus, ils l'apprenent à onze ans, eux aussi. Et pourtant ils le craignent comme les autres.

- C'est la magie qui réside dans ce nom qui le veut.

- Mais comment? Ce n'est qu'un mot.

- En effet, et "Avada Kedavra" n'est qu'un mot aussi, et vois l'effet que ça a sur la plupart des gens.

Harry s'était remis à trembler. Il était tout faible, comme après toutes ses crises.

- Mais c'est parce que c'est un sortilège, dit-il pour masquer son trouble. Quand les gens entendent ce mot, ils savent qu'ils vont mourir. Le temps qu'ils l'entendent, ils sont même morts en général.

- C'est vrai, admit Mrs Weasley, mais ce n'est pas ça que je voulais dire. Essaye simplement de penser au sens des mots. Pense à "mort", par exemple. Pour toute personne qui a déjà connu un deuil, ce mot évoque des souvenirs très désagréables.

Il ne put qu'acquiescer.

- Maintenant, pense que quand quelqu'un meurt, on ne dit pas "il est mort". On dit "il est décédé" ou bien "il nous a quitté", à plus forte raison s'il s'agit d'un proche. Et pourtant, le mot "mort" s'applique bien à cette situation.

- C'est parce qu'on respecte la personne décédée, proposa Harry.

- C'est parce qu'on craint le mot "mort".

Il prit un moment pour méditer ces paroles. Ça lui paraissait juste. Mais quel rapport avec le nom du mage qui terrifiait le monde sorcier?

- Tu ne t'es jamais demandé pourquoi il fallait dire une formule magique pour créer un sort? Quelle importance, à ton avis? La baguette, elle s'en moque, non?

-Le mot qui va avec le geste nous permet d'exprimer ce qu'on veut faire, proposa Harry.

- Exact. C'est un moyen mémotechnique pour réaliser le bon geste et employer le bon sort. Mais il n'y a pas que ça.

Comme Harry n'ajoutait rien, elle expliqua:

- Vois-tu, la magie se moque des mots. Elle ne les comprend pas. Elle ne possède pas d'intelligence à ce niveau-là. Ce qui a de l'importance, c'est que dans ta tête, les mots forment un tissu de significations. Chaque mot est associé à un ou plusieurs sens, à au moins un souvenir, souvent à une ou plusieurs images, voire à d'autres mots, des situations, des synonymes autant d'évocations qui surgissent selon le contexte, pas forcèment à chaque fois. Ce sont ces différents sens qu'a un mot pour toi qui créent sa magie. Sa magie, c'est que quand tu as besoin d'un mot il te vient à l'esprit, en amenant toute sa ribambelle d'associations avec lui. Et voilà ce qui différencie un Sorcier d'un Moldu. Dans l'esprit de chaque Sorcier, il y a la place après les mots pour associer un code magique. Si tu dis "Cracbadaboum", un Moldu pensera à une BD, ou à son cours de français sur les onomatopées. Un Sorcier, lui, aura aussitôt en tête le code magique qui permet de déchirer un sac ou une poche, ainsi que le souvenir de toutes les fois où il l'a vu faire, donc des circonstances dans lesquelles ça marche Et de cette manière-là, il aura la possibilité de répéter ce sort, du moment qu'il a sa baguette sous la main. Car si les mots expriment la magie qu'on veut faire, la baguette, elle, permet de la concrétiser.

- Mais alors s'enquit Harry. Comment expliquer que des personnes fassent de la magie sans formule? Ou sans baguette?

- Les Sorciers expérimentés peuvent se passer de formule, du moment qu'elle est dans leur tête. C'est là que commence la force des mots, quand ils deviennent suffisament puissants en nous pour qu'on puisse s'en passer à voix haute mais ils sont toujours présents dans notre tête, plus ou moins inconsciemment. Quant à la baguette seuls les Sorciers les plus puissants peuvent s'en passer, ceux qui connaissent la magie de fond en comble et savent tout de son fonctionnement. Quand on atteint ce niveau-là, c'est qu'on est réellement très fort, et mieux vaut avoir acquis la sagesse qui va avec. C'est pourquoi on n'enseigne plus aux élèves de Poudlard à se passer de baguette.

- Alors, conclut Harry, si j'ai bien tout compris, les mots sont magiques parce qu'ils nous évoquent des choses? Et je dois être préservé, parce que mon nom évoque à tous la chute de Voldemort? Quelle importance?

Molly Weasley le regarda droit dans les yeux, comme si elle cherchait à voir au-delà, et dit:

- Je vais te raconter une histoire, Harry Potter.

Ron l'aperçut enfin, collée à George, la tête ensanglantée, livide.

- Ginny!

Il quêta un signe rassurant chez son grand frère et n'en trouva aucun.

- Vous allez bien tous les deux? Où est Fred?

- Je ne sais pas, éluda George. Quelque part là-dedans.

Il désignait le chaos qui régnait à l'extérieur. Ils étaient à l'abri dans un pub, avec d'autres personnes rescapées. Dehors, le massacre se poursuivait. Les sorts volaient, fracassant tout sur leur passage. La Marque des Ténèbres flottait déjà au-dessus de tout ça. Voldemort ne perdait pas de temps.

