Chapitre 20: Incendio
Drago Malefoy chiffona distraitement la lettre de son père, avant d'y mettre le feu. Très bien. Les ordres du Seigneur des Ténèbres, étaient clairs, il acceptait enfin d'accorder leur chance aux apprentis-Mangemorts de Poudlard. Drago n'allait pas le décevoir.
Il était assis dans un profond fauteuil d'une salle inoccupée, Sylverstelle adossée à ses genoux. Autour d'eux, un cercle d'une dizaine d'élèves, la plupart des Serpentards, attendaient ses instructions.
Drago regarda les cendres de la lettre voleter doucement. Quand elles touchèrent la moquette, il se tourna vers ses auditeurs et se lança:
- Les Peulards doivent être éradiqués, dit-il.
Les apprentis Mangemorts scandèrent en chur:
- Les Peulards doivent être éradiqués.
- Le règne du Seigneur des Ténèbres est proche.
- Le règne du Seigneur des Ténèbres est proche, répètèrent-ils.
- Bien, fit Drago en se levant. Pour commencer cette réunion, j'ai à vous présenter notre nouvel allié, et la personne à qui nous devrons rapporter nos actions jusqu'à la victoire finale. Voici l'un des plus proches serviteurs du Seigneur Sombre.
Ce disant, il tendait la main vers une zone d'ombre à proximité de la cheminée. Tous les apprentis Mangemorts fixèrent l'endroit avec perplexité, ouvrant de grands yeux hésitants ou secouant la tête doucement. Drago se délectait de les voir ainsi se demander de quoi il parlait. Oui, il était le seul à connaître ce secret-là, le seul à qui Voldemort avait alloué la connaissance.
- Ooh, fit Sylverstelle de ce ton évanescent qui était le sien, l'ombre bouge et se referme.
- En effet, ma douce, dit Drago en souriant de toutes ses dents.
Les autres apprentis Mangemorts, les Passemorts, comme eux-même s'appelaient, commençaient à se demander où était l'humour, et ce qui passait par la tête de leur chef. Mais soudain, une voix sortit de l'ombre, que Drago fut le seul à entendre:
- Arrête ce petit jeu, Malefoy. Passe-leur le mot.
- Ça va, j'allais le faire de toute façon, bougonna le Serpentard.
Il tendit à Sylverstelle le papier qui accompagnait la lettre de son père. Elle le lut, ses grands yeux sombres brillants d'excitation. Finalement, elle tendit le papier à son voisin et fixa l'ombre près de la cheminée, remuant doucement les lèvres. Un à un, tous les Passemorts lurent le papier et relevèrent la tête. À présent, tous pouvaient voir le Mangemort, debout dans l'ombre, sa capuche masquant en partie son visage. Les élèves remuèrent avec excitation.
- Un Sortilège du Secret, n'est-ce pas? fit un Serdaigle, le seul représentant de sa maison parmis les Passemorts. Qui en est le Gardien?
- Le même qui a rédigé cette note, dit l'homme. Notre Seigneur en personne.
Un frisson d'effervescence parcourut l'assemblée à l'idée que Voldemort Lui-même s'intéressait à eux.
- Rodulphus Lestrange, ici présent, est notre supérieur à l'intérieur de ce château, déclara Drago en prenant son ton de chef. Il est ici pour
- Je suis ici pour une mission confiée par le Seigneur des Ténèbres et que je peux très bien expliquer moi-même, merci, Malefoy, dit sèchement Lestrange. Assied-toi avec les autres.
Livide et essayant de masquer sa rage, Drago obéit. Il écouta le Mangemort expliquer en détails le plan. Quand il eût fini, tous les Passemorts s'agitèrent et échangèrent des regards enthousiastes.
- Je vous reverrai ici dans une semaine, déclara l'homme de son ton glacial. Soyez au rendez-vous et ne vous faites pas prendre. Maintenant que vous êtes dans le secret de ma présence, la vengeance du Seigneur des Ténèbres sera terrible si vous le trahissez. Terrible
Les élèves sortirent de la salle de rendez-vous en échangeant des propos murmurés. Ils savaient qu'ils ne devaient pas se faire remarquer, et chacun emprunta un chemin différent pour regagner sa salle commune. Quant à Drago, il prit Sylverstelle par la taille et l'entraîna dans une direction au hasard.
- Le Mangemort a été très méchant avec toi, pauvre Drago, fit-elle de sa voix étrange.
- Mmh, dit-il en gonflant le torse. Je ne me laisserai jamais dominer par un simple sous-fifre du Maître. Je n'ai obéi que pour préserver le calme de la réunion, mais j'attends mon heure.
- Ooh, je sais que tu l'attends.
Quand elle parlait, on avait toujours l'impression que l'esprit de Sylverstelle était aillleurs. Pourtant, ses remarques étaient sensées. Mais elles paraissaient évanescentes.
Ils étaient dans un couloir désert. Drago s'arrêta pour faire face à sa Dame. Il sentait un désir violent, animal, monter en lui. Il l'embrassa, et elle rit dans son cou:
- Que tu es fougeux, mon petit Chevalier! L'ombre et la flamme, vraiment
Et, comme il la collait au mur pour mieux l'embrasser, elle dodelinait de la tête. Soudain, elle poussa un cri:
- Ooh, ça arrive bientôt! Drago, c'est pour bientôt.
- Quoi? fit-il en s'arrachant à son étreinte. Qu'est-ce que tu as vu, mon ange?
Elle sourit largement, les yeux dans le flou.
- La flamme tombe et tranche, chuchota-t-elle. Il sera bientôt là, mais ce n'est pas ce que nous pensions.
- Quoi? Ça va se passer comment?
- Je ne sais pas, je ne sais pas, gémit-elle en se prenant la tête entre les mains. Il arrive, mais l'autre s'est bien préparé. Le combat sera long, magie contre magie, magie contre magie, oui
Sa voix devenait plus aiguë, alors que la vision s'affirmait. Drago la sentit s'affaisser et la soutint. Ses doigts aux ongles longs se crispèrent sur ses joues, sur ses yeux
- Ooh, je vois les Peulards ils ont peur, mais ils se sont préparés malgré tout. Ils ne s'attendent pas à ce qu'Il leur amène Mais elle! Drago. Elle, elle sait! Elle va tout faire pour les pousser à combattre et il la suit, il a fini par perdre. Il la suit
- Wakewage, fit Drago.
Ça n'était pas une question. Une seule personne au monde, à part Dumbledore, pouvait vouloir forcer Potter à combattre Voldemort, et Sylverstelle avait dit "elle". Le temps était venu d'une nouvelle petite visite à la Gryffondor rénégate
- Viens, dit-il en la tirant par la main. On va voir quelqu'un.
- Oh, c'est vrai? fit-elle de son ton planant.
La vision était finie, Sylverstelle retrouvait peu à peu ses esprits. Elle le suivit, alors qu'il descendait des escaliers et enfilait des couloirs, allant toujours plus bas dans les fondations du château. Ils arrivèrent finalement à cet endroit où il était venu, plusieurs mois auparavant, et où le sol s'était ouvert sous ses pieds. Cette fois, il prit bien soin de contourner la trappe, qui s'ouvrit méchament comme ils passaient à côté d'elle. Dessous, ils virent la grotte noire et humide, éclairée seulement par le trou de la trappe, au fond de laquelle il savait se trouver un lac marécageux qu'il ne connaissait que trop bien.
Ils continuèrent plusieurs mètres durant, découvrirent un escalier, le prirent. Drago ne savait pas comment retrouver la salle aux statues sans passer par le marécage, mais il savait qu'ils se trouvaient une dizaine de mètres trop haut.
Finalement, la chance leur sourit: Drago reconnut les armures et les tapisseries qui signalaient le couloir par lequel il était sorti de la salle de Wakewage. Poussant une porte dont il était à peu près sûr qu'elle était la bonne, ils trouvèrent une salle de classe tout à fait banale, avec des tables et des chaises couvertes de poussière. Désapointé, il referma la porte et ouvrit la suivante. C'était la bonne.
La salle était encore plus immense que dans son souvenir, et garnie de centaines de statues en marbre, représentant toutes sortes de Sorciers, et même d'autres créatures. Et en son centre, à plus de trois cents mètres de l'entrée, il y avait de grands éclairs de magie folle.
Drago et Sylverstelle marchèrent jusque là. Leurs pas résonnaient sur le marbre gris, et Wakewage devait être alertée de leur présence, à présent.
Et pourtant, elle ne sortit pas du cercle où elle était assise. En fait, c'était comme si elle ne les avait pas entendus. Elle leur tournait le dos, exactement comme la dernière fois, sauf qu'alors Drago était entré par l'autre côté de la salle. Avait-elle décidé de surveiller la porte par laquelle il avait surgi, craignant qu'il ne revienne? Ou était-ce un hasard?
Mais alors qu'il allait lancer une moquerie pour se signaler, la voix tranchante de la Gryffondor l'arrêta:
- Je vous ai vu, Mangemorts.
Une pause, pendant laquelle il chercha à comprendre si elle parlait de lui et de Sylverstelle. Puis il ricana:
- Non non, pas Mangemorts, désolé. Pas encore.
Wakewage pivota lentement pour leur faire face. De la magie volait de toutes parts.
- C'est une manie de surgir pendant mes rituels? fit-elle avec une haine méprisante.
- Ouais, ça commence à me plaire, fit Drago avec la même haine méprisante (il était au moins aussi doué qu'elle sur ce plan-là). Je crois que je vais venir plus souvent.
- Et tu amène ta racaille de Serpentard avec toi, cracha-t-elle en désignant la fille aux longs cheveux blancs.
Drago allait se jeter sur Wakewage et lui faire ravaler ça, mais Sylverstelle rigola doucement et dit:
- Oh, oui, il m'emmène partout. Vois-tu, nous, les Serpentards, ne sommes pas liés par certaines considérations stupides, telles que la pitié.
Et, ce disant, elle donna un grand coup de pied qui effaça tout un pan du dessin de Wakewage.
Quand Drago avait fait ça, elle l'avait reçu comme un coup physique, extrêmement douloureux. Il s'était attendu à la voir hurler de nouveau, mais cette fois-là, elle bondit sur ses pieds et sauta à la gorge de Sylverstelle. Les deux filles roulèrent à terre et se battirent comme des chiffonières. Drago allait saisir Wakewage par les cheveux et libérer sa Dame, mais déjà celle-ci avait maîtrisé son attaquante.
- Justement, cracha-t-elle en maintenant Wakewage au sol d'une poigne de fer, ça tombe bien, Drago et moi avions l'intention de te poser quelques petites questions.
- Tu devrais peut-être la laisser respirer si tu veux qu'elle nous réponde, mon ange, conseilla tranquillement Drago.
Mais Wakewage rua, se tordit et se débattit tant et si bien qu'elle finit par rejeter Sylverstelle sur le côté, et avant que Drago ait pu faire quoi que ce soit, elle les tenait tous deux en joue avec sa baguette.
- Ooh, regarde Drago! fit Sylverstelle en se relevant. La vilaine Gryffondor se défend, et avec une baguette! Dangereuse baguette! Vilaine Wakewage, vilaine!
Puis, inclinant la tête et faisant rouler ses yeux comme un serpent, comme Drago l'avait déjà vue faire quand on lui résistait, elle siffla:
- Baisse ta baguette, vilaine petite Morgane, ou ce sera la dernière chose que tu auras fait dans ta misérable vie!
- Essaye toujours de me l'arracher, dit tranquillement Wakewage. Je te prends en duel quand tu veux. Tous les deux, si vous voulez.
Mais Drago éclata de rire, ce qui sembla la dérouter:
- Tu ne doutes de rien! Et tu crois qu'on va se battre à deux contre toi, comme ça? Très bien si tu veux souffrir Expelliarmus!
Malheureusement, cela ne fonctionna pas: elle était prête, et avait déjà dressé un bouclier avant que le sort ne la frappe. Aussitôt, elle répliqua d'un "Tarentalegra! " et Drago se mit à danser incontrôlablement. Tout en tentant de calmer ses jambes, il entendit Sylverstelle lancer un Stupéfix, qui ricocha sur le bouclier et endommagea une statue proche. Wakewage cria "Trepido! " et le sol se mit à trembler, à gronder, à se craqueler, mais la Serpentarde avait eu le temps de libérer Drago du charme qui le faisait danser, et tous deux se jetèrent à terre. À l'aveuglette, parmi les tressaillements de la terre en éruption, il parvint à lancer un "Petrificus totalus! " mais ne put voir s'il avait fait mouche. De grosses fissures se formaient à présent dans le marbre, qui se contractait et se craquelait comme de la roche.
Puis le phénomène se dissipa, et les deux élèves se relevèrent, mais ce fut pour être immédiatement pris dans un tourbillon de magie qui les fit valser au loin. Mais ils se remirent sur leurs pieds rapidement, et braquèrent leurs baguettes sur Wakewage
Qui braquait la sienne sur eux.
- Ok, on fait quoi, là? fit-elle d'un ton sarcastique.
- Nous pourrions t'avoir en un instant, Wakewage, dit Drago. Nous sommes deux contre un.
- Bravo, se moqua-t-elle, tu sais compter. Maintenant, je vais te dire ce que j'en pense: je suis plus rapide que vous deux réunis, et je me bats bien mieux. Si vous esquissez ne serait-ce qu'un Expelliarmus, j'en envoie au moins un des deux dans les pommes.
- Elle ne plaisante pas, Drago, dit Sylverstelle de sa voix amusée.
On aurait dit qu'elle riait intérieurement de la situation. Drago, lui, n'avait pas envie de rire, et il était en train de chercher comment sortir de là, quand il lui vint une idée:
- Ok, dit-il, alors tu réponds à nos questions, et il se pourrait bien qu'on ne te dénonce pas à McGonagall. Je ne suis pas sûr qu'elle soit au courant de tes agissements au milieu de la nuit
Mais elle agita sa baguette méprisemment; le bout de celle-ci était à vingt centimètres du nez de Drago.
- C'est plutôt vous qui allez répondre aux miennes, petits Mangemorts de pacotille. Ou je vous ferai cracher du sang par les oreilles pendant une semaine. Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici?
- À ton avis? T'interroger.
- Ah ouais? À quel sujet?
- Devine! lança ironiquement Drago. Par exemple, sur ce qu'une Gryffondor fiche à réaliser des enchantements toutes les nuits.
- Tu as la mémoire courte, Malefoy. Je te l'ai déjà dit la dernière fois.
- Je le sais bien, répliqua-t-il, agacé. Ce que je veux savoir, c'est qu'est-ce que tu essayes de faire à Potter?
- Rien qui te concernes, cracha-t-elle.
- Mauvaise réponse! dit joyeusement Sylverstelle, lançant à nouveau son regard de prédateur par-dessus les trois baguettes croisées. La petite Morgane ne veut pas être sincère Mais comment y remédier? Elle nous tient en joue, et nous la tenons aussi
- Ne te fais pas de soucis, ma douce. Elle nous répondra.
- Vraiment? ricana Wakewage. Pleure, Malefoy! Tu peux courir pour l'avoir, ta réponse!
- Ooh, et elle est malpolie gémit Sylverstelle. Il faut faire quelque chose, il faut!
- Sortez d'ici, grinça l'autre. Sortez immédiatement et ne revenez jamais, et il se pourrait que Dumbledore continue à tout ignorer des agissements des Passemorts.
La phrase fit l'effet d'un coup de tonnerre juste sur leurs têtes: Drago et Sylverstelle reculèrent d'un coup, abasourdis et terrassés. Elle savait! Mais comment? Qui avait parlé? Et surtout qu'allait dire Lestrange? Allaient-ils être punis? À cette idée, Drago se mettait à trembler incontrôlablement. Sylverstelle n'était pas mieux, et elle vint se blottir dans ses bras en gémissant:
- Oouh, la Gryffondor est au courant! Vilaine, vilaine, comment a-t-elle su? Il faut la tuer, mon ange, il faut! Elle ne peut pas savoir ça, c'est interdit, nous seuls le savons! Il ne faut pas que ça se sache dans le château! Mais comment l'empêcher d'aller raconter?
- Je ne dirai rien si vous ne dites rien sur moi, et si vous ne revenez plus jamais ici, fit Wakewage. Je n'en ai rien à faire, de vos petites réunions secrètes, vous pouvez continuer à vous faire des illusions si ça vous chante. Mais si vous entrez à nouveau dans cette salle
Elle laissa traîner son ton de manière significative. Drago n'avait pas l'intention de se laisser faire. Il commença à reculer, Sylverstelle toujours serrée contre lui, et cria:
- Tu auras des nouvelles du Seigneur des Ténèbres, Morgane Wakewage! Prends garde à toi!
- Qu'il vienne! cria-t-elle comme une hystérique. Ce vieil ami à moi, qu'il vienne! Je l'accueillerai avec joie!
Et alors que les deux Serpentards regagnaient rapidement la sortie ils entendirent résonner son rire, et c'était un rire de démente.
Le mois de mars fut extrêment pluvieux. Toute trace de neige avait fondu dans le parc, et il n'y avait plus qu'un vent humide et glacé qui sifflait dans les couloirs et gelait les élèves. Drago avait pris l'habitude de passer par les couloirs situés le plus loin des murs extérieurs, ceux où il faisait le moins froid. Cela l'obligeait à faire des détours, et plusieurs fois Rusard les surprit, lui, Crabbe et Goyle. Mais même si le Cracmol n'aurait pas hésité à donner une punition simplement pour les avoir trouvé à un endroit insolite du château, il n'osait pas s'en prendre à un Malefoy. Drago et ses compagnons jouissaient donc d'une parfaite impunité.
Ce jour-là, en arrivant devant la salle de Défense contre les Forces du Mal, il surprit une conversation. Immédiatement, il se plaqua contre le mur, tout près de la porte, et fit signe à ses deux trolls de se taire. Il avait reconnu les voix sans difficultés: l'une était celle du Weasley, le "professeur" duquel ils avaient l'honneur de recevoir des "cours", et la deuxième n'était autre que Dumbledore.
- Ça ne sera plus très long, disait le chef des Peulards. Une question de semaines, plus de mois.
- Croyez-vous? Il n'y aucun signe
- C'est bien ce qui m'inquiète, coupa l'amoureux des Moldus. Aucun signe, en effet.
- Sera-t-il prêt? demanda Weasley.
- Lui? À n'en point douter.
- Non. Vous savez de qui je parle.
- Ah (Dumbledore marqua une pause). Ce n'est plus de nous que cela dépent.
- En êtes-vous sûr? Je ne vois aucun signe que l'autre n'y arrive mieux que vous ne le feriez.
- Aucun signe, oui murmura pensivement Dumbledore. Maintenant, je vais vous laisser, Bill Vos élèves attendent. Bon cours.
Drago regarda le directeur sortir, déconcerté, mais l'homme ne lui prêta pas attention. Weasley sortit à son tour pour attendre les élèves; les autres Serpentards commençaient à pointer leur nez au bout du couloir.
- Allez, rentrez, dit le "professeur" en retournant à son bureau.
Drago échangea un regard avec Crabbe et Goyle, qui pouffèrent. Encore un cours de Défense contre les Forces du Mal qui s'annonçait marrant.
- Et quand tu as lancé cette Bombabouse, Drago! s'esclaffait Pansy Parkinson. Ça c'était bien joué! Il ne savait plus où donner de la tête!
- Et c'est normal, il n'en a pas, fit Drago, fier de lui.
Les Serpentards descendaient dans la Grande Salle pour le déjeuner. Un essaim d'admirateurs s'était formé autour du garçon, comme à son habitude. Pansy n'en pouvait plus d'admiration, Milicent Bulstrode ne pouvait plus s'arrêter de rire et même Ken Bundy paraissait content de la manière dont ils avaient mené la pagaille, malgré sa haine pour Drago.
- Mais le mieux, poursuivait Pansy, c'était l'Endommagus sur le prof! Là, j'avoue, tu as bien visé! Il était juste derrière Goyle quand tu l'as lancé.
- Un Weasley devrait savoir qu'il ne faut pas se mettre du mauvais côté de la baguette quand on a affaire à un Malefoy, dit fièrement Drago.
Ils arrivaient dans le Grand Hall, et il aperçut les Gryffondors qui descendaient de leur tour. À la traîne, le regard vide et l'air martyrisé, venait Potter. Ses amis, le pouilleux et la Sang-de-Bourbe, marchaient devant: ils ne lui parlaient apparemment plus, ou alors c'est Potter qui ne répondait pas. Drago ne put résister à la tentation: encore grisé par son succès auprès de ceux de sa classe, il se détacha du groupe pour marcher droit sur son ennemi favori.
- Alors, Potter? lança-t-il. Une petite déprime? Qu'est-ce qui t'arrive, tu fait encore des gros cauchemars?
- Ta gueule, Malefoy, gronda le Gryffondor.
- Et tu n'as plus de répartie, en plus! railla-t-il. Pauvre petit Potter il a l'air bien malheureux. Tu as écrit à ta maman? Oups, c'est vrai, j'oubliais que tu ne peux pas lui écrire elle doit être bien soulagée d'être morte!
Le regard que le garçon leva sur Drago était si noir, si plein de haine, qu'il le fit hésiter un instant. Mais seulement un instant, et il se reprit bien vite en avançant encore plus près, le torse gonflé, l'air fier.
- Tu sais, Potter je me suis toujours demandé comment ils avaient pu te mettre au monde. Ils devaient vraiment être désespérés enfin, si ça se trouve, ils ont pas supporté. C'est peut-être même eux qui ont demandé à Black de les trahir. Ils en avaient marre de te supporter, alors ils
Mais il ne put pas finir. Au mot "Black", Potter avait bondi avec une telle violence que Drago perdit l'équilibre et qu'ils roulèrent tous deux sur le sol dallé. Il était en position d'infériorité, Potter lui immobilisait les bras, et surtout le Gryffondor donnait des coups de poings et de pieds d'une puissance incroyable. Drago essaya de se débattre, mais déjà il sentait sa conscience s'enfuir, à mesure que les coups pleuvaient et lui obscurcissaient l'esprit. Il vit tout de même Crabbe et Goyle se précipiter à son aide, et Weasley, Granger, Dean et Londubat tenter de retenir Potter, mais celui-ci fit un geste de son bras qui envoya tout le monde valser en arrière dans un déferlement de magie. C'était incroyable. Il ne tenait même pas sa baguette. Drago avait déclenché une rage comme il n'en aurait jamais espéré, mais maintenant il en faisait les frais, et ses yeux commençaient à se voiler sous les coups
- POTTER!
La voix résonna sur tous les murs et fit trembler les sabliers géants. Potter stoppa ses coups, mais ne relâcha pas Drago pour autant. Celui-ci luttait contre l'évanouissement.
Mc Gonagall arriva à grands pas furieux et écarta violemment le Gryffondor. Pansy se précipita pour aider Drago à se relever, mais il repoussa son bras. Sa tête tournait et le sang pulsait violemment contre ses tempes. Il s'assit douloureusement pour voir ce qui se passait.
Mc Gonagall avait repoussé Potter contre un mur et elle hurlait comme une hystérique:
- ON N'A JAMAIS VU JAMAIS UNE VIOLENCE MALADIVE, POTTER, MALADIVE! JE N'EN CROIS PAS VOUS DANS MON BUREAU, POTTER, IMMÉDIATEMENT! ET N'ESPÉREZ PAS VOUS EN TIRER APRES UNE SCENE PAREILLE!
Sans un mot, Potter se dirigea vers les étages et disparut. McGonagall se tourna brièvement vers Pansy, lui ordonna d'emmener Drago à l'infirmerie, puis suivit son élève. La victoire était totale. L'ennemi allait être renvoyé sans tarder. Pour un tel résultat, ça valait bien un nez cassé et un après-midi à l'infirmerie.
- Oh! s'ecria Pomfresh en le voyant entrer, suivi de près par son troupeau de Serpentards, mais marchant sans aide. Qu'est-ce que vous avez encore fabriqué, Malefoy?
- Ça ne vous regarde pas, dit-il hargneusement. Je suis ici pour que vous me soigniez, pas pour répondre à vos questions.
Pomfresh se renfrogna, mais elle ne lui retira pas de points, et de toute façon il n'était pas sûr qu'elle ait le droit de le faire. Elle le fit s'assoir et lui donna à boire une potion fumante.
- Sortez tous! ordonna-t-elle aux Serpentards, tandis que Drago sentait un étrange tiraillement sur le haut du crâne et que d'étranges choses blondes obscurcissaient sa vue. Se regardant dans une glace, il s'aperçut qu'il était désormais paré de deux petites cornes oranges et que ses sourcils descendaient jusqu'au joues.
- Aarh! fit-il. Enlevez-moi ça!
- Ce sont les effets de la potion, Mr Malefoy, dit tranquillement l'infirmière. Ça disparaîtra dans vingt-quatre heures.
- Je ne veux pas rester vingt-quatre heures avec des cornes! Enlevez-les moi!
- Je ne peux pas, à moins que vous teniez à ce qu'elles repoussent en deux fois plus longues. Et maintenant, reposez-vous.
Il obéit et s'allongea sur le lit. Il l'entendait marmonner tandis qu'elle allait d'une armoire à une autre, rangeant des bouteilles et préparant des mixtures.
Soudain, il remarqua un élève dans un des lits, une Poufsouffle de première ou deuxième année. Elle était inconsciente.
- Qu'est-ce qu'elle fait là, elle? s'enquit-il.
- Ça ne vous regarde pas, Mr Malefoy.
- Surveillez votre langage, dit-il froidement. Je vous rappelle que mon père est au conseil d'administration.
- Je n'ai pas peur de votre père, fit Pomfresh d'un ton au moins aussi glacial. Cette élève a été attaquée par une créature inconnue, dans l'une des para-réalités qui infestent les couloirs de ce château. Ça vous va?
- Ouais, fit Drago.
Mais il regardait attentivement la fille. Il connaissait son nom, il l'avait sur le bout de la langue. N'était-ce pas Rosie quelque chose? Rosie Macmillan?
Harry s'assit devant le bureau de Mc Gonagall. Il ne l'avait jamais vue aussi furieuse. Son teint était livide, ses yeux paraissaient prêts à lui sortir de la tête.
- Je n'en reviens pas de ce que vous avez fait, Potter! Mais qu'est-ce qui vous a pris? Etes-vous tombé sur la tête? Savez-vous quelle punition vous encourez? Vous auriez pu le tuer!
- Et je l'aurais fait avec plaisir, dit froidement Harry. Il le méritait.
- Non, non, non! Potter, je ne sais pas ce qui vous passe par la tête en ce moment, mais votre comportement est inadmissible! Revenez sur terre, ou vous serez expulsé! Oui, parfaitement, expulsé! Votre coup d'éclat d'aujourd'hui ne peut rester impuni, Potter, et j'entends que vous alliez vous excuser platement auprès de Mr Malefoy!
- Ah ouais? fit Haary avec véhémence. Qu'il s'excuse le premier, alors. Il l'a bien cherché, ce qui lui est tombé dessus.
- Potter, la violence ne résout rien! Qu'est-ce que vous auriez fait, si vous l'aviez tué?
- Je ne l'aurais pas tué.
- Bien sûr que si! Vous utilisiez la magie pour amplifier vos coups! C'est formellement interdit! Cela ne se fait pas!
- Ah, parce que ça se fait de promener partout comme le prince de l'école? De se moquer de tout le monde sous prétexte qu'on a un père influent? De jouer à frapper là où ça fait mal, juste par plaisir sadique? Oui, je l'aurais tué, et j'en aurais été heureux! Au moins, ça aurait fait un serviteur de moins pour Volde
- TAISEZ-VOUS, POTTER!
Elle s'était dressée sur sa chaise comme un diable hors de sa boîte. Ses yeux lançaient des éclairs.
- Quand comprendrez-vous qu'on ne PEUT PAS accuser les gens comme ça? Lucius Malefoy est un Sorcier respectable, et son fils le sera aussi! Vous ne pouvez pas crier au Mangemort, simplement parce que vous le détestez!
- Mais tout le monde sait ce qu'il est! Tout le monde le sait!
- MAIS CE N'EST PAS UNE PREUVE! Il y a de grands enjeux politiques là-derrière, Potter, et vous n'en avez aucune idée! Vous vous baladez, à raconter à tout le monde des choses qu'ils ne veulent pas entendre, mais vous n'avez aucun tact! Laissez faire les autres, si vous êtes incapable de ne pas tout envoyer en l'air!
- Vous parlez comme Rogue, dit amèrement Harry.
- Professeur Rogue! Et je parle comme une Sorcière outrée qui a vu un de ses meilleurs élèves tenter d'en tuer un autre! Je n'aurais jamais cru ça de vous, Potter!
Harry ne répondit rien. Il savait qu'il avait fauté, mais la haine de Malefoy brûlait en lui comme un feu inextinctible.
- Mais qu'est-ce qu'il a bien pu dire pour vous mettre dans un tel état? demanda Mc Gonagall plus doucement.
- Il a insulté mes parents, dit-il d'une voix sourde. Et il a parlé de de Black.
Le comportement du professeur de Métamorphoses changea du tout au tout. En un instant, elle était devenue douce et immensément triste:
- Harry, je sais que le choc mais il faut vous y faire, Sirius vous a caché son vrai visage et
- Vous savez? demanda-t-il brusquement.
- Je vous rappelle que je suis aux côtés de Dumbledore, dit-elle. Évidemment, je sais.
- Et vous est-ce que vous qu'est-ce qu'il vous a dit?
- Il m'a répété ce que vous lui aviez rapporté. Le revirement de Sirius, et qu'il avait essayé de rendre la vie au corps vidé de Barty Croupton. Il a échoué.
Harry gardait les yeux baissés sur ses mains. Il ne devait pas laisser sa voix se casser, ni se yeux devenir humides. Il devait le haïr, le haïr, c'était primordial.
- Je sais que ça n'est pas facile, Harry, fit gravement Mc Gonagall. Mais il faut vous contenir. Vous ne pourrez pas toujours laisser parler vos poings à votre place.
Il hocha la tête amèrement.
- Vous pouvez partir, dit-elle.
Il se leva, sans cesser de contempler ses pieds. Il était à la porte lorsque
- Potter?
- Oui? fit-il sans se retourner.
- Vous aurez une semaine de retenue. Tous les soirs.
Il sortit sans dire un mot.
- Les Peulards doivent être éradiqués.
- Les Peulards doivent être éradiqués.
- Le règne du Seigneur des Ténèbres est proche.
- Le règne du Seigneur des Ténèbres est proche.
Rodulphus Lestrange s'adossa à la cheminée et contempla son groupe de Passemorts avec satisfaction. Dans la pénombre, ses yeux étaient encore plus effrayants.
- Un mot pour commencer cette réunion? demanda-t-il à Drago.
Celui-ci se leva et fit face au groupe:
- Nous sommes ici pour recevoir les nouvelles instructions de notre Maître. Les dernières ont été parfaitement exécutées, grâce à votre coopération et à votre discrétion. Bravo à tous. Le Seigneur des Ténèbres est fier de nous.
Il observa les visages à la recherche d'un signe révélateur, d'enthousiasme ou de faiblesse, et poursuivit fièrement:
- Le Mangemort Lestrange va maintenant nous donner ses nouveaux ordres.
Il s'assit et écouta avec les autres le Sorcier qui exposait le plan suivant. Quand ils entendirent de quoi il s'agissait, tous les Passemorts ouvrirent de grands yeux et échangèrent des murmures excités.
- Silence! ordonna Drago. Laissez finir le Mangemort Lestrange.
- L'action aura lieu dans les jours qui viennent, fit celui-ci. Je vous en avertirai de manière détournée, grâce à ceci.
Il fit passer un sac en tissu dans les rangs, et chacun en retira un petit cristal noir, à priori anodin, comme ceux qu'on utilisait pour faire de la magie à l'aide de pentacles tracés au sol et de bougies parfumées.
- Gardez les toujours dans votre poche, ordonna le Mangemort. Ils se mettront à brûler au moment de l'action, et vous saurez qu'il est l'heure de gagner votre poste. Si vous êtes en présence de personnes extérieures à notre organisation à ce moment-là, prenez garde à ne pas tous quitter la salle en même temps. Prenez des chemins différents, et ne parlez jamais de ceci! Même entre vous! Les murs ont des oreilles. La séance est levée.
Tous les Passemorts se levèrent et quittèrent la salle peu à peu, discutant à voix basse de l'action dans laquelle ils s'impliquaient. Drago, lui, resta pour parler à Lestrange.
- Ouais? demanda celui-ci en le voyant qui attendait.
- J'ai vu une Sang-de-Bourbe à l'infirmerie l'autre jour
- Tant mieux pour elle. Et alors?
- Est-ce que ça fait partie de vos actions?
Lestrange lui jeta un regard plein de noirceurs, mais il répondit toujours aussi tranquillement.
- Tu es le fils de Lucius, hm?
Drago acquiesça.
- Ton père ne t'a jamais appris que dans une organisation comme la nôtre, il y a des questions qu'il vaut mieux ne pas poser à ses supérieurs?
- Ça veut dire que c'est bien vous qui l'avez attaquée? insista Drago sans se laisser démonter.
- Qu'est-ce que je viens de te dire, mon garçon?
- Les mini-mondes dans les couloirs c'est vous?
Lestrange se tourna vers la cheminée, sortit une pipe et une blague à tabac de sa poche. Il fourra la pipe de tabac, l'alluma et tira une bouffée. Puis, dans un nuage de fumée, il dit:
- Déguerpis.
Drago obéit. C'était perdu pour cette fois, mais ce n'était que partie remise. Il retrouva Sylverstelle qui l'attendait à la porte et referma celle-ci. Dans la salle, un Mangemort invisible à tous sauf à une dizaine de Passemorts fumait tranquillement la pipe.
Contrairement aux cours de Défense contre les Forces du Mal, les cours de Duel étaient plutôt calmes. D'abord parce que les Serpentards s'y intéressaient, plus qu'à ceux du Weasley, et ensuite parce que l'Auror qui les enseignait n'aurait donné à personne l'envie de chahuter. En fait, il était si effrayant que même Drago, pourtant rarement concerné par la notion d'autorité, fermait sa bouche et gardait ses sarcasmes pour lui.
Ce jour-là, Funestor leur enseigna un sort d'immobilisation difficile à briser, l'Incarcerem, qui enfermait l'adversaire dans un cristal résistant à toute épreuve. Malheureusement, le sort devait être très puissant pour que le cristal dure, et tous ceux que Drago réussit à créer s'évanouirent en quelques secondes. Malgré tout, il était de plus en plus ravi, à mesure qu'augmentait sa science du Duel, et il n'attendait qu'un jour: celui où il pourrait enfin se mesurer à Potter à armes égales. Sans être pris par surprise, comme l'autre fois. Il digérait très mal l'humiliation des vingt-quatre heures passées à l'hôpital avec des cornes sur le front et des sourcils démesurés.
Justement, ce jour-là, ils avaient Soin aux Horribles Créatures Magiques avec le demi-géant et les Gryffondors en prime. Ils se rendirent à la cabane du monstre sous une pluie battante, râlant et maugréant. Le cours promettait d'être affreux.
Il le fut. L'homme-éléphant avait ramené des Musards, des sortes d'escargots géants ayant la paticularité hors norme de brûler toute la végétation sur laquelle ils passaient à cause de leur bave venimeuse. Gros comme la tête à Potter, leur couleur évoluait lentement et en permanence: au début du cours, celui de Drago était bleu-vert, tandis qu'après deux heures il était passé à un fantastique vert caca-d'oie. Crabbe eut la remarquable intelligence de toucher à la traînée de son Musard, et il fut envoyé à l'infirmerie avec un doigt à moitié rongé par l'acide.
À part ça, Drago passa surtout le cours à observer Potter et ses réactions: il voulait être capable de juger de son état, pour savoir quelles insultes lui envoyer et comment le pousser à bout, tout en étant prêt à se défendre. Il avait été extrêmement déçu d'apprendre que Potter n'était pas renvoyé, et il avait bien l'intention que le prochain combat soit le dernier du Survivant. Jamais le professeur Rogue ne lui avait autant manqué: il aurait souhaité de toutes ses forces qu'il soit là pour le favoriser, pour enfoncer Potter toujours plus. Il avait perdu un de ses avantages sur Potter depuis que Rogue avait disparu de la circulation.
C'est ce même jour, en sortant de son cours de Runes, que Drago sentit tout à coups une vive brûlure au niveau de sa poche. Il plongea la main dedans par réflexe, et en ressortit le cristal. Le signal.
Prenant l'air le plus naturel possible, il quitta le groupe de Serpentards qui se rendaient à la Salle Commune et marcha vers la volière. Mais les couloirs étaient pleins d'élèves qui rentraient dans leurs salles communes, et Lestrange avait bien spécifié: ne vous faites pas voir.
Alors il se dirigea ailleurs, vers les toilettes des garçons. Il n'y avait personne, par chance. Il entra dans un cabine, s'assit sur le couvercle et se concentra.
Cela lui prit du temps pour être sûr de lui, peut-être dix minutes, peut-être plus encore. Il ne maîtrisait pas ça depuis très longtemps, Lestrange venait juste de leur apprendre, mais Drago était le plus doué de tous les Passemorts, et c'est pour ça que c'est à lui qu'était revenue la charge de la volière, la plus risqué.
Finalement, il se leva et sortit de la cabine. Personne à droite, personne à gauche, il quitta les toilettes.
Dans les couloirs, c'était beaucoup plus risqué, car des gens pouvaient passer et voir une silhouette bouger, une silhouette en forme de Drago Malefoy. Aussi, dès qu'il voyait quelqu'un, il se jetait contre le mur et restait parfaitement immobile. Le sortilège d'invisibilité, obtenu par la concentration, lui garantissait alors que personne ne le remarque. En fait, il n'était pas vraiment invisible. C'était plus comme s'il obligeait les gens à ne pas le voir. Leurs regards glissaient sur lui comme sur du vide; mais s'il était en mouvement, on pouvait le percevoir.
Il arriva sans trop d'encombres à la volière et en ferma la porte. Ouf. Elle était vide. Drago savait parfaitement ce qu'il avait à faire. Sans attendre, il leva sa baguette mais il s'arrêta, car il venait de remarquer une présence derrière lui.
- Pas mal, ton sortilège d'invisibilité, dit Rodulphus Lestrange. J'ai failli me laisser prendre.
- Je croyais que c'était moi qui devais m'occuper de la volière, chuchota Drago, conscient qu'on pouvait l'entendre.
- Oh, oui, c'est bien toi. Je ne fais que superviser.
- D'accord. J'y vais, alors.
- Ne te gênes pas.
Drago leva encore sa baguette, mais à nouveau il arrêta son geste:
- Pourquoi on fait ça? demanda-t-il.
Lestrange prit une voix pleine d'amusement sadique pour dire:
- Oh! mon petit Passemort-chef a des doutes? Tu veux trahir ton Maître, Dragounet? Tu sais ce qui arrive à ceux qui le font?
- Je ne suis pas encore de ses serviteurs, dit Drago en gardant la voix basse, sachant que si personne ne pouvait entendre Lestrange à cause du Sortilège du Secret, ça n'était pas son cas à lui. Juste un apprenti. Mais il ne me viendrait jamais à l'idée de le trahir, non. J'ai trop à gagner en le suivant. Ce que je voulais dire, c'est: pourquoi cette action? Quel est l'intérêt? Les Peulards auront maîtrisé le phénomène en quelques minutes, et ce n'est même pas une action signée de la Marque des Ténèbres.
- Tu commences à percevoir en quoi consiste le travail d'un Mangemort, Malefoy, fit Lestrange; puis il prit une voix tranchante pour ordonner: Obéis et tais-toi!
Drago haussa les épaules et prit délibérement son temps, avant de lever une troisième fois sa baguette et de murmurer:
- Incendio!
Un jet de feu jaillit de la baguette et frappa le sol couvert de paille et d'excrément d'oiseaux. Drago poursuivit, promenant la langue de feu sur toute la surface de la volière. Les oiseaux, réveillés en sursaut, poussaient des hululements avant de s'envoler précipitament.
Il restait une touche finale à donner: reculant pour dominer l'ensemble du foyer, le garçon lança un sort de conservation aux flammes, puis un autre de propagation. Ainsi, le feu s'étendrait vite et il serait difficile à éteindre.
Espérant qu'il y avait mis assez de force, il tourna bien vite les talons et s'enfuit pour échapper à l'infernale fournaise qui montait déjà.
Le dessert venait d'être servi quand Rusard rentra en courant comme un fou dans la Grande Salle:
- Professeur Dumbledore! Le feu! Le feu!
Aussitôt, le chef des Peulards se leva, imité par son caniche de McGonagall et par les autres. De nombreux élèves commençaient déjà à paniquer, mais Drago resta calmement assis et observa la scène d'un il intéressé.
Dumbledore sortit à grands pas. McGonagall fit taire la salle et déclara:
- Regroupez-vous par maisons! Les Préfets, menez vos groupes! Nous allons sortir dans le parc.
Dans un brouhaha, les groupes se formèrent et se dirigèrent vers la sortie. Des étages montait une odeur de brûlé, et la fumée commençait à envahir le Grand Hall. Soudain, surgi de nulle part, un rideau de flammes se dressa sur le trajet des élèves, et monta jusqu'au plafond. C'était impressionant, et Drago sentit malgré lui une certaine admiration pour Lestrange, qui avait lancé ce sort sur-puissant sous couvert du Secret. Les flammes s'étendirent jusqu'à bloquer toute sortie, et les élèves commencèrent vraiment à paniquer.
Cela se manifestait sous différentes formes. Certains se mettaient à hurler comme s'il n'y avait personne pour les entendre. D'autres formaient des groupes de résistance et tentaient d'éteindre les flammes. D'autre, encore, se laissaient terrasser par la peur et regardaient le feu approcher sans rien faire. Certains, enfin, s'enfuyaient à toutes jambes par les couloirs encore accessibles. Les professeurs tentaient de restaurer l'ordre, mais eux-même avaient du mal à lutter contre la puissance du sortilège qui propageait les flammes.
Instinctivement, Drago chercha les autres Passemorts des yeux. Ils s'étaient rapprochés les uns des autres, malgré l'interdiction formelle de montrer leurs liens. Ils étaient avertis de l'incendie, mais ils n'avaient pas pensé se retrouver prisonniers des flammes. Sylverstelle accrocha le regard de Drago. Elle était si belle, la lumière rouge du feu transformant le blanc de sa chevelure en une bannière flamboyante. Des élèves hurlaient, la fournaise se faisait de plus en plus ardente et le cercle de flammes était à présent refermé autour d'eux. Dans peu de temps Pourquoi avaient-ils fait confiance à Lestrange? Les vies de ses fidèles comptaient-elles si peu aux yeux de Voldemort? Comment allaient-ils sortir de là?
Pansy Parkinson surgit de la foule et se suspendit au bras de Drago, suppliante. Il ne fit même pas attention à elle. Il voyait Là-bas, de l'autre côté du rideau ardent, une silhouette que lui seul pouvait distinguer Celle d'un homme encapé de noir, qui faisait une ouverture dans le rideau de fl
- Par là! lança Drago à la bande de Passemorts, et ils se précipitèrent par l'ouverture. Au moment de frôler les flammes, Drago sentit tout son corps brûler, son sang se mit à bouillir, ses cheveux crépitèrent, sa peau brû Il était passé.
Sylverstelle surgit à ses côtés, puis Goyle, Bundy, Burden, Crabbe Ce n'est que quand ils furent tous passés qu'il remarqua que Pansy était restée agrippée à son bras. Mais les Passemorts avaient été vus, et ils étaient à présent suivis de toute une bande de Sorciers tentant d'échapper au piège des flammes.
Soudain, une ombre bondit sur Drago et le plaqua au sol.
- Qui a fait ça? gronda Potter en reserrant ses mains sur la gorge du Serpentard.
- Ça quoi? grogna-t-il en essayant de respirer.
Pour toute réponse, Potter lui envoya un coup de poing, puis:
- Réponds! Qui?
- Vas mourir.
Un coup sourd. Potter s'effondra et Sylverstelle s'agenouilla au-dessus de lui, flamboyante de fureur dans la lumière infernale.
- Il t'embête, Drago? fit-elle joyeusement.
- Absolument, haleta celui-ci en reprenant son souffle.
Des gens couraient et hurlaient tout autour d'eux, mais ils ne les remarquaient pas. C'était comme si les trois Sorciers étaient isolés du monde. Le feu grondait, ravageant le Grand Hall et le reste du château. Drago s'approcha de Potter et, lentement, précisément, lui abattit un coup de poing retentissant sur le nez. Sylverstelle riait tout en maintenant le Gryffondor à terre de sa poigne de fer.
Ça faisait du bien. C'était merveilleusement défoulant. Drago asséna encore une bonne dose de coups à son ennemi, qui se débattait sous l'étreinte de Sylverstelle. Mais soudain, il y eut une détonation et la jeune fille vola à cinq mètres, et resta là, assomée. Potter se releva face à Drago. Le duel commençait.
Frappe. Coup Esquive. Bouclier, bouclier ("Protecto! "). Frappe. Saut. Plongeon. Coup, coup, coup. Roulade. Frappe. Parade, coup. Sortilège, bouclier, sortilège. Frappe. Baguette, levée. Sortilège. Coup. Sortilège. Bouclier. Esquive. Frappe. Saut de côté. Esquive. Plongeon, parade, ouverture, frappe. Expelliarmus. Incendio. Larmaleye. Esquive. Frappe, esquive. Saut. Roulade. Protecto. Petrificus Totallus. Bouclier. Coup, coup, parade, coup. Botte. Frappe. Sortilège, coup-parade-botte. Roulade. Coup de poing. Crochet. Coup de pied. Frappe, frappe. Baguette baissée, frappe. Coup de coude, direct, coup de genoux, crochet, swing, frappe, frappe, frappe, frappe, frappe, frappe, frappe, fra
- POTTER! MALEFOY! MAIS VOUS ETES COMPLETEMENT FOUS!
Le fléau. McGonagall qui surgissait, malgré l'incendie ravageant tout Poudlard, qui trouvait le moyen de les interrompre dans leur duel, de les séparer.
- MAIS VOUS N'AVEZ RIEN DE MIEUX À FAIRE? hurlait-elle comme une hystérique. JAMAIS, JAMAIS JE N'AI VU UNE CHOSE PAREILLE! VOUS, DEUX ÉLEVES BRILLANTS, VOUS BATTRE AU LIEU D'AIDER À SAUVER LES VIES DE VOS CAMARADES!
C'est alors que Drago remarqua qu'un groupe d'élèves était resté prisonnier des flammes, et que les professeurs luttaient pour les faire sortir. Ce qui, dans le fond, n'avait pas de sens, puisque tout le château était en train de brûler. Ils n'étaient à l'abris nulle part, à présent que le feu s'était étendu partout. McGonagall tenait Drago d'une main et Potter de l'autre, mais déjà elle était appelée par un problème plus urgent la vie d'un Sang-de-Bourbe, peut-être? Elle relâcha les deux Sorciers en menaçant:
- Je vous verrai dans mon bureau quand ça sera fini n'espérez plus de clémence de ma part Surtout vous, Potter!
Avec un plaisir sadique, Drago se délecta de l'expression qui apparut sur la face de son ennemi. Le professeur les relâcha et partit en courant.
- Alors, Potter, se moqua Drago par-dessus le vacarme. On va être renvoyé? Qu'est-ce que tu feras une fois que tu auras regagné le monde des Moldus? Tu vas retourner dans la famille de ta Sang-de-Bourbe de mère?
Potter leva la main en un nouveau coup, mais Drago dressa sa baguette:
- Attention à toi, Potter! Si tu lève encore la main sur moi, ils ne se contenteront pas de te renvoyer, crois-moi. Mon père y veillera. Tu crois qu'un petit séjour à Azkaban?
Dans un hurlement de fin du monde, une statue géante se détacha du mur pour venir exploser sur le sol du Grand Hall. Drago fut soufflé par le choc. Lorsqu'il se releva, ce fut pour retrouver Sylverstelle accroupie près de lui:
- Il faut sortir, mon beau chevalier ou les méchantes flammes vont ronger tous nos petits corps et ne rien laisser aux souris
Il lui prit la main et se mit à courir vers la grande porte, parmi les étincelles qui volaient et les élèves paniqués qui couraient en tous sens.
Enfin, ils surgirent à l'air libre. La différence fit prendre conscience à Drago qu'il avait failli suffoquer dans l'air surchargé de fumée de l'intérieur.
Une bonne partie des élèves était là, attendant anxieusement la suite des évènements ou se prodiguant des soins les uns aux autres. Mme Pomfresh allait d'un blessé à un autre, affairée. Drago estima que vingt, peut-être trente élèves manquaient à l'appel. Les Passemorts étaient tous là, et ils s'étaient sagement dispersés, comme on leur avait appris à faire.
Tournant ses yeux vers le château pour la première fois, Drago eut une vision d'apocalypse digne de ses rêves les plus fous.
Poudlard brûlait, entièrement. Des flammes montaient jusqu'au ciel, le colorant du même rouge sanglant qu'en ce soir d'Halloween où Voldemort avait signé son retour dans le pays entier. Avec un grondement de tonnerre, un pan entier de mur s'effondra, faisant trembler la terre.
Puis le Serpentard remarqua quelque chose d'autre. Le professeur d'Invocation, Fireflies, était en train de danser. Sa baguette s'était changée en ce sceptre qu'il voyait à chacun de ses cours, mais la danse était bien plus complexe et plus évoluée que ce qu'ils avaient appris à faire.
Elle dura longtemps. Miss Fireflies tournait, virevoltait, caressait le sol de son sceptre puis le relevait pour embrasser le ciel
Un grondement ébranla le sol. La terre se disloqua. Des geysers de lave jaillirent, mais moururent aussitôt. Illuminé par le feu de l'enfer, un monstre apparut. Une Antique Chimère.
Elle ressemblait à un grand félin ramassé sur lui-même, dont la croupe avoisinait les quatre mètres de haut. Une ligne de feu dansait follement sur son épine dorsale. Elle était couleur de terre et marchait sur ses larges pattes arrières, tandis que les pattes avant s'apparentaient à des bras surpuissants. Mais surtout, elle avait une bouche grande comme un puit.
Elle s'avança vers le château, gravit les escaliers et s'arrêta devant la porte qui brûlait. Alors, plongeant les mains dans les flammes, elle cueillit celles-ci comme de la neige et les porta à la bouche.
Tout son corps flamboya tandis que l'ardente nourriture descendait dans son estomac. Le monstre rugit de plaisir. Puis il entra dans le Grand Hall et Drago le perdit de vue
- C'est Pyros murmura Sylverstelle en se serrant contre lui.
- Hmm?
- Pyros, le mangeur de feu Elle a invoqué Pyros, ooh, la méchante. Elle va tout faire rater, elle le veut!
- Calme-toi, mon amour, dit-il fermement. On pourrait t'entendre.
Soudain, un groupe de personnes sortit en courant du château. Funestor ralentit en atteignant le reste des rescapés, et les six élèves qui le suivaient s'écroulèrent dans l'herbe. Drago s'avança pour entendre ce qu'ils disaient, mais il apprit seulement que Funestor les avait récupérés dans les cachots du deuxième sous-sol. Il n'y avait aucune trace de Dumbledore, et le professeur de Duel interrogea Fireflies à son sujet.
- Ça va faire une heure, dit celle-ci avec une inquiétude non dissimulée. On ne peut qu'attendre.
- J'ai vu une bête en passant dans le Hall, fit Funestor. C'était vous?
- Oui. Je ne peux même plus la tenir tant ce festin l'enchante. Il faudra se tenir prêt à la renvoyer quand elle aura fini, ou elle va se retourner contre nous.
- Je vous aiderai, promit Funestor.
Plus loin, une bande de Gryffondors se lamentait à chaudes larmes. Potter était à l'écart, à son habitude, l'air sombre et farouche. Weasley et la Sang-de-Bourbe l'encadraient gravement.
Un remue-ménage sans pareil fit tourner la tête à Drago: tous les élèves parlaient avec joie et pointaient du doigt l'entrée du château, où Dumbledore venait de reparaître
- Oh, non grogna Drago. Crabbe et Goyle émirent des sons plus que mécontents. Sylverstelle se tordit les mains en gémissant tout bas.
- Les flammes ne l'ont pas vaincu, se lamenta-t-elle. Alors c'est lui qui les vaincra
Tout d'abord, Dumbledore réunit les professeurs et leur donna ses instructions. Puis il s'écarta de la foule et se plaça face au château, dans un grand cercle dégagé, ses capes volant au vent surchauffé. Il joignit les mains et ça n'était pas très clair, mais Drago eut l'impression qu'il les plongeait dans la texture de l'air le bout de ses bras disparurent et un instant plus tard, réapparurent avec un balai au bout. Un bon balai. Très rapide. Le vieux Sorcier l'emjamba et démarra à toute allure, pour disparaître au coin du château.
Quand il réapparut peu après, ayant fait tout le tour de Poudlard en feu, il sauta de sa monture et déposa un objet brillant au sol: un cristal, de belle taille. À peine celui-ci fut-il posé que des éclairs de lumière explosèrent ici et là, partout où Dumbledore avait placés des cristaux semblables. Et soudain, un jet de magie jaillit du premier cristal et relia tous les autres, encerclant le château.
À peu près en même temps, un rugissement se fit entendre à l'intérieur: Pyros la Chimère avait mangé une bonne partie des flammes et se méfiait de la magie qu'il sentait autour de lui. Il tenta de quitter le château, mais il se heurta au trait de lumière reliant les cristaux.
- Il faut le rappeler! ordonna Dumbledore.
- Je ne peux pas! cria Miss Fireflies. Je ne le contrôle plus du tout.
- Je vais devoir le tuer, alors.
- Albus! fit Weasley. On peut encore le faire sortir et, une fois dehors, reprendre son contrôle et le renvoyer.
- Ah oui? railla Funestor. Et c'est vous qui allez reprendre son contrôle? Il est furieux!
- Assez! ordonna Dumbledore. Tant pis pour Pyros. Il est pratiquement immortel, de toute façon.
- Non! gémit Fireflies. Il mourra! L'eau lui fait du mal.
Mais le chef des Peulards ne répondit rien et leva les bras. Il parut saisir quelque chose dans la texture de l'air, puis l'écarter violement, et une ouverture s'opéra dans le cercle magique. Aussitôt, le monstre chimérique s'avança avec curiosité. Dumbledore referma le cercle juste derrière lui.
- Je vous sais capable de miracles, Luce, lança-t-il au professeur d'Invocation. Alors arrangez-vous pour maîtriser cette Chimère avant qu'elle ne devienne un menace pour nous tous!
Puis il partit en courant vers le château. Drago le perdit de vue. Tous les autres professeurs s'étaient rassemblés en demi-cercle autour de Pyros, qui commençait à montrer des signes d'agressivité. Ils tenaient leurs baguettes prêtes, et Miss Fireflies s'était remise à danser.
- Que va faire le directeur? s'enquit Pansy, toujours collée à Drago.
Celui-ci haussa les épaules, de mauvaise humeur. Il commençait à trouver qu'on s'était bien moqué des Passemorts, et que cette action n'avait vraiment aucun sens, en dehors de celui d'amocher Poudlard, qui ne lui faisait pas plaisir.
Et puis un grondement parcourut la terre, un roulement sourd, menaçant. Le sol se mit à trembler. Tout là-bas, à la limite du cercle magique qui illuminait, ils aperçurent la minuscule silhouette de Dumbledore, les bras levés, irradiant de magie. Puis le grondement devint plus fort, le sol se fendit, le vacarme monta jusqu'aux cieux et tous les Sorciers présents furent jetés à terre. Seul, là-bas, le directeur restait debout, bravant le déchaînement des élèments. Avec un dernier mouvement de son scepter, Fireflies avait renvoyé Pyros la Chimère dans l'Au-delà d'où elle avait surgi, et tous les professeurs et les élèves étaient à présent couchés sur la terre disloquée.
Alors, dans un fracas tonitruant, le ciel renvoyant des échos du gémissement de la terre, les spirales de la magie crépitant et dansant follement, la roche du sol craqua et le château de Poudlard commença à se soulever.
Il monta, entraîné par la puissance d'un homme seul, s'éleva hors du cercle des cristaux magiques et, avec une lenteur épuisante, glissa doucement sur l'air. Il emmenait dans ses flancs le brasier insensé qu'avaient allumé les Passemorts. Ses fondations, au moins aussi hautes que lui, charriaient des millions de tonnes de roche et de terre compressée. De longues racines, comme celles d'une forêt, pendaient par en-dessous, mais curieusement, on aurait dit qu'elles appartenaient au château lui-même.
Dans un embrasement de magie multicolore, l'énorme masse dépassa la crête de la falaise et plongea dans le lac.
Les élèves se relevèrent et poussèrent des cris d'incrédulité. Certains coururent vers le lac pour voir ce qui s'y passait. Drago et Sylverstelle s'élancèrent, courant à la lumière des jets de magie et sautant par-dessus les failles du sol disloqué.
L'eau bouillonait à l'endroit où le château avait disparu. Le fond du lac était illuminé par les ultimes brasiers en train de s'éteindre.
Pendant un long, long moment, tout resta immobile. L'assemblée retenait son souffle.
Et le château ressortit des flots, majestueux.
Dumbledore le ramena vers sa colline, et l'opération dura plus longtemps que jamais. Le Sorcier était apparemment épuisé. Enfin, un nouveau grondement s'éleva, gémissement des roches frottées et compressées, et tout doucement, Poudlard reprit sa place au sommet de la falaise.
Dumbledore laissa retomber la magie. Le cercle de magie s'éteignit, comme une flamme de bougie soufflée à la base. Le vieux Sorcier tituba en direction de ses élèves et des autres professeurs.
C'est alors qu'une épée flamboyante jaillit du néant et s'abattit dans son dos. Dumbledore poussa un cri de douleur, puis s'effondra.
– Fin du chapitre 20 –
Je pense n'avoir jamais mis autant de temps à écrire un chapitre. Mais c'est parce que c'est les vacances, mon rythme a changé. Je suis partie, etc Bon! Je ne vais pas gâcher le tragique de cette fin de chapitre par des bavardages (c'est déjà ce que tu fais, Ona!) mais je prends quand même quelques lignes pour vous remercier de tout mon cur, vous tous qui m'avez mis des reviews, et même vous qui n'en écrivez pas (n'hésitez pas! mettez en, bon sang, si vous saviez comme ça me fait plaisir!) mais qui avez pris la peine de lire ma fic jusqu'ici. Merci à tous!
Ona
