Chapitre 10: Mais dans ce ciel si pur

Le mercredi matin, les Gryffondors avaient des cours de Défense contre les Forces du Mal et de Soin aux Créatures Magiques. Ron était impatient d'assister au premier; quant au deuxième, il le redoutait car ils auraient cours commun avec les Serpentards. De l'avis du garçon, les Serpentards étaient une plaie pour l'humanité qui auraient mérité d'être exterminés dès leur entrée en première année. D'un autre côté, le génocide risquait de ne rien résoudre, au contraire. Mais l'idée était plaisante.

Une idée moins plaisante qui guettait Ron, c'était celle des auditions de Quidditch qui allaient survenir le soir même. Rien que d'y penser, son cur se serrait et son intestin faisait des nuds anormaux. Et s'il se plantait lamentablement? Quelle honte! Devant ses frères, ses amis et tous les Gryffondors! Ron Weasley serait définitivement le moins-que-rien de la famille Weasley. Peut-être choisirait-il de s'exiler loin de la civilisation, ou de changer d'apparence et de nom grâce à du Polynectar et de tout recommencer à zéro. Peut-être mêm

- Ouh là, ça n'a pas l'air d'aller! dit Ginny en lui mettant la main sur le front. Tu es sûr que tu rêves à des choses saines?

Ils étaient à la table du petit déjeuner, mais la plupart des Gryffondors l'avaient déjà désertée. Le frère et la sur Weasley partageaient la même lenteur au démarrage qui les faisait se retrouver bons derniers la plupart des matins. Fichue hérédité.

- Tu ferais mieux de revenir sur Terre avant de te mettre à délirer, conseilla Ginny. Je sais ce que je dis.

- Merci, Gin', fit distraitement le garçon.

Il se demandait si ça serait vraiment néfaste de délirer. Peut-être que ça ferait fuir ses concurrents au moment d'auditionner

- Ron! s'affola Ginny.

Le déliromètre montait en flèche. Aussi, s'il n'y avait pas eu cette fichue trouille de se planter Il avait toutes les chances de son côté, pourtant! Il avait travaillé tout l'été. Tout l'été, sans que personne le sache, même quand Harry était chez lui et que Ron devait inventer des excuses bidons pour justifier ses heures d'abscence. Tout l'été alors s'il se ramassait s'il ratait un seul Souaffle il ne se le pardonnerait jamais. Et si les autres étaient meilleurs que lui, malgré un sans-faute? Si les membres de l'équipe en place votaient pour un autre candidat, afin d'éviter d'avoir trois Weasley dans l'équipe? S'ils craignaient qu'on crie au privilégisme parce que Ron avait deux frères et son ami parmi les membres du jury?

Ginny, assise sur la table au milieu des miettes de pain, lui saisit les mains, qu'il avait plaquées sur son visage, et le força à les écarter.

- Regarde-moi, Ron, dit-elle fermement. Dis-moi ce qui te perturbe à ce point-là. C'est le Quidditch, pas vrai? Tu as peur de ne pas être pris?

Comme il ne répondait rien, elle ajouta d'une petite voix:

- C'est ça, pas vrai? Dis-moi!

- Oui, avoua Ron.

- Ah, fit-elle, soulagée. Je le savais. Eh bien c'est simple, il me semble. Je vais te dire la vérité, puisque tu refuses de la voir toi-même. Tu as bossé ton poste de Gardien tout l'été. Tu l'as fait, parce que tu as réellement envie de le devenir, jusque dans ton ventre. Une envie comme ça, elle fait parfois mal au ventre, mais aussi elle donne des ailes, pourvu qu'on se donne la peine d'y croire. Alors je pense que tu devrais arrêter de t'en faire. Moi je te connais et j'ai confiance en toi. Tu me crois, n'est-ce pas?

Il regarda sa petite sur d'un il nouveau. Il avait l'impression subite de ne pas du tout la connaître.

- Bon, je te laisse, sourit Ginny. Mes amis m'attendent.

Et elle se dirigea vers le hall où se tenait une bande de quatrièmes années. Ron la regarda stupidement s'éloigner, avant de dire d'une voix rauque: "Merci Ginny".

Mais elle était déjà partie.

Évidemment, la peur n'allait pas se contenter de fuir comme ça au dernier moment. Elle réattaqua en fin de matinée, toujours violente. Cette fois, Ron avait les paroles de Ginny pour le faire tenir. Parce que, quoi qu'il en dise, ça le touchait profondément que sa petite sur ait confiance en lui. Tout à coup, il quittait le rang de petit dernier de la famille et bon à rien de service, pour s'élever à celui grand frère en qui la benjamine pouvait voir un modèle. Du moins, c'est ce genre de schéma qu'il avait en tête, même s'il n'y aurait certainement jamais mis ces mots-là.

Ils étaient en cours de Divination, et seules deux longues heures d'ennui le séparaient à présent du moment fatal. Le grenier n'avait pas changé, pas plus que son occupante, qui tenait de la chouette autant l'habitat que les yeux ronds et perçants. À ce descriptif, Ron ajoutait volontiers le cri, qui chez Mrs Trelawney était à mi-chemin entre celui de la chouette (normal!) et de la bouilloire édentée, selon que son effroi était réel ou savamment théâtralisé.

Comme pour confirmer cette réflexion hautement philosophique, Trelawney venait juste de hurler de stupeur devant le tirage qu'avait obtenu Harry avec son Tarot.

- ô mon pôvre enfant! La Roue de la Fortune à la droite de votre tirage! Mais c'est terrrrrible! Vous rendez-vous compte de ce que cela signifie?

- Qu'il va devenir très riche dans pas longtemps? hasarda Dean avec un regard complice à Seamus et Neville.

- Asbôlument pâs! Cette carte est terrrible! Elle présage un changement radical, mais celui-ci peut être aussi bien positif que négatif. Et selon sa position par rapport aux autres cartes, je dirais

- Que je vais mourir bientôt, compléta Harry.