Ron ausculta sa petite sur. Un pavé lui avait fendu le front. Beaucoup de sang, mais elle était plus choquée qu'autre chose.

- Tu n'as pas vu Papa? demanda-t-elle anxieusement.

- Non, dit Ron.

Il était inquiet pour Fred. George paraissait en état de choc, au bord du gouffre. Le garçon savait que ses frères n'aimaient pas se séparer, mais à ce point

- George, ça ne va pas?

Il ne réagit même pas. Ron lui donna une bourrade.

- Oh, George! Répond!

- Laisse tomber,dit Gionny. Il s'inquiète pour Fred. Il a raison, tu sais. On ne l'a pas vu depuis une bonne demi-heure.

- Et les autres? Tu as vu d'autres personnes?

- Oui, murmura-t-elle. Il y avait une bande de copains à toi. Dean, Seamus et Lavande.

- Vivants?

- Dean était allongé. Mort ou stupéfixé

- C'est tout?

- Non (sa voix baissa encore de volume) j'ai vu les parents d'Hermione.

- Quoi! Mais elle s'est fâchée avec eux! Qu'est-ce qu'ils faisaient là?

- Je pense qu'ils la cherchaient. Ils devaient savoir qu'elle serait là à cette date. C'est toujours ce jour-là qu'on vient au Chemin de Traverse.

- Ils ont été pris dans la bataille murmura Ron avec horreur. Oh, non

- Ça ne va pas s'arranger entre Hermione et eux.

- Et Hermione, paniqua Ron. Où est-elle?

Haussement d'épaules.

- Je ne l'ai pas vue, dit Ginny, et sa voix reflétait une immense lassitude.

Mais soudain, George, les fit sursauter tous les deux en se levant d'un coup.

- Eh! Où tu vas? appela Ron.

Il était déjà à la porte.

- Je vais chercher Fred, dit son frère d'une voix atone, en sortant du pub.

- Oh non râla Ron. Ginny, tu restes ici, ordonna-t-il en se levant à son tour.

- Pas question! Je viens.

Elle était au bord des larmes, mais déterminée. Il soupira.

- Reste bien derrière moi. De toute façon, c'est du pareil au même. Les Mangemorts sont partout.

- Je n'y comprends rien, avoua Mr Wealsey.

- À quoi?

Hermione marchait prudemment derrière lui, ainsi qu'un groupe de six ou sept rescapés.

- À cette attaque. D'habitude, les Mangemorts sont adeptes de la guerre-éclair. Je ne me souviens pas d'une seule attaque qui ait duré plus de dix minutes. Et là, ça fait une heure.

- On dirait qu'ils font durer, non? s'interrogea Hermione. Il y a longtemps qu'il auraient pu tuer tout le monde, s'ils en avaient eu l'intention.

- J'en suis sûr, confirma le Sorcier. Il y a autre chose. Cette attaque cache quelque chose.

- Oh! s'écria-t-elle. Là-bas!

Encore des gens acculés. Encore des Mangemorts à stupéfixer. Encore des morts. Encore, encore. Elle ne savait plus combien elle en avait vu défiler dans la journée. Ça lui semblait durer depuis des heures et elle n'espérait qu'une chose, que ça s'arrête. Qu'on puisse comter les points et reporter le match. Attendre la suite en se reposant un peu. Se reposer un peu en attendant la suite. Que la vie reprenne son cours avec ses membres en moins. Qu'on enterre les morts, qu'on répare les vivants.

Au loin, une petite musique mélancolique. Toute petite, pas plus forte qu'une jeune pousse verte face à l'hiver. Mais résistante. Qui s'obstinait. Une petite musique qui, après tout, pourrait bien porter l'espoir. Qui sait

Mais quelle était cette musique? Qui trouvait le moyen de jouer sur le champ de bataille, parmi les dépouilles sanglantes, dans le grondement des sorts lancés tels des coups de canon? Ou était-elle sortie tout droit de son imagination? Ça n'était pas une musique bien compliquée, juste une mélodie répétée à l'infini, mais le son était joli, probablement celui d'une flûte. Hermione se demandait bien qu'est-ce qu'un flûtiste venait faire là à cet instant.

La musique était étrangement envoûtante. Elle donnait envie de se désintéresser de tout pour n'écouter qu'elle, pour la suivre, pour trouver d'où elle venait et où elle allait et se joindre à elle. Et tout cela était stupide, parce qu'une musique n'allait nulle part.

Alors Hermione se mit à la suivre.

- Tu entends? demanda Ginny.

- Quoi? Les hurlements? Les sortilèges? Les explosions?

- Mais non, crétin. La musique.

- Hein? fit Ron. Mais de quoi tu parles? Attends!

Trop tard. Elle était déjà partie.

Ginny courait parmi les maisons écroulées. Le Chemin de Traverse n'était plus qu'un champ de bataille fumant. Au loin, la bataille continuait. Les Mangemorts faisaient durer. Incompréhensible. Cela faisait bien longtemps qu'ils auraient dû disparaître.

À droite, la musique était moins forte. Ginny tourna à gauche. Elle dépassa deux cadavres enlacés. Elle s'efforça de ne pas regarder, de ne pas trébucher. Elle continua.

