Chapitre 16: Certaines choses
Au mois d'octobre, clôt par le sinistre soir d'Halloween, succéda novembre et ses pluies incessantes, qui lavaient la prairie de sa terre et de ses couleurs, la transformant en un vaste champ de boue où survivaient quelques brins d'herbe jaunâtres. Les cours d'Invocation furent transportés dans une salle de classe, fermée et chauffée, et seuls les cours de Botanique et de Soins aux créatures magiques restaient en extérieur, pour le plus grand malheur des élèves de Poudlard qui succombaient au rhume comme des moustiques dans une pièce close arrosée de citronelle.
Puis vint décembre, et avec lui la neige, acceuillie avec joie par les élèves en état de faire des batailles, et un peu moins par Rusard, qui établit son poste d'affût dans l'entrée pour être prêt à bondir sur le premier élève qui franchirait la porte les pieds boueux.
Malgré ces quelques distractions, l'ambiance restait funèbre dans l'école. Le match Serdaigle contre Poufsouffle avait été annulé, car deux des joueurs de Serdaigle étaient morts dans l'attentat du terrain de Quidditch, tandis qu'un troisième avait perdu ses parents dans les raids de Mangemorts, tout comme deux des joueurs de Poufsouffle.
Le coupable de l'attentat n'avait toujours pas été découvert, et Harry ne se berçait plus d'illusions depuis longtemps: jamais on n'aurait de preuves, parce que Voldemort ne s'encombrait tout simplement pas de détails aussi subtils que de masquer ses traces: il n'en faisait aucune, en toute simplicité. La magie le guidait.
Puis, le 10 décembre, une nouvelle secoua Poudlard: les élèves ne rentreraient pas chez eux pour Noël.
À vrai dire, Dumbledore n'interdisait à personne de rentrer chez lui. Simplement, il déclara ne pouvoir se permettre d'affréter le Poudlard Express. Le risque d'attentat était trop grand. Cependant, il autorisait, et même il incitait les parents à venir chercher leurs enfants. Une pièce fut mise à disposition pour les personnes souhaitant enchanter des portails de transfert, et de grands sacs de Poudre de Cheminette furent placés près d'une cheminée. Évidemment, les enfants de Moldus, dont la maison n'était pas dans le réseau ou qui n'avaient pas de cheminée, ne pouvaient rentrer chez eux. Dumbledore ne l'avoua pas ouvertement, mais Harry savait que c'était exprès: pour les Sang-mêlés, Poudlard restait malgré tout plus sûr que n'importe quel autre endroit du pays.
Et, comme il fallait bien occuper les nombreux élèves restés au château, un bal de Noël fut organisé.
Cette fois, Harry n'était pas sommé d'ouvrir le bal. Il se sentait donc beaucoup plus léger. Néanmoins, il savait très bien qui il voulait inviter, et il savait dans quel état ça le mettrait dès qu'il allait devoir lui demander. De plus, il devait faire vite, avant qu'elle ne lui file à nouveau sous le nez.
Sans aucun doute, ses nombreux rêves, qui semblaient si réels, où Cho lui ouvrait ses bras sans hésiter et où elle lui pardonnait pour Cédric, ces rêves-là avaient modifié son comportement. Sans doute est-ce pour ça que ce jour-là, à deux semaines de Noël, quand il la vit seule dans un couloir, il se lança.
Elle lui tournait le dos, et il eût tout le temps d'admirer sa chevelure noire et brillante, coupée au carré, qui laissait apparaître son cou de cygne, si tendre et si fragile
Elle se retourna d'un bloc:
- Oh! Tu m'as fait peur.
Elle avait fourré sa main dans sa poche, très vite. Elle sourit aimablement:
- Ça va, Harry?
- Et toi? répondit-il prudemment, s'efforçant de faire taire son fichu cur, qu'on devait entendre à des kilomètres à la ronde.
- Ça va, répondit-elle avec son joli sourire fripon.
Il allait lui demander, il allait le faire Et évidemment:
- Cho! Tu viens?
- J'arrive! cria-t-elle à ses amies. Harry, tu m'excuses? J'ai un cours de Runes, là, tout de suite.
- Euh
- Merci, c'est sympa. Bon, je file. C'était cool de te voir. À plus!
Il resta pétrifié au milieu du passage, tandis que Cho partait en courant après ses amies. Il prit note au passage de se donner cinquante baffes dès qu'elle serait hors de vue.
La tentative suivante eut lieu trois jours plus tard, à la sortie d'un cours de Potions. Il était dix huit heures, donc elle n'avait plus cours après. Il l'attrapa par le bras à un coin de couloir et la tira doucement.
- Salut, Cho, dit-il. Il avait répété le dialogue cent fois devant sa glace.
- Oh, salut Harry! C'est marrant, j'ai l'impression de te voir plus souvent en période de Noël. C'est un hasard?
- Heu fit Harry.
- Excuse-moi, mais mes amies m'attendent. Tu avais quelque chose de particulier à me dire?
- Non enfin si!
- Vas-y, dépêche.
Il la fusilla du regard. Mais elle avait l'air si angélique qu'il ne pût se résoudre à croire qu'elle se moquait de lui.
- Ok, voilà, dit-il. Je voudrais enfin, est-ce que tu voudrais enfin, je pense que
Elle restait fermement silencieuse, le laissant se dépatouiller tout seul. Son sourire n'avait toujours pas disparu, et bizarrement ça mettait Harry en rogne.
- Est-ce que tu veux
- Tu sais quoi? lança-t-elle. Là je suis pressée, alors on se verra plus au calme un de ces jours et tu me diras tout ça, ok? Ça a l'air passionant.
Et elle s'enfuit. Harry avait une curieuse pulsion qui le poussait à se jeter par la fenêtre. Il décida de monter la barre à soixante-dix baffes.
Après cet échec, il était évident que Cho ne voulait pas de lui. peut-être avait-elle déjà un petit ami, ou peut-être le détestait-elle, pour vouloir l'humilier à ce point Assis sur un banc de pierre glaciale, les pieds dans la neige et la tête au fond du gouffre, Harry hésitait entre aller se perdre dans la Forêt Interdite et se laisser couler au fond du lac.
Il avait dit à Ron et à Hermione qu'il allait travailler à la bibliothèque, mais la simple idée d'ouvrir un bouquin le répugnait. Et il se retrouvait là, à contempler les eaux moroses du lac, qui signalaient une nuit sans lune alors qu'on était dans le milieu de l'après-midi.
Des pas légers, qui faisaient craquer la neige, se firent entendre. Il s'en fichait. Il n'était pas là, il n'était là pour personne. L'autre passerait devant lui sans le voir. Et si jamais c'était Colin Crivey, il lui ferait avaler son appareil photo.
L'arrivant s'assit sur le banc, juste à côté de lui. Il sentit sa chaleur, ils sentit son odeur non! Pas elle!
- Je pense que je dois m'excuser, dit Cho.
Il releva la tête d'un bloc. Quoi? Est-ce qu'il avait bien entendu?
- Oh, tu n'es pas obligé d'accepter, reprit-elle. Mais je crois que je dois le faire: je m'excuse. Je suis désolée.