- âbsôlument! Je vous félicite pour votre clairvoyance et votre sang-froid face à votre destin. Le sort révélé par les cartes est terrrrible, mais il fôt savoir l'affronter avec calme et résignation. Vous êtes un grand Sorcier, Mr Pôtter.

- Un grand Sorcier bientôt mort, rigola Seamus, mais aux regards du reste de la classe il se dit tout à coup que sa blague n'était pas très drôle.

Heureusement pour lui survint une distraction, offerte par la trappe du grenier que quelqu'un souleva. Tout le monde se pencha en avant pour apercevoir l'arrivant.

La tête brune d'Ana Casona, la nouvelle venue de Cigarao, s'encadra dans la trappe. Elle avait l'air désolée.

- Excusez-moi, professeur, j'ai cherché partout l'entrée de votre salle, mais j'ai mis du temps à trouver.

- Hum, grinça Trelawney avec son air de chouette courroucée. Votre nom, je vous prie?

- Ana Casona.

- Je ne vous ai jamais eu dans mon cours.

- Je suis nouvelle, fit-elle timidement. Je viens d'Espagne.

- AaAh, une victime des mages qui sévissent sur ce monde! Approchez approchez, Miss. Je vois déjà dans votre karma de sombres influences. Vous serez une élève de choix pour montrer à vos camarades le visage que prend la destinée.

Ana Casona restait sur le seuil, interdite.

- Quel acceuil, murmura Ron à Harry. En voilà une qui va aimer la Divination.

- Asseyez-vous, reprit Trelawney. Nous étions en train de faire une première approche du Tarot.

Ana Casona se précipita vers le fond de la classe, le plus loin possible de cet espèce de hibou inquiétant. Comme il n'y avait aucune table de libre, elle chercha avec qui s'assoir. Ron lui aurait bien proposé sa table, mais il n'osait jamais faire le premier pas avec les filles (fichue timidité!) et Harry était devenu plus sociable qu'une colonie de frelons depuis la rentrée. Heureusement (enfin, ça dépend du point de vue) le choix de Ana Casona se porta sur les deux garçons, pour la simple et bonne raison qu'ils étaient les plus loin du professeur.

- Je peux m'assoir? demanda-t-elle avec son joli accent espagnol.

- Ououijtnprievsyassitoi, s'étrangla Ron.

- Oui, dit simplement Harry, sans même lever les yeux.

- Merci.

Ron l'observa en douce. Elle était jolie, moins que Fleur Delacourt qui avait une beauté surnaturelle, mais plus que Lavande ou Parvati, par exemple. C'était surtout dû à ses cheveux et à ses cils très noirs, en fait. Elle avait les yeux marrons et le nez arrondi, tout le contraire d'un canon de beauté, mais son regard était profond. Ron accumulait tous ces petits détails à la dérobée, tout en se faisant des films, et déjà il s'imaginait lui proposant d'être sa cavalière au bal de Noël. Encore quelques minutes à fantasmer et il ne douterait plus qu'il l'aimait, et qu'elle lui tomberait dans les bras dès qu'il lui avouerait. Mais à ce moment-là Ana Casona leva les yeux sur lui et ce fut pour demander:

- Tu peux mettre ton livre entre nous deux s'il-te-plaît? J'ai oublié le mien.

Aussitôt il sentit fondre tout son petit théâtre, parce que sa voix était tout juste polie. Rien d'amical ni quoi que ce soit qui trahisse une quelconque chance.

"OK, admit-il. Je me fais des films. Je me fais des films. Je me fais des films. Qu'est-ce qu'elle est jolie quand même"

- Puisez au plus profond de vous-même, conseillait mystérieusemnt Trelawney. Regardez au-delà des choses. Les cartes savent ce qu'elles vous disent, mais il faut être suffisament doué pour les entendrent. Développez votre troisième il.

- Afin de ressembler à un Triclope, murmura Ron.

Il venait juste d'inventer ce mot, et sans doute Hermione aurait-elle grincé des dents, mais au moins on comprenait où il voulait en venir, et cela fit rire Harry et Ana Casona, un peu.

- C'est n'importe quoi ces cours, souffla la jeune fille. Elle n'en sait pas plus en Divination que le premier vers-de-terre venu. Tout ça, c'est du pipot.

- Ravi de te l'entendre dire, approuva Harry. Trelawney a dû trouver sa licence d'enseignante dans une boîte de pastilles-gagnantes.

Les trois Sorciers pouffèrent de rire, ce qui eût pour effet immédiat de leur attirer les foudres de la Chouette-en-chef.

- Peut-être ririez-vous moins, siffla-t-elle rageusement, si vous saviez ce que m'ont révélé les cartes ce matin-même!

- Eh bein tiens, rigola Ron, ça me rappelle étrangement quelque chose.

- Qu'est-ce que tu veux, répliqua Harry du tac-au-tac, elle ne peut pas se renouveler chaque année, ça serait trop fatiguant.

- Comme tu dis, fit Ron.

Maiis il se tut, parce que Trelawney les avait entendus et qu'elle n'était vraiment pas contente.

- Le Tarot m'a parlé ce matin, mes enfants, dit-elle théâtralement. Je consultais les cartes pour savoir par quel enseignement je devais débuter l'année, et le Tarot m'a renseigné sur un tout autre sujet. Il m'a averti que le deuil allait tomber une fois de plus sur cette école.

Il y eût un petit cri: Lavande et Parvati se mordaient les lèvres, terrorisées. Elles marchaient à fond dans le jeu de Trelawney. Quant à Harry, il s'était renfrogné, car le mot deuil lui rappelait trop vivement le souvenir de Cédric, encore à vif. Mais Ron constata autre chose dans le froid qui s'était abattu sur la table: Ana Casona était très sombre elle aussi tout à coup. Elle avait baissé les yeux sur ses jambes et luttait contre une vague de souvenirs désagréables. Lesquels ils étaient, Ron aurait payé cher pour le savoir.

Mais Trelawney n'avait pas fini:

- Oui, mes enfants! La Mort est à nos portes. Et avec elle, le cortège des Douleurs qui sont ses associées. Le Mal va frapper, et il va frapper aujourd'hui même! Je vous averti ne sortez pas de cette école ce soir, car les Cieux sont en colère. Restez bien à l'abri et si possible à l'écart des lieux en hauteur, car c'est de là que tombera la Douleur.

Et, en effet quand ils sortirent de Poudlard pour se rendre sur le terrain de Quidditch, l'orage tonnait à l'horizon, et le Ciel était aussi gris et humide qu'une chape de plomb (dans la mesure où du plomb avait l'air humide, mais Ron n'avait qu'une idée imprécise de ce qu'était une chape de plomb; l'important était dans la métaphore, de toute façon). Dans le lac se reflétait l'image de la tempête à venir, et déjà les premières gouttes invisibles en troublaient la surface. Ron marcha pesamment vers le Terrain à l'air libre, de plus en plus mort de trouille, et l'orage n'allait rien aranger.

Dans les vestiaires, il vit pour la première fois à qui il allait devoir disputer son poste. Et ça ne lui fit pas plaisir. Mais de toute façon, il avait depuis longtemps dépassé le seuil du déplaisir. À présent, il creusait en-dessous.

Ses conccurents étaient au nombre de quatre, du moins pour les garçons. Ils ne sauraient s'il y avait des filles qu'à la sortie du vestiaire. Pour l'heure, il avait en face de lui un troisième année blond et sportif, le profil typique qui plairait aux filles de l'équipe. Venaient ensuite un sixième année, Antony Ackerley, un quatrième année d'origine espagnole que Ron ne connaissait pas, et surtout le grand blond aux longs cheveux de sa classe, Alejandro Belén.

Ils sortirent sous la pluie battante. Ron se sentait de plus en plus mal à chaque seconde, car il n'avait presque jamais volé sous la pluie; et il repensait sans cesse aux quelques mots qu'il avait échangé avec Alejandro Belén quand ils avaient fait connaissance: l'espagnol avait été Gardien dans l'équipe de Cigarao, deux ans de suite. Ron était terrorisé.

Puis il aperçut les filles qui allaient concourir pour le poste, et il eût envie de se planter la tête dans le sol: Ana Casona était là, en robe de Quidditch élimée à l'insigne de Cigarao, un balai puissant à la main. Avec elles étaient une deuxième année et une quatrième année, que Ron ne connaissait que de vue.

Jamais il n'avait imaginé que les candidats seraient si nombreux, et surtout pas qu'il y aurait parmi eux des membres aguerris de l'équipe de Cigarao, qui auraient déjà participé à des matchs et remporté des coupes. Il se sentait pitoyable. Il envisagea même d'abandonner. Mais comme l'avait si bien compris Ginny, il avait cette envie au creux du ventre, et il devait au moins essayer s'il voulait pouvoir encore se regarder dans une glace.

Alors il se rapprocha de Katie Bell, qui annonçait en quoi consisterait l'épreuve. Les six joueurs de l'équipe allaient jouer un vrai match, expliqua-t-elle, et les candidats défileraient aux buts et auraient trois buts à stopper, qui pourraient survenir n'importe quand. Ils auraient donc l'obligation de prévoir les attaques et donc d'être bien attentifs, ainsi que d'avoir des réflexes de véritable Gardien.

Le Souaffle fut mis en jeu, mais ni le Cognard ni le Vif-d'Or ne furent libérés. Harry, Fred et George, n'ayant pas de véritable rôle à jouer, patrouillèrent sur le terrain pour étudier l'attitude du candidat en jeu, ainsi que pour maintenir la vraisemblance au niveau du nombre de joueurs à observer. Ils participèrent même de temps à autres au jeu des trois Poursuiveuses, même si la majeure parite du temps ils les laissaient uvrer. Georges fit néanmoins un tir remarquable d'un grand coup de batte, et il s'en fallut de peu pour que la Gardienne provisoire, prise au dépourvu, réussisse à l'arrêter.

Les passages se faisant par odre alphabétique, Ron était comme d'habitude le dernier, et il vit un à un les candidats accumuler les bons scores: seul le deuxième année n'arrêta pas de tirs. Tous les autres surent en stopper un ou deux, et Alejandro Belén ne laissa passer aucune balle.

Puis arriva son tour. Ron serrait très fort les dents en se repassant la phrase de Ginny dans la tête. Il allait y arriver, parce qu'il avait vraiment envie de ce poste. C'était sûr.

Il décolla sur son vieux balai Étoile Filante, acheté d'occasion avec son argent de poche. La pluie était devenue une vraie averse, et les membres de l'équipe s'étaient concertés pour reporter les sélections, mais comme ils avaient déjà examiné presque tous les candidats ils décidèrent de terminer. Tandis que des gouttes de pluie lui coulaient sur le visage, dans les yeux et le cou, et sur tout le reste du corps, il pensait sombrement que peut-être vaudrait-il mieux qu'il se jette immédiatement de son balai, plutôt que de se ridiculiser avant. Mais il accéléra, monta en flèche et vint se postionner devant l'anneau du milieu, paré.

Le pseudo-match débuta. Angelina fit une passe à Katie qui fit une passe à Alicia qui, pressée d'en finir, tira immédiatement. Le coup était parti en direction de l'anneau de droite, et Ron paniqua au moment de se demander comment il allait l'arrêter, mais il se jeta dessus par pur réflexe et, à sa grande surprise, il vit le Souaffle dévié tomber au pied du but.

Mais il sentit la joie refluer pour céder place à la panique, quand il réalisa qu'il aurait dû attraper le Souaffle avec ses mains pour le remettre en jeu, et pas seulement le chasser hors du but. Terrifié, tandis qu'il descendait rapidement rechercher la balle plantée dans la boue, il se repassait désespérément la performance d'Alejandro Belén pour tenter de se rappeler s'il avait fait le même genre de faute ou pas.

Il remit le Souaffle en jeu; Angelina le passa à Fred, qui le frappa avec l'arrière de son balai, l'envoyant à l'autre bout du terrain. Là, Alicia le réceptionna et fit une remontée à grande vitesse, slalommant entre les autres joueurs qui s'amusaient à essayer de lui prendre la balle. Elle fonça vers les buts et Ron se précipita au-devant d'elle, mais au dernier moment elle lança la balle à Katie, qui s'était démarquée, et qui tira. Dans un élan de désespoir, Ron éperonna son balai, lâcha le manche et s'étendit au maximum vers ce qu'il espérait confusément être la trajectoire du Souaffle.

Il reçut celui-ci en plein ventre.

Il en était à reprendre son souffle, quand il prit conscience d'une chose: le monde défilait très vite tout autour de lui.

Il leva les yeux et remarqua son balai, resté dix mètres plus haut.

"C'est curieux, se dit-il. J'aurais pensé que ça arrivait beaucoup plus vite que ç"

Il s'écrasa au sol dans une gerbe de boue.

Severus Rogue s'avança, hésitant, parmi les spectres innombrables. Des garçons, des filles, de jeunes adolescents et des grands enfants. Rien que des élèves. Des élèves de Poudlard. Qui n'avaient pas quitté le lieu de leur mort

La violence de cette révélation lui fit perdre contenance. Sans ménagement, il attrapa le poignet du premier fantôme venu, une fillette de dix ou douze ans. Le poignet s'éfilocha comme de la fumée et la main de Rogue se referma sur du vide.

La petite fille le regarda avec de grands yeux tristes.

- Vous nous voulez du mal, murmura-t-elle.

- Non, hocqueta le Sorcier. Non, je suis là pour comprendre. Qui sont tous ces gens?

Elle tourna doucement la tête, balaya l'assemblée du regard, revint sur Rogue:

- Des morts, dit-elle laconiquement.

- Oui, je sais. Mais pourquoi hantent-ils ce château? Les morts ne cherchent-ils pas à rentrer chez eux?

Elle fit une moue atristée, et dit d'une voix tremblante:

- On ne peut pas.

- Pourquoi?

- On est enchaînés à ce lieu.

- Pourquoi? Qu'est-ce qui vous retient? s'impatienta Rogue.

C'était là, il le sentait. Il tenait la réponse à son long voyage au bout des doigts.

Mais le petit fantôme fondit en larmes et disparut dans un claquement de branche morte.

Rogue soupira.

- Oh non! gémit Harry en atterissant sans douceur aux côtés de son ami.

Le garçon roux était tombé face contre terre dans la mare de boue qu'était devenue la pelouse. Harry se dépêcha de le prendre par les épaules pour le retourner.

Il ne respirait plus.

- Oh non! répéta-t-il. Ron, Ron, reviens! Faites quelque chose!

Un à un, les autres Sorciers atterissaient dans l'herbe trempée.

- Il va bien? s'inquiéta Angelina.

- Faites quelque chose! Il ne respire plus! paniquait Harry.

- Merde!

Tous les septième année, sans exception, se jetèrent sur leurs baguettes pour lancer un sort de réanimation. Mais

- Qu'est-ce-qu'il faut faire dans ces cas-là? gémit George.

- Ce que nous a appris Flitwick, là Aro Aero

- Aerophagis, dit Katie. Non, c'est pour les noyés.

- Très bien! ça ira! fit Fred. Tous ensemble.

Et les cinq jeunes lancèrent leur sortilège avec une coordination magiquement réglée.

De longues secondes s'écoulèrent, rythmées par les gouttes de pluie.

Plic, ploc. Plic, ploc.

Ron toussa. Il respirait.

- Il respire! Il respire! hurla une fille, hystérique.

Fred et George se jetèrent pour serrer leur petit frère dans leurs bras. Harry éclata d'un rire nerveux.

Même face à Voldemort, il n'avait jamais eu aussi peur.

Il venait de comprendre ce que signifiait l'expression: "Ce qui t'est le plus cher".

Lui aussi serra Ron dans ses bras.

Pour toute réaction, il eut droit à un large tache de sang sur sa cape.

- Encore vous! soupira Madame Pomfresh. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai dû soigner les blessures que vous m'avez ramené de ces affreux matchs de Quidditch. Ça devrait être interdit! C'est beaucoup trop dangereux pour des jeunes comme vous

- Il est gravement blessé, Madame! s'écria Alicia, au bord des larmes. Il faut que vous fassiez quelque chose!

- Quelque chose, quelque chose, je veux bien, moi grommela l'infirmière. Croyez-vous que ce soit si simple que ça?

Mais tandis qu'elle prononçait ces mots, elle s'activait déjà, et Ron, du fond des vapeurs nébuleuses qui le hantaient, se sentit tracté vers la surface. Au début, ce ne fut qu'un genre de petit tentacule qui fouillait dans les abysses où il s'était égaré. Le tentacule glissait sur lui sans l'attraper, et Ron était incapable de faire le moindre geste pour s'y accrocher. Puis le bras de magie trouva la bonne prise et tacta le garçon vers la surface. À mesure qu'il remontait, il découvrait des morceaux de conscience égarés qui se frayaient un chemin vers leur foyer, à l'abri des méninges de Ron; mais en même temps qu'il émergeait, la douleur, elle aussi, se manifestait. Et bientôt, elle fut si intense qu'il souhaita de toutes ses forces replonger immédiatement.

- Il m'échappe, marmotta l'infirmière, concentrée. Il n'a pas envie de revenir.

- Continuez, supplia Fred. Il ne va pas se laisser mourir. Ça ne lui ressemble pas.

Mais la vérité, c'était que chaque membre, chaque cellule de Ron lui hurlait sa souffrance, qu'il y avait bousculade dans les synapses, embouteillage dans la moelle épinière, surcharge de données dans les neurones.

- Je ne peux plus, déclara Madame Pomfresh. Si je poursuis, il va lâcher en cours de route et couler encore plus profondément. Il faut le stabiliser là où il est et le soigner dans cet état. Passe-moi la bouteille jaune, là-bas, petit.

Fred obéit, bien qu'il soit environ deux fois plus grand que l'infirmière. La bouteille en question était en verre soufflé, joliment travaillée de volutes et de torsades. Le liquide qu'elle contenait fumait lentement.

Madame Pomfresh en administra une rasade à Ron, qui toussota. Immédiatement, de jolies petites cornes oranges lui poussèrent sur le crâne et ses sourcils s'allongèrent démesurément.

- Hum, oui, dit l'infirmière, ce sont les effets secondaires de cette potion. Bon, maintenant, ouste! Dehors.

La troupe de Gryffondors reflua avec mauvaise volonté. Ils se retrouvèrent dans le couloir et la porte claqua derrière eux.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant? demanda Katie.

Les membres de l'équipe se réunirent, tandis que les candidats au poste vacant essayaient d'écouter ce qui se disait. Voici à peu près ce qu'ils auraient entendu s'ils avaient songé à utiliser un sortilège d'Oreille-en-cornet:

- Il faut délibérer sur le meilleur candidat, dit Fred.

- Quoi? s'écria Angelina. Et ton frère? Il n'a pas terminé son examen. On ne va pas le discalifier, quand même?

- Il est tombé de son balai fit sombrement le grand garçon roux. Il a raté l'épreuve.

Harry se taisait, conscient que Fred avait raison. Mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la réaction de Ron au réveil, et ça le rendait malade.

- Je ne suis pas d'accord, se buta Angelina. Ça ne se fait pas. Je n'en reviens même pas que ce soit toi qui propose ça, Fred.

Celui-ci haussa les épaules.

- Je songe à l'intérêt de l'équipe, c'est tout. Ron n'a rattrapé qu'une seule balle sur deux, et il est tombé de son balai. Belén a fait mieux, je suis désolé.

- Tu sais aussi bien que moi que Belén est trop sûr de lui. On s'en est tous rendu compte. Ça lui jouera des mauvais tours.

- Excusez-moi, dit Alicia de sa petite voix, mais je trouve que Ron s'est bien débrouillé. Il était stressé, c'est tout. Ça se voit qu'il tient à ce poste.

- Oui, approuva George. Il y tient. Mais quelqu'un de trop stressé, ça n'est pas bon.

- Parce que tu n'avais pas le trac le jour de ton premier match, peut-être? explosa Angelina. On a tous été dans ce cas-là! Bordel, les mecs, vous n'allez pas faire ça à votre frère, quand même! C'est quoi votre problème? Vous ne voulez pas l'avoir dans vos pattes ou quoi?

- Tu te trompes, Angelina, fit Fred. On voudrait beaucoup faire plaisir à Ron. Mais on pense d'abord à l'intérêt de l'équipe.

- Et si vous vous souvenez, intervint Katie, qui n'avait pas encore parlé, Olivier aurait agi comme ça lui aussi. C'est ce qu'il a dit le jour où Harry est tombé de son balai. La victoire revenait à Poufsouffle, même si c'était la faute des Détraqueurs.

Malgré lui, le garçon rougit à ce souvenir. Mais Katie avait raison: Ron était tombé, un point c'est tout. Il n'y avait pas à débattre plus avant.

- Moi je ne veux pas d'Alejandro Belén, fit Angelina, cassante. Il est du genre à la jouer perso. Pas de ça dans l'équipe.

- Il y en a d'autres, dit Alicia. La brune, là, Ana Casona, elle est bonne aussi.

- Elle a plutôt le profil d'une Poursuiveuse, je trouve, fit Georges. Ackerley se débrouille bien.

- Il a laissé passer une balle.

- Oui, mais il gère bien son balai, et il est rapide.

- Moi je ne veux pas de lui, coupa Angelina.

Les autres soupirèrent.

- Pourquoi? firent-ils.

- Son frère est à Serdaigle.

- Et alors? demanda Fred, vaguement agressif.

- Alors c'est simple, il ne voudra pas enfoncer les Serdaigle. Donc, pas de ça dans l'équipe.

- Et alors? protesta Alicia. Mon petit frère aussi est à Serdaigle, je te rappelle!

- Oui, mais c'est pas pareil. Toi ça fait longtemps que tu es dans l'équipe, on te connaît. Si Ackerley débarque, il pourrait vouloir avantager Serdaigle.

- C'est n'importe quoi! cracha Alicia. Je ne sais pas ce qui te prend, Angelina, mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond!

Et elle fit un demi-pas en arrière, comme pour signaler qu'elle se retirait de ce débat impartial. Les autres soupirèrent, mais continuèrent à délibérer.

- Et les autres? Le petit Colver?

- On oublie! Il n'en a pas arrêté une seule.

- La quatrième année?

- La petite rousse, là? Non. Elle est trop légère. Elle s'envole à la moindre bourrasque. Et vous avez vu comme elle attrape le Souaffle? D'une seule main, elle a peur de lâcher le manche. Je ne crois pas qu'elle convienne.

- Je suis d'accord. Et toi, Potter?

- Hu? fit Harry, perdu dans ses pensées.

- On parlait de Figg, expliqua patiemment Katie.

- Non, dit-il aussitôt. Elle n'a aucune aisance sur un balai. Elle a laissé passer deux buts sur les trois.

- On est tous d'accord. Au suivant, alors. Piñera?

Et ils débattirent ainsi un bon quart d'heure. Harry regardait la pluie battre les vitres. Il faisait froid dans ce couloir, les sept Gryffondors qui attendaient le verdict commençaient à frissoner, tandis que ceux qui débattaient ne se rendaient compte de rien, trop animés pour avoir froid. Harry, lui, avait froid, et tandis qu'il se désintéressait de la conversation, son esprit se détacha peu à peu de son enveloppe et commença à voguer ici et là. Il monta jusqu'au plafond, plein de toiles d'araignées. Là, il observa un phénomène étrange, car les araignées étaient en train de se disputer.

- Sh'sss" tic tic' sss! disait la première.

- Shhh°sºº~hssss"s" s*tic, fit l'autre.

Et toute l'assemblée d'araignées d'applaudir les deux championne qui s'affrontaient verbalement au centre de la toile.

- Sh¨tttttic ttttic ss" s tic! reprit la première, la plus grosse.

Les "tic" étaient produits lorsqu'elles entrechoquaient leurs mandibules.

- Sh ^s^ ss"hhs tic shhsss¨¨¨¨s! râla la deuxième.

Et elle fit demi-tour, vaincue, non sans avoir lâché une odeur pestilentielle qui fit s'écarter toutes les araignées dans un concert de mandibules rageuses.

Mais comme Harry n'était pas Mandibulingue, et que de toute façon la dispute ne devait concerner que de petits faits sans importance pour les humains, il décida de quitter le quartier et de reprendre son corps.

S'il avait pu comprendre la langue des araignées, il n'aurait certainement pas pris le fait avec autant de légèreté. Car il se trouve que les araignées ne se disputent jamais, à moins de quelque chose de vraiment très grave. Ce qui était précisément le cas. Et pas seulement dans l'optique arachnéenne.

Harry réintégra son enveloppe juste à temps pour entendre Katie lui demander de choisir entre Belén et Casona. Il s'était forgé son opinion depuis longtemps, aussi sut-il immédiatement que répondre. Alejandro était un excellent gardien, mais il était trop sûr de lui. Quant à Ana Casona, elle volait avec aisance, elle arrêtait très bien les tirs et remettait le Souaffle en jeu avec précision.

- Belén, dit-il.

Tout simplement parce qu'il savait que Ron ne supporterait jamais de voir son poste pris par une fille avec qui il avait déjà quelques affinités. C'était l'unique raison. Et il n'en était pas très fier, mais tant pis.

Chacun devait décider, à présent. Un à un, ils donnèrent le nom de la personne qu'ils avaient choisie:

- Belén, dit Fred.

- Casona, fit Alicia, toujours en colère.

- Casona, approuva Katie.

- Weasley, lâcha Angelina, butée.

Elle eût droit à des regards fusilleurs des cinq autres, mais elle maintint:

- C'est lui qui doit avoir ce poste, dit-elle. C'est lui le meilleur. Je me fiche de ce que vous en pensez. Vous trois (elle désigna les jumeaux et Harry du menton) vous êtes aveuglés par l'idée qu'on va vous accuser de favoritisme. Mais c'est à Ron que revient ce poste, que vous le vouliez ou non.

Il ne restait plus qu'une personne, à présent. Georges était dévoré entre deux tentations toutes aussi grandes. Il avait très envie de voter pour Ron, mais il avait aussi très envie de voter pour Alejandro Belén. Dans le premier cas, il faudrait refaire le vote mais cela laisserait une chance à celui à qui revenait à l'évidence la place. Dans le deuxième cas, le débat serait terminé et ils auraient malgré tout un excellent Gardien. La difficulté du choix était doublée par le fait que le vote entier reposait sur sa voix. Il pouvait faire basculer de n'importe quel côté. Alors, parce qu'il n'avait pas la force de choisir entre son frère et Alejandre Belén, il dit:

- Casona.

À peine était-ce prononcé qu'il se mordit les lèvres, regrettant sa lâcheté. Mais trop tard, c'était ainsi. Ana Casona était la Gardienne de Gryffondor.

Ron revint péniblement à la surface. Dans son rêve, d'affreuses araignées velues se disputaient. Il se demanda où il était allée chercher que des araignées pouvaient se disputer.

"C'est curieux, se dit-il. Le réveil n'a pas encore sonné." C'était parfaitement exceptionnel qu'il se réveille par lui-même. Ron avait souvent considéré que son activité de prédilection était la sieste, et il croyait dur comme fer que s'il devenait Animagus il se transformerait en marmotte. Ce qui n'aurait pas été pour lui déplaire. Hmm, dormir

Mais soudain, il fit un bond de trois mètres dans son lit, car il venait de réaliser: il n'avait pas entendu sonner le réveil, il allait être en retard à la sélection pour le poste de Gardien! Il essaya de bondir de son lit, et c'est là qu'il se rendit compte qu'il n'était pas dans sa chambre, et que son corps n'était vraiment pas en état de bondir ni quoi que ce soit. Pour résumer la situation, il ne s'était jamais senti aussi lamentable.

Mais comment s'était-il fait ça?

Voyant son patient réveillé, Madame Pomfresh arriva sans se presser, ses jupes froufroutant au rythme de ses pas.

- Eh bien, jeune homme, comment vous sentez-vous? fit-elle en dosant soigneusement un médicament dans un petit verre.

- Mal, articula Ron d'une voix pâteuse. Vous pouvez me dire pourquoi je suis ici?

- Triple fracture du tibia, la hanche et l'épaule déboitées, sept côtes cassées, les poumons percés, deux hémorragies internes dont une importante – ouvrez la bouche– le bras droit réduit en compote, la moelle épinière sectionnée vous avez eu une chance folle de ne pas mourir sur le coup, Mr Weasley. Peu de gens ont survécu à une telle chute.

- Hein? Comment ça? D'où est-ce que je suis tombé?

Elle le regarda gravement par-dessus ses lunettes.

- Vous ne vous souvenez pas?

- Non!

- D'un balai, Mr Weasley. Vous êtes tombé pendant les sélections de l'équipe de Quidditch.

- Vous voulez dire que j'ai raté les sélections? demanda-t-il d'une voix blanche.

- Reposez-vous, conseilla Madame Pomfresh. Vous en avez expressément besoin.

- Non! protesta Ron. Je veux savoir ce qui s'est passé! S'il-vous-plaît.

- À quand remonte votre dernier souvenir?

- Heu, fit-il en réfléchissant intensément, je me rappelle le jour de la rentrée, hier Harry a eu une crise, on est venus ici Et le soir, je me suis endormi en pensant aux sélections d'aujourd'hui et voilà, c'est tout. Quelle heure est-il? Je suis resté inconscient longtemps?

- Il est dix-sept heures. Et vous êtes resté inconscient onze jours.

- QUOI? hurla Ron en se redressant.