Elle courait à présent de toutes ses forces, de toute son âme. Elle ne voulait songer à rien d'autre. La musique l'envahissait et la dépassait, Ginny courait, Ginny volait par-dessus les pierres écroulées et les corps sans vie. Elle ne s'arrêta que quand la musique atteignit une intensité insupportable. Alors elle retomba.

Ginny vit où elle était.

Ça ne lui plut pas du tout.

Ça ne plaisait pas à Hermione non plus. Quand la musique s'estompa, elle découvrit Ginny à deux pas d'elle, aussi perdue qu'elle. Se retournant, elle vit que Mr Wealsey ne l'avait pas suivie. Les deux filles étaient seules. Parmi une dizaine de Mangemorts.

- Hermione murmura Ginny en se rapprochant. Qu'est-ce qu'on fait là?

- Chut, intima-t-elle. Ils ne nous ont pas vu.

Elles se trouvaient à l'intérieur d'un magasin. Dix Mangemorts faisaient la garde de l'autre côté de la vitrine, leur tournant le dos. Un rapide coup d'il suffit à Hermione pour savoir où elles étaient.

Elle n'était pas retournée chez Ollivander depuis qu'elle avait acheté sa baguette. Mais elle n'avait pas oublié le lieu. Ce décor si simple, juste une cheminée, un bureau et une chaise, et à la fois si mystérieux, avec ses rayonnages couverts de milliers de boîtes en carton contenant des baguettes qui n'avaient pas encore trouvé leur propriétaire.

Et parmi toutes ces baguettes, Voldemort cherchait la sienne. Il n'avait pas l'air content. Un serpent, probablement le Nagini dont avait parlé Harry, s'enroulait autour de son bras gauche jusqu'à ses épaules, où reposait sa tête. Voldemort essayait des baguettes magiques. Un énorme tas de baguettes inappropriées couvrait le bureau, la chaise, le sol. Des boîtes en carton vides s'empilaient sur plus d'un mètre de hauteur.

Mr Ollivander apparut, portant cinq boîtes dans ses mains.

- Essayez celle-ci, Seigneur, bafouilla-t-il. Je pense que la première, 38 centimètres, bois de chêne avec une écaille de dragon, est particulièrement

- Foutaises! cracha le Mage Noir en jetant la baguette en question.

En un instant, il avait déjà essayé et rejeté les cinq baguettes.

- Tu es une artisan minable, Reuter! Aucune de tes baguettes ne convient à ton seigneur, le plus grand Sorcier de l'histoire. Tu me déçois. Voudrais-tu que mes fidèles Mangemorts détruisent ton minable magasin?

Hermione sentait ses entrailles se glacer à chacun de ses mots. Il avait une voix terrfiante, d'une douceur sans merci. Curieusement, la peur qu'elle éprouvait réveillait la douleur de son avant-bras, et, un instant, elle eût l'impression de subir les même crises que Harry à la proximité de Voldemort. L'instant d'après, elle était convaincue de l'absurdité de son idée.

Un craquement sinistre. Voldemort avait marché sur le tas de baguettes, en cassant la plupart. Mr Ollivander devint plus blême qu'un fantôme et s'enfuit dans son arrière-boutique. Il en revint peu après avec une dizaine de boîtes, en bois celles-ci, décorées de signes étranges.

- Ce sont mes plus précieuses, Seigneur. Celle-ci contient une pointe de cone de Re'em. Très, très rare

Voldemort fit un geste rapide avec la baguette et la jeta de toutes ses forces contre un mur. Ollivander lui en présenta bien vite une autre, contenant un poil de Demiguise, l'animal avec la fourrure duquel on tissait les capes d'invisibilité. Elle ne convenait pas non plus. Puis ce fut une baguette en acacia avec du poil de Nundu, une en sapin avec une coquille d'uf d'Occamy Toutes les baguettes que Voldemort essayait contenaient un ingrédient extrêment précieux. Aucune ne lui convint.

- Je suis désolé, Seigneur bafouilla Ollivander. Vous les avez toutes testées, sans exception. Seule votre baguette actuelle vous convient. Elle vous a choisi il y a bien longtemps, et elle ne laissera aucune rivale prendre sa place.

Il semblait bien que Voldemort était prêt à exploser, et Hermione et Ginny se firent toutes petites dans leur cachette précaire, mais un Mangemort surgit dans le magasin.

- Maître! cria-t-il. On ne peut pas tenir plus longtemps! On a perdu deux des nôtres, et onze ont été faits prisonniers. Un groupe est parti tenter de les libérer, mais ils n'y arriveront pas. Les Peulards du Ministère ont fini par s'organiser. On a intérêt à filer!

- Sors d'ici, Avery, et ne dérange plus ton Maître pour rien, ordonna Voldemort. Je sais ce que je fais. Quant à ces idiots qui se sont laissé capturer, ils vont écoper d'un petit séjour à Azkaban. Deux mois, tout au plus

Et il éclata de rire. Hermione s'interrogeait. Pourquoi deux mois? Cela signifiait-il que les Mangemorts seraient vite relâchés ou bien que Voldemort avait l'intention d'attaquer Azkaban avant deux mois? Il faudrait qu'elle en parle à Mr Weasley, le plus tôt possible.