- De quoi? fit Harry, la gorge sèche.
- De m'être moquée de toi. J'ai été plutôt vache. Tu voulais m'inviter au bal, pas vrai? Seulement j'y vais déjà avec quelqu'un.
La foudre tombant sur sa tête ne lui aurait pas fait plus d'effet. Un instant, il croyait à nouveau tout possible, et celui d'après Oui, l'idée du lac n'était peut-être pas si mauvaise.
- Pourquoi tu as fait ça? demanda-t-il. Pourquoi tu ne m'as pas dit?
- Tu m'amusais, avoua-t-elle. je voulais voir jusqu'où tu tiendrais. Tu t'en es bien sorti, si ça peux te faire plaisir.
- Vas te faire voir, grogna-t-il sourdement.
- Oh, tu peux me maudire. Tu en as bien le droit. Je ne t'en tiendrai pas rigueur.
- Pourquoi? cria Harry. Pourquoi tu es comme ça? Moi je croyais que tu étais quelqu'un de bien, tu ne gloussais pas comme les autres, tu étais gentille et là, je ne te reconnais plus.
Elle haussa les épaules, regarda au loin.
- Certaines choses ne peuvent être changées.
- Mais d'autres le peuvent. Dis-moi pourquoi tu es comme ça. On dirait que tu fuis quelque chose.
Elle ne répondit pas, et Harry entrevit une raison oui, une seule raison qui pouvait expliquer
- C'est Cédric, pas vrai? Tu ne peux pas avoir de petit ami à nouveau, à cause de lui? Dis-le.
- On a parlé d'aller au bal ou de sortir ensemble, là?
- C'est tout comme. Réponds.
- Il y a un peu de ça.
- Et?
- Je ne veux pas. Avoir d'aventure aimer quelqu'un à nouveau. Ça ne marchera jamais.
- Pourquoi? cria Harry. Mais pourquoi?
Cho avait baissé les yeux sur ses mains, enlacées l'une dans l'autre. Elle parlait tout bas:
- J'ai peur, voilà. J'ai peur de devoir aimer un garçon. De devoir t'aimer. J'ai peur de te perdre, toi aussi.
Il était paralysé. Il sentait que l'occasion était bonne, qu'il aurait dû la prendre dans ses bars et la rassurer. Mais l'ampleur des révélations accumulées l'empêchait d'agir.
- Voilà, dit Cho en se levant. Je ne voulais pas te le dire, mais je me suis laissée aller. Maintenant, Harry Potter, si tu voulais bien tout oublier
Elle commençait déjà à s'éloigner. Harry se leva, se rassit, se releva et resta debout, indécis.
- Cho! parvint-il à crier.
Elle se retourna, ses cheveux soyeux volant au vent d'hiver, sa silhouette se détachant sur le tableau blanc de la neige.
- Avec qui tu vas au bal?
Elle plissa ses yeux tristes:
- Avec toi, bien sûr. Tu croyais que j'y résisterais?
Et elle s'en fut dans la neige brillante, et Harry resta là, incrédule et stupide.
Pendant ce temps eh bien, pendant ce temps, Ron guettait sa proie, lui aussi. Et sa proie n'était pas loin de sortir de la salle de travail où se réunissaient les Serdaigles.
Sa proie était blonde, avait d'adorables yeux bleux, et était actuellement en train de remettre une mèche derrière son oreille dans un geste plein de grâce et de beauté.
Il fallait qu'il lui demande.
Enfin, la cloche sonna et elle rangea ses affaires. Riant et discutant avec ses amies, elle sortit de la salle
C'était le moment. Il se mit en travers de son passage, affichant son meilleur sourire et des oreilles tomate. Les autres filles passèrent en riant, et elle se retrouva seule avec lui.
- Oui? fit-elle sèchement. Qu'est-ce que tu veux?
- Padma est-ce que tu veux venir au bal avec moi?
Elle le dévisagea froidement et explosa de rire.
- C'est une blague?
Il ne répondit rien, aterré. Il espérait que son regard ne faisait pas trop chien battu. En tout cas, c'est ce qu'il ressentait à ce moment-là.
- Désolée, Ronald, mais j'ai déjà un cavalier, figure-toi.
- Qui?
C'était plus fort que lui. Elle attendit avant de répondre, comme si elle décidait s'il était digne ou pas de le savoir.
- Mon petit copain. Titus O'Connor.
- Le Poufsouffle? Le joueur de Quidditch?
- Oui. Ça te gêne?
- C'est un bellâtre.
- Ça te regarde? s'emporta Padma. Je ne me rappelle pas qu'on soit mariés, toi et moi, si?
- Laisse tomber.
- Oh, ça, pas de problème!
Elle partit à grandes enjambées, furieuse. Ron, lui partit dans une direction imprécise. Il n'avait pas envie de rentrer à la Salle Commune. Il ne voulait pas retrouver ses amis, leur parler comme si de rien n'était. Peut-être même qu'il allait se perdre dans ces couloirs, et ça serait tant mieux. Ça lui donnerait une bonne raison de frapper les murs.
Néanmoins, parce que la raison la meilleure est toujours la plus forte, il finit par céder et par revenir à la Salle Commune.
Hermione était là, excitée comme une puce. À peine était-il entré qu'elle le saisit par le bras et le traîna hors de la salle.
- Du calme! Où est-ce qu'on va?
- J'aurais dû m'en douter, j'aurais dû le savoir! débitait-elle sans interruption. C'était ça, c'était tellement évident! On s'est bien fait avoir. J'aurais dû deviner plus tôt!
Elle le fit entrer dans une salle vide et referma la porte. Harry était là, devant le feu, un sourire idiot sur la figure.
- Alors, Hermione? fit-il.
Elle s'assit entre lui et Ron, sortit un énorme livre de son sac.
- Tout est là-dedans. J'aurais dû chercher plus tôt! Je ne voulais pas admettre qu'elle trempe dans la magie noire. Et pourtant!
Elle désignait un paragraphe à l'écriture alambiquée. Elle le lut à voix haute:
- "L'art du transplanage fut découvert en 857 par le grand Émile Têtauf. Il s'agissait alors d'une simple méthode de distorsion de l'espace, le Sorcier disparaissant d'un endroit pour réapparaître à un autre. Mais depuis, de nombreux grands mages se le sont approprié à leur manière: transport d'objets, de personnes incapables de transplaner par elles-même, voire la création de Portoloins, qui sont basés sur le même principe. Dans tous les cas (à part celui du Portoloin, qui est spécialement conçu pour le transport de plusieurs Soricers à la fois, voir chapitre "les Portoloins") le Sorcier qui fait tranplaner une personne ou un objet loin de lui ne peut pas faire le voyage en même temps, et la réapparition à l'endroit prévu n'est pas assurée. On dit que certains mages noirs auraient réussi à faire voyager une personne de petite taille avec eux, mais il n'a jamiais été démontré que la personne arrivait en un morceau. "
Hermione referma le livre dans un claquement sonore et prit l'air inspirée.
- Alors? fit-elle.
- Alors quoi? répéta Ron.
- Vous êtes toujours sûrs de ne pas avoir pris un Portoloin?
- Sûrs et certains, répondit Harry. Fais voir ce bouquin? Il est peut-être un peu vieux.
- Il date de 1987.
- Mais je te jure qu'on a transplané, dit Ron. Et pas qu'une fois.
- Même si c'était possible, ça lui aurait demandé un potentiel magique énorme. Le transplanage n'est pas un petit sort de base.
- Elle était épuisée à la fin, se souvint Harry. Elle rechignait à transplaner. C'est sûrment pour ça qu'on a marché un bon bout de temps dans les couloirs. Elle préférait y aller à pieds.
- Vous savez ce que je pense? dit Hermione. À mon avis, on devrait surveiller Wakewage.
- C'est déjà ce qu'on fait, non? fit Ron. Je veux dire, on est allé voir le soir d'Halloween, je l'ai arrêtée, tout ça
- Oui, mais je parlais de quelque chose de plus systématique. Une filature.
- Ça va demander du temps, dit Harry.
Hemrione haussa les épaules:
- Ça vaut le coup, non?
- On pourrait peut-être mettre Ginny dans le coup, proposa Ron. Wakewage se méfiera moins d'elle que de nous.
- Bonne idée, approuva Harry. Et ma cape d'invisibilité va reprendre du service!
Ils sourirent tous trois. Tout à coup, ils avaient l'impression d'avoir un but.
- Ron! Dépêche! chuchota Harry.
- C'est bon, j'arrive.
Le garçon quitta son poste d'observation en courant le plus silencieusement possible, et rejoignit ses deux amis à un tournant.
- C'est malin, grogna Hermione. On l'a perdue de vue.
- Mais non, elle est partie à droite, affirma Harry.
- Si tu le dis.
Ils se mirent en route. Les couloirs étaient très mal éclairés. Ils étaient déjà descendus bien en dessous du rez-de-chaussée du château, et ils n'allaient pas tarder à passer sous le lac. Les murs suintaient d'humidité.
- Harry murmura Ron en voyant les tableaux sinistres et les statues angoissantes. Ça ne te rappelle rien?
- Ça dépend, qu'est-ce que ça devrait me rappeler? fit Harry, de mauvais poil.
- Les statues les tentures le vert des tableaux on est pas loin des Serpentards.
Harry s'autorisa un temps de réflexion, avant de s'écrier:
- Tu as raison! On est passés par ici, avec Malefoy, quand on avait bu du Polynectar.
- Wakewage n'irait quand même pas chez eux? s'interrogea Hermione.
- Ça pourait. Mais je n'en ai pas l'impression.
En effet, la jeune fille venait de tourner dans la direction opposée à celle de la Salle Commune.
- Où est-ce qu'elle va? s'interrogea Ron à voix haute.
- On le saura bientôt, promit Hemrioen.
Le fait est qu'elle ne semblait pas si près de son but: elle ne cessait de bifurquer, d'emprunter des portes masquées, de descendre des volées de marches excessivement longues au final, les trois détectives se retrouvèrent dans une partie du château totalement inconnue. Mais il y avait plus grave.
Ils avaient complètement perdu la trace de Wakewage.
- C'est malin, râla Ron. Où est-ce qu'on va, maintenant?
- On essaye de la retrouver? proposa Hermione, entêtée.
- Il ne vaut mieux pas, fit Harry. On risque de se perdre encore plus, et puis si on la trouve par hasard et qu'elle nous voit, on sera grillés.
- Alors on a fait tout ça pour rien? pesta Ron.
- Tais-toi et profite! On visite le château.
Mais Ron n'avait pas du tout envie de visiter. Il avait mieux à faire: se trouver une cavalière pour le bal, par exemple.
Ils se mirent pourtant en route.
Escaladèrent des escaliers en colimaçon.
Descendirent et remontèrent de longs couloirs, dans un sens puis dans l'autre.
Interrogèrent des tableaux.
- Il me semble
- La dernière fois que je suis sorti, c'était
- Je crois avoir vu quelqu'un passer en direction de
- Si vous tourniez à
Redescendirent des volées de marches. Les remontèrent.
Poussèrent des portes. En tirèrent d'autres. Parcoururent des salles immenses, et d'autres toutes petites.
- J'en ai marre! cria Ron quand ils en furent à leur trentième pièce.
Toujours pas de sortie. Ils étaient complètement perdus.
- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant?
- On traverse, dit Harry. Il y a une porte là-bas.
- Qui mènera où? Dans une autre salle? Avec une porte qui mènera sur une autre salle, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on meurre de faim et d'épuisement.
- C'est sûr qu'à râler comme ça, tu nous es drôlement utile! hurla Hermione.
- Tu permets, j'évacue ma tension! brailla Ron à son tour.
À défaut d'autre chose, il se mit à marcher à grands pas vers la porte, qu'il ouvrit d'un coup sec.
La salle suivante n'était pas dépourvue d'intérêt, esthétiquement parlant. Mais Ron était dans une humeur aussi sensible à l'esthétique qu'un chat dans une gazinière*. Néanmoins, il ne put s'empêcher de remarquer le décor enchanteur.
Autour d'une sphère de un mètre de diamètre, renfermant un liquide bleu turquoise qui irradiait, un ballet de petites boules liquides dansait dans l'air. C'étaient comme si les lois de la pesanteur s'étaient soudain trouvées abolies pour ces sphères d'eau: elles formaient des amas, tourbillonaient, se déplaçaient avec grâce et lenteur. Certaines étaient translucides, d'autres roses, mauves, orangées, vertes et ainsi de suite. Parfois, deux sphères se heurtaient. Deux phénomènes se produisaient: ou elles rebondissaient l'une contre l'autre et déviaient leurs trajectoires, ou elles se fondaient l'une dans l'autre et se mettaient à tomber, soudain plus lourdes que l'air, avant de se scinder à nouveau en deux ou trois boules plus petites.
Devant la beauté impénétrable de cette uvre d'art magique, Ron, Harry et Hermione restèrent sidérés. Ce fut finalement Ron qui rompit le silence:
- Ça sert à quoi?
Il ne s'était pas attendu à obtenir une réponse. C'est pourquoi il fut surpris d'entendre Hermione répondre:
- C'est un enchantement créé par le grand Oméran Belanglos, il y a deux ou trois siècles. Il était un puissant Sorcier, et un grand artiste. Il a légué quelques uvres magiques, comme ça, à travers tout Poudlard. On dit que les trouver est un signe de bon présage.
Voyant les regards intrigués de Ron et de Harry, elle expliqua avec agacement:
- Je l'ai lu dans L'Histoire de Poudlard .
De l'autre côté de la pièce, il y avait une deuxième porte. Ron la poussa, suivi des deux autres.
La salle dans laquelle ils pénétrèrent était radicalement différente: baignée dans une lumière tamisée, elle était envahie par des plantes tropicales. Le sol était de mousse, douce et mlleuse, et des papillons voletaient, dans une atmosphère moite. Ron l'avait déjà traversée pour arriver à la porte suivante, quand Harry parla:
- Rassurez moi on est pas encore dans un de mes rêves?
- Si c'est le cas, dit Hermione, on fait un rêve commun.
- Et il dure depuis le réveil de ce matin, ajouta Ron. Je suis sûr de m'être levé et d'être allé en cours.
- Oui, je sais Ça me rappelait mes rêves, c'est tout Je m'attends à voir débarquer Wakewage à chaque tournant.
Hermione haussa les épaules.
- Ça ne serait pas si étonnant. On est juste à côtés de son repaire. Allez, viens.
La salle suivante était vaste, lumineuse et tapissée de petits cailloux ronds, blanc et noirs, qui dessinaient un dessin complexe. Ils le traversèrent prudemment, prenant garde à ne pas déranger le dessin d'ensemble, après qu'Hermione leur eût expliqué que les cailloux étaient une symbolisation de l'univers, dans ses quatre dimensions, et que sous leurs pieds étaient représentés le passé et l'avenir, dans le sens ésotérique du terme. Harry et Ron se dépêchèrent de quitter cet endroit: ils avaient un sentiment de petitesse, d'insignifiance face à cette uvre vieille d'un millénaire.
- J'en ai marre, dit Ron en entrant dans la trente-quatrième pièce (si si, recomptez vous-même!). Qui a eu cette idée stupide de filer Wakewage? Voilà où ça mène! On est bloqués dans cette enfilade de salles où personne ne vient jamais, sans sortie, sans rien!
- On visite, déclara Hermione. C'est instructif.
- Très! Avec un peu de chance, on va tomber sur la salle des pots de chambre de Dumbledore! Qu'est-ce que ça serait passionant!
Comme pour faire une bonne blague, la salle dans laquelle ils pénétrèrent offrit à leurs yeux des étagères à perte de vue: non pas remplies de pots de chambres, mais d'une collection de vieux objets en cuivre, dont la majeure partie était résolument magique: boussoles, loupes, lampes à huile, téléscopes, chandeliers tous ces appareils d'origine moldue portaient la marque d'un enchantement qui modifiait leur usage. Ron aurait été incapable de dire à quoi servaient tous ces artefacts, mais une chose était sûre: Arthur Weasley aurait été comme un roi au milieu de cette collection merveilleusement délictueuse!
- Regardez ça, murmura Hermione en prenant précautionneusement un genre de grosse boussole dans sa main unique. C'est superbe! Vous avez vu la finesse des symboles? Et cette grande aiguille qui tourne sans cesse, je me demande à quoi elle sert
Ron saisit une lunette en bois brun, seryie d'anneaux en cuivre, et la porta à son il. Il poussa un petit cri de surprise: il voyait les auras! Les auras de ses deux compagnons, mais aussi les auras, plus petites, des objets, des étagères, des pierres du mur, des poutres du plafond Il voyait danser ces feux magiques, mélanges de symboles et de flux de magie, qui caractérisaient les êtres et les choses, qui les décrivait mieux que n'importe lequel des cinq sens ne pouvait les percevoir Ron reposa la lunette rapidement. Trop de puissance, trop de pouvoir. Connaître les auras de son adversaire, c'était connaître ses faiblesses. C'était l'avoir à sa merci. Mieux valait que cet objet redoutable reste caché parmi tous ses semblables, dans une salle inaccessible au fin fond de Poudlard.
Ils passèrent au milieu des étagères et s'attaquèrent à la porte suivante. Ils avaient fini par comprendre qu'ils étaient dans un enchaînement de salles, comme des perles sur un fil. Il n'y avait d'autre moyen d'en sortir que de continuer à avancer, jusqu'à trouver le bout du collier.
Ils passèrent une étrange salle de classe, où une craie écrivait toute seule le cours au tableau et où des dizaines de plumes prenaient consciencieusement des notes sur des dizaines de parchemins. Puis ils entrèrent dans un tunnel noir où coulait un ruisseau glacé, qui les obligea à ôter leurs chaussures et à marcher pieds nus sur des cailloux pointus. Puis ce fut une roseraie où résonnaient les chants d'oiseaux. Puis une salle au carrelage damé, où tombait une pluie diluvienne. Puis, puis, puis Ron avait perdu le compte depuis longtemps.
Et puis, alors qu'ils commençaient à envisager de percer un trou dans un mur, ou d'appeler à l'aide, ou toute autre action désespérée et inutile, ils poussèrent une dernière porte, et la salle où ils entrèrent était radicalement différente des autres.
Ceci parce qu'ils se tenaient dans les hauteurs d'une grotte immense, démesurée.
Sur ses murs de pierre naturelle s'étaient formées stalactites, stalagmites, méduses et tout l'atirail usuel des grottes au plafond riche en calcaire. Certaines sculptures de pierre dépassaient en grandeur et en majesté tout ce que Ron avait vu jusque là.
Mais surtout, au centre de la grotte, dix à vingt mètres en dessous du promontoire rocheux où ils étaient entrés, poussait une forêt totalement insolite. Des arbres, des buissons, des plantes rases desous-bois tout y était, c'était une forêt parfaitement normale. Sauf qu'elle avait poussé sous des mètres et des mètres de roche et de terre.
- Regardez, dit Harry en tendant le doigt vers le plafond. C'est de là que vient la lumière.
Des filets de lumière du jour perçaient par des trous aménagés dans le plafond.
- C'est incroyable, fit Hermione. Comment si peu de lumière peut-elle suffir à faire pousser de tels arbres?
- En tout cas, fit remarquer Ron, ce n'est pas l'hiver ici. Ces arbres ont toutes leurs feuilles. Et il fait bon, j'ai presque trop chaud avec ma cape.
- Le gel n'atteint pas les racines profondes, murmura Harry en regardant au loin.
- Qu'est-ce que tu as dit?
- Le gel n'atteint pas les racines profondes, répéta-t-il.
Il montra quelque chose du doigt:
- Vous voyez là-bas? Ce sont les racines de Poudlard, je dirais.
Au milieu des roches crues et des sculptures minérales, un très large pilier de pierres taillées, parfaitement droit et solide, jaillissait pour s'enfoncer dans le plafond. Il était immense, et disparaissait à moitié dans le mur, comme si la roche avait été coulée autour de lui.
- Ses fondations, du moins, approuva Hermione. Je ne me serais pas attendue à trouver une telle grotte au niveau des fondations du château. Enfin, je suppose qu'il est solide malgré tout. J'espère.
- Et ça signifie quoi, cette forêt? questionna Ron. On est pas ici par hasard, quand même? Il y a quelque chose à découvrir? Une Pierre philosophale, un Basilic, une épée gravée à nos noms, une Coupe de Feu?
- C'est encore du mauvais esprit? fit froidement Hermione.
- Pas du tout! Je me demande juste comment retrouver mon cher lit que j'aime plus que tout.
Mais au moment où il disait cela, son pied rencontra quelque chose de mou et de tiède, quelque chose qui produisit un "miaou" courroucé, et une patte pleine de griffes jaillit en un arc de cercle qui s'acheva dans son mollet.
- Pattenrond! s'exclama Hermione en attrapant son chat, tandis que Ron hurlait, se portait la main à la cheville, essuyait le sang et souhaitait à la bête tous les maux de la terre.
- Ne sois pas malpoli avec Pattenrond. Il est très intelligent. S'il nous a retrouvés ici, c'est qu'il sait comment sortir!
Pendant que sa maîtresse parlait, le chat fixait Ron avec des yeux moqueurs.
- Ok, fit le garçon, en colère, alors dis-lui de nous sortir d'ici, et le plus vite possible!
- Pattenrond, minauda Hermione. Par où es-tu venu? Vas-y, montre-nous.
Immédiatement, le chat sauta de ses bras et, après un dernier regard provocateur à Ron, il s'élança vers la grotte et disparut.
Les autres le suivirent: il était descendu sur un escalier de pierre en contrebas. Harry aida Hermione à le rejoindre, et ils s'élancèrent dans l'escalier.
Taillé à même la roche, celui-ci faisait presque le tour de la salle avant d'atteindre le sol. Mais Pattenrond n'avait pas l'intention de patienter aussi longtemps. À un endroit précis, il bondit élégamment dans le vide et atterit deux mètres plus bas, sur une corniche.
- Oh là là, fit Hermione. Il va descendre le reste du mur en escalade.
- Si tu veux, on continue par l'escalier, dit Harry. On le retrouvera bien en bas.
- Non, regarde.
Elle désignait ce qui avait fait changer de route au chat: un éboulement avait écrasé l'escalier, un peu plus loin.
- Il nous montre le seul itinéraire possible. Mais pas pour moi.
Elle s'assit par terre et enfouit sa tête dans ses genoux.
- Atends, Hermione! On va trouver une solution! Tu ne peux pas léviter?
Mais ça n'était pas la bonne question: elle releva la tête, furieuse, et cracha:
- Je - ne - peux - pas- faire de magie! C'est si dur à intégrer?
- Mais nous on peut te faire léviter, non? intervint Ron.
Elle étudia la hauteur à parcourir, puis Pattenrond qui l'attendait patiemment, puis sa min unique qui tenait sa baguette. Elle fourra cette dernière dans sa poche et se releva.
- Je vais tenter la descente, dit-elle.
De fait, elle y parvint plutôt bien. Pattenrond choisissait pour elle les chemins les plus faciles (du moins, c'est ce qu'elle prétendit, car Ron n'aurait jamais admis que ce chat puisse réfléchir à cela). Plusieurs fois, elle perdit une prise et chuta, mais jamais plus bas que un mètre. Néanmoins, quand ils touchèrent enfin le plancher de la grotte, Hermione était meurtrie, couverte de bleus, de sang séché et de poussière. Mais elle relevait le menton farouchement et avançait d'un pas vif.
- Hé! fit remarquer Ron après avoir suivi Pattenrond. Il nous entraîne dans la forêt.
- Il sait ce qu'il fait, dit la jeune Sorcière.
- Ah.
- La porte qui nous ramènera dans un passage plus fréquenté de Poudlard peut très bien être au cur de la forêt, dit Harry. Et elle peut très bien ne pas ressembler du tout à une porte!
Le chat marchait d'un pas vif, ondulant entre les racines, sa queue tigrée battant la mesure de ses pas. Les trois Sorciers le suivaient tant bien que mal, enjambant les fougères et les racines, se baissant pour éviter les branches basses.
Plus ils avançaient, et plus le bois se faisait sombre, humide, rempli d'une présence sourde et invisible. Parfois, Ron avait l'impression de voir des ombres derrière les troncs ou sur les branches, qui se retiraient vivement à leur passage.
Ils atteignirent une clairière: en son centre, recouverts de mousses et de lichen, trônaient des statues de granit, qui avaient dû être gigantesques, mais qui étaient depuis longtemps tombées. Le temps avait effacé leurs reliefs, et il ne restait plus que de grandes masses à forme vaguement humaine. Dans ces ruines, Pattenrond se faufila adroitement et disparut dans l'ombre.
- Pattenrond! appela Hermione. Où vas-tu?
- On le suit? fit Ron.
- Attends! Il revient.
En effet, le chat revenait. Il tenait dans sa gueule trois glands argentés, qu'il laissa tomber dans les mains de chacun des trois Sorciers.
- Qu'est-ce que ça signifie? s'étonna Harry.
- Bah, fit Ron en haussant les épaules. Ces bêtes-là, ça aime faire des offrandes. Ça prouve que nous sommes dominants. Aïe!
Il se frotta le mollet, furieux.
- Il m'a encore griffé! Saleté de chat!
- Ça t'apprendra à dire des choses comme ça, fit Hermione. Il comprend tout ce qu'on raconte.
- M'est avis qu'il est pas normal, cet animal! Il est trop intelligent.
Pour toute réponse, Pattenrond feula, la gueule ouverte en une sorte de sourire sadique.
- Bon, comment on sort d'ici? demanda Harry.
Mais le chat s'assit et pencha la tête: il attendait quelque chose des humains.
- Il nous a mené jusqu'ici réfléchit Hermione. Maintenant c'est à nous de faire le reste. Voyons les glands en argent signifient sûrement quelque chose J'ai dû lire un truc à ce sujet, mais quoi?
Harry et Ron échangèrent un regard, qui les convainquit qu'ils étaient du même avis: il fallait laisser faire Hermione; eux n'avaient aucune idée.
Ils la regardèrent étudier de près son gland, tenter d'en enlever l'écorce, mais elle fut distraite par Pattenrond, qui miaulait d'un air fâché. Alors elle tapota le gland avec sa baguette (nouveau miaulement du chat). Pour finir, elle jeta le gland à terre en criant:
- Et zut! C'est pas avec ce truc-là qu'on va rentrer à Poudlard!
Comme toujours dans un cas pareil, le gland explosa dans une gerbe de lumière et une porte de lumière se dressa.
De l'autre côté, ils voyaient l'entrée du château, les statues, les sabliers géants c'était bien Poudlard, trente ou quarante mètre au-dessus de leurs têtes.
- Ça alors! marmonna Hermione. Bon, vous venez? Assez traîné ici.
Elle franchit la porte et disparut aux yeux des deux garçons. Ceux-ci traversèrent à sa suite.
La porte s'estompa lentement derrière eux. Ils étaient de retour, au milieu de l'entrée. Et juste sous le nez de Rusard, qui avait l'air pour le moins surpris de les voir apparaître.
Ils s'en tirèrent sans trop de casse. En fait, Rusard était tellement incrédule de les voir "transplaner" dans le château qu'il oublia de leur crier dessus, leur laissant juste le temps de déguerpir.
Quelques heures plus tard, ils étaient dans la Salle Commune quand Wakewage poussa la tableau et entra. Les trois Sorciers s'efforcèrent de ne pas la regrader ouvertement, mais ils partageaient les même pensées: la prochaine fois
Et puis les jours passèrent. Harry tenta de revoir Cho avant le bal, mais à chaque fois elle se dérobait. Il se demanda même si il avait bien compris, si ils allaient vraiment ensemble au bal.
Il s'inquiétait un peu pour Ron, qui n'avait pas l'air de trouver de cavalière. Au fond de lui, Harry savait très bien qui son ami brûlait d'inviter, mais il savait aussi que Ron avait trop d'amour-propre pour accepter de se l'avouer. Et il restait seul, à se torturer parce qu'il se jugeait incapable. Et Harry se demandait quand il aurait la courage de reconnaître son attirance pour sa meilleure amie.
Quant à Hermione, elle avait comme d'habitude fait semblant de ne pas s'intéresser à la question. À voir son assurance, Harry aurait presque cru possible que Viktor Krum revienne spécialement pour elle. À ce qu'il savait, ils étaient toujours ensemble.
Et voilà. Le bal de Noël arriva, et Ron n'avait toujours pas de cavalière, et Hermione ne leur avait pas parlé du sien. Peut-être qu'elle irait seule, en fin de compte.
Le 24 décembre, la jeune fille monta s'enfermer dans son dortoir, comme elle l'avait fait l'année précédente. Cette fois, Harry savait à quoi s'attendre. Quant à lui, il devait se préparer, pas seulement physiquement mais aussi mentalement, à résister aux charmes de la belle Cho Chang toute la soirée durant. Elle, si belle et si douce
Il occupa l'après-midi par des parties d'échec avec un Ron déprimé, et ses pièces se liguèrent contre lui parce qu'elles le trouvaient trop nerveux, ce qui fit que son adversaire l'écrasa quatre fois de suite. Agacé, Harry se rabattit sur la lecture au coin du feu, tandis que Ron faisait ses devoirs de Métamorphose.
Vingt heures sonnèrent, signe du rassemblement général dans l'Entrée. Harry avait enfilé sa robe de soirée et s'était coiffé tant bien que mal, c'est-à-dire qu'à défaut de réussir à plaquer ses cheveux, il les avait ébouriffés d'une manière qu'il espérait uniforme.
- Tu viens? lança-t-il à Ron.
- Ouais.
Le garçon sortit de la douche, vêtu de son uniforme noir.
- Mais fit Harry. Tu mets ça?
- Pourquoi pas?
- Et ta robe de soirée?
- Cette horreur violette? bougonna-t-il. Tu veux que je me ridiculise encore plus?
- Mais non, crétin. Je parle de celle que Fred et George t'ont offerte!
- Ah, ouais. Mais nan.
- Mais pourquoi? s'énerva Harry.
- Parce que je ne vois pas l'intérêt d'être beau et propre, alors qu'aucune fille ne s'aperçoit que j'existe! Je suis déjà suffisamment ridicule comme ça, pas la peine d'en rajouter en me faisant remarquer!
- C'est si tu mets l'uniforme bête et stupide que tu vas te faire remarquer! Allez Ron, tu n'es pas le seul à y aller sans cavalière! Mets ta robe, et qu'on y aille, on va être en retard!
- Je viens. Mais je ne mets pas ma robe.
Ils descendirent dans la Salle Commune et se mêlèrent au flux des Gryffondors qui partaient pour le bal. Harry aperçut Parvati, aussi belle que l'année précédente, mais garda la tête haute, malgré le regard glacial qu'elle lui lança. Elle avait décoré ses cheveux de deux superbes broches en métal sombre, en forme de papillons finement ciselés. Elle s'accrochait fermement au bras de Seamus, qui ne savait plus s'il rêvait ou s'il était bien réveillé.
Des bruits de pas rapides se firent entendre derrière Harry et Ron, et une petite main le poussa dans le dos. Il fit volte-face pour se trouver face à Hermione et à Ginny, souriantes, plus belles que jamais dans leurs robes de soirée. Même Ron ouvrit de grands yeux stupéfaits en voyant sa petite sur, devenue une vraie jeune fille.
- Coucou! fit Hermione. On a mis un peu plus de temps que prévu. Ça nous a pris du temps pour nous coiffer.
- Hermione! dit Harry. Tu es magnifique.
Elle portait la même robe bleue que l'année passée, qui rehaussait la couleur bleu pâle de ses yeux. Sa coiffure était remarquable: des tresses africaines couraient le long de son crâne, du front à la nuque, pour former un chignon bouffant à l'arrière, d'où s'échappaient quelques mèches frisées.
Quant à Ginny Harry n'en revenait pas du changement qui s'était opéré: elle était épanouie. On lui aurait donné facilement deux ans de plus, malgré sa tout petite taille.
Sa robe sans manches dégageait des bras blancs, parsemés de taches de rousseur, et décorés de bracelets en perles scintillantes. La robe était bleue, un bleu profond comme la mer par beau temps, mais lumineux, bien plus lumineux. La tenue en elle-même était très simple, mais portée par Ginny, elle irradiait. Enfin, ses cheveux flamboyants étaient noués en dizaines de petites tresses, et réhaussés de fils d'or, ce qui lui donnait un casque dansant. Elle avait piqué une fleur bleue au-dessus de son oreille.
- Et toi, Ginny, dit Harry, tu es c'est incroyable. Tu es resplendissante.
Il se tourna vers Hermione:
- C'est toi qui a fait les nattes?
- Non, bien sûr que non. C'est une amie à elle.
- Oriane Slight, précisa Ginny. Elle est africaine, alors elle s'y connaît en nattes. Mais c'est moi qui ai fait les tresses d'Hermione!
- Bravo, c'est très joli.
- Bon, on descend? fit Ron, peut-être un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Ils rejoignirent la grande majorité des élèves de Poudlard dans l'Entrée. Et là, Harry délaissa ses amis, car il venait d'apercevoir une étoile flamboyante qui dérivait vers lui.
Cho était superbe. Il n'y avait pas de mot pour la décrire. Vêtue d'une robe gris-bleue, largement décolletée, on ne pouvait pas ne pas être séduit par ses formes qui se balançaient sensuellement au rythme de ses pas. Ses cheveux mordorés, coupés au carré, étaient lâchés, mais semés d'une ou deux petites nattes par endroits. Les manches de la robe s'arrêtaient en dessous des coudes, dégageant des avant-bras à la peau nacrée, tendre et douce comme une pêche. Ses petites mains aux ongles courts, en bonne joueuse de Quidditch, étaient à demi ouvertes et posées dans les airs, comme une dame de la Cour à l'époque baroque. Elle marchait élégamment; ses pieds touchaient à peine le sol.
Elle se tourna vers Harry et il plongea aussitôt dans ses yeux, sombres puits où la lumière se perd. Elle se rapprocha, lui prit les mains dans les siennes et murmura:
- Bonsoir, beau cavalier. Voulez-vous danser?
Il réussit à sourire, malgré son trouble:
- Bien sûr, mademoiselle.
Puis, comme il posait doucement sa main sur ses hanches, il ajouta:
- Tu es belle.
Son sourire illumina toute l'assemblée. Elle était si merveilleuse, si resplendissante! Harry n'osait pas croire à son bonheur, de peur qu'il se brise en mille morceaux.
Dans un roulement de tambour, les deux grandes portes s'ouvrirent sur une Grande Salle illuminée. La foule des élèves entra sur la piste. Tous admiraient les nuages scintillants, les lampions, les fées, les lucioles, les flocons de neige aux reflets irisés qui tombaient du plafond, avant de s'évanouir juste au-dessus des têtes. Mais Harry, lui, n'avait d'yeux que pour Cho.
D'immenses sculptures de glace trônaient contre les murs, projetant une lumière bleutée. Elles ne fondaient pas, malgré la tiédeur ambiante. Des petites tables rondes, acceuillant cinq à six personnes, étaient placées tout autour de la piste de danse. Sur l'estrade, à la place de la table des professeurs, un groupe de musiciens jouaient un jazz hivernal. Les notes s'envolaient de leurs instruments, sous forme de bulles ou de gouttes, et leur musique avait ainsi une couleur et une forme en plus du son.
- Tu viens? murmura Cho. On va s'assoir.
Ils se placèrent à une table ronde, et furent rejoints par des amis de Cho: des Serdaigles, mais aussi des Poufsouffles et même un Serpentard.
Les élèves des différentes maisons engagèrent une discussion parfaitement normale, comme s'il n'y avait aucune différence d'âge ni de maisons, et Harry y participa, tout étonné d'une telle entente. Il avait l'impression grisante d'être admis dans le cercle des aînés, et ça lui donnait envie de mûrir un peu, d'aller voir plus loin que la simple rivalité entre les maisons.
Un Serdaigle de septième année arriva, amenant sa cavalière avec lui:
- Vous nous faites une place? demanda-t-il.
Le groupe, déjà nombreux, se serra pour laisser s'assoir les nouveaux venus. C'est alors que Harry remarqua qui était la cavalière.
Bravo. En deux ans, deux bals de Noël, elle avait réussi deux fois de suite à lui faire une belle surprise. Hermione avait pris pour cavalier un type qu'il ne connaissait absolument pas. Un Serdaigle. De septième année, qui plus est.
Elle lui fit un grand sourire. Elle avait laissé sa main gauche dans celle du jeune homme. Son bras droit était dissimulé dans les plis de ses manches larges.
Un petit coup d'il à une table voisine apprit à Harry ce qu'il regretta de savoir: Ron était seul.
Mais tant pis, il n'y pouvait rien. Il était avec Cho et ses amis. Il vivaqit une expérience passionante. Tant pis si son meilleur ami lui faisait la tête pendant un mois. Harry était heureux, il voulait en profiter un maximum.
La main de Cho lui caressait distraitement le genoux. Il posa la sienne dans son dos et la laissa doucement descendre, profitant des sensations inédites et enthousiasmantes qui s'offraient à lui. Il sentait la peau tiède et douce à travers le tissu de sa robe, il sentait qu'elle réagissait à ses caresses et il s'abandonnait à son tour à la vague de bonheur qui montait en lui.
Le dîner se déroula, de manière plus ou moins anarchique, entre les allées et venues des uns et des autres d'une table à une autre. Les plats devaient être délicieux, masi Ron n'était vraiment pas en état de les apprécier. Un très, très gros nuage sombre planait sur sa tête et occultait ses sens.
Mais le pire n'était pas encore arrivé: il survint lorsque les musiciens passèrent du jazz à un rock mouvementé. Alors la plupart des couples se levèrent et commencèrent à virevolter, et seuls restèrent assis les solitaires comme Ron, ou les couples trop occupés pour perdre leur temps à danser.
Il était assis, à étudier mur, et il ne pouvait s'empêcher de détester la Terre entière. Plus tôt, il avait dîné avec Ginny et quelques Gryffondors. Mais tous s'étaient levés aux premiers accents de la musique. Même Ginny s'était trouvé un cavalier, un garçon de sa classe apparemment. Et à présent, ils virevoltaient, tous, indifférents au malheur de Ron.
Il vit passer Hermione et son Serdaigle, ce qui ne fut pas pour le réconforter. Puis Harry et Cho, qui filaient l'amour parfait, serrés l'un contre l'autre. Et puis tous les autres: Fred et Angelina, George et une Serdaigle aux cheveux blond-orangés, Padma et son bellâtre de Titus O'Connor, Ana Casona et Alejandro Belén, et surtout, surtout, ce qui lui fit le plus mal: l'affreux Malefoy avait trouvé une petite amie. Il les voyait danser, ces deux snobinards, parfaitement accordés. Elle avait des cheveux blancs, la fille, encore une Serpentarde bizarre. Elle était plus grande que lui, et Ron espérait que ça lui filait un bon complexe. À part ça, c'était une fille très belle, et ça le mettait en rogne que Malefoy se soit trouvé une telle copine. Elle portait une robe de soie noire aux reflets verts, moulante jusqu'à mi-cuisses, puis qui s'évasait, une robe de tango. Et ses cheveux blancs tombaient jusqu'aux fesses, artistiquement noués et nattés par endroits. Quant à l'horrible Malefoy, il souriait comme un crétin, envoûté. Ron lui souhaita une mort atroce.
Bon, il en avait assez. Il se leva et quitta la Grande Salle, le plus discrètement possible.
Des pas sonnèrent derrière lui, des pas légers, les pas d'une fille qui courait il voyait déjà la robe bleue claire, les cheveux blonds tirés en un chignon lâche, les grands yeux elle allait l'appeler par son prénom, lui prendre la main
- Ron!
Il se retourna, un large sourire aux lèvres pour se trouver face à
- Ron, tu t'en vas?
Là-bas, Hermione dansait un slow langoureux auprès du garçon de septième année.
D'accord.
- Tu ne vas pas partir! Ça vient juste de commencer. Viens, on s'amuse bien.
Il secoua la tête. Hermione sortit de son champ de vision, et il ne resta plus que les grands yeux inquiets d'Ana, ses grands yeux noirs qui le regardaient.
Elle glissa gentiment sa main dans la sienne.
- Allez, viens. On va danser. Tu m'accordes cette danse?
Déjà, elle l'entraînait. Il résista encore:
- Non, attends! Tu es avec Alejandro?
Elle haussa les sourcils, incrédule, et puis elle pouffa de rire:
- Alors c'est pour ça! Tu croyais que moi et Alejandro Non non, il est comme moi, sans cavalière, c'est tout. Moi, c'est avec toi que je veux danser.
Il resta cloué par cet aveu. Il ne voulait pas y croire.
- Tu quoi?
- C'est si dur à comprendre? fit Ana, en le regardant par en dessous avec ses beaux yeux noirs. Allez, on y va.
Quand ils entrèrent sur la piste de danse, Ron eut l'impression que le sol se transformait en nuage, et qu'ils valsaient tous deux dans un ciel plein d'étoiles. La lumière de la salle avait été baissée, laissant la semi-pénombre instaurer une intimité entre les danseurs. Ana mit ses mains sur ses épaules, il laissa les siennes descendre jusqu'à ses hanches, et il ferma à demi les yeux, se laissant entraîner. Il n'aurait jamais imaginé se retrouver là, avec elle, mais c'était arrivé, et c'était bien.
Vers la fin de la soirée, Cho entraîna Harry vers les étages, laissant derrière eux la foule et la musique. Ils poussèrent une porte au hasard, pénétrèrent dans un salon paisible, avec des fauteuils mlleux réunis autour d'un feu crépitant.
Sans lâcher la main de Cho, Harry ferma la porte par un sortilège rudimentaire. Puis il l'entraîna vers un canapé où ils se laissèrent tomber.
Elle était assise tout contre lui, sa jambe serrée entre les deux jambes du Gryffondor, sa main dans la sienne, contre sa poitrine où il sentait battre son cur. Elle se rapprocha encore et l'embrassa.
C'était un premier baiser, court et léger comme un papillon furtif, mais il était délicieux, présage de bien d'autres baisers. Harry ramena la tête de Cho contre sa poitrine, et elle s'y blottit. Le châtain foncé de ses cheveux faisait un agréable contraste sur sa robe verte.
Et ensuite? Qu'est-ce qu'elle attendait de lui. Il sentit son stress revenir au grand galop. Il n'avait jamais eu de petite amie. Cho, si. Serait-il à la hauteur?
Mais il s'attendait à tout sauf à ce qu'elle dit à cet instant:
- J'ai peur.
- Quoi? s'étonna Harry. De quoi?
Elle se blottit un peu plus contre lui.
- Je n'aurai pas dû céder. J'ai peur.
- Peur de quoi?
- Peur de te perdre.
Il lui caressa maladroitement les cheveux.
- Tu ne me perdras pas, c'est impossible. Ça faisait trop longtemps que j'attendais ça. Ça ne peut pas s'arrêter là.
Elle se dégagea un peu pour le regarder dans les yeux:
- C'est vrai?
- Qu'est-ce qui est vrai?
- Tu attendais ça depuis longtemps?
- Oui, dit-il. Depuis ma troisième année, je me souviens. Le match de Quidditch, ta maison contre la mienne.
Elle sourit en se remémorant les faits.
- Tu avais treize ans. Tu étais si mignon! Avec tes sourcils froncés, ta rage de vaincre. Tu as changé, depuis.
- Ça veut dire quoi? Je n'ai plus la rage de vaincre?
- Non, affirma Cho. Ça se sent. Tu as mûri et tu as comment dire plus de recul. Tu es moins tête-brûlée. On sent que tu as vécu des choses graves. Tu sais qu'à tout instant tu peux tout perdre.
Harry s'autorisa une minute pour méditer cette affirmation.
- C'est vrai. Je n'ai plus envie de vaincre à tout prix, juste de m'en sortir sans trop de casse. Des matchs, comme de la vie.
- Tu vois, dit Cho. C'est ça qui me fait peur. Tu sais que tu as une mission. Qu'un jour tu seras rappelé. Tout le monde sait ça, même si tu ne veux pas l'admettre.
- Qu'est-ce qui te dis que je ne l'admets pas? Et qu'est-ce qui te dis que j'ai une mission inéluctable?
- Ceci, exactement. Tu en doutes. Tu es le dernier à en douter, mais tu persistes.
- Mais je ne suis pas obligé. Ce n'est pas forcément moi qui dois arrêter Voldemort. Je ne peux plus rien contre lui.
- Tout le monde est convaincu du contraire.
- Toi aussi?
- Je crois ce que je vois. Et je vois que tu lui as survécu cinq fois.
Harry fronça les sourcils.
- Tu es bien renseignée.
- Tout le monde est au courant. Et je lis les journaux.
Il ne répondit pas. Finalement, c'est Cho qui reprit:
- Harry? Je voudrais que tu fasses une chose. Pour me rassurer.
- Quoi?
- Je voudrais que tu acceptes ton combat. Tant que tu t'y refuses, tu y es mal préparé.
- Tant que je m'y refuses, je peux l'éviter.
Elle secoua la tête:
- Tu ne peux pas l'éviter. Ce n'est pas à toi de décider. Tout ce que tu peux décider, c'est que faire du temps qui t'est imparti.
Une fois de plus, il garda le silence. Cho ajouta, tout doucement, comme si elle avait peur de se tromper:
- Il y a une personne dans cette école, qui veut t'aider. Laisse-toi faire, s'il te plaît. Arrête de fuir sans cesse.
- Comment tu sais tout ça? s'étonna Harry.
Mais elle ne dit rien et l'embrassa, et il ne put que répliquer à ses baisers. Elle lui caressa la nuque, les épaules, le torse, et il l'attira plus près de lui. Et dans ce petit cocon de chaleur et d'intimité réciproque, ils s'endormirent l'un contre l'autre.
– fin du chapitre 16 –
* bah oui! Vous croyez qu'un chat dans une gazinière a le temps de s'intéresser à l'esthétique des lieux? Non mais vraiment
Chronique de Ona-chan:
Wouâh! Je suis allée bien plus loin que prévu! Bon, pour informations, je suis chez moi, à l'ombre, à rédiger cette fic totalement futile alors que jai le bac de français demain matin et qu'il fait un soleil radieux dehors! Je suis folle! Honte à moi!
Mais avouez qu'ils sont quand même mignons, les tourteraux j'avais songé à les faire aller encore plus loin dès le premier soir, mais ç'aurait été trop précipité Et Ana, qu'est-ce que vous en pensez? Bon, d'accord, elle a piqué la place de Gardien dans l'équipe de Gryffondor et d'accord, elle n'est qu'une solution de rechange pour Ron Mais entre nous, elle est vraiment accro à lui! Ah, je n'en raconte pas plus vous verrez! Tout ça pour dire que j'aime beaucoup ce personnage. Je sais, je rajoute beaucoup de personnages féminins dans Harry Potter En fait, je trouve que les livres en sont vraiment dépourvus. Est-ce parce que Harry n'est pas encore à l'âge où on s'aventure au-delà du simple fantasme? Ça me paraît évident que J.K Rowling a laissé des pistes avec Cho Chang, et c'est pour ça que je les ai fourrés ensemble, ces deux-là. Après tout, si dans "La Coupe de Feu" il n'a que 14 ans, dans "Stratagème" (comme dans la plupart des autres fics d'ailleurs) il en a 15, ça commence à devenir le bon âge! Et puis c'est vrai qu'on a tous envie d'écrire des belles histoires d'amour ^_^ Belle, la mienne? Attendez de voir la suite!!! ^_^
Pour revenir aux personnages féminins: Ginny (que j'adore, je crois l'avoir déjà dit mais je le répète, encore et encore!), Ana, Sylverstelle, les surs Slight, Morgane bah oui, j'en rajoute. Je sais que j'ai reproché à des auteurs de trop faire tomber amoureux leurs personnages, et je sais que moi aussi je tombe dans ce travers mais tant pis. Oui, Ginny a un cavalier (il est roux!) et oui, Ana est amoureuse de Ron on verra bien où ça nous mènera!
Et Morgane, dans tout ça? Est-ce qu'elle était au bal? hé hé hé
Ona
PS: Pour ceux que ma vie personnelle intéresse: il y a quelques jours, j'ai glorieusement lâché devant mes meilleures amies et lectrices assidues, Epayss et Amarante, la vérité concernant Morgane Wakewage. Je n'étais même pas bourrée, non non! C'est sorti comme ça, paf. Honte sur ma tête. J'ai saccagé tout le suspence. Bouuuuh!!!!! _` _`
PPS: Oui, Epayss est aussi sur fanfiction.net. Mais c'est pas une raison pour aller lui demander de révéler ce qu'elle sait! Par contre, vous pouvez aller lire sa fic principale, Créatures Oubliées, elle est super!
Hi hi hi, je fais de la pub!
Ona