Mais il le regretta aussitôt, car son dos le rappela à l'ordre de manière brutale. Consterné, il se laissa aller sur son oreiller en pensant au Quidditch. S'il était tombé il ne préférait pas penser aux conséquences. Il espérait juste avoir eu le temps d'attraper quelques balles avant.

Harry rentra dans la Salle Commune de Gryffondor, son Éclair de Feu sous le bras et trempé jusqu'à la moelle. Dehors, l'orage glacial ne décolérait pas. C'était un temps à se blottir au coin du feu avec douze épaisseurs de pulls et de couvertures sur soi. En tout cas, certainement pas un temps à faire ses devoirs.

Comme pour le rappeler à lordre, Hermione était là, en train de travailler, comme toujours. Elle ne leva même pas les yeux de ses livres quand il s'approcha.

- Bonjour, dit-il, plus sèchement qu'il ne le voulait.

Pas de réponse.

- Ne réponds pas surtout.

Elle se laissa enfin déconcentrer, le fusilla du regard.

- Ça va, tu permets que je travaille? Je sais que ce n'est pas dans tes habitudes de la faire, mais tu pourrais au moins laisser les autres en paix.

- Qu'est-ce qui te prends? demanda-t-il du ton le plus glacial de son répertoire.

- Tu m'as déconcentrée, voilà! cria-t-elle, faisant lever la tête les quelques élèves qui traînaient par là.

- Oh, désolée, Miss Granger. C'est vrai que votre concentration passe avant tout en ce bas monde. Tu te souviens que ton meilleur ami est à l'infirmerie, entre la vie et la mort? Ou tes études éclipsent tout?

- Jetmrd, grogna Hermione.

- Pas compris.

- Tu n'as pas besoin de comprendre.

- Ah, c'est vrai, j'oubliais que je n'étais pas au niveau de Mademoiselle Granger. Personne n'est à son niveau, elle est si douée! Surtout, ne t'abaisse pas à mon niveau, tu pourrais te salir!

- Râh, mais c'est quoi ton problème? beugla Hermione ne refermant son livre d'un geste sec. Tu t'es fait jeter par Cho, c'est ça? Ou alors tu as encore eu un vilain cauchemar? Pauvre petit Harry, vas vite demander une potion à Madame Pomfresh! Elle te fera faire un bon dodo!

À présent, Harry fulminait. Mais le pire, c'est que ni lui ni Hermione ne savaient pourquoi ils avaient commencé à se crêper le chignon.

Et puis il commença à regretter. C'était stupide, il avat déjà suffisament de problèmes sans en plus se disputer avec sa meilleure amie.

- Excuse-moi, Hermione je sais pas ce qui m'a pris. C'est les entraînements, toute cette pression Je crois que l'abscence de Ron me met les nerfs en pelote.

- Oui, eh bien à moi aussi, fit la jeune fille, pas encore calmée. Alors tu pourrais faire un effort. Moi j'en fais toute la journée.

- Mais je sais! Moi aussi je fais des efforts, qu'est-ce que tu crois? Je suis fatigué, je pense tout le temps à lui...

C'est alors qu'il s'aperçut qu'elle était sur le point de pleurer.

- Hermione! Qu'est-ce qu'il y a?

- C'est rien, c'est juste que

Sa voix se cassa et elle se blottit dans les bras de Harry. Celui-ci, surpris et un pêu gêné, lui tapota maladroitement le dos.

- Ça va, ça va, murmurait-il. Ne pleure pas.

- Excuse-moi, renifla-t-elle en se redressant. C'est juste que je voudrais être forte et ne pas m'en faire et je n'y arrive pas je ne peux pas m'empêcher de penser à Ron, inconscientet s'il ne revenait pas, ce qu'on deviendrait moi je n'y arriverais pas.

- Il va guérir, ne t'en fais pas. Il ira mieux, très bientôt.

- Et je sais que je m'inquiète trop, qu'il ne va pas mourir mais ma main, Harry ma main me joue des tours elle me manque cruellement, et en même temps elle me fait mal comme si elle était encore là!

À ces mots, Harry se sentit incroyablement gêné, car c'était comme si l'infirmité d'Hermione lui était sortie de l'esprit. Il n'avait pas oublié l'accident, mais ça faisait très, très longtemps qu'il n'avait pas songé à sa main droite. Et d'ailleurs, personne ne semblait l'avoir remarqué, pas même les profs. Hermione dissimulait magnifiquement bien ses difficultés.

- Oh! excuse-moi, s'écria la jeune fille. Je ne voulais pas t'embêter avec ça.

- Tu ne m'embêtes pas, la rassura-t-il. Mais tu sais, je crois que tu devrais mettre quelqu'un au courant. Au moins Madame Pomfresh. Elle pourrait t'aider quand ça fait mal.

- Pas question! paniqua-t-elle. Ça reste entre nous trois. Et puis, Dumbledore est sûrement au courant, vu les évènements de cet été. Mr Weasley a dû lui dire. Alors non, je ne vais pas l'étaler.

- Comme tu veux.

Mais Harry ne pouvait s'empêcher de se faire du souci. Pour Hermione, pour Ron, pour lui-même. Pour Sirius dont il était sans nouvelles depuis deux mois. Pour ce qui allait advenir dans les prochains mois. Pour ce que manigançait Voldemort.

S'il avait su, il se serait fait encore plus de souci.

Dans les hauteurs des plafonds de Poudlard, les araignées s'étaient à présent séparé en deux clans. Le premier, partisan de la politique de l'autruche, était commandé par une grande faucheuse du nom de Sh"'s¨hs*. Le second, plus réduit, était composé d'araignées d'action qui ne supportaient pas de rester inactives et qui avaient décidé d'aller de l'avant. Leur chef était une petite jaune tachtée de brun, pleine d'énergie, aux pattes vives. Elle s'appelait Shhs"¨sh¨¨'¨h.

Les araignées du clan de Shhs"¨sh¨¨'¨h étaient venues discuter une dernière fois avec les partisanes de Sh"'s¨hs*. Elles voulaient essayer de convaincre leurs consurs de les accompagner.

- Shshs!¨^`ssh'! Shshs!¨^ssh'! criaient-elles à portée d'oreille (ou ce qui en tient lieu) des toiles des araignées de Sh"'s¨hs*.

- Tic tic tic tic tic! cliquetèrent celles-ci en guise d'avertissement.

- Sh`"""¨tic sh"h'^*s¨tic tic! tic Sh¨¨'`s`sh~``tic! Shhhh~~~h~""¨tic! insistèrent les premières.

Elles battirent en retraite avec des "tic" sonores quand les alliées de Sh"'s¨hs* la faucheuse se mirent à vibrer avec force pour secouer les toiles.

- Sh`tic tic tic! lancèrent les vaincues avec défi. Les autres cliquetèrent de rire.

- Shss"~°, dit l'araignée Shhs"¨sh¨¨'¨h en entraînant ses compagnes. Ce qui signifiait, à peu de choses près: "Tant pis pour elles! Allons-y!".

Mais ce n'est qu'un traduction approximative, bien sûr.

– fin du chapitre 10–

You! Je me suis défoulée! Il faut dire que d'adopter le point de vue de Ron, c'est pas toujours facile Quand je me relis, je me dis que je suis vraiment victime de l'influence de Terry Pratchett. Mais c'est pas grave, tant qu'on rigole bien! Au fait, elles vous ont plu mes araignées? Je dois vous avouer un truc: je ne sais ab-so-lu-ment pas où elles m'emmènent! J'ai placé des araignées ici uniquement pour détendre l'atmosphère (nan, c'est même pas vrai: j'ai placé des araignées parce que je ne savais pas quoi écrire et que je suis partie en free-style avec les pensées de Harry Mais aussi, j'avais pas envie d'écrire toutes les délibérations des joueurs de Qidditch, ça aurait été long! là c'est bien plus marrant.)

Une petite page de pub, parce que je trouve ça important d'expliquer mes influences: mes livres de chevet sont (ouh là, yen a bcp!):

- Harry Potter (bah forcément!)

- Le Seigneur des Anneaux (pour ceux qui n'auraient pas remarqué, ma fic est truffée de citations! du film essentiellement, elles st + simples à retenir. J'adore le film! Je suis à fond dedans. Ça c'est une adaptation réussie! En +, Frodon est trop bô!!!)

- À la Croisée des Mondes, de Philip Pullman. Alors ça, pour ceux qui l'auraient pas lu, jetez-vous dessus! C'est le classique-pour-la-jeunesse-mais-pas-que-pour-les-jeunes du siècle, avec HP. Il paraît qu'il va y avoir une adaptation cinéma, Maman j'ai peur! Faites qu'ils respectent le bouquin! Eh, au fait: À la Croisée des mondes, en anglais, ça donne "His Dark Materials". Je vous le dis, parce que je pense que personne ne le sait, que c'est pour ça qu'il n'y a qu'une seule fic française sur ce livre sur fanfiction.net. Alors, tout ce que j'ai à dire c'est écrivez des fics dessus! Qu'on récompense le merveilleux travail de Pullamn, comme on récompense celui de J.K.Rowling!

- Les Annales du Disque-Monde, de Terry Pratchett, mais ça je pense que vous l'aurez compris. Il y a 22 tomes en français, et au moins trois de plus en anglais. Pratchett a une vitesse de production qui enfonce tout, y compris les pauvres traducteurs qui ont bien du mal à suivre.

- Hypérion, la Chute d'Hypérion, Endymion, l'Éveil d'Endymion, de Dan Simmons. Un seul mot: sublime! Pour ceux qui se décourageraient devant les livres pleins de mystères, tout ce qui n'est pas très clair dans Hypérion est réexpliqué dans Endymion, contrairement à ce qu'affirme le héros à la première page d'Endymion. Et j'adore la philosophie d'Énée, avec la théorie du Temps de Planck et de l'Espace de Planck, etc c'est grandiose!

- La Trilogie de Gaïa, de John Varley. Peu connu, mais très beau. Pour ceux qui aimeraient les slash, la moitié des héros sont homosexuels! Nan, je déconne. Ça n'a rien d'un slash. C'est vraiment très chouette (passée la scène de cul à la troisième page qui déroute un peu) et l'intérêt, c'est que vingt ou cinquante ans s'écoulent entre deux tomes, ce qui permet de voir évoluer le monde, sans pour autant changer de héros (vous verrez par vous-même, héhé)

- Fondation, de Isaac Asimov. Il y a cinq tomes, mais je vous conseille de commencer par "Prélude à Fondation" et "Aube de Fondation" si vous voulez bien tout comprendre. L'histoire d'amour de Hari (non, pas Harry) Seldon et de Dors Venabili est magnifique, comme toutes les histoires de robots d'ailleurs! Et l'aventure de Trevize à travers toutes la galaxie il faut l'avoir lu. Si vous voulez mieux comprendre, je vous recommande aussi "Les Cavernes d'acier", "Face aux feux du soleil" et "Les robots de l'aube", ainsi que toutes les nouvelles de Asimov sur les robots, qui permettent de mieux cerner l'univers qu'il a bâti pour la bonne raison que son uvre s'étend sur plusieurs millénaires.

- Et enfin, un des meilleurs pour la fin (en fait ils sont tous meilleurs, je serais incapable de faire un choix entre tous ceux-là): Le cycle des Princes d'Ambre, de Roger Zelazny! Si vous êtes une fille et que vous arrivez à lire les dix tomes sans tomber amoureuse de Corwin et/ou de Merlin, c'est que vous avez un cur de pierre! Personnellement, j'en suis folle, de l'un comme de l'autre, et ausi de Julian (qui n'est pas si méchant que ça!), de Deirdre, de Ganelon, de Random et de tous les autres princes d'Ambre même Éric! Mais pour ça, il faut voir lu la fin bonne lecture!

Wouh! j'en ai mis une couche! À bientôt pour parler BD et mangas!

Ona