Le ricanement de Voldemort s'atténua quand il reporta son attention sur Mr Ollivander. Celui-ci reculait doucement, terrifié. Il n'avait vraiment plus l'air de quelqu'un de mystérieux, à présent. Il était aussi effrayé par Voldemort que n'importe qui.

- Seigneur, gémit-il, je vous en prie Laissez-moi une chance. Je fabriquerai la baguette idéale pour vous.

Vodemort se mit à rugir, et Hermione s'aperçut qu'il riait. C'était un rire sardonique qui donnait envie de hurler de terreur. Il faisait frissoner tant il glaçait les veines.

Sans que rien n'ait pu le laisser prévoir, le bras droit de Voldemort, tenant sa baguette, décrivit un grand arc de cercle en direction de Mr Ollivander. En une fraction de seconde, la baguette s'était changée en une grande épée rouge, ont la lame termina son trajet dans le cou de Mr Ollivander

Qui avait levé le bras trop vite pour que l'il réalise.

Il y eut un fracassement d'éclairs quand la lame rencontra le bras couvert d'un bouclier de magie. Des crissement retentirent, comme une lame de couteau frottant contre une meule en pierre. Le point de choc entre les deux objets magiques projetait des langues d'énergie.

Voldemort eut un affreux sourire qui dévoila ses dents pointues comme des crochets de serpent. Il retira son épée et disparut dans un dernier ricanement. Au-dehors, tous les Mangemorts transplanèrent à l'unisson.

Mr Ollivander fit disparaître son bouclier et soupira:

- Vous avez tout vu, mes enfants?

Hermione et Ginny sursautèrent.

- Quoi! Vous saviez

- Oui oui, dit-il, je savais que vous étiez là. Lui aussi, probablement. Mais j'ignore comment vous êtes arrivées.

- Nous aussi, affirma Ginny. C'était comme une musique qui s'était emparée de mes sens.

- Pareil, confirma Hermione. Je ne comprends pas comment nous avons pu entrer malgré les Mangemorts.

Mr Ollivander haussa les épaules et entreprit de ramasser toutes ses précieuses baguettes.

- Je vais vous aider, proposa Ginny.

- Non non, surtout pas! Moi seul sais comment les manipuler.

- Ah

Il y eut un silence, puis:

- Monsieur, dit Ginny, vous avez dit que Vous-Savez-Qui savait que nous étions là?

Il la scruta un moment avant de répondre:

- Tu es la petite dernière des Weasley, n'est-ce pas? Je me souviens bien de toi. 24,6 cm, crin d'Abraxan, n'est-ce pas?

Puis, sans attendre la réponse de Ginny:

- En effet, j'ai dit qu'Il était au courant de votre présence. Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est un grand Sorcier. Il perçoit beaucoup de choses que vous, jeunes étudiantes en magie, ne percevez pas encore, et ne percevrez peut-être jamais.

- Et vous aussi, vous percevez ces choses? interrogea Hermione.

- Oh, moi, si je vous ai vues, c'est parce que vous étiez dans mon champ de vision, dit-il d'un ton léger.

"Bravo, songea Hermione. Bien éludé".

- Mr Ollivander, fit Ginny, que voulait Vous-Savez-Qui?

Peut-être avait-il l'intention d'éluder cette question-là aussi, ou peut-être voulait-il y répondre sincèrement. Mais elles ne le surent jamais, car à ce moment surgirent les forces de la Brigade d'élite des Tireurs à la Baguette.

- Vous n'avez rien, Mr Ollivander? demanda le capitaine, vêtu de violet foncé.

- Tout va bien, tout va bien.

L'homme lorgna vers Hermione et Ginny.

- Ces enfants étaient avec vous?

- Tout à fait, dit-il sans cesser de ranger ses baguettes.

- Mais votre magasin est dévasté!

- Oh, dit le Sorcier en haussant les épaules. Un Mangemort est entré et a lancé un sort de Chamboulage, voilà tout. Cela sera vite remis en ordre.

- Ah le capitaine hésitait. Et, euh vous n'avez rien, réellement? Parce que les Mangemorts étaient dans votre rue depuis le début, alors comprenez

- Oui, bien sûr. À présent, Capitaine, veuillez ramener ces enfants à leurs parents et me laisser ranger en paix. Aurevoir.

La voix restait mielleuse, mais le ton était sans appel. Le capitaine fit signe aux filles de le suivre et sortit discrètement.

Le silence dans la rue était incomparable avec ce qui avait précédé. Il faisait presque mal aux oreilles. Au-dessus des toits flottait la Marque des Ténèbres, sinistre.

- Alors, demanda le Capitaine. Qui êtes-vous, toutes les deux?

Elles se présentèrent.

- Tu es la fille d'Arthur Weasley? Je le connais. Il doit être avec les gens du Ministère en ce moment. Suivez-moi, je vais vous mener à lui.

Un soldat voulut parler à son capitaine, mais celui-ci l'arrêta d'un signe. Le soldat semblait surpris de voir son supérieur se charger de ces deux filles, alors qu'il y avait tant à faire. Cela surprenait aussi Hermione. Mais elle en eût l'explication quand il commença à les interroger, sans cesser de marcher.

- Que faisiez-vous dans la boutique du vieil Ollivander? demanda-t-il sur le ton de la conversation.

- On portait nos baguettes à réviser, mentit-elle.

Ginny la regarda, choquée. Heureusement, le capitaine marchait devant et ne remarqua rien. La jeune fille parut comprendre qu'Hermione avait ses raisons, car elle ne dit rien.

- Ah! et il ne s'est rien passé? Vous n'avez rien remarqué de particulier?

- Comme quoi? demanda Hermione.

- Eh bien je ne sais pas, des Mangemorts sont entrés dans la boutique, non?

- Oui, dit-elle, prenant bien soin d'être le moins précise possible.

- Ils n'ont rien dit ou fait de spécial? Des phrases qui vous auraient marquées, non, rien?

- Ils ont démoli le magasin, c'est tout, affirma Ginny. Ils n'ont rien dit.

- Ah

Le capitaine semblait attendre plus de détails de ces deux enfants naïves, mais elles prirent soin de ne rien dire qu'il n'ait suggéré lui-même. Il était dans une position inconfortable; de toute évidence, il ne voulait pas avouer ce qu'il avait en tête.

- Et demanda-t-il. Vous étiez dans la ruelle où sont apparus les Mangemorts. Vous n'avez rien remarqué quand ils sont apparus?

- Oh, dit Ginny, qui semblait y prendre goût. On a eu très peur, alors on a pas tellement observé.

- On s'est cachées, confirma Hermione.

Ils traversaient à présent le Chemin de Traverse, qui n'était plus que chaos et désolation. Le spectacle d'un enfant qui pleurait à côté du corps sans vie de sa mère retourna le cur d'Hermione. Subitement, elle n'avait plus envie de jouer.

- Et il n'y avait personne avec eux? insistait le capitaine. Il n'y avait pas Vous-Savez-Qui?

- Non, dit Ginny. On ne l'a pas vu.

Quand Ron rejoignit George, ce fut pour le découvrir agenouillé auprès de son frère jumeau. Une panique sans nom le saisit et il se mit à courir. Pas ça. Pas Fred, pas son grand frère.

Il était au pied d'un mur démoli, évanoui. Une grosse poutre lui bloquait les jambes et le bas du tronc. Il saignait abondament. Il respirait.

- Il est vivant! soupira George.

L'inquiétude qui lui avait miné le visage s'estompait doucement. Fred était vivant.

- Aide-moi, ordonna-t-il à Ron.

Ensemble, ils durent tirer, pousser, soulever la poutre pour finalement réussir à dégager leur frère. Il faisait mal à voir. Ses jambes étaient déchiquetées. Il perdait beaucoup de sang.

- Oh la la, ça va mettre du temps à repousser, tout ça! Je vais déjà essayer de coaguler le sang.

Entendant un bruit de course, il vit avec un immense soulagement arriver son père.

- George, Ron! cria-t-il. Tout va bien?

- Ça va, Papa, répondit George. Fred est blessé, mais on pourra le soigner.

- Pas tout de suite, j'en ai peur. Tous les Médicomages sont surchargés. Fais-moi voir ses blessures.

Il n'eût même pas de mouvement de répulsion devant l'état de son fils. Ron était admiratif, et en même temps intrigué par son père: il lui montrait une facette inconnue de lui-même, celle d'un Arthur Weasley puissant et endurci, qui avait vu bien des batailles. C'était sans doute ainsi qu'il était à l'époque de Voldemort. Le retour de celui-ci avait fait réapparaître bien des dons enfouis chez les Sorciers — et bien des lâchetés dissimulées.

- Papa, tu n'as pas vu Ginny?

Arthur releva la tête violement.

- Elle n'était pas avec vous?

- Je l'ai perdue dans la mêlée, il y a dix minutes, peut-être plus.

- Je vais la chercher, lança son père. J'ai fait ce que j'ai pu pour Fred.

- Attends! J'arrive.

Il se retourna vers George:

- Tu ne viens pas?

- Non, répondit celui-ci. Je reste avec Fred.

Ron partit en courant derrière son père. Mais à peine avaient-ils fait vingt pas qu'une petite tête rousse surgit devant eux et se jeta dans leurs bras.

- Papa! Ron! cria Ginny.

- Ginny! s'écria Arthur, soulagé. Tu vas bien?

-Oui, ça va.

Elle était au bord des larmes. Hermione était là aussi. Elle se jeta dans les bras de Ron, aussi heureuse que lui de le retrouver.

Il y avait un homme, vêtu de l'uniforme violet des Tireurs d'élite. Il regardait la scène, mi-ému, mi-confus.

- Capitaine Line, dit Arthur. C'est vous qui les avez ramenées?

- En effet, elles étaient dans la boutique de Mr Ollivander, déclara-t-il cérémonieusement.

- Merci beaucoup, Capitaine, sourit Arthur.

Son regard indiquait au militaire qu'il pouvait disposer. Avant de partir, l'homme lança tout de même:

- Aurevoir, mesdemoiselles. La prochaine fois, restez avec vos parents. Les temps ne sont plus sûrs.

Et il s'éloigna en direction du champ de bataille, déserté par les Mangemorts.

- Quoi! s'exclama Ron aussitôt après son départ. Vous étiez chez Ollivander! Mais c'est là qu'étaient les Mangemorts!

- Oui, dit Hemione, peu bavarde.

Elle avait une petite mine. Sa main gauche était crispée sur le moignon de son bras droit.

- Comment êtes-vous entrées? interrogea Arthur, très grave.

- On ne sait pas, expliqua Ginny. C'était comme une musique dans le lointain, pareil pour Hermione. Elle nous attirait. Je l'ai suivie, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'elle, rien que la musique, et quand je me suis réveillée j'étais à l'intérieur de la boutique d'Ollivander, et Hermione aussi, et il y avait

- VlVoldemort, bafouilla Hermione.

Le mot lui avait demandé un effort considérable. Il fit tressaillir tous les assistants. Ron se jura, plus que jamais, que lui aussi parviendrait à le prononcer. À présent, lui, Harry, Hermione, tous les trois avaient été confrontés à Lord Voldemort. Ils avaient le droit de dire Son nom. Ils en avaient même le devoir s'ils voulaient se montrer à la hauteur.

- Vous avez vu Vous-Savez-Qui? répéta Arhur sourdement. Il était là?

- Il essayait des baguettes, raconta Ginny. Il les a toutes essayées. Toutes celles du magasin. Aucune n'allait. À la fin, un Mangemort est venu Lui dire qu'ils devaient fuir, alors Il a essayé de tuer Mr Ollivander, mais il ne s'est pas laissé faire et Vous-Sav Voldmr a dû transplaner en le laissant.

- Du calme, calme-toi, souffla son père.

Ginny était une pelote de nerf. Elle pleurait de nervosité, tout son corps tremblait.

- Tu dis que Tu-Sais-Qui essayait les baguettes? Pourquoi ça? Il a perdu la sienne?

- Harry murmura Hermione.

Bien sûr. C'était tellement évident. La baguette de Harry. Elle ne pouvait se battre avec celle de Voldemort. Il ne pouvait tuer Harry avec sa baguette actuelle. Voilà pourquoi il en voulait une autre.

Arthur avait compris, lui aussi:

- Et il n'a pas trouvé?

- Non, confirma Hermione. Aucune ne lui convenait. Il a toujours une plume de phénix dans sa baguette. Du même phénix que Harry.

Le père de Ron hocha la tête.

- Je crois qu'une petite visite à Dumbledore s'impose, dit-il. Mais avant ça, je vais aller prêter main-forte aux secouristes. Vous voulez rentrer au Terrier?

Ron et Hermione se consultèrent du regard.

- Pas question, dit celui-ci. On va aller aider.

Finalement, ils ramenèrent Fred, pas encore guéri, et Ginny, à bout de nerfs. Hermione, Ron et Arthur passèrent le reste de la journée à aider les secours à déblayer le Chemin de Traverse, soigner les blessés et rebâtir tout ce qui avait été détruit. Jusqu'à neuf heures du soir, ils distribuèrent des Sanabilem, des Enervata, ils firent léviter des pierres et des poutres, et parfois même, des corps sans vie.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'ils tombèrent nez à nez avec la mère d'Hermione. Ils étaient venus au Chaudron Baveur, transformé en infirmerie, pour se renseigner sur l'état des gens qu'ils connaissaient, dont Dean Thomas et Lavande Brown. Au moment de ressortir, quelqu'un se dressa devant eux. C'était Mrs Granger.

Elle était épuisée. Ses cheveux blonds pendaient en mèches sales autour de sa tête. Son visage était couvert de poussière, ses vêtements déchirés. Elle avait les yeux rouges.

- Hermione, dit-elle.

Celle-ci s'était raidie.

- Maman. Qu'est-ce que tu fais là?

Il y eût un long, un terrible regard entre la mère et la fille. Toutes deux étaient fatiguées. Fatiguées de leur journée, mais aussi fatiguées de se faire la guerre. Un courant en elles les poussait à cesser les hostilités.

- Hermione, répéta la mère. Mais pourquoi tu nous a fait ça.

Ça n'était même pas une question. Ça n'attendait pas de réponse. Ça n'en espérait plus.

- Je ne vous ai pas demandé de venir, murmura Hermione. Je n'aurais jamais choisi de vous infliger ça.

"Non, non, non, Hermione, songea Ron. Pourquoi dis-tu le contraire de ce que tu as envie de dire? J'ai bien vu comme ta main tremble. J'ai bien vu comme tu meurs d'envie de te jeter dans ses bras. Personne ne peut renier sa mère. Ça fait trop mal, et tu as assez souffert pour aujourd'hui."

- Si nous sommes venus, dit Mrs Granger, c'est pour toi. Parce que tu dois revenir à la maison

"Parce que tu nous manques" pensait-elle très fort, d'après Ron, mais elle ne le dit pas.

- On en a déjà parlé, grinça Hermione, glaciale. Je ne rentrerai pas à la maison. Je vais à Poudlard.

- Et tu crois vraiment que c'est la solution? Avec ce que j'ai vu aujourd'hui, tu crois que je vais te laisser partir?

Sa voix avait les accents de la panique.

- Et comment comptes-tu m'en empêcher? cria Hermione.

- Chut, murmura Ron, on est dans une infirmerie.

- Mais est-ce que tu as vu, chérie? sanglotait Mrs Granger. Tu as vu tous ces morts? C'est dans ce monde-là que tu vis? Tu le préfères au nôtre?

- Le monde des Moldus n'est pas meilleur, Maman, répliqua-t-elle, implacable. Simplement, la violence n'est pas à ta porte, elle est loin d'ici. Au journal de 20h. C'est moins terrifiant. Nous, nous avons une chance de régler nos problèmes. C'est inestimable.

- Tu as une chance de te faire tuer à chaque heure de ta vie, voilà tout! Tu appelles ça une chance!

- Je ne mourrai pas.

Puis, comme sa mère ne répondait plus, Hermione s'inquiéta:

- Maman, où est Papa?

Il était dans un lit de fortune, dans une pièce à part du Chaudron Baveur qu'on avait réservée aux Moldus. Son visage disparaissait sous un bandeau imbibé de pommade orange.

- Il est là depuis ce matin, expliqua Mrs Granger avec lassitude. Nous avons été attaqués par un de ces Mantemord

- Mangemort, rectifia Hermione.

- C'est ça. Je ne sais pas ce que se racontent les Médicateurs

- Médicomages.

- Médicomages, mais ils ont l'air d'hésiter. Ils ne veulent pas me dire à propos de quoi. Peut-être que si toi

Elle partit aussitôt. Resté seul avec Mrs Granger, Ron se demandait ce qu'il pouvait bien lui dire. Devait-il lui exprimer sa compassion?

- Peut-être devriez-vous faire la paix avec Hermione, dit-il doucement.

Elle était si lasse qu'elle ne s'irrita même pas.*

- Et comment le pourrais-je, soupira-t-elle. Elle ne veut plus rien entendre venant de moi.

- Mais lui avez-vous donné quelque chose à écouter? Vous ne faites que lui reprocher tout ce qui arrive et lui ordonner de rentrer à la maison. Croyez-vous vraiment qu'elle peut accepter? Croyez-vous qu'à sa place vous accepteriez?

- Tu prétends connaître ma fille mieux que moi-même?

Le ton n'était même pas agressif, juste las.

- Je ne prétendrais jamais connaître votre fille mieux que vous, dit prudemment Ron. Nul ne connaît mieux un enfant que sa mère.

- Tu n'aurais pourtant peut-être pas tort, marmonna-t-elle. Parfois, je doute qu'il s'agisse bien de mon Hermione. D'abord, il y a eu ce garçon, elle a voulu passer les vacances chez lui...

"Krum, forcément" songea Ron. Toutes les mêmes, les mères qui voient grandir leurs filles.

- Et elle me revient avec un bras en moins Et puis il y a ce mage, là, ce Vol quelque chose qui veut à tout prix tuer son meilleur ami pour je ne sais quelle raison

- Harry Potter, dit pensivement Ron. Elle ne vous a pas expliqué pourquoi?

- Si, vaguement. Une histoire de magie noire, d'assassinat ça m'a parut très romancé. Mais après ce que j'ai vu aujourd'hui

- Oui, confirma Ron. La réalité dépasse parfois la fiction. En ce moment, on nage en pleine série noire.

- Et dis-moi, mon garçon. Toi qui connais mieux mon Hermione que moi

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que j'appartenais au même monde qu'elle, donc que je la comprenais parfois mieux que vous ne le pouvez.

- Oui, soupira Mrs Granger. Son monde. Les Sorciers. Ah, que n'ai-je pas une fille normale! Pas très belle ni très intelligente, juste une fille normale que je puisse chérir, sans me demander où elle a la tête, dans les chaudrons ou bien dans les balais volants

Ron ne savait plus que dire. Cette situation le dépassait. Quelle détresse chez cette mère! Quelle incompréhension! Sa propre fille, devenue étrangère, lui déchirait le cur. Il aurait voulu les réconcilier. Trop de sang, trop de larmes avaient coulé.

Hermione revenait justement:

- Le Médicomage a dit qu'il ne pouvait pas faire plus pour Papa. Leurs lois leur interdisent de soigner les Moldus. Je leur ai dit que j'étais sa fille, qu'il était au courant pour la magie, mais il n'a rien voulu savoir. Ils vont lui faire un sortilège d'Amnésie et l'envoyer dans un hôpital moldu.

- Ah non! s'exclama Ron. C'est aberrant! Je vais chercher Papa, il va faire quelque chose.

Il retrouva son père dans le Chemin de Traverse en reconstruction et lui expliqua la situation.

- Ne t'inquiètes pas, dit Arthur. Je connais le Médicomage en chef. On va s'arranger.

Quand Ron rejoignit Hermione, elle serrait sa mère dans ses bras. Il resta à distance polie, mais ça ne l'empêcha pas d'entendre:

- Oh, Maman sanglotait Hermione. Je ne veux pas rester fâchée avec toi. Je t'aime. Mais j'ai déjà perdu ma main. Et si tu m'empêche de retourner à Poudlard, c'est mon âme que tu brises.

- Et toi, Hermione, en me quittant une fois de plus, c'est mon cur que tu m'arraches.

La mère et la fille s'écartèrent l'une de l'autre. Il n'y avait plus d'hostilité entre elles, juste de la lassitude.

- Mais tant pis, soupira Mrs Granger. Je ne peux priver ma fille de ce qu'elle aime, dussai-je m'ôter le cur de mes propres mains.

Hermione sourit.

- Merci, Maman.

- Alors? demanda le Médicomage. C'est ce Moldu-là qu'il faut soigner? Écartez-vous, mesdames, je vous prie.

Quelle douleur. Encore et encore. Ça ne se calmait jamais. C'était là, tapi, attentif. C'était un tigre prêt à bondir sur Harry. Il avait l'impression d'avancer sur une corde raide au-dessus d'abîmes de douleur sans nom.

Mais c'était malgré tout moins fort qu'avant, alors il en conclut que la crise passait. Mrs Weasley le regardait, inquiète. Sur la table de nuit, un verre de limonade qu'il n'avait pas bue. Il avait soif, mais son estomac menait encore la révolte contre tout ce qu'il avalait. Il avait un goût acide dans la bouche.

- Ça va mieux? s'inquiéta Mrs Weasley.

- Oui ouille! cria-t-il malgré lui.

Mais c'était déjà passé. Un faux pas sur la corde raide, mais il s'était rattrapé de justesse.

- Il est quelle heure? s'enquit-il.

- Vingt et une heure trente. Tu dois avoir faim.

- Non, pas trop, avoua-t-il. Je suis barbouillé. Ça va passer. Les autres sont rentrés?

- Ils viennent d'arriver, sourit-elle, clairement soulagée. Ron et Hermione voudraient te voir.

Et comme il acquiesçait, elle ouvrit la porte. Ils étaient là, sains et saufs, apparement épuisés.

- Ça va? demanda Ron.

- Oui, mentit Harry en se redressant dans son lit. Et vous?

- Mieux, bien mieux, soupira Hermione.

- Ah bon? Qu'est-ce qu'il y a de si bien?

Pour toute réponse, elle lui adressa un sourire resplandissant.

— fin du chapitre 7 —

Oyez, oyez, bonnes gens! est-ce que le monde réalise l'importance de ce jour? êtes-vous heuuuuuuuuuuuuureuuuuuuuuuuuux comme je le suis? j'ai hurlé, j'au sauté, j'ai bondi de mon fauteuil, j'ai "I've been running aroud like a headless chicken who won the lottery!" J'ai je sais pas comment dire, c'est c'est incroyable pour un écrivain d'être à court de mots comme ça, mais c'est vraiment vous allez pas le croire j'avais la tête qui tournait en écrivant les 9 dernières lignes, je suis heureuse! heureuse! vive Harry Potter, vive JK Rowling, vive fanfiction.net et tous mes lecteurs! hourra! hourra! hourra!!!!!!!

"It would be quite nice if you stopped jumping down our throats, Harry, because in case you haven't noticed, Ron and I are on your side!" (Hermione, The Order of the Phoenix, page 201)

Est-ce que le monde réalise? Est-ce qu'il sait? DOES THE WORLD REALIZE? J'ai fini! fini! fi-ni, n-i ni! yaaaaaahou! C'est presque aussi bien que la sortie du tome 5 samedi dernier, c'est vraiment la fête, et même mon oral de français dans quatre jours ne peut occulter cette joie!

HARRY POTTER POOOOOOOOOOOOOWER! YEEEEEPEEEEEEEH!

Ona

* cette phrase est décisive, elle marque la fin de mon cahier n°2 et le commencement du troisième et dernier ( clairefontaine 24x32 144 pages bleu, dont je n'ai rempli que 5 pages avant de me convertir — enfin!— à l'ordinateurisme, ce qui a été une sacrée bonne idée vu le boulot que ça m'a donné pour recopier ces 7 chapitres! Mais c'est fini! Le 8, le 9, le 10le11le12le13etc, ils sont tous là, bien au chaud dans mon petit ordi! youpi! maintenant, j'en éditerai un par jour (j'espère pouvoir tenir le rythme malgré le bac) et vous allez voir ce que vous allez voir! l'année commence enfin!!!! aveeeeeeec DraaAGO!

^_^

Heu, je me rends compte que j'ai des choses à vous dire sur ce chapitre. Let's go.

D'une part, je suis consciente que le passage avec Harry est chiant (enfin, il casse l'action) mais c'était important. Je sais aussi que les paroles ne correspondent pas au carctère de Mrs Weasley, mais il fallait que ce soit elle qui fasse ce spitch sur les noms, et à ce moment de la fic de préférence (oh! comment je fais style que je sais où je vais! Attendez de voir le coup des araignées dans le chap10! mdr ^_^) bref, tout ceci pour dire que ce chapitre est pas mal long, que je suis pas mal contente de moi, que je ne me souvenais pas (g écrit ça il y a allez, trois mois) avoir fait un tel carnage mais tant mieux à la limite, ^_^ —rire sadique.

Et voilà, c a peu près tout!

Ona (oui, c'est la fin de cette chronique, la vraie)