Chapitre 21: Clair de lune

Il pleuvait sur la clairière quand Harry était arrivé. Dans un grand chaudron, rempli d'un liquide bouillonant, il y avait cet être, ce corps humain vidé de toute substance, de toute âme. À côté du chaudron se tenait Sirius, et il poussait Winky en avant, Winky qui dressait le couteau contre son poignet, qui pleurait Puis Sirius mit l'os du père, qu'il avait déterré dans la Forêt Interdite. Puis il prit la fiole contenant le sang de Harry, mais les trois Gryffondors surgirent et le firent tomber, et Ron écrasa la fiole de son talon. Alors Sirius entailla le poignet de Harry et fit couler son sang dans le chaudron, et la créature se dressa, mais ce n'était pas Barty Croupton, ce n'était pas un humain. Le rituel avait échoué.

Harry ouvrit les yeux. La voûte de pierre était parsemée de stalactites. Les pétales de rose tombaient doucement, luisants dans l'osbcurité. Il se retourna le plus doucement possible dans son lit de fleurs, prenant garde à ne pas réveiller Cho.

Il ne devait pas y penser. Il devait se concentrer sur son travail, sur la fin de l'année qui approchait, sur sa relation avec Cho. Il ne devait pas penser à cet orage, à cette clairière, à ce chaudron.

Il referma les yeux et plongea dans le sommeil. Mais il les rouvrit aussitôt, ou du moins ce qui lui semblait aussitôt.

Un long temps avait pourtant dû s'écouler, puisque les pétales avaient doucement cessé de luire, signe que le jour se levait. Cho n'était plus dans le lit. Il resta allongé et garda les yeux dans le vide.

Les flammes avaient surgi de toutes parts. Le ciel s'était embrasé, et Harry s'était battu avec Malefoy dans un enfer brûlant, mais ils avaient dû sortir dans le parc. Et là, Dumbledore avait soulevé le château en feu et l'avait plongé dans le lac pour l'éteindre, puis l'avait remis à sa place. C'est alors qu'une épée tenue par un bras invisible s'était abattue sur lui et l'avait tué.

Non! Dumbledore ne pouvait pas être mort!

Harry roula encore dans le lit. Il se sentait vidé de toute substance. Sirius, puis Dumbledore c'étaient deux deuils de trop.

Des images défilaient devant ses paupières. Il ne pouvait pas les arrêter. Il voyait

Son parrain vendu à la solde de l'Ennemi. Ses parents morts. La maison en ruines dans le rêve avec Wakewage. Hermione, sa main de lumière remplaçant l'ancienne. Une main déchiquetée sur un carrelage ensorcelé. Un grand chaudron bouillonnant. Des morts, des dizaines de morts sur le Chemin de Traverse, et après, à Halloween. La Marque des Ténèbres. Sa cicatrice qui l'assaillait. Croupton, jaillissant du chaudron, et Winky hurlante à ses pieds. La main d'argent de Queudver, sa main qui remplaçait celle aux quatre doigts, qui faisait disparaître toute preuve de l'innocence de Sirius Mais Sirius n'était pas innocent, non, il n'était pas innocent. Et Dumbledore était mort à présent.

Le monde aurait aussi bien pu s'écrouler.

- Ron, dit Hermione. Il faut que je t'avoue quelque chose.

Ils étaient tous deux dans la Salle Commune. Harry n'était pas là, mais en revanche Ana les écoutait. Ils se tournèrent vers elle et elle rougit.

- Oh si c'est privé, je vous laisse.

- Non, attends! fit Ron, mais Hermione secoua la tête.

- C'est un truc plutôt privé, oui, dit-elle. Excuse-nous, Ana.

Celle-ci, peu contrariante, se leva et partit vers les escaliers. Au moment de s'y enfoncer, elle adressa un dernier coup d'il à Ron, qui se sentit fondre sous le feu de ses yeux d'un noir d'encre.

Le Sorcier roux fusilla Hermione du regard.

- Ça concerne Harry, expliqua-t-elle. On ne peut pas laisser n'importe qui l'entendre. Désolée.

- Hgnf, bougonna Ron.

- Alors voilà. L'autre jour, je suis allée à la bibliothèque

- Sans blague

- Et j'ai trouvé un livre. Sur les Sorciers puissants. Un livre où j'ai cherché Shrakow.

- Ouais, tu nous l'as raconté, ça.

- Mais ce que je vous ai pas dit, c'est que j'avais cherché quelqu'un d'autre.

Pour toute expliquation, elle sortit de son sac le livre, qu'elle avait emprunté à la bibliothèque. Elle l'ouvrit à l'index et posa le doigt sur une page:

Potter

Potter

Potter

Potter

Potter

etc. Ron ouvrit de grands yeux comme des soucoupes.

- Fais voir les biographies? souffla-t-il, épaté.

Mais quand il découvrit les pages blanches, il fronça les sourcils. Hermione lui expliqua comment elle les avait fait réapparaître, mais qu'elle ne trouvait pas de sortilège capable de faire revenir les écritures.

- Qui aurait intérêt à dissimuler des trucs sur la famille de Harry? s'étonna le Gryffondor.

- C'est ce que j'ai demandé à Dumbledore quand j'ai été dans son bureau. Il a éludé, bien sûr. Je pense que c'est lui.

- Si c'est le cas, il va falloir du temps pour qu'on en apprenne plus. Pomfresh dit que ça peut prendre des mois pour le réanimer. Ils l'ont transféré à Sainte-Mangouste.

- La blessure infligée par l'épée était magique, ajouta gravement Hermione. Et il était épuisé.

- Ça ne m'étonne pas! Tu as vu comment il a soulevé le château? Et quand il l'a fait revenir, le feu était mort et tout était comme neuf!

Elle hocha la tête. Oui, Dumbledore était vraiment un grand Sorcier. Et un beau salaud avait profité de son état de fatigue pour tenter de le tuer. Par derrière.

- Bon, dit-elle. La question est: est-ce qu'on parle de ce livre à Harry?

- Pourquoi est-ce que tu n'en as pas parlé avant?

- Justement, parce que j'avais peur de sa réaction. Il est sur une mauvaise pente, et découvrir qu'on lui cache quelque chose d'énorme à propos de sa famille ça ne peut que lui faire du mal.

- Je suis d'accord. Alors on garde ça pour nous?

Elle approuva. Ça allait leur coûter cher, elle le sentait. Mais c'était la meilleure solution. Selon elle.

Elle se trompait, évidemment. Harry aurait été enchanté d'avoir un mystère à se mettre sous la dent.

Même les meilleurs amis peuvent faire des erreurs d'évaluation.

Le sortilège battait son plein. Les fantômes avaient reculé le plus loin possible, effrayés de voir de la magie, dans ce monde où ils n'en avaient jamais vu. Assis au centre de son pentacle, Rogue se concentrait de toutes ses forces. Des gouttes de sueur lui dégoulinaient dans les yeux, ses paumes étaient toutes moites L'enchantement résistait, l'enchantement qui retenait les fantômes à l'intérieur de Poudlard. Il devait lutter. Mais il le briserait.

Il le fallait.

Un chien noir traversait Pré-au-Lard.

Il n'était pas bien beau à voir. La faim et le froid avaient collé sa peau à ses os, et ses yeux humides étaient maladifs. Son souffle formait un nuage de vapeur dans l'air encore froid des matins de mars. Ses griffes cliquetaient sur le pavé des rues.

L'animal parvint au large portail qui délimitait l'entrée dans Pré-au-Lard. Il renifla le sol, comme s'il cherchait une odeur en particulier, puis leva le nez et pénétra tranquillement dans le parc.

Dans l'ombre des piliers, deux regards se croisèrent.

La filature de Wakewage.

Une entreprise qui était un peu tombée à l'eau ces derniers temps. Les quatre Gryffondors étaient las de perdre leur temps pour si peu de résultats. En fait, jusqu'à présent, ils n'avaient rien appris.

Et pourtant

Ce jour-là, ce jour du mois de mars où Malefoy et son amie aux cheveux blancs s'étaient battus contre Wakewage, une petite ombre dissimulée derrière une statue les observait.

Ginny était évidemment allée rapporter les faits à Harry et aux autres. Mais ils n'avaient pas su qu'en déduire. Malefoy savait-il des choses qu'ils ignoraient? Et que penser de leurs propos à double tranchant sur un certain Harry Potter?

Mais surtout, qui étaient ces Passemorts dont l'évocation avait tant fait frémir les deux Serpentards?

Après l'incendie de Poudlard, il devint évident que quelqu'un uvrait dans l'ombre. Et on ne pouvait pas ne pas remarquer la ressemblance entre "Passemort" et "Mangemort".

- Alors, qu'est-ce qu'on fait? demanda ce jour-là Ginny. Il faut en apprendre plus sur "les activités des Passemorts" dont elle a parlé.

Ils étaient tous les trois dans un angle de la Salle Commune. Harry était introuvable, comme pratiquement tout le temps depuis la trahison de Sirius et l'incendie de Poudlard.

- Malefoy sait quelque chose, ça crève les yeux, dit Hermione.

- Je dirais même plus qu'il est en plein dedans, ajouta Ron. Avec les relations privilégiées qu'entretient son père avec Voldemort, ça ne peut qu'avoir un rapport avec ça.

- Tu veux dire, des Mangemorts au sein de l'école? fit Hermione.

- Je ne sais pas. Peut-être.

- Mais Dumbledore les aurait repérés! dit Ginny.

- Je ne sais pas. Il faut en découvrir plus, et par nos propres moyens.

- Tu veux dire, sans l'aide de Harry? murmura Hermione.

- C'est ce que je veux dire, ouais. On peut pas se permettre d'attendre qu'il soit revenu sur Terre. C'est trop important.

- Ok, lança Ginny. Qu'est-ce qu'on attend?

Une ombre se faufila derrière une tenture. Il y avait là un renfoncement qui paraissait tout pile prévu pour se mettre à l'affût.

L'ombre repoussa une mèche de cheveux de son front et attendit.

Environ un quart d'heure plus tard, quelqu'un passa silencieusement. On percevait juste le froufroutement de sa robe de Sorcier. L'ombre colla son il contre le bord de la tenture et, dans la fente, réussit à entrevoir une carrure taillée au bulldozer et un écusson de Serpentard.

Elle se renfonça plus profondément dans sa cachette.

Cinq minutes passèrent, puis une deuxième personne passa. Cette fois, l'écusson était à l'effigie de Serdaigle. L'élève s'immobilisa un instant, aux aguets, et Ginny retint sa respiration.

Elle attendit encore une demi-heure, mais c'était tout. Les autres avaient dû passer par d'autres chemins.

Complètement ankylosée, les jambes tremblantes de fatigue, elle s'extirpa de sa cachette. C'est alors qu'elle trébucha sur quelque chose et s'étala à terre. Le quelque chose était mou et tiède, et ses yeux jaunes brillaient dans le noir. Il miaula d'un air rageur.

- Miss Teigne! Oh, non

Ginny gigota de son mieux pour se remettre debout et essaya de partir en courant. Mais son immobilisme forcé derrière la tenture pendant une demi-heure l'avait complètement ankylosé, et ses jambes ne répondaient plus. Le mieux qu'elle put faire fut de marcher très vite en s'appuyant au mur. Elle était incapable de garder son équilibre.

Une forte lumière l'aveugla. Elle s'adossa au mur et attendit. Elle avait perdu pour cette fois.

L'horrible visage de Rusard apparut dans la lumière. Il ricanait méchamment:

- Eh bien On se promène dans les couloirs après minuit? On croit échapper au règlement? On se figure qu'il n'y a pas d'autorité dans ce château?

Elle ne répondit rien et s'efforça d'ignorer les affreuses dents gâtées et l'haleine du concierge à trente centimètres de son visage. Celui-ci leva encore plus haut sa lanterne et, un air d'intense bonheur sur le visage, cracha:

- Dans mon bureau!

C'était la première fois qu'elle rentrait dans le bureau de Rusard, et elle pria très fort pour que ce soit la dernière. Cet endroit était réellement sinistre, surtout au beau milieu de la nuit. Des chaînes toute rouillées pendaient du plafond, avec des anneaux pour accrocher les prisonniers – une vision sortie tout droit d'un film d'horreur. Ginny frissona en s'asseyant face à Rusard.

- Voyons marmonnait celui-ci en couvrant un formulaire de son écriture irrégulière. Nom:?

- Ginny Weasley, dit celle-ci.

- Une Weasley, bien sûr vous avez mis du temps à suivre la voie de vos frères Vous auriez mieux fait de n'en rien faire, je vous assure. Vous allez le regretter. Crime: Non-respect du couvre-feu, agravé par délit de fuite Voyons voyons Et attitude irrespectueuse envers un supérieur

- Quoi! protesta Ginny. Je n'ai même pas parlé!

- Vous m'obligez à me lever à une heure du matin pour vous punir de vos pitreries. C'est tout comme

Elle ne dit rien mais baissa la tête, furieuse. C'est alors qu'elle aperçut

C'était un casier comme il y en avait beaucoup d'autres dans la pièce, rempli d'objets trouvés ou confisqués. Mais celui-ci était tout spécial. Dans une écriture élégante, raffinée, l'étiquette indiquait "À rendre à Harry Potter ".

Ginny écarquilla les yeux. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire chez Rusard, si c'était à rendre? Était-ce quelque chose que le concierge conservait sans autorisation, de son propre chef?

- Jour 21 mars Heure 1h09

- 22, dit distraitement Ginny.

- Je vous demande pardon?

- On est le 22 mars. Depuis un peu plus d'une heure.

Rusard grommela quelque chose d'incompréhensible et essaya d'effacer l'encre. Elle bava sur toute la feuille, recouvrant celle-ci d'une longue et large traînée bleue.

- C'est de votre faute! grogna-t-il. Je n'ai plus qu'à recommencer maintenant!

Il sortit un nouveau formulaire et reprit:

- Nom: Ginny Weasley Crime: non-respect du couvre-feu agravé par

Etc, etc. Il était très concentré dans son papier, et le casier se trouvait juste à côté du pied de Ginny. Peut-être que si?

Elle avança sa chaise, qui grinça. Rusard la fusilla de l'il mais ne dit rien. Elle tendit le pied Non, ça ne marcherait pas comme ça. À l'aide de son autre pied, elle ôta sa chaussure, puis sa chaussette. Rusard était toujours dans son formulaire. Elle écarta les orteils, allongea la jambe tout son corps était tendu pour ne pas bouger, ne pas trahir ce qui se passait en dessous de la table

Enfin elle le sentit sous son pied. Il y avait un simple parchemin, et rien d'autre. Elle resérra les orteils et attrapa le rouleau, le plus silencieusement possible.

Rusard leva les yeux pour la fixer d'un air sadique, et elle prit une expression innocente.

- Punition proposée susurra l'homme. Une retenue et cinquante points en moins.

À ce moment, Miss Teigne apparut dans la pièce et miaula d'un ton alarmant. Rusard se leva aussitôt:

- Au premier étage? Oui, ma belle, j'arrive. Vous, lança-t-il à l'adresse de Ginny, regagnez votre dortoir immédiatement.

Elle acquiesça d'un air soumis et sortit de la pièce. Rusard ferma la porte à clé et s'enfuit au galop à la suite de sa chatte.

Ce n'est qu'une fois seule que Ginny soupira de soulagement et s'accroupit pour remettre sa chaussure. Elle sentait le parchemin volé, bien en sécurité sous sa robe.

Le chien noir s'extirpa de sa cachette. La lune était haut dans le ciel, masquée par les nuages. Ce devait être le milieu de la nuit. L'animal se mit en route paisiblement vers le château dont la silhouette se profilait à l'horizon. Les deux ombres dont les regards s'étaient croisés à la porte se faufilèrent dans son sillage, mais il n'y prêta pas attention.

Parvenu au pied de la Tour Ouest, il renifla deci-delà, gratta un peu la terre, poussa un petit gémissement. Puis il s'assit sur son derrière et attendit.

Bientôt, le vent souffla les nuages et la lune apparut. L'un de ses rayons argentés vint frapper la pierre. Alors, une porte sombre s'ouvrit. Le chien s'y glissa.

Les deux ombres échangèrent un murmure, puis l'une d'elle fit demi-tour et partit au pas de course. La deuxième se faufila à la suite du chien noir.

Ron fut le dernier à regagner la Salle Commune. Il était essouflé.

- Whaoh, dit-il. Je me suis fait courser par Rusard. C'était tout juste.

- Tu as de la chance, gémit Ginny, parce que moi il m'a eue. J'ai fait perdre cinquante points à Gryffondor.

Ron et Hermione grimacèrent.

- Bah, c'est pour la bonne cause, fit cette dernière. Et je crois qu'on a gagné pas mal de renseignements, non?

- Ça c'est sûr! s'exclama Ron, tout content. Malefoy, Sylverwood, Crabbe, Goyle et Faircook.

- Bundy, McOhan et Bulstrode, ajouta Hermione d'un ton féroce.

- Pritchard et Dureut, conclut Ginny.

- Dureut? C'est pas un Serdaigle? s'étonna Ron.

- Serdaigle 7e année, oui, dit Hermione. Et McOhan et Faircook sont des Poufsouffles.

- Bon, fit Ginny. Est-ce qu'on sait où ils allaient?

- Hermione les a vu rentrer dans le salon du deuxième étage, pas vrai Mione?

- Oui, confirma celle-ci. Je pense que c'est leur point de rendez-vous, à moins que ça ne change tous les soirs. Il faudra refaire plusieurs nuits d'observation pour confirmer.

- Ou pas forcément, fit Ginny d'un air malin.

Les deux autres la dévisagèrent:

- Qu'est-ce qu'il y a?

Avec une lenteur théâtrale, elle sortit de sous sa robe un bout de parchemin

- Et? fit Ron.

- Tu ne sais pas ce que c'est? sourit Ginny. Oh, allez, tu l'as vu bien assez souvent dans les mains de tes frères et de Harry!

- La la Carte du Maraudeur! murmura Hermione, ébahie. Mais c'est Maugrey, enfin, l'imposteur, qui l'avait gardée! Comment où tu l'as trouvée?

Le sourire de Ginny était si large qu'il s'étirait d'une oreille à l'autre.

- Ça valait bien cinquante points en moins et une retenue, pas vrai? Je l'ai fauchée à Rusard.

- Tu as fait ça Ron n'en revenait toujours pas.

Hermione prit la carte entre ses mains.

- Mais qu'est-ce qu'elle fichait dans le bureau de Rusard?

- Oh, fit Ginny en haussant les épaules. Il a dû la récupérer dans le bureau de Maugrey, ou alors c'est Dumbledore qui l'a chargé de la rendre à Harry elle était dans un casier marqué "À rendre à Harry Potter". C'était quoi déjà, la formule pour l'allumer?

- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, dit Ron.

Aussitôt, le parchemin se couvrit des habituelles phrases de présentation, bientôt remplacées par une carte du château.

- Là! regardez!

Hermione avait placé le doigt sur le salon du deuxième étage. Tous les noms qu'ils avaient cités étaient là, assemblés autour de Malefoy. Et, dans le couloir menant à la Salle Commune, il y avait

- Oh, mon dieu!

- Quoi? fit Ron.

Ginny poussa un petit cri. Elle tourna la carte face à elle pour mieux voir.

- Non! C'est pas vrai! Hermione, c'est pas vrai! Cette carte se trompe, n'est-ce pas? Elle peut se tromper?

- Mais qu'est-ce qui se passe? cria Ron.

Mais soudain, il la vit aussi. La petite étiquette qui portait le nom qui portait le nom le nom que par-dessus tout

Un grincement discret à l'entrée de la Salle. L'arrivant poussa le tableau et entra. Un cliquètement de griffes se fit entendre.

Wakewage apparut. Elle ne parut pas étonnée de les voir là, tous les trois.

- Il y avait ce chien qui grattait à la porte, dit-elle en montrant le gros molosse à ses pieds. Il est à un de vous?

Et, sans attendre la réponse, elle s'éloigna. Le chien noir vint s'assoir aux pieds des trois Gryffondors, qui eurent un mouvement de recul.

- Je te préviens, Black, gronda Ron. Si tu viens nous faire du mal, nous nous défendrons jusqu'à la dernière seconde. Et nous pouvons te donner beaucoup de fil à retordre.

Tout en parlant, il s'était levé du canapé et s'était placé derrière celui-ci, en position défensive. Hermione et Ginny le rejoignirent, leurs baguettes brandies.

Le chien noir s'ébroua et les mitrailla de ses grands yeux tristes, aussi noirs que son poil, aussi noirs que son âme. Puis des éclairs bleus et verts se répandirent hors de son corps, un rond lumineux se traça au sol et une colonne en naquit, qui s'éleva vers le plafond. À l'intérieur se dessina la silhouette d'un homme qu'ils connaissaient trop bien, et peu à peu elle acquit de la consistance, tandis que le chien s'effaçait.

- Tu crois nous impressioner en mettant le paquet, dit Hermione en levant plus haut sa baguette. Tu ne nous auras pas comme ça, Black.

Mais déjà, l'Animagus avait repris forme humaine et s'avançait.

- Bonsoir, dit tranquillement Sirius. Et si vous écoutiez ce que j'ai à vous dire avant de me tuer?

Harry se redressa à la verticale dans le lit de pétales. Cho gémit dans son sommeil.

Jusqu'à preuve du contraire, il était bien réveillé, cette fois. Il avait fait une série de rêves éprouvants. Dont la plupart comportaient Wakewage. Et Voldemort. Et un choix, un choix crucial entre trois jeunes filles qu'il était incapable de départager.

Il s'épongea le front d'un revers de main. Il était trempé.

Cho s'assit avec un soupir mal réveillé et l'entoura de ses bras. Harry lui caressa l'épaule. C'est alors qu'il remarqua ses grands yeux effrayés et ses cernes.

- Qu'est-ce qu'il y a? fit-il.

- Harry Je deviens folle.

Il pivota pour se mettre face à elle, anxieux. Elle guettait ses réactions. Elle poursuivit:

- J'ai encore rêvé de morts. J'en rêve toutes les nuits.

Une pause.

- Toi, mes amis, mes parents, les autres Serdaigles

Encore une pause.

- Et je m'en fous.

Un silence, où elle releva la tête pour scruter Harry dans les yeux.

- Je m'en fous, c'est ça le pire. Je n'en ai rien à faire. Je suis là, pendant que tout le monde se fait tuer, et je rigole.

Silence.

- Tu crois que ce sont des rêves prémonitoires?

- Oh, allez, fit Harry, qui n'était pas d'humeur à consoler quiconque, pas même Cho. Tu n'as aucune idée de ce qu'est vraiment la mort.

Elle le gratifia d'un regard méprisant qui le remit à sa place.

- Excuse-moi, j'ai perdu mon petit ami l'année dernière, tu vois. Et j'étais dans les gradins quand le terrain de Quidditch s'est effondré. J'ai vu des gens avec qui j'avais vécu depuis six ans mourir à quelques mètres de moi. Sans parler de ceux qui étaient dans mon équipe, parce que moi aussi j'ai des relations, tu vois! Moi aussi j'ai vécu des drames, moi aussi j'ai été en deuil.

Elle s'était écartée, sous l'effet de la fureur qui montait en elle. Harry lui attrapa la main et la serra fort, la caressant convulsivement.

- Excuse-moi, Cho. Je ne voulais pas Je ne me rendais pas compte. On a complètement occulté le drame du terrain de Quidditch. C'est comme si personne ne voulait y penser.

- Parce que c'est le cas, évidemment, dit-elle froidement.

- Comment ça?

- Personne ne veut penser que la mort est proche, qu'elle frappe à l'extérieur comme à l'intérieur. Nous sommes bien à l'abri dans notre dongeon, mais nous refusons de penser que cela peut se retourner contre nous n'importe quand.

Il hocha la tête, mais Cho était lancée:

- Tu vois, quand on est malheureux, on a pas le droit à l'existence. Les autres te repoussent, parce que tu leur rappelles trop que la mort peut frapper n'importe lequel d'entre nous. On t'expulse. Ou alors on surimpose sa tristesse sur la tienne, pour montrer que tu n'es pas le seul à être triste.

- C'est ce qui t'es arrivé, c'est ça? Après Cédric?

Elle acquiesça gravement:

- Il y avait deux types de personnes: les pires, c'était celles qui me racontaient leurs propres malheurs pour me faire oublier le mien. Qui n'étaient pas capables de comprendre ma douleur sans passer par la leur propre. Mais il y avait aussi ceux qui essayaient de me consoler. Ils étaient horribles aussi. Toujours à dire: "allez, ça va aller mieux, ça aurait pu être pire, tu sais, au moins vous n'étiez pas très engagés, imagine si tu t'étais mariée avec lui et qu'il était mort en te laissant des enfants sur les bras

- Non? s'offusqua Harry. On ne t'as quand même pas dit ça?

- Si, absolument. Tout était bon pour me consoler. Même le pire.

- Et qu'est-ce que tu as fait?

- Je me suis renfermée. J'ai passé tout l'été loin de ma famille et de tout contact, et j'ai écrit. J'ai fait des poèmes, j'ai craché ma haine et je l'ai mise en vers. J'en ai fait sur toi, aussi, tu sais

- Ah ouais? Avant même qu'on sorte ensemble? Tu n'étais pas occupée uniquement par Cédric?

- Il fallait bien repartir. Et tu m'obsédais, depuis que je t'avais vu revenir avec son corps. Tu étais dans mes rêves, je te voyais surgir d'un rideau de flammes, traînant Cédric derrière toi et me l'amenant ce genre de délires.

Harry était sidéré. Lui qui avait toujours cru que Cho ne s'intéressait pas à lui avant qu'il se mette à lui faire la cour

- Dis, murmura-t-il en passant délicatement son doigt sur les tatouages qui ornaient tout le corps de sa petite amie, ça rime à quoi ces dessins?

- Ce sont des symboles de ma caste, dit tranquillement Cho.

- Une caste? s'exclama-t-il, surpris et presque choqué. Quel genre de caste?

- Eh bien, dans la tradition des Sorciers de mon pays d'origine, nous sommes divisés en castes, basées sur les liens de parenté. Ces tatouages sont un code, déchiffrable seulement par les sages de mon pays. Mais plus personne n'y comprend rien, de nos jours. On continue de les faire, mais par tradition, c'est tout. Moi-même, je n'ai jamais vécu en Chine.

Harry hocha la tête. Il trouvait les tatouages très beaux, et ça lui suffisait. Il se serra un peu plus contre la chaleur réconfortante de Cho. Il s'efforçait d'oublier la clairière et le chaudron qui le hantaient.

- Non, fit Hermione en secouant la tête.

La nuit était bien avancée, et Ginny commençait à cligner des yeux. Sirius était assis face à eux, plus grave que jamais.

- Tu ne me crois pas? grogna-t-il, inquiet.

- Moi, si, dit-elle. Mais Harry ne te croira pas, et ne comptes pas sur moi pour être celle qui essayera de l'influencer.

- Je ne te demande pas grand chose! Juste de l'amener à ce rendez-vous avec moi.

- Je suis d'accord avec Hermione, fit Ron. Qu'est-ce qui nous prouve qu'on peut te faire confiance?

- Je vous ai dit la vérité.

- Tu nous a dit que pendant toutes ces années tu avais essayé de faire passer le crime dont tu es coupable sur les épaules de Pettigrow. Ça veut dire que tu es au service de Voldemort?

- Non! rugit Sirius. Non! C'est Queudver qui a trahi Lily et James, ok? Et c'est lui qui a rescussité Voldemort. C'est la vérité!

- Mais tu nous a fait croire que tu étais innocent, alors que le meurtre des douze Moldus, c'était bien toi.

- Ouais. Satisfaits?

- Non, dit Ron. Si tu n'es pas au service de Voldemort, pourquoi tu a essayé de faire revenir Croupton?

- À ton avis? cracha Sirius.

- Pour l'innocenter murmura pensivement Hemrione.

- Hein? fit Ron.

- C'est évident. Tous les Mangemorts savent désormais que Sirius est coupable, sauf Croupton, qui est "mort" avant de l'apprendre. Il savait que Pettigrow était en vie, donc il pouvait témoigner sous Veritasérum, mais il le croyait coupable du crime des douze Moldus.

- Bien vu, Hermione. Alors? Vous allez m'aider à rencontrer Harry?

- Débrouille-toi toi-même, marmonna Ron.

Le regard que lui lança Sirius aurait fusillé cinquante personnes. Ron se crispa un peu en réalisant que Sirius était réellement un assassin. Hermione, elle, réfléchissait très fort.

- C'était un Avada Kedavra? demanda-t-elle.

- Quoi? grogna Sirius.

- Le sortilège. Comment tu as fait ce truc-là? Douze morts d'un coup, la rue dévastée

L'homme détourna la tête avant de répondre froidement:

- C'était un sortilège que tu ne connais pas, gamine. Et je te souhaite de ne jamais le connaître.

- Un Cunulam Vecrusto? J'ai pas mal lu sur les sortilèges de haut niveau.

- C'était de la magie noire.

La révélation glaça le sang de Ron et d'Hermione (Ginny dormait tranquillement, la tête sur l'épaule de son frère).

- Mais tu avais dit

- Alors sur ça aussi tu as menti!

- C'était de la magie noire de Mangemort, et non une fois pour toutes je ne sers pas Voldemort! Je connais ce sortilège parce que parce que parce qu'il y a certaines choses auxquelles on ne peut pas échapper. Ce sortilège s'appelle l'Ultime Surprise et c'est l'un des plus sadiques, des plus destructeurs que l'engeance des Sorciers maléfiques ait inventé.

- C'est pire que l'Avada Kedavra? s'étonna Ron.

- Non, pas vraiment. En un sens, oui, ça tue plus de personnes. Mais il y a quelque chose dans l'Avada Je ne sais pas si vous pouvez comprendre ces choses-là.

- Si, vas-y, supplia Hermione.

- Ouais l'Avada, c'est le plus cruel, le plus impardonnable de tous, parce que c'est la mort pure et simple, irrémédiable. Les autres sorts de magie noire sont tous de la gnognotte en comparaison, parce que ça c'est la manière la plus affreuse de tuer, sans peine, sans remord ça évoque les camps de concentration, vous voyez? La mort comme une usine, efficace, rentable pas de traces, pas de sang, pas de cri une simple formule et l'autre est supprimé. On pourrait décimer des populations entières avec ça.

Le silence s'abattit, plein d'images sanglantes. Hermione et Ron repensaient à tous ces morts Et Sirius, à quoi pensait-il? Quelle était cette lueur démente au fond de son il?

Ginny gémit dans son sommeil. Hermione respira un grand coup.

- Sirius, dit-elle. Je ne sais pas quoi dire.

- Alors ne dit rien, fit l'homme d'un ton rêche. C'est suffisamment difficile que vous soyez au courant. Que Harry le soit.

C'est alors qu'il balaya toute la salle d'un long regard qui s'efforçait de percer les ténèbres:

- Au fait, il est où, Harry?

Ron et Hermione échangèrent un regard lourd de sous-entendus. La vérité, c'était qu'ils avaient espéré ça, avant même que Sirius les convainque de ses bonnes intentions. Ils avaient espéré retrouver en quelqu'un l'attitude d'un parent, une personne capable de ramener leur ami dans le droit chemin. La remontée en grade du Sorcier leur permettait d'espérer à nouveau. Pour cette raison, ils savaient déjà quel serait leur choix quand viendrait le moment d'amadouer Harry. Il fallait que le garçon retrouve confiance dans son parrain. C'était primordial.

- Harry se planque, dit Ron. Il s'enterre. Il passe ses nuits et une partie des journées dans un endroit qu'il refuse de nous révéler, avec sa petite amie. Parfois seul. Il ne nous parle quasiment plus, ou alors seulement de trucs banals comme les cours ou les devoirs. La seule chose qu'il soit encore capable de faire, c'est se battre avec Malefoy. Il a failli se faire renvoyer la dernière fois.

- Et ce n'est pas tout, ajouta Hermione. Il ne mange presque plus. Il néglige les entraînements de Quidditch. Et le matin, il se lève épuisé, comme s'il n'avait pas dormi de la nuit.

- C'est peut-être le cas, proposa Sirius, un soupçon de malice au fond de ses yeux.

Ron fronça les sourcils, à la recherche de ce qu'avait bien pu sous-entendre le Sorcier, mais Hermione comprit plus vite et secoua la tête.

- Non, dit-elle. Cho, elle, est toujours en forme.

- Est-ce qu'il fait des rêves avec Voldemort? s'enquit gravement Sirius.

- S'il en fait, dit Ron, il ne nous en parle pas. Et comme il ne dort plus dans son lit, on ne l'entend pas crier.

- Mais je pense que c'est autre chose, fit Hermione. Tu te souviens, Ron, ce que je t'avais raconté sur la période que tu as passé à l'infirmerie? À cette époque, Harry était une vraie marmotte. Impossible de le tirer du lit le matin. Il loupait les cours une fois sur deux.

- Mais ça n'a pas duré longtemps, dit Ron en fronçant les sourcils.

- Non, ça s'est calmé peu à peu. Il s'est remis à se réveiller normalement. Mais je me demande Et s'il avait tout simplement pris l'habitude de ne pas dormir? S'il avait toujours les nuits aussi agitées? À l'époque, il nous avait parlé de

- Morgane Wakewage, termina Ron à sa place. Oh, je vois.

Tous deux se tournèrent à nouveau vers Sirius, qui avait tout écouté d'une oreille très intéressée. Il hocha la tête à la dernière remarque de Ron:

- La fille qui m'a ouvert la porte tout à l'heure, pas vrai?

Les deux autres acquiescèrent.

- Elle pue, dit Sirius.

Hochements de sourcils surpris.

- Un chien sent ça. Elle pue la trahison, les stratagèmes et les machinations. Elle empeste à dix mètres. Si Harry est sous son influence, je comprends mieux que ça ne tourne pas rond dans sa tête.

Prise d'un soupçon soudain, Hermione s'enquit:

- Que sais-tu sur Wakewage, Sirius?

- Moi? rien du tout, répondit-il un peu trop rapidement.

La Sorcière enregistra cette information et la classa dans un coin de son cerveau. Celui-ci commençait justement à être un peu trop embrumé par la fatigue. Il était plus de deux heures, et ils avaient cours le matin.

Elle étouffa un baîllement.

- Bon, fit-elle. Quand est-ce qu'on t'amène Harry?

Les jours passèrent, plusieurs jours. Harry n'était jamais accessible. Retranché derrière son humeur morose, il ne s'intéressait qu'à Cho et n'était jamais présent dans la Salle Commune aux mêmes heures que ses amis. Seule, Ana pouvait l'approcher lors des entraînements de Quidditch, mais Hermione avait formellement refusé la proposition de Ron de la mettre dans le secret. Ana restait étrangère à leur groupe, qu'il le veuille ou non.

Mais les choses devaient évoluer autrement. Ce jour-là, Ron était assis dans un canapé de la Salle Commune, penché au-dessus d'une table basse. Il dessinait distraitement, tout en réfléchissant. Son dessin prenait la tournure d'une jeune fille, cheveux au carré long, nez droit, des yeux qu'on devinait verts

Hermione avait sans doute deviné juste. Wakewage avait quelque chose à voir avec l'état de leur ami. Quoi? Qu'était-elle en mesure de faire? Il s'efforçait d'ordonner tous les éléments dans sa tête, ce qu'ils avaient appris par leur espionnage et ce qu'ils savaient d'elle depuis l'aventure à Durmstrang. Dessiner lui procurait l'étrange sensation de laisser vagabonder son esprit tout en se concentrant sur autre autre.

Tout en réfléchissant, son crayon avait continué à courir. Les cheveux s'étaient allongés jusqu'aux épaules et étaient devenus plus sombres, les yeux s'étaient foncés et étaient à présent cerclés de cils très noirs, le nez s'était arrondi, les sourcils étaient plus arqués. Ron sortit de sa rêverie et sourit en découvrant qui son crayon avait posé sur le papier.

Des mains fraîches se posèrent sur ses épaules.

- Tu dessines? C'est joli. C'est moi?

Ana sauta par-dessus le dossier du canapé et vint s'assoir à côté de Ron. Il sourit en voyant ses jolis yeux noirs aller du dessin à son créateur, enchantés.

- Je ne savais pas que tu dessinais, fit Ana. C'est chouette! Dis, tu as compris le sujet de Potion pour la prochaine fois? Il est compliqué, et en plus il est au programme des BUSEs. Géranium est sympa comme prof, mais ses devoirs sont trop durs, je trouve.

Ron sourit distraitement. Ses pensées étaient toujours tournées vers le mystère de Wakewage.

Mais soudain, il revint d'un coup sur Terre, parce que Ana s'était mise à pleurer.

- Ana! Qu'est-ce qu'il y a?

- Tu sais, gémit-elle en essayant de contenir ses larmes, Alejandro m'a demandé de sortir avec lui l'autre jour. Peut-être que j'aurais dû accepter, après tout puisque je vois bien que tu ne veux pas de moi

Il n'y avait qu'une seule réponse à ça. Il ne s'y était pas préparé, mais il n'y avait plus à hésiter, et puis il se sentait étrangement confiant. C'était comme si comme si avec Ana, ça ne pouvait que bien se passer. Il se pencha sur elle et l'embrassa.

Instantanément, elle se calma et répondit à son baiser.

Ils s'étreignirent un certain temps, puis Ron s'écarta doucement:

- Tu viens? On va ailleurs.

Elle le suivit en souriant.

Quelque part dans le plafond, certaines araignées rebâtissaient leur forteresse, partiellement détruite par l'incendie et par l'immersion du château qui avait suivi.

Le corps principal de la toile géante, qui avait pris l'allure d'un château, était entièrement reconstruit, à l'exception des créneaux du chemin de ronde qui demanderaient l'uvre d'une artisane-tisseuse spécialisée. L'aile droite manquait encore, mais trois des quatre tours d'angle étaient terminées et on était en train de creuser le fossé dans le mur en-dessous du château, lequel était suspendu à quatre-vingt dix degrés au-dessus du vide, ses bases s'accrochant au mur et son fond au plafond. À travers les millions de fils argentés qui composaient les murs et les toits, on pouvait voir les défenses internes, l'armement et les tonneaux d'huile prête à être bouillie. Cinq équipe de quatre araignées chacune étaient suspendues à des fils pour repeindre en blanc la surface des murs.

Soudain, des roulements de mandibules retentirent.

- Shhhhhhhhhhhhhhhhh tic tic! ordonna le chancelier de la reine Sh"'s¨hs*. Toutes les araignées se mirent aussitôt au garde-à-vous, les pattes bien raides, les mandibules dressées vers leur reine qui arrivait.

Celle-ci passa dans les rangs, le port fier, sa cape tissée dans le fil d'argent le plus fin qui soit. Elle s'immobilisa au milieu des remparts et se pencha au-dehors pour admirer la vue. À cet endroit, elle plongeait loin, très loin, jusqu'au dallage des couloirs de Poudlard.

- Shhhhh tic tic, dit-elle, un air de contentement non dissimulé sur sa face d'arachnide.

- Shh¨¨¨¨*^h°°~sh firent avec servitude toutes les araignées présentes.

Satisafaite, la reine tourna les griffes. C'est alors qu'un cri retentit, venant de la tour de garde:

- Tic tic!

Excitées par l'annonce du combat, toutes les guerrières présentes cliquetèrent, tandis que les ouvrières rembobinaient leurs fils pour venir se mettre à l'abri. Dans l'ombre du plafond, une masse étrange approchait.

Bientôt, il n'y eut plus de doute qu'elle était tirée par des araignées. À leur tête venait Shhs"¨sh¨¨'¨h, la petite rebelle dorée tachetée de brun, le fil d'argent teinté de rouge de la résistance enroulé autour de sa mandibule. Elle avançait à grands pas, levant bien haut les pattes. Ses soldats derrière elle traînaient ce qui ressemblait à une sculpture géante d'araignée, réalisée dans ce matériau étrange qui pousse dans les forêts, et dont les humains truffent leurs constructions.

- Shh^h`'sh tic shhhhh°~! cria le chancelier de la reine dès que l'armée de Shhs"¨sh¨¨'¨h fut assez proche pour entendre.

- Sh, lui intima la reine Sh"'s¨hs*. Elle s'avança pour parler elle-même.

- Shhh tic sh sh tic shh'```~°shtic shtic! dit-elle avec une abondance de royaux. Sh™! tic tic tic!

- Tic tic tic tic tic tic tic tic! approuvèrent ses sujets.

Mais Shhs"¨sh¨¨'¨h ne se laissa pas démonter pour autant. Levant bien haut les pattes pour montrer qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions, elle se débarassa du fil rouge de la révolution accroché à sa mandibule et le jeta par terre. Ses soldats passèrent à sa suite et piétinèrent le symbole de leur rébellion.

- Shh ¨*~! les accusèrent les autres.

- Tic tic sh`, nia Shhs"¨sh¨¨'¨h en secouant la tête.

- Shh! ordonna la grande faucheuse Sh"'s¨hs*, la reine. Aussitôt, les araignées anciennement rebelles s'écartèrent, laissant sur place la grande sculpture de bois, que les sujets de Sh"'s¨hs* se chargèrent de tirer à l'intérieur des murs de la forteresse.

Les rebelles se retirèrent en s'efforçant de ne pas montrer leur joie triomphante. La reine Sh"'s¨hs* aurait une mauvaise surprise au matin.

Ainsi l'histoire se répète-t-elle sans cesse, et ceci vaut aussi pour les arachnides. C'est ainsi.

- Pas fâché de me coucher, fit Seamus dans un baîllement.

Il referma son livre de Métamorphoses et se leva de la table de travail.

- Vous venez? demanda-t-il aux autres Gryffondors de son dortoir.

- Ouais, j'arrive, dit Harry. Ça ne sert à rien de continuer à regarder ce texte que je n'arrive même plus à lire.

- Heu on te rejoins bientôt, Seamus, intervint Ron. Harry, j'ai quelque chose à te demander.

- Bon, bonne nuit, fit Seamus en s'éloignant dans les escaliers.

Quand il fut parti, Harry se tourna vers son ami.

- Qu'est-ce qu'il y a?

Hermione, assise un peu plus loin, ferma son livre à son tour et se rapprocha des garçons.

- On voudrait te montrer quelque chose, Harry. Si ça ne te dérange pas.

- Ça ne me dérange pas, sauf qu'il est onze heures et quart et que je suis crevé.

- Tu dormiras plus tard. Il va falloir attendre jusqu'à minuit.

Comme Harry allait protester, elle le fit taire en attrapant le parchemin qui traînait devant lui:

- En attendant, je vais t'aider pour ce devoir de Métamorphoses, d'accord?

Il rembarra ses protestations; les occasions de recevoir l'aide d'Hermione étaient rares et précieuses.

Quarante minutes s'écoulèrent ainsi. Ginny, cachée dans un fauteuil, s'était mise à ronfler. Puis Ron regarda sa montre et rangea ses affaires dans son sac.

- On y va? demanda-t-il aux autres.

Ils se mirent en route, laissant Ginny à ses rêves. Harry suivait ses amis, curieux de savoir ce qu'ils avaient à lui montrer. Mais de son côté, Ron se sentait de plus en plus mal. Et même s'il ne pouvait pas voir son visage, il savait qu'Hermione ressentait la même chose.

Il se souvenait parfaitement du point de rendez-vous: quatrième étage, premier couloir à droite après l'escalier, un passage secret derrière une tenture qui donnait sur trois portes.

Les couloirs étaient plongés dans l'obscurité. le quatrième étage ne comportait pratiquement aucune salle de classe, et ils n'y montaient que très rarement. Alors qu'ils pénétraient dans le premier couloir à droite, Ron frissona en dépassant une armure qui avait dû appartenir à un géant: celle-ci cliqueta sur leur passage.

Il reconnut la tenture à la scène de chasse à cour, l'écarta en faisant grincer les barres de fer qui la soutenaient. Le passage secret était noir comme du charbon.

Il y entra à l'aveuglette, suivi de Harry et d'Hermione. Tout en avançant, il laissait courir ses doigts sur le mur pour sentir passer les portes. Une deux et la troisième. Il abaissa la poignée. Elle tourna sans bruit.

La pièce était petite et dépourvue de fenêtres. Seule, une bougie luisait sur la table.

Hermione entra à son tour et referma la porte. Ron et elle s'écartèrent et Harry avança, seul.

- Bonsoir, dit Sirius.

Un peu plus fort.

Un peu plus fort.

Un peu plus f

Là! Un mayon qui cède!

La chaîne gémit et se tord

Encore plus loin. Plus d'intensité magique. Les flammes dansent à la limite de son champ de vision. Elles s'élèvent jusqu'au plafond fantomatique et crépitent jusqu'au quatrième cercle.

Ça va céder

Un gémissement d'acier maltraité emplit la Grande Salle et fit courber la tête à tous les morts. Rogue serra les dents. Ses poings se crispèrent sur sa baguette magique, mais il ne relâcha pas le contact. Il allait faire exploser cette saleté d'enchantement, et après les morts viendraient au secours de l'armée de Dumbledore. Peut-être.

Encore

- Qu'est-ce que tu fais là? demanda Harry.

Sa voix était plus tranchante qu'un poignard. Ron et Hermione échangèrent un regard désespéré.

- Harry fit Sirius.

Il était assis derrière une table en bois sur laquelle luisait une unique bougie.

Harry se retourna face à ses amis, chercha une trace de surprise sur leurs visages. Au lieu de ça, il n'y vit que la culpabilité. Ron avait envie de rentrer dans le sol.

- Vous saviez? murmura-t-il, lentement, froidement.

Ron aurait bien voulu reculer, mais il sentait le mur dans son dos. C'est Hermione qui dit:

- Oui, on savait, Harry. Sirius a quelque chose à te dire. Tu devrais l'écouter.

Mais ça n'était pas la bonne formule: elle mit Harry dans une fureur dévastatrice. Lui qui n'avait été qu'à l'état légumaire depuis plusieurs semaines se réveilla d'un coup, et c'était pire, bien pire:

- L'ÉCOUTER? L'ÉCOUTER, LUI? CE MANGEMORT! IL M'A TRAHI! IL A TRAHI MA CONFIANCE, COMME IL A TRAHI MES PARENTS AVANT MOI!

Mais c'était beaucoup trop. Ron n'était même pas sûr que son ami ait pensé ce qu'il disait, c'était sorti sous le coup de la colère. Mais Sirius avait entendu, et il s'était levé d'un coup, renversant la table et la bougie par terre.

- JE - NE - SUIS - PAS - UN TRAITRE! hurla-t-il.

Ron et Hermione se ratatinèrent un peu plus contre leur mur. Harry, lui, restait droit comme un I, regardant approcher la tempête.

- Qui a trahi mes parents? demanda-t-il.

- QUEUDVER! rugit Sirius.

- Alors pourquoi as-tu essayé de rescussiter Croupton? cria Harry.

- Parce que c'était la seule personne capable de m'innocenter! Le seul qui savait Queudver en vie! Le seul que je pouvais plier à ma volonté et traîner devant un tribunal! Ça te va?

- NON! cria encore Harry en se penchant en avant sous l'effet de la colère. Tu crois pouvoir me faire gober que tu allais rescussiter un Mangemort pour tes intérêts propres? Mais que t'a dit Voldemort pour que tu acceptes ses mensonges!

- JE NE SERS PAS VOLDEMORT! hurla Sirius.

- Harry, intervint Hermione. Je pense que c'est la vérité.

- Silence! ordonna le garçon. Tu m'as amené ici sans m'avertir, maintenant il faut assumer les conséquences! On m'a trop fait souffrir! Ce Mangemort va enfin payer pour un crime vieux de quatorze ans.

Il avait brandi sa baguette. Il sembla alors à Ron que tout cela n'était qu'un affreux cauchemar; Harry n'allait quand même pas Ça n'était pas juste! Sirius n'avait même pas de baguette!

Mais l'homme avait l'air capable d'écraser son filleul à mains nues Il s'avança, menaçant. Harry assura sa prise sur sa baguette et ouvrit la bouche pour lancer un sort mais Sirius était sur lui. D'un geste sec, il releva sa manche et brandit son avant-bras sous le nez de son filleul.

La peau était uniformément blanche. Pas de tatouage. pas de Marque. Rien. Rien. Rien.

- Convaincu? grogna Sirius.

Hary ne dit rien. Il laissa retomber le bras qui tenait la baguette et s'adossa lourdement au mur derrière lui. Il regardait par terre.

- Sirius, intervint Hermione d'une voix tremblante, explique-lui.

L'homme hocha la tête pour signifier qu'il avait compris. Il retourna à la table, la remit sur ses pieds, ramassa la bougie qui avait abondament répandu sa cire sur le sol et s'assit derrière la table.

- Quoi que tu en penses, Harry, je reste ton parrain et profondément attaché à toi. J'aurais préféré que tu ignores tout ça. Mais ça ne change rien à mon affection pour toi.

- Assez, coupa le Gryffondor sans douceur. Je veux des vraies explications.

- Tu les auras. Oui, j'ai convaincu James et Lily de prendre Queudver à ma place. Je savais que l'il de Voldemort était fixé sur moi. C'est donc Queudver qui a assumé le Secret

- Stop, coupa Harry. Pourquoi Voldemort voulait-il tuer mes parents?

Sirius se crispa.

- C'est un secret que je n'ai pas le droit de te révéler, Harry. Seul Dumbledore le peut.

- En quoi cela concerne-t-il Dumbledore?

- Il est notre maître à tous, le seul que Voldemort ait jamais craint. Ce combat est le sien et lui seul en connaît tous les tenants et les aboutissants. Si tu venais à apprendre trop tôt ce qui se dissimule dans l'ombre, Dumbledore lui-même ne serait sans doute pas capable de prévoir les conséquences. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elles pourraient être désastreuses.

- Bien, dit amèrement Harry. Très bien. Conforte-moi dans l'idée qu'il y a quelque chose d'énorme que tout le monde me cache, puis excuse-toi de ne pouvoir me l'avouer. Merci, Sirius, tu as beaucoup de tact.

De son côté, Ron ne voyait pas le même aspect. Sirius en disait à la fois trop et pas assez, certes, mais il y avait quelque chose. S'il faisait toutes ces phrases à double sens, c'était forcément pour une raison ou pour une autre. Et sans doute pour que

Oui, voilà. C'était ça. Il voulait que son filleul se mette à chercher. Il voulait lui redonner goût au mystère. Là était la raison de ses semi-révélations, si frustrantes pour le garçon.

Mais pourquoi employer cette étrange expression de "ce qui se dissimule dans l'ombre"?

- La suite, dit le Sorcier sans relever les sarcasmes de son filleul, c'est que Voldemort est venu, a tué James, a tué Lily et s'est tué lui-même en essayant de t'avoir. Dans les décombres de la maison, je suis tombé sur Hagrid, qui te serrait dans ses bras. Il était envoyé par Dumbledore. Celui-ci se doutait que j'accourerais sur les lieux, alors il a chargé Hagrid de s'y rendre le plus vite possible. À l'époque, tout le monde me croyait coupable. Mais quand j'ai rencontré Rubéus, il n'était pas encore au courant des soupçons qui pesaient sur moi. Je l'ai aidé à tirer des décombres les corps sans vie de mes meilleurs amis, et de leur fils Il m'a même consolé, ce grand bêta Je lui ai dit de te confier à moi, mais il a refusé. Alors je lui ai confié ma moto. C'est seulement après que j'ai réalisé que j'aurais pu m'en servir pour courser Queudver, mais de toute façon je commençais à entrevoir quels soupçons allaient peser sur moi. Épouvanté par l'idée qu'on puisse m'accuser de ce désastre, je suis parti très vite. Je n'avais plus qu'une idée en tête: lui faire payer. Lui faire payer à tout prix, et l'envoyer en enfer.

"Malheureusement, Queudver n'a jamais été doué que pour la dissimulation, mais c'était le domaine où il excellait. Il m'a fallu toute la nuit et une partie de la journée pour le retrouver, dans une rue moldue surpeuplée à cette heure-là. Enragé, épuisé et à moitié fou de douleur, j'ai levé ma baguette pour le tuer. Mais le sort qui est parti, je ne l'avais pas prémédité. C'était de la magie noire. Elle m'a sauté au bras et, avant que je puisse contrôler quoi que ce soit, elle avait fusé hors de la baguette. La suite, tu la connais. Queudver avait eu le temps de se couper un doigt. Il s'est changé en rat pour échapper au sort, a filé dans les égoûts et n'a plus resurgi sous son apparence humaine avant les évènements que tu sais, il y a deux ans.

"Quant à moi, je n'avais qu'une conscience altérée des évènements. Sans vraiment réaliser ce que je venais de commettre, j'ai contemplé le doigt coupé au milieu de la rue et, j'ignore pourquoi, j'ai éclaté de rire. Je riais encore quand les Sorciers du Ministère m'ont emmené.

"Et voilà. C'est toute l'histoire. Quand Queudver est réapparu il y a deux ans, j'ai failli le tuer. Mais Rémus et Hermione étaient là pour me convaincre de le faire juger. Un espoir incroyable, que je n'avais plus entrevu depuis trop longtemps, s'est fait jour en moi: celui d'être innocenté. Je pouvais traîner Queudver en justice. Ma parole contre la sienne. Peut-être que le fait qu'il soit en vie suffirait à convaincre les autorités de ma version des faits. Puis il nous a échappé, et j'ai abandonné l'idée de berner les autorités. Mais je ne pouvais toujours pas t'avouer, Harry. Je ne pouvais pas renoncer à cette confiance que tu avais placé en moi. Tu me donnais l'impression d'être à nouveau quelqu'un de respectable. Et quand Croupton a avoué qu'il avait enterré l'os de son père dans la forêt, et que j'ai repensé au rituel qui avait fait renaître Voldemort, j'ai entrevu à nouveau un espoir de m'innocenter. Je suis allé chercher le corps sans âme de Croupton, et ça m'a pris un très long temps. C'est pourquoi tu es resté sans nouvelles de moi pendant une bonne partie de l'année. Et puis, je crois que j'avais trop mauvaise conscience pour te mentir dans mes lettres. C'était déjà suffisament dur de te dissimuler ma véritable nature, ma nature d'assassin. Quand j'eus récupéré le corps, il ne me manquait plus que le sang de l'ennemi. Il n'y avait pas beaucoup de personnes dont j'étais sûr que leur sang marcherait: qui en avait véritablement après Barty Croupton Junior? Sans doute toi, Hermione, Ron, Dumbledore et quelques autres. Moi, ça ne marcherait pas: il n'était plus vraiment mon ennemi depuis que j'avais besoin de lui pour mon salut. Je suis donc venu ici, et dès votre première visite j'ai laissé Winky jouer avec mon couteau pour que l'un de vous soit blessé. C'est tombé sur toi, Harry, et ça ne pouvait être qu'idéal pour mon rituel.

"Mais ce que je n'avais pas voulu voir, c'est l'évidence qui a fait rater le rituel: il sert à redonner un corps à une âme perdue. Or, moi, je ne disposais que d'un corps sans âme. Ça a donc échoué, et voilà tout.

Harry écouta sans broncher ce long récit. Après quoi il marcha jusqu'à son parrain, se campa devant lui et dit:

- Je ne te reproche plus rien, Sirius. Je t'aprouve.

Tandis qu'un sourire s'étirait sur les lèvres de son parrain, il lui prit la main en un geste de réconciliation et, gravement, déclara:

- À ta place, j'aurais fait les mêmes choix.

Et, alors que l'homme et le garçon se serraient dans leurs bras, Ron ne put s'empêcher de se demander si, vraiment, cela était de bonne augure.

– fin du chapitre 21 –

Notes de l'auteur: Hm, hm, hm. Bibi, elle a bouclé un chapitre. Bibi, elle a mis un temps incroyable à l'écrire. Et Bibi, elle l'a écrit deux fois, dont la deuxième entièrement remanié.

Mais bon.

C'est allé plus vite que prévu.

Ouf! Je ne vais pas me faire appeler Hortense par mes lecteurs affamés! (oui, j'ai revu "Fievel et le nouveau monde" pendant les vacances). Ça y est, ça y est, le nouveau chapitre est là! Ça va aller! Vous n'allez pas mourir de frustration intense zet prolongée! (non mais quelle débile! arrêtez-moi!)

Je me calme. Je me calme.

J'ai été une semaine en vacances. C'était cool. C'était un stage de bateau. De la croisière. On a failli aller voir mon amoureux, à savoir un phare assez mastoc situé à 21 miles des côtes bretonnes, rouge et blanc à rayures (love it!!!!), qui clignote huit fois rapidement puis un noir d'environ trente secondes, visible en rouge depuis nos côtes (oui, parce que j'ai appris à lire une carte et à faire la nave –naviguation– et ce que je ne savais pas, c'est qu'un phare clignote de différentes couleurs selon l'endroit d'où on le voit. Ce qui veut dire que quand on fonce dessus, c'est rouge, et quand on suit une route qui l'évite, c'est blanc. Ah, qu'il est bien mon Grand Léjon!). Donc, voilà, je l'avoue, son nom c'est le Grand Léjon et on est fiancés tous les deux. Je l'aime!

*se calme un peu* La folie est-elle répandue chez les fans de HP? D'après certains forums, on dirait que oui. En tout cas, chez moi c'est déjà irratrapable!

Bon, pour changer de sujet, je vais expliquer un truc que Cyngathi m'a fait remarquer dans un chapitre (je crois que c'est le 12). Harry rencontre Pattenrond, et lui demande d'attraper un rat à douze doigts. Hm.

Vérifications faites sur la gerbille de ma sur ^_^ , Ona est vraiment perturbée et ne sait pas compter!!!! DONC dans l'hypothèse que les rats ont autant de doigts que les gerbilles, ce qui a de fortes chances puisque à ma connaissance ça vaut pour tous les mammifères (ou presque), UN RAT A BIEN VINGT DOIGTS, oui oui, comme nous!

*vérifie sur elle-même*: Hm. Je me reprends: DONC nous-même avons, bien sûr, vingt doigts en comptant les pieds! é_è je vais me coucher.

Le champ des investigations est ouvert pour ce qui est de déterminer comment j'ai réussi à en compter douze! Suis-je incapable de me souvenir que 2 et 2 font 5? Suis-je perturbée et dangereuse, sujette à des cauchemars, à des maux de tête, peut-être aussi à des hallucinations? Suis-je amnésique suite à un accident de voiture, ce qui m'empêche de me souvenir qu'en réalité je me suis enfuie d'un hôpital psychiatrique où m'avait fait interner mon frère Brand pour me faire subir des choc électriques destinés à effacer ma mémoire, mémoire que j'étais en train de retrouver peu à peu, après plus de 400 ans passés sur l'Ombre Terre (environ 250 ans en temps d'Ambre) où m'avait abandonné mon frère Éric après avoir gagné un duel contre moi, ne pouvant me tuer pour ne pas être accusé de fratricide mais espérant de tout cur que je mourrais de la peste noire*? Le mystère reste entier.

Néanmoins et malgré tout (nonobstant mes heures de délire, dirait ma prof de français –plus jamais de français! I've got my Bac!!!!!) je laisse ma petite note "en attendant le chapitre 21" dans laquelle il y a un sondage important auquel vous ne devez surtout pas vous priver de répondre! Et, un jour prochain, je ferai un long mot répondant à toutes les reviews. The matter is, pour l'instant, que je ne les ai pas sous les yeux en écrivant ceci, because elles sont dans l'ordinateur de mes parents et que le mien date des années 80 et n'est pas connecté à internet (à part ça, il est très bien. Surtout pour faire machine à écrire, mais très bien).

J'ai fini mon trip! rrrrrosses bises à tous!

Ona

ps (il en faut): je me suis trompée la dernirèe fois: "permisi" ça ne veut pas dire "pardon" en indonésien mais "excusez-moi" (dans le sens "je vous prie"). "Pardon" ça se dit "maaf". Si si!

*Si vous avez tout compris à ça, c'est que vous avez lu les Princes d'Ambre et que vous êtes un dieu. Si vous n'avez rien compris, c'est qu'il y a une faille immense, dantesque, démesurée à votre culture et que vous avez environ trois mille pages de pur bonheur à vous mettre sous la dent dès votre prochain passage par une librairie ou une bibliothèque